13/06/2017
C'EST ÉCRIT OÙ ? (SAISON 2)
J’avais il y a quelques années, brocardé les juristes qui cherchent les textes qui autorisent et, à défaut de les trouver, en concluent que « ce n’est pas possible » ou, plus souvent, que « la prudence recommande de s’abstenir », la meilleure solution pour ne pas avoir les mains sales étant de n’en avoir pas du tout (voir ICI).
Le Conseil d’Etat vient de livrer, en matière de VAE, une nouvelle illustration du principe selon lequel il suffit souvent de se référer à la règle générale pour avoir la solution, sans besoin de la conforter par un texte particulier.
En l’occurrence, un candidat demande à obtenir un diplôme d’expertise-comptable par la voie de la VAE. Le service académique rejette sa demande en l’absence de texte précisant les modalités d’accès à ce diplôme par la VAE. Le candidat, tenace, enjoint le Ministère de prendre ce texte et saisit le Conseil d’Etat à cette fin. Il est débouté, mais c’est une bonne nouvelle pour lui. En effet, le Conseil d’Etat considère que la loi prévoyant l’accès à la VAE pour tous les titres professionnels et un décret ayant fixé les modalités procédurales dans ses grandes lignes, il n’était pas nécessaire d’avoir en supplément un texte spécifique pour le diplôme d’expertise comptable. Là où la loi générale suffit, ne nous égarons pas dans les précisions superfétatoires.
Et du coup, le candidat aurait mieux fait de critiquer la décision de rejet de sa demande, plutôt que d’enjoindre au Ministère de prendre enfin les textes nécessaires, partageant en cela l’erreur des juristes en perpétuelle recherche de textes spéciaux.
Au-delà de la leçon de droit, on tirera également de cette décision la conséquence que l’intégralité des titres et diplômes inscrits au RNCP sont accessibles par la VAE, sauf texte l’interdisant (en particulier dans le domaine de la défense, de la sécurité ou de la santé). Ce qui signifie, il n’est pas inutile de le rappeler, que toutes les compétences peuvent s’acquérir par d’autres voies que la formation. D’où l’adage : « Tout ce qui s’enseigne peut s’apprendre, tout ce qui peut s’apprendre ne peut pas s’enseigner ».
00:05 Publié dans DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : droit, vae, formation, jurisprudence, travail, éducation, enseignement, juriste
07/11/2012
D'une halle, l'autre
Le samedi 23 juin 2012 la Région Midi-Pyrénées organisait une manifestation destinée à fêter les 10 ans de la Validation des Acquis de l'Expérience (VAE). Plusieurs centaines de lauréats étaient réunis à la Halle aux Grains de Toulouse, ancien marché devenu salle de spectacles lorsque l'on a découvert les qualités accoustiques insoupçonnées du lieu à l'occasion d'un concert donné par l'orchestre national du Capitole en 1974.
La Halle aux Grains à Toulouse
Invité à participer à la manifestation mais n'étant pas disponible, j'ai réalisé avec le concours de Jean-Pierre Maillet un film présentant l'histoire de la VAE. J'ai choisi de tourner ce film dans une autre Halle, la Halle Saint-Pierre à Paris qui abrite un musée consacré à l'art singulier. L'art singulier, parfois aussi dénommé art brut, est celui des artistes qui n'ont pas été formé à leur art qu'ils ont développé selon des techniques propres, sans références culturelles et sans avoir reçu aucun enseignement. Des être singuliers qui ont appris en faisant et auxquels la Halle Saint-Pierre apporte une reconnaissance.
Le film est aujourd'hui disponible et plus largement toute la manifestation consacrée à la VAE. Concernant votre serviteur, l'intervention débute à 26'30 sur la première vidéo et se poursuit au début de la seconde vidéo. Les vidéos sont en ligne ici.
Et vous avez jusqu'au 6 janvier pour aller voir au pied de la butte Montmartre l'exposition Banditi dell'arte. Pour la VAE, vous avez toute la vie.
01:26 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vae, toulouse, halle aux grains, halle saint-pierre, art, art singulier, video
05/09/2011
Cherchez l'erreur
Publicité parue dans la revue Philosophie du mois de Septembre pour un Master de Philosophie, à finalité professionnelle et orienté vers le journalisme. A priori plutôt alléchant. Et pourtant la publicité est scandaleuse. Cherchez l'erreur :
Non, l'erreur n'est pas de trouver Christophe Barbier parmi les intervenants (quoi que...). Elle figure en haut à droite de la publicité, comme un coup de tampon bureaucratique qui vous signifie que votre visa est périmé. Il s'agit de la mention "Licence de philosophie exigée". Ainsi, on ne peut faire de Master Professionnel que si l'on a suivi le chemin balisé des études universitaires de licence. La VAP est envoyé aux oubliettes et la VAE aux lieux d'aisance. En 2011 donc, il continue à se trouver des universitaires prétendument sérieux qui parviennent à affirmer incompétence et fermeture d'esprit tout en proposant de développer la notre, de compétence, et d'ouvrir les notres, d'esprits.
Je me souviens des soirées passées à l'Institut Catholique de Toulouse, à écouter des pères en robe penser à voix haute et en public. L'orgue accompagnait parfois ces soirées.
L'orge de l'Institut Catholique de Toulouse
Ces soirées et conférences étaient ouvertes à tous, et la parole y jouissait d'une liberté sans entrave. Faut-il que les temps aient changé pour que l'on réserve à ceux qui ont universitairement appris à penser le soin de venir penser professionnellement. Et que l'on considère qu'il n'est d'autre lieu qu'un enseignement de licence pour développer les capacités qui permettront de suivre le Master. Les responsables d'un tel programme ont réussi le tour de force de démontrer en un seul acte, que les objectifs affichés ne peuvent à l'évidence pas être atteints. Triste aveu à vrai dire.
Sinon, bonne rentrée à tous les bambins qui vont subir leur première leçon de morale de la part d'adultes dont on se demande bien certains jours au nom de quoi ils la professent.
00:04 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DANS LA PRESSE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : institut catholique, philosophie, master, éducation, école, toulouse, vae, vapp, formation
29/07/2011
Chapitre 7 Qui voit la médaille du travail devenir parchemin
Les médailles du travail récompensent l’ancienneté. Dans un modèle de la compétence, elles ne produisent que peu de sens, hormis la fidélité à l’entreprise. En effet, autant l’expérience peut professionnaliser, autant elle peut être source de déqualification. De ce point de vue, voir en chaque senior un tuteur potentiel est une absurdité : toute expérience ne fait ni ne vaut compétence.
Depuis 2002, la Validation des Acquis de l’Expérience a mis l’activité au même niveau que la formation pour l’accès à la certification. Dorénavant, c’est moins l’ancienneté que l’on trace que les compétences développées dans l’activité.
Botticelli - Portrait d'un jeune homme tenant une médaille
Reste à mettre en place les moyens pour que l’expérience se traduise en compétence, ce qui n’a rien d’automatique. Pourtant, selon l’Université de Princeton, sur l’ensemble de sa carrière professionnelle on acquiert 70 % de ses compétences par son travail, 20 % par ses collaborations avec autrui et 10 % par la formation formelle. Reste aux services formation à se préoccuper des 90 % et ne pas considérer qu’ils ne sont responsables que des 10 %.
09:41 Publié dans DROIT DE LA FORMATION, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : vae, médaille du travail, formation, éducation, travail, botticelli, peinture