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18/08/2016

La nature imite l'art (II)

Il suffit de varier un peu les chemins. 

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Et d'ouvrir un peu le regard. 

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D'aller voir dans le sable...

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...dans les pierres...

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...dans les mangroves...

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...suivre l'eau...

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...revenir vers la plage...

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...traverser la rivière...

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...retrouver le sable...

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...et regarder le soleil se coucher après avoir déposé la dernière touche de peinture. 

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02/08/2016

Les apôtres et les autres

Au Sud de l'Australie, on peut aller à la rencontre des 12 apôtres. Ces pans de falaise découpés par la houle, sculptés par les vents, érodés par l'acidité du sel, déchirés par les tempêtes, promis à une disparition prochaine, lorsque le temps et les éléments auront arasé ces excroissances éphémères. 

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Ephémères car il suffit de se mettre à la véritable échelle du temps. Celle de l'histoire ou celle du temps géologique. Pas facile à l'époque des chaines d'actualités en continue et du robinet permanent de l'information qui sanctifie le présent et abolit toute dimension temporelle. Les douze apôtres nous rappellent que la pensée se déploie dans le temps et qu'elle n'est rien dans l'instant. 

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A la National Gallery de Melbourne, on peut prendre le temps devant un autoportrait aux douze apôtres de Greg Semu. Cette photographie grand format appartient à la série "The last cannibal supper...cause tomorrow we become christians". Elle illustre avec humour la tragédie de l'évangélisation des populations du pacifique et donne un écho particulier aux paroles du Pape François. 

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Tous ceux qui estiment que les migrants devraient abandonner à la frontière leur culture, leurs habitudes, leurs repères et s'assimiler illico-presto, pourraient s'essayer au temps long et se souvenir de la manière dont l'évangélisation a respecté les cultures locales en Amérique, Afrique ou Océanie. Dire cela ce n'est pas égaliser les cultures ni les valeurs. Encore moins établir une quelconque culpabilité, chacun n'est comptable que de ses actes, pas du passé. Mais ce n'est jamais en niant le passé que l'on peut penser, et agir, dans le présent. 

01/05/2016

Ah oui, c'est comme l'autre là...

C'était un de mes premiers travaux sur l'évaluation. Il s'agissait de dispositifs individualisés, en tout cas présentés comme tels. Et je devais évaluer. J'ai commencé par prendre une feuille blanche, un stylo (ça fait un peu daté, mais c'est comme ça) et lister toutes les possibilités d'évaluation. Je suis arrivé à 10 : la satisfaction, la mesure d'écart par rapport au cahier des charges, le benchmark, l'évaluation sommative, l'évaluation acquisitive,  les compétences utilisées, la réunion des conditions de réussite, l'amélioration de la performance, les effets non prévus, les dynamiques générées. Je présente le tout à un collègue qui me dit : "Ah, tu as pris le modèle de Kirkpatrick et tu l'as détaillé...". Le modèle de qui ? Kirkpatrick j'en avais jamais entendu parler, j'avais juste pris ma feuille et essayé de faire un peu de logique. 

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Alain Garrigue - Babylone Spirit - 1997

De temps à autres, des zigues se plantent devant les tableaux d'Alain Garrigue, regardent mais voient sans doute peu car il a droit à des : "Ah ouais, tu fais des couronnes comme Basquiat, comme des petits chapeaux, et des têtes de mort aussi, ah c'est pas mal, ça rappelle vraiment Basquiat...". C'est fort Basquiat, un génie, pas de problème. Mais Alain quand il peint ses toiles, les génies, les pas génies et tous les autres, c'est pas trop la question. T'es quand même face à la toile, avec la peinture, les éponges, les raclettes, les grattoirs, les pigments, le papier, la térébenthine, et tout ce qui traîne dans les fioles, les pots, les bassines, les boîtes, les tables, les planches, les torchons et tout le bordel qui encombre l'atelier. T'es pas plus avec Basquiat qu'avec Picasso, Klee ou De Kooning. Bien sûr que tu es gorgé de tout lorsque tu peins ou que tu écris ou que tu prends n'importe quelle décision à la gomme, mais sur le moment, ta  seule préoccupation c'est de faire un truc qui se tienne, qui soit cohérent avec ce qui fais que t'es planté là et  tu te fous bien, au moment où tu le fais, de savoir si ça a été fait ou non et si le premier rigolo qui passe va te parler de Basquiat ou d'un autre. Et puis il suffit de bien regarder et ça se voit :  le chapeau c'est celui d'Henry Miller, parce qu'on a toujours fantasmé de lui soulever le galure pour savoir ce qu'il avait dans la tête. Et ça nous fait bien marrer parce qu'avant de savoir ce qu'il y a dans une tête, t'as quand même le temps d'en dessiner, des petits chapeaux !

28/02/2016

R comme...REPRESENTATIONS

Je ne peins pas une femme, je peins un tableau (Matisse)

L’expérience est simple, elle consiste à se placer à distance de l’auditoire, à montrer un œuf et à demander aux spectateurs ce qu’ils voient. Un œuf entend-t-on rapidement. Ce qui ne correspond pas à ce que l’on voit mais à ce que l’on connaît. Si l’on s’en tient à ce que l’on voit, il faut décrire un objet ovoïde, de couleur chair, de faible poids et d’apparence solide. Comme dirait Wittgenstein : « « Quand je vois un objet, je ne peux pas me le représenter. Quand nous nous représentons quelque chose, nous n’observons pas ». De l’autre côté de la planète, un chinois, Tchouang-Tseu, disait à peu près la même chose : « Quand on perçoit, on ne parle pas, quand on parle on ne perçoit pas ».

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Que voyez-vous ? 

C’est la raison pour laquelle il faut absolument éviter les audioguides dans les musées, car alors on n’observe plus, on ne perçoit plus, on ne voit ce qui nous est raconté et l’on devient incapable de toute observation.

Vous souhaitez regarder vraiment ? Oubliez tout, plus de connaissance, plus de préjugés, plus de projection : retrouvez ce moment où « l’œil existe à l’état sauvage » comme l’affirmait André Breton. Il faut juste ne pas avoir peur.

03/02/2016

I comme...INTERACTION

Un peu de sociologie éloigne du droit, beaucoup de sociologie y ramène (Maurice Hauriou)

  Maurice Cohen est docteur en physique et en mathématiques, spécialiste de l'intelligence artificielle. Il est l’auteur de plus de 250 publications scientifiques et a résolu plusieurs problèmes mathématiques considérés comme « impossibles », telle l’équation de Poincaré. Il est également peintre.

Il procède de la même démarche créatrice pour résoudre une équation mathématique et réaliser une toile :

"Si l’on n’est pas philosophe, un peu poète, on ne peut pas aller très loin dans le domaine de l’intelligence artificielle. Le monde est non linéaire et les plus grands problèmes ne peuvent être résolus par un système cartésien. L’art nous force presque à penser hors de cette logique cartésienne. C’est après trois semaines de peinture intensive que j’ai résolu le problème de Poincaré qui date du XIXe siècle."

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Nature ou culture ? 

Le travail de Maurice Cohen nous invite à deux questions. L'une spécifique à son activité : qu'est-ce qu'un chercheur et comment s'effectue un travail de recherche ? Avec de la technique, de la méthode, de la discipline et de la créativité. Si l'on veut décrire les compétences du chercheur, les trois premiers points ne poseront pas, trop, de problème. Le quatrième est moins évident. Il nous fournit pourtant une des clés : la créativité c'est la capacité à faire des liens qui n'ont jamais été faits et à disposer d'un état d'esprit suffisamment libre.

La deuxième question est plus générale : que nous apporte l'art ? Christian de Portzamparc, l'architecte de la cité de la Musique à Paris et de l'immeuble Vuitton à New-York affirme: "Lorsque je lis de la poésie, de la littérature, lorsque je m’intéresse à la psychanalyse, à la peinture, à la sculpture, je ne considère jamais que je m’éloigne de mon métier".

Le détour artistique ? Un moyen de penser un peu au-delà de notre pensée habituelle.

27/01/2016

F comme....FORMATEUR

Feu central

 

« Vive les vacances ! Fini les pénitences ! Les cahiers au feu, la maîtresse au milieu ! ». On connait la comptine aux paroles cruelles, qui délecte d'autant plus les enfants. Elle marque le début des vacances et pourrait bien constituer le seul moment où l'enseignant se retrouve au centre. Les récurrents débats sur l'autorité du maître, le respect du à son savoir disciplinaire et sa fonction d'enseignant ramenée à celle de raconteur, avec plus ou moins de talent, à une assemblée muette qui doit faire son miel de l'interminable discours et avoir le plaisir de poser des questions qui font valoir le maître dans les quelques interstices d’expression qu’il ne tolère que pour mieux s’affirmer, ces débats donc devraient être dépassés.

Je ne vois pas la...

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...cachée dans la forêt

La place de l'enseignant ou du formateur n'est pas au centre, au milieu, mais à la périphérie. Tournant autour du groupe, il peut l'observer et voir chacun. Passant des commandes, engageant à produire, apportant des informations, livrant des connaissances, invitant à en découvrir d'autres, imaginant des apprentissages, réagissant aux initiatives, découvertes et productions, le formateur, le maître, le professeur ou l'enseignant, selon la terminologie qui vous convient, n'oublie pas qu'il est au service de chacun et de tous et qu'il est là pour développer l'autonomie et non apprendre à exécuter. Il sait qu'à chaque instant son savoir est relativement plus pauvre compte tenu de la production incessante des connaissances. Il sait qu'il ne peut  lutter avec la technologie et les bibliothèques pour les apports d'information. Il sait que son travail est pédagogie.

Jacques Courtejoie est un enseignant belge dans une école des Beaux-Arts. Il enseigne la photo. Ou plutôt enseignait. Car il consacre aujourd'hui l'essentiel de son temps à rephotographier en polaroïd des tirages multiples entreposés qu'il retravaille ensuite à l'encre et à la peinture, puis qu'il épingle au fond d’une boîte noire tendue de velours. Tous ses fantasmes, tout son imaginaire et son visage également sont présents dans ses oeuvres à forte connotation autobiographique. Jacques Courtejoie s'est placé au centre de son oeuvre. Et même si ses travaux constituent des balises précieuses pour ses anciens étudiants, en se plaçant au milieu de ses productions et en oubliant de s’oublier, il a cessé d'être enseignant.

24/01/2016

E comme...EMPATHIE

Ça ne fait jamais plaisir d'apprendre que les gens qui sont d'accord

avec vous sont complètement siphonnés (Philip K. Dick)

 Dans les romans de Philip K. Dick, le blade runner distingue les humains des androïdes par leur capacité d'empathie. La capacité à comprendre les émotions ou états mentaux d'autrui, sans pour autant les partager, serait donc un des propres de l'homme. Rien d'étonnant, si l'on se souvient que le terme d'empathie a initialement été utilisé en esthétique pour définir la relation que l'on entretient avec une oeuvre d'art, pour accéder à son sens.

Pour ma part, j'ai toujours considéré, qu'en peinture comme en littérature, il était impossible d'accéder à la volonté de l'auteur, à supposer d'ailleurs que lui-même ait conscience d'une telle volonté. Achim d’Arnim posait la question de manière directe : « Ce que nous créons est-ce à nous ? ». Qui peut traduire sans trahir l’œuvre en son dernier état ? Jugez pourtant des efforts d'empathie pour apprécier cette peinture de Gerhardt Richter, lors de son exposition à Beaubourg.

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Pas besoin d'audioguide

L'empathie a quitté le monde de l'art pour intégrer celui du commerce et du management. Pas un référentiel de compétences de vendeur ou de manager dans lequel ne figure le fameux "Etre empathique", juste après l’encore plus récurrent « Avoir du charisme ». Mais ici, comprendre les émotions ou comportements d'autrui ne vise qu'à mieux identifier les leviers de manipulation management. Si j’en crois mes éminents collègues qui agissent dans le champ du management, la différence entre celui-ci et la manipulation ne tiendrait d’ailleurs pas aux techniques, souvent comparables, mais au système de valeurs de celui qui les utilise.

Ce qui nous permet de vérifier une fois de plus que ce n’est guère la compétence qui donne du sens à l’action, mais l'usage que l'on en fait.

14/11/2015

13 Novembre 2015

Les sculptures d'Emily Young ont, ce soir, le visage du présent. 

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11/11/2015

Multidimensionnel

Avec l'art contemporain, on a parfois l'impression de redécouvrir l'évidence, mais comme ce qui est évident est souvent ce qui est perdu de vue, ce n'est pas plus mal. A l'entrée de la Biennale de Venise, un panneau expose le récit d'une expérimentation réalisée avec la Clinique de San Diego (Etats-Unis comme son nom l'indique). Des adolescents ont été initiés, lors d'un camp d'été, à la chirurgie robotisée. A la fin du camp, la plupart étaient capables de piloter une hystérectomie, une cystostomie ou de réparer une valve artérielle. Deux sont parvenus à pratiquer une revascularisation cardiaque. 

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Voici donc des robots, construits après de longues années d'études, qui mettent à disposition d'enfants des gestes professionnels normalement acquis après de longues années d'études. On en conclura une certaine déprofessionnalisation des chirurgiens,  non pas "sèche" comme disent les sociologues mais s'accompagnant d'un déplacement de la professionnalité : maîtrise de nouveaux outils, participation à l'invention de ces nouveaux outils, imagination de nouvelles applications, etc. Bref, la redécouverte que depuis que l'homme s'est saisi d'un caillou pour en faire un marteau, il interagit avec la technique pour aller vers de nouvelles inventions. Sauf, comme disait Marcuse dans l'homme unidimensionnel, s'il est totalement soumis à la technique, dominé par elle et dans l'incapacité de toute interaction. Surgit dans ce cas l'homme dissocié replongé dans la caverne de Platon. 

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On pourrait transposer le constat à la différence entre la capacité à faire (maîtrise de la duplication) et la compétence (capacité à comprendre ce que l'on fait, à le mettre à oeuvre, à le corriger éventuellement, à le faire évoluer). Bref toute la différence entre être dominé par la technique ou la dominer. A ceux qui seraient surpris par ce langage guerrier, soulignons qu'il n'est pas le fruit du hasard : c'est bien d'un combat qu'il s'agit. Et comme nous voici armés par la réflexion, on peut se mettre en route vers le futur. 

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17/08/2015

En toute illégalité

Peindre sur un mur, coller des affiches, dessins, peintures ou collages, réaliser des pochoirs, c'est illicite. L'auteur peut être mis à l'amende. Par contre, défigurer les entrées de ville avec des panneaux publicitaires immondes c'est légal. Un graffiti, un tag, c'est du vandalisme. De la publicité agressive c'est de l'économie. Pas à dire, ça donne envie de faire le mur. Allez, fouette cocher !

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A Brooklyn, Basquiat est toujours là. Au musée de Brooklyn, pour ses carnets de notes pas scolaires pour un sou, et sur les murs bien entendu, avec son pote Andy. 

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Basquiat devait, comme quelques autres, échapper à la police parce qu'il mettait un peu de poésie sur les murs. 

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Par contre, Monsieur démolition peut poser ses plaques partout et continuer son oeuvre, il a bien mérité de la société. 

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Pour échapper à Monsieur démolition, il faut un peu d'ingéniosité. Cela permet de constater que le pneu d'un caterpillar est un excellent support. 

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Grace aux dessinateurs de rue, on peut admirer le nouveau favori des sondages pour la primaire républicaine. 

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Après un tel effort, on comprend que l'artiste fatigué rejoigne le modèle pour faire le mur. Mais au fait, c'est pas Basquiat qui s'approche du mur là ?

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Je vais lui demander. Je reviens (ou pas). 

06/08/2015

Des murs si lisses

Philadelphie est la ville des murals, grandes fresques peintes sur les murs aveugles des immeubles qui mettent de la couleur dans la ville et dans la vie. 

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Chemin faisant, on peut tout de même trouver que les thèmes traités sont bien consensuels, à rebours de toute l'histoire du street art et du graffiti, qui ne vit et se développe que dans l'illégalité. 

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Après avoir lu "La patience du franc-tireur" d'Arturo Perez-Reverte, difficile de s'émouvoir devant ces grandes compositions formelles qui ont sans doute reçu l'approbation d'une commission municipale avant d'être posées sur les murs qui n'en demandaient pas tant. 

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Les murs de mosaïques, bouteilles, roues de bicyclettes et autres récupérations de South-Street n'emportent pas plus la conviction. Lorsque l'art est dépourvu de toute autre intention que de faire joli, il perd ses aspérités et son intérêt. 

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A ce stade, il n'y a d'ailleurs guère de différence entre l'art et la publicité, qui s'en tire évidemment mieux. 

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Pourtant, au détour d'une rue, on peut se retrouver face à des représentations moins consensuelles, plus intrigantes, plus interrogatives. Si l'art ne s'affranchit pas des règles, que peut-il ? Pour citer Banksy : "Les plus grands crimes ne sont pas commis par des gens qui brisent les règles mais par ceux qui obéissent aux ordres". On peut le vérifier tous les jours. 

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Et puisque on en est à Banksy, il disait également que dans la plupart des musées, la seule chose qui vaille la peine ce sont les étudiantes en arts plastiques. C'est pourquoi pour aller à la rencontre des véritables oeuvres de rue, on a décidé de suivre cette jeune fille dont la foulée défie l'apesanteur et qui devrait pouvoir nous faire quitter la pesante transparence des murs si lisses. 

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03/08/2015

Les miroirs de Rothko

A droite de la grande allée d'un quartier résidentiel de Houston, on ne peut parler de banlieue pour les villes qui n'ont pas de centre, apparaît la maigre pancarte de béton posée à même la pelouse. Nous sommes bien à la Rothko Chapel, objet de cette venue dans le Sud extrême des Etats-Unis. Ces oeuvres qui paraissaient si lointaines, et si inaccessibles, sont maintenant toutes proches. La chaleur est sèche, enveloppante, bienveillante et toute en retenue. A l'unisson. 

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En janvier 2009, l'exposition Rothko à la Tate Modern de Londres avait été un choc phénoménal. Jamais je n'avais senti à ce point la peinture m'envahir physiquement, émotionnellement, corporellement, esthétiquement qu'au moment où je suis entré dans la grande salle contenant les peintures destinées au Seagram Restaurant, que Rothko avait finalement refusé de vendre et dont il a fait don à la Tate Gallery. Cette année encore, revoir ces toiles a provoqué un bouleversement profond. Comme l'exposition présentée l'année dernière à La Haye et comme ces quatre toiles composant la Rothko room, découvertes cette semaine à Washington. Les toiles de Rothko ont cette faculté de vous faire vibrer avec elles et de vous saisir intégralement. C'est dire si devant la porte de la chapelle, spécialement conçue pour accueillir 14 toiles du peintre, l'excitation est présente. 

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Et à l'intérieur, surprise. Pas de couleurs rouges, jaunes, ocres, bleues ou oranges. Sur les murs, 7 grandes toiles noires encadrées d'un pourpre profond et 7 violets mats aux variations infinies. Mais surtout, pas de vibrations, éteintes par le noir, totalement plat, totalement opaque et qui ne s'ouvre pas sur des horizons infinis, comme le font si souvent les toiles de Rothko. Un noir radical, fini, arrêté, brut, définitif. Et puis les 7 violets sur lesquels le regard se concentre. Au centre d'un triptyque, la toile monochrome à des reflets qui racontent toute l'histoire de la peinture italienne : dans la monochromie verticale se dessinent la création du monde de Michel-Ange, l'Annonciation de Fra Angelico, les madones de Giotto et toutes les peintures religieuses de toute l'Italie. Alors que la Chapelle est sans doute le seul endroit où la majorité des visiteurs ferme les yeux pour mieux ressentir les peintures (les caustiques pourraient en conclure que fermer les yeux devant les peintures est bien la preuve qu'il n'y a rien à voir), c'est en les fixant que l'on voit défiler les maîtres italiens. 

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Alors on se tourne vers les autres grands violets et l'on découvre les maîtres chinois, les paysagistes japonais, les encres de Victor Hugo et toute la clique de ceux qui ont décidé un jour que leur vie se jouerait devant la toile. Et puis l'on revient vers les noirs. Et cette lumière venue du toit ajouré qui se pose durement sur le haut des toiles, les éclaircissant d'une manière surprenante lorsque l'on se souvient que pour Rothko le sombre doit être en haut. Et comme Rothko a tout contrôlé dans la création de la Chapelle, venant à bout de la patience de l'architecte, on se demande pourquoi il a laissé filtrer une lumière si forte, alors qu'il n'avait de cesse de baigner ses toiles dans la quasi-pénombre. Et ressurgissent les annonciations, élévations, résurrections et autres échanges entre le divin et le terrestre. La lumière éclaircit le noir qui devient lumière et l'on se demande si Rothko n'a pas réussi à atteindre ce point surréaliste livré par André Breton dans le second manifeste : "Tout porte à croire qu’il existe un certain point de l’esprit d’où la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l’incommunicable, le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement.". Dans la chapelle Rothko, on peut voir ce point. 

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En ressortant, devant le Broken Obelisk de Barnett Newman, on se dit que le Dalaï-Lama, Desmond Tutu et tous les visiteurs religieux de la Chapelle, se foutent le doigt dans l'oeil. Et pourtant, il n'est pas question de discuter la sincérité de ceux qui vivent une expérience mystique dans la Chapelle, qui sont émus aux larmes ou qui en ressortent transfigurés. Et pour ma part, il est certain qu'il y aura un avant et après Chapelle dans la manière de regarder la peinture. Mais ce que l'on peut voir ici c'est l'extraordinaire récit de la condition de l'homme dans l'histoire, telle que les peintres ont tenté d'en rendre compte au fil des siècles. Et ce combat là, il est autant physique qu'intellectuel. Mais vous l'aurez compris, dans la Chapelle de Rothko, comme ceux qui lèvent le voile d'Isis ne voient que leur propre image, on peut faire l'expérience de se trouver pleinement face à soi-même. Chacun à sa manière. 

25/07/2015

Variations d'été

Bon, pour le premier numéro de Liaisons Sociales, ce sera le 31 juillet. Mais d'ici là, on se sera plongé dans d'autres lectures, d'autres découvertes. La biographie de Rothko par Annie Cohen-Solal, pour débuter, car les chemins de l'été nous conduiront vers la chapelle Rothko, sous le soleil du Sud. 

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Et comme lire c'est aussi relire, pour aller dans le pays qui n'a pas d'histoire et où le pragmatisme règne, rien de mieux que de franchir à nouveau le seuil du jardin avec le promeneur éternel, André Hardellet.

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Sur la route de l'été, il y aura aussi la ville des murals, celle des graffeurs, des peintres de la rue, des artistes de la nuit, des clandestins au grand jour. Du coup, Arturo Perez Reverte et ses enquêtes artistiques s'imposait. 

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Et pour finir, est-il nécessaire de justifier un détour par la Grèce et ses conditions de vie réelles, loin des fantasmes et de la propagande financière, dont le dernier exploit est d'avoir réussi à substituer à l'Europe politique le seul projet de zone euro économique. Si l'on doutait que la politique était déliquescente, on pourra vérifier que les démocraties ne sont que le cache-sexe de vieilles monarchies où règne le monarque des temps modernes : l'argent. 

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20/04/2015

On va finir par y arriver...

Les machines de l'ile, à Nantes, sont toutes un peu lentes au démarrage. Les mécaniques ont besoin de trouver leur rythme, de se déployer, de prendre l'ampleur du mouvement, avant de le répéter puis de l'accélérer, oh pas trop vite, car les machines sont puissantes, elles s'imposent, et n'ont guère besoin de faire illusion par la vitesse. Implacables machines. Peut être la commission nationale de la certification professionnelle (CNCP) est-elle un pachyderme lent qui peine à se mouvoir mais pourrait bien ne plus s'arrêter une fois lancé. En tous cas, après la première livraison de l'inventaire en février, le raté du mois de mars pour cause de virus intempestif dans les tuyaux, le mois d'avril nous amène une seconde livraison de l'inventaire avant celle de mai et la promesse d'ajouts mensuels. 

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Dans cette seconde livraison, on notera avec satisfaction que figurent deux certifications, le TOSA et le PCIE qui permettent de couvrir l'offre de formation en bureautique, désormais donc éligible aux périodes de professionnalisation. Reste à ce qu'elles soient reprises sur les listes du CPF. Et dans la liste nouvelle, mention spéciale pour les deux certifications portant sur l'éveil artistique et culturel des jeunes enfants, portées par l'Association Enfance et Musique que j'ai eu plaisir à accompagner sur ce chemin, qui permettra à davantage de professionnels d'intégrer l'éveil culturel et artistiques dans leurs pratiques professionnelles, et aux plus jeunes d'intégrer l'art et la culture dans leurs pratiques tout court. En commençant, par exemple, par photographier ses jouets, avant de passer à la photographie de rue, ce qui permet de faire l'expérience immédiate du fait que le l'art est une (autre) manière de regarder le monde. 

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27/02/2015

Un petit exercice...

Les artistes épurent souvent leur style au fil de leurs expériences. L'écrivain supprime les phrases inutiles ou bien sait pourquoi il les maintient, le peintre s'en tient aux lignes essentielles, le cinéaste réduit les effets de montage et contient ses acteurs, le musicien pose les notes avec des gestes d'arrangeuse de fleurs. Faire simple est un art, que l'on reconnaît parfois à la capacité de vulgariser sans insulter l'intelligence de l'interlocuteur qui n'est jamais qu'en découverte. Presque aveugle, diminué physiquement, usant de longs porte pinceaux, Matisse a réalisé ses plus beaux dessins à la fin de sa vie. 

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Proposons aux concepteurs du compte personnel de formation un exercice simple : expliquer à un bénéficiaire qui ignore tout du monde de la formation, soit la grande majorité des bénéficiaires, le fonctionnement du CPF et ce qu'il doit faire pour suivre une formation dans ce cadre. Vous aurez au choix :

1) La réponse institutionnelle qui ignore le sens même du mot pragmatisme qui vous renverra vers le conseil en évolution professionnelle. Il vaut mieux laisser tomber et passer à autre chose. 

2) La réponse formelle qui renvoie sur le site de la caisse des dépôts, puis auprès de l'employeur ou de l'OPCACIF. A la manière dont répondrait un juriste qui a lu les textes et qui informe honnêtement. 

3) Celui qui veut faire précis et se lance dans la présentation exhaustive de tous les cas de figure : hors-temps de travail, sur le temps de travail, avec une formation éligible, dans les plafonds de l'OPCA, etc. Pour la simplicité, on repassera. 

4) Celui qui vous plonge directement dans le gouffre de son cynisme désabusé : pas la peine d'essayer, ça ne marchera jamais, d'ailleurs je l'avais bien dit. 

5) Celui qui se veut optimiste, et qui l'est sans doute en plus de sa bonne foi : ce n'est pas encore au point, mais cela va venir, encore quelques temps (jours ? semaines ? mois ?) et le système fonctionnera. On construit quand même le dispositif pour les quarante années qui viennent, c'est normal que cela patine au début. Pas totalement faux, mais totalement inutile pour un projet aujourd'hui. 

Pour ce qui me concerne, j'en suis presque là. A expliquer que c'est très limité aujourd'hui mais que dans quelques mois les possibilités de choix devraient être suffisamment larges pour que chacun trouve chaussure à son pied. Optimiste par volonté donc tout en étant un peu navré de rappeler que l'un des objectifs de la réforme était que la complexité soit totalement absorbée par les professionnels et que le système soit très simple pour les utilisateurs. Pour égaler Matisse, il y a encore du boulot. 

04/12/2014

Diagnostic

Un brocanteur à qui j'avais acheté un meuble qu'il devait me livrer, me demanda ma profession : "Consultant". Sans autre précision, qu'il n'osa pas demander où dont il se foutait éperdument. Quelques jours plus tard, après la livraison et autour d'un verre, il repris pourtant : "Vous êtes médecin je crois ?". Nous étions passés d'un coup d'un seul du conseil à la consultation et du consultant au toubib. Mais cela m'interrogea : quoi de commun entre le consultant et le médecin ? au moins un point, qui peut d'ailleurs être largement partagé avec d'autres : la nécessité de débuter par un diagnostic partagé pour avoir des chances de succès. On ne forme personne contre lui même, pas de conseil sans confiance, peu de guérison sans acceptation de la maladie. 

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Celeste Martinez - Série Maladie Collection

D'une manière plus générale, la première étape de l'action c'est toujours le diagnostic et bien souvent la qualité de ce que l'on entreprend dépend de la qualité du diagnostic. Pour ceux qui souhaiteraient positionner leur organisation sur le champ des contraintes et opportunités offertes par la réforme de la formation, vous pouvez bénéficier d'un diagnostic conçu par votre serviteur pour Demos qui le met gratuitement à votre disposition :

http://reformeformation2015.demos.fr/diagnostic/

Et une fois que vous avez le diagnostic, il n'y a plus qu'à passer à l'action...sans oublier de le partager. 

25/11/2014

Et maintenant, on fait comment ?

L'art brut, ou art singulier ou art des fous, ou encore art populaire ou art des outsiders, ceux qui sont en dehors de l'art, en dehors des institutions qu'ils n'ont jamais fréquenté, en dehors des courants, des modes, de l'histoire, parfois en dehors d'eux-même. L'art brut donc, c'est l'art des non artistes, l'art de ceux qui ne peuvent s'empêcher de faire. Pas de technique ? à voir...mais souvent beaucoup de méthodique, de temps, de rigueur, de méthode répétée à l'infini. Et au final des oeuvres de grande qualité plastique et émotionnelle. A Paris en ce moment, on peut voir la collection Dechaume à la Maison Rouge (Bastille) et à la Galerie Christian Berst. 

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Janko Domsic - Collection Dechaume

Mais pourquoi l'art brut ? parce que sans être expert, on peut passer à l'acte. Sans avoir tous les plans, toutes les références, toutes les connaissances, on peut se mettre à faire. Et c'est bien le principal. Alors pour la réforme de la formation, comment on fait ? et bien on peut commencer par suivre le webinar proposé par Demos le mercredi 26 novembre (et oui c'est demain !) à 16h ou le lundi 15 décembre à 11 h. 

Pour s'inscrire, suivez le guide (et passez par la Maison Rouge) : 

http://actu.demos.info/1410EWEBINAR/default.asp?CODACTION...

Evidemment, c'est gratuit !

16/11/2014

Au Sud

Le Sud, c'est un pays imaginaire. Et les pays imaginaires, il y a ceux qui pensent que, comme c'est imaginaire, cela n'existe pas. Il y a ceux qui en rêvent, qui le portent en eux, mais qui n'iront jamais, par peur, par manque de foi, par défaut d'avoir sauté dans les trains qui passent quelquefois pour aller au Sud. Il y a ceux qui y vont, qui se brûlent et qui en reviennent, se mettre à l'abri. Il y a ceux qui s'y établissent, s'y épanouissent et s'en servent de boussole, de soleil, de gourmandise, de fête et de quotidien paradis. Lucien Clergue lui, le Sud il le photographiait. 

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Comme le chante Nougaro, à Toulouse l'Espagne pousse un peu sa corne. Mais où est donc passée la deuxième ? Dans ce Sud-Est qui s'habille lui aussi parfois de cette lumière de la vie qui se confronte à elle-même. 

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Dans le Sud, on pourrait vivre un million d'années, et toujours en été. 

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Pourvu que l'on sache prendre le taureau par les cornes, et la vie avec pour l'offrir comme l'on offre de partager son expérience lors des stages photos, ou ses coups de coeur, ses amis et les oeuvres que l'on aime dans les Rencontres d'Arles. Lucien Clergue a toujours été jeune, il est donc mort jeune, comme on vit dans le Sud. 

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20/10/2014

Un artisan singulier

Vieille question : quelle différence entre un artiste et un artisan ? certainement pas le talent, l’artisan peut d’ailleurs être plus talentueux que l’artiste. Pas plus le génie, auquel ni l’un ni l’autre ne sont tenus. Alors quoi ? d’un côté une capacité à faire, une maîtrise des conditions de production d’une œuvre, de l’autre une capacité à créer, c’est à dire à ne pas reproduire ce que l’on a appris à faire mais à inventer des méthodes nouvelles, des objets nouveaux, des représentations différentes de ce que l’on connaît jusque-là. L’artisan perpétue, l’artiste commence. C’est pourquoi le peintre copiste est un artisan et le bricoleur délirant est un artiste. Reproduction contre création, là se situe la ligne de partage.

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Vermeer est un remarquable artisan. Sa virtuosité technique lui aurait permis de créer à l’infini ces tableaux que la Flandres a produit avec la même profusion que celle que l’on retrouve sur les toiles : bouquet de mille fleurs, banquets de mille mets, fêtes de mille gens ou mers de mille vagues, en ces terres austères l’abondance est une seconde nature.  Mais Vermeer est surtout un artiste, par sa capacité à rendre la lumière, à créer une atmosphère, à intégrer le spectateur à la scène, à faire redécouvrir ce que nous pensions connaître pour l’avoir vu déjà. Et à être le seul à le faire de cette manière.

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Au final, on pourrait dire que l’artiste, c’est un artisan plus une singularité. Celui qui parle de sa propre voix et non avec celle des autres qu’il se contenterait de répéter, quelle que soit la qualité de son élocution. C’est pourquoi il est possible de former des artisans, dès lors que les personnes veulent bien s’inscrire dans l’apprentissage des modes opératoires qu’elles pourront ensuite utiliser. Et c’est pourquoi il n’est pas possible de former des artistes, car c’est leur propre langage, et non celui des autres, qu’il leur faut trouver. 

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Faisons le parallèle avec la compétence : s'il s'agit d'acquérir des modes opératoires, alors référentiels et outils d'évaluations des pratiques seront pertinents. S'il s'agit de savoir quelle contribution singulière chacun peut apporter à une entreprise commune, alors il faudra travailler différemment : travailler plutôt sur le contexte et offrir un environnement propice à la créativité et accepter que toute oeuvre ne soit pas un chef-d'oeuvre, autrement dit comprendre qu'il faut beaucoup de travail et beaucoup d'esquisses pour que la singularité s'incarne dans une production de qualité. Comme les peintures de Vermeer que l'on peut détailler dans le Mauritshuis rénové. 

24/08/2014

La nature imite l'art

Si j'étais peintre, je gratterai la terre en tous lieux pour toucher ces pigments qui colorent le sol. 

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Si j'étais peintre, j'abuserai de ces fondus enchaînés de cinéma qui voilent en dévoilant. 

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Si j'étais peintre, je peindrai des dunes de sable vivantes et des dunes de sable pétrifiées et ceux qui savent regarder en concluraient qu'il n'y a pas de nature morte. 

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Si j'étais peintre, je regarderai pendant des heures les fonds des toiles de Tanguy pour y découvrir le temps de mille paysages. 

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Si j'étais peintre, j'aurai envie de mettre de la matière sur la toile. 

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Si j'étais peintre, je saurai qu'une couleur n'est elle-même que par les couleurs adjacentes. 

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Si j'étais peintre, je passerai des jours et des nuits à peindre des drapés. 

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Si j'étais peintre, je serai fasciné par l'eau dans la couleur. 

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Si j'étais peintre, je saurai que comme en photographie, la couleur c'est de la lumière (l'inverse est vrai aussi). 

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Si j'étais peintre, mon pinceau serait une baguette magique au bout de laquelle se tiendrait la lune. 

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Mais je ne suis pas peintre, et comme la nature, j'imite l'art.