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03/02/2016

I comme...INTERACTION

Un peu de sociologie éloigne du droit, beaucoup de sociologie y ramène (Maurice Hauriou)

  Maurice Cohen est docteur en physique et en mathématiques, spécialiste de l'intelligence artificielle. Il est l’auteur de plus de 250 publications scientifiques et a résolu plusieurs problèmes mathématiques considérés comme « impossibles », telle l’équation de Poincaré. Il est également peintre.

Il procède de la même démarche créatrice pour résoudre une équation mathématique et réaliser une toile :

"Si l’on n’est pas philosophe, un peu poète, on ne peut pas aller très loin dans le domaine de l’intelligence artificielle. Le monde est non linéaire et les plus grands problèmes ne peuvent être résolus par un système cartésien. L’art nous force presque à penser hors de cette logique cartésienne. C’est après trois semaines de peinture intensive que j’ai résolu le problème de Poincaré qui date du XIXe siècle."

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Nature ou culture ? 

Le travail de Maurice Cohen nous invite à deux questions. L'une spécifique à son activité : qu'est-ce qu'un chercheur et comment s'effectue un travail de recherche ? Avec de la technique, de la méthode, de la discipline et de la créativité. Si l'on veut décrire les compétences du chercheur, les trois premiers points ne poseront pas, trop, de problème. Le quatrième est moins évident. Il nous fournit pourtant une des clés : la créativité c'est la capacité à faire des liens qui n'ont jamais été faits et à disposer d'un état d'esprit suffisamment libre.

La deuxième question est plus générale : que nous apporte l'art ? Christian de Portzamparc, l'architecte de la cité de la Musique à Paris et de l'immeuble Vuitton à New-York affirme: "Lorsque je lis de la poésie, de la littérature, lorsque je m’intéresse à la psychanalyse, à la peinture, à la sculpture, je ne considère jamais que je m’éloigne de mon métier".

Le détour artistique ? Un moyen de penser un peu au-delà de notre pensée habituelle.

26/08/2013

Etre de savoir

Marronnier de l’été, le thème de la connexion maintenue pendant les vacances fait le tour des journaux et télés. Chronique d’une psychanalyste, il faut au moins ça, sur une radio expliquant que l’incapacité à rompre totalement avec son job tenait à la fois à des facteurs psychologiques, la peur du vide, du face à face avec soi-même et avec ses désirs, et à des facteurs sociaux, la pression au travail et la crise. Soit la peur et l’angoisse, les deux mamelles du psychologue. Rien sur le rapport à la technologie, la rupture des  frontières traditionnelles dans la vie postmoderne et encore moins sur le plaisir, puisque pour certains c’est au travail que cela se passe. Mais passons. Ce qui retenait l’attention, c’est que la chronique s’appelait « savoir-être ». Il faut déjà subir le jargon pseudo-pédagogique dans le milieu, si en plus il se banalise…

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Savoir être deux

Savoir être n’est finalement que la reprise d’une vieille formule, lorsqu’il s’agissait « d’apprendre à vivre », avec les mêmes présupposés du savoir qui précède l’être et du comportement qu’il importe de normer. Pas besoin d’y réfléchir très longtemps pour juger de la prétention de celui qui voudrait  apprendre à être à autrui. Il est vrai qu’il est plus facile de tenter de manager les savoir être que les êtres de savoir que nous sommes.  Quant à admettre que la plupart des savoirs sont inconscients et incorporés, autant vouloir nier deux siècles de scientisme. Et voilà pourquoi, hélas, on en a certainement pas fini avec la tarte à la crème frelatée du savoir être.

26/09/2011

Les non-spécialistes

Ils partagent d'avoir été juristes, magistrats, voyageurs, propriétaires de domaines que leurs femmes administrèrent, juristes, écrivains, philosophes. Ils vécurent tous deux en un château sis au milieu des vignobles, à quelques lieues de Bordeaux. L'un fut confié tout enfant à des paysans pour être au contact de la vie rude et l'autre se vit donner comme parrain un mendiant pour les mêmes raisons. L'un fut également homme de sciences et l'autre homme politique. Rangés tous deux dans la catégorie des humanistes, ils vécurent avant que les classifications ne gagnent les sciences et les arts et pour finir le savoir tout entier. Montesquieu, le plus proche de nous, participa à la rédaction de l'Encyclopédie qui est la dernière marque de cette volonté d'un savoir unifié à la disposition de tous.

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Chateau de la Brède - Demeure de Montesquieu

Montaigne, comme Proust le fera plus tard, conçut le projet de se peindre lui-même en société pour mieux nous faire connaître les hommes. Par le singulier, l'universel nous est dévoilé sans qu'il soit nécessaire d'emprunter le pénible chemin des généralités.

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Tour de Montaigne

Aucun des deux ne fit partie des Lumières, nés trop tôt, mais ils en furent des aubes lumineuses. Après, vint le 19ème siècle et la technique qui entraîna les savoirs dans le puits de la spécialisation. Terminé les humanistes qui embrassent les disciplines et rassemblent les connaissances en de jaillissantes synthèses : voici venu le temps des spécialistes qui savent presque tout sur presque rien et réduisent leur pensée à chaque fois qu'ils pensent la pousser plus loin. Le savoir disciplinaire consacre la mort du savoir. Si vous en doutez, entrez quelques instants dans le Chateau de la Brède et dans la Tour Montaigne, l'esprit des lieux vous soufflera qu'aujourd'hui encore plus qu'hier il vaut mieux tête bien faite que que tête bien pleine.