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12/06/2017

Ça me rappelle quelque chose...

Les résultats des élections législatives m'ont rappelé un épisode des dix ans passés à diriger le Master de Ressources Humaines à l'IGS Toulouse. Sélectionnant les intervenants, j'avais composé une équipe très mixte : DRH, consultants, managers, universitaires, syndicalistes...la sociologie se voulait diversifiée pour mixer les expériences et confronter les étudiants à des visions très différentes de sujets identiques. Pour le cours de politique de rémunération, j'avais retenu le Président de l'Université de Toulouse, expert reconnu du domaine, auteur de nombreuses publications et directeur de nombre de recherches dans le domaine. Son intervention fût un fiasco. Il partit fâché jurant de ne pas revenir devant des étudiants qui ne respectaient rien et surtout pas lui. Je me rendis donc auprès de la troupe qui avait mis en fuite le mandarin. Les explications furent rapides : "Je l'ai eu en licence, il nous refait le même cours, il a rien actualisé, il se fout de nous", "Il répète la même chose depuis des années, il répond pas aux questions", "Il nous a expliqué que les intervenants professionnels venaient raconter leur guerre, mais qu'il n'y a qu'un enseignant chercheur qui peut véritablement enseigner", etc. Je ne leur ai pas donné tort. 

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Modèle du statut, si présent en France, contre modèle de la compétence. Le statut est un état, la compétence un mouvement. Le statut confère une légitimité qui ne se discute plus, la compétence est sans cesse remise en question. Dans un monde politique où l'on parlait de prime au sortant, la rétribution statutaire en quelque sorte, voilà que le statut pèse comme un boulet et que les situations paraissant acquises sont défaites en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. La notoriété, le passé glorieux, les triomphes anciens, tout ceci peut au final peser peu de poids dans l'ici et maintenant. Si le statutaire recule, est-ce pour autant le modèle de la compétence qui l'a emporté ? cela, il va falloir attendre un peu pour le savoir, car l'expertise, comme on le sait, ne fait pas la compétence. 

29/05/2017

On avait perdu la clé...

...alors on a quitté les locaux de Robert de Sorbon et on est allé s'installer dans le jardin du Luxembourg, dans un kiosque à musique, à proximité d'une dame qui lisait et que notre irruption n'a pas dissuadé de demeurer là, à lire, pianoter sur son portable, nous écouter et parfois filmer la scène improbable, ou peut-être même l'enregistrer. Elle a alors pu entendre la première question à laquelle les étudiants ont du répondre : "Pour qui n'a qu'un marteau, tout problème a une forme de clou. Quelle est la traduction opérationnelle de cette maxime pour un responsable formation ?". 

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Vinrent ensuite les questions sur les moyens de déclencher l'appétit de formation chez qui ne l'a pas, les conditions de base de  réussite de la formation digitale, les moyens de maintenir le développement des compétences avec moins de moyens, l'évaluation de l'impact d'un cursus de formation managerial ou encore la manière dont les étudiants comptaient poursuivre leur développement professionnel dans les mois et années à venir. Et pour terminer, chacun livra la phrase, ou le mot, qui synthétisait sa vision de la formation. Plaisir d'entendre innovation, challenge, valeur ajoutée à démontrer, le lien entre individuel et collectif, un peu trop d'employabilité à mon goût également, comme quoi l'air du temps imprime sa marque, et la palme du Luxembourg à Marwa : "La meilleure façon d'apprendre à apprendre, c'est encore d'apprendre". 

12/06/2016

Dialogue

Comme chaque mois de juin, vient le temps de l'évaluation des étudiants du Master Développement des Ressources Humaines de la Sorbonne. Malgré l'incompréhension (mais il sait faire confiance) de Jean-Emmanuel Ray sur le fait que les étudiants aient accès à toutes les ressources qu'ils souhaitent pendant l'examen, il était cette année possible de faire appel à une éventuelle assistance en ligne. Les étudiants avaient donc à disposition la grande bibliothèque universelle de l'internet, leur tuteur, leur réseau professionnel...ou les autres étudiants. Ce ne sont pas les ressources qui m'importent mais ce que les étudiants en font. Il est facile de répéter, après Montaigne, que l'on préfère des têtes bien faites à des têtes bien pleines (ce qui n'a d'ailleurs jamais voulu dire que l'on souhaitait des têtes vides). Encore faut-il en tirer les conséquences. 

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Cette année, le fil conducteur de l'évaluation était le dialogue : comment la fonction formation est-elle capable de sortir de ses préoccupations propres (grosso modo : la production) pour se mettre au service de l'organisation et de ses membres. Autrement dit, comment traduire concrètement que la formation ne trouve pas sa finalité en elle même mais dans les objectifs qu'elle permet d'atteindre. Pour alimenter cette réflexion, quatre questions portant sur les liens entre formation et performance, formation et qualité, formation et rémunération et formation et politique RH. Et comme d'habitude parmi les questions, un sujet qui n'a jamais été abordé directement en cours d'année : le lien entre formation et rémunération. Autrement dit, voici un examen qui aborde des sujets non traités en  cours et qui permet le libre accès à toutes les ressources. Manifestement on est loin de l'Education nationale. Et bien pas tant que ça puisqu'on est à la Sorbonne. Si le coeur vous en dit, vous avez deux heures. 

MASTER DRH – UNIVERSITE PARIS PANTHEON SORBONNE.pdf

21/02/2016

Un pour tous...

Des générations d'étudiants ont pu le constater, si Jean-Emmanuel Ray n'a pas le compliment particulièrement facile ce n'est pas par principe mais par souci de justice : les bravos, il faut les mériter. Alors quand à l'occasion d'une remise de diplôme il salue la "Dream Team", LA promotion qui l'aura marqué entre toutes, celle qui n'a procuré que du bonheur aux intervenants pendant une année et qu'il se déclare admiratif de la manière dont le collectif a fonctionné, c'est qu'il s'est passé quelque chose. Ce que je confirme sans réserve. Oui, mais quoi exactement ? 

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Amphi Descartes à la Sorbonne, vendredi 19 Février

Pendant les dix ans durant lesquels j'ai eu le plaisir de travailler avec le Master RH de l'IGS de Toulouse, il y avait également eu "La promo du Siècle". Et le miracle de cette alchimie qui se produit, ou pas, parce qu'à un moment donné de fortes personnalités insufflent à un groupe un esprit, une attitude, des comportements qui inscrivent tout le monde dans une logique collective qui loin de gommer les individus les pousse au contraire à se sublimer sans que chacun ne le perçoive comme une compétition concurrentielle mais davantage comme une émulation coopérante. La qualité de l'interaction entre chacun et le groupe permet, au final, à tous d'aller un peu au-delà d'eux mêmes. Et bien évidemment le résultat est là : en terme de confiance, d'aptitude, de compétence, c'est tout bénéfice pour chacun. Les emplois et responsabilités obtenus par ces jeunes gens en sortie de leurs études en témoignent d'ailleurs assez largement. Mais au-delà même de ces résultats immédiats, c'est la maturité joyeuse d'un groupe qui fait plaisir à voir. Et s'agissant de plaisir, celui de constater que la bonne humeur est une solide alliée de la performance. Bonne route à tous !

31/12/2015

Le passé m'encourage, le présent m'électrise, je crains peu l'avenir (Sade)

Créé en 1987 au sortir de quelques années d’études et d’initiations, comme il se doit,  le Cabinet Willems Consultant aurait pu n’être qu’une blague potache : le Cabinet WC qui ne fait pas du conseil de m…Cela pouvait ressembler à un (mauvaise) calembour estudiantin, sachant que vous a été épargné le concurrent de l’éminent Groupe Alpha, le Cabinet Beta Conseil, les bêtes à conseil, et quelques trouvailles tout aussi malheureuses.

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 Malgré ces débuts hésitants et peu prometteurs, la confiance des clients permit au consultant de se former, d’apprendre son métier et de le développer. Le Cabinet connut même la croissance à trois chiffres : 100 % d’augmentation d’activité lorsqu’il passa de un à deux consultants, avant de retrouver un format plus raisonnable lors de sa migration à Paris en 2009.

 En 2017, le Cabinet fêtera ses 30 ans d’activité, si ses clients le veulent bien.

 D’ici là,  il vous souhaite

une très passionnée et passionnante année 2016.

07/12/2015

Un exemple, parmi d'autres

Je dirige un organisme de formation qui travaille dans le secteur de la santé. Mon activité a du sens : professionnaliser tous ceux qui contribuent au bien être d'autrui. J'aime mon travail. Je trouve juste qu'il prend une tournure étrange depuis quelques temps. Tout d'abord, il a fallu que mes programmes soient agréés par un organisme qui ne nous connaît guère, l'OGDPC, mais nous évalue, ou plus exactement évalue les dossiers qu'on lui envoie, lorsqu'il ne les perd pas. Et qui envoie des messages automatiques pour dire qu'il n'a pas les moyens de répondre aux mails qui lui parviennent. 

Après avoir franchi l'habilitation sectorielle, ce qui prend quelques mois tout de même, j'ai du ensuite mettre en place des certifications, sinon mes clients ne pouvaient plus bénéficier des financements issus de leurs cotisations. Pas de problème, j'en ai construit plusieurs. Mais la  CNCP refuse de les examiner si je n'ai pas un parrain. Cela commence à sentir l'Italie.  Les ministères sont aux abonnés absents (on ne peut pas choisir, on ne vous connaît pas...et autres réponses dignes d'un service public), les branches dont je dépends ont soit des conflits paritaires, soit des oppositions syndicales aux certifications non diplomantes, soit des organismes de branche concurrents...soit les trois à la fois.

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Pour les Conseils régionaux, il paraît qu'ils ont autre chose à faire. Moi aussi, il faudrait par exemple que je m'occupe de mes clients, mais il faut quand même que je continue à chercher. Après avoir trouvé et fait inscrire mes certifications à l'inventaire, toujours sur décision d'une commission qui ne connaît que nos dossiers,   il  faut que je fasse le tour des branches professionnelles pour qu'elles prennent mes certifications sur leur liste CPF. Et souhaiter que les décisions paritaires soient  rapides, qu'il n'y aura pas de blocage du dialogue social ou pas d'intérêts concurrents. Puis il faut que je fasse le tour des 13 régions pour avoir également une décision d'inscription sur les listes CPF sinon les demandeurs d'emploi et salariés d'autres branches ne pourront se former à des métiers qui les intéressent. Ou alors j'ai la Rolls, la LNI établie par le COPANEF, mais si j'en juge par la dernière décision, plus de 200 certifications examinées, 9 retenues, c'est pas gagné. Alors je me dis que je pourrai développer des certifications dans le cadre du socle de compétences, mais j'apprends qu'il y a eu 176 candidats et 6 retenus, sans motivation ni explication de la décision, le COPANEF ayant décidé tout seul qu'il avait pouvoir d'habiliter des organismes. Mais je persiste et je vais toujours envoyer mon dossier. 

Et là je viens d'avoir un OPCA en ligne qui m'indique que si je ne suis pas référencé ou certifié, en tant qu'organisme, avant le 1er janvier 2017, je ne serai plus financé. Il paraît que les organismes qui vérifieront mon dossier doivent eux mêmes déposer un dossier pour être référencés comme référenceurs. Je pourrai peut être tenter ma chance...je plaisante, c'est nerveux.  Il me reste donc 2016 pour obtenir une certification, après avoir fait certifier mes programmes, mes formations et mon éligibilité CPF. Je n'ai même pas le temps de me dire que la réforme devait, avec la défiscalisation, nous faire échapper à la bureaucratie et retrouver du sens. Parce que si je ne trouve pas le temps de m'occuper de mes clients, j'échapperai peut être à la bureaucratie de la formation mais ce sera pour mieux me confronter à celle de POLE EMPLOI.

24/11/2015

En noir et blanc

Une grande entreprise en Province la semaine dernière. Animation de groupes de travail. Le midi, repas rapide au self d'entreprise. Je m'installe au milieu du réfectoire, mes hôtes sont partis régler leurs affaires. Je ne sais pourquoi, un sentiment d'étrangeté me gagne. A ma gauche, une table avec quatre femmes voilées. A ma droite, une table avec cinq hommes. Devant moi une table avec deux africaines aux cheveux très noirs. Derrière elles, trois femmes du cru, la cinquantaine. Un peu sidéré, je détaille du coup les tables suivantes : ici sept hommes, là trois, de nouveau une table avec des africaines, mais celles-ci ont toutes des cheveux marrons avec des mèches, puis une table féminine locale et encore une table avec 3 hommes. Dans tout le réfectoire, je n'arrive qu'à identifier une table où un homme partage son repas avec trois femmes. Au final, sur la trentaine de tables occupées, quasiment aucune mixité de sexe, d'origine, d'âge. 

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Je m'interroge sur la probabilité que le hasard ait ainsi ordonné la salle. Quasi nulle. Il me faut donc en conclure que l'on ne traite ici qu'avec son semblable le plus immédiat et que pour se parler il faut se ressembler. Et je me souviens qu'il fut un temps où, dans les restaurants d'entreprises, la segmentation était sociale : cols blancs d'un côté, cols bleus de l'autre. Ici, elle est culturelle : peu de mélange de générations, pas de mixité, pas de multiculturalisme. Le signe d'une société qui se referme ? 

05/11/2015

Sportif un jour...

Quelques années passées à se consacrer quasi-exclusivement au sport, surtout à l'adolescence, laissent des traces. Celle des cycles de performance par exemple. Celle des rythmes d'entraînement et de compétition. L'évidence que l'on est pas tous les jours un héros et que l'état de forme partage avec les lucioles et les jeunes filles en fleurs la beauté de l'éphémère. Les variations de rythme, comme en musique, sont une nécessité. Aussi, aux quelques qui s'alarment de voir ce blog sommeiller comme jamais depuis sa création il y a six ans, apportons une nouvelle rassurante : les temps faibles sont les prémisses nécessaires des temps forts, les phases de récupérations la condition de la performance. 

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Après la production de deux ouvrages sur la formation professionnelle cet été, soit 2 fois 300 000 signes, peut être également que l'écriture avait besoin de reprendre son souffle. Voilà qui est fait et un nouveau projet est en route : un (très) personnel dictionnaire de la formation en 50 mots et illustrations verra le jour en début d'année et laissera quelques traces sur ce blog qui devrait retrouver un peu de vivacité dès la semaine prochaine puisque...ce sont les vacances !

17/09/2015

Un bain de paritarisme

Beaucoup de réunions, de séminaires, de séances de travail paritaires en cette rentrée automnale (vivement l'été !). Certains en concluront : et donc beaucoup de repas et quelques verres levés en dépit des bonnes résolutions de rentrée. Ils n'auront pas tort. 

Le paritarisme, cela peut avoir des côtés agaçants : la part de théâtre, les jeux de rôle, le temps nécessaire pour dégager des solutions communes, le sentiment que l'attention est plus soutenue lorsque l'on annonce le menu et le programme de la soirée que lorsque l'on enchaîne les débats de fond, et quelques autres motifs d'irritation. Ceci dit, pour vous rassurer, le consultant qui vient ramener sa science auprès de ceux qui décident, ça créé aussi quelques démangeaisons surtout s'il donne son avis plus souvent qu'on ne le lui demande (et même lorsqu'on ne le lui demande pas). 

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Séance de débat paritaire

Mais finalement, tout ceci n'est pas le plus important. Et l'immersion dans le bain paritaire a toujours deux vertus dont je ne me lasse pas. La première ce sont les trajectoires personnelles. Ces histoires de vie de militants, patronaux ou syndicaux, dont les fonctions les ont amenés sur des chemins nouveaux, aux pièges nombreux (depuis l'enflage de tête et de chevilles jusqu'au sentiment de toute puissance et parfois la perte de repères qui va avec) mais également aux difficultés à surmonter, aux efforts personnels parfois considérables pour s'inscrire dans des rôles nouveaux, l'exposition personnelle, les apprentissages et bien plus souvent qu'on ne le croit l'humilité qui en résulte. Une plongée dans le paritarisme je ne l'ai jamais effectuée sans être touché par des rencontres singulières. 

La deuxième vertu c'est le dialogue qui parvient à se nouer, avec ou sans affinités personnelles mais bien souvent du fait de la considération, du respect, que l'on arrive à porter à l'autre quelle que soit sa position. Cet apprentissage du dialogue, du compromis, de l'accord et cette capacité à bousculer ses propres convictions, me semblent devoir être préservés à tout prix. Et à tout prendre, je suis beaucoup plus à l'aise avec cela, qu'avec l'unilatéralité administrative qui s'inscrit dans un rapport d'inégalité fondamental alors que tout le paritarisme repose sur le principe d'égalité et du bilatéral. 

Au final, ce bain prolongé aura conforté la conviction que malgré tout ses défauts, il faut encore se battre pour la démocratie sociale. 

08/06/2015

Fin d'année

Mais si, vous savez bien. Pour les étudiants la fin de l'année c'est juste après Roland-Garros et les examens pour lesquels on bachote alors que les premières journées d'été sont là. Le Master DRH de la Sorbonne n'échappe pas à la règle et vit sa semaine d'évaluation. Trouvant le mode d'examen le plus couramment pratiqué dans l'éducation parfaitement stupide, et encourageant tous les ans les candidats à tricher par tous les moyens possibles au baccalauréat, il me faut mettre mes actes en cohérence avec mes principes. J'ai donc prévenu les étudiants en début d'année : l'évaluation se fait selon le contrôle continu et l'ensemble des travaux produits dans l'année. L'examen final ne peut qu'ajouter des points mais ce n'est pas lui qui mesure le niveau atteint. Premier point. 

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Bachotage pour les étudiants en contrôle continu

Deuxième point, toute documentation est évidemment autorisée pendant l'examen puisqu'il s'agit moins de s'encombrer de connaissances rapidement obsolètes que d'être capable de mobiliser rapidement de multiples ressources diversifiées. Et d'être évalué en situation professionnelle. 

Troisième point, l'évaluation ne peut consister à reproduire des exercices déjà réalisés tel un musicien répétant ses gammes. Elle doit permettre de vérifier la capacité des étudiants à proposer, argumenter, défendre, imaginer. 

Et enfin, l'indispensable posture réflexive sans laquelle il n'est pas de passage de la connaissance à la compétence. 

Si le coeur vous en dit :

POLITIQUE ET PRATIQUES DE FORMATION.pdf

16/03/2015

Mets la tête, Manuel !

Travailler avec les Compagnons, c'est faire une nouvelle fois l'expérience que l'exercice d'un art manuel c'est l'exact inverse que la stupide opposition entre le manuel et l'intellectuel. La tête commande la main comme la main guide la réflexion. La définition même de la compétence ce n'est pas de segmenter (comme l'horrible dissection en savoir, savoir-faire et savoir être nous le propose), mais d'associer, de combiner, d'agréger pour devenir une femme ou un homme de métier. 

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Travail manuel

Cela nous ramène à la formule de Rabelais : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme". La technique est un fabuleux outil de liberté, mais laisse entière la question de l'usage que l'on en fait, de la manière dont elle nous met en relation avec la matière, l'environnement et les autres. Parce que le rapport à son métier c'est toujours une marque du rapport à autrui...et du rapport à soi. Ils font réfléchir les manuels !

08/02/2015

Quelle entreprise ?

A l'occasion de rencontres nouvelles, il arrive que l'on me demande mon parcours. Classique. Qui êtes vous, d'où venez vous, que faites-vous. Je fais un effort alors pour ne pas me laisser distraire par la vision de Gauguin aux Marquises...

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Gauguin - D'où venons nous, qui sommes nous, où allons nous

...et je réponds souvent en résumant que j'ai créé le cabinet en sortant de l'Université et que mes activités ont évolué au fil des expériences, du temps qui passe, de l'actualité et de mes centres d'intérêt. J'ai alors droit assez souvent, pour ne pas dire très souvent, à ce commentaire : 

"Ah vous n'avez donc jamais travaillé en entreprise" avec sa variante "Vous n'êtes pas passé par l'entreprise alors ?". 

J'ai beau être habitué, la surprise demeure. Selon la bienveillance que je souhaite accorder à mon interlocuteur, je peux répondre : 

"Vous voulez dire dans une autre entreprise que la mienne ?" ou bien "Vous voulez connaître mes jobs d'étudiant ?" ou encore "Vous pensez aux grandes entreprises ?" et parfois "Je n'ai jamais été salarié non" ce qui n'est pas sans provoquer quelque incompréhension. 

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Site de production

Le modèle du salariat a tellement formaté notre société et nos modes de pensée que la représentation de l'entreprise s'est totalement confondue avec celle de l'organisation sociale d'une forme d'activité, oubliant toutes les autres. J'y pensai ce matin en discutant avec mon voisin qui est à la fois retraité, jardinier, boucher, charcutier, chauffeur, fermier, éleveur et exerce occasionnellement quelques autres activités, soit plusieurs entreprises à lui tout seul. Mais je ne sais pas s'il est passé par l'entreprise. 

03/02/2015

Règles de vie

Un rendez-vous dans une salle, qui accueille manifestement des formations. Comme toujours, coup d'oeil circulaire pour nourrir la curiosité. Sur un mur, une feuille de paperboard n'a pas été décrochée. En haut il est écrit : "Règles de vie". L'intitulé quasiment philosophique m'intrigue. Je lis : 1) Portable silencieux 2) Je me consacre à la formation 3) Je participe 4) Je laisse aussi parler les autres 5) Je ne porte pas de jugement (négatif) 6) Ce qui se dit dans cette salle...reste dans cette salle 7) Je suis ponctuel pour ne pas gêner le groupe. Voilà une formation à laquelle je n'aurai pas aimé participer. 

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Les consignes infantilisantes pour une formation dont l'objet est censé donner de l'autonomie, voilà déjà un paradoxe problématique. Passons sur les injonctions au parfait petit formé : tu participeras, mais pas trop, tu te concentreras, tout le temps, tu écouteras, lorsque tu ne parleras pas, etc. Mais on ne peut laisser passer le Tu ne porteras pas de jugement avec le négatif entre parenthèse qui transforme l'injonction en mission impossible et surtout dénie à chacun la capacité de s'engager personnellement et d'affirmer ses convictions. On comprend assez vite que la méthode pédagogique emprunte peu à la dialectique. Et avouons notre perplexité à la sommation "ce qui est dit dans cette salle ne sort pas de cette salle", qui reviendrait à considérer que l'on doit tout oublier des apprentissages avant de se quitter. Ou pire encore, que le formateur nous rejoue le maître d'école qui est maître chez lui lorsqu'il est en classe et ne rend de comptes à rien ni personne. Et au final, on ne peut s'empêcher de constater que les règles de vie ont surtout pour objet de faciliter celle du formateur et de faire fi de la formation elle-même. Comment s'étonner ensuite que nos élus aient tant de mal à distinguer la formation initiale de la formation continue si même les formateurs entretiennent une telle confusion ? et si l'on veut vraiment en revenir là, souvenons nous qu'il n'y a pas de mauvais élèves, il n'y a que de mauvais profs. A tout prendre, même si c'est faux, c'est encore mieux que les règles de vie. 

30/12/2014

A l'Ouest

Pour clore cette année résolument orientée à l'Ouest, et par empathie pour cette entrée dans l'année 2015 qui doit être celle de tous les changements pour la formation professionnelle, le cabinet Willems Consultant se déplace un peu plus à l'Ouest. L'adresse administrative est, à compter de ce jour, la suivante : 

 

WILLEMS CONSULTANT

31 rue Gauthey

75017 PARIS

Passer de l'écrivain-philosophe Diderot au mathématicien-ingénieur des ponts et chaussées Gauthey pourrait paraître manquer de fantaisie. Ce serait oublier qu'Emiland Gauthey fût le rédacteur d'un Traité de la construction des ponts, sa spécialité, qui fit autorité. Et que pour un consultant, faire des ponts, entre les individus et les organisations, entre les personnes qui souvent s'ignorent, entre des disciplines que personne ne songe à relier entre elles,  conditionne la construction de solutions novatrices. Et après tout, que fait l'expert en génie civil que de traduire en oeuvres très concrètes des théories mathématiques incompréhensibles pour la plupart, comme le juriste bâtit des solutions opérationnelles en sollicitant autant que nécessaire la règle de droit et les théories qui la soutiennent ? voyons donc un signe positif dans ce voisinage nouveau avec celui qui inventa aussi une langue graphique universelle proche de la sténographie. 

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Pour les clients, les rendez-vous concernant les projets gourmands, étudiés, complexes, raffinés, prestigieux, ambitieux, rétros, traditionnels, classiques, pharaoniques ou linéaires, seront donnés au Wepler, déserté par les grisettes qui le fréquentaient du temps d'Henry Miller, encore qu'il faudrait aller y voir de plus près, ce que nous ferons. 

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Pour les clients qui ont des projets créatifs, extravagants, robustes, populaires, fraternels, amicaux, exubérants, téméraires, insolites, joueurs ou perdus d'avance, rendez-vous sera pris au Libre Echange qui invite  à toutes les audaces. 

Et pour tout le monde, rendez-vous l'année prochaine. 

29/12/2014

Souvenirs, souvenirs

C'est en forgeant que l'on devient forgeron et en rangeant que l'on devient rongeur, mais non, que l'on devient nostalgique. Parce que c'est l'occasion pour certains oubliés de reparaître au risque de vous faire douter de votre passé. Parmi les surgissants, le premier bouquin publié sur la formation, dont j'avais à la fois rédigé le contenu et composé la couverture. L'éditeur de l'époque, le CARIF Midi-Pyrénées bénéficiait de subsides provenant de l'Europe et plus particulièrement du Programme Intégré Méditerranéen (PIM) qui oeuvrait à l'intégration des pays de l'Europe du Sud dans ce qui était encore la Communauté Economique Européenne. Et il n'avait pas fallu me forcer beaucoup pour rédiger cet ouvrage consacré à la Formation Professionnelle en Espagne, ce qui me permit d'ailleurs quelques virées à Barcelone...pour chercher de la documentation bien évidemment. 

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C'est en hommage à ces échappées Barcelonaises que j'avais choisi une oeuvre de Miro pour illustrer cette Espagne colorée qui n'en avait pas terminé avec la movida. Car nous étions en 1990, en juin précisément lorsque sorti l'ouvrage qui présentait l'Espagne, son organisation, son système éducatif, la formation professionnelle initiale et la formation continue. Et tant qu'à verser dans la nostalgie, 1990 c'est aussi l'année de sortie de ce beau film à la poésie surannée, porté par un Jean Rochefort exceptionnel. Je crois n'avoir jamais manqué d'y penser lorsque je vais chez la coiffeuse. 


25/12/2014

Joyeux Rock'n Noël

Profondément convaincu que tout individu porte en lui les potentialités inverses, encore plus convaincu que la beauté réside dans l'union des contraires et totalement convaincu que quelques convictions suffisent et que pour le reste il faut voir, le Cabinet WILLEMS CONSULTANT vous souhaite avec Diego Fasolis un joyeux Noël. 

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Pourquoi Fasolis ? parce qu'il a la rock'n roll attitude au coeur du classique, qu'il s'enflamme sur son épinette tout en dirigeant l'orchestre, sans oublier les regards de plaisir vers Cécilia Bartoli. Et parce qu'en cette semaine de fêtes, le cabinet WILLEMS CONSULTANT boucle ses cartons pour s'installer aux Epinettes tout en souhaitant préserver la Rock'n roll attitude. Bonnes fêtes à toutes et à tous. 

19/05/2014

Quelle cachette ?

Discussion avec un enseignant-chercheur : 

"Pour nous la disparition de la déclaration 2483 ce n'est pas une bonne nouvelle car nous allons manquer de chiffres pour analyser l'effort de formation des entreprises...

- mais cette déclaration est déconnectée des coûts réels et absolument pas fiable tant chaque entreprise déclare de manière différente...

- peut être mais au moins nous avons des séries sur plusieurs années..."

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Discussion avec un autre enseignant-chercheur : 

"Je suis en train de mener une étude sur l'impact du dialogue social sur la formation et la GRH...

- Très intéressant ! et est-ce que vous allez aborder l'impact du paritarisme de gestion, et des OPCA, sur la négociation ? 

- Ah non, nous travaillons avec les données existantes..."

On connaît l'histoire du type qui cherche ses clés sous le lampadaire parce que c'est le seul endroit éclairé. Et bien avec des recherches de ce type, qui seront bien évidemment présentées comme scientifiques et donc établissant des vérités garanties vraies, on est pas sorti du halo du lampadaire. L'hôtel La cachette ne craint donc rien et il a bien raison de s'afficher. 

09/04/2014

11 régions, c'est beaucoup trop !

On partait tôt le matin, lorsque le soleil entame sa course pendulaire et va d'une mer à l'autre projetant sans relâche sa lumière sur  les Pyrénées, ou bien en fin d'après-midi, pour voir les derniers rayons verdir les pentes des montagnes rougeoyantes. Je voyageai avec un improbable compagnon qui avait été Président de la Corpo à la fac de droit, proche de l'extrême droite, franc-maçon dans une loge pour le moins traditionnelle, catalogué réactionnaire et sulfureux et qui prenait plaisir, partagé, à discuter avec moi pendant les trois heures de trajet. Pourquoi ce plaisir alors que tout aurait du nous éloigner ? des histoires de rêves d'enfants, comme souvent entre ceux qui sont reliés par plus fort que la raison. Et en nous rendant à Jaca, siège de la Communauté de travail des Pyrénées, organisation regroupant les trois régions française et les quatre communautés espagnoles qui partagent les Pyrénées, nous refaisions l'histoire de l'Occitanie, ressuscitions Pierre d'Aragon et faisions revivre ce Sud des troubadours et de la tolérance où l'identité ne se définissait pas par opposition à l'autre. Nous avions la même aversion pour l'endogamie et son confort sclérosant. 

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Torre del Reloj à Jaca

Les discussions entre les 7 entités régionales n'ont jamais véritablement trouvé de traduction opérationnelle : la montagne reste une frontière naturelle, verte au Nord, sèche et rocailleuse au Sud. Mais peu nous importait. En retournant de Jaca à Toulouse, nous passions saluer la Gare de Canfranc, projet fou rigoureusement mis en oeuvre et scandaleusement inutile  qui réunissait donc à ce titre tous les critères de la beauté. 

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La Gare de Canfranc

Et à l'arrivée, en clandestins bienheureux, nous partagions une côte de Boeuf et une bouteille de Bordeaux à la santé des Cathares qui se privaient de ces plaisirs, ce qu'il fallait bien compenser un jour. Je repensai à tout cela en écoutant Manuel Valls exposer ses projets de réduction du nombre de régions. Je me demandai si le Sud-Ouest devait choisir de regrouper les régions gasconnes, soit la zone atlantique qu'enserre le lasso de la Garonne, pousser sa corne vers l'Est et le Languedoc, ou s'étendre plein Sud vers les terres navarraises, aragonaises et catalanes ? L'évidence serait de ne pas choisir et de réunifier, sans la placer sous l'égide d'une autorité centralisatrice, syndrôme français du Nord de la Loire, les provinces occitanes. A l'intérieur de ce périmètre, chacun trouverait sa place sans que l'on ait besoin de la lui assigner et l'on se demanderait assez rapidement comment il a pu en être autrement. Ce serait la fin de la parenthèse. Chiche Manuel  ?

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08/10/2013

Comme en rêve

Lorsque j'ai entendu dans le métro une voix féminine haut perché lancer "Arigato Godzaimas", j'ai tout d'abord pensé que j'étais mal réveillé, que c'était l'heure matinale. Ou que j'avais décidément du mal à revenir du Japon. Puis je me suis aperçu qu'il s'agissait de prévenir les voyageurs nippons des risques de vol. Ce qui me rappela que dans le métro à Tokyo on peut laisser sans problème son portable sur la banquette pendant qu'on lit le journal.

Puis j'arrivai à Chartres. Dans le petit matin, le soleil perçait des nuages lourds et diffusait un halo de lumière sur la cathédrale. Je pensai à ce conseiller aux affaires culturelles de la Ville de Toulouse qui, il y a quelques années, était entré dans cette cathédrale, avait été pris par la lumière et était entré pendant dix ans dans les ordres, laissant à l'extérieur femme, enfants, amis, travail et tout le reste.

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Et le soir, au retour de Chartres, en train, dans la lumière rasante du début d'automne, apparut soudain le château de Versailles, tel un grand vaisseau flamboyant, qui semblait échappé de l'histoire, des rois et reines, qui n'avait comme cour que la forêt environnante et qui saluait les passants.

Certains jours, on travaille comme en rêve.

23/09/2013

Le changement, c'est maintenant

Je pensai que le schéma avait disparu de la circulation après sa publication dans le Canard Enchaîné qui rapportait les méthodes de formation des managers d'un grand groupe. Le changement était présenté comme un deuil qu'une communication adaptée fera passer d'un déni à l'adhésion. L'ineptie d'un tel schéma comme mode explicatif des comportements aurait pu sauter aux yeux de chacun sans effort. Que nenni ! voilà qu'il ressurgit dans les supports de formation des managers d'un autre grand groupe.

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C'est le schéma avec lequel vous avez toujours raison, clé sans doute de son succès. Jugez-vous même : vous annoncez un changement à un salarié, or le nouveau projet, la nouvelle organisation est une ineptie. Il vous exprime son opposition. C'est le déni de la première étape du deuil. Ensuite, devant votre sourire narquois de celui qui sait  à quoi s'en tenir, il se mettra en colère. Et vous penserez : "Etape 2". Devant l'absence totale de prise en compte de son opinion, il déprimera "étape 3". Puis, lassé de se battre contre des moulins, il capitulera "Etape 4". Et vous aurez managé le changement de main de maître. Cela s'appelle la prophétie autoréalisatrice, mais il n'est pas besoin d'être prophète pour se dire que se dire que si l'on se met à manager le deuil, il ne faut pas s'étonner que les gens se tuent au travail.