29/01/2016
H comme...HORS TEMPS DE TRAVAIL
Le temps n’attend pas (Lénine)
La loi Macron sur le travail du dimanche, ce pourrait être la revanche des marchands du temple, expulsant les fidèles de l’Eglise pour les conduire dans les galeries marchandes.
A moins qu’il ne s’agisse plus simplement d’une dilution des frontières qui structuraient la vie sociale : jeunesse, éducation, travail, loisirs, retraite, ces temps autrefois étanches se superposent à profusion et jouent aux quilles avec nos repères.
Egilse moderne
La porosité de la vie personnelle et professionnelle, du temps travaillé et de celui qui ne l’est pas, trouve un écho dans les temps de formation : quand se forme-t-on ? Dans une salle de formation ? Devant son écran ? En discutant avec des amis ? En lisant ? En travaillant ? Au cours d’une ballade en campagne ou en bord de mer, ou en grimpant sur les cimes, comme Nietzsche ? Et pourquoi pas sur la ligne 14, entre Saint-Lazare et Olympiades (15 mn) avec son Iphone ?
Ces questions nous livrent le début de la réponse : pour qu’il y ait de la formation en dehors du temps de travail, il faut vraiment que la formation prenne d’autres formes que le travail.
16:37 Publié dans DICTIONNAIRE | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : dictionnaire, église, formation, éducation, temps, travail, emploi, 35 heures, livre, photo
11/08/2015
Washington Square
Toutes les villes des Etats-Unis ont leur Washington Square, comme les villes françaises ont leur hôtel Terminus ou Au Lion d'or (l'esprit français, que voulez-vous). Mais celui de New-York a le pouvoir d'arrêter le temps dans la ville qui ne s'arrête jamais et qui connaît mieux l'argent que le temps. On y a même implanté un arc romain, alors que les villes historiques se sont toutes dotées de colonnes grecques pour essayer de donner un peu d'épaisseur temporelle à un pays qui fait tellement l'histoire qu'il ne peut s'empêcher de s'en raconter, des histoires et surtout la sienne. Bref, le Washington Square est une enclave magique, le point G de la grande pomme.
Dimanche soir, il y avait séance d'écriture collective. Chacun pouvait raconter une histoire, son histoire ou une autre histoire, en une page et une affiche. Toutes les histoires font ensuite une histoire qui fait un livre. J'en ai retenu deux. La première est celle des deux filles aux troubles alimentaires qui redécouvrent le paradis et la liberté.
La seconde est celle d'un jeune homme qui s'apprête à partir à Paris, et qui serait prêt à partir n'importe où ailleurs, parce qu'il aime une fille extatique.
La liberté et l'amour nous conduisent assez naturellement au trouple que rien ne trouble (pour ceux qui méconnaissent le trouple, voir ici).
Les Roméo new-yorkais ne miaulent pas sous les balcons de leur Juliette, ils apportent leur petit tabouret pour le shooting de leur star personnelle. A vous décomplexer Blanche-Neige et les 7 nains !
Des guitaristes des années 70, des artistes en herbe, en bois, en fer blanc et en carton pâte, des rêveuses en tous genres, des transgenres et d'étranges gens, des amis de passage, des avis partagés, des ravis allongés, des fumées sans feu, un peu de diable par la queue et je ne vous dis pas tout, vous n'avez pas rêvé, vous êtes au Washington Square.
04:41 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : square, ville, vacances, voyage, new york, rêve, temps, histoires, littérature
05/01/2015
In et out
Je laisse aux férus du petit ricanement ou à ceux qui souhaitent savoir ce qu'est la simplification, le soin de commenter la recherche de formation ouverte depuis le 5 janvier sur le site du compte personnel de formation. Et je poursuis pour cette rentrée le tour du CPF, avec aujourd'hui la question du dehors et du dedans, du in et du out, avec l'aide de Gainsbourg, cela ne fait jamais de mal.
Les formations suivies dans le cadre du CPF le sont-elles pendant le temps de travail ou en dehors du temps de travail ?
Le principe est que les formations sont suivies en dehors du temps de travail, sauf accord de l’employeur. Toutefois, le suivi de la formation est de droit pour les formations qui relèvent du socle de compétences et pour l’accompagnement VAE.
Lorsque la formation est de droit pendant le temps de travail, comment s’effectue la demande du salarié ?
Pour toute formation qui se déroule pendant le temps de travail, le salarié doit présenter sa demande au moins 60 jours à l’avance si la formation dure moins de six mois, et 120 jours à l’avance si elle dure plus de six mois. L’employeur doit répondre dans un délai de 30 jours. S’il ne répond pas, la demande est acceptée.
Dans quel cas la formation suivie en CPF peut-elle avoir une durée de plus de six mois ?
Il ne s’agit pas de la durée en heures de la formation mais de sa durée calendaire : la formation peut se dérouler à temps partiel pendant plus de six mois tout en ayant une durée inférieure ou égale à 150 heures. Par exemple, une formation de trois jours par mois pendant 7 mois a une durée calendaire supérieure à 6 mois mais représente 147 heures.
Lorsque la formation est de droit, pourquoi le salarié doit-il faire une demande et pas simplement informer ?
Parce que l’entreprise doit donner son accord sur le calendrier de la formation. Elle peut ainsi, sous réserve de pouvoir le justifier par des motifs objectifs, reporter la date prévue par le salarié.
En cas de report, quelle peut être sa durée ?
La loi ne fixe pas une date butoir. Mais pour ne pas être dilatoire le report ne peut pas excéder douze mois puisqu’il s’agit pour l’entreprise de déterminer le meilleur moment dans l’année pour l’absence. L’accord conclu dans la métallurgie prévoit d’ailleurs cette durée maximale de douze mois.
Lorsque la formation n’est pas de droit sur le temps de travail, l’employeur peut-il refuser la demande de CPF ?
Oui. Si formellement l’employeur n’est pas obligé de fournir un motif, sa décision doit pouvoir être justifiée par un motif objectif. Cela peut être, par exemple, le fait que la formation n’entre pas dans la politique de formation de l’entreprise. Plus la formation est proche de l’emploi occupé ou d’un besoin lié à la situation du salarié dans l’entreprise et plus le refus sera donc difficile à justifier pour l’employeur.
Lorsque la formation se déroule en dehors du temps de travail, l’employeur doit-il en être informé ?
Non, pas nécessairement. Mais ce sera le cas si le salarié veut que l’entreprise transmette le dossier financier à l’OPCA. A défaut, le salarié devra passer par l’OPACIF pour sa demande de financement.
Quand peut avoir lieu la formation hors-temps de travail ?
A tous les moments où le salarié n’est pas en temps de travail effectif : temps personnel, repos, congés de toute sorte (congés payés, congé parental, congé création d’entreprise, congé sabbatique, etc), pendant les jours de RTT ou non travaillés, etc.
Certains congés sont-ils incompatibles avec le suivi d’une formation au titre du CPF ?
Oui, les congés indemnisés par la sécurité sociale puisque l’indemnisation est incompatible avec toute activité professionnelle mais également personnelle. Toutefois, il est possible avec le double accord du médecin traitant et du médecin conseil de la sécurité sociale de suivre une formation pendant ces congés (maladie, accient du travail ou maladie professionnelle, maternité).
Le salarié bénéficie-t-il d’une allocation formation pendant la formation hors-temps de travail ?
Non. Il n’y a pas d’allocation formation dans le cadre du CPF.
21:47 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : réforme, formation, compte, personnel, cpf, gainsbourg, in, out, temps, travail
08/10/2014
Un forfait dans le vent
Le décret du 2 octobre 2014 fixe les modalités d'alimentation du compte personnel de formation. Il rappelle le principe de la proportionnalité entre l'acquisition des heures et le temps de travail. Les salariés à temps plein bénéficieront de 24 heures par an, les salariés à temps partiel d'un crédit proratisé. Pour le droit attaché à la personne on repassera, il reste donc pour l'instant strictement attaché au contrat de travail puisqu'au lieu de décréter que toute personne en activité reçoit 24 heures par an, on lie le droit au contrat de travail. Paradoxal alors que l'on poursuit l'objectif d'augmenter le droit à la formation des demandeurs d'emploi. Mais comme dans tout grand principe se niche une exception : elle concerne les salariés en forfait en jours qui, quelle que soit la durée du forfait, seront considérés comme travaillant à temps plein et bénéficieront systématiquement de 24 heures par an, auraient-ils un forfait à 100 ou 150 jours par an et non 218. Voilà un forfait qui a le vent en poupe !
La solution est identique à celle qui prévaut en matière de calcul de l'effectif : quel que soit le volume du forfait, le salarié en convention de forfait en jours compte pour 1, le temps partiel n'existant pas pour ce régime de temps. Saluons, pour une fois, la simplicité. Mais constatons aussi, une fois de plus également, que les salariés en forfait en jours sont principalement des cadres et que l'acquisition totale du crédit leur est acquise. Alors qu'un demandeur d'emploi n'acquiert rien et qu'un salarié qui enchaîne les CDD ou travaille à temps partiel acquiert proportionnellement à son temps de travail. Sans doute pas le dernier des paradoxes que l'on relèvera sur la réforme en cours.
00:10 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cpf, formation, compte personnel, forfait en jours, temps, travail, réforme
11/08/2014
Vertigo
Le temps géologique est un vertige. Si rationnellement on sait compter jusqu'à 4,5 milliards, éprouver la sensation physique de ce temps longs est une autre affaire. Dans un corps que le temps borne étroitement, comment traduire la durée sinon en acceptant que nous soyons un assemblage atomique momentané, qui fait suite à bien d'autres et en précède d'autres encore.
Le Grand Canyon est une cathédrale du temps et à ce titre il renvoie moins aux pionniers de l'Ouest américain qu'à cet européen old fashion qu'est Marcel Proust pour lequel tout ce que nous voyons n'est que mémoire, y compris l'immémorial.
Mais avec les Américains, peuple sans Histoire mais plein d'histoires, l'entertainment a naturellement pris la place de la mémoire. Aussi n'est-on pas surpris, lorsque l'hélicoptère prend de la vitesse pour raser les derniers arbres de la forêt et accentuer la sensation de vertige lorsqu'il surgit dans l'immensité du Canyon, d'entendre dans le casque les tambours, trompettes, violons et cymbales de 2001 Odyssée de l'Espace.
La démesure du film de Kubrick est à la hauteur du grand sillon tracé par le Colorado au coeur des hauts plateaux de l'Arizona. Et comme le film, le Canyon est un spectacle, une méditation philosophique et une vision hallucinée dont on ressort lessivé.
Mais avant de quitter les lieux, on pourra une nouvelle fois vérifier que la nature imite l'art et que si le temps est un peintre de qualité, les Navajos ont fait mieux depuis.
Après une telle expérience, les habituels feux de forêt estivaux semblent bien anecdotiques, un peu comme une vie à l'échelle du temps.
19:26 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vertigo, grand canyon, ouest, amérique, usa, odyssée, 2001, paysage, nature, temps, proust
04/08/2014
Mirages du temps
Au détour d'une rue, on peut changer d'époque.
Le temps a des caprices dont nous sommes les jouets, ainsi va le temps de l'attente semblable aux ombres interminables des fins d'après-midi. Lou reed est bien vivant : i'm waiting for my man.
L'heure bleue est présente à toute heure, et l'on peut la surprendre à attendre elle aussi.
On croit savoir ce que l'on attend, mais qui sait véritablement ce qui l'attend ?
A tout instant, un regard posé sur vous, attend.
Et si ce n'était pas le cas, vous seriez ce regard vous même. Un souvenir, en attendant.
Mais que peut-on donc bien attendre ainsi ? Est-ce que quelqu'un doit vraiment venir ?
Car l'attente est parfois si longue. Bientôt est comme l'horizon, une ligne de fuite perpétuelle.
Mais non, il ne faut pas s'inquiéter. Elle viendra bientôt. Elle finit toujours par venir.
08:30 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : attente, time, temps, regard, yeux, cinéma, photo, san francisco, voyage
19/06/2014
Politique de gribouille
Vous avez jusqu'au début Novembre pour vous rendre au Havre visiter une des plus belles expositions organisées en France ces dernières années et consacrée à Nicolas de Staël. Les toiles viennent de tous horizons, parlent d'horizons et vont au-delà des horizons. Certaines n'ont jamais été exposées. Si vous n'avez jamais vu de près un peintre se battre avec la peinture, maltraiter la matière, la dompter comme un fauve qui vous fascine mais peut aussi vouloir votre mort, si vous n'avez jamais vu un oeil, une main et un corps saisir l'essence même des choses, si vous n'avez jamais approché la lutte avec l'ange, le combat contre soi-même qui, un instant, se suspend parce que soudain tout est exposé à la lumière, alors il vous faut aller au Havre.
Nicolas de Staël - Face au Havre
Combien de temps dure le combat avant que le grand échalas ne décide que c'en est fini et que le tableau peut sortir de l'atelier ? Combien de temps avant que le dernier coup de brosse, l'ultime coup de couteau n'ait définitivement fixé l'état de la toile ? Combien de temps avant de trouver ce sublime équilibre qui vous saisit comme un uppercut et vous émeut sans limite tant il est évident que c'était cela qu'il fallait faire et rien d'autre ?
Nicolas de Staël - Marine à Dieppe
La décence du peintre, c'est que tant que l'oeuvre n'est pas achevée, elle n'est pas montrée. L'honneur de l'artiste, c'est de garder par devers lui ce cheminement lent, parfois douloureux, toujours mobilisateur d'une énergie extrême, d'une tension furieuse, qui conduit à la toile. A celui qui veut bien le retrouver sur la toile d'y voir quelque chose. Mais avant, on ne montre pas.
Nos gouvernants feraient bien d'aller faire un tour au Havre (même si les deux derniers présidents de la République en date s'ennuient dans les musées, contrairement à leurs prédécesseurs, signe des temps). Ils apprendraient que lorsqu'une oeuvre n'est pas prête, elle reste à l'atelier. Comme par exemple la loi sur le temps partiel du 14 juin 2013, qui impose aux entreprises de ne recruter les salariés que pour des durées d'au moins 24 heures, sauf accord de leur part. Après avoir reporté la date d'entrée en vigueur de la loi, voilà que le Gouvernement réfléchirait à une "sécurisation juridique" de l'accord du salarié. Autrement dit, après avoir fait voter un texte qui accroît les obligations des entreprises on rétropédale au nom de la politique de l'emploi. En peinture, lorsque l'on tartine sans jamais arriver au but, ce n'est plus de la peinture mais de la gribouille. Et la politique de gribouille, nos dirigeants n'ont pas vraiment besoin d'aller au Havre pour savoir de quoi il s'agit.
00:22 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : temps, partiel, havre, peinture, staël, travail, droit, emploi, politique, musée
31/12/2013
Prendre son temple
Le temps a beau se prêter aux équations les plus complexes, il n'en est pas moins relatif. On peut l'étirer comme un caoutchouc tendre, le comprimer comme un trop plein d'air, le dilater comme des papilles pour mieux le goûter. Pour cela, quoi de mieux qu'une petite prise de recul à côté de pierres qui ont 25 siècles et continuent à profiter de l'art des romains pour choisir les sites de leurs cités. Pas de manière absurde et orgueilleuse, le point le plus haut, pas le plus escarpé, mais le plus ouvert, celui qui embrasse le mieux les alentours, souvent tapissés de vignes afin que le plaisir soit complet.
Le théâtre de Ségeste fait exception : situé au sommet d'une colline, il embrasse la vallée, les montagnes et le golfe qui lui ouvre la vue. Là, dos au vide, les acteurs jouent dans un panthéisme d'évidence. Et, génie de l'architecture, lorsque l'on est au centre exact de la scène, la voix porte en tous points du théâtre avec une puissance décuplée. L'amplification naturelle avant les machines électroniques. Et la confirmation que la plus belle esthétique est toujours la plus efficace.
Le temps d'un lent parcours tortueux au coeur de la Sicile de cinéma (Corleone, Prizzi), pour constater à nouveau que tant de douceur au Sud peut abriter tant de violence (révolue manifestement puisque le village de Corleone vous accueille avec ce panneau officiel : Corleone, capitale mondiale de la légalité, ce qui laisse tout de même rêveur, à tout point de vue), et voici Agrigente.
On hésite, devant le temple de la Concorde, entre un tableau de Chirico et l'affiche du film de Wenders les Ailes du désir. Et finalement, devant le beau visage de l'ange aux yeux fermés, on opte pour Antoine Blondin : l'homme descend bien du songe.
Posés sur de petites collines qui s'ouvrent sur la mer et que surplombent les montagnes, les temples prennent leur temps. Ils ont tout le temps. Et comme au cinéma, l'écran s'éclaire quelques instants pour que l'histoire puisse avoir lieu, peut être indéfiniment.
11:03 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : temps, temple sicile, agrigente, cinéma, littérature, voyage, vacances
08/11/2013
Un ange passe
Lorsque la lumière décline peu à peu, que le vert d'eau de la lagune se confond avec les suaves nuages qui enveloppent le ciel, que les passants passent sans que leurs pas ne marquent le temps, que les canaux font silence au défilé des barques, dans ce temps retrouvé d'on ne sait quand, un ange passe.
Un proverbe québecois dit que lorsqu'on rêve d'un ange, on voit ses ailes. Au détour d'un pont, les anges modernes de la réclame, messagers de la 4G, valident la proposition.
Mais il en va des anges comme des hommes, innombrables et tous différents. Laissons à leur commerce ces anges modernes et retournons aux anges anciens, messagers de l'amour et de la révélation.
Diable, que voilà un langage direct, décidément, à qui se fier. A Melville peut être : "Si tu gouvernes le requin en toi, tu seras un ange ; car les anges ce n'est rien de plus que des requins bien gouvernés". Amis anges et requins, bonne fin de semaine.
10:04 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ange, requin, venise, vacance, melville, littérature, photo, canal, temps
15/09/2013
Echappée
On peut toujours sauter dans un train pour Arles afin d'échapper aux pluies venues de l'Ouest, qui ne balaient pas ce Sud là, mais décidément on ne peut échapper au Japon. Et si l'on ne partage pas l'enthousiasme un peu convenu à l'égard des grands tirages de Hiroshi Sugimoto, en revanche les obsessions foisonnantes de Daido Moriyama excitent les sens sans retenue.
Et c'est un nouveau clin d'oeil au Japon que la fête du riz, pour laquelle le bel Onyx pose tout de blanc vêtu devant un rouge qui rappelle le drapeau japonais.
C'est le risque avec le soleil : l'hallucination vous guette qui, couplée au rêve permanent japonais, fais que l'on ne s'étonne guère de voir apparaître un escalier volant.
Ont-ils empruntés cet escalier les Evêques de Christian Lacroix qui, tels des Shoguns, abusent de la terreur au nom de la paix de Dieu.
Faut-il vraiment sortir du rêve ? à la pause qui s'impose, c'est Saul Leiter, croisé au printemps à Vienne, qui colorie un clin d'oeil sur les vitres du cafés.
La photo, comme la peinture, c'est avant tout de la lumière. Ce dont nous avons tant manqué depuis le début de l'année. Nul doute que pour compenser, il faudra d'autres échappées.
01:32 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arles, photo, rencontre, soleil, pluie, temps, météo, week-end, sud
16/06/2013
Trouple
Les voilà. Ils sont là. Les beaux-jours. Les bodegas germent comme des herbes folles sur le pavé. Face à Bercy, dont le froid rectangle unijambiste rappelle que les occupants ont la religion de la raison mais guère celle du corps, on a installé les transats, les planches de charcuterie et de fromage et les rythmes du Sud. Pas de choc de compétivitité, de simplification, de confiance, juste un choc de cultures. Qui ramène vers le Sud et ce bel ouvrage de Claude Llabres "Toulouse mon amour" dans lequel on peut découvrir ce beau trouple.
La photo date du début des années 90, signe que le mariage pour tous est finalement encore en retard. Il suffit de se souvenir de Max Ernst, Paul Eluard et Gala, ou pour une autre configuration, de Sartre Beauvoir et Olga. Michel Serres le rappelle régulièrement : les politiques, contrairement à ce qu'ils pensent, sont toujours en retard sur la société. Il est loin le temps de Jules et Jim. Aux temps troubles, préférons le temps qui laisse venir le trouple.
13:52 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : trouple, toulouse, photo, sud, photographie, société, temps, soleil
06/04/2013
Ombre et lumière
Avouez que pour un pays champion de la consommation du médicament prozaïque, dont la dépression est la seconde nature, nous vivons une période, comme diraient les grammairiens, de concordance des temps : le froid, la pluie, la neige, la crise économique, la crise politique, le chômage, les licenciements, le ministre du budget qui fraude, le président nord-coréen qui confond ses jouets et les missiles nucléaires, la grippe aviaire qui repart en Chine, Carla bruni qui sort un nouveau disque et le Stade Toulousain qui est éliminé des compétitions européennes. Dans cette grisaille ambiante, on guette en vain le rayon de soleil, le coin de ciel bleu qui pourrait annoncer qu'un jour la chenille deviendra bien papillon.
Hé oui, tout le monde est susceptible de muter, tout individu est potentiellement schizophrène (Jacques, ami psychanalyste, si tu me lis peux-tu confirmer ?) et porte en lui les possibilités inverses. Et dans certains cas, comme s'emploie à le démontrer Cahuzac, peut mettre autant de sincérité à traquer les fraudeurs que d'énergie à frauder lui même. Et à propos de sincérité, un petit commentaire juridique, pour vérifier que l'ombre n'est pas très loin de la lumière.
Connaissez-vous la différence entre la fraude fiscale et l'optimisation fiscale ? la fraude c'est quand on se fait prendre ou quand on a pas un conseil suffisamment habile pour faire ce que l'on veut en toute légalité. Le Monde nous apprend ces jours ci comment la Société Générale, BNP Paribas ou encore Goldmann Sachs font la différence entre les deux (voir par exemple ici). A propos de Goldmann Sachs, c'est la Banque qui a longtemps conseillé la Grèce pour l'aider à dissimuler ses déficits. Amusant lorsque l'on voit aujourd'hui les anglos-saxons se déchaîner contre Chypre. Cette manie de mettre en cause les pays du Sud est plaisante lorsque l'on consulte la liste des paradis fiscaux, dont la majorité se trouvent sous domination britannique et dont quelques uns ne sont pas dans la méditérannée mais dans des mers qui se trouvent au nord de la Loire, tels Jersey ou Guernesey ou encore l'île de Man (voir ici les ombres et lumières britanniques). Mais le voile d'ombre restera jeté sur ces paradis du nord, tandis que l'on mettra en lumière ceux du Sud. Après tout, ils ont le soleil, il faut bien qu'ils en paient le prix.
12:06 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paradis fiscal, fraude, fisc, cahuzac, économie, politique, ombre, soleil, prozac, france, dépression, temps
18/03/2013
Gelé
Pas un pas qui ferait crisser la neige. Pas un engin à moteur à l'horizon. Pas de pépiements d'oiseaux, toujours blottis dans leurs abris. Pas encore de lent goutte à goutte des premières fontes. Rien. De nouveaux paysages dessinés au crayon blanc, un silence inattendu, un temps à l'unisson qui devient immobile tant il ne se passe plus rien. S'il n'y avait certaines situations dramatiques, on en viendrait à souhaiter ces périodes qui bousculent tous les rythmes et toutes les habitudes. Qui nous encouragent à d'autres perceptions. Qui nous laissent dans un temps figé, gelé.
Est-ce que ces campagnes pétrifiées ont inspiré les magistrats de la Cour de cassation ? Il faut le croire car ils ont rendu le 13 février une décision qui créé un très proustien temps suspendu entre deux élections. Il s'agissait de déterminer si, dans les entreprises dotées de plusieurs établissements qui élisent leurs représentants à des dates différentes, il fallait calculer en continu la représentativité syndicale ou bien uniquement en début de cycle. C'est cette seconde option qu'ont retenu les juges. Ce n'est donc qu'au bout de quatre ans, que l'on reprocèdera au calcul de représentativité des organisations syndicales. Ce qui renforce d'autant l'enjeu du premier tour des élections, car leurs résultats figeront une situation pour 4 ans. Quelles que soient les évolutions ultérieures et les élections intermédiaires.
Peu importe que la neige ait fondu, que les routes soient de nouveau praticables, que ce véhicule englouti par la mousse blanche retrouve sa conductrice, rien ne changera jusqu'à ce qu'un nouveau cycle électoral complet ne soit entamé. Les juges, maîtres du temps à défaut d'être maitres du temps.
00:23 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élection, syndicat, représentativité, temps, neige, proust, travail, juge
26/01/2013
Et soudain, les mouettes
Votre agenda est saturé, les mails s'entassent, les réunions s'enchaînent, les sollicitations sont multiples, vos relations vous reprochent votre peu de disponibilité, vous ne vous souvenez plus du dernier film que vous avez vu (je parle de cinéma, pas de l'intrusive télévision) et l'on ne parle même pas du dernier livre. Peut-être que ce rythme vous rassure, peut être qu'il vous fatigue, pas impossible qu'il vous angoisse. Si de temps en temps vous vous demandez si vous êtes vraiment présent à vous même, alors faites un pas de côté, changez vos chemins habituels, osez le nomansland, vous y trouverez certainement un improbable banc sur lequel il ne faut pas hésiter à s'installer.
Que fait-il là, en un lieu où nul ne vient s'asseoir, ou personne ne passe guère, qui a pris l'initiative de poser quelques morceaux de béton pour former ce support publicitaire ? à moins qu'un complotiste ne vienne vous glisser à l'oreille que les chiffres affichés ne sont pas innocents, peut être l'annonce d'une nouvelle fin du monde.
Vous souhaitez un cadre plus bucolique ? c'est possible aussi. Vous pouvez en ce lieu écouter l'herbe pousser. Plus personne n'y passe et Dieu sait ce qu'il s'y est passé. Mais peu importe, tout ce qui compte c'est d'être en un lieu inhabituel, où vos repères s'effacent, votre quotidien s'estompe, vos habitudes ne vous servent plus à rien. Vous craignez d'être désorienté ? alors fermez les yeux et laissez faire. Peut être apercevrez-vous, tout d'un coup, les mouettes.
Voilà un remède contre l'hiver qui s'installe, le froid qui rabougrit et enferme, la créativité qui s'étiole, le temps saturé : un lieu improbable, un banc, les yeux fermés et la venue des mouettes. Mieux que le Lexomil et tous ses petits amis. Une manière d'éviter la déprime de février et d'être prêt pour quand viendra le printemps.
13:35 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nomansland, photo, mouette, temps, agenda, déprime, lexomil, hiver, printemps
07/12/2012
L'énigme de la dernière toile
La neige déforme les paysages et le temps. Voici donc avec un peu d'avance la chronique de week-end, en réponse à l'invitation d'Esteban de commenter "Les comédiens", dernière toile de Hopper peinte un an avant sa mort. Pour autant, quelle lecture avoir de cette toile saturée de symboles : le blanc, le théâtre, le rideau de scène, les costumes, les gestes. L’explication traditionnelle, de la dernière toile d’Hopper, le dernier salut ou l’artiste tirant sa révérence, est un peu courte. L’essentiel de la scène est tout de même la présentation de la dame blanche qui s’est toujours effacée derrière l’artiste, alors que lui n’a cessé de la mettre au devant de la scène dans ses peintures.
Hopper - Deux comédiens - 1966
L’énigme de cette dernière peinture est de trop ressembler à une dernière peinture, dans cet univers fantomatique qu’est celui d’Hopper. Si, lors de la scène finale est venu le temps du dévoilement, alors peut être que ce sont de véritables fantômes qui nous sont présentés. Ceux qui viennent vous saluer en cette année 2012 ne sont plus là depuis longtemps. Et c’est en pensant à ce futur que n’habiteront pas ceux qui vont se retirer du monde qu’Hopper a peint sa toile. Pas de public en face de cette improbable scène au rideau de verdure. Ce n’est pas un adieu au monde et à la peinture, c’est au contraire l’affirmation de sa permanence, au-delà de l’artiste. Le rire est celui du clown blanc : tragique, parce que la fin est là, et farceur, parce que ce n’est vraiment pas une raison d’en faire tout un plat. Voici la pirouette finale d’un peintre qui ne manquait pas d’humour : « Hé oui, ces personnages rigides qui hantent mes toiles et semblent faire partie du décor étaient bien vivants. Comme vous qui avez parfois la même rigidité qu’eux. Et nous, qui ne sommes plus là, sommes toujours bien vivants, par votre regard, sur la toile. Nous nous présentons grimés mais c’est tout le tableau qui est ainsi grimé. Sous couvert de blanc, de transparence, de déploiements de symboles trop évidents, nous ne dévoilons que nos masques de sourire. Vous pensez que nous vous saluons, mais nos mains se répondent et ne saluent que nous-mêmes. »
Tout cela, au fond, n’est qu’une histoire de couple. L’artiste est heureux de la présence éternelle de la peinture et surtout de sa dame blanche. Alors on se dit que ce tableau, et peut être quelques autres, n’a pas été peint pour nous, mais pour elle.
09:51 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : hopper, peinture, théâtre, week-end, neige, temps
11/11/2012
Le temps retrouvé
Les tribunaux français ont toujours validé la règle du "pas pris, perdu" en matière de congés payés. Selon ce principe, une entreprise est autorisée à supprimer les congés payés non utilisés par le salarié à la fin de la période de prise. Encore faut-il que le salarié ait eu la possibilité d'exercer ses demandes et que l'employeur n'y ait pas fait obstacle.
Ce principe français a déjà subi les assauts de la Cour de Justice des Communautés Européennes (CJCE) soucieuse de garantir à chaque travailleur salarié de l'Union les 4 semaines de congés payés que le droit européen considère comme intangibles (voir ici). Sans doute agacée de devoir toujours appliquer avec un temps de retard des jurisprudence européennes garantissant les droits des salariés, la Cour de cassation semble, cette fois-ci, avoir pris les devants. Avec la décision adoptée le 31 octobre dernier, la recherche du temps perdu se transforme un peu plus en temps retrouvé.
La Cour de cassation était saisie d'une demande d'une salarié qui reprochait à son entreprise de n'avoir pu bénéficier de ses congés payés. La société avait obtenu gain de cause devant les prud'hommes au motif que la salarié n'avait pas présenté de demande et qu'elle ne pouvait justifier de refus de la part de l'employeur. La Cour de cassation inverse le jugement : se référant expressément à la directive européenne du 4 novembre 2003, elle considère que l'employeur doit permettre aux salariés de bénéficier effectivement de leurs congés payés et qu'en cas de contestation il lui appartient de démontrer les diligences accomplies en ce sens. Impossible donc de rester passif et d'attendre que s'applique le fameux "pas pris, perdu".
On en prenait lentement mais sûrement le chemin, cet arrêt est une étape de plus : au moins pour ce qui concerne le congé principal (4 semaines), l'employeur a l'obligation d'être pro-actif et de fixer des dates de congés pour le salarié ou de lui rappeler qu'il doit fixer de telles dates. A défaut, il ne sera plus possible de passer un coup d'éponge sur les compteurs. Puisse ce temps retrouvé être favorable aux jeunes filles en fleur. Bon lundi à tous.
22:30 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : congés payés, droit du travail, droit, jurisprudence, proust, temps, littérature, emploi, travail
05/11/2012
Vacance(s)
Les vacances s'allongent, allez-vous les passer allongés ? allez-vous garder le rythme ? En ces temps de vacances, la vacance est votre quotidien. Votre emploi du temps s'ouvre à vous et vous laisse face à l'éternelle question :
Faut-il persister à emplir le vide dont le temps fait sa consistance ? Si l'interpellation suscite en vous un instant philosophique, Parménide vous guide : l'être est, le non être n'est pas. Vous en concluerez que, comme en matière juridique, le vide n'existe pas et qu'il n'est qu'un leurre ou une facilité. Alors vous pouvez vous abandonner à ce qui emplit l'espace : le soleil, l'air, la mer.
C'est lorsque toute intention a disparue, toute émotion s'est tue, que la nouveauté peut apparaître. Ici, elle frappe à la fenêtre pour rappeler que les toiles de Rothko sont des portes ouvertes qu'il suffit de franchir. Ni le courage ni la peur ne sont nécessaires. Mais un peu d'abandon.
Ce que vous découvrez, vous avez comme toujours l'impression de le connaître déjà tout en ayant le sentiment profond de n'avoir jamais rien vu de tel. Pas de doute, vous êtes au bon endroit.
Et pour ceux qui supporteraient mal de voir disparaître la part d'ombre, ces zones obscures qui les fascinent tout en les dévorant, il suffit d'attendre le clin d'oeil du soir.
Ombre ou soleil, vous avez toujours le choix du côté vers lequel vous souhaitez regarder. Au besoin, il est des regards qui peuvent vous aider à choisir.
Et c'est ainsi que l'actualité attendra demain. Bon lundi à tous.
15:24 Publié dans EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mer, soleil, ciel, nature, normandie, photo, photographie, vacance, temps, parménide
02/05/2012
Pause
Le joli mois de mai du printemps tardif, des drapeaux au soleil, de l'herbe fraîche, des pas ralentis. Repos actif disent les sportifs : pour régénérer corps et esprit, surtout ne pas s'arrêter mais changer de rythme. Modifier son rapport au temps en prenant le temps qui, merveille, ralentit lui aussi. Vous allez moins vite, le temps est plus long. Paradoxal ? tentez l'expérience.
Et dans ce temps étendu, si vos pas vous portent vers Degas et le nu, au Musée d'Orsay, lieu de tous les départs, ne résistez pas. Les toiles ici réunies ne le seront sans doute plus avant longtemps, raison de plus pour y passer un peu de temps. Une pause, avant un nouveau départ.
12:01 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : degas, temps, pause, mai, vacances, travail
13/04/2012
Retrouver le temps
Fugit tempus : le temps qui passe et nous échappe est comme le vent d'autan, un ennemi que l'on ne peut saisir et qui met nos nerfs à rudes épreuves. La seule vraie question philosophique serait d'ailleurs celle du rapport au temps : son infinitude dans l'absolu et sa finitude pour l'être humain. Qui maîtrise le rapport au temps, sait jouer avec ses variations et ne s'offusque de son insaisissabilité, sait sans doute ce qu'est la sérénité. Vénus et Cupidon peuvent alors se retrouver sans craindre le temps et ses méfaits.
Bronzino - Vénus, Cupidon et le Temps
Dans le flot des rapports et propositions sur la formation professionnelle, il est question d'argent, beaucoup, de dispositifs, souvent, de gouvernance, régulièrement, et de divers autres sujets. Mais il n'est quasiment jamais question du temps. Le temps, c'est pourtant la condition de base de la formation. Le temps de l'apprentissage, le temps de l'appropriation, le temps de la transformation de soi qui accompagne toute véritable formation. C'est peut être en partant du temps que l'on a quelques chances de construire des systèmes solides et durables. La chronique écrite pour l'AEF avec Jean-Marie Luttringer s'efforce d'indiquer pourquoi c'est en prenant le temps de réfléchir au temps que l'on avancera le plus vite.
00:13 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : formation, élection, projet, éducation, temps, philosophie, ressources humaines
11/04/2012
Temps nouveaux
Parfois, question de moments ou de lieux, le temps n'est plus tout à fait le temps. La continuité linéaire et horlogère qui rythme notre vie a des hoquets. Le temps ne passe plus, ou plus de la même manière, ou alors il vous projette dans un temps que vous avez l'impression d'avoir toujours connu, un temps permanent qui n'est pas l'éternité mais beaucoup mieux que cela. Ou alors au contraire vous est offert un temps inconnu, dans lequel vous vous installez spontanément. Et que vous voudriez voire durer longtemps. Un temps du Sud. Un autre temps.
Ce temps qui n'appartient à rien de connu, il arrive aux magistrats aussi de le rencontrer. Dans une affaire jugée le 22 mars dernier, une salariée s'était vue proposer avant le début de son contrat de travail une formation de deux semaines lui permettant de se familiariser avec les méthodes de l'entreprise. Son contrat ayant été prématurément rompu, elle demanda la requalification de cette période de formation en période de salariat. Refus des juges, ce temps de formation ne s'est pas traduit par la production d'un temps travaillé pour l'employeur, il ne pouvait donc recevoir la qualification de temps de travail. Le seul fait d'être dans une formation payée par votre futur employeur ne fait pas de vous un salarié par anticipation.
Au-delà du cas d'espèce, cet arrêt est une contribution des juges à un processus qui semble s'accélérer : le découplement du temps de travail et du temps de formation et la création d'un temps de formation constituant une qualification à part entière et dont le régime serait distinct de celui du travail. Le chemin entamé avec le développement des multiples possibilités de se former en dehors du temps de travail s'ouvre donc à de nouveaux horizons, ceux des temps nouveaux.
00:25 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : formation, temps, photo, jurisprudence, droit, travail, éducation