21/08/2016
69 fois à l'Est du Sud
Alors, c'est comment l'Australie ?
Arrrggghhh ! C'est 5 000 km on the Road,
C'est 5 000 fois "Putain, c'est exceptionnel...."
C'est 5 000 photos
Non mais attends, tu l'as déjà faite celle-là, c'est ICI.
Ah ouais, mais non, ça n'a rien à voir, parce que l'Australie c'est
Beaucoup plus que 5 000 fois "Hey guys, how're you going ?"
Un arc-en-ciel parfait sur la route de Cap Jervis, qui enjambe la mer et les collines dans une lumière franche et tonique, pendant que Lou Reed s'envole dans "Such a Perfect Day"
Le petit-déjeuner au milieu des kangourous sur Kangaroo Island, île chamanique où les pierres parlent aux arbres qui répètent tout aux animaux qui dansent avec la lune
Malcolm, vissé depuis 80 balais sur la côte Est qui m'explique en bougonnant que si j'ai pas vu la côte Ouest, j'ai rien vu de la vraie Australie
Les nuages qui s'ouvrent comme la Mer Rouge à notre passage pour révéler les îles Withsundays et tout à coup, comme mille déesses émergeant des profondeurs de la terre, la Grande barrière de corail
L'urgence des surfeurs qui courent sur la plage, dans l'eau et sur leur planche pour se glisser dans les plis de la vie éternelle, car la mer ne meurt jamais
Bruce l'américain, au physique d'acteur américain dont on a oublié le nom, qui importe de la moutarde de Dijon depuis la plage de Mainly
La houle de la mer qui te brasse corps et âme, et l’estomac aussi
Les villes de nulle part, au milieu de nulle part, où la vie n'est pas moins la vie que n'importe où ailleurs
Les murals de Melbourne, comme des livres d'images avec lesquels on peut faire le tour du monde en faisant le tour de son quartier
Abir, l'allemand d'origine indienne qui vit à Londres, en parfaite cohérence avec son prénom qui signifie « mélange de parfums », et me confiai sa passion pour les films de Godard alors que je lui faisais part du choc que furent les films de Fassbinder. Et tandis que le bateau nous ramenait de Fraser Island, nous nous enthousiasmions pour le panthéisme australien tout en constatant que nous ne pouvions vivre qu'au cœur de la culture de la vieille Europe
La lagune aux pélicans, en forme de bec de pélican, que l'on traverse interminablement, en espérant secrètement que cela ne finisse jamais et effectivement cela ne finit jamais
Le sparkling wine chardonnay pinot noir, première cuvée, qui se boit comme de l'eau de source, avec l'esprit des Dieux en plus
S'asseoir sur le Tropique du Capricorne en pensant au Père Miller et au copain Garrigue, lui envoyer la photo et recevoir en retour celle de cézigue hilare en train de courir un 100 m dans le stade d'Olympie, se dire que depuis l'enfance, on n’a pas trop perdu le fil et qu'il en reste encore des tonnes de conneries sublimes qui nous attendent
Tous les jeunes français et françaises aux itinéraires singuliers, croisés au détour, qui ont en commun l'énergie, le désir, le pragmatisme et l'idéal
Les années 70 retrouvées sur la plage et dans les rues de Byron Bay, et un peu partout ailleurs aussi, pas seulement comme une mode vintage mais comme un temps qui s'enfuit moins vite
Les roches de fer de Dunk Island dont l'électricité tellurique demeure, à fleur d'eau, 360 millions d'années après leur expulsion des forges du volcan, ce qui permet de toucher et ressentir les vibrations du temps
25 jours sans odeur de tabac, où que l’on soit
Philip assis dans son rocking-chair lisant le journal au petit matin et me disant du haut de ses 90 balais : "J'ai une femme active, un chien, un chat et mes pilules pour la journée, je suis un homme heureux"
L'évidence que perdre le lien avec la nature est une mutilation définitive
Les pubs irlandais affichant fièrement que la bière est la preuve que Dieu a voulu que les hommes soient heureux
Les Polaroïds de Manon, la jeune picarde expatriée à Sydney qui a saisi avec finesse l'Australie et porte d'ailleurs joliment la finesse en bandoulière
Les retraités qui sortent la caravane à la première occasion, et à la dernière aussi, et qui sillonnent les routes et emplissent les caravane-parks.
La troupe de saoudiens hilares qui auraient pu constituer une solide mêlée et qui ont d'ailleurs plaqué un irlandais saoul et excité et l'ont ligoté en trois secondes, ce qui nous a permis de poursuivre le long vol à travers les fuseaux horaires
La roche, le sable, les pierres, la poussière, et les couleurs du temps accumulées qui composent la croûte de la terre au centre du plus vieux des continents
Les tremblements de terre, quasi-inexistants mais qui empêchent les avions de décoller lorsqu'ils surviennent près des côtes
Toute la littérature élisabéthaine qui semble ressurgir des mers déchaînées du Sud et des falaises rouges fracassées par le ressac. Et les corps naufragés dont la mer n'a que faire
Les jeunes filles sportives de Port Fairy qui tenaient un salon de thé de grand-mères
La clairière magique de Qdos et son jardin de sculptures, parmi lesquelles une Alice sautillante qui ouvre en riant les portes des merveilles
Le choc des 14 films en projection simultanées de Manifesto dans lesquels la belle Cate Blanchett joue 14 femmes dont les mots du quotidien sont les manifestes artistiques du XXème siècle. La preuve que la vérité est sous nos yeux, et qu'elle est insupportable
Avoir fantasmé la Pacific One dans l'Ouest américain, où elle n'existe pas, et la savourer pendant des heures de l'autre côté du Pacifique
Les couleurs et les silences de l'Australie dans les peintures de Nicola Perkin
Les eucalyptus partout, mais tout particulièrement le long de la Great Ocean Road
Lentilles Anyway, le restaurant coopératif de Newton à Sydney, où l'on est servi par des volontaires souriants et où l'on paie ce que l'on veut
Les jeunes lesbiennes déterminées, engagées et décontractées du Nord au Sud et leurs regards clairs
Un dimanche ensoleillé, à Melbourne, qui ressemble à l’ile de la Grande Jatte de Seurat
Les aubes et crépuscules qui se tirent la bourre pour t’en mettre plein la vue
Ange, le rugbyman dont la carrière naissante a été brisée par une vilaine blessure, et qui brûle la vie sans limite pour retrouver ses rêves de gosse
Le jour où je suis devenu un nuage, aussi simplement que l'on se lève le matin pour boire son café. Un nuage bien ancré sur terre.
Le constat permanent qu'ici la nature et les animaux sont les véritables résidents des lieux, et te rappellent que tu fais aussi partie de la chaîne alimentaire
Le médecin à qui l'on rapportait les quatre motivations des médecins en France : "Money, Money, Money and Money", qui n'a pas souri et a simplement répondu : "It's human"
Traverser les grandes régions minières en écoutant Le chercheur d’or, d’Arthur H
La démonstration quotidienne, si besoin était, que cool et professionnel vont très bien ensemble, et que l'un sans l'autre, cela redevient du travail ou du n'importe quoi
Loïc, venu ici sans diplôme et sans parler anglais, et qui a obtenu son visa en se rendant indispensable, exemple parmi d'autres que la mondialisation n'est pas le pré carré des upper-class
Les voiles de l'Opéra de Sydney qui s'illuminent soudainement et se parent de vert et jaune pour fêter l'ouverture des jeux Olympiques
Goûter aux vins des vallées du Sud et boire de la géologie, de la géographie, de l'histoire, de l'aventure humaine, de la météo et du plaisir
Attaquer la Bruce Highway avec les premières notes de Dancing in the Dark, rajuster ses lunettes noires et souhaiter que la route soit encore longue
Les hautes, très hautes, fougères arbustives qui allègent la forêt tropicale de leurs ajours dentellés
Le crocodile blanc, scotché sur la berge d'une rivière poisseuse et qui se foutait bien de nos têtes ahuries
Les refrains lancinants de Blackstar, et la voix troublante de David Bowie, à la hauteur des paysages
Les dizaines de chauve-souris géantes qui finissaient d'obscurcir le ciel en fin d'après-midi par leur vol en rangs serrés
Les dingos, les koalas et les cassowaries qui étaient très beaux sur les photos annonçant leur présence
Les trains de cannes à sucre fraîchement coupées qui sillonnent les grandes plaines du Queensland, serpentant au milieu des champs touffus qui attendent leur tour
Philip que je saluai le matin en lui demandant des nouvelles du temps et qui me répondait : "Demande à la fenêtre"
Les villages qui ne sont pas construits autour d'Eglises mais de stations-service
L'impossibilité d'avoir un regard sur les jeux olympiques : où que l'on soit dans le monde, chaque pays ne montre que ses nationaux
Le chat Friday qui appréciait l'efficacité de Gigi, aussi redoutable businesswoman que lesbienne affirmée et revendiquée
Le rapide constat que la culture aborigène et la culture occidentale sont incompatibles ce qui suppose soit une partition soit une disparition, les deux étant à l'œuvre
La pleine lune qui nous avait donné rendez-vous à notre arrivée et provoqua notre départ avec un jour de retard
L'ivresse permanente des premières fois qui te fait devenir nouveau, comme la vigne donne chaque année un raisin nouveau
La longue liste des animaux qui n'ont pas d'autre prédateur que l'homme
Les peintures de Masson dans ce pays tellurique qui l'aurait enivré et qu'il a peint très exactement sans jamais l'avoir vu
Les baleines sauteuses, qui vont en nombre pair, et les requins de cinq siècles, toujours vifs
L'intégralité de la gamme des rouges uniquement en regardant autour de soi, et aussi les verts, et les bleus et les jaunes et le noir. Couleurs primaires pour une terre primordiale
Cette heure, entre chien et loup, où surgissent tous les animaux
Le soleil et la lune, face à face, un petit matin clair entre mer et montagne
L'impromptue et improbable nuit passée chez un chinois dans cette ville où tout le Pacifique et l'Océan Indien semblait s'être donné rendez-vous
Le sentiment profond que l'Australie, ce n'est plus si loin
Ta main qui trouve la mienne sans hésitation en plongeant dans la grande barrière de corail et les multitudes colorées de poissons et coraux qui nous regardent un instant, et nous qui les voyons toujours
15:42 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : australie, vacances, voyage, photographie, littérature, amitié, rencontres, lune, paysages, vie
12/08/2016
HÔTELS
Les hôtels, comme les taxis, sont des places de passages où l'on est immédiatement chez soi, en des lieux aussi inconnus qu'éphémères.
Qui tient la chronique de toutes les histoires, de toutes les chambres, de tous les hôtels ?
Chaque hôtel est une énigme dont la clé s'est perdue dans le temps.
Seul l'imaginaire peut retrouver le fil des histoires perdues.
Mais comment retrouver tous les rêves de tous les dormeurs ?
Les hôtels sont des invitations que l'on ne peut pas toujours refuser.
Car la nuit révèle à l'hôtel, et son hôte, sa vérité primordiale.
C'est pourquoi aller d'hôtel en hôtel n'est qu'une autre manière de continuer l'enquête.
13:03 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vacances, hôtel, voyage, australie, photographie
10/08/2016
Nostalgie
Tout voyage est une nostalgie. Peut être de part sa fin annoncée. Peut être parce que l'on sait que l'on ne repassera jamais dans ce coin là, que l'on ne regardera jamais plus cette rue, ce ciel, cette lumière, ces gens que l'on croise et ceux avec lesquels on échange quelques mots.
Cette nostalgie, inhérente au voyage, elle vous saisit plus profondément à la vue d'un rémouleur des temps pas encore post-modernes.
Où lorsque vos pas croisent une station service qui ne sait pas encore que les années 70 sont terminées.
La nostalgie, dans sa version superficielle, c'est un peu de vintage et les couleurs de son enfance.
Et de manière plus profonde, ce qui vous a marqué, avec lequel vous vivez et qui contribue à vous changer tous les jours.
On n'est pas à Londres, mais le propre de la nostalgie est d'abolir temps et distances. Alors on peut être persuadé que c'est bien ici que les Pink Floyd ont enregistré leur meilleur album.
C'est également ici que l'on joue sa vie comme on joue on flipper : on gagne, on perd, mais toujours on espère s'en refaire une petite...gratuite !
Pourquoi les années 80 ont-elles cette odeur de 70 alors qu'elles en furent la négation presqu'absolue ?
Et pourquoi ces vallons, battus par l'Océan Indien, sont-ils absolument semblables aux grands plateaux de l'Alentejo ? parce qu'ils suscitent tous deux l'envie de s'y établir, de mener une vie chamanique et d'écrire, ou alors parce qu'ils inscrivent en vous, irrémédiablement, un peu de saudade, une tenace nostalgie ?
00:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nostalgie, voyage, vacances, australie, littérature, photographie, alentejo
07/08/2016
Côte Est (Postcards)
La photographie se fait plutôt dans les villes : lumières, personnages, architecture, boutiques, les mystères de la rue sont sans limite. Mais lorsque l'on est dans un pays-continent, la notion de limite perd de sa substance. Et le long de la côte Est, les miroirs de sable, les nuages de vent, l'éternel retour des vagues, aimantent le regard.
La terre est rouge. Elle a la couleur des flammes. Et l'on est au coeur de tous les éléments.
A certaines heures, les couleurs font la sarabande. C'est un sabbat céleste sous vos yeux incrédules.
Et quitte à donner dans les clichés, restons dans le no limit. Sur ces côtes, le surfeur barbu aux longs cheveux blonds qui court vers la vague promise, est aussi présent que les pélicans ou les kangourous.
Mais foin de moquerie, il faut quand même la taquiner la vague.
Miroir mon beau miroir, dis moi si je l'ai bien descendue.
En prise avec les éléments, les surfeurs sont en réalité des poètes de l'infini, chaque vague appelant la prochaine.
Et dans les lieux où le panthéisme règne, voir un pêcheur de nuage devient une banale évidence.
Comme l'apparition d'une sirène.
Le ciel habille le surfeur de ses rêves.
Puis se retire en silence.
Et vous laisse un dernier message avant de s'éclipser.
14:29 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vacances, voyage, australie, photographie, plages, nature, surf, sirène, ciel
02/08/2016
Les apôtres et les autres
Au Sud de l'Australie, on peut aller à la rencontre des 12 apôtres. Ces pans de falaise découpés par la houle, sculptés par les vents, érodés par l'acidité du sel, déchirés par les tempêtes, promis à une disparition prochaine, lorsque le temps et les éléments auront arasé ces excroissances éphémères.
Ephémères car il suffit de se mettre à la véritable échelle du temps. Celle de l'histoire ou celle du temps géologique. Pas facile à l'époque des chaines d'actualités en continue et du robinet permanent de l'information qui sanctifie le présent et abolit toute dimension temporelle. Les douze apôtres nous rappellent que la pensée se déploie dans le temps et qu'elle n'est rien dans l'instant.
A la National Gallery de Melbourne, on peut prendre le temps devant un autoportrait aux douze apôtres de Greg Semu. Cette photographie grand format appartient à la série "The last cannibal supper...cause tomorrow we become christians". Elle illustre avec humour la tragédie de l'évangélisation des populations du pacifique et donne un écho particulier aux paroles du Pape François.
Tous ceux qui estiment que les migrants devraient abandonner à la frontière leur culture, leurs habitudes, leurs repères et s'assimiler illico-presto, pourraient s'essayer au temps long et se souvenir de la manière dont l'évangélisation a respecté les cultures locales en Amérique, Afrique ou Océanie. Dire cela ce n'est pas égaliser les cultures ni les valeurs. Encore moins établir une quelconque culpabilité, chacun n'est comptable que de ses actes, pas du passé. Mais ce n'est jamais en niant le passé que l'on peut penser, et agir, dans le présent.
00:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : apôtres, religion, culture, christianisme, évangélisation, intégration, assimilation, politique, art, photographie, australie
01/08/2016
MEN
Je cherche l'homme, criait Diogène avec sa lanterne en plein jour dans les rues d'Athènes. Mais il ne voyait que des hommes. Avec moins d'humour, encore que, Sartre se considérait comme un homme, fait de tous les hommes, qui les vaut tous et que vaut n'importe qui. Egalité vs diversité.
Pas simple d'échapper aux représentations quand elles te sautent au visage. La conformité : confort et infirmité.
Pourtant, l'homme ce rêveur définitif. Avec la part de rage des rêves inassouvis.
Les pétages de plombs offrent des pétales de plomb. La paix n'est pas un état naturel.
Et l'histoire ne s'arrête jamais.
Il faut que tu boxes. Une seconde, à peine, pour reprendre ton souffle, et vamos, tu marches.
Car quel homme résiste à la tentation de faire le malin.
Celui à qui on ne la fait pas.
Et qui écrit son nom partout.
02:56 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, vacances, homme, photographie, australie
15/01/2016
D comme....DESIR
Le Marquis de Sade démasqua le désir
Lorsque des responsables formation annoncent que par la formation ils vont faire adhérer les salariés au projet de l’entreprise, il m’arrive de leur rappeler que les salariés ne sont pas des velcro. Et parfois je leur montre des photos de Spencer Tunick.
Le 17 août 2007, 600 personnes marchent pendant plus de quatre heures pour monter jusqu'au glacier d'Aletsch. Là elles se dévêtent et posent en toute nudité pour Spencer Tunick, photographe spécialisé dans les installations mettant en scène des personnes nues en milieu urbain ou naturel.
La photo était, à l’époque, réalisée pour Greenpeace, commanditaire qui souhaitait attirer l'attention sur le réchauffement climatique et la diminution rapide du glacier. Etait-ce cette motivation écologique qui habitait les 600 participants, tous volontaires et non rémunérés. Comment d'ailleurs connaître les motivations de chacun, rendu invisible par le nombre sur la photo ? Credo naturiste, démarche artistique, plaisir exhibitionniste, simple curiosité, amour de la montagne, militantisme écologique, besoin d'évasion, pari d’ivrogne, recherche de contacts, ballade entre amis, blague potache, envie d’expériences, occasion faisant le larron....????
Esthétique, corporel, fantasmatique
Et comment identifier les motivations des 18 000 mexicains qui ont posé nus sur la place centrale de Mexico ? Et celles des milliers d’allemands qui sont restés sous la pluie et dans le froid des grandes avenues balayées par le vent de Dresde ? Et des lyonnais regroupés dans les Traboules ? Et des catalans dénudés sur le port de Barcelone ? Et de tous ceux qui traversent le monde pour venir se joindre pendant quelques heures à une foule nue, placide, qui répond docilement aux ordres des assistants du photographe, perché sur une échelle ?
Pour réunir tous ces participants, Spencer Tunick n’a pas identifié les ressorts de la motivation personnelle, il n’a pas réfléchi à partir de l’artificielle pyramide de Maslow (quelqu’un aurait pu expliquer à Maslow que les carences alimentaires causent moins de dégâts chez les enfants que les carences affectives), il n’a pas exigé que chacun partage ses propres motivations. Il a su inventer un événement permettant à chacun d’investir son désir personnel, sans avoir à rendre de comptes. Parler au désir d’autrui, voilà qui suscite toutes les vocations, les engagements, les volontés. Mais comment s’y prend-on pour parler au désir des autres ? Demandez à Spencer Tunick.
16:06 Publié dans DICTIONNAIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : formation, photographie, motivation, éducation, travail, emploi, dictionnaire, livre
24/02/2015
L'ombre d'un doute
Les auteurs de la réforme de la formation professionnelle avaient-ils conscience, en orientant l'intégralité des dispositifs légaux vers la certification, de toutes les conséquences qui en résultaient ? on peut en douter tant le raisonnement en terme de "formation" demeure présent dans les esprits alors que le système a déjà basculé vers la certification. On peut en juger au désarroi parfois affiché par des partenaires sociaux lorsqu'ils constatent que, sur le CPF par exemple, toute formation à laquelle est associée une des certifications éligibles doit être financée sans que l'OPCA n'ait à se prononcer sur le parcours. Il faut pourtant louer cette liberté des parcours et lutter contre leur normalisation qui consisterait à réintroduire des durées, des contenus, des programmes standardisés. Osons le dire, il est temps de faire confiance à l'offre et aux personnes et de ne pas asphyxier le système en le bridant par volonté de vouloir totalement le maîtriser. Mais sur ce point, j'ai comme l'ombre d'un doute.
L'exemple du socle de compétences n'est pas pour rassurer : nous avions un référentiel, avec lequel il était possible de travailler, voilà que l'on nous annonce des formations types, des organismes labellisés, une certification. Et au passage quelques mois de plus avant d'entrer dans l'opérationnel. Tout encadrer, tout normaliser, tout prévoir, tout organiser, tout contrôler. tout décider, on ne peut pas dire que l'on soit sur le modèle de la confiance. Ni même sur le modèle pédagogique annoncé : celui de permettre aux acteurs de se saisir pleinement de ce qui est mis à leur disposition pour en faire le meilleur usage possible. Car réduire le champ de décision d'autrui n'a jamais été la meilleure manière de le responsabiliser.
08:27 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : formation, réforme, compte personnel formation, compétence, socle, responsabilité, liberté, photographie
28/01/2015
Le cri, cet argument
Les lenteurs de la mise en place de l'inventaire des certifications non diplômantes pénalisent particulièrement les organismes de formation qui réalisaient une part importante de leur activité avec le DIF, à savoir les organismes de formation en langues, en bureautique et en développement personnel, puisque les demandes de DIF portaient principalement sur ces trois thématiques et assez peu sur les formations métiers. Les centres de formation linguistiques ont été les premiers à réagir : articles dans la presse, interview dans les médias, interpellation du Ministre se sont succédés, pas toujours d'ailleurs avec des arguments techniquement très fondés puisqu'il n'a jamais été question d'exclure les langues de l'inventaire, qu'elles ne pouvaient pas figurer dans la première LNI (ce n'était donc ni un oubli ni une exclusion) et qu'il fallait, comme pour beaucoup d'autres, attendre l'inventaire. Bref, sur le fond pas très concluant. Sauf que les Ministres sont sensibles aux cris qui peuvent avoir de l'écho.
Frantisek Drtikol - Le cri
Le Ministre s'est donc ému de ce bruit qui parvenait jusqu'à lui, preuve que nous avons toujours un ministre qui s'occupe de formation professionnelle, du moins lorsque la presse en parle. Inquiet d'être pris à défaut, le dit Ministre demanda donc que la question soit réglée, ce qui nous vaut ce mercredi une réunion entre la DGEFP et les organismes de langues, afin de rendre éligibles les certifications en langues dans des délais rapides et sans attendre la sortie de l'inventaire. Du dérogatoire donc. Pourquoi pas ? on aurait toutefois préféré que le ministère identifie le problème avant, anticipe sur les délais, fasse travailler la CNCP et publie l'inventaire dans les temps. Mais il faut donc se résoudre à constater, une fois de plus, qu'avec les politiques c'est rarement celui qui a les meilleurs arguments qui a raison, et plus souvent celui qui crie le plus fort.
00:00 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : formation, cpf, langues, anglais, ministre, politique, emploi, photographie, drtikol
05/10/2014
Juste une histoire: Bien venus
Les corps blancs et nus s’allongent un à un sur la roche noire. Les jambes, torses, bras, nuques, pieds, fesses, têtes, se tordent , se ploient, se segmentent pour occuper les irréguliers hexagones de basalte qui forment la Giant’s Causeway. La mer d’Irlande offre un décor gris, vert, noir et marron. Les nuages défilent si bas qu’on pourrait les toucher, bousculés par un glacial vent du Nord, laissant à l’occasion apparaître des pièces de ciel bleuté. La lumière est satinée, comme avant une éclipse. Devant moi, plusieurs centaines de corps, debout, avancent lentement vers la place assignée. Le froid rétracte les chairs et les peaux. Dans les espaces laissés par la mer et le vent, se glissent quelques rires, de joyeuses paroles, du moins peut-on le supposer au ton des voix, car ici on parle toutes les langues. Se parler semble plus important que se comprendre.
J’avise un groupe hilare qui fait bloc contre les rafales :
« Excusez moi, vous pourriez m’indiquer pourquoi vous êtes venus ?
- Ah oui, bien sur…c’est le hasard….on a participé à la photo prise à Aurillac il y a quelques années. On ne se connaissait pas, et depuis on guette les annonces de Spencer Tunick et on se retrouve…»
Un grand blond, qui a gardé ses lunettes et ses bras serrés sur sa poitrine, me regarde un instant. Je saisis l’occasion :
« Et vous, pourquoi êtes vous là ?
- je suis photographe à Bruges, je suis sur toutes les photos, même si on ne me voit jamais… »
Derrière moi, de jeunes potaches gloussent un peut trop fort. J’interromps leur prépubère excitation :
« Pourquoi êtes vous là ?
- t’es ouf ou quoi mon pote…on a fait les JMJ, c’est super, y a plein de filles mais elles prennent leur kiff à discuter. Ici on a pensé que ce serait plus direct… ».
Je suis passé de groupe en groupe, remontant la foule compacte qui avait déjà oublié sa nudité et se pliait bien volontiers aux demandes jaillies du portevoix que brandissait un assistant monté sur son échelle de spectacle.
Inlassablement, je questionnai et l’on me répondait. Les locaux, qui défiaient avec ostentation le froid, car c’était le leur, et qui ne pouvaient pas ne pas être là, les collègues de travail qui avaient fait un pari avec ceux qui n’étaient pas venu, les militants du naturisme qui venaient promouvoir leur mode de vie pour le bonheur de tous, les touristes venus pour la Chaussée et qui se retrouvaient dénudés, les fidèles qui étaient de tous les évènements, ceux qui étaient là parce qu’ils trouvaient que dans leur vie il n’y en avait guère, d’évènements, ceux qui étaient venus pour pouvoir dire qu’ils étaient venus, ceux qui, déçus, étaient là pour être sur la photo et avaient compris qu’on ne les y verrai pas, les familles venues des quatre coins de la planète ronde se retrouver un temps, les solitaires rassurés par l’anonymat du nombre que renforçait la nudité, les bandes festives, pressées d’en finir avec la photo, le froid et l’attente, dont la patience s’alimentait de promesses de pubs irlandais, les accros aux réseaux sociaux qui guettaient tous les rendez-vous et se résignaient à être des milliers d’happy few, la génération 68 qui continuait à faire acte politique, les amoureux des métros bondés qui vivaient comme dans un rêve leur immersion dans la foule, les altermondistes qui, après de longs débats, avaient conclu que l’esthétique ne devait pas être abandonnée aux bourgeois, les naturophiles, les urbanophobes, les sociologues émus par la concrétisation charnelle de leurs recherches sur les mouvements sociaux, les journalistes infiltrés, les fascinés de la diversité humaine, et ceux qui venaient au contraire vérifier « qu’on est tous faits pareil »,…
Une jeune femme aux seins impertinents et à la voix qui ne l’était pas moins interrompit mon recensement d’un questionnement brutal :
« Je m’appelle Szasza, je vous regarde questionner tout le monde, mais vous, vous êtes là pour quoi exactement ?
- je suis venu pour savoir pourquoi les gens sont venus».
Juste une histoire.
11:18 Publié dans JUSTE UNE HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : spencer tunick, photographie, littérature, histoire, irlande, photo, nouvelle
09/09/2014
Il suffit de regarder
Pourquoi lorsque l'on regarde une peinture, et particulièrement une peinture abstraite, on peut distinguer immédiatement un chef d'oeuvre d'une croûte ? pourquoi lorsque l'on voit un plan d'un film d'Hitchcock est on certain que c'est un film d'Hitchcock ? pourquoi lorsque l'on regarde une photo, sait-on immédiatement qu'il s'agit d'une oeuvre majeure qui se distingue sans peine au milieu des milliards de clichés qui viennent s'installer tous les jours dans les mémoires électroniques des appareils photos en tout genre ? si ces questions vous paraissent avoir du sens, foncez vite à Arles, prenez votre pass des rencontres photographiques et courez à l'Espace Van Gogh admirer les photos d'August Sander, de Richard Avedon, de Nobuyoshi Araki et de quelques autres.
Avedon - The family
Vous y découvrirez notamment ces dizaines de portraits de dirigeants américains par Richard Avedon. Ces portraits en plan américain, sur fond blanc ne laissant aucun chance aux personnalités de se fondre dans le décor et d'échapper à l'oeil qui les regarde, offrent de saisissants raccourcis sur la vie des photographiés. Et permettent de ne plus s'étonner que des gens si semblables et si sérieux aient une même représentation du monde, puisqu'ils se représentent eux-même de manière totalement identique sous quelques fausses diversité d'apparence. Et il ne reste plus qu'à constater tous les jours les dégâts causés par cette classe dirigeante totalement fermée sur elle-même.
00:04 Publié dans TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : avedon, photo, photographie, arles, pouvoir, dirigeants, politique, noir, blanc
16/09/2013
Trop c'est trop
Le néerlandais Erik Kessels a imprimé toutes les photos qui ont été publiées sur Flickr pendant une période de 24 heures. Ces photos sont toutes différentes, uniques, et pourtant elles constituent un ruban de moebius de la photographie personnelle. L’impression d’avoir déjà vu, revu et rerevu tout cela et finalement, l’accumulation finit par tuer toute vision tant l’œil est submergé par l’entassement.
Comme dans une décharge à ciel ouvert, ce qui pourrait être une des définitions possibles d’internet, on se dit qu’il y a sans doute, dans le tas, quelques pépites qui s’amusent à se dissimuler, à éprouver leur clandestinité et prennent un malin plaisir à jouer à la lettre volée. Mais oui, je suis là, devant toi, tu ne vois rien ? et bien non, rien de rien, carrément rien. Trop c’est trop.
Et pourtant les centaines de photos de Daido Muriyama ne produisaient pas cet effet de chantilly au kilomètre. Peut-être tout simplement parce que peu importe le nombre, comme au Tango, ce qui compte c’est le geste juste.
Les photos d'Erik Kessels invitent à penser que ce qui tue le droit, c’est moins l’invraisemblable quantité de textes, même si elle ne facilite rien, que la médiocrité de leur qualité. Et l’on se dit qu’il faut la ténacité, ou la folie, d’un chercheur d’or pour s’évertuer encore à traquer dans tout ce fatras quelques pépites.
00:05 Publié dans EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : droit, arles, rencontres, photo, photographie, flickr, image
13/08/2013
A pied
Marcher sans itinéraire, sans plan, sans autre volonté que de découvrir des lieux nouveaux, laisser advenir la poésie, par exemple cette petite fille qui vole sur la piste et continue de courir entre les courses, ni les filles ni les garçons ne la rattrapent, ou ces immeubles depuis lesquels on vous observe, ou ces jeunes filles qui vous invitent à conjuguer des langues inconnues, ou même ce stalinien palais du gouvernement inspiré par Notre-Dame (pour mieux souligner que la politique tient du religieux ?) qui se teinte la nuit de beaux éclats de gris ou encore cette gargotte ou vous pouvez partager la fin de journée avec les habitués. Mais puisqu'il est question de poésie, laissons la parole à Rimbaud, dont les phrases sont des haikus.
Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, - loin des gens qui meurent sur les saisons.
J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames.
J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues.
Il faut être absolument moderne.
Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.
et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.
16:47 Publié dans EN PHOTOS, FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : japon, poésie, marche, pied, photo, rimbaud, photographie
03/08/2013
Bestiaire
De Tokyo la mégapole, à Kyoto la provinciale en passant par Nara la campagnarde, dans toutes les villes les animaux font partie non pas du décor mais de la vie même. Impossible, par exemple, d'échapper aux chants des grillons, que les japonais savent, paraît-il, différencier.
Impossible également de ne pas subir les ricanements ironiques des corbeaux et corneilles qui traînent en tous lieux, plus efficaces surveillants de vos gestes que Big Brother.
Les bassins des jardins accueillent les carpes en kimono, pour elles c'est tous les jours tenue de gala.
A proximité, il n'est pas rare de surprendre le regard d'une tortue, qui vous scrute tel un vieux samourai suspicieux et belliqueux.
Plus pacifiques, les hérons cendrés feignent l'indifférence mais leur regard en coin n'en perd pas une miette. Sachez-le, il y a toujours un animal qui vous regarde.
Les biches de Nara guettent le chaland et lui feront sans vergogne, et même avec insistance, les poches (de gâteaux).
Dans les temples, le boeuf offre sa bienveillance comme le japonais sa courtoisie. Au point que vous le laissez décider lui-même du voeu qui sera le vôtre.
Il y aurait encore les chats de rue, les hirondelles de fil et surtout le mythique lapin japonais qui tient plus du lapin blanc d'Alice au pays des merveilles que du Bugs Bunny macheur de chewing-gum.
Et puis il y a, évidemment, les papillons.
17:44 Publié dans EN PHOTOS, FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : animal, japon, photo, photographie, grillon, corbeau, poisson, oiseau, voyage, vacance
16/06/2013
Trouple
Les voilà. Ils sont là. Les beaux-jours. Les bodegas germent comme des herbes folles sur le pavé. Face à Bercy, dont le froid rectangle unijambiste rappelle que les occupants ont la religion de la raison mais guère celle du corps, on a installé les transats, les planches de charcuterie et de fromage et les rythmes du Sud. Pas de choc de compétivitité, de simplification, de confiance, juste un choc de cultures. Qui ramène vers le Sud et ce bel ouvrage de Claude Llabres "Toulouse mon amour" dans lequel on peut découvrir ce beau trouple.
La photo date du début des années 90, signe que le mariage pour tous est finalement encore en retard. Il suffit de se souvenir de Max Ernst, Paul Eluard et Gala, ou pour une autre configuration, de Sartre Beauvoir et Olga. Michel Serres le rappelle régulièrement : les politiques, contrairement à ce qu'ils pensent, sont toujours en retard sur la société. Il est loin le temps de Jules et Jim. Aux temps troubles, préférons le temps qui laisse venir le trouple.
13:52 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : trouple, toulouse, photo, sud, photographie, société, temps, soleil
12/06/2013
Aligné
C'est plus une confirmation qu'une nouveauté, mais elle est formulée en des termes si fermement énoncés que l'on comprend qu'un cap est définitivement franchi. Et en plus, la décision sera publiée au bulletin. Il s'agit d'un jugement rendu par la Cour de cassation le 5 juin dernier au profit d'un opérateur de lignes qui reprochait à son employeur de ne l'avoir jamais inscrit à une formation du plan de formation en 16 ans. L'entreprise avançait pour sa défense que le salarié avait été recruté sans compétences, qu'il avait été formé au poste, qu'il pouvait désormais prétendre à un emploi de même nature dans tout entreprise industrielle, que le poste n'avait guère évolué en 16 ans ne nécessitant pas de formation et que le salarié, pour finir, n'avait jamais demandé ni DIF ni CIF. Tous ces arguments, qui avaient convaincu les juges d'appel, ont été balayés par la Cour de cassation qui donne raison à l'opérateur de lignes.
En effet, la seule adaptation au poste de travail est insuffisante. L'employeur doit maintenir la capacité du salarié à occuper un emploi compte tenu de l'évolution des emplois, des technologies et des organisations. Ce n'est donc pas uniquement une employabilité interne que l'entreprise doit maintenir, mais également une employabilité externe. Et le fait qu'il existe des dispositifs d'accès à la formation qui font place à l'initiative du salarié ne peut avoir pour effet d'exonérer l'employeur de ses responsabilités. Si certains, en créant le DIF, pensaient transférer la responsabilité de l'employabilité sur le salarié, c'est raté. C'est peut être d'ailleurs en partie pour cela que les mêmes soutiennent aujourd'hui la disparition du DIF et la création du compte personnel de formation. Il faut les comprendre, ce n'est pas toujours drôle de se faire aligner.
23:44 Publié dans DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : dif, formation, entreprise, emploi, social, travail, droit, ligne, richter, photographie
06/06/2013
On dirait le Sud
TGV du matin pour voir un client à Marseille. Soleil matinal, lumières pâles de la Provence, sols secs, on en oublie même que le compartiment bruisse des inévitables cadres qui paufinent fièvreusement leurs présentations Powerpoint et vérifient leurs tableaux croisés dynamiques avant leur réunion du jour. Dès que la mienne est terminée, de réunion, je retarde mon retour pour un tour de ville dans laquelle il y a longtemps que je n’ai plus traîné. Avec pour débuter un détour par la Belle de Mai.
Une déambulation marseillaise est l’occasion de constater que le Sud ne manque pas d’imagination pour favoriser l’emploi. Tout d’abord, pour lutter contre les idées reçues, à Marseille c’est celui qui travaille qui est assisté et non l’inverse.
Ensuite, on ne lésine pas sur la sécurité au travail, ça créé de l’emploi.
Enfin, on privilégie le travail collectif parce que dans le Sud, la convivialité et l’esprit d’équipe, c’est fondamental.
Y a pas à dire, dans le Sud, on a du génie. Et comme on est autonome, Marseille c’est déjà un peu la Corse, hé bien le génie, en cas de coup de mou, il se répare lui-même. Pas de doute, on est bien dans le Sud.
00:17 Publié dans EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marseille, sud, travail, emploi, photo, photographie, chomage, tgv
08/05/2013
Voir
Ce n’est pas parce que le baccalauréat approche qu’il faut succomber aux tartes à la crème des sujets (ne devrait-on pas dire objets d’ailleurs ?) de philosophie. Pas de discussion donc à partir de l’éculé « l’art imite-t-il la nature ? » ni de son plaisant inversé, nous voulons parler de la formule d’Oscar Wilde « la nature imite l’art ».
Bornons nous ici à constater que la réponse à ces questions, et à bien d’autres, est dans le regard. Notre manière de voir, d’observer, nous définit mieux que de longs discours.
Voir, regarder, observer, c’est une question d’échelle, de catégorie, de représentation, de mode d’appréhension du réel, du symbolique et de l’imaginaire, coucou Lacan.
Mais si l’on veut savoir ce qu’il y a véritablement dans une toile de Rothko, et donc la raison pour laquelle ce peintre consacra la plus grande partie de sa vie à enduire des toiles de grandes surfaces colorées, les traces de voyage, de temps et de poésie prélevées sur une épave de bateau sont les bienvenues.
Le regard, où la manière dont chacun d’entre nous appréhende les ombres et lumières du monde auquel il appartient.
00:10 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : regard, peinture, photographie, photo, art, picasso, rothko, richter, cubisme, nature
06/05/2013
Oh la belle bleue !
C'est comme dans un film de David Lynch : la scène est banale, lever de soleil sur le golfe de Douarnenez, brume légère, belle journée ensoleillée qui s'annonce, odeur de café, de pain grillé, idées vagabondes, l'esprit en repos qui caracole en toute liberté, pas de programme, pas d'agenda, juste le moment. Et puis quand même, un léger doute, un détail qui ne colle pas, une petite bizarrerie, sur la mer pas de bateau. Pas le plus petit rafiot, pas une voile, pas un pêcheur, un plaisancier matinal, rien. L'eau livrée à elle-même. Et puis soudain, la grande figure se dessine.
Mais quel est donc cette main qui a tracé à la craie un portrait de fumée dans les nuages ? mieux que le test de Rorschach, la lecture des nuages. Que voyez-vous lorsque vous regardez le ciel ? et bien des têtes de juristes aux perruques poudrées évidemment !
Vous n'êtes pas convaincus ? venez on s'approche :
Le bon docteur Freud serait ravi : le juriste en vacances qui voit de vieux juristes solennels et tous confits dans leur moisissure institutionnelle se transformant en feu d'artifice boréal ! voilà du pain sur la planche pour les psychanalystes ! surtout que la vision perdure.
Mais l'information, dont la fonction première est de tuer le rêve, fait son office. Il ne s'agirait que d'un missile qui a explosé en vol, pendant sa période d'essai. Autrement dit, ce jour là, il ne s'est rien passé, pas de juriste dans le ciel, pas de surmoi exposé à la vue de tous, juste une petite défaillance, à moins que ce ne soit un burn out, du missile évidemment.
10:29 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : missile, bretagne, finistère, m51, photographie, mer, vacances, ciel, bleu
23/04/2013
Coup d'essai
Chaque année, le stand SHOOT s'installe à l'entrée des rencontres photographiques d'Arles. Vous avez quatre essais pour atteindre le coeur de cible. Lorsque vous réussissez, la balle déclenche la prise de la photographie et vous voici figé à jamais dans la position du tireur debout. Un petit air rétro plane sur ce dispositif, surtout lorsque l'essai a lieu sous la blanche lumière du début d'après-midi dans le Sud-Est. Cette année là, contrairement aux années précédentes, les quatres balles s'inscrivirent quasiment au même endroit. L'essai sera renouvelé l'année prochaine.
La Cour de cassation a rappelé à plusieurs reprises les règles qui régissent la rupture de la période d'essai (voir ici). Mais manifestement ses messages peinent à être entendus. Recruté au mois de mai, un salarié est absent pour maladie de juin à août, puis de nouveau à partir de mi-septembre. L'entreprise rompt sa période d'essai au cours de ce deuxième arrêt. Comme souvent, l'employeur confond l'absence d'obligation de motiver la rupture de la période d'essai et la possibilité de rompre pour tout motif. En réalité, un seul motif permet de rompre l'essai, c'est d'ailleurs pour cela que la motivation n'est pas obligatoire : le fait que le salarié ne fait pas l'affaire. L'employeur aurait au moins pu se souvenir que la maladie ne permettant pas d'apprécier les compétences du salarié, elle autorise la prolongation de la période d'essai. Cela lui aurait évité une décision qui n'était manifestement pas un coup de maître.
00:10 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : essai, rupture, contrat de travail, droit, photo, photographie, arles, shoot, jurisprudence