11/08/2014
Vertigo
Le temps géologique est un vertige. Si rationnellement on sait compter jusqu'à 4,5 milliards, éprouver la sensation physique de ce temps longs est une autre affaire. Dans un corps que le temps borne étroitement, comment traduire la durée sinon en acceptant que nous soyons un assemblage atomique momentané, qui fait suite à bien d'autres et en précède d'autres encore.
Le Grand Canyon est une cathédrale du temps et à ce titre il renvoie moins aux pionniers de l'Ouest américain qu'à cet européen old fashion qu'est Marcel Proust pour lequel tout ce que nous voyons n'est que mémoire, y compris l'immémorial.
Mais avec les Américains, peuple sans Histoire mais plein d'histoires, l'entertainment a naturellement pris la place de la mémoire. Aussi n'est-on pas surpris, lorsque l'hélicoptère prend de la vitesse pour raser les derniers arbres de la forêt et accentuer la sensation de vertige lorsqu'il surgit dans l'immensité du Canyon, d'entendre dans le casque les tambours, trompettes, violons et cymbales de 2001 Odyssée de l'Espace.
La démesure du film de Kubrick est à la hauteur du grand sillon tracé par le Colorado au coeur des hauts plateaux de l'Arizona. Et comme le film, le Canyon est un spectacle, une méditation philosophique et une vision hallucinée dont on ressort lessivé.
Mais avant de quitter les lieux, on pourra une nouvelle fois vérifier que la nature imite l'art et que si le temps est un peintre de qualité, les Navajos ont fait mieux depuis.
Après une telle expérience, les habituels feux de forêt estivaux semblent bien anecdotiques, un peu comme une vie à l'échelle du temps.
19:26 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vertigo, grand canyon, ouest, amérique, usa, odyssée, 2001, paysage, nature, temps, proust
14/08/2013
Beauté du contresens
La formule est empruntée au titre d’un livre de Philippe Forest, lui-même inspiré par Marcel Proust qui écrivait : «Les beaux livres sont écrits dans une sorte de langue étrangère. Sous chaque mot chacun de nous met son sens ou du moins son image qui est souvent un contresens. Mais dans les beaux livres, tous les contresens qu'on fait sont beaux.».
Ce qui est vrai pour la littérature ne l’est pas moins pour les pays étrangers. Le plus souvent, nous ne voyons que l’écume, et lorsque nous avons le sentiment d’aller au-delà, notre regard est tellement d’ailleurs qu’il ne peut que voir différemment de celui qui vit dans ce pays et en maîtrise la culture, les codes, l’histoire, les références, la symbolique.
A ce titre, rien de plus agaçant que les phrases qui commencent par : « Les japonais sont… ». Les japonais n’existent pas plus que les français, les grecs, les polynésiens ou les moldaves. Il y a des japonais, 127 millions exactement et une diversité infinie d’individus qui pourraient tous constituer un contre-exemple de certains de leurs concitoyens.
La généralisation est, comme toujours, une réduction paresseuse, loin de la synthèse subtile que l’on peut souvent observer de ce côté ci de la terre.
Voilà pourquoi, il n’y a pas de voyage, il n’y a que des voyageurs.
16:31 Publié dans EN PHOTOS, FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : japon, voyage, littérature, proust, forest, photo, étranger, tokyo
18/03/2013
Gelé
Pas un pas qui ferait crisser la neige. Pas un engin à moteur à l'horizon. Pas de pépiements d'oiseaux, toujours blottis dans leurs abris. Pas encore de lent goutte à goutte des premières fontes. Rien. De nouveaux paysages dessinés au crayon blanc, un silence inattendu, un temps à l'unisson qui devient immobile tant il ne se passe plus rien. S'il n'y avait certaines situations dramatiques, on en viendrait à souhaiter ces périodes qui bousculent tous les rythmes et toutes les habitudes. Qui nous encouragent à d'autres perceptions. Qui nous laissent dans un temps figé, gelé.
Est-ce que ces campagnes pétrifiées ont inspiré les magistrats de la Cour de cassation ? Il faut le croire car ils ont rendu le 13 février une décision qui créé un très proustien temps suspendu entre deux élections. Il s'agissait de déterminer si, dans les entreprises dotées de plusieurs établissements qui élisent leurs représentants à des dates différentes, il fallait calculer en continu la représentativité syndicale ou bien uniquement en début de cycle. C'est cette seconde option qu'ont retenu les juges. Ce n'est donc qu'au bout de quatre ans, que l'on reprocèdera au calcul de représentativité des organisations syndicales. Ce qui renforce d'autant l'enjeu du premier tour des élections, car leurs résultats figeront une situation pour 4 ans. Quelles que soient les évolutions ultérieures et les élections intermédiaires.
Peu importe que la neige ait fondu, que les routes soient de nouveau praticables, que ce véhicule englouti par la mousse blanche retrouve sa conductrice, rien ne changera jusqu'à ce qu'un nouveau cycle électoral complet ne soit entamé. Les juges, maîtres du temps à défaut d'être maitres du temps.
00:23 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élection, syndicat, représentativité, temps, neige, proust, travail, juge
11/11/2012
Le temps retrouvé
Les tribunaux français ont toujours validé la règle du "pas pris, perdu" en matière de congés payés. Selon ce principe, une entreprise est autorisée à supprimer les congés payés non utilisés par le salarié à la fin de la période de prise. Encore faut-il que le salarié ait eu la possibilité d'exercer ses demandes et que l'employeur n'y ait pas fait obstacle.
Ce principe français a déjà subi les assauts de la Cour de Justice des Communautés Européennes (CJCE) soucieuse de garantir à chaque travailleur salarié de l'Union les 4 semaines de congés payés que le droit européen considère comme intangibles (voir ici). Sans doute agacée de devoir toujours appliquer avec un temps de retard des jurisprudence européennes garantissant les droits des salariés, la Cour de cassation semble, cette fois-ci, avoir pris les devants. Avec la décision adoptée le 31 octobre dernier, la recherche du temps perdu se transforme un peu plus en temps retrouvé.
La Cour de cassation était saisie d'une demande d'une salarié qui reprochait à son entreprise de n'avoir pu bénéficier de ses congés payés. La société avait obtenu gain de cause devant les prud'hommes au motif que la salarié n'avait pas présenté de demande et qu'elle ne pouvait justifier de refus de la part de l'employeur. La Cour de cassation inverse le jugement : se référant expressément à la directive européenne du 4 novembre 2003, elle considère que l'employeur doit permettre aux salariés de bénéficier effectivement de leurs congés payés et qu'en cas de contestation il lui appartient de démontrer les diligences accomplies en ce sens. Impossible donc de rester passif et d'attendre que s'applique le fameux "pas pris, perdu".
On en prenait lentement mais sûrement le chemin, cet arrêt est une étape de plus : au moins pour ce qui concerne le congé principal (4 semaines), l'employeur a l'obligation d'être pro-actif et de fixer des dates de congés pour le salarié ou de lui rappeler qu'il doit fixer de telles dates. A défaut, il ne sera plus possible de passer un coup d'éponge sur les compteurs. Puisse ce temps retrouvé être favorable aux jeunes filles en fleur. Bon lundi à tous.
22:30 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : congés payés, droit du travail, droit, jurisprudence, proust, temps, littérature, emploi, travail
21/03/2011
Que cent fleurs fleurissent !
En ce jour de printemps, retour sur les 5ème Trophées du DIF, organisés par DEMOS le jeudi 17 mars 2011. Depuis cinq ans, les Trophées récompensent des entreprises qui ont conduit des politiques volontaristes en matière de DIF. Cette année, les lauréats ont été distingués notamment pour les efforts conduits pour rendre la formation accessible à ceux de leurs salariés qui se forment le moins et surtout pour avoir mis en place dans le cadre du DIF des formation sur les savoirs de base ou savoirs fondamentaux. C'était d'ailleurs une des caractéristiques du cru 2011 : la proportion importante d'entreprises ayant réalisé dans le cadre du DIF des actions d'alphabétisation, de lutte contre l'illettrisme, de maîtrise des connaissances de base. L'accès à la lecture et à l'écriture est un jaillissement printanier que l'on peut saluer par les Cattleya chères à Proust.
Après sept ans d'existence, le DIF continue à se développer lentement. Mais surtout, à se développer en prenant des formes extrêmement différentes selon les entreprises : ici le DIF sert aux savoirs de bases, là il s'est substitué au plan de formation, ailleurs il est géré sous forme d'offre individualisée, dans une autre entreprise il est décidé collectivement par les salariés, dans une autre encore il conduit à négocier une partie de la formation avec les organisations syndicales, etc. Bref, la beauté du DIF, comme celle des orchidées, réside dans l'extraordinaire variété et diversité des modalités de mise en oeuvre. Certes, il est des entreprises sans projet dans ce domaine, certes il est aussi des entreprises qui s'opposent farouchement à toute possibilité pour le salarié de prendre des initiatives, en formation comme dans d'autres domaines. Après tout peu importe. Ce qui compte, c'est que les expériences se créent, se multiplient, se diffusent, soient connues, et qu'au final la pollenisation produise ses effets. Que cent fleurs fleurissent !
00:05 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dif, trophées du dif, demos, printemps, orchidées, cattleya, proust, formation, savoirs de base, illettrisme, alphabétisation
04/02/2011
Citation du jour
Par l'art seulement nous pouvons sortir de nous même
Marcel Proust
01:25 Publié dans TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, proust, musée, citation
08/01/2011
Chronique de week-end : l'énigme de la jeune fille
Le week-end est temps de mise en disponibilité, de ballades, de visites, de découvertes, de rencontres. En 2011, je vous propose une rencontre chaque week-end sous forme d'énigme. La peinture, l'art d'une manière générale, a souvent proposé des oeuvres qui sont des réponses : une histoire est racontée, une fable ou une morale illustrée, une scène historique représentée. Certes l'art contemporain a fait basculer cette logique en proposant des oeuvres qui questionnent l'individu et ne lui proposent pas de réponse. D'où parfois les violentes réactions de rejet dont il est l'objet. Mais entre ces deux pôles, il est des oeuvres qui ne sont ni des réponses ni des questions mais des énigmes. Enigme pour celui qui regarde, mais peut être pour l'auteur lui même, pour qui sa propre oeuvre peut être un mystère. Chaque week-end donc au cours de cette année, un tableau en forme d'énigme avec, comme pour toute énigme, une hypothèse à la clé. N'hésitez pas à livrer les votres. Pour ouvrir l'année, l'énigme de la jeune fille.
Petrus Christus - Portrait d'une jeune fille - 1470
La jeune fille est une énigme dont Proust proposa une éphémère résolution. La jeune fille fait peur, sa liberté est son pouvoir devant lequel tout adulte empêtré dans ses inhibitions ou au contraire déterminé par ses obsessions, cède. Jalousée des femmes, désirée et donc haïe des hommes, porteuse d'une vérité que jamais le jeune homme n'approchera, la jeune fille est un mythe que les jeunes filles habitent un instant, ou quelques uns, et puis dont elles se déprennent pour ne jamais plus le retrouver. Pour l'homme, le mythe est un mystère, l'énigme insurmontable. Certains, toutefois, l'approchent et trouvent grâce à ses yeux. Proust donc qui alla directement au coeur de l'énigme, Nabokov qui en raconta l'histoire, Lewis Caroll qui joua avec lui, Patrick Grainville qui le vénéra dans son très beau "Paradis des orages", et quelques autres dont Petrus Christus.
La toile est de petite taille. Elle est visible dans une vitrine de la Gemaldegalerie à Berlin. Elle a fait l'objet d'analyses, d'exégèses, d'expertises scientifiques, mais n'a rien livré. Ni sur les questions de surface, qui était le modèle, quand fut peinte la toile..., ni sur les questions plus profondes, pourquoi ces yeux asiatiques, pourquoi ce teint de porcelaine, à quelle fin ce regard détourné mais qui ne manque ni de détermination, ni d'audace, et encore moins sur la question essentielle de savoir ce que la jeune femme du peintre de Bruges nous dit d'elle-même et de ses semblables. Mona Lisa est une pâle représentation féminine comparée à cette beauté surnaturelle qui pourtant fût. Mais la peinture ne se compare pas. Tant mieux si Mona Lisa concentre l'attention et les flux touristiques. Les affinités électives vont mieux au teint des jeunes filles que les processions religieuses. Et la jeune femme de Bruges a toujours le teint d'une jeune fille en fleur.
10:53 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : enigme, petrus christus, jeune fille, proust, peinture, berlin, gemaldegalerie, grainville, jeunes filles en fleur
16/11/2009
New York Dolls
Retour à Paris et dernière chronique New Yorkaise, pour le plaisir de partager quelques rencontres de hasard, dont on sait qu'il n'est jamais que la manifestation extérieure d'une nécessité intérieure selon la belle définition surréaliste.
Au début des années 1970, le groupe New York Dolls défie la chronique et annonce la vague punk qui se développera à Londres et ailleurs. Aujourd'hui, l'appellation s'est embourgeoisée, comme la ville.
01:46 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : obama, 11 septembre, new york dolls, proust, bellmer, droit, surréalisme
11/05/2009
Apprendre à désapprendre
Dans la chronique du 6 mai, Proust nous invitait à prendre du recul à partir de l’Odalisque d’Ingres et de l’Olympia de Manet, d’abord opposées par la critique avant de devenir sœurs dans l’excellence. Il constatait également que l’expérience sert rarement de leçon. Une découverte de ce week-end permet de se reposer la question : voyez-vous dans l'Odalisque et l'Olympia ci-dessous des horreurs ou des banalités ou bien de nouveaux chef d'oeuvres qui prendront place aux côtés des précédents ?
Julieth Mars Toussaint expose à la Galerie Guigon à Paris des toiles inspirées de chefs d’œuvre de la peinture que l’artiste se réapproprie avec une grande liberté qui n’exclut pas une totale fidélité. Manifestement, chez lui les leçons du passé sont assimilées. Elles ne conduisent ni à la reproduction ni à l’inhibition mais au contraire favorisent une liberté extrême qui s’exprime avec une force et une vigueur incroyables.
Julieth MARS TOUSSAINT dispose d'une solide formation historique et académique. Pour aller sur sa propre voie il a du apprendre à désapprendre ce qu'il savait.
Construction/Déconstruction/Reconstruction, voilà un chemin fécond pour la création. Dans les cursus de formation, on peut construire, c'est bien. Déconstruire est nécessaire mais s'en tenir à cela est désastreux. Reconstruire n'est pas possible si les deux étapes précédentes n'ont pas été respectées. Proust aurait aimé Julieth MARS TOUSSAINT.
Un détail pour conclure : le prénom de Julieth lui a été donnée par sa mère après qu'elle eut déjà perdu deux garçons avant ou à leur naissance. Un ancien consulté lui avait dit : donne à ton futur garçon un nom de fille, il ne mourra pas. Sa peinture est là pour nous prouver que Julieth MARS TOUSSAINT est vivant et bien vivant.
00:05 Publié dans PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : julieth mars toussaint, galerie, guigon, manet, ingres, odalisque, olympia, proust
06/05/2009
Proust au Parlement !
Une bande cagoulée et armée pénètre dans un collège : on fera une loi contre la cagoule, les bandes armées et les participants non armés aux bandes armées. Des étudiants bloquent des universités : on fera une loi contre le blocage des universités par les étudiants. Ainsi va la production Parlementaire dans notre pays : à chaque évènement sa loi, signe de l'étroitesse des temps. Pour redonner du coeur à l'ouvrage à nos députés, un petit détour par Proust : "Pourtant les plus vieux auraient pu se dire qu'au cours de leur vie ils avaient vu, au fur et à mesure que les années les en éloignaient, la distance infranchissable entre ce qu'ils jugeaient un chef d'oeuvre d'Ingres et ce qu'ils croyaient devoir rester à jamais une horreur (par exemple l'Olympia de Manet) diminuer jusqu'à ce que les deux toiles eussent l'air jumelles.
00:05 Publié dans PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : proust, projet de loi, parlement, juriste, droit
10/03/2009
Le temps retrouvé
La Cour de cassation, à la suite de la Cour de Justice des Communautés Européennes, vient de porter un nouveau coup au principe "Pas pris perdus" appliqué par nombre d'entreprises en matière de congés. La Cour avait déjà posé en principe qu'un salarié ne peut perdre ses congés du fait d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle (Cass. soc., 27 sept. 2007). La même solution s'applique en cas de congé maternité ou d'adoption. Dorénavant le report de congés payés au-delà de la période légale de prise doit également s'appliquer en cas de maladie non professionnelle (Cass. soc., 24 février 2009). Plus de coup d'éponge sur les compteurs de congés payés au 30 avril, mais un report dès lors que la maladie n'a pas permis la prise des congés. Si la solution est évidente pour une maladie couvrant la fin de période de prise (salarié malade de mars à mai par exemple bénéficiant du report des jours restant sur la période suivante), on voit les difficultés pratiques pour un salarié qui aurait été absent en février et mars pour maladie et qui ne prend pas ses congés restant du fait d'un retard de travail et qui demande ensuite un report du fait de la maladie. Ce nouveau coup d'arrêt pourrait bien être un coup fatal pour le principe "pas pris perdu", ouvrant la porte au temps retrouvé, c'est-à-dire à l'obligation pour l'entreprise de procéder à la programmation effective des congés payés en l'absence d'initiative en ce sens du salarié. C'est d'ailleurs la position de la Cour de Justice des Communautés Européennes qui considère que l'employeur doit veiller à ce que les travailleurs jouissent effectivement de leur droit au repos (CJCE, 7 sept. 2006).
Que faire de ce temps retrouvé, de ces congés qui ne disparaissent plus ? osons une suggestion : vous pouvez demander à une jeune fille, en fleurs évidemment, de vous lire le passage suivant "Quelquefois, comme Eve naquit d'une côte d'Adam, une femme naissait pendant mon sommeil d'une fausse position de ma cuisse. Formée du plaisir que j'étais sur le point de goûter, je m'imaginais que c'était elle qui me l'offrait. Mon corps qui sentait dans le sien ma propre chaleur voulait s'y rejoindre, je m'éveillais. Le reste des humains m'apparaissait comme bien lointain auprès de cette femme que j'avais quittée, il y a avait quelques moments à peine; ma joue était chaude encore de son baiser, mon corps courbaturé par le poids de sa taille. Si, comme il arrivait quelque fois, elle avait les traits d'une femme que j'avais connu dans la vie, j'allai me donner tout entier à ce but : la retrouver, comme ceux qui partent en voyage pour voir de leurs yeux une cité désirée et s'imaginent qu'on peut goûter dans une réalité le charme du songe. Peu à peu son souvenir s'évanouissait, j'avais oublié la fille de mon rêve". Bons congés pas perdus et bonne lecture.
09:45 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : congés payés, proust, temps de travail, jurisprudence, droit du travail