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15/11/2012

Encore des lyonnaises !

On se souvient de Florence, Céline et Sandrine, les trois juges du TGI de Lyon qui ont condamné la Caisse d'Epargne pour un système de management générateur de stress (voir ici). Voici maintenant un nouveau trio lyonnais, ou plutôt un nouveau trio de lyonnaises, magistrates à la Cour d'Appel de Lyon : Nicole, Hélène et Marie-Claude. Les prénoms laissent deviner une moyenne d'âge un peu supérieure aux précédentes, mais quant aux décisions, ça décoiffe tout autant. Pour la première fois, une faute inexcusable est reconnue à l'encontre d'une entreprise de travaux publics en raison du décès, suite à un cancer, d'un salarié chargé de la pose d'enrobés (bitume). La société a, un peu maladroitement, essayé de se défendre par un discours assez général sur les conditions de travail dans les travaux publics et le fait que finalement pour poser du bitume il faut nécessairement l'approcher et être exposé au soleil puisque ces activités se réalisent essentiellement pendant les périodes d'été. Le trio de magistrate n'a guère entendu ces arguments, renvoyant l'entreprise à ses obligations.

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Lucas Cranach - Les trois Grâces

Voilà dix ans que toute entreprise doit élaborer un document unique d'évaluation des risques professionnels. Lequel consiste en un diagnostic exhaustif des risques auxquels sont exposés les salariés du fait de leur activité. Le point clé du jugement est le refus de l'entreprise de produire ce document en justice, ce que les trois magistrates ont traduit comme une absence totale de travail d'évaluation, d'où l'inexorable faute inexcusable. Les motivations des juges constituent à ce titre un rouleau compresseur qui n'a rien à envier à ceux qui aplanissent les enrobés. Voilà des années que j'attends, et ces décisions ne font qu'attiser mon impatience, qu'un sociologue se penche sur les évolutions de jurisprudence depuis que les femmes ont remplacé les hommes sous les robes noires. Après la justice de classe, on découvrirait peut être une justice de sexe.

CA Lyon - 13 novembre 2012.pdf

28/09/2011

Ne traitez pas les risques psychosociaux...

...traitez les risques générés par les activités qu'exercent vos salariés. En imposant aux entreprises de plus de 1000 salariés de négocier sur les risques psychosociaux, le gouvernement leur a rendu un mauvais service sans que cela en constitue un meilleur pour les salariés.

Depuis 2001, toute entreprise a l'obligation de mettre en place une évaluation des risques professionnels. Le B.A BA de l'évaluation consiste à partir de la réalité de l'activité, et non des risques. Tous les professionnels de l'évaluation des risques recommandent de ne pas conduire un travail à partir de risques qu'il suffirait de cocher mais de se livrer à une véritable analyse du travail. Mesurer les indicateurs de risques psychosociaux dans l'entreprise (stress, climat social, anxiété,...) c'est mesurer l'effet en ignorant la cause. Première étape nous dit-on, les causes viendront après. Trop tard, le chantier labyrinthique sera ouvert et ne pourra plus être refermé.

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André Masson - Le chantier de Dédale - 1940

Que faire alors ? lorsque l'on travaille sur les risques professionnels, on analyse l'activité à  travers cinq domaines : 

- les lieux de travail (inclutant les déplacements) ;

- les outils, produits, machines utilisés dans le travail ;

- l'organisation du travail ;

- les relations dans l'entreprise (management, climat social, comportements au travail...) ;

- les relations avec l'extérieur (clients notamment).

Avec ces cinq domaines, on couvre l'ensemble de l'activité des salariés. Pour ne parler que du stress, si l'on s'en tient à sa définition officielle, à savoir "le sentiment pour le salarié de ne pas avoir les moyens de réaliser ses activités", il peut apparaître dans les cinq domaines : déplacements trop nombreux ou dans des délais trop courts, absence de maîtrise des outils ou matériels, organisation du travail inadaptée, relations conflictuelles, agressions des clients, etc. Mais une analyse exhaustive de l'activité commencera par travailler sur les causes avant de s'intéresser aux effets. La condition du succès ici, comme souvent d'ailleurs, est de partir de la réalité, du travail et de ses modalités d'exercice. Si l'on part du risque, on s'enfonce dans le labyrinthe avec une forte probabilité de s'y perdre. Mais après tout, peut être est-ce un objectif, ce qui permettrait de dire que l'on agit en étant bien persuadé que le plus souvent rien ne sort du labyrinthe.

20/04/2010

Le mort ne risque rien

La mer risque de revenir ? on rase. Les poussières des entrailles de la terre furètent dans l'air ? on ferme. Et si la grippe H1N1 se répandait ? et si elle mutait ? vite, 1 vaccin par personne et obligation pour toutes les entreprises de France et de Navarre de mettre en place un plan de continuation d'activité, juste avant qu'elles ne se mettent en chômage partiel, sauf les laboratoires pharmaceutiques cela va de soi. Le principe de précaution a lui déjà muté en principe de risque zéro absolu. Comme on le sait, le seul moment où l'homme ne court plus aucun risque, c'est lorsqu'il est mort. A défaut, et par nature, il s'expose.

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Le souffle-énergie : le Qi

A propos d'exposition, vous avez jusqu'au 5 juillet pour prendre le temps de visiter les Galeries nationales du Grand-Palais qui présentent : "La voie du Tao, un autre chemin de l'être". On y apprend que la vie est énergie, que l'énergie est souffle, que lorsque ce souffle est lourd et dur il vient de la terre et des hommes, c'est à dire de ce qui disparaîtra, et que lorsqu'il est léger et subtil, il vient de l'air et du ciel. Ce qui subsistera. Vous pourrez aussi y découvrir que "Le renom suprême est le renom auquel on a pas travaillé. Le renom auquel on a travaillé vient après". Inaudible pour un homme, ou une femme, politique du début du XXIème siècle. Dépêchez vous avant qu'il ne s'en trouve pour estimer qu'il faut interrompre cette exposition car  fréquenter de telles pensées, ce n'est pas prudent. Preuve que c'est vivant.

28/12/2009

Question de perspective

La perspective est cet art qui permet de figurer trois dimensions sur un espace bidimensionnel. Trois dimensions en deux : autant dire du faux pour faire du vrai. Pour rendre une perspective réaliste, il est nécessaire de fausser la représentation sur la toile et de figurer une profondeur qui n'existe matériellement pas. Par cet artifice, le tableau devient réaliste. Passer par le faux pour aboutir au vrai, cela pourrait être une définition de l'art. Pour illustrer, autant choisir les maîtres et parmi eux celui qui associe technique, grace, idéalisme et poésie, j'ai nommé Fra Angelico.

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Fra Angelico - Annonciation - 1430
Modifier la représentation pour mieux cerner la réalité, tel est également le travail d'analyse de tout responsable des ressources humaines. A cet égard, me revient le travail de cet étudiant en ressources humaines sur les convoyeurs de fond. Comment favoriser la prévention des risques chez les convoyeurs de fonds ? tout d'abord en analysant leur perception du risque, en mettant en perspective en quelque sorte ce que veut dire risque pour eux. Et en faisant un travail de terrain et de fond l'on s'aperçoit que pour d'anciens militaires ou policiers, voire mercenaires, le travail de convoyeur de fonds est davantage assimilé à une maison de retraite confortable qu'à un métier dangereux. Ce qui, on en conviendra, est susceptible de modifier les actions que l'on souhaite mettre en place pour prévenir les risques. La politique de la peur, en ce domaine comme tant d'autres, s'avère un piètre argument : peu de convoyeurs ayant l'impression d'avoir négocié une préretraite seront sensibles à la diffusion de la peur de l'aggression comme motivation pour appliquer les consignes de sécurité.
Avant de conduire une action en ressources humaines, peut être faut-il, à l'instar de Fra Angelico, prendre le temps de se pencher sur les lois de la perspective.