14/04/2011
Marché ouvert tous les jours
Sous la double signature de Valérie Grasset-Morel et Laurent Gérard, Entreprise et Carrières publie un excellent article sur le "Mercato" des OPCA. La loi du 24 novembre 2009 supprimant tous les agréments à la date du 31 décembre 2011, tous les OPCA sont tenus de redéposer un dossier de demande d'agrément avant le 1er septembre. Les conditions d'agrément étant plus restrictives, notamment au niveau de la collecte minimale qui passe de 15 à 100 millions d'euros, le nombre d'OPCA pouvant être réagréé s'en trouve diminué, objectif affiché du Gouvernement. D'une quarantaine le nombre d'OPCA (hors FONGECIF) pourrait passer à une vingtaine. L'article fait le point sur les opérations de rapprochements, fusions, absorption, etc. Et rappelle que le marché qui vient de s'ouvrir n'a pas vraiment la douceur de celui peint par Gauguin sous d'autres latitudes : plus l'échéance s'approche plus les tensions s'avivent, les positions se crispent et, parfois, les épithètes volent bas. Remercions donc Gauguin de nous offrir un instant de sérénité, qu'il ne tient qu'à vous de prolonger.
Gauguin - Ta Matete : le marché - 1892
Dans le mercato des OPCA, deux éléments ne doivent pas être perdus de vue :
- le mercato est moins celui des OPCA que celui des branches professionnelles. En effet, il appartient à chaque branche de désigner ou non l'OPCA de son choix pour gérer le développement de la formation pour ses entreprises et salariés. Et les regroupements effectués autour de certains OPCA pourraient voler en éclat devant l'offre disponible. On ne peut empêcher les branches professionnelles de faire le tour des étals pour vérifier la fraîcheur des poissons ;
- la date du 1er septembre n'est pas une date ultime. Si c'est à cette date que les OPCA doivent déposer une demande d'agrément pour les secteurs qui les ont choisis, ce choix peut toujours être remis en cause ultérieurement par la dénonciation de l'accord de désignation ou d'adhésion. Et un nouveau choix peut intervenir.
Le mercato qui agite le monde de la formation ne prendra donc pas fin cette année. Il est ouvert de manière permanente. Et d'autant plus ouvert que les OPCA, assujettis à plus de transparences par la loi du 24 novembre 2009, devront publier leurs comptes et leurs résultats, ce qui permettra d'apprécier leur performance et les services rendus aux entreprises et aux salariés. On pourra donc refaire le tour des étals à l'envie : le marché est désormais ouvert tous les jours.
11:33 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DANS LA PRESSE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : opca, mercato, gauguin, marché, formation, ressources humaines
13/04/2011
Pompe à trou
Certes, il s'agit d'un temps que les moins de vingt ans n'ont vécu qu'à travers les rétrospectives dont la télévision est friande. C'est celui de la voix de Claude Piéplu, de l'animation à moindre frais, de l'absurde plus léger que celui de lonesco ou de Camus et de l'Umour à la Jacques Vaché. Car les shadoks ne sont pas humoristiques, ils ont de l'Umour, comme le tank de la guerre de 14. Et ils pompent en professant leurs savantes devises.
Les Shadoks ont leur ancêtre, le Sapeur Camember, qui sous la plume de Christophe, creuse un trou pour enfouir des ordures, puis un second trou pour enfouir la terre du premier trou, puis un troisième trou pour enfouir la terre du second, etc. Si Camember est simplet, ses supérieurs sont stupides qui sont incapables de se faire comprendre de lui, ne tenant jamais compte de qui il est.
Qui n'a eu le sentiment d'être un Shadok pompant avec d'autant plus d'entrain que la tâche n'a aucun sens et que le moindre relâchement permettrait de s'en apercevoir, ou d'être tel le Sapeur soumis à des injonctions absurde d'une hiérarchie dotée d'une stupéfiante méconnaissance du terrain ?
Dans une chronique écrite pour l'AEF, Hubert Landier nous décrit l'organisation en machine folle qui n'est plus qu'une pompe à faire des trous.
00:05 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DANS LA PRESSE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : management, shadoks, sapeur camenber, jacques vaché, ressources humaines, formation
12/04/2011
Sécurité prioritaire ?
La sécurité, sous toutes ses formes, est à l'ordre du jour. De la sécurisation des parcours à la flexisécurité en passant par la sécurité de l'emploi, celle des personnes et des biens ou encore la sécurité sociale, que d'aucuns voudraient professionnelle, le mot sécurité se conjugue à l'infini et s'assaisonne à toutes les sauces.
Pourtant, la question de la formation à la sécurité continue de faire débat. Malgré des dispositions légales relativement claires, l'administration tient des positions restrictives. Malgré leur autonomie politique et au nom sans doute d'un principe de précaution, les OPCA en rajoutent. Et au final, le soutien financier fait défaut pour les politiques de formation à la sécurité. Preuve qu'il ne s'agit pas vraiment d'une priorité. Les Tartuffes ont bon dos de s'écrier : c'est une obligation de l'entreprise, qu'elle paie. On connaît de multiples obligations de l'entreprise qui font l'objet d'un soutien financier (aides à l'embauche des jeunes malgré le quota alternance, aides à l'embauche de travailleurs handicapés malgré l'obligation d'emploi, etc.).
Oscar Dominguez - L'épingle de surêté
La peur de se faire épingler, ou l'abri confortable du droit mou de circulaire, sert de paravent aux refus de prise de position politique de nombre d'OPCA sur ce sujet. La question des formations n'est pas une question juridique, comme le montre la note ci-dessous, mais une question politique, de priorités.
On ne se sécurise vraiment qu'en acceptant de prendre des risques. Les OPCA pourraient en ce domaine faire de véritables choix politiques basés sur la question de la santé au travail plutôt que de s'abriter derrière une position de l'administration qui a revêtu son habit de garde-champêtre fiscal qui n'en fait qu'à sa tête. Ce serait en réalité maigre risque, pour grand profit de tous.
00:11 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : formation, sécurité, formation professionnelle, imputabilité, opca, financement, oscar dominguez
11/04/2011
L'oeuvre ou l'auteur ?
Faut-il absolument faire dépendre de la qualité de l'auteur, la qualité de l'oeuvre ? n'existe-t-elle pas par elle-même ? ne peut-on l'apprécier pour ce qu'elle offre sans poser la question du qui ? que nous apporte de savoir qui est la Joconde, la Dame à l'hermine ou le Belle ferronière, le somptueux trio dont nous gratifie Léonard.
Et nous pourrions faire un détour par l'atelier. Quelle est la part du maître et celle de ses élèves, qui a préparé le fonds, qui a écrasé les pigments, qui a défloré la toile avant que les brosses de Léonard ne viennent s'associer à ce travail péparatoire ? Le travail en atelier est une des figures de la peinture précédant la période moderne et son individualisme que l'art contemporain ne fera qu'aggraver.
L'oeuvre existe, elle est là, devant nous elle nous parle. Regardez-vous ces femmes parce que Léonard les a peintes ou parce qu'elles vous troublent et mettent à rude épreuve votre sensibilité, vos sentiments, votre manière de corporer, d'aimer et d'être au monde.
Reprocherait-on à Ingres, David, Michel-Ange et bien d'autres d'avoir sous-traité leurs chefs d'oeuvre en laissant la main des assistants s'associer au travail ?
Si non, alors pourquoi voir dans la délégation, la sous-traitance, la commande passée des modalités d'action non légitimes. N'importe-t-il pas, en ce domaine comme dans d'autres, de juger davantage le résultat que la modalité ?
A vous d'en juger en ce qui concerne les OPCA, avec la septième chronique de la Fabrique des OPCA, écrite avec Jean-Marie Luttringer pour l'AEF.
01:12 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : opca, délégation, sous-traitance, léonard, de vinci, peinture, oeuvre, auteur, formation, ressources humaines
09/04/2011
Chronique de week-end : l'énigme du passeur chinois
Pour cette chronique de week-end, détours par la Chine et New-York. Xiao-Se est un peintre chinois né en 1970 à Pékin. Il est une des figures de l'art contemporain chinois et ses oeuvres sont présentées en Occident essentiellement par la Galerie Eli Klein à New-York. Xiao-Se est un passeur. Aux jeunes générations chinoises il peut témoigner du chemin de la Chine vers l'ouverture, entamée au moment de sa naissance. Aux peintres, il offre une synthèse entre l'art traditionnel chinois, la contemporéanité et la peinture occidentale classique et moderne. Réaliser une telle synthèse est prendre le risque de l'artificiel, de l'effet patchwork, du plus petit dénominateur commun. Xiao-Se échappe à ces facilités en prenant appui sur l'humour qui, et ce n'est pas paradoxal, permet de gagner en profondeur tout en allégeant le propos. Exemple.
Xiao-Se - Sans titre - 2010
Voici qui pourrait illustrer la Grande Marche et les Cent Fleurs. La technologie s'envole, mais la Chine suit son chemin. Les contrastes sont prononcés : des fleurs en milieu aride, une pièce aux allures de geôle grisâtre et triste mais au ciel ouvert, des enfants et un vieillard bienveillant, tout ceci nous rappelle étrangement la peinture de Ghirlandaïo. Dans ce ciel immobile et cette pièce sans âge, tout est pourtant mouvement : l'avion, l'enfant, les fleurs et la vie à travers l'envie de ces enfants pressés de voir le monde qui s'offre à eux. La Chine vous fait peur, comme le titrait un hebdomadaire récemment ? c'est possible si les contradictions vous terrifient, si la marche vous insupporte et si le mouvement vosu perturbe. Ou si vous pensez inconciliables mouvement et immobilité, éternité et instant présent, méditation et jubilation, ascèse et luxuriance. Ou si vous croyez à la fable du choc des civilisations. Mais si tout cela vous parait naturel, évident, disponible, offert, présent, alors le détour par les tableaux de Xiao-Se sera un chemin de sourire, de plaisir et de connaissance.
13:23 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : xiao-se, eli klein, new-york, chine, ghirlandaïo, peinture, mao, art contemporain
08/04/2011
Coup de balai
Il est toujours agaçant de lire, dans les bonnes revues juridiques, des références à des circulaires anciennes qui restent éternellement citées comme si elles étaient immuables. Il est vrai que les lois sont modifiées, mais les circulaires restent.
Le Conseil d'Etat, dans une décision du 23 février 2011, nous rappelle opportunément qu'un vigoureux coup de balai a été donné aux circulaires par le décret du 8 décembre 2008. Ce texte prévoit que toutes les circulaires antérieures au 1er mai 2009 et non reprises sur le site circulaires.gouv.fr sont considérées comme abrogées. Et hop, balayées les proses bureaucratiques !
En matière de formation professionnelle, nombre de revues et ouvrages continuent de citer la circulaire de 1972 sur l'imputabilité des actions de formation ou celle de 1986 sur la définition de l'action de formation. Il faudra se résoudre à se passer de ces textes, qui ne figurent pas sur le site gouvernemental et ne sont donc plus opposables aux entreprises, aux OPCA ou aux organismes de formation.
Voilà un coup de balai bienvenu : un décret de 3 articles qui annule plusieurs dizaines de milliers de pages de circulaires, pour le coup on en redemande. Car le volume ne fait pas le bon droit que l'on reconnaît souvent à la concision et la précision de l'écrit. En d'autres termes, moins de textes et plus de droit.
01:22 Publié dans DROIT DE LA FORMATION, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : droit, circulaire, conseil d'etat, balai, droit du travail, formation
07/04/2011
Esclavage et salariat
Il a rejoint Victor Schoelcher, il pourra s'entretenir avec Jaurès, échanger de la main à la main des lettres avec Voltaire, marcher un peu avec Rousseau, éviter tant d'intempestifs généraux, jeter un coup d'oeil aux réunions des scientifiques qui ont repris leurs recherches, pas de doute Aimé Césaire aura à faire au Panthéon, comme il a toujours eu à faire en tous lieux.
Et pour célébrer le grand homme noir, une devinette : quelle est la différence entre le salariat et l'esclavage ?
Pour vous aider à réfléchir, la charmeuse de serpent, en qui André Breton vit la Martinique.
Henri Rousseau - La charmeuse de Serpents
La différence n'est pas dans la rémunération : l'esclave est rémunéré (logement, nourriture,...il faut entretenir le capital). Elle n'est pas non plus dans les conditions de travail, même si la durée du travail de l'esclave n'obéit pas aux mêmes règles que celle du salarié.
La différence fondamentale est dans la liberté de démissionner. C'est par la possibilité qui lui est offerte de dire STOP ou NON que le salarié se distingue de l'esclave qui n'a, lui, que mot dire.
L'esclave, par définition, n'est pas libre et ne peut reprendre sa liberté. Le salarié le peut. Et si cette possibilité s'estompe, souvenez vous que c'est l'esclavage qui rode.
Pour terminer, la parole est à Césaire : "Car l’esclave, à la limite, n’a pas de responsabilités : théoriquement, il se contente de faire le travail qu’on lui ordonne de faire, de manger et de dormir.
Naturellement, il est bien plus difficile d’être un homme libre que d’être un esclave. Mais toute la dignité de l’homme vient de ce qu’il préfère la liberté difficile à l’esclavage et la soumission faciles."
Il est des hommes qui nous manquent plus que d'autres.
01:55 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (1)
06/04/2011
La fin du droit psychologique ?
On connaît la guerre psychologique de Sun Tzu, très en vogue ces temps ci, et plus encore sans doute la guerre psychologique conduite par Savancosinus dans "La Zizanie" pour réduire le village gaulois d'Astérix. La guerre psychologique est celle qui, en principe, évite d'utiliser la force et trouve sa source dans la crédulité de l'adversaire.
Elle trouve son pendant dans le "droit psychologique". De quoi s'agit-il ? d'inclure dans un contrat une clause dont on sait pertinent qu'elle est nulle et que le juge ne l'accueillerai guère en présupposant que le juge n'aura pas l'occasion de se prononcer sur sa validité, mais que par contre elle infléchira le comportement de celui ou celle qui l'a signée. Le droit psychologique c'est donc faire un pari sur la méconnaissance des règles par autrui. Tout lecteur de Kafka sait que lorsque la règle est méconnue elle est souvent maximisée.
Dans une décision du 30 mars 2011, la Cour de cassation vient de décider qu'une clause de non concurrence non valide créé un préjudice pour le salarié même si elle n'a pas été mise en oeuvre. Le salarié peut donc obtenir des dommages et intérêts du seul fait de l'insertion de la clause dans son contrat. Voici un sain rappel des juges à qui serait tenté d'utiliser le droit psychologique en considérant qu'au pire la clause est privée d'effet et qu'au mieux le salarié la respectera malgré sa nullité. Jusqu'à présent un tel comportement n'avait pas de sanction juridique. Tel n'est plus le cas depuis le 30 mars dernier.
00:18 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : clause de non concurrence, droit du travail, droit, astérix, kafka, guerre psychologique
05/04/2011
Parité, égalité...rivalité
La gestion paritaire a connu ses heures de gloire après la seconde guerre mondiale. Portée par l'euphorie de la victoire, la réconciliation nationale souhaitée et le programme du Conseil National de la Résistance, le paritarisme, qui n'est pas une tradition française, se déploie dans l'espace social : assurance maladie, assurance vieillesse, assurance chomage, retraites complémentaires, assurance formation, les garanties sociales des salariés sont confiées à des institutions paritaires qui exercent une gouvernance aussi apaisée que les relations sociales en entreprise sont conflictuelles. L'Etat a-t-il pris ombrage de ces succès ? la démocratie politique se défie-t-elle de la démocratie sociale ? nul en tout cas ne peut nier cette rivalité entre les deux grandes dames.
Julio Romero de Torres - Rivalidad
Il faut dire que la démocratie politique nous répète inlassablement que pour pouvoir gouverner il faut une majorité claire, et si possible chaussée de godillots. Que la cohabitation est un régime paralysé et qu'il est impossible de bien gouverner si l'on doit partager le pouvoir. La gestion paritaire nous démontre exactement l'inverse depuis soixante ans. Certes, elle n'est ni parfaite ni toujours exemplaire, mais à devoir prendre des décisions sans qu'une volonté prédomine, elle se condamne à être plus intelligente que les gouvernants majoritaires qui peuvent se laisser porter par leur arbitraire et ne sont pas condamnés à l'effort de synthèse ni de dialogue.
Pour analyser plus finement les mécanismes de la gestion paritaire dans le domaine de l'assurance formation, voici la 6ème chronique de la Fabrique des OPCA, consacrée au régime de la gestion paritaire des OPCA.
00:04 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : opca, démocratie, politique, paritarisme, gestion, réforme, parité, égalité, julio romero torres, peinture
04/04/2011
Liberté de marcher (et de rêver)
Le panneau est, à première vue, plutôt sympathique. Une invitation a profiter des premiers beaux jours, un appel à s'étendre au soleil, une offre de première herbe de printemps. On se dit que nous voilà en terre accueillante, courtoise, attentionnée et soucieuse de notre bien être. C'est là que le doute commence à s'instaurer dans un vieux réflexe anarcho-libertaire : toujours se méfier de ceux qui veulent votre bonheur avant de vous avoir demandé votre avis. Et le doute se transforme en effroi, laquelle trouve sa résolution dans l'action : arracher le panneau pour ne pas tomber dedans.
Pourquoi l'invite à fouler l'herbe fraîche serait-elle un piège ? parce qu'elle nous laisse penser que l'autorisation est nécessaire pour faire, ce qui signifierait que le principe est l'interdiction. Si l'on doit être autorisé à marcher sur les pelouses, à quand l'autorisation de marcher sur les allées, de respirer l'air frais et de profiter des rayons du soleil ? l'autorisation donnée n'a de sens que si le principe est l'interdiction. Ce qui serait une redoutable inversion de tout notre droit. Heureusement que le principe est l'inverse : la liberté prime par principe et ne suppose pas de texte particulier pour être instaurée. L'interdiction est l'exception et nécessite un texte.
Ne vous laissez pas impressionner par qui vous demande où est le texte qui vous autorise à faire ce que vous voulez. Demandez lui où est le texte qui l'interdit. Et pendant qu'il cherche, ménagez vous une petite sieste dans l'herbe, juste en face du panneau d'interdiction de marcher sur les pelouses : il n'est pas interdit d'y rêver.
00:05 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT, TABLEAU NOIR | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : liberté, droit, travail, pelouse, printemps
02/04/2011
Chronique de week-end : l'énigme de l'extase
Pour cette chronique de week-end, retour sur une exposition tenue en début d'année dans la chapelle du Musée d'Art et d'Histoire de Saint-Denis. Ernest Pignon-Ernest y présentait "Extases" ou le mystère des mystiques. Elles se nomment Hildegarde de Bingen, Marie-Madeleine, Angèle de Foligno, Catherine de Sienne, Marie de l'Incarnation, Thérèse d'Avila et Mme Guyon. Elles meurent de ne pas mourir.
On les dit mystiques et tentant par l'extase d'échapper à leur corps, qui du coup peut s'exposer sans choquer en la Chapelle, puisqu'il s'agit de sortir de ce corps, de se désincarner pour s'incarner en Dieu. C'est du moins ce qu'on leur fait dire. Il vaudrait mieux les écouter. Hildegarde par exemple, qui dit exactement l'inverse : "O homme, tu as en toi le Ciel et la Terre, fais de ce monde un Ciel sur la Terre".
Mais alors les corps ne seraient pas l'idée, ils seraient bien là, présents, et la chair extatique incarnerait la jouissance du corps en ces instants d'abandon où le plaisir et la douleur peuvent s'assembler pour porter le corps non pas hors de lui-même mais au plus profond de lui-même. Ne vous y trompez pas, toutes ces femmes regardent vers l'intérieur et ne deviennent universelles qu'en allant au bout de leur passionnelle singularité.
Parole de Thérèse : "Ce qui importe avant tout, c'est d'entrer en nous même pour y rester seul avec Dieu". Dieu est un ami, et même plus. Marie de l'incarnation, dans ses prières, appelle Jésus "mon bien aimé".
Peut-on faire plus incarné que Catherine de Sienne qui affirme : "Tu es ce qui n'est pas. Je suis ce que je suis". Ces femmes là n'ont pas le mysticisme étéré que l'on voudrait leur prêter. Elles sont charnellement et spirituellement présentes à la sensation que leur corps ne fait pas qu'exprimer mais vit pleinement. Ces femmes ont toute connaissance et le revendiquent. Angèle de Foligno : "le premier pas est la connaissance du péché ; par elle, l'âme craint fort d'être damnée en enfer. En ce pas, l'âme pleure amèrement". Corps et âmes donc, bien sur, mais en pleine conscience de l'abandon et du plaisir de la sensation physique de l'amour comme forme ultime de la connaissance.
22:29 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : extases, ernest pignon-ernest, peinture, dessin, saint-denis, exposition, énigme, mystique, sainte-thérèse
01/04/2011
Multiples et intenses
L'anecdote est rapportée par Pierre Louart, Directeur de l'IAE de Lille, à l'occasion de la Conférence régionale de l'AGEFOS-PME Nord Picardie. Gênes, désignée avec Lille capitale européenne de la culture en 2004, était une ville sinistrée. Un taux de chômage de 30 % et quelques grandes entreprises locales qui font l'essentiel de l'emploi. Les grandes entreprises en question ferment. Le chômage passe-t-il la barre des 50 % ? non, il redescend en dessous de 10 . Pourquoi ? Parce que s'est créé un tissu de petites entreprises qui ont développé les échanges entre elles et favorisé le dynamisme économique. L'histoire nous apprend que les lieux de savoir se sont développés de manière rapide lorsque deux conditions étaient réunies : plusieurs lieux de création existent et les échanges entre eux sont fréquents. La multiplicité et l'intensité des échanges créent plus de dynamisme qu'un grand ensemble isolé.
Voilà qui pourrait être réfléchi par nos dirigeants qui recherchent, à coup d'exonérations et de subventions, à attirer des grandes entreprises sur des territoires. Locomotives disent-ils. Hum ! A cette recette douteuse on peut préférer la mise en relation de TPE et PME, l'encouragement à la création d'activités nouvelles, la facilitation des échanges, l'accès aux services, l'organisation du partage d'information et le développement d'une culture de l'innovation et de la création. Bref, l'abadandon enfin du modèle jacobin au profit d'un retour aux villes et régions qui firent la prospérité de l'Europe. Et ce serait un progrès.
S'il faut convoquer l'art pour compléter la démonstration, il suffit de se souvenir que le groupe surréaliste était composé de fortes personnalités, que chacun avait un art singulier, et que la rencontre de ces individualités a permis à chacun d'aller plus loin dans son art. Dynamique des singularités au sein d'un groupe. Tout l'inverse de ce que proposent aujourd'hui la majorité des grandes organisations.
Valentine Hugo - Les surréalistes
00:14 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : agefos, pierre louart, iae, territoires, gênes, économie, gpec, emploi, formation
30/03/2011
Un léger doute
Au plan des principes, les solutions sont imparables. Logiques en droit, cohérentes dans le raisonnement, juridiquement argumentées, les décisions adoptées par la Cour de cassation dans une série d'arrêts en date du 2 février 2011 s'inscrivent de surcroît dans le droit fil de décisions antérieures. Rigueur et constance sont au rendez-vous. De quoi s'agit-il ? du licenciement d'un salarié d'un casino sur la base d'enregistrements vidéos de ses agissements par les caméras fonctionnant en permanence dans l'établissement ou encore du licenciement pour faute grave d'un salarié qui tient des propos injurieux à l'encontre de son employeur dans le cadre d'un échange par mail avec un collègue ou encore d'un mail envoyé par un salarié à son épouse avec quelques remarques peu amènes pour l'employeur, auquel le mail est transféré par erreur.
Dans tous les cas, les principes sont respectés : le salarié était informé de la présence des caméras, les mails ont été écrit sur le lieu de travail, pendant le travail avec un matériel professionnel et ils n'étaient pas identifiés comme personnel. Rien à redire donc. Et pourtant, un léger doute. Le sentiment diffus, mais tenace, que tout ceci n'est pas satisfaisant et que le droit est un pudique paravent masquant une société de la surveillance, de la traçabilité, du contrôle permanent, du mythe de la transparence où chacun pourrait avoir accès à tout ce qui s'échange, se dit, s'écrit, se fait. Un monde sans répit et sans repos. Un monde inhumain donc.
Filmé en permanence, lu dans tous ses échanges, tracé dans ses circulations sur le net, géolocalisé dans son véhicule, écouté dans ses conversations téléphoniques, le salarié est dans la position du prisonnier dont on éteint jamais la lumière dans sa cellule. Observable à tout moment, il perd sa vie privée et ne peut que déchoir de sa condition. Comparaison trop sévère, excessive, caricaturale ? peut être. Mais il fut un temps où le débat, y compris juridique, portait sur le salarié citoyen dans l'entreprise et où la liberté était conçue comme une autonomisation de chacun au profit de tous. Que le débat s'exerce aujourd'hui sur le terrain du contrôle permanent des salariés sans que le juge ne se prononce en référence à ces principes de citoyenneté dans l'entreprise, de vie personnelle qui peut être présente au travail et de la folie qui consiste à exiger une transparence totale des individus n'est pas bon signe. En être réduit à conseiller aux salariés de gratifier leurs mails d'un énorme MESSAGE PERSONNEL est une défaite de l'éthique et des relations entre les individus. Car elle consacre la bascule irréversible dans un monde de défiance, ou chacun est suspect par principe et doit se méfier de tous. Une société policière donc. On souhaiterait, pour qu'il n'en soit pas ainsi, que le juge se souvienne qu'il est le garant des libertés et que les entreprises prennent quelques engagements dans le domaine sans que le droit n'ait besoin de les y contraindre. Et sur la possibilité que les choses évoluent en ce sens, on aimerait ne pas avoir un léger doute.
00:05 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : contrôle, surveillance, salariés, mail, videos, licenciement, jurisprudence, droit du travail, droit, éthique, ressources humaines
29/03/2011
Calendrier toulousain
Vite et bien = deux fois bien. Mais dans le Sud, on aime souvent prendre son temps et tous les arguments sont bons pour avoir des calendriers longs. La décision aurait-elle été la même au nord de la Loire ? la Cour de cassation nous le dira peut être si les recours nous mènent jusque-là. Mais nul doute que les représentants des employeurs n'encourageront pas Carrefour à faire appel, de crainte qu'une jurisprudence ne s'établisse en ce domaine. Mais de quoi s'agit-il donc ? d'une décision du TGI de Toulouse qui estime que lorsqu'un licenciement collectif est de nature à impacter la santé des salariés, il doit être soumis au CHSCT avant toute consultation du comité d'entreprise. Sacrés juges toulousains.
Raymond Moretti - Toulousains
A vrai dire, cela devait finir par arriver. Depuis quelques années, la jurisprudence ne cesse, en s'appuyant sur une définition extensive de la santé au travail, d'étendre le champ d'intervention du CHSCT. Entretiens annuels, systèmes de rémunération, programmes de gestion de la performance...la liste est longue des sujets qui doivent être soumis au CHSCT préalablement au CE. En jugeant pour la première fois que le CHSCT devait être consulté en amont du CE s'il est établi qu'un plan de cessation d'activité a un impact sur la santé des salariés, difficile d'ailleurs qu'il n'y en ait pas, le juge fournit en tous cas aux représentants du personnel une magnifique perche pour rallonger les calendriers. Car voici l'employeur tenu de rajouter à la double consultation du CE sur le projet et sur ses conséquences sociales, une troisième consultation, préalable d'ailleurs aux deux premières, sur l'impact que le projet peut avoir sur la santé des salariés, ainsi que sur les mesures que l'entreprise compte prendre pour minorer cet effet. Pour les salariés toujours quelques semaines ou mois de gagnés. Pour l'entreprise, du temps perdu. A chacun son calendrier, et pour tous celui du juge.
00:05 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : licenciement, chsct, comité d'entreprise, procédure de licenciement, santé au travail, travail, santé, carrefour, toulouse, toulousains, moretti, droit du travail
28/03/2011
Yes Week-end !
Le garçon de café travaillait en semaine. Et cela lui convenait fort bien. Cela durait depuis dix ans. Et cela lui convenait fort bien. Son nouvel employeur lui demanda de venir travailler le dimanche. Cela ne lui convenait plus du tout. Et il ne vint pas. S'arrachant à sa condition de garçon de café tel que le décrit Sartre, il décide d'éprouver sa liberté et continue à travailler en semaine. Le licenciement pour faute grave ne tarde pas, ni le contentieux. La Cour d'appel donne raison à l'employeur : les horaires relèvent de l'autorité de l'employeur et un café est autorisé à ouvrir le dimanche, promu au rang de jour ordinaire. Ce raisonnement ne satisfait pas la Cour de cassation qui censure la décision : le garçon de café avait bien droit à son week-end.
Qu'invoque la Cour pour se prononcer ? le fait que le salarié qui en a régulièrement bénéficié ne peut être privé du repos le dimanche. En d'autres termes, la Cour de cassation a considéré que la pratique ininterrompue du travail en semaine, bien que ne figurant pas dans le contrat, n'en était pas moins contractuelle. Et oui, le droit est ainsi fait : on trouve dans le contrat des informations non contractuelles (la mutuelle ou la convention collective par exemple) et en dehors du contrat des clauses contractuelles non écrites. Voilà qui ne facilite guère la lecture des contrats, mais permet de préserver ses week-ends. Yes !
00:05 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dimanche, travail, droit du travail, droit, jurisprudence, garçon de café, contrat de travail, modification du contrat
26/03/2011
Chronique de week-end : l'énigme du hasard
Les surréalistes définissaient le hasard comme la manifestation extérieure d'une nécessité intérieure. Autant dire qu'il ne nous arrive que ce que nous sommes prêt à accueillir. L'état de disponibilité, ou non, dans lequel on se place, est la source naturelle du hasard.
En ce premier week-end de printemps, soleil en bandoulière, la rue nous invite et nous attend. Vous pourrez y croiser Miss Tic.
Il n'est pas nécessaire de suivre le conseil et de s'assurer contre le hasard, par contre vous pouvez vous demander si ce regard si vite arrivé est le votre ou celui qui se porte sur vous. Belle gambade à tous.
10:36 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : miss tic, rue, hasard, surréalisme, printemps, énigme
25/03/2011
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Myriam promettait d'enlever le haut le 2 septembre, et le bas le 4 septembre. Ce qui fut fait. Elle n'a rien promis pour le 8 septembre, aussi je me permets de lui faire une suggestion. Le 8 septembre 2011 s'ouvrira la 2ème promotion du Master 2 Responsable Formation, organisée en partenariat entre l'Université d'Evry et DEMOS.
Le Master est organisé en alternance pour permettre d'articuler l'exercice d'activités et le suivi d'enseignements. Il se déroule de septembre 2011 à décembre 2012.
Pourquoi un Master 2 de Responsable Formation ? parce que l'activité de Responsable Formation est un vrai métier, qui fait appel à des compétences diversifiées et des exigences d'un niveau toujours plus élevé (voir présentation jointe).
Pourquoi celui-ci ? parce que l'on peut se former de manière très professionnelle tout en prenant du plaisir et en réalisant des travaux, dont le mémoire, valorisables dans le cadre de ses activités professionnelles.
Le maillot de bain est-il indispensable ? ce n'est pas une condition d'accès, comme vous pourrez le vérifier dans la plaquette jointe.
Et pour tout renseignement complémentaire : willems.consultant@orange.fr
Bon week-end ensoleillé à tous.
10:12 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : master, responsable formation, formation, ressources humaines, demos, université, evry
24/03/2011
Tartuffes
Si le ridicule tuait, on se demande qui nous gouvernerait. L'Assemblée nationale vient d'adopter une résolution officielle, datée du 22 mars et publiée au journal officiel, pleine de martialité, de bonnes intentions et de rappel de tous à nos devoirs. Le thème ? l'égalité entre les femmes et les hommes. Nos députés font oeuvre utile : ils commencent par rappeler que la loi doit être respectée. Saine injonction. Ils continuent en se félicitant des lois qu'ils ont votées : nous n'oublierons pas de les en remercier. Et ils terminent en rappelant qu'une volonté politique sans faille doit accompagner la lutte contre les inégalités. Sont visés par leur rappel à l'ordre : les entreprises, les hommes, les familles et.....et c'est tout. Du politique nulle trace.
Molière - Tartuffe
Que les partis politiques préfèrent payer des amendes plutôt que respecter la loi sur la parité ne semble guère avoir d'importance, que la sociologie de l'Assemblée nationale, et plus encore du Sénat, laisse penser que notre pays est constitué aux trois quarts de seniors males blancs ayant fait des études supérieures, aucune trace, et que rien ne soit fait pour qu'une telle situation évolue, comme le démontrent encore les élections cantonales, ne bouscule en rien la bonne conscience de nos élus.
Certes on pourrait se dire que le texte vise l''égalité professionnelle et non l'égalité en général. Il serait bon alors de ne pas parler de "job" pour un mandat d'élu, de rendre impossible les carrières politiques, de ne pas associer un régime de retraite à un mandat public, etc. Il serait bon en fait de cesser les Tartufferies.
L'exemple n'est pas, loin s'en faut, la seule ni nécessairement la meilleure pédagogie. Mais lorsqu'un tel décalage est constaté entre le discours et les actes, il ne faut pas s'étonner de perdre en crédibilité et au final, ce qui est le plus grave, en légitimité.
09:43 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, assemblée nationale, sénat, cantonales, égalité, égalité professionnelle, molière, tartuffe
23/03/2011
Beauté du travail-travail
Le conseil venait d'Ingres, il fut entendu par Degas : "Il faut produire des lignes, et encore des lignes, si vous voulez devenir un bon artiste". Degas produisit des lignes, dont celles-ci. La cuisse puissante, la hanche creusée, le ventre plat, le bras juvénile, la pudeur et l'abandon de l'attitude, le mouvement d'ensemble du dessin, comme une ligne de fuite bien présente. Pas de doute, Degas a du en tracer des lignes pour parvenir à celles-ci.
Degas - Femme nue étendue
Joan Miro, dont on peut actuellement admirer les sculptures au Musée Maillol, déclarait que dans son travail il y avait le travail-travail, avec sa dimension artisanale, et puis la dimension fantasmatique qui lui donnait tout son sens. Le rêve habitant le travail.
Voilà un chemin possible pour la compétence et pour l'innovation. Du travail-travail, de la répétition, du rythme maintenu, du geste renouvelé, surgiront des lignes nouvelles, et ce d'autant plus que le rêve et le fantasme viendront, à leur heure, sans qu'ils ne soient forcés, dans la fluidité de l'acte répété, nourrir le travail. Beauté du quotidien répété, plaisir de la découverte des éclosions de la banalité. Ce qu'exprimait à sa manière Degas déclarant : "Je voudrai être illustre et inconnu".
Ce n'est pas un conseil, juste un message personnel, un soir de déplacement.
00:32 Publié dans TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : degas, ingres, travail, miro, maillol, dessin, peinture
22/03/2011
Comme il n'est plus compétent, mon banquier c'est moi
L'alternative entre l'investissement dans les machines et l'investissement dans les personnes ne s'est pas arrêtée avec la bascule dans la société de l'information. Certaines organisations font toujours le choix de salariés moins compétents (traduisez : moins chers, moins difficiles à trouver, dont on est moins dépendant), au profit d'un système mécanique qui présente, en outre, l'avantage d'une plus grande stabilité émotionnelle que cet humain que l'on se tue à gérer.
Compte tenu de la place occupée par les mathématiques dans la sélection des élites et de la culture de l'ingénieur dans la culture manageriale française, il n'est pas étonnant que chaque fois que la rationnalité mécanique peut être substitué à l'irrationnalité humaine, le choix soit assez rapidement fait. Dernier exemple, la banque.
Marinus Van Remeyrsmaele - XVIème siècle
Cela a commencé par l'arrêt du recrutement de personnels qualifiés dans les métiers bancaires pour revenir à des profils commerciaux. C'est qu'il ne s'agissait plus de conseiller les clients mais de vendre des produits. Pour la gestion financière et le reste, l'outil informatique s'en charge très bien. Et puis est venu la dernière étape. L'outil est autonome, le besoin de compétence disparaît et l'on peut passer à la dernière étape : confier les clés du camion à un incompétent, c'est à dire vous, ou moi. Et l'affubler du titre de banquier (j'attends ma carte de visite, mais cela ne saurait tarder : jpw, banquier de lui-même, toujours près du client, toujours disponible). Lorsque les véhicules feront eux-mêmes leur diagnostic nous pourront devenir les mécaniciens de nos véhicules, lorsque les cafétérias seront d'immenses percolateurs nous seront les serveurs de nous même. Quant à devenir pompiste de nous même et caissier de nous même, c'est déjà fait. Et n'oublions pas que l'industrie pharmaceutique nous a transformé en médecins de nous même, la France ayant le pompon de l'auto-precription médicinale. La formation c'est conduire à l'autonomie ? ringard. Grace à la machine, nous courons vers l'autonomie, sans formation, sans compétence...et sans salaire. Fort non ?
00:11 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : banquier, peinture, organisation du travail, compétence, recrutement, métiers, france