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13/05/2011

Yoko et le Webinar

Non ce n'est pas le titre du nouvel album de Yoko Tsuno (le dernier s'intitule La servante de Lucifer). Vous connaissez Yoko Tsuno bien sur. La japonaise électronique et romantique, apparue au début des années 70 qui brisa le coeur de générations de filles et de garçons, dont le mien évidemment. Intelligente, rapide, décidée, esthétique, cultivée, curieuse de tout, joyeuse, étrange, naturelle, évidente, souriante, raffinée, sportive, créative, combattante, Yoko Tsuno séduit.

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 Elle incarne une génération qui agit et qui s'empare des technologies nouvelles non pas pour multiplier les gadgets ou se saouler de jeux électroniques, mais par goût de la connaissance, fascination des créations de l'esprit et curiosité de s'engouffrer dans les espaces ouverts par la science qui n'est pas, ici, dépourvue de conscience. Yoko Tsuno, c'est la technologie sexy contre la technique aliénante. C'était mon horizon de science-fiction. Aujourd'hui cet horizon prend d'autres formes dont celle du Webinar. Le quoi ? webinar ou seminar by web. En toulousain, une discussion en laïve avec des tas de gens qui ne sont pas en face de vous. Une sorte de formation à distance. Vous voyez ? non ? alors inscrivez-vous pour voir : le direct a lieu mardi 17 mai à 16 heures (inscription gratuite évidemment). Pour s'inscrire :  suivez le lien. Le sujet ? Comment financer sa politique DIF. Vous aurez accès à des vidéos, des speechis, des documents et un chat en direct avec...et non, pas Yoko Tsuno mais votre serviteur. Yoko, elle est déjà inscrite.

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12/05/2011

Le temps du bâton

En cette période anniversaire du 10 mai 1981, on peut se souvenir de : "Il faut laisser du temps au temps". Sauf que le temps politique a ses échéances, qui ne sont pas celles du temps social. Le politique a besoin de résultats, il les a promis. Et s'ils ne viennent pas, il faut les faire venir. Mais comment ? lorsque l'on est pressé, on a pas non plus le temps de réfléchir et l'on en revient aux recettes supposées simples : carotte ou bâton. Plus de carottes à distribuer ? alors ce sera le bâton. Vous ne négociez pas sur l'emploi des seniors ? le bâton de la pénalité ! Vous ne négociez pas sur l'emploi des handicapés ? le bâton ! Vous ne négociez pas sur la pénibilité ? le bâton ! et non plus sur l'égalité professionnelle ? le bâton, le bâton, le bâton vous dis-je, que Molière mettait dans les mains des sots.

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Cherchez l'âne

Car il savait bien, Molière, que le bâton ne règle rien, bien au contraire. Que peut faire un collégien à qui je demande, sous peine de bâton, de résoudre une intégrale de polytechnique ? accepter le bâton et nourrir un sentiment d'injustice ou tricher. C'est ce que nous dit, à mots peu voilés, le Ministère du travail qui dresse le bilan des accords seniors : majoritairement des accords de neutralisation sans portée pratique. De la forme donc, pour éviter le bâton. Mais trouver d'autres leviers de motivations supposerait de laisser du temps au temps. Et ce temps là est révolu.

10/05/2011

La meilleure formation

A l'entrée de la superbe exposition que la Cinémathèque consacre au monstre Stanley Kubrick, une phrase vous accueille : "La meilleure formation, pour faire un film, c'est d'en faire un". Pour qui aime les lumineuses synthèses, la phrase est comme un éclair dans un ciel bleu. Certes, on pourrait moquer la sentence et lui trouver un côté bidasse : "La meilleure façon d'marcher, c'est encore la noooootreeeeuuuu ! c'est de mettre un pied d'vant l'ooooootre et d'recommencer !". Ou encore le côté ricain agaçant sans complexe et dans l'action jusqu'au cou : "Just do it". On pourrait, sauf que l'on ne peut pas compte tenu des films que Kubrick a fait et de la manière dont il les a fait.

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La manière, c'est essentiellement deux choses. Les films de Kubrick sont tous différents, empruntent tous à des genres différents, mais les thèmes kubrikiens y sont constamment présents sans jamais être répétés. La fidélité et la constance dans le mouvement permanent.

La deuxième chose c'est le souci de la technique, c'est la maîtrise mathématique du story-board, du script, de la prise de vue, le bricolage des optiques, l'invention d'effets spéciaux, la fabrication d'images avec la rigueur et la précision d'un travail de titan. Et cette maîtrise technique exceptionnelle, cet ouvrage sans cesse remis sur le métier, conduit à la plus grande liberté, à une éblouissante créativité et à l'innovation permanente. Kubrick ou le méthodique en liberté. Les grands peintres ne disent pas autre chose, ne font pas autre chose : peindre, peindre, peindre. Pour arriver à se libérer de la peinture et peindre enfin.

Voilà pourquoi, la meilleure formation pour faire, c'est de faire, avec la fidélité dans le mouvement et la liberté dans la rigueur.

L'exposition se visite et s'apprécie jusqu'au 31 juillet.

09/05/2011

Réenchanter

Juliette est certes née à Paris, mais elle est toulousaine. C'est dans les bars de Toulouse qu'elle a travaillé sa voix et son répertoire, c'est dans l'humus toulousain qu'elle a puisé ce goût de la synthèse des contraires, c'est en aspirant le Sud qu'elle a pu respirer librement. Juliette est une bête de scène, elle fait partie des rares qui ont l'essentiel : la présence. Et pour notre bonheur, ell n'a pas que cela, mais du talent. Dans son spectacle présenté aux Folies Bergères, Juliette interprète, sur un canapé, avec une grande économie de gestes et d'effets, Les dessous chics. Hommage à Gainsbourg. Vous connaissez évidemment mais écoutez.


Nous sommes en début de semaine, vous avez peut être l'impression que les jours à venir risquent de ressembler aux jours passés. Que le quotidien se répète à l'infini et que l'éternel retour nietzschéen n'est jamais que l'installation de la banalité. Et puis voilà Juliette qui nous montre ce que l'on peut faire avec quelque chose de déjà vu, déjà entendu, déjà connu. Sans effet, sans artifices, sans prétention, mais avec conviction, engagement et implication personnelle, dans une grande simplicité, Juliette nous livre une version des Dessous chics qui rétablit le mot réenchanter. Chanter de nouveau, repeindre avec des couleurs, réinventer à chaque instant, voilà un beau programme pour la semaine. Et ensuite ? et bien puisque nous avons commencé en Musique, concluons avec celle de Casanova : "Si le plaisir existe, et si l'on ne peut en jouir qu'en vie, alors la vie est un bonheur". Bonne semaine à tous.

07/05/2011

Chronique de week-end : l'énigme de l'illusion des profondeurs

Vous écartez d'emblée tous les clichés : le grand bleu, la marenostrum, la mère originelle, le liquide amniotique, tout le fatras habituel de la symbolique de surface. Car il s'agit de se plonger dans les profondeurs. D'aller voir un peu au-delà. Il ne s'agit pas de descendre, mais de monter dans cette profondeur qui nous est offerte par Alain Garrigue. La graine a rugi et laissé place à cette grande tige qui nous livre ses petites échelles, de ci de là, pour nous faciliter l'entrée dans le tableau. A hauteur d'homme. De manière un peu exceptionnelle car dans les toiles d'Alain Garrigue on trouve toujours un trait d'humour, un léger déni de réalité, un décalage, un clin d'oeil qui vous dit "du calme, tout ça n'est pas vraiment sérieux, profite, apprécie, mais pas la peine de se pousser du col". Ici ce trait n'est pas présent. La toile recèle une gravité qu'il était nécessaire de noyer dans le bleu pour qu'elle ne soit pas pesante. Par ce ton et par ce bleu, rapportés à sa peinture habituelle, cette toile est d'exception.

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Alain Garrigue - L'illusion des profondeurs - 2010

Vous vous laissez happer par la toile et entrez dans son espace. Vous vous demandez quelle est la matière qui vous accueille : pas la mer, pas la terre, pas l'air. Si c'est une matière, elle est inconnue dans notre monde. Et là vous réalisez que l'espace dans lequel vous projette cette toile, c'est le temps. L'oeil de Proust, en haut, au centre, vous en persuade. Le maître du temps est là et veille à son ordonnancement. Vous êtes dans la Cathédrale du temps, le lieu de toutes les incantations, de toutes les convocations. Vous lisez à gauche sur la toile : "ICIOULA" et c'est Rimbaud qui apparaît :"Arrivée de toujours, qui t'en iras partout". Vous découvrez à droite ces touches de couleur ocre, brune, sienne, terre, chair et surgit De Stael, autre grande carcasse qui se plie et se détend devant la toile. Vous voyez quelques bateaux de Charon, des pas perdus pas perdus, la présence permanente de l'enfance, quelques ombres que vous habillerez vous même de vos craintes ou de vos désirs. Et là le mouvement se met en marche, le couvercle saute, la mécanique s'enclenche, le manège tourne, e per si muove, tout prend vie, l'illusion est profonde. Qui vit avec cette toile ne pourra plus s'en séparer.

06/05/2011

La Carpe et le Lapin

La Cour des comptes en avait déjà fait la proposition et le Rapport Cherpion sur la mise en oeuvre de la loi du 24 novembre 2009 également. L'UMP reprend l'idée dans ses 80 propositions pour l'emploi : il faut articuler le DIF au CIF. Si d'aussi brillants cerveaux se rejoignent sur la nécessité d'opérer un rapprochement entre DIF et CIF, il est nécessaire de s'incliner. Mais ce faisant, on se rapproche du terrain et dès lors la réalité apparaît un tout petit peu plus nette sous forme de trois ordres de grandeur. Le DIF bénéficie à 17 millions de salariés (potentiellement). Le plan de formation concerne quasiment 6 millions de salariés tous les ans. Et le CIF arrive à financer 45 000 demandes de formation en moyenne. Proposer une articulation entre un dispositif qui concerne 17 millions de salariés et un autre qui en touche 45 000, c'est comme militer pour le mariage de la carpe et du lapin.

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Paul Rebeyrolle - La carpe et le lapin

Les assemblages dispararent peuvent ne manquer ni de charme ni de poésie. Ce n'est toutefois pas ce qui les rend opérationnels. L'évidence semble plaider pour une articulation entre le DIF et le Plan. Peut être est-ce trop évident, puisque nul ne semble le voir. Et pourtant, tout plaide en ce sens : le DIF et le Plan sont financés intégralement par l'employeur, ils font tous deux partie de la politique de formation, ils associent formations imposées et formations négociées, ils pourraient permettre de viser l'objectif d'un salarié sur deux en formation chaque année. Mais non, on préfère se poser la question de savoir comment dix hectolitres de Médoc  et une bouteille de Margaux vont pouvoir s'assembler pour donner un vin de qualité. Il y a rarement de bonnes réponses à de mauvaises questions.

05/05/2011

On peut l'ouvrir

Deux décisions récentes viennent réaffirmer que la liberté d'expression ne s'arrête pas aux portes de l'entreprise, et que la loyauté qui s'impose au salarié ne signifie l'obligation d'adopter le langage de la communication  interne ou de se sculpter une langue de bois en plomb.

Dans la première affaire, un cadre du service commercial critique la stratégie suivie par l'entreprise, ce dont témoignent plusieurs collaborateurs. Il est licencié pour faute grave. A tort, selon la Cour d'appel de Rennes. Les critiques émises n'ont pas dépassé la liberté d'expression du salarié et le salarié n'a pas fait obstacle aux décisions prises par l'entreprise (voir texte de la décision ci-dessous).

Dans une deuxième affaire, un footballeur professionnel est licencié pour avoir critiqué l'entraîneur en des termes vifs. Injustifié dit la Cour de cassation : le joueur avait été attaqué par son entraîneur dans la presse et n'avait fait que répliquer. Il a donc eu raison de l'ouvrir.

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Mais le plus intéressant, est la motivation utilisée par la Cour de cassation : "Mais attendu que, sauf abus, le salarié jouit, dans l'entreprise et en dehors de celle-ci, de sa liberté d'expression, à laquelle seules des restrictions justifiées par la nature de la tâche à accomplir et proportionnée au but recherche peuvent être apportées.".

En d'autres termes, le principe est la liberté d'expression et non un quelconque devoir de réserve  ou obligation générale de confidentialité qui réduirait le salarié au silence. Et à ce principe il ne peut être apporté que des exceptions justifiées.

Sain rappel que celui des tribunaux qui confirment que l'humain, doté de la parole, peut aussi s'exprimer dans le cadre et au sujet de son activité professionnelle. Cela va mieux en le disant.

Un cadre peut critiquer les choix stratégiques de son employeur.pdf

CourCassation28 avril 2011.pdf

04/05/2011

Un trésor caché dedans

L'Education, un trésor est caché dedans. Tel est l'intitulé d'un ouvrage collectif rédigé pour l'UNESCO par la Commission pour l'éducation du XXIème siècle, sous la présidence de Jacques Delors (1997). Ce titre nous rappelle l'interpellation du sculpteur par l'enfant émerveillé devant le cheval jailli du bloc de plâtre : "Comment tu savais qu'il y avait un cheval caché dedans ?".

Pour voir ce qui est caché dedans, il faut beaucoup observer, rêver aussi comme ces marins qui ont tous un Trésor en tête en forme de chimère, et libérer ses envies. Alors, l'île s'offre à vous.

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Magritte - L'île au Trésor

Pour voir le Trésor caché dans les FONGECIF, il faut tirer parti de l'expérience acquise depuis la création du CIF et s'écarter de la seule logique financière qui voudrait que l'accès à la formation  ne soit qu'une question de solvabilisation individuelle. Le désir individuel de formation ne se résume pas à la capacité financière à financer sa formation.

Tirer profit de l'expérience, sans en être prisonnier, voici un autre trésor comme nous le révèle Gérard de Nerval : "L'expérience de chacun est le trésor de tous".

Si vous voulez découvrir le Trésor caché dans les FONGECIF, voici la 10ème chronique  de la Fabrique des OPCA écrite avec Jean-Marie Luttringer pour l'AEF.

LA FABRIQUE DES OPCA 10.pdf

02/05/2011

Trois manières d'être français

Les responsables du football français auraient envisagé des quotas discriminatoires. C’est peu dire que l’affaire fait grand bruit, jusque sur ce blog, plutôt adepte du ballon ovale. Bon allez d’accord. Il ne s’agit pas de limiter le nombre de noirs et d’arabes dans les centres de formation et sélections nationales, mais de limiter le nombre des binationaux. Qu’ils soient à 99 % noirs et arabes et que cela constitue très précisément une discrimination indirecte telle que définie par les tribunaux européens et français n’est qu’une pinaillerie de juriste coupé de la réalité du foutebol.

Clameurs, protestations, démentis, les intéressés s’insurgent, s’excusent et s’expliquent : il n’est pas normal que des joueurs formés en France, sélectionnés dans des équipes de France de jeunes puissent ensuite jouer pour une autre sélection nationale à l’âge adulte : « Cela me gêne énormément » dit Laurenc Blanc qui fut un temps présenté comme Monsieur Propre et pas seulement pour son son nom ou son teint.

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Nicolaes De Staël - Footballeurs 1952

Osons quelques rappels : d’une part cette possibilité offerte aux binationaux est une règle internationale qu’il conviendrait peut être de respecter plutôt que de la contourner. Et si elle n’est pas adaptée, il faut la changer. D’autre part que le foot est un sport professionnel et que la formation est financée dans ce cadre. Sa proposition, étendue au-delà du ballon rond, reviendrait donc à déclarer que tout étudiant formé dans une Université ou Ecole française ne peut travailler que pour des entreprises françaises ou plus généralement pour la France, puisqu'il se trouve des politiques pour utiliser le fumeux concept "d'entreprise France" qui doit donner des boutons  à Colombey. On mesure le degré d’absurdité mais surtout de fermeture d'une telle proposition.

Ce repli étroit sur la nationalité qui, autre rappel, fait partie de la liste des discriminations visées par le Code du travail et les conventions internationales, est décevant de la part d’un entraîneur qui se veut également éducateur. Si ses multiples activités lui laissent un peu de loisir, proposons  à Laurent Blanc de méditer sur la manière dont Julia Kristeva définit son identité : « Une citoyenne européenne, de nationalité française, d’origine bulgare et d’adoption américaine ». Et félicitons Francis Smerecki, le seul à avoir dénoncé en pleine réunion le caractère discriminatoire de la mesure envisagée. Mais voyons, Smerecki, ce ne serait pas un peu étranger ça ? mais si, c'est même polonais et ce n'est pas loin de mériter la béatification. Bonne semaine à tous.

29/04/2011

Le juge et l'écrevisse

Les termes de débat ont sans doute évolué depuis la décision, en décembre 2010, du Comité des droits sociaux de considérer que le forfait en jours tel que prévu par la législation française est contraire à la Charte sociale européenne, essentiellement parce qu'il peut conduire à des durées excessives de travail. La Cour de cassation aura sans doute à se prononcer sur cette validité prochainement. En attendant, la position des juges sur le temps de travail des cadres semble se durcir, comme en atteste une décision de la Cour de cassation en date du 6 avril 2011. Dans cette affaire, un cadre dirigeant, dont la qualité n'était pas contestée au regard des critères légaux (responsabilités, rémunération, autonomie), demandait le paiement d'heures supplémentaires  car l'entreprise ne lui avait pas établi de contrat écrit indiquant les motifs qui justifient le recours au forfait, comme le prescrit la convention collective des services automobiles, applicable en l'espèce. Le juge valide la raisonnement du salarié : la convention collective était plus favorable que la loi et devait être respectée. On peut voir là, une marche de l'écrevisse, sorte de moonwalk du juge.

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Carl Larsson - La pêche aux écrevisses

Comme dans le poème d'Apollinaire,  le juge avance à reculons.

Incertitude, ô mes délices,
Vous et moi nous nous en allons,
Comme s'en vont les écrevisses,
A reculons, à reculons

En effet, fini la validation des forfaits tous horaires pour les cadres dirigeants en toute circonstance. Les conditions légales et conventionnelles doivent être scrupuleusement respectées. Rien que de normal, pourrait-on penser, à voir le juge rappeler qu'il faut respecter les règles. Sauf que jusqu'à présent, le juge montrait un certain laxisme sur les cadres dirigeants, les trouvant mal fondés à venir réclamer des heures supplémentaires. Le retour à l'orthodoxie traduit une légère marche arrière annonciatrice d'une position qui pourrait se durcir sur le forfait en jours. Même en marche arrière, on y va tout droit.


28/04/2011

Dérive vers l'innovation

La dérive est source d'innovation. Peut-être même l'innovation n'est-elle possible que s'il y a dérive. En partant vers l'Ouest, pour aller aux Indes, Christophe Colomb s'est lancé dans une dérive qui le mena d'île en île dans les Caraïbes. Personne n'avait fait ces trajets avant lui. Pourquoi ? parce que comme pour l'oeuf, personne n'y avait pensé.

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Nils Dardel - L'oeuf de Colomb - 1924

Pour certains, le développement de services par les OPCA constitue une dérive. Ces organismes devraient se contenter de collecter les fonds de la formation et les redistribuer à qui les demande. La loi du 24 novembre 2009 rend justice aux OPCA qui ont osé l'innovation. En élargissant les missions des OPCA, en leur demandant d'intervenir non plus exclusivement pour financer la formation mais également pour établir des diagnostics, apporter information et conseil, situer leur action dans une logique RH, accompagner les entreprises en matière de GPEC ou encore informer et orienter les salariés, le législateur a rendu légal ce que les plus performants faisaient déjà...en dérivant.

Ceci fait, une nouvelle dérive apparaît : comment développer encore de nouveaux services et quel régime juridique leur donner ? c'est à cette question que répond la chronique n° 9 de la Fabrique des OPCA, écrite pour l'AEF avec Jean-Marie Luttringer, dans laquelle il est également question de Nostradamus, de petit canard et...d'oeufs.

La fabrique des Opca 9.pdf

27/04/2011

Vérité en deça des Pyrénées...

...erreur au delà". On connaît la phrase de Pascal rappelant la relativité de la vérité et posant une sévère limite à la voie royale ouverte par Descartes à  l'expansionnisme de la raison.Pascal eu le bon goût d'illustrer son propos par une référence aux Pyrénées, le Cirque de Gavarnie permettant de comprendre que les choses peuvent être différentes selon que l'on se trouve au coeur du Cirque ou sur l'aride versant espagnol.

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Le Cirque de Gavarnie

Il faut croire que les juges ne craignent pas la montagne et qu'ils connaissent la brèche de Roland pour passer de l'autre côté et trouver une vérité nouvelle. En effet, dans une décision du 9 mars 2011, la Cour de cassation affirme que "Les ruptures conventionnelles ayant une cause économique et s’inscrivant dans un processus de réduction des effectifs sont prises en compte pour déterminer la procédure d’information et de consultation des représentants du personnel, ainsi que les obligations de l’employeur en matière de PS". Pourtant, l'article L. 1233-3 du Code du travail précise expressément que les dispositions relatives au licenciement pour motif économique ne sont pas applicables aux ruptures conventionnelles lorsqu'elles ont une cause économique. S'engouffrant dans la brèche, le juge nous livre une vérité qui n'est pas celle des textes.

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La brèche de Roland

A vrai dire, ce n'est pas une première. En 2002 déjà, au mépris de la lettre des textes, la Cour de cassation avait décidé qu'une Banque pouvait ouvrir un stand le dimanche dans un salon (jugé pour un salon immobilier et un salon de l'étudiant). Or, le Code du travail ne cite pas les activités bancaires parmi celles qui permettent de déroger au repos du dimanche. Il vise les organisateurs de foire et de salon. La Cour d'appel, appliquant le texte, avait jugé que telle n'était pas l'activité de la banque. Magie de la vérité judiciaire, la Cour de cassation avait estimé que dès lors que les salariés étaient volontaires (jamais le volontariat n'a permis de déroger à l'ordre public) et le salon autorisé par le Préfet (qui n'a pas le pouvoir d'autoriser une banque à travailler le dimanche), tout était dans l'ordre. La vérité du Code du travail n'est donc pas toujours celle du juge. Voilà qui confortera Pascal : la vérité dépend de la position qui est la notre, celle du juge n'est pas celle du législateur. En cas de contentieux, pensez à demander au juge s'il va parfois randonner dans les Pyrénées.

25/04/2011

Des limites de la gifle réparatrice

Après François Bayrou, voici Jérôme Cahuzac qui s’y essaie. A la gifle comme mode de réponse au comportement indélicat d’un jeune. Fouille dans les poches d’un côté, insulte de l’autre.

Le recours à la gifle comme mode de règlement d’un conflit pose plusieurs questions qui ne sont pas sans intérêt : Faut-il réhabiliter les duels ? faut-il recourir au juge en toute situation ? quels sont les modes de réparations possibles pour l’outrage ? l’argent, par l’amende et les dommages et intérêts, est-il l’indépassable mode de règlement des litiges ?

Comment penser des formes de réparation au-delà de l’argent. Trouver des formes de justice qui ne nécessitent pas le passage par la justice mais qui ne sauraient relever de la libre détermination des moyens de réparation. Surtout lorsque ces moyens relèvent de la violence, qui ne peut être justifiée par une violence précédente car ce serait les placer sur le même plan et faire de la vengeance l’horizon de la réparation. Et encore moins lorsque cette violence est celle d’un adulte sur un enfant. Il est des formes d’autorité qui consacrent la défaite de l’autorité. Si la gifle est légitime, elle doit s’exercer sur tous et non lorsque la position des parties interdit toute réplique. Imagine-t-on le manager gifler le salarié qui produit peu d’efforts dans son travail, ou le salarié gifler son manager incompétent incapable de communiquer avec lui ? C’est ici que le discours sur le fait qu’une gifle ne fait pas grand mal trouve sa limite.

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Fragonard - La Gifle, ou La défense inutile - 1785

 Resterait donc à réinventer une forme moderne de duel : duel physique ? le plus fort aurait systématiquement raison. Duel oral ? le meilleur manieur de mot pourrait défier à loisir tous ceux qui n’ont pas l’expression comme amie.

Ne reste donc que deux voies à la réparation : l’instance tierce et légitime, autrement dit la justice rendue par un tribunal ou toute autorité investit du pouvoir de juger, comme en matière d’arbitrage. Ou l’accord des parties. Ce qui supposerait qu’avant de donner la gifle, on recueille l’avis de l’insulteur en lui proposant soit la gifle, soit le recours à la justice. Pas très opérationnel à vrai dire. Reste la transaction a posteriori : la gifle est donnée, elle vient compenser l’insulte et les parties décident de s’en tenir là, considérant que chacun a reçu ce qu’il méritait. Transaction par défaut qui n’est pas totalement exclusive du ressentiment, mais le jugement n’est lui-même pas à l’abri de susciter la rancoeur. Voie transactionnelle ou passage par l’institution judiciaire, telles sont les voies de la réparation. En ayant recours à la gifle pour sanctionner « le fait de s’en prendre à travers ma personne à ce que je représente », il n’est pas sur que Jérôme Cahuzac n’ait pas également porté préjudice à ce qu’il souhaitait défendre.

24/04/2011

Chronique de week-end : l'énigme verticale de Van Dongen

On pourrait penser que dans les plats pays du Nord, balayés par des vents froids et persistants, il importe de n'être pas trop grand. D'avoir un centre de gravité plutôt bas. D'échapper aux rafales et bourrasques. Il n'est nul besoin de se hisser sur une haute taille pour voir loin. Et pourtant, c'est au Sud que l'on trouve les trapus et au Nord les grands gaillards. Van Dongen était un grand gaillard. Descendant à Paris, il se lie d'amitié avec Picasso qui arrive de Barcelone. Nord-Sud. Et Van Dongen descend à la verticale. Les couleurs de l'Espagne envahissent ses toiles, plutôt sombres jusque-là.

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Van Dongen - Le doigt sur la joue - 1910

Venu d'un pays sans horizon, Kees Van Dongen s'en est donné un avec les femmes. Qu'il peint comme un fauve, un expressioniste, un amoureux à l'énergie fiévreuse, un peintre. Les femmes du Sud le fascinent, elles ne lui font pas peur, il aime leur liberté, leur indépendance, leur intelligence. Ce qui en fait une exception parmi les hommes, et nous livre une réponse à la question de savoir pourquoi les femmes de Van Dongen nous fascinent.

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En la plaza, femmes à la balustrade - 1911

Le Sud, le géant du Nord y reviendra à plusieurs reprises. Voilà à quoi sert la grande taille : voir les femmes aux balustrades et toiser le soleil. Lorsque Van Dongen s'éloignera de cette boussole, sa vie perdra de sa verticalité et sa peinture également. Mais il aura eu le temps, avant cela, d'approcher le mystère de la Gitane.

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Van Dongen - Gitanes - 1917/1918

La verticalité de Van Dongen, cet axe Nord-Sud, le lien évident entre les Pays-Bas et l'Espagne, n'eurent qu'un temps. Vint ensuite celui des déshonneurs divers, qui ne pourront toutefois effacer qu'à une époque, dressé dans sa superbe verticalité, Van Dongen a trouvé les clés de la plus troublante des énigmes, non pas celle de la femme, mais des femmes.

22/04/2011

Vite fait, mal fait

Il y avait déjà eu la prime exceptionnelle d'intéressement en 2009. Mais inscrite à l'intérieur du dispositif d'intéressement, elle était facultative, liée aux résultats de l'entreprise, corrélée au travail du salarié et accessible à toute entreprise quelle que soit sa taille. La nouvelle prime annoncée par le Gouvernement est quasiment le contrepied de ce qui avait été fait il y a deux ans : obligatoire, limitée aux entreprises de plus de cinquante salariés, déconnectée du travail des salariés et corrélée non pas aux résultats de l'entreprise mais au montant de ses dividendes. On peut s'amuser à faire la liste des incohérences : dans le meilleur des cas, la prime n'améliorera le pouvoir d'achat que des salariés dont les salaires sont déjà dans les moyennes hautes, elle n'aura d'effet que ponctuel, elle creusera les déficits sociaux puisque assortie d'exonérations, elle n'est pas corrélée aux résultats de l'entreprise mais aux dividendes versés dont le montant n'est pas nécessairement proportionnel aux résultats et enfin elle ne s'appliquera qu'en cas d'augmentation de ces dividendes. Ce qui veut dire, par exemple, qu'un maintien au même niveau des dividendes, alors que les résultats se sont dégradés, n'imposera rien alors qu'un prélèvement réduit après une année blanche imposera le versement d'une prime, même s'il n'est pas proportionnel au résultat. Bref, une mesure bâclée, qui oublie que pour agir vite et bien, c'est à dire deux fois bien, il faut un  du talent et du  travail, comme par exemple Picasso.

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Mais il y a peut être plus grave que ces incohérences. Déconnectée de toute logique économique, de toute logique de travail accompli par le salarié, déconnectée donc de toute réalité, cette prime dans son fondement même oppose frontalement l’actionnaire et le salarié, comme dans d’autres domaines on oppose le smicard au chômeur, l’étranger à l’autochtone, le voyou à l’honnête homme. Elle prend pour principe et pilier une division, un conflit, qu’elle ne cherche jamais à comprendre ni à résoudre, mais au contraire dont elle fait une donnée indépassable. Ainsi s’établit une politique de coups qui se construit sur l’opposition des intérêts, en tentant vainement de donner l’impression qu’elle soutient tantôt l’un et tantôt l’autre, signe qu’elle ne vise que le sien propre.

21/04/2011

Un petit air de Pieds Nickelés

Notre Etat de droit, qui organise la démocratie politique et sociale, fonctionne sur le mode représentatif. Le peuple souverain délègue à des représentants qu'il élit, l'exercice de mandats pour une durée déterminée. Le pouvoir s'exerce par délégation, et il est rendu compte de manière régulière de l'action conduite au nom des citoyens. La démocratie représentative répond à la fois à des exigences pratiques, la démocratie directe n'est pas praticable à une grande échelle, et à un principe de compétence dont le peuple se fait juge lorsqu'il choisit ses représentants.

Au motif que l'acte de juger appartient au peuple souverain, et que le droit et son application ne doivent pas être laissés aux professionnels, il est proposé d'introduire des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels, à l'instar de ce qui existe au niveau de la Cour d'assises. Notons immédiatement que cette mesure ne concernerait que certains délits, essentiellementl les atteintes aux biens et aux personnes, et surtout pas les délits économiques supposés trop techniques pour le bon peuple ainsi convoqué pour rendre justice. Il serait ainsi trop compliqué de juger un abus de bien social, mais tout à fait possible de rendre la justice dans l'affaire, simplissime on en conviendra, d'AZF où le procès pénal s'est tenu sur la base d'une inculpation pour homicide involontaire. Tout ceci ressemble à de la démocratie participative à la sauce Pieds Nickelés.

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En clair : que le peuple s'occupe de ce qui l'intéresse, en l'occurence le crapuleux crapulingue, et on laissera les affaires sérieuses aux gens sérieux. Si l'on veut s'appuyer sur des principes pour mieux associer les citoyens à la justice, une mesure simple : comme pour les Conseils de Prud'hommes ou Tribunaux de Commerce, élisont les juges et permettont à tout citoyen de candidater. Avec une participation de professionnels du droit aux tribunaux ainsi constitués et une possibilité d'appel auprès de magistrats professionnels. Bref, étendons l'échevinage.

Et puis si la participation des citoyens est un mode de réappropriation pertinent, pourquoi se limiter à la justice ? et pourquoi ne pas faire participer des citoyens tirés au sort aux travaux parlementaires, au Conseil des Ministres, à la préparation des décisions ministérielles, à la réflexion sur les grands débats qui agitent le pays ? ne serait-ce pas là un moyen de rapprocher les citoyens du politique ? il n'a pu échapper à nos gouvernants si friands de sondages et d'enquêtes d'opinion, que la défiance des français envers la justice est moins importante que celle qu'ils expriment envers le politique. Allez les Pieds Nickelés, encore une chanson pour amuser le peuple !

20/04/2011

Ce que l'art nous montre

Deux photographies de l’artiste américain Andres Serrano ont été détruites à Avignon, après avoir provoqué scandale. On se souvient des ligues d’extrême-droit tentant de brûler le film surréaliste de Luis Bunuel et Salvador Dali, L’Age d’or. Nous n’aurions pas avancé ? pas énormément non. Destruction des Bouddhas ici, fatwa sur un écrivain là, représailles pour des caricatures du Prophète plus loin, destruction de photographies d’un crucifix donc. Si l’on voulait une seule preuve que l’art n’est pas inutile, elle est fournie. Sa capacité à susciter la haine démontre largement sa puissance de révélation.

 Que nous révèle l’art ? que le regard que nous portons sur l’œuvre nous en apprend plus sur nous même que sur l’œuvre en question. Certaines œuvres vous choquent, vous exaspèrent, vous irritent, vous indignent, vous révulsent ? vous n’avez que l’embarras du choix : ignorez-les et ne perdez pas votre temps à parler de ce qui n’en vaut guère la peine, combattez-les par une critique bien sentie dont les arguments feront mouche, produisez-vous-même une œuvre qui ridiculisera celle que vous abhorrez, ou bien montrez-les à profusion pour discréditer leur auteur qui n’y résistera pas.

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Mais évitez la destruction, l’autodafé, la censure, le mépris, l’injure et autres joyeusetés. Vous ne ferez que justifier ce qui déclenche votre courroux.

Un crucifix dans de l’urine, c'est sale ? injurieux ? blasphématoire ? Cela peut aussi se lire comme le témoignage qu’en toute circonstance, en tout lieu, au cœur même du sordide, il y a une place pour Dieu et que son éclat ne s’en trouve pas amoindri. Cela supposerait d’avoir un regard ouvert sur l’œuvre et de belles intentions à faire valoir. La destruction violente de la photo nous conforte dans l’idée que l’art est nécessaire et nous enseigne que, loin de leurs discours, le regard porté par les destructeurs sur l’œuvre n’a pas grand-chose de divin. Et que l’insulte faite à Dieu est sans doute plus grande de penser qu’il peut se noyer dans un peu d’urine que d’essayer de démontrer, serait-ce laborieusement, le contraire.

19/04/2011

N'ayez pas peur !

Il est toujours surprenant de constater à quel point le nouveau peut paraître impossible. Et comment sa réfutation alors devient peu rationnelle. Si cela était possible, pourquoi ne l'avons nous donc pas fait pendant tant d'années ? tout simplement parce que les conditions n'étaient pas réunies, que ce n'était pas nécessaire, que personne ne l'a envisagé où que la force de l'habitude a paralysé la capacité à penser l'innovation. Et dernière résistance : faire demain ce que l'on a pas fait hier, n'est-ce pas reconnaître son incompétence passée ? le type même d'argument qui condamnerait à ne rien faire, s'il était recevable. Toute génération a vocation a être dépassée par la suivante, ce n'est pas pour cela qu'elle était stupide ou moins intelligente. Elle a simplement agit hic et nunc de la manière qui lui semblait la plus appropriée. Et parfois fort pertinente, comme lorsque le Pape Jean-Paul lança, en 1978, son fameux : "N'ayez pas peur !".

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Maurizio Cattelan - La neuvième heure - 1999

N'ayez pas peur, si votre branche professionnelle en a le besoin, de confier la gestion de cotisations conventionnelles aux OPCA et FAF. Si pendant des années, la gestion des cotisations légales et conventionnelles a été mêlée, elle peut aujourd'hui être distinguée dans des conditions juridiquement sécurisées. Tel est l'objet de la Chronique écrite avec Jean-Marie Luttringer et publiée par l'AEF, qui invite les négociateurs de branche qui y trouveraient intérêt à s'autonomiser de la gestion des contributions légales pour la gestion des cotisations supplémentaires qui n'obéissent pas au même régime. Quelques uns, qui voient cette autonomie d'un mauvais oeil, expliquent ci et là que c'est illégal ou impossible. Comme l'indique la conclusion de la chronique, nous ne croyons ni à l'infaillibilité pontificale, ni à la notre. Ceci dit, on attend quand même les arguments.

OPCA et cotisations conventionnelles.pdf

18/04/2011

De l'objectivité

Roland Penrose avait acquis auprès de Picasso ces portraits de Lee Miller, son épouse. Lorsque, pour la première fois, il les installa chez lui, leur fils Anthony, qui avait alors 5 ans, s'écria  plein de joie en voyant les tableaux : "Maman, Maman !".

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Picasso - Portraits de Lee Miller - 1937

 Avec deux peintures empruntant au génie de l'enfance, qui reconnaît les siens sans coup férir, Picasso met à bas plusieurs siècles d'effort du rationnalisme cartésien pour atteindre la vérité des choses par leur approche objective. Considérer les choses objectivement,  les établir telles qu'elles sont, rendre compte, saisir dans son immanente présence, sans filtre, sans interprétation ce que nous voyons. Sans rien y mettre de soi. Autant dire en  vidant de tout son sens le sujet observé, dans une tentative désespérée de négation de soi-même. Seule la subjectivité la plus engagée, la dimension personnelle la plus assumée et la plus revendiquée permet de révéler, car c'est de cela qu'il s'agit, les éléments de vérité qui habitent ce qui à notre regard s'offre. Ne pas oublier que l'on a un corps, et que cette incarnation doit être présente à l'acte d'analyse n'est pas se fourvoyer sur les terrains de la subjectivité. Seul le totalement personnel a quelque chance d'être universel.

15/04/2011

Le labyrinthe et le Minotaure

Le Fonds paritaire de sécurisation des parcours (FPSPP) est un hybride : né de la négociation sociale sur injonction du Gouvernement, il est paritaire mais n'engage ses financements que s'il conclut une convention à cette fin avec l'Etat. Le FPSPP n'a pas bonne presse : les entreprises le connaissent mal, lui versent leur écot et s'en défient, les OPCA le redoutent même s'ils les attire. Le FPSPP est au coeur d'un labyrinthe financier dont seuls quelques spécialistes arrivent à sortir, avec difficulté. Bref, le FPSPP est un Minotaure : hybride, mal aimé et au centre du labyrinthe.

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 Maître du Labyrinthe, le Minotaure recevait chaque année son écot sous forme de jeunes gens que la ville d'Athène lui livrait. Aucun n'en revenait. Et ici, cesse l'analogie. Le FPSPP renvoie vers les OPCA les sommes prélevées chaque année, sous réserve des ponctions opérées par l'Etat qui résiste peu au désir infantile de piquer dans les caisses dès qu'il les aperçoit pleines.

Dans leur excellent travail déjà présenté hier, Valérie Grasset-Morel et Laurent Gérard se sont aventurés dans le labyrinthe des circuits financiers. Et ils nous en livrent le fil d'Ariane sous forme de tableau des sommes versées par les OPCA et FONGECIF et des fonds récupérés par les mêmes. Et l'on s'aperçoit, sans véritable surprise, qu'en volume, ce sont les OPCA et FONGECIF les plus importants qui récupèrent, largement, le plus de financement. Certes, le fléchage vise les salariés et non les organismes et a priori ce sont bien des salariés prioritaires qui sont bénéficiaires des fonds. Mais uniquement ceux qui sont dans le champ des organismes les plus performants pour récupérer les financements du FPSPP.

Voici donc le fil d'Ariane :

OPCA et FPSPP.pdf

Et pour ceux qui, comme moi, ont un faible pour le Minotaure, un petit souvenir :