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04/12/2009

Le sens des contraires

Alfred Hitchcock déclarait à propos de "La mort aux trousses" (en substance) : j'ai voulu inverser le cliché du film noir qui est de créer l'angoisse par une atmosphère sombre, humide, avec des voitures mystérieuses. L'archétype du genre pourrait ressembler à ceci :

film noir.jpg

Le génie d'Hitchcock est de comprendre qu'en retournant la scène, elle n'en produira que plus d'effet. Pas de pluie, le soleil, pas de voiture, un avion, pas de ville nocturne, un champ en plein jour. C'est la fameuse scène de l'avion pourchassant Cary Grant.
mortauxtrousses.jpg

Toute image, toute situation appelle son envers qui peut utilement l'éclairer. Le mystère du Gilles de Watteau ne prend-il pas un autre relief si l'on considère qu'il est l'exact envers de la crucifixion qu'il représente ?
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Watteau - Gilles                          Van Dyck - Crucifixion

Pour comprendre une organisation, une situation, une personne, il est possible de jouer à Hitchcock et de se demander comment elle pourrait être représentée au moyen de ses contraires. La vérité d'un homme est dans ce qu'il cache, disait Malraux, disons qu'elle est plutôt dans ce qu'il montre et que l'on voit mieux avec son envers.

03/12/2009

Tuez les tous...

Arnaud Amary, légat du Pape Innocent III, participant au sac du Sud-Ouest conduit par Simon de Montfort, est l’auteur de la réponse célèbre à un soldat qui s’enquerrait de qui tuer (le propre du soldat étant d’exécuter, au double sens du terme) dans la ville de Béziers qui abritait cathares et catholiques : « Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens ».

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Bibi - Chasseur - Exposition "Tuez les tous !"
http://www.bibi.fr

Cette subtilité dans l’analyse des situations sied totalement au rapport de l’IGF et de l’IGAS concernant les OPCA qui a été publié le 2 décembre 2009 et aussitôt repris par une presse plus soucieuse de parfum de scandale que d’information critique et argumentée, c'est-à-dire professionnelle.

Les reproches fait au système paritaire sont ici généralisés à la hâte, dénoncés sans mesure et au final plein de présupposés vérifiés uniquement par l’exemple. Ainsi la gestion de leur trésorerie par les OPCA leur est reproché alors qu’il est constaté une bonne performance de rentabilité, ainsi le mode de gestion est critiqué de même que le plan comptable mais le lien n’est pas effectué entre la cause et l’effet ou encore on estime que le système fonctionne hors tout contrôle sans tenir compte de la souveraineté de l’OPCA dans la détermination de sa politique et de l'inclusion de celle-ci dans un ensemble plus vaste de relations sociales.

Au final, on peut reprocher à ce rapport une approche exclusivement technique et financière qui ne prend pas en compte la nature même de ce qu’est un OPCA. Rien sur les résultats, rien sur les actions conduites, rien sur les effets de la gestion paritaire sur l’accès à la formation et sa promotion dans les entreprises, rien sur les actions innovantes. Une lorgnette étroite et embuée par les préjugés.

Ne soyons toutefois pas naïf : le système de gestion paritaire n’est ni un parangon de vertu, ni au maximum de son efficience. La responsabilité des partenaires sociaux est de n’avoir pas plus tôt mis en place une évaluation rigoureuse, professionnelle, de leur action. Ils ont ainsi fourni le bâton qui leur bat les côtes aujourd’hui. Plutôt que de se plaindre du mauvais traitement que leur réserve l’Etat, à eux de reprendre l’offensive en montrant clairement où sont les valeurs ajoutées de la gestion paritaire, en haussant leur professionnalisme au niveau nécessité par les problématiques d’emploi, de formation et de gestion des ressources humaines et en mettant enfin en place des politiques avec des objectifs et des résultats qui ne seront plus présentés dans la langue de bois institutionnelle qui caractérise le secteur mais avec le souci de l’ambition et du pragmatisme. A défaut, effectivement Dieu reconnaîtra les siens.

RapportIGF-IGAS-OPCA.pdf

02/12/2009

Le statut déboulonné ?

La peinture est plate, comme à l'ancien temps, le très ancien temps. Elle est colorée, comme elle l'était aussi en ce temps là. Les personnages sont dans une présence/absence qui rend leur familiarité étrange ou leur étrangeté familière. Peinture de contraires qui ne peut qu'attirer l'oeil avide de contradictions dépassées. Aussi faut-il entrer dans cette galerie chic de Greenwich. L'accueil est professionnel et attentionné, chaleureux et bienveillant, attentif et intelligent. Nos tenues ne sont pourtant pas en accord avec le luxe environnant. Peu importe, l'habit manifestement compte moins que l'intérêt manifesté pour la peinture. Plaisir de ne pas se voir catégoriser dans un statut préétabli et de pouvoir admirer les peintures de Xiao Se.

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Xiao Se - Magical Love

Eric Maurin, dans son ouvrage déjà signalé sur ce blog, décrit longuement la peur du déclassement et de la perte du statut qui habite la société française. Sans doute va-t-elle trembler davantage avec l'arrêt de la Cour d'appel de Montpellier du 4 novembre 2009, qui décline celle de la Cour de cassation du 1er juillet également commentée sur ce blog. La Cour affirme qu'une indemnité de licenciement et un préavis ne peuvent être différents pour un cadre et un non-cadre sur la seule base de la différence de catégorie. Les négociateurs doivent exciper d'un élément objectif justifiant de cette différenciation, la charge de la preuve revenant à défaut à l'employeur. En l'espèce, aucune justification satisfaisante n'ayant été donnée, la convention collective a été jugée comme contraire au principe d'égalité de traitement et de rémunération. Si les différences catégorielles ne sont pas illicites en elles-mêmes, elles le deviennent faute de justification.
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Xiao Se - Pray and Wish - 2006

Peut être la petite fille souhaite-t-elle, et prie-t-elle avec la force que traduit son regard, pour un monde sans catégories et sans statut. Dans l'attente, c'est tout l'équilibre conventionnel du droit social qui pourrait être revu. En effet, cet équilibre est largement fondé sur les catégories professionnelles : les périodes d'essai, régimes de retraite, indemnités de licenciement, délais de préavis, etc. sont souvent distincts pour les cadres et pour les autres salariés. Sur la base de la jurisprudence nouvelle, cette différenciation est une discrimination si les négociateurs ne peuvent justifier la différence avec les non-cadres par des faits objectifs. On apprécierait en effet que la négociation collective ne soit pas source de discrimination. Révolution copernicienne ? non, regardez bien la jeune fille sur la peinture : juste l'arrivée d'une nouvelle génération.

01/12/2009

Un DIF de 300 heures, ça n'existe pas...

Tout le monde, ou presque, connaît la comptine de Robert Desnos intitulée "La Fourmi" :

Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête,
Ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards,
Ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Une fourmi parlant français,
Parlant latin et javanais,
Ça n'existe pas, ça n'existe pas.
Eh! pourquoi pas?

Dès lors, pourquoi un DIF de 300 heures n'existerait-il pas ? bien moins extraordinaire que la fourmi de Desnos ou que la photo de la dernière vision de la fourmi avant d'être écrasée.

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Dernière vision de la fourmi #7632B
Copyright - Palestrique (Reading is dangerous)

Le DIF de 300 heures existe dans l'accord sur la formation conclu à la SNCF. Il permet à des salariés ayant quinze ans d'ancienneté de poursuivre un projet de formation en lien avec l'évolution des métiers de l'entreprise. Il y a aussi le DIF de 244 h pour devenir agent de maîtrise ou le DIF de 288 h pour devenir cadre. Dans l'accord conclu à la Société Générale, le DIF est abondé "en tant que de besoin" pour les formations bancaires diplômantes suivies en dehors du temps de travail. Lorsque l'on a franchi les bornes, il n'y a plus de limites ? non, il y a juste la différence entre ceux qui appliquent des dispositifs sans rien s'autoriser, et les autres. Pour les premiers, le mode de fonctionnement est l'exécution, le droit est pour eux un applicatif pur. Erreur que ne commettent pas ceux qui s'approprient les dispositifs, explorent les espaces ouverts par le droit et pratiquent l'anticipation (c'est à dire le crédit négatif : ce n'est pas une nouveauté, il est pratiqué en matière de congés payés ou de jours de RTT assez régulièrement, quand ce n'est pas tout simplement en matière bancaire !) voire l'abondement (comme en matière d'intéressement, de participation ou de compte épargne). On peut citer l'accord des MMA qui abonde le crédit DIF lorsqu'il est utilisé pendant un congé parental. Bref, juste l'occasion de rappeler que faire du droit ce n'est pas appliquer une règle, mais identifier comment les règles permettent d'ouvrir des espaces pour l'action. Juste une question de philosophie, donc au bout du compte de droit.
Et puisqu'il était question de Robert Desnos en début de chronique, rappellons en ces temps de quête d'identité et de chasse au minaret que Desnos mourut à Theresienstadt, victime de la haine et de la peur de l'autre.
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Stèle de Robert Desnos et Cellule du camp de Theresienstadt (Terezin)
Photos : jp willems

30/11/2009

Message personnel...mais pas que

En 1988, le FONGECIF Midi-Pyrénées organisait un colloque destiné à célébrer les 5 ans des FONGECIF, issus de l'ANI de 1982 et de la Loi Auroux de 1984. Je venais de créer le cabinet depuis quelques mois, et j'étais dans la salle, osant une question à Michèle Boumendil qui intervenait en tant que responsable du département juridique du Centre INFFO. Après le Colloque, je retournai à mon bureau mais, sur le chemin, me dit qu'il faisait partie de mon activité de prendre aussi quelques contacts. Je retournai donc sur le lieu du repas, auquel je n'étais pas convié, et pris prétexte de saluer le directeur du CARIF que je connaissais. Il me présenta à Michèle Boumendil qui déjeunait à ses côtés. Elle me posa quelques questions et très rapidement me dit :"Si vous pouvez vous déplacer sur Paris, je cherche quelqu'un qui pourrait rédiger des ouvrages juridiques". L'affaire fut conclue, et je rédigeai ainsi un guide de la formation pour les premiers Entretiens Condorcet puis une monographie de la formation professionnelle en France pour le CEDEFOP. Et c'est Michèle qui me présenta à mes premiers clients parisiens, créant comme à son habitude des intersections dans les cercles de ses relations.

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Kandinsky - Cercles - 1926

Pourquoi rappeler ceci aujourd'hui, plus de vingt ans après ? parce qu'en ce lundi 30 novembre 2009 l'association RETRAVAILLER fête ses 35 ans et que Michèle Boumendil vient d'en prendre la présidence. Fondée par Evelyne Sullerot, qui créa également le Planning Familial, RETRAVAILLER a permis à des milliers de femmes de reprendre une activité ou tout simplement de pouvoir en exercer une. L'organisme a également été pionnier en matière d'auto-orientation, de bilan d'aptitudes, de remotivation et d'orientation professionnelle. Son action s'est aujourd'hui banalisée, dans un sens non péjoratif. Un nouvel élan passe peut être par un retour aux sources dès lors qu'il ne s'agit pas d'un retour vers le passé. Petit message personnel à cette fin :

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La synagogue vaincue
Giorgione - Judith et la tête d'Holopherne

Contrairement à ce que l'on peut entendre parfois, l'époque manque d'idéologie, au sens de principes réfléchis et cohérents permettant de guider l'action, de donner du sens et de la perspective. Mais il n'est pas de bon ton d'afficher une idéologie, on se contente souvent d'adopter des valeurs que l'on décline. Oser faire de l'idéologie en action, c'est tout ce que je peux souhaiter en ce lundi matin à Michèle....et aux autres.

27/11/2009

Tel épris...

…qui croyait prendre. Tout épris de beauté féminine l’auteur de ce blog s’est fait reprendre par une lectrice qui constate que décidément, dans les musées les peintres sont masculins et les nus sont féminins et que ce blog n’échappe pas à la règle. Cette remarque est incluse dans un texte plus général sur le métier de consultant et le rapport à son travail et au travail d’autrui. Il m’en a rappelé un autre, signé Philippe Denimal et intitulé « Travail magique » qui explique comment est né l’intérêt pour le travail, à la fois le sien propre et celui d’autrui. Ces textes expriment de belles implications dans l’activité et sont publiés ci-dessous.

Mais pour satisfaire la pertinente lectrice, quelques illustrations équilibrantes de nus masculin. Le Metropolitan n’en est pas exempt  et l’on fera crédit à l’auteur que l’un d’entre eux au moins ne lui a pas échappé :

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Gustave Moreau - Oedipe et le Sphinx

De même, l’auteur n’a pas tourné son objectif que vers des formes féminines, preuve par la photo.

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Photo : jp willems

Mais l'intérêt n'est pas dans l'isolement des contraires, plutôt dans leur union. On rappellera par cette sculpture du Metropolitan que les corps nus s'accordent mieux à deux et que la beauté d'autrui n'efface pas la sienne mais au contraire la conforte comme l'écho renforce le son. La concurrence est une notion économique qui ne trouve pas sa place en esthétique.
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Sculpture du Metropolitan Museum of Art

Le lecteur fidèle se rappellera à cette occasion qu'il y a un an ce blog était illustré du baiser de Rodin, la lutte continue donc, souhaitons lui bon vent !
Et bonne lecture à vous.



 

26/11/2009

ANDAMOS !

Les recruteurs ont de bien curieuses méthodes et ce qui est plus curieux encore est que ces méthodes passent pour évidentes et ne fassent guère l'objet de questionnements. Il est pourtant étonnant que l'on s'ingénie à poser des questions à profusion, à réaliser des tests de personnalité, à solliciter graphologues et numérologues quant il ne s'agit pas d'astrologues, mais que l'on s'en tienne à recevoir des candidats...assis. François Roustang, psychanalyste auteur notamment de 'Il suffit d'un geste", demandait à ses patients d'effectuer un geste les représentant, pour cela, il les plaçait souvent en état d'hypnose. Un geste pour de longs discours. Peut être le geste rêvé par la jeune fille que dévoile son amant en dit-il plus long qu'un long entretien.

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Photo : jp willems - Arles 2009

L'humain est doté de jambes et son naturel se trouve davantage dans le mouvement que dans l'immobilité. Lorsque De Kooning déclare : "C'est comme traverser une rue, on veut traverser vite, alors on court", vous pouvez être certains que sa peinture est rapide. La preuve par l'exemple.
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Willem De Kooning - Gotham News - 1955

A la vitesse s'ajoute la technique : le traité philosophique de l'art de poser le pied par terre reste à écrire (mais Frédéric Gros a écrit un remarquable : "Marcher, une philosophie"). L'individu ne peut-il se comprendre profondément à la manière qu'il a de poser le pied par terre ? Voici l'exemple d'un caractère ouvert et affirmé, rapide et sensible à la beauté du geste. A recruter sans modération.
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Photo : jp willems - Paris 2009

Et puis, la promenade, l'observation, la rencontre. Comment rencontrer de belles endormies le long des quais si l'on ne s'y promène guère ?
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Photo : jp willems - Paris 2009

Recruteurs, oubliez vos questionnaires, tels Palissy brûlez vos chaises pour faire de nouvelles découvertes. Et limitez-vous à quatre demandes pour vos candidats :
"- Quel est le geste qui vous définit le mieux ?
- De quelle manière traversez-vous les rues ?
- Qu'avez-vous vu lors de votre dernière promenade ?"
Et un petit exercie pratique qui ne pourra se réaliser qu'en extérieur : "Marchez !". Voici des bases sûres pour un portrait fidèle, le reste ne sera qu'ajustement. Andamos !

25/11/2009

En direct de l'inconscient

L'expression de chacun est une condition de la réalisation des formations. Et lorsque la liberté de s'exprimer est donnée en toute confiance et conscience, il arrive que soudainement ce soit l'inconscient qui prenne la parole et pousse un cri. Comme dès lors ne pas l'entendre ? oui mais comment faut-il l'entendre ? partage de quelques cris inconscients de ces jours derniers.

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Frantisek Drtikol - Le cri

L'amphithéâtre est bien rempli. Présentation de la réforme de la formation professionnelle. Le responsable de la formation de l'entreprise dit quelques mots introductifs et présente une action à venir, qui sera animée par une femme : "Elle viendra vous exploser la situation...euh vous exposer...ce lapsus n'est pas révélateur vous l'aurez compris". Nous avons surtout compris qu'il serait bon de relacher la pression, et que la situation était plutôt explosive.
Sortie de la cocotte minute amphithéâtrale et rencontre d'une autre responsable formation : discussion puis conclusion de la susdite : "Je vous quitte, il faut que je retourne au bourreau...". Même pour un bourreau de travail, le bureau n'est pas du plaisir tous les jours. Souhaitons-lui d'ouvrir l'espace et de lui laisser libre cours.
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Gilles Orly - Open Space - 2006

Dans un cycle de formation, je retrouve un groupe qui vit moyennement en commun, du moins est-ce l'apparence qu'il donne. Confirmation rapide par la prise de parole d'une stagiaire : "Pas la peine d'attendre Sylvie, elle arrive toujours en retard, on peut débuter...". L'animateur qui tente désespéremment de revisualiser Sylvie qu'il a pourtant vu le mois dernier cherche un appui : "Elle est dans quelle entreprise Sylvie ?", la réponse fuse : "Mais vous savez bien, c'est elle qui vient de France Téléconne...". Très bien, commençons donc et n'attendons pas, la dynamique de groupe ne devrait pas en souffrir.
Pour conclure, et rendre hommage au père de l'inconscient, Mr Freud qui ne voyait que sexe parlant dans les lapsus, cet innocent dialogue entre le Consultant et un DRH un peu âgé :
"- Vous avez déjà négocié le plan emploi senior ?
- Nous tenons la première réunion cette semaine, nous devrions conclure avant Noël...
- La population des seniors est importante chez vous ?
- Oui, nous avons une copulation assez âgée...".
Il n'entre pas dans les compétences du consultant d'interpréter cette dernière phrase, tout au plus peut-il proposer au DRH de contempler tranquillement des images tantriques  pour retrouver calme et sérénité. Belle journée à toutes et à tous.
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Temple de Devi Jadagamba - Inde

24/11/2009

Rue des archives...personnelles

Le mois de la photo s'est terminé dimanche 22 novembre. Au Carroussel du Louvre, plus de 80 galeries présentaient des oeuvres et parfois des chefs d'oeuvres. L'occasion également pour les éditeurs de présenter leur production. Un éditeur espagnol, La Fabrica, proposait ainsi un ouvrage consacré aux archives personnelles de Francis Bacon. Dans les reproductions, en vrac, des coupures de presse, des photos, des peintures, des collages,...et quelques chefs d'oeuvre.

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Archives personnelles de Francis Bacon - Sarah Burge 1883

L'occasion de rappeler que la Cour de cassation a récemment, dans un arrêt du 23 octobre 2009, validé le licenciement fondé sur une recherche, par un huissier avec l'employeur, dans l'ordinateur d'un salarié, de fichiers démontrant une activité de concurrence déloyale. Le salarié plaidait que son ordinateur ne pouvait être inspecté hors de sa présence. Erreur, seuls les fichiers personnels sont protégés. Les autres sont librement accessibles à l'employeur.
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Archives personnelles de Francis Bacon 
Nathalie Millon dans La chambre
Petite leçon de droit à cette occasion : le code du travail n'aborde pas la question de la lecture des mails ou de la fouille du disque dur d'un salarié par l'employeur. Et pourtant, en vertu du principe selon lequel le droit a une réponse pour toute question, le juge n'hésite pas à fournir des solutions sur ces deux points. Dans le premier cas, les mails, il se réfère à la jurisprudence sur la correspondance (car qu'est-ce qu'un mail sinon une correspondance électronique) : tout courrier non marqué "Personnel" peut être ouvert par l'employeur. Idem pour les mails. Pour l'ordinateur, il revient à sa nature : en tant qu'outil professionnel il appartient à l'employeur qui peut le contrôler librement, sauf pour les données personnelles (de même que l'employeur ne peut ouvrir un vestiaire qui contient des affaires personnelles qu'en présence du salarié).
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Archives personnelles  de Francis Bacon
Photographie du Bain Turc d'Ingres
Comme on le voit, pour trouver des solutions juridiques, la règle générale et les principes sont souvent plus utiles que les règles spéciales. Tout est ici question de méthode : là où le non juriste (en tout cas on l'espère) lira pendant des heures les textes à la recherche de la règle qui vise son cas, le juge va à l'essentiel et ne fait qu'appliquer des solutions de principe à des cas qui varient dans leur manifestation mais non dans leur essence. Aller aux principes et à l'essentiel, c'est également ce que fait Francis Bacon en gardant précieusement dans ses archives des peintures d'Ingres. Vous voulez voir de la peinture ? Ingres bien sur pour le principe, ensuite il n'y a que des déclinaisons.

23/11/2009

Champs magnétiques

En physique, le champ magnétique est  une force caractérisée par une intensité et une direction. Cette force magnétique peut être observée à l'occasion de l'exposition "Titien, Tintoret, Véronèse : rivalités à Venise", présentée au Louvre jusqu'au 4 janvier 2010. Elle est à l'oeuvre dans les regards de quatre personnages qui traduisent avec une intensité stupéfiante leur destinée. Les tableaux sont de Véronèse. Le premier représente La Comtesse Livia da Porto Thiene et sa fille Porzia.

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Véronèse - La comtesse Livia da Porto - 1551
Le regard de la mère est tourné vers l'extérieur. Elle même est extérieure à la scène. Elle n'habite pas les vêtements qu'elle porte. Elle s'évade et s'échappe du théâtre social de la représentation. Sa vraie vie est ailleurs, son rôle est d'être Comtesse. La petite fille n'a pas encore atteint ce point de dissociation. Elle aime la vie et le jeu. Poser demeure un amusement. Elle regarde le peintre. Elle n'exprime pas totalement sa joie car elle perçoit le trouble de sa mère. Pour autant, l'attrait de la nouveauté et de l'expérience l'emporte.

Face à ce tableau, se trouve celui du Comte Da  Porto et de son fils.
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Véronèse - Iseppo Da Porto et son fils adriano - 1551
Ici, les regards sont inversés. Les champs magnétiques s'exercent en sens contraire. Le père est sûr et fier de son statut. Il l'affirme par son regard direct vers le peintre. Il  est établi et parfaitement installé dans sa situation qu'il domine et maîtrise. Le fils lui et encore à l'âge où le statut ne pèse guère. Il regarde ailleurs, et aspire au jeu en dehors des conventions. Le temps viendra où il prendra la place de son père, mais pour l'instant, la liberté l'occupe et elle se passe en dehors du théâtre social qui l'attend.
Pour les hommes et les femmes, les champs magnétiques sont ici les champs maléfiques de la destinée à laquelle on ne saurait échapper. Mais heureusement, tout ceci se passe en 1551 et n'a plus de rapport avec notre époque qui laisse à chacun le soin de créer son propre chant magnifique, de construire son alléchante destinée. Pas vrai ?

21/11/2009

Jeu de mains, jeu de toulousain

Une précédente chronique avait déjà souligné qu'à mélanger droit et morale, on fait du mauvais droit et on fragilise la morale que l'on veut défendre. Le débat qui agite la France depuis mercredi et envahit jusqu'à cette chronique, est de savoir si le match de Football entre la France et l'Irlande doit être rejoué. Combien de voix se sont élevées (pas vrai Attali ?) pour dire combien il fallait avoir honte et demander à rejouer le match. Combien d'amalgames douteux : en vrac la marseillaise, l'identité nationale, l'honneur, la morale entre autres sont convoqués pour condamner, vociférer, s'indigner. Signe de la confusion intellectuelle qui règne quand même souvent dans ce pays.

Faisons un peu de droit puisque tel est notre plaisir : le football a décidé de confier le respect des règles du jeu à un trio d'arbitres. Il a refusé de faire appel à la vidéo. L'erreur éventuelle de l'arbitre fait partie des règles. Elle peut concerner des actions déterminantes ou anodines. L'arbitre, en droit, à toujours raison puisque sa décision n'est pas susceptible d'appel. Comme le juge, la loi lui confère à un moment donné la possibilité de dire la vérité, serait-elle contraire aux faits. Comme l'employeur fait sa loi sous le contrôle du juge, le footballeur peut utiliser ses mains sous le contrôle de l'arbitre. Shiva n'est pas interdite de football.

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Shiva - Metropolitan Museum of Art

Même s'il peut y avoir de la beauté sans les mains...
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Buste - Metropolitan Museum of Art

...il est nécessaire de rappeler l'adage rugbystique : "Jeu de mains, jeu de toulousain". Certes, nous sommes au rugby. Mais en ce domaine la règle est claire : la vidéo peut être utilisée pour arbitrer mais uniquement dans deux cas : en cours de match pour valider ou non un essai (et pas pour une action située dans le champ de jeu), après le match pour des brutalités qui n'auraient pas été sanctionnées (et non pour revenir sur des décisions d'arbitrage). Constatons que la règle est différente et les conséquences également. Plutôt que de vociférer, la seule question qui vaille concernant Frane-Irlande est de savoir s'il faut modifier une règle qui peut aboutir à des décisions d'arbitrage sur des actions de but ou si l'on adopte la règle du rugby (vidéo uniquement pour valider ou invalider les buts marqués). En l'occurence, si la règle avait été celle du rugby, il n'y aurait pas eu but, la France aurait été éliminée et l'on parlerait depuis mercredi de la nullité des joueurs et de leur entraîneur ce qui rehausserait le débat.

Mais concluons qu'il serait dommage de se priver de la possibilité d'utiliser ses mains, qui contribuent largement à la grâce de la vie, qui peut surgir en n'importe quel lieu et à tout moment.

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Instant de grâce dans un Coffee Shop

20/11/2009

Conflit non pathologique

La négociation est la mise en scène d'un rapport de force. Elle connaît parfois des moments conflictuels, voire violents. Elle est pourtant très saine. Elle suppose en effet que les deux parties acceptent le cadre fixé pour la négociation : elles sont déjà d'accord sur ce point et pour jouer le jeu. Elle suppose la reconnaissance de la liberté d'autrui comme interlocuteur ayant qualité pour négocier : on ne négocie pas en dictature ou pendant les révolutions. Elle suppose une volonté, mais pas une obligation, d'aboutir. Bref, entrer en négociation c'est reconnaître que le conflit d'intérêt est naturel et qu'il s'agit d'organiser sa résolution dans un cadre pacifié, soit une vision non pathologique du conflit. Comme la lutte avec l'ange, qui n'est pas vraiment un combat, ce qu'a compris Delacroix qui l'a traduit dans l'attitude de l'ange.

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Delacroix - Lutte de Jacob avec l'ange - Eglise Saint-Sulpice
La vision pathologique du conflit est celle qui considère le conflit comme anormal, inadmissible et fait du contradicteur un ennemi. La postulation contradictoire est vécue comme une négation de soi, le conflit est posé en terme de vérité/erreur - tort/raison et sa non résolution suscite un grand sentiment d'injustice. Bref, cette vision conduit à une hystérisation du conflit, génératrice de souffrance laquelle va venir alimenter la vision pathologique. Un cercle peu vertueux on en conviendra.
Sortir du pathologique, c'est accepter que l'autre soit reconnu comme légitime à défendre d'autres intérêts que les notres et reconnaître sa liberté d'agir ainsi. Mais il est parfois difficile d'accepter la liberté d'autrui qui renvoie souvent à ses propres entraves. A cette condition, le conflit peut être générateur de dialectiques, de dynamiques qui permettront de le dépasser. Ainsi vue, la négociation pourrait bien être le symptome du passage d'une société à l'âge adulte.

19/11/2009

Humeur au travail

Séance de travail avec des administrateurs d'OPCA. La réforme de la formation professionnelle percute de manière importante les organismes paritaires : prélèvement de 13 % de la part du nouveau fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels, remise en cause de leur agrément, obligation de conclure une convention avec l'Etat sur leurs objectifs et moyens, quasi-obligation de financer des formations pour demandeurs d'emploi, nouvelles missions de GPEC en faveur des entreprises et salariés...c'est principalement pour eux que la réforme de la formation professionnelle constitue un profond changement. Chez les administrateurs, le sentiment fortement partagé de subir ce que l'Etat impose sans concertation. Première étape : briser la morosité pour retrouver une dynamique. Coup de main bienvenu d'un administrateur : "Le pessimisme est une humeur, l'optimisme c'est du travail".

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Miro - Encarnar la alegria - 1968

La formule est dérivée de celle d'Alain :"Le pessimisme est d'humeur, l'optimisme est de volonté". Mais je préfère la formule du travail, plus opérationnelle et sur laquelle on peut bâtir : construire une politique, identifier des moyens, poser les conditions de la négociation avec l'Etat, s'appuyer sur ce que l'on fait pour légitimer ce que l'on propose de faire, affirmer son autonomie, refuser la peur de l'autre mais le reconnaître pour ce qu'il est, consentir à évaluer sa propre action de manière professionnelle...bref, que du travail. La grisaille du matin à laissé place au soleil d'après-midi. Vite, au travail !

18/11/2009

Nemo auditur

Nemo auditur propriam turpitudinem allegans. L'adage est un des rares que les étudiants en droit retiennent aisément : rythme de la formule, mystère du nemo, trouble du turpitudinem, appropriation du propriam...on chercherait en vain les raisons de la résonnance particulière du latin. Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Ainsi en a jugé la Cour de cassation  le 10 novembre dernier à propos d'une affaire très banale : une entreprise a transformé en licenciements pour motif personnel des licenciements économiques et signé des transactions avec les salariés pour régler l'affaire. Pris de remords, ou plus exactement s'apercevant après coup qu'il y avait plus à gagner qu'à perdre, les salariés intentent une action en nullité de la transaction. Gagné. Mais mauvaise surprise, les tribunaux exigent la restitution des sommes perçues au titre de la transaction annulée. Les avocats des salariés s'indignent : l'employeur, au nom de l'immoralité des transactions conclues et de l'adage Nemo auditur...ne peut demander restitution des sommes. Si confirme la Cour de cassation.

 

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Nemo in Roppongi
Si les juges ne le mentionnent pas, il est fort possible qu'ils aient retourné l'adage et l'aient appliqué aux salariés : qui a signé une transaction nulle ne peut prétendre conserver les sommes reçues. On perçoit l'agacement des juges devant d'une part la prolifération de transactions qui constituent de manifestes détournement de la loi, quand il ne s'agit pas purement et simplement d'escroquerie (au fisc, à l'URSSAF, etc.), et d'autre part ces repentis tardifs des salariés qui remisent la mise et pensent que le prochain jackpot sera supérieur au premier. Dans l'affaire, nul n'est tout blanc. A l'occasion, rappelons que contrairement à certaines rumeurs, la rupture conventionnelle est une solution bien plus sécurisée que la transaction, qui présente également le petit mérite de la légalité sans turpitude.

17/11/2009

Médecine man

En cas d'inaptitude suite à un accident du travail ou une maladie professionnelle, l'employeur est tenu de  reclasser le salarié en lui offrant un poste « aussi comparable que possible à l'emploi précédemment occupé, au besoin par la mise en œuvre de mesures telles que mutations, transformations de postes ou aménagement du temps de travail » en tenant compte des conclusions écrites du médecin du travail. La loi sur l'orientation et la formation professionnelle prévoit désormais que "Dans les entreprises de cinquante salariés et plus, le médecin du travail formule également des indications sur l’aptitude du salarié à bénéficier d’une formation destinée à lui proposer un poste adapté "(C. trav., art. L. 1226-10 modifié).  On admirera en premier lieu la  qualité de rédaction de nos parlementaires :  "destinée à lui proposer"  est une formule  qui peut laisser songeur.  Peut être traduit-elle que dans l'esprit du législateur  la destinée de l'inapte est toute tracée ou que la proposition est le destin du salarié. Quoi qu'il  en soit, il est  reconnu à ces médecins qui ne soignent pas, que sont les médecins du travail, de proposer les chemins de la transformation de l'individu pour lui permettre de  surmonter  son inaptitude : ouvrir les voies de la  transformation, tel est le rôle du chaman,  qui lui utilise les  esprits et non la formation comme voie de la connaissance et  donc de la guérison.

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Dagmar Glemme - Chaman
Cette nouveauté législative place l'entreprise dans une position délicate en matière de reclassement : il est possible de démontrer qu'aucun poste n'est disponible correspondant aux compétences du salarié à reclasser, mais comment démontrer, dès lors que le médecin du travail affirme l'aptitude à se former à d'autres postes ou métiers, l'impossibilité d'assurer cette formation ? et l'on voit s'étendre considérablement le champ des obligations de reclassement de l'employeur. On imagine mal, de surcroît, la Cour de cassation qui fait peser sur l'entreprise une obligation de gestion de l'employabilité externe en cas de licenciement économique, limiter la portée de cette nouveauté aux emplois disponibles dans l'entreprise : faute de postes existant et en présence d'un constat d'aptitude à suivre une formation pouvant favoriser un reclassement, y compris externe, l'entreprise pourrait bien être tenue d'assurer la formation du salarié. Voilà des chamanes aux pouvoirs bien réels et une obligation de formation supplémentaire pour les entreprises.

16/11/2009

New York Dolls

Retour à Paris et dernière chronique New Yorkaise, pour le plaisir de partager quelques rencontres de hasard, dont on sait qu'il n'est jamais que la manifestation extérieure d'une nécessité intérieure selon la belle définition surréaliste.

Au début des années 1970, le groupe New York Dolls défie la chronique et annonce la vague punk qui se développera à Londres et ailleurs. Aujourd'hui, l'appellation s'est embourgeoisée, comme la ville.

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Les New York Dolls s'inscrivent dans la lignée de Wharol, dont une oeuvre s'est vendue chez Christie's plus de 40 millions de dollars, signe que la crise n'est pas totalement généralisée, et qui laisse encore des traces dans la ville.
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En matière d'icône féminine, difficile toutefois d'échapper à la statue de la liberté, ici présente sur les immeubles jouxtant le World Trade Center.
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Mais revenons aux poupées new yorkaises  avec notamment la plus célèbre d'entre elles qui se trouve au MOMA sous la forme d'une oeuvre d'Hans Bellmer.
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Hans Bellmer - La mitrailleuse en état de grâce
Une ballade dans Brooklyn, encore et toujours, pour se convaincre, s'il était nécessaire, que l'art n'est pas que dans les musées...et les poupées non plus.
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Le promeneur se demande s'il n'est pas entré dans un film de David Lynch, et la rencontre suivante conforte ce sentiment.
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Retour à Manhattan, où la salle de lecture de la bibliothèque universitaire offre un spectacle proustien d'un autre genre mais non moins poétique.
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Proust à New York ? mais oui, dans un Starbuck dégustant une madeleine.
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New York, la ville aux mille visages.
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Et pour ceux qui désespèreraient de trouver une note juridique dans la chronique du jour, une réflexion sur la décision de la justice américaine de transférer les responsables présumés du 11 septembre à New York pour les juger devant un tribunal civil.
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Chantier du Worl Trade Center - Ground Zero

Jamais la démocratie ne s'est mieux portée que lorsqu'elle a garanti à chacun les mêmes droits, quels que soient ses actes, quel qu'il soit. Toutes les lois et tribunaux d'exception portent les germes de l'arbitraire. Le droit commun doit être, pour chacun, une finalité et un objectif permanents. Le tireur de Fort Hood aussi aura un procès et un avocat. Sur le plan des principes, la décision de tenir un procès à Manhattan, au-delà même du symbole, doit être saluée.
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Demain, retour à l'actualité sociale en France, loin des lumières New Yorkaises, pas si loin des débats qui animent la ville.
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13/11/2009

Des français à New York

On rencontre à New York beaucoup de français, et pas que des touristes ou des expatriés. Trois rencontres au hasard des pas aujourd'hui. La première à la New York Public Library. En lien avec la chronique d'hier, étaient présentées plusieurs éditions rares du "Candide ou l'Optimisme" de Voltaire. Preuve que l'optimisme n'est pas qu'américain. Il est vrai que l'ouvrage a deux siècles ! Quand à la NYPL, elle s'ouvre sur les mots de Toni  Morrison :"L'accès au savoir est le superbe et suprême acte d'une véritable grande civilisation. La NYPL est à cet égard à la fois le symbole et la concrétisation de ce que la civilisation a de meilleur à offrir".

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New York Public Library - Salle de lecture
La deuxième rencontre a lieu quelques rues plus loin, devant la tour LVMH dessinée par Christian de Porzamparc. Lequel situe le débat sur l'identité à un autre niveau que celui auquel on voudrait nous ramener : "Conserver une identité en traversant et en empruntant des formes multiples est ce qui me semble le plus heureux, le plus vivant, ce que Wright, Strawinsky, Picasso, ont atteint au contraire de Rothko, de Pollock, qui se trouvent et puis se perdent dans une formule absolue, une forme parfaite pour eux, mais définitive. Une formule dont ils ne pourront plus sortir." . Voici qui nous change du rassis et ranci travail, famille, patrie que l'on nous ressert ad nauseam. Et le travail de Porzamparc sur la tour LVMH traduit ce mouvement permanent qui fait l'identité de la tour.
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Christian de Porzamparc - Tour LVMH
La troisième rencontre a lieu dans la superbe bâtisse qui abrite la collection Frick. Un boudoir est entièrement décoré d'oeuvres de Fragonard. Onze grands tableaux illustrant les âges de l'amour. La pièce était fréquentée par les femmes après le dîner, tandis sans doute que les hommes discutaient de choses importantes de ce monde, elles avaient l'essentiel sous les yeux.
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Jean-Honoré Fragonard - Les âges de l'amour (panneau)
Voltaire, Porzamparc, Fragonard : la trilogie française à New york, des citoyens du monde (Diogène Président !), des européens de France ayant traversé l'Atlantique et pas vraiment en quête d'une identité.

12/11/2009

Le choix de l'optimisme

Selon l'INSERM, la France est le premier pays consommateur d'anxiolitiques et de produits hypnotiques, en d'autres termes de tranquilisants. Plus de 25 % des adultes utilisent de tels produits de manière ponctuelle ou régulière sur une année, lesquels produits connaissent une distribution deux à trois fois supérieure à celle constatée dans les autres pays industrialisés. La France pays dépressif ? la récurrence du thème de la souffrance et du mal être au travail et le fait que la question de l'identité nationale puisse être simplement posée conduit à l'évidence à répondre positivement. Le positif justement, voici ce qui semble manquer et nous distinguer. Petite illustration au travers de rencontres de hasard lors d'une promenade dans New York.

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Affiche dans le métro new yorkais réalisée par une école d'étudiants en art

Tout d'abord cette affiche réalisée par des étudiants : lorsque nous affirmons la grandeur de notre nation, il faut entendre que cette grandeur n'est jamais donnée mais qu'elle doit être gagnée. Humilité et persévérance accompagnent ambition et fierté.
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Publicité pour les jeans Levi's dans Manhattan
La campagne de Levi's l'affirme "ce pays n'a pas été construit par des hommes en costume" et il est facile de vérifier combien l'apparence compte bien moins outre-atlantique. Jugé plutôt sur vos actes que sur le paraître qui n'est pas un acte.
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Affiche à Manhattan
La popularité d'Obama est peut être en baisse du fait de la récession, de la poursuite de la guerre en Afghanistan et de sa courageuse et généreuse réforme du système de santé, mais le "Yes we can" résonne profondément et longuement dans le pays.
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Tichet de métro New yorkais

Dernière rencontre de la journée, ce ticket de métro barré d'un souriant "Optimism" qui tient moins du stupide "Quand on veut on peut" que de la volonté affirmative qui ne préjuge en rien du résultat mais le rend finalement secondaire.
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Empire State Building

Tiens, ce soir l'Empire State Building est bleu blanc rouge, couleurs de l'amérique, couleurs de la France ?

11/11/2009

Egalité toujours

Le Brooklyn d'aujourd'hui n'est plus celui d'Henry Miller. Pour autant, il ne manque ni de charme ni de surprise. La gentryfication, ou boboisation pour parler français, a certes modifié le quartier mais il a l'âme suffisamment trempée pour y résister. Et l'on peut toujours y faire des découvertes : à Brooklyn vit Rachel Papo.Elle vient de publier son premier ouvrage chez PowerHouse Books, intitulé "Serial n° 3817131". A l'heure où l'Amérique exécute ses condamnés, il ne s'agit pas de l'histoire d'un serial killer mais du numéro de matricule d'une jeune fille qui accomplit ses deux années de service dans l'armée Israélienne, ce que fit Rachel Papo.

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Photo Rachel Papo - 2004

Rachel Papo écrit deux semaines avant de quitter l'armée : "Difficile de décrire ce sentiment de liberté ; d'un corps qui veut briser une barrière ; toutes les petites choses que je veux faire ; particulièrement cette urgence de sentir que je suis une partie du monde qui n'appartient pas à un uniforme, qui n'obéit pas à des ordres, ne croule pas sous les responsabilités. Etre capable de choisir en permanence le lieu où j'ai envie d'être.".(traduction libre de l'auteur). Beau programme qui complètera utilement le regard des peintres sur la question de l'égalité professionnelle.  L'égalité professionnelle ce n'est pas simplement des filles dans l'armée, c'est quand l'armée saura  prendre en compte ce regard décalé sans avoir pour autant peur de cesser d'être l'armée.
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Rachel Papo - 2004

Et puisqu'aujourd'hui c'était Brooklyn, n'oublions pas le Toulousain qui a un atelier en ces lieux dans lequel il a peint ceci :
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Alain Garrigue - Brooklyn Desiderata - 2008

10/11/2009

Egalité professionnelle : la parole aux peintres

Le Ministre du travail annonce une nouvelle loi sur l'égalité professionnelle. Gageons que, quel que soit son contenu, ses résultats seront comparables à ceux des lois précédentes. Pourquoi ? parce que les rapports de travail ne pourront véritablement être modifiés que lorsque les relations privés, entre les hommes et les femmes, auront eux même évolués. Zapatero est sans doute le seul dirigeant européen à l'avoir compris et affirmé. Pas de transformation des rapports de travail si l'équilibre quotidien établi entre hommes et femmes n'est pas bousculé.

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Willem De Kooning - Women I - 1950 (photo : jp willems)

Et avant de rédiger une loi, si tel devait être le cas, on conseille à nos députés, à qui on aura pas l'outrecuidance de faire remarquer que plutôt que de voter des lois pour les autres  ils pourraient commencer par partager les places, de méditer trois oeuvres présentes au MOMA de New York : le tableau Women I de De Kooning, Le monde de Christina  D'Andrew Wyeth et, bien sur, les Demoiselles d'Avignon de Picasso.
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Andrew Wyeth - Le monde  de Christina (photo : jp willems)

Pourquoi ces trois-là ? pour changer un peu des représentations classiques de la maman et de la putain qui continuent à structurer les représentations masculines. Et parce que ces trois-là ont su aller à l'essentiel  de manière directe et explicite.
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Femmes réfléchissant à leur condition devant les Demoiselles d'Avignon de Picasso
(photo : jp willems)

Mais que peut être une loi inspirée par De Kooning, Wyeth et Picasso ? si vous n'en avez aucune idée, abstenez-vous de légiférer. En désespoir de cause, demandez à cette enseignante qui montre aux enfants un tableau de Picasso. Certain qu'elle aura plus d'idées que celles qui sont avancées aujourd'hui.
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Picasso - Femme devant un miroir - Et femme donnant à voir le tableau à des enfants (photo : jp willems)