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29/09/2012

Adultes en voie de disparition

Les députés vont bientôt discuter du contrat de génération. Mesure phare, en matière sociale, du nouveau Gouvernement, le contrat de Génération se propose de favoriser l'embauche des jeunes et le maintien des seniors dans l'emploi. Confomément au Code du travail, avant qu'un projet ne soit présenté à l'Assemblée, les partenaires sociaux sont consultés. Et FO fait savoir qu'elle souhaite que la limite d'âge pour les jeunes soit fixée à 30 ans et pour les seniors à 55 ans. Jusqu'à présent, les jeunes en France ce sont les actifs de moins de 26 ans, quant aux seniors la loi renvoie à la négociation collective la fixation d'une limite d'âge que certains font commencer à 45 ans, d'autres à 50 ans et d'autres encore à 55 ans. Si la proposition de FO était retenue, nous serions donc jeunes pendant 30 ans, adultes pendant 25 ans puis seniors pendant également 25 ans si l'on considère que l'espérance de vie moyenne tourne autour de 80 ans. Voilà une nouvelle approche des trois âges de l'homme.

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Le Titien - Les trois âges de l'homme - 1512

Jusqu'à présent, tous les pays d'Europe arrêtent la jeunesse à 25 ans révolus. Tous sauf un. L'influence conjuguée du soleil, de l'insouciance, d'un rapport compliqué à la règle chiffrée et des mamas a conduit les italiens à considérer que l'on était jeune jusqu'à 30 ans. La proposition de FO nous permettrait donc de devenir le second pays d'Europe à bénéficier de cette jeunesse prolongée.

On proposerait volontiers d'aller plus loin. Si l'on poussait la jeunesse jusqu'à 45 ans et que l'on faisait débuter un peu plus tôt l'entrée dans la catégorie des seniors, à 45 ans par exemple, on aurait inventé avec le Contrat de Génération un dispositif qui concerne tout le monde. Et on éviterait tous les inconvénients liés aux effets de seuil. Alors bien sur il n'y aurait plus d'adultes, mais c'est vraiment un problème ça ?

12/03/2011

Chronique de week-end : l'énigme, ou le rêve, de Vénus

Chronique du week-end consacré à un tableau audacieux du XVIème siècle dans lequel explicite et inconscient, onirisme et réalisme, explicite et suggestif se mêlent en géniaux entrelacs.

L'oeuvre a donné lieu à de nombreux commentaires, trop souvent très classiques, comme celui de Panofski qui voit dans la Vénus du Titien l'image  de la tendresse et de la douceur matrimoniale. Allant un peu plus loin, Daniel Arasse voit que le tableau n'est pas une scène se déroulant dans un palais vénitien mais une présentation sur fond noir, pour la mise en valeur de la nudité, d'une fière Vénus se manuélisant, selon le terme charmant de l'époque, tandis que les servantes s'affairent, comme il convient. Plus érotique que Panofski, Arasse souligne bien la hardiesse de la représentation mais surtout la force du tableau et de Vénus, qui s'expose et regarde à la fois. L'interprétation d'Arasse ne satisfait toutefois pas totalement (voir extrait et résumé de deux analyses du tableau ci-dessous). Que peut-on voir dans la Vénus d'Urbino ?

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Titien - La Vénus d'Urbino - 1538

Une jeune femme qui se clitorise comme l'on dit alors (lorsque Titien peint le tableau Montaigne a cinq ans et n'a pas encore introduit dans la langue française le vocable "masturbation"), est-ce véritablement un scandale au XVIème siècle ? Oui pour l'Eglise même si elle n'est pas le pêché majeur. Selon Arasse, elle est même recommandée pour avoir des enfants ce qui renforcerait l'hypothèse d'une scène située dans un contexte de mariage. Toutefois, l'interdit religieux n'est pas douteux. Dès lors, le tableau peut prendre une autre signification. La scène du second plan n'est pas du même ordre que la présence de la Vénus à l'avant du tableau, l'improbable "rideau" noir en atteste comme Arasse l'explique. Mais il ne s'agit pas que d'un effet pictural et l'explication d'Arasse à ce sujet paraît faible. Il semble plus évident que le noir du rideau renvoie à la plongée nocturne dans le sommeil et que la scène au second plan est le rêve de Vénus. Le rêve qu'en mettant les mains en des lieux interdits elle transgresse avec plaisir et volupté les règles sociales. Et ce ne sont pas deux servantes qui s'affairent mais une petite fille qui plonge ses mains avec l'avide curiosité de l'enfance dans le coffre des merveilles. La servante debout, dont la jupe rouge figure l'ordre et la loi, remonte sa manche pour administrer la  correction méritée au regard de la morale. Vénus a été surprise en son enfance et punie pour sa curiosité. Quelle revanche de s'offrir librement au plaisir en notre présence et pour le notre.

Arasse - Venus - Titien.pdf

Arasse-La Venus du Titien.pdf

23/11/2009

Champs magnétiques

En physique, le champ magnétique est  une force caractérisée par une intensité et une direction. Cette force magnétique peut être observée à l'occasion de l'exposition "Titien, Tintoret, Véronèse : rivalités à Venise", présentée au Louvre jusqu'au 4 janvier 2010. Elle est à l'oeuvre dans les regards de quatre personnages qui traduisent avec une intensité stupéfiante leur destinée. Les tableaux sont de Véronèse. Le premier représente La Comtesse Livia da Porto Thiene et sa fille Porzia.

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Véronèse - La comtesse Livia da Porto - 1551
Le regard de la mère est tourné vers l'extérieur. Elle même est extérieure à la scène. Elle n'habite pas les vêtements qu'elle porte. Elle s'évade et s'échappe du théâtre social de la représentation. Sa vraie vie est ailleurs, son rôle est d'être Comtesse. La petite fille n'a pas encore atteint ce point de dissociation. Elle aime la vie et le jeu. Poser demeure un amusement. Elle regarde le peintre. Elle n'exprime pas totalement sa joie car elle perçoit le trouble de sa mère. Pour autant, l'attrait de la nouveauté et de l'expérience l'emporte.

Face à ce tableau, se trouve celui du Comte Da  Porto et de son fils.
Iseppo da porto et son fils adriano 1551.jpg
Véronèse - Iseppo Da Porto et son fils adriano - 1551
Ici, les regards sont inversés. Les champs magnétiques s'exercent en sens contraire. Le père est sûr et fier de son statut. Il l'affirme par son regard direct vers le peintre. Il  est établi et parfaitement installé dans sa situation qu'il domine et maîtrise. Le fils lui et encore à l'âge où le statut ne pèse guère. Il regarde ailleurs, et aspire au jeu en dehors des conventions. Le temps viendra où il prendra la place de son père, mais pour l'instant, la liberté l'occupe et elle se passe en dehors du théâtre social qui l'attend.
Pour les hommes et les femmes, les champs magnétiques sont ici les champs maléfiques de la destinée à laquelle on ne saurait échapper. Mais heureusement, tout ceci se passe en 1551 et n'a plus de rapport avec notre époque qui laisse à chacun le soin de créer son propre chant magnifique, de construire son alléchante destinée. Pas vrai ?