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28/09/2011

Ne traitez pas les risques psychosociaux...

...traitez les risques générés par les activités qu'exercent vos salariés. En imposant aux entreprises de plus de 1000 salariés de négocier sur les risques psychosociaux, le gouvernement leur a rendu un mauvais service sans que cela en constitue un meilleur pour les salariés.

Depuis 2001, toute entreprise a l'obligation de mettre en place une évaluation des risques professionnels. Le B.A BA de l'évaluation consiste à partir de la réalité de l'activité, et non des risques. Tous les professionnels de l'évaluation des risques recommandent de ne pas conduire un travail à partir de risques qu'il suffirait de cocher mais de se livrer à une véritable analyse du travail. Mesurer les indicateurs de risques psychosociaux dans l'entreprise (stress, climat social, anxiété,...) c'est mesurer l'effet en ignorant la cause. Première étape nous dit-on, les causes viendront après. Trop tard, le chantier labyrinthique sera ouvert et ne pourra plus être refermé.

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André Masson - Le chantier de Dédale - 1940

Que faire alors ? lorsque l'on travaille sur les risques professionnels, on analyse l'activité à  travers cinq domaines : 

- les lieux de travail (inclutant les déplacements) ;

- les outils, produits, machines utilisés dans le travail ;

- l'organisation du travail ;

- les relations dans l'entreprise (management, climat social, comportements au travail...) ;

- les relations avec l'extérieur (clients notamment).

Avec ces cinq domaines, on couvre l'ensemble de l'activité des salariés. Pour ne parler que du stress, si l'on s'en tient à sa définition officielle, à savoir "le sentiment pour le salarié de ne pas avoir les moyens de réaliser ses activités", il peut apparaître dans les cinq domaines : déplacements trop nombreux ou dans des délais trop courts, absence de maîtrise des outils ou matériels, organisation du travail inadaptée, relations conflictuelles, agressions des clients, etc. Mais une analyse exhaustive de l'activité commencera par travailler sur les causes avant de s'intéresser aux effets. La condition du succès ici, comme souvent d'ailleurs, est de partir de la réalité, du travail et de ses modalités d'exercice. Si l'on part du risque, on s'enfonce dans le labyrinthe avec une forte probabilité de s'y perdre. Mais après tout, peut être est-ce un objectif, ce qui permettrait de dire que l'on agit en étant bien persuadé que le plus souvent rien ne sort du labyrinthe.

27/09/2011

Détour direct

Vous goûtez un Sauternes : l'été indien fait de tournesols fanés, de vignes empourprées, de douces lumières et de platanes ambrés vous enveloppe. Vous souhaitez décrire le nectar, les mots qui vous viennent sont le miel, l'abricot, l'ananas, le citron pour quelques crus jeunes, mirabelles, mangue pour les plus mûrs, fruits de la passion ou poire pourront également se présenter. Des fruits jaunes, qui ont capturé le Dieu soleil pour vous en livrer les sucs.

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Vous goûtez un Médoc : les sous bois vous accueillent et livrent leurs framboises, fraises des bois, myrtilles, cassis et vous mènent par les vergers à  la cerise, la griotte ou au  pruneau qui se marient à l'envi. Le feu du soleil a marqué au rouge le tanin qui s'épanouit en votre palais. L'or noir n'est pas cette eau de roche grasse et pollueuse, c'est le grain du raisin qui offre sa chair tendue dans sa jeunesse avant de s'abandonner à la moisissure pour sublimer les vins sapriens.

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Comme il existe plus de cents mots pour décrire la robe du taureau, les fruits s'offrent par dizaine pour dire l'ineffable goût du vin. Le détour par le fruit vous livre l'âme du nectar, comme le détour par la moisissure permet d'exhausser les sucs de la boisson des Dieux.

Vous cherchez la nature des choses, vous souhaitez atteindre l'essence de ce qui vous préoccupe ? oubliez cette leçon de fausse évidence selon laquelle la ligne droite est le plus court chemin pour aller d'un point à l'autre. Pensez au lapsus : au détour d'une phrase, un mot détourné vient vous livrer le fond de votre pensée que vous ignoriez vous-même. Le détour n'est ni perte de temps ni égarement dans l'espace. Il est ce chemin qui vous mène au coeur du problème. Et si vous étiez un vin, lequel aimeriez-vous être ? et un fruit ? et une saison ? vous en apprendrez plus sur vous même en répondant à ces questions qu'en vous lamentant sur le stérile Qui suis-je ? si d'ailleurs il venait à vous assaillir, un détour par la vigne s'impose.

26/09/2011

Les non-spécialistes

Ils partagent d'avoir été juristes, magistrats, voyageurs, propriétaires de domaines que leurs femmes administrèrent, juristes, écrivains, philosophes. Ils vécurent tous deux en un château sis au milieu des vignobles, à quelques lieues de Bordeaux. L'un fut confié tout enfant à des paysans pour être au contact de la vie rude et l'autre se vit donner comme parrain un mendiant pour les mêmes raisons. L'un fut également homme de sciences et l'autre homme politique. Rangés tous deux dans la catégorie des humanistes, ils vécurent avant que les classifications ne gagnent les sciences et les arts et pour finir le savoir tout entier. Montesquieu, le plus proche de nous, participa à la rédaction de l'Encyclopédie qui est la dernière marque de cette volonté d'un savoir unifié à la disposition de tous.

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Chateau de la Brède - Demeure de Montesquieu

Montaigne, comme Proust le fera plus tard, conçut le projet de se peindre lui-même en société pour mieux nous faire connaître les hommes. Par le singulier, l'universel nous est dévoilé sans qu'il soit nécessaire d'emprunter le pénible chemin des généralités.

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Tour de Montaigne

Aucun des deux ne fit partie des Lumières, nés trop tôt, mais ils en furent des aubes lumineuses. Après, vint le 19ème siècle et la technique qui entraîna les savoirs dans le puits de la spécialisation. Terminé les humanistes qui embrassent les disciplines et rassemblent les connaissances en de jaillissantes synthèses : voici venu le temps des spécialistes qui savent presque tout sur presque rien et réduisent leur pensée à chaque fois qu'ils pensent la pousser plus loin. Le savoir disciplinaire consacre la mort du savoir. Si vous en doutez, entrez quelques instants dans le Chateau de la Brède et dans la Tour Montaigne, l'esprit des lieux vous soufflera qu'aujourd'hui encore plus qu'hier il vaut mieux tête bien faite que que tête bien pleine.

23/09/2011

Flou trop artistique

Les juges toulousains préfèrent la réalité du travail au flou des généralités. Ils le rappellent à l'occasion d'un contentieux portant sur le support d'évaluation de salarié, utilisés par la société Airbus. Dans ce support, il est notamment demandé aux managers d'évaluer leurs collaborateurs. Jusque-là, tout est normal ou presque. Mais dans la liste des critères d'évaluation, figure 'le courage managérial" que l'entreprise définit comme "prendre des décisions justes et courageuses dans l'intérêt d'Airbus et en assumer pleinement les conséquences". Par cette précision, l'entreprise pensait plier l'affaire. Désolé, c'est trop court ou plus exactement trop flou.

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Gegout - 2006 - Klimt-Poppyfield avec nu

Avec de tels items, la porte est ouverte à toutes les subjectivités, tous les jugements de valeur et au final l'appel à des notions qui n'ont pas cours. Ce n'est pas la première fois que les juges rappellent ce qui devrait être une évidence : évaluer un salarié ce n'est pas évaluer une personne mais son travail. Airbus doit donc revoir sa copie pendant que le juge, satisfait, peu retourner dans les champs profiter de l'été indien.

22/09/2011

Vous ferez votre bonheur vous même

Il est parfois nécessaire que la loi protège l'individu contre lui-même. Mais il s'agit d'un chemin dangereux car fixer des interdits pose toujours la question des libertés individuelles. Lorsque l'on oblige au port du casque ou de la ceinture de sécurité, la protection des personnes peut aisément justifier la contrainte, légère, imposée. Mais lorsque l'on interdit le lancer de nain au nom de l'ordre public et de la dignité humaine, la restriction ne va pas de soi qui fit il y a quelques années d'un nain qui se faisait payer pour être lancé, un chômeur supplémentaire.

Lorsque les partenaires sociaux ont crée, en 2008, la rupture conventionnelle que la loi consacra la même année, il s'agissait de permettre l'exercice d'une liberté individuelle, la possibilité de négocier avec son employeur la fin de son contrat de travail, en contrôlant que cette volonté n'était pas contrainte. On la soumis ainsi à l'homologation de la DIRECCTE. S'agissant d'une rupture d'un contrat de travail, le contentieux de l'homologation fut confié aux Conseils de Prud'hommes et non aux tribunaux administratifs. Il en résulta une question non tranchée à ce jour : le Conseil des Prud'hommes doit-il se prononcer sur l'homologation elle-même ou bien doit-il renvoyer vers l'administration s'il annule une première décision d'homologation ou de non-homologation ? est-il garant de la liberté des parties ou bien contrôle-t-il uniquement l'administration qui  conserve sa capacité de décision ? la Cour d'appel de Versailles a choisi la liberté.

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JJ LEBEL - Essai de figuration de l'idée de liberté - 1961

La DIRECCTE s'appuyait sur une circulaire de la DGT (Ministère du Travail) du 17 mars 2009 qui a tout le charme des normes arbitraires autoproduites. Selon ce texte, seule l'administration et non le juge, peut se prononcer sur l'homologation elle-même. Balivernes selon le juge versaillais. En l'occurence, c'est ici le salarié qui a saisi le juge, en référé, car il souhaitait mettre en oeuvre un projet personnel et contestait le refus d'homologation au motif que l'entreprise devait mettre en place un PSE. Les tribunaux constatent la volonté réelle du salarié, déboutent l'administration et valident la rupture conventionnelle. Espérons que par cette décision les juges conduiront l'administration au contrôle du libre consentement du salarié sans substituer leur appréciation à celle des parties sur l'opportunité de la rupture. Et félicitons le juge d'être en l'espèce celui des libertés.

CA Versailles 14 juin 2011.pdf

21/09/2011

Dix ans

Il y a dix ans, mon bureau était installé à la campagne, à 35 kilomètres de Toulouse dans la vallée de la Garonne. J'y travaillais ce matin là avant de me rendre à un rendez-vous à la SOCAMIL, plateforme logistique de l'enseigne LECLERC. Il faisait beau. Soleil de fin d'été annonciateur de la douceur de l'arrière saison dans le Sud-Ouest. Soudain, on donna un grand coup de pied dans la porte d'entrée, située au premier étage, et les vitres tremblèrent. Un bruit violent et sourd retentit. Derrière la porte, il n'y avait personne. Le coup de pied n'était que le souffle de l'explosion d'AZF qui avait suivi le lit de la Garonne pour s'engouffrer dans le village puis dans la cage d'escalier.

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Dix jours après le 11 septembre, l'idée d'un attentat vint à l'esprit. Le bruit provenait de l'axe de l'aéroport. Avant de partir en rendez-vous, la radio : rien, pas d'annonce. Je partis donc. En approchant de la SOCAMIL, à Tournefeuille, des embouteillages inhabituels. Dans les voitures, je m'aperçus que les conducteurs avaient remontés leur T-Shirt, leur veste, leur polo sur leur bouche. Comme une dérisoire cagoule. A la barrière de l'entreprise, la sécurité m'annonce qu'il y a eu des attentats dans Toulouse. Mon rendez-vous n'a plus le temps de me recevoir : les salariés demandent à rentrer chez eux, le bâtiment a connu des dégâts. Je repars : l'agent de sécurité me dit "l'ONIA a pété". Rien dans ces mots pour surprendre un toulousain. AZF n'existe qu'à partir de ce 21 septembre 2001, jusque-là l'ONIA s'imposait comme Airbus restera toujours l'aérospatiale pour beaucoup de toulousains. Quant à ce que l'ONIA pète, on l'envisageait sans y croire vraiment depuis plusieurs dizaines d'années. Mais aussitôt inquiétude : un de mes étudiants est en stage aux ressources humaines chez AZF. Injoignable sur son portable, 1 heure plus tard sa mère me rassurera : blessé pas trop gravement. Mais l'expérience indélébile de la mort, de la peur et du chaos. Le DRH d'AZF, lui, ne s'en remettra jamais. Il n'est pas le seul dans ce cas, tant le traumatisme reste vif. Lorsque le souffle vint battre la porte de mon bureau, je ne savais pas encore que l'explosion avait fait 30 morts et 2500 blessés.

19/09/2011

Le juriste et le météorologue

Quel rapport entre le droit et la météo ? entre le juriste et le météorologue ? beaucoup de points communs qui permettent de mieux comprendre ces deux métiers. Les points communs : la masse d'information à traiter, la finesse du raisonnement masquée par la brutalité de la décision et l'exercice d'une activité qui n'est pas une science exacte, du moins sous nos climats. Et peut être un dernier : le fait d'être pris à  tort pour des Oracles.

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John Collier- L'Oracle de Delphes

La masse d'information : Codes, conventions, accords, contrats, usages matinés de droit européen et international d'un côté, milliers de relevés de toute sorte (vent, hydrométrie, relief, température, pression,...) de l'autre. Si le profane se noie irrémédiablement dans le flot d'informations, l'expert ne doit pas oublier de travailler son crawl.

La finesse du raisonnement : interpréter les textes, interpréter les chiffres. Savoir lire au-delà des signes, assembler, dépasser les contradictions, le juriste et le météorologue aspirent à devenir des logiciens avisés sans sombrer dans la casuistique ni la rigidité, qui guettent à tout instant. Souplesse du raisonnement et méfiance des effets mécaniques.

La brutalité de la décision : au-delà du raisonnement, la décision est souvent binaire. Au plan pénal, coupable ou relaxé, chaque solution est à 100 %. On est pas coupable à 35 % et innocent pour le reste. Pour le ciel, les nuages, la pluie et le soleil, difficile de faire état de doutes devant qui veut savoir s'il pleuvra ou non. La probabilité de pluie à 60 % laissera sceptique plus d'un qui vous demandera : "En clair, il pleut ou pas ?".

Se dépêtrer d'une masse d'informations pour arriver par un raisonnement que l'on espère subtil voire artistique, à une solution binaire, voilà tout le dilemme du juriste. Qu'il soit partagé par le météorologue ne le consolera pas mais l'invitera peut être à lever la tête pour vérifier la couleur du ciel. Si vous découvrez qu'il est à la fois bleu et noir, vous dites qu'il est aussi impossible de l'annoncer que d'expliquer que DSK est à la fois coupable et innocent.

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18/09/2011

Olé !

Ce week-end sportif a vu l'Espagne triompher par deux fois de la France. En Coupe Davis, l'équipe de France a explosé sous le soleil de Cordoue, et au championnat d'Europe de Basket, la France made in NBA a été percutée par le talent individuel et collectif de diaboliques espagnols (pléonasme). Chacun a donc pu découvrir en quoi consistait les trois C espagnols : avoir simultanément de la Cabeza, des Cojones et du Corazon.

Ces trois C ibériques nous renvoient à ceux du Sénateur Carle qui conclut son rapport sur la formation professionnelle en 2007 par trois C pour Corporatisme, Complexité et Cloisonnement. On aurait aimé qu'à ce diagnostic excessivement négatif  succède une dynamique plus positive. Les partenaires sociaux, se pliant au souhait de l'Etat de plus de mutualisation, plus de régulation et d'une négociation rapide, ont tendu la perche avec l'ANI du 7 janvier 2009. Raté. La ligne de conduite de la DGEFP pour piloter la réforme se résume en effet à Centralisme, Contrainte et Contrôle là où l'on aurait souhaité Confiance, Coopération et Créativité.

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Lucien Clergue - Nimeno II aux banderilles

Il faudra donc aller au combat. Dès l'obtention de l'agrément pour certains OPCA et lors de la négociation des Conventions d'Objectifs et de Moyens pour presque tous. Combat sur quoi ? sur la préservation de l'autonomie des partenaires sociaux, sur la capacité des OPCA à rendre de véritables services, sur la défense de leur nature qui n'est pas d'être un agent du fisc, sur la défense de la démocratie sociale, sur la capacité de négocier sans subir les diktats de l'administration et sur la possibilité d'être novateurs et créatifs au contact de ceux à qui ils rendent service, plutôt que d'être administrés par le haut dans ces fameuses politiques administrativos-financières qui garantissent l'échec des politiques publiques depuis des années.

Pour mener un tel combat la Cabeza, les Cojones et le Corazon ne seront pas de trop. Après, à chacun de savoir s'il souhaite vivre comme Nimeno II, en allant jusqu'au bout de tous les combats, ou s'il préfère se coucher en réfléchissant à toutes les bonnes raisons qui lui serviront d'excuses avant de s'endormir. Bonne semaine à tous.

14/09/2011

Quand le juge fait la leçon

....le Parlement ferait bien d'en tirer profit. Le TGI d'Orléans vient de faire preuve de pédagogie en jugeant que l'article L. 2324-2 du Code du travail était contraire à la Convention Européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales (CESDH). De quoi s'agit-il ? L'article en question, issu de la loi du 20 août 2008, prévoit qu'une organisation syndicale ne peut désigner de représentants syndicaux au comité d'entreprise, dans les entreprises de plus de 300 salariés, que si cette organisation y compte au moins deux élus. Lors du vote de la loi, cet article paraissait absurde : la capacité de désigner des représentants syndicaux au comité d'entreprise appartenait jusque-là à toute organisation syndicale, pourquoi la limiter à celles qui ont des élus, et qui disposent déjà à ce titre de toute l'information du comité, alors qu'un syndicat peut désormais être représentatif (avec 10 % des voix aux élections) sans avoir d'élu au comité ? les parlementaires ont fait valoir qu'il s'agissait de légitimer la présence des représentants syndicaux en limitant la possibilité de désignation en fonction de la représentativité. Les juges de province, contrairement à la Cour de cassation, ne se sont pas laissés abuser par le raisonnement : ils connaissent la musique et administrent une leçon au législateur dont l'objectif était manifestement uniquement de diminuer le nombre de représentants du personnel.

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Matisse - La leçon de piano

La leçon est en trois temps. En premier lieu, il est rappelé que la CEDSH garantit l'égalité de traitement des organisations syndicales. En second lieu, le législateur est placé devant ses contradictions : si la finalité est de conforter la représentativité, toutes les organisations représentatives, et pas seulement celles qui ont deux élus, doivent pouvoir désigner un représentant syndical. Troisièmement, compte tenu du rôle du représentant syndical, qui participe au CE pour que son organisation soit informée et avec uniquement voix consultative, il est logique que tout syndicat représentatif puisse désigner un représentant, y compris et même surtout, s'il n'a pas d'élu. Exit donc l'article L. 2324-2 qui constitue une discrimination syndicale, l'inégalité de traitement des organisations n'étant pas justifiée.

Et voici le législateur renvoyé à ses incohérences. On souhaite que la Cour d'Appel et la Cour de cassation, si elles sont saisies, apprécient la finesse du raisonnement du juge des bords de Loire et confortent sa position o combien justifiée et légitime. Envoyez la musique !

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13/09/2011

Obéissance fautive

L'obéissance est souvent perçue comme l'aliénation de sa liberté au profit d'une sécurité : elle constitue une adhésion qui devrait trouver sa récompense. L'obéissance déresponsabilise. Elle fait porter sur le donneur d'ordre le poids de la décision dont se trouve libéré l'exécutant. Ceci est peut être une vision que l'on peut avoir de l'obéissance. Ce n'est pas celle du juge, pour qui obéir est une décision pleine et entière dont la responsabilité se trouve chez son auteur et non chez celui qui l'a suscitée. Obéir est un choix et il vaut mieux ne pas l'oublier.

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Obéissance - André Helluin - 2010

Un responsable commercial demande à une assistante commerciale de lui communiquer ses codes d'accès pour accéder aux fichiers clients. La charte informatique de l'entreprise proscrit toute transmission des codes personnels. L'assistante les communique pourtant, estimant qu'agir sur ordre est un impératif ou que le demandeur peut avoir accès aux informations. Double erreur que le juge sanctionne sévèrement d'une faute grave (Cass. soc., 5 juillet 2011). Le salarié ne peut se réfugier derrière l'excuse de hiérarchie : responsable de lui-même, il a le devoir et l'obligation de refuser la demande illicite. Pas facile ? sans doute mais le salarié ne peut ni refuser de choisir ni d'exercer sa responsabilité. On ne renonce pas par la soumission à son statut de sujet. Le juge paraît sévère, il est en l'occurence un grand humaniste.

12/09/2011

N'évacuez pas, travaillez !

Dans le flot d'images et de commentaires consacrés au 11 septembre, deux témoignages. Le premier, d'un salarié d'une société financière qui travaillait dans la Tour Sud. Le premier avion d'American Airlines vient de s'écraser sur la Tour Nord. Les personnels commencent à évacuer la Tour Sud effrayés par le choc et l'incendie. Mais rapidement la consigne arrive : restez à vos postes de travail, nous ne sommes pas concernés, le problème concerne la Tour Nord. Hésitation et puis l'ouverture des bourses dans cinq minutes, on s'installe et on travaille. Des centaines de personnes seront victimes de cette consigne.

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Site du World Trade Center - Juillet 2011

L'emprisonnement dans le routinier, l'incapacité à penser l'évènement qui survient sans avoir été imaginé, la paupérisation de l'imagination même par l'enfermement dans les codes du  quotidien. Une vision unilatérale et simpliste du monde qui participe à la destruction et dont on peut se demander si elle n'en est pas une des causes. A cet effet, la thèse des bons et des méchants, du diable et des héros permettra d'éluder tout questionnement. Et l'on redonnera la parole aux architectes qui construiront plus haut, plus fort, comme avant, en mieux.

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Le second témoignage est celui de William Langewiesche, journaliste à Vanity Fair. Un des rares journalistes a avoir eu accès au site de Ground Zero. Il était interrogé par Faustine Vincent :

Vous écrivez que la catastrophe a fait voler en éclat les hiérarchies sociales. En quoi?
C’était un chaos à la fois physique, politique, technique et social. Face à l’urgence, les hiérarchies sociales n’importaient plus, tout le monde se foutait de qui était le patron. Les gens avaient pris le pouvoir par la pratique: les petits ingénieurs, les ouvriers, les pompiers, les policiers... Pour eux c’était une vaste libération personnelle. Comme en temps de guerre, parce qu’il n’y avait plus les mêmes règles.

Vous avez dit avoir découvert la «quintessence américaine» à travers vos reportages à Ground Zero. Quelle est-elle?
Le manque de hiérarchie et la liberté de laisser les gens avoir de la puissance selon leurs capacités et non leurs diplômes. C’est l’ancien idéal des Etats-Unis. Le «self made man», en quelque sorte. Je crois que si le World Trade Center était en France, on n’aurait pas vu ça. Parce que la France étouffe sous la hiérarchie des diplômes.

Pourquoi «l’ancien idéal» des Etats-Unis? Ce n’est plus le cas?
Ça existe toujours un peu dans les affaires, dans la Silicon Valley, mais sinon, de moins en moins. Le pays et la société vieillissent, et quand les structures sont en place, elles deviennent dominantes.

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Les avions continuent à passer au-dessus de Manhattan. Est-ce le signe que l'Amérique est plus forte parce qu'elle sait ce qu'est la peur et que l'on est plus fort lorsque l'on en a fait l'expérience ? ou bien est-ce que la routine, et ses réflexes mortifères, ont repris le dessus et que le 11 septembre est devenu un fantasme, un acte d'emblée déréalisé ?

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Ciel bleu sur Wall Street, immeubles noirs et puissants, drapeau haut en couleur, nul ne sait ce jour si l'Amérique est vieillissante ou si elle sera capable demain, s'il le faut, d'évacuer et donc d'agir, plutôt que de continuer à travailler, en spectateur de la mort qui vient.

09/09/2011

DRH à la perle

Sa douceur surpasse celle de la perle qui vient rehausser le diafane velouté de ce visage offrant  son geste et son regard mais dérobant ses traits. Sa beauté s'épanouit entre le tragique et le sourire, la pudeur de la coiffe et l'impudeur de la bouche. Innocente succube, la jeune fille à la perle est une fleur en jeune fille. Contrairement aux jeunes filles en fleur de Proust, elle ne passe pas, ne fâne pas, ne se situe pas dans cet éclat éphémère que le temps balaie. Immémoriale, elle persiste à vous offrir le plaisir de son mystère.

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Vermeer - La jeune fille à la perle

Les DRH que les Echos ont interrogé cette semaine sur le climat de la rentrée ont-ils visité cet été le petit musée Mauritshuis de La Haye ? toujours est-il qu'ils ont tenu, eux aussi, à accrocher des perles à leur discours, qui du coup s'en trouve plus pâle que la belle porteuse de perle. Et tout d'abord  ceux qui nous refont le coup du velcro : je devrai arrêter de tancer les étudiants qui me disent qu'ils vont communiquer pour faire adhérer les salariés en leur expliquant qu'un salarié c'est pas du velcro. Car on peut devenir DRH de grands groupes et persister en ce sens : "Notre priorité première est d'expliquer sans relâche à nos collaborateurs en France notre stratégie pour qu'ils y adhèrent" nous dit celui-ci, et un des ses homologues de renchérir "La communication envers nos collaborateurs est donc plus que jamais essentielle. Nous devons continuer de leur expliquer le business, les conséquences de l'engagement des équipes...".

En d'autres termes : noyons les salariés qui ne comprennent rien sous un flot de communication descendente et ils se tiendront tranquille et partageront les projets des dirigeants. A ce stade, est-ce toujours une perle ou plus simplement une coupure profonde, totale et irrémédiable avec la réalité ?

Pour finir, cette fine analyse autoréalisatrice d'un DRH clairvoyant : "Nous ne pouvons exclure que des clients diffèrent certains investissements. Nous avons donc, par précaution, différé certaines dépenses". Voyant ces dépenses différées, on ne doute pas que les fournisseurs concernés diffèreront eux-mêmes. Et voilà comment la prudence produit un bel effet domino dépressif, qui contentera tout de même le DRH car lorsque tout le monde aura différé et que la situation aura empiré, il sera plutôt content d'avoir été prudent.

Je crois que je vais refaire un tour à La Haye.

08/09/2011

Oublier le temps

Invariablement, tous les matins, tous les soirs, ils somnolent sous les arbres, assis devant les tables de béton. Si vous passez le matin, vous les trouverez déjà installés quelle que soit l'heure de votre passage. Ont-ils dormi là ? tombent-ils des arbres ? poussent-ils sur les bancs de pierre ? les joueurs d'échecs du Washington Square ne peuvent  être vus autrement qu'assis, comme s'ils n'arrivaient et ne partaient jamais. Leur immuabilité s'associe à la tranquillité du parc que le bruit de la ville ne pénètre guère.

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Mais à New-York, le rythme n'est jamais absent. Si vous prenez place, la torpeur du regard s'efface, les corps se tendent, l'air en un instant est saturé de concentration intense et jouissive. C'est alors que sortent les pendules. Trente minutes la partie, quinze minutes par joueur pour une cinquantaine de coups en moyenne. Le petit gros apathique et mal fagoté ? il vient de jouer 40 coups en 4 minutes, soit un toute les six secondes. Après ce victorieux effort, il s'abandonne à la léthargie. Sa rêverie ne va pas jusqu'à lui laisser imaginer qu'il est des endroits de la planète où la performance se mesure à la durée de temps passée.

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Aussi stupide que si l'on saluait la performance d'être resté dix heures sur le banc. Aussi stupide que si l'on imaginait que la partie en quatre minutes peut être répétée 15 fois par heure, sept heures par jour. Le temps est une obsession qui gagnerait à perdre de son omniprésence au profit d'une véritable gestion du travail, c'est à dire du résultat et des conditions de sa production. Mais pour penser à cela, il faudrait avoir le temps, comme celui que prenne les joueurs d'échec du Washington Square entre deux parties.

07/09/2011

La fidélité ne paie pas

Qui veut une progression rapide de salaire ne doit pas donner du temps au temps. Pas question par exemple de prendre un an pour faire un diagnostic, apprécier les conditions de l'action et élaborer des projets, une deuxième année pour commencer à déployer et une troisième année pour structurer l'organisation en faisant de ce qui était des projets un quotidien. Trois ans pour agir c'est beaucoup trop. Et puis à passer votre temps à travailler, vous n'en aurez plus pour vous occuper de vous. Non, pour élargir son réseau, travailler les contacts, se préparer à bouger, guetter les opportunités et repartir en bond de kangourou, 12 à 18 mois maximum suffiront. Vous n'avez le temps d'obtenir aucun résultat dans ce délai ? peu importe, vous êtes un communicant et vous saurez présenter comme une grande réussite personnelle le travail d'équipes qui auront continué à tourner pendant que vous vous tourniez vers l'avenir, c'est à dire le votre. Car vous savez que la fidélité ne paie pas.

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Crin-blanc

Vous aviez déjà constaté que l'on peut s'enrichir uniquement en vendant régulièrement sa résidence principale, que l'on bénéficie d'offres plus attractives lorsque l'on est un nouveau client, que le mouvement est une donnée de base de toute économie : c'est la circulation qui créé de la valeur. Il vous faut donc circuler si vous voulez en prendre. La fidélité ne paie décidément pas.

Ce qui la rend particulièrement adaptée aux actes gratuits, comme l'amour et l'amitié.

06/09/2011

L'embrouille de l'expert

L'IGF a produit sur les niches fiscales un rapport volumineux dont l'administration a le secret. Chiffres, tableaux, graphiques, analyses, comparaisons, tout pour faire sérieux. Du travail de pro, du travail d'expert. Du travail de celui qui sait s'y retrouver lui, dans la rationnalité de la complexité et qui vous fait la grâce de vous l'expliquer. Sinon, vous penseriez que tout ça n'est qu'embrouillamini et qu'il aurait sans doute été possible de faire plus simple. Mais non, l'expert aime la complexité qu'il maîtrise et qui l'isole du commun à qui il consent de délivrer parfois quelques recommandations.

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Mais l'expert qui s'y retrouve lui, et qui en tant qu'élève prestigieux et gratin de l'administration peut avoir un avis autorisé sur tout, est pris en flagrant délit d'avoir surtout un avis. Se hasardant à faire une comparaison avec l'Allemagne, nos grosses têtes de l'IGF se mettent en demeure de nous expliquer pourquoi nos voisins comptent trois fois plus d'apprentis : l'orientation est plus précoce, l'image est meilleure, la règlementation des métiers plus contraignante. Et il n'y a pas de niche. Voilà donc la clé : on peut raboter la niche du crédit d'impôt apprentissage et faire des réformes institutionnelles, de communication et de règlementation. Et on aura rien fait. Car à force de raisonner à courte vue et de se gargariser de leur expertise, les éminents IGFiens n'ont pas imaginé que pour comprendre l'apprentissage et la formation initiale, il fallait les mettre en relation avec les pratiques de GRH et les modes de régulation de l'emploi. Tant que les entreprises privilégieront le diplôme, le recrutement externe et les grandes écoles pour leurs dirigeants, l'apprentissage n'a aucune chance de se développer. Le jour où, comme en Allemagne, les dirigeants des 200 plus grandes entreprises seront issus de la promotion interne à 75 %, l'apprentissage bénéficiera d'un contexte favorable à son développement. D'ici là, il est toujours possible de continuer à pondre des rapports pour s'interroger sur l'apprentissage en le coupant de toute réalité. La pensée institutionnelle, administrative, règlementaire et financière, en un mot une certaine manière d'appréhender la réalité de la part de l'élite de la nation, n'a pas fini de faire des ravages. En attendant, les apprentis à la niche !

Rapport sur l'apprentissage - IGF.pdf

05/09/2011

Cherchez l'erreur

Publicité parue dans la revue Philosophie du mois de Septembre pour un Master de Philosophie, à finalité professionnelle et orienté vers le journalisme. A priori plutôt alléchant. Et pourtant la publicité est scandaleuse. Cherchez l'erreur :

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Non, l'erreur n'est pas de trouver Christophe Barbier parmi les intervenants (quoi que...). Elle figure en haut à droite de la publicité, comme un coup de tampon bureaucratique qui vous signifie que votre visa est périmé. Il s'agit de la mention "Licence de philosophie exigée". Ainsi, on ne peut faire de Master Professionnel que si l'on a suivi le chemin balisé des études universitaires de licence. La VAP est envoyé aux oubliettes et la VAE aux lieux d'aisance. En 2011 donc, il continue à se trouver des universitaires prétendument sérieux qui parviennent à affirmer incompétence et fermeture d'esprit tout en proposant de développer la notre, de compétence, et d'ouvrir les notres, d'esprits.

Je me souviens des soirées passées à l'Institut Catholique de Toulouse, à écouter des pères en robe penser à voix haute et en public. L'orgue accompagnait parfois ces soirées.

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L'orge de l'Institut Catholique de Toulouse

Ces soirées et conférences étaient ouvertes à tous, et la parole y jouissait d'une liberté sans entrave. Faut-il que les temps aient changé pour que l'on réserve à ceux qui ont universitairement appris à penser le soin de venir penser professionnellement. Et que l'on considère qu'il n'est d'autre lieu qu'un enseignement de licence pour développer les capacités qui permettront de suivre le Master. Les responsables d'un tel programme ont réussi le tour de force de démontrer en un seul acte, que les objectifs affichés ne peuvent à l'évidence pas être atteints. Triste aveu à vrai dire.

Sinon, bonne rentrée à tous les bambins qui vont subir leur première leçon de morale de la part d'adultes dont on se demande bien certains jours au nom de quoi ils la professent.

02/09/2011

Gare à vos bourses !

En ces temps de rigueur qui ne se cache plus, la préparation du budget 2012 commence à ressembler à la grande braderie de Lille qui se tiendra ce week-end. Mais que pourrait-on bien taxer qui rapporte suffisamment tout en étant indolore...électoralement faute de pouvoir l'être financièrement. On a cru comprendre que les sodas consommés à l'intérieur de parcs d'attractions constituaient la principale cible du projet de plan d'austérité, moyennant quoi les heureux consommateurs auront le triple plaisir du parc, de la boisson et du comportement citoyen exemplaire. Mais voici qu'en apparaît une autre, qui a l'avantage d'être moins médiatique et donc plus facile à atteindre. Il s'agit du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP) qui s'était déjà fait faire les poches en 2011, avec une ponction de 300 millions d'euros et qui voit poindre la menace d'une nouvelle ponction d'un même montant, chose que la loi de novembre 2009 avait pourtant formellement exclu. Mais s'il fallait s'en tenir à la loi...

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Pieter Bruegel - Vol à la tire

A tel point que la CGT, qui préside le FPSPP, en vient à demander, si le prélèvement est voté, une réduction au strict minimum de la contribution des entreprises au FPSPP, soit 5 % et non plus 13 % comme en 2010 ou 10 % comme en 2011. Autant dire une mise en sommeil du FPSPP qui préfèrera se vider les poches lui-même que de remplir une bourse qui lui sera soutirée.

Serait ainsi mis à mal tout l'édifice de la régulation par les partenaires sociaux des financements de la formation professionnelle. Il fut un temps où l'on nous annonçait que l'Etat ne peut pas tout, c'était vrai mais cela passait pour un renoncement. Il est un temps aujourd'hui où l'on nous dit que l'Etat peut tout, c'est faux mais pour le démontrer on fera en sorte que personne d'autre que lui ne puisse faire. Et puisqu'une maxime morale doit dorénavant accompagner chaque journée de nos bambins et être mise à profit dans la journée, terminons par l'un de nos grands moralistes, La Rochefoucauld : "C'est une grande folie de vouloir être sage tout seul".

31/08/2011

Bonnêt d'âne

Bien qu'élevé alors que sévissaient les redoutables natalistes Michel Debré (qui réussit le prodige d'être à la fois le père de Jean-Louis et de Bernard mais aussi de la Constitution) et le moins connu mais pas moins enflammé Georges Suffert (qui collabora un temps avec un autre héraut de la cause bébé : Pierre Chaunu, leur rapprochement ne produisant toutefois qu'un seul ouvrage), je n'ai succombé que tardivement à la paternité. Et mes visites assidues aux jardins d'enfants, à contempler un rien béat les grands et petits, me laissaient penser que toute cette jeunesse rieuse promettait un bel avenir. Funeste erreur ! me voici fustigé par Voltaire lui-même, je veux parler de Frédéric Lefebvre, dans une déclaration qui fait office de révélation : si la France a plus de chômage que ses voisins, c'est parce qu'elle a une forte natalité. Mais c'est bien sur ! et je m'empresse de revêtir le bonnêt d'âne du mauvais élève.

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Bruno Montpied - Bonnêt d'âne

Que ne suivons nous les allemands qui ont choisi de faire disparaître le chômage en disparaissant eux-même peu à peu puisque le renouvellement des générations n'est plus assuré. On dit que la droite n'est pas keynésienne, Lefebvre nous démontre le contraire en donnant une nouvelle vigueur à la prédiction scientifique de l'économiste américain : "A long terme, nous serons tous morts". Et le plus tôt sera le mieux si l'on veut faire baisser les statistiques de POLE EMPLOI.

Il faut conclure de cette sortie, qui ne saurait être une saillie, qu'il est des domaines dans lesquels notre Secrétaire d'Etat au commerce nous invite à commercer peu. Après l'avoir entendu, faut-il l'écouter  ? en même temps il fait beau, l'été se prolonge et il fait bien, les vacances ont été excellentes, je crois que je vais peut être en faire un deuxième. Et tant pis pour les statistiques, le chômage, le Secrétaire d'Etat, Zadig, Voltaire et les autres. Il est pas beau mon bonnêt ?

30/08/2011

RSI (la rentrée, suite)

Liste infinie de mails et pile finie de courriers font partie des incontournables de la rentrée. Et trouver des factures dans le lot contribuerait à la gâcher, comme s'il fallait que, décidément, la fête soit finie et qu'avec le travail cesse le plaisir. L'expression "Aller au chagrin" est née au 19ème siècle, elle aura survécue au 20ème.

Pourtant, quelques petits signes peuvent laisser penser que, dans les interstices, il y a de la place pour l'inattendu. Ainsi en parcourant mes appels de paiement des cotisations sociales, je m'aperçois, chose passée inaperçue jusque-là, que le paiement s'effectue au RSI (ça, j'avais compris depuis quelques années) et que l'acronyme (pour Régime Social des Indépendants) est aussi celui créé par Lacan, disparu il y a tout juste 30 ans, mais avec une autre signification : le Réel, le Symbolique et l'Imaginaire. L'idée de payer à ce triptyque aurait enchanté Lacan et mes cotisations prennent tout de suite une autre dimension.

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Toyen - Le piège de la réalité

Pour Lacan, le réel était l'inatteignable, le symbolique l'assignation fonctionnelle donnée aux choses et l'imaginaire la manière de réduire la fracture entre le réel et le symbolique. Autre manière de dire que tout n'est que représentation ce que J.M Barrie résume de la manière suivante : "Evidemment, les pays imaginaires diffèrent beaucoup d'une personne à l'autre".

29/08/2011

Une tête de rentrée

Atmosphère de rentrée en ce lundi matin. C'est à dire une période de transition, car même si vous êtes plongé dans une ambiance nouvelle, vous restez sous l'influence de la période d'été et des vacuités qui l'accompagnent. Vous flottez dans un entredeux favorable à la dissociation : une légère schizophrénie sans gravité vous ouvre des horizons qui ne vous ont pas totalement quittés. Le regard porte loin, bien au-delà de vos collègues qui vous parlent, de quoi au fait ? vous êtes un peu ailleurs. Vous ressemblez un peu à ceci :

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Combien de temps durera cet intervalle ? pendant combien de jours préserverez-vous ce regard lointain et un peu rêveur, le vert et le bleu comme couleurs dominantes, la sensation d'harmonie entre un corps détendu, souple, vif et un esprit qui ne l'est pas moins ?

Combien de temps avant de ressembler à ceci :

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Photo : Pedro Meyer

Le corps qui perd de son maintien, la tête qui s'incline et le regard qui se ferme et réduit dangereusement son champ de vision. La machine qui vous happe. Qui commande à l'autre ?

Mais rassurez-vous, vous n'êtes pas les seuls à replonger, cela arrive aux meilleurs. Bonne rentrée à tous (et aux autres aussi).

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