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14/01/2016

C comme....CONSULTANT

Un travail de cochon

L’homme était porcher dans un abattoir. Son activité consistait pour l’essentiel à guider les camions transportant les futurs jambons et saucisses, à les faire descendre des camions et à les conduire jusqu’au lieu d’abattage.

Comme beaucoup d'abattoirs, celui dans lequel travaillait le porcher connaissait un équilibre économique précaire. Au point de solliciter un consultant, en l’occurrence un chasseur non pas de sangliers mais de coûts. Après un audit en règle le verdict tombe : parmi les mesures d'économie figure la suppression de l'emploi du porcher. Le temps du social et de la gestion familiale est terminé. La rentabilité a ses exigences que les sentiments ignorent. Exit le porcher, les livreurs de cochons pourront bien faire descendre eux-mêmes la troupe porcine des camions.

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Bellota ! Bellota !

Las, non seulement le redressement ne fut point au rendez-vous, mais la rentabilité de l'abattoir déclina. Le consultant déclara qu'il était trop tard et qu'il eut fallu le contacter bien plus tôt. Et puis un salarié fit remarquer que la dégradation de la rentabilité était accentuée par les pertes importantes en cochons : c'est que l'animal est aussi cardiaque qu’il est intelligent, mais impropre à la consommation s’il meurt avant l’abattage. Or le taux de décès accidentel avait fortement progressé depuis quelques mois. Précisément depuis le départ du porcher.

Et l'on se rendit compte que le porcher avait appris à reconnaître les cochons stressés, ceux qui devaient être mis de côté, ou ne devaient pas être descendus du camion tout de suite, où devaient être guidés lentement, etc. Ces attentions diverses permettaient d'épargner de la mort prématurée environ 5 % du cheptel, soit bien plus que la totalité du résultat de l’abattoir (question à l’ami Philippe Denimal, l’expert national ès systèmes de classification : sur la base de critères de responsabilités et d’impact sur le résultat, on le positionne à quel niveau de rémunération le porcher ?).

Mais ces compétences là avaient échappé au consultant. Faute de temps dira-t-on, faute d’argent répondra-t-il puisque son temps se mesure en euros. Faute de regard plus sûrement, qui conduit à ne plus voir que ce que l’on connaît déjà et à ignorer la découverte. Et c’est à ce moment là que commence le travail de cochon.

01/01/2015

En 2015, vous ouvrez ?

 

En 2015, vous choisissez l'entre-soi... 

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 ...ou vous ouvrez la porte aux découvertes et faites confiance à la surprise ? 

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Le Cabinet WILLEMS CONSULTANT vous souhaite une excellente année 2015 et de belles découvertes. 

30/12/2014

A l'Ouest

Pour clore cette année résolument orientée à l'Ouest, et par empathie pour cette entrée dans l'année 2015 qui doit être celle de tous les changements pour la formation professionnelle, le cabinet Willems Consultant se déplace un peu plus à l'Ouest. L'adresse administrative est, à compter de ce jour, la suivante : 

 

WILLEMS CONSULTANT

31 rue Gauthey

75017 PARIS

Passer de l'écrivain-philosophe Diderot au mathématicien-ingénieur des ponts et chaussées Gauthey pourrait paraître manquer de fantaisie. Ce serait oublier qu'Emiland Gauthey fût le rédacteur d'un Traité de la construction des ponts, sa spécialité, qui fit autorité. Et que pour un consultant, faire des ponts, entre les individus et les organisations, entre les personnes qui souvent s'ignorent, entre des disciplines que personne ne songe à relier entre elles,  conditionne la construction de solutions novatrices. Et après tout, que fait l'expert en génie civil que de traduire en oeuvres très concrètes des théories mathématiques incompréhensibles pour la plupart, comme le juriste bâtit des solutions opérationnelles en sollicitant autant que nécessaire la règle de droit et les théories qui la soutiennent ? voyons donc un signe positif dans ce voisinage nouveau avec celui qui inventa aussi une langue graphique universelle proche de la sténographie. 

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Pour les clients, les rendez-vous concernant les projets gourmands, étudiés, complexes, raffinés, prestigieux, ambitieux, rétros, traditionnels, classiques, pharaoniques ou linéaires, seront donnés au Wepler, déserté par les grisettes qui le fréquentaient du temps d'Henry Miller, encore qu'il faudrait aller y voir de plus près, ce que nous ferons. 

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Pour les clients qui ont des projets créatifs, extravagants, robustes, populaires, fraternels, amicaux, exubérants, téméraires, insolites, joueurs ou perdus d'avance, rendez-vous sera pris au Libre Echange qui invite  à toutes les audaces. 

Et pour tout le monde, rendez-vous l'année prochaine. 

04/12/2014

Diagnostic

Un brocanteur à qui j'avais acheté un meuble qu'il devait me livrer, me demanda ma profession : "Consultant". Sans autre précision, qu'il n'osa pas demander où dont il se foutait éperdument. Quelques jours plus tard, après la livraison et autour d'un verre, il repris pourtant : "Vous êtes médecin je crois ?". Nous étions passés d'un coup d'un seul du conseil à la consultation et du consultant au toubib. Mais cela m'interrogea : quoi de commun entre le consultant et le médecin ? au moins un point, qui peut d'ailleurs être largement partagé avec d'autres : la nécessité de débuter par un diagnostic partagé pour avoir des chances de succès. On ne forme personne contre lui même, pas de conseil sans confiance, peu de guérison sans acceptation de la maladie. 

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Celeste Martinez - Série Maladie Collection

D'une manière plus générale, la première étape de l'action c'est toujours le diagnostic et bien souvent la qualité de ce que l'on entreprend dépend de la qualité du diagnostic. Pour ceux qui souhaiteraient positionner leur organisation sur le champ des contraintes et opportunités offertes par la réforme de la formation, vous pouvez bénéficier d'un diagnostic conçu par votre serviteur pour Demos qui le met gratuitement à votre disposition :

http://reformeformation2015.demos.fr/diagnostic/

Et une fois que vous avez le diagnostic, il n'y a plus qu'à passer à l'action...sans oublier de le partager. 

19/09/2013

Ah, la perfection !

Un peu longue la réunion sur le projet. Chaque étape est reprise, détaillée, disséquée, analysée. Tous les imprévus prévisibles sont envisagés méthodiquement, le diable et 1000 de ses avocats semblent planer au-dessus de la table pour souffler à la responsable du projet toutes les objections, les impossibilités, les obstacles, les empêchements, les accidents qui ne manqueront pas de faire irrémédiablement capoter ce que nous sommes en train de laborieusement tenter de construire. Les tunnels de négativité de cette espèce me plongent toujours dans une sourde torpeur dont je préfère ne pas imaginer la mine imbécile qu'elle dessine sur mon visage. Tout juste si je tends l'oreille parce que soudain l'une des participantes interpelle la chef de projet :

"- De toute façon, toi tu vises toujours la perfection...

- Non, ce n'est pas vrai, je ne cherche pas toujours à atteindre la perversion..."

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Pierre Molinier - Hanel - 1956

Le lapsus éclaire ma journée. Après cela, on peut bien rester trois heures encore sur l'étape 2, cela n'a plus d'importance. La perfection est-elle une perversion ? comme tous les excès sans doute. Comme le sportif de haut niveau qui, au pic de sa forme, présente un bilan de santé qui ferait bondir plus d'un médecin. Mais il ne faut surtout pas oublier, surtout pas, que la perversion est aussi un plaisir. Belle réunion, et belle journée, un esprit impartial la trouverait parfaite.

12/12/2012

Merci à vous

Il arrive que mes clients me remercient pour mon travail. Pour une note technique, pour une idée nouvelle, pour une information précieuse, pour une analyse pertinente, pour une recherche aboutie, pour une solution pratique à un situation délicate. Il peut également arriver que le client ne remercie pas et s'en tienne à l'échange contractuel : le paiement vaut merci. Il peut se trouver également qu'il n'ait pas envie de remercier. Tout ceci est assez récurrent. Mais cette année aura été marquée par une particularité. Des remerciements, à plusieurs reprises, pour un motif qui en 25 ans n'avait jamais été formulé ainsi. Des remerciements pour avoir apporté de la sérénité.

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Shen Zou - Paysage de Chine

A plusieurs reprises, et à mon étonnement renouvelé, les remerciements n'ont pas porté sur le contenu de mon intervention, sur ce qu'elle a permis, mais sur la sérénité retrouvée qu'elle a pu susciter. Ce peut être exprimé de différentes manières : faire retomber la pression, rassurer, permettre la prise de recul, désangoisser, déstresser, calmer, remettre les choses à leur place, mais au final les mots qui reviennent le plus souvent c'est bien d'avoir apporté de la sérénité. La peur aurait elle gagné du terrain ? l'affolement serait-il si présent ? les situations, et les personnes, si vulnérables qu'elles se sentiraient fragilisées à la moindre difficulté ? je n'ai guère d'explications sur la raison de ces remerciements d'une nature nouvelle. Par contre, je sais que l'on ne donne jamais que ce que l'on a, d'une manière ou d'une autre, reçu. Merci à vous.

12/09/2012

En rythme

Lorsque l'on travaille avec une nouvelle entreprise, de nouveaux interlocuteurs, il faut prendre le temps de la sensation. Sentir le pouls de l'organisation, de ceux qui la font vivre. Respirer les ambiances, les atmosphères, parler peu, regarder beaucoup, écouter, sentir de quoi sont faits les silences, observer vers où dérivent les conversations. Ne surtout pas travailler par comparaison, par réduction à des situations connues, ne pas se rassurer par la recherche d'analogies, de repères. S'immerger lentement et ressentir l'effet de l'eau sur chacune de vos cellules. Trouver le rythme qui convient.

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Il ne s'agit pas de forcer l'empathie ou de tracer la carte des démagogies qui vous permettront de rejouer le théâtre du "je vous ai compris". Il s'agit  de trouver l'endroit juste qui servira de point de départ, et le tempo qui vous permettra d'emmener vos interlocuteurs sur d'autres terrains, à la condition qu'ils n'aient jamais l'impression de quitter le leur. Finalement quelque chose comme une activité musicale. Ici, c'est à la fois électrique et rétro. L'assemblage a son charme, surtout pour qui est convaincu que ce sont les associations improbables qui ouvrent des voies nouvelles.

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17/03/2012

Rame !

C'est une histoire que les consultants se racontent parfois lorsqu'ils se croisent, à défaut d'avoir l'imagination des marquises pour se raconter des histoires de marquises. Il s'agit d'un consultant convoqué par une prestigieuse institution éducative parce que son  bateau a perdu la course d'aviron annuelle des grandes écoles. Le consultant doit trouver la clé du succès. Il scrute le bateau, teste la voix des barreurs et observe les rameurs : il constate qu'à la fin de la course ceux-ci sont essouflés, épuisés. Il conseille donc de corser leur entraînement.

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L'histoire est cruelle pour le consultant, incapable de voir l'évidence et de remettre en cause le fait qu'il y ait trois barreurs pour deux rameurs. Incapable de sortir chacun de son rôle préétabli. Il en va ainsi de l'audit et des auditeurs : entre le manque d'imagination et le refus, ou l'impossibilité, de sortir de schémas préétablis, sous couvert de changements on perpétue ce que l'on affecte de modifier. Allez les rameurs, encore dix longueurs !

22/02/2011

Le mouvement de la toupie

Réunion dans une grande organisation. Présentation d'un projet aux responsables ressources humaines qui devront participer à sa mise en œuvre. Le DRH est à la baguette, et ce n’est presque pas une image. Silence dans les rangs, sauf un jeune RRH qui manifestement prend sur lui, mais choisit tout de même de ne pas rester silencieux : « Le projet que vous nous demandez de relayer comporte des lacunes importantes. Je peux les lister. Mais dès qu’on argumente contre ce que vous avez décidé on est catalogués comme résistants au  changement. Il faudrait tout de même entendre nos arguments ». Le DRH, pris au dépourvu, plonge dans la bouteille de l’expérience pour faire réponse : « Bien entendu nous tiendrons compte et intègrerons, dans toute la mesure du possible, vos remarques. Mais le sens du projet ne peut être remis en cause. Il faut qu’on avance ». Autrement dit, ce que vous dites est nul et non avenu et vous auriez pu faire l’économie de la ramener. Et encore autrement dit, la démonstration que le RRH avait vu  juste.

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Andrzej Malinowski - Toupie

Toute réforme  n’est pas une avancée par principe et il serait parfois meilleur de s'abstenir que de faire. On connaît l’adage : faire que tout bouge pour que rien ne change. Le mouvement perpétuel ne serait donc qu’une variante de l’immobilisme ? et pourquoi pas ? vous avez déjà observé une toupie ? son mouvement déplace surtout du vent.

23/09/2010

Fille de l'air

Je n'ai pas, comme Dutronc, rêvé toute ma vie d'être une hôtesse de l'air. Par contre, j'ai pris pendant des années la navette Toulouse-Paris, et retour, sans faire un tour dans le cockpit. Mais voilà que sur un Paris-Nice, le commandant de bord repère mon accompagnatrice et lui propose de voyager dans le cockpit. Dépité que jamais pareille proposition ne me fut faite, je m'installe bougon dans mon fauteuil, quand la susdite souriante vient me chercher après avoir négocié le second strapontin avec le commandant. Et le dépit changea de camp.

 

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Accrochez les ceintures, c'est parti !

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Décollage à Roissy et première surprise : sitôt en l'air le copilote se contorsionne et scrute le ciel. Dans l'embouteillage de Roissy, le radar se double d'un contrôle visuel. Commentaire : "Il était pas loin celui-là". On sous-estime  à quel point l'ignorance peut être source de sérénité. Il est vrai que la connaissance est source de plaisir.

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Depuis la Cabine, j'imaginais que sitôt le décollage effectué, le pilote automatique faisait son office pendant que les pilotes faisaient relâche dans l'attente de l'approche et de l'atterissage. Que nenni ! négociations des routes, évitement des orages et turbulences, contrôles divers et variés, check-up permanents, y a du taff !

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La baie de Cannes, le cap d'Antibes, la baie des anges.

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La piste vient à notre rencontre en souplesse. Toujours rien compris aux cadrans, mais c'est bien joli.

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Merci au commandant et au copilote, plus dépités du tout ! Ceci dit, l'égalité professionnelle c'est quand on me proposera le cockpit un jour où je voyagerai seul !

 

26/08/2010

Une histoire simple

C'est une histoire simple :

Dans un village, deux habitants élèvent des poulets. Ils en tuent chacun un par jour pour le vendre. La production du village est donc de deux poulets. Le premier producteur, appelons le Cocatrix, reçoit un héritage qui lui permet d'investir dans un élevage plus important et il produit quatre poulets par jour à moindre coût. Le second producteur, que nous nommerons Chantecler, ne peut pas suivre et arrête sa production.

Résultat : le PIB double et le chômage aussi.

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Pour la bonne marche du village, que préconisez-vous ?
- Que Cocatrix lutte contre le chômage en embauchant Chantecler pour faire des travaux à domicile et s'occuper de sa grand-mère ?
- Que Cocatrix réinvestisse tout son résultat dans la modernisation de l'élevage pour produire encore plus et embaucher, avec une priorité pour Chantecler qui connaît le métier ?
- Que Cocatrix optimise fiscalement son résultat et place ses gains biens mérités pour montrer que le travail paie ?
- Qu'une loi interdise de produire plus de deux poulets par jour ?
- Que Cocatrix créé une fondation destinée à venir en aide aux nécessiteux et qu'il y alloue une partie de ses bénéfices tout en veillant à ce que le premier bénéficiaire de la Fondation soit Chantecler ?
- Qu'une loi interdise l'épargne et oblige Cocatrix à dépenser ses gains dans le village ?
- Que Cocatrix soit obligé d'acheter son matériel et ses grains dans le village ?
- Que le chef du village incite tous les villageois à suivre l'exemple de Cocatrix dont une statue ornera la place du village ?
- Que les habitants mangent moins de poulets pour ne pas encourager la course à la productivité ?
- Autre idée ?

12/08/2010

Le temps du travail

Lu dans une revue à propos d'un tableau d'Ingres : "Ingres mit 7 ans pour peindre cette oeuvre". Le rédacteur voulait sans doute dire qu'Ingres a mis 7 ans pour finaliser le tableau après qu'il ait commencé à mettre de la peinture sur la toile. Ce qui n'a pas forcément grand chose à voir avec le temps nécessaire pour faire le tableau. Si l'on s'en tient à l'exécution seule, alors il faudra souvent constater que Picasso ne peut mettre que quelques heures, voire quelques minutes, pour produire une oeuvre.

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Ingres - Mme Moitessier
Picasso - Grand nu au fauteuil rouge
En réalité, le temps d'exécution ne nous apprend pas grand chose sur l'oeuvre produite. Dira-t-on de Cécilia Bartoli qu'il lui a fallu cinq minutes pour chanter divinement un air de Vivaldi ou de Mozart ? Il faudrait peut être cesser de vivre au XIXème siècle et dans le modèle industriel. Pour peindre chacun des tableaux qu'ils ont produit, Ingres et Picasso ont mis l'intégralité de leur temps de vie jusqu'à la fin du tableau.
Ce qui me rappelle la réflexion d'un client qui me posait une question très technique et complexe. Comme je lui répondis sur le champ il eût cette remarque : "j'aurais cru qu'il s'agissait d'une question difficile".
Peut être aurons-nous une chance de comprendre quelque chose au travail quand nous cesserons de le mesurer en temps.

19/02/2010

Les mots pour le dire

L'histoire est un grand classique chez les DRH, et l'occasion de détendre une atmosphère souvent pesante. Il s'agit d'un lapsus d'un DRH de grand groupe qui préside un comité d'entreprise tendu dans une ambiance de plan social à venir. Dès le début de la réunion et face à une assistance hostile, le DRH envoie les diapos du powerpoint et  lâche : "Je vais vous présenter le tableau de mort des effectifs...". Inutile de préciser qu'il n'y a plus rien à rattraper et que la négation n'est pas utile. Tout au plus peut on créditer le DRH d'avoir un noble inconscient qui ne peut cacher la vérité qui pourtant aurait du l'être. Vertu de la nature.

J'avais déjà présenté, dans la chronique du 25 novembre 2009, un florilège de lapsus, que je complète ici par ceux de la semaine. Réunion sur un projet au calendrier un peu serré. Le responsable du projet prévient : "Il ne faudra pas perdre de vue l'objectif en  cours de rut...". Voilà une route qui demandera concentration et persévérance.

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Jean-Marcel Bouguereau - Nymphes et satyre - 1873

Autre réunion, de ces réunions pendant lesquelles vous vous prenez à penser qu'il doit y en avoir des milliers de la sorte qui se tiennent un peu partout en même temps ce qui ne fait que rajouter à la longueur du temps, et conclusion finale : "Je vous laisse le joint de finaliser....". Il faudra en effet prendre soin de la suite pour que le projet ne parte pas en fumée. Bon week-end à toutes et à tous.
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11/12/2009

Qu'est-ce que vous faites ?

L'histoire est récurrente chez les consultants pour imager le sens donné au travail. C'est celle d'un passant qui avise un ouvrier posant une pierre sur une autre à qui il demande ce qu'il fait : "Je pose une pierre sur une autre comme on me l'a demandé". Le passant persiste et pose la question à un second ouvrier qui a la même activité : "Je construis un mur qui sera très haut". La tenacité du passant le porte vers un troisième ouvrier qui empile des pierres et répond : "Je construis une cathédrale". Faute de questionner véritablement, impossible d'identifier le sens que chacun met dans son activité professionnelle.

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Peter Neefs - Intérieur d'une église gothique
Les britanniques ont une certification qui s'intitule Investor In People, attribuée aux entreprises qui ont une véritable politique RH. L'audit de certification débute par un questionnement des salariés à qui il est demandé d'indiquer la stratégie de l'entreprise (première question) et comment leur activité contribue à cette stratégie (deuxième question). L'efficacité du questionnement est redoutable. Il pourrait être complété, car cette question n'est pas posée hélas, d'une question aux dirigeants : "Quelles sont les activités des salariés de l'entreprise ?". Si vous êtes en forme, mais surtout pas si l'arrivée des premiers froids et des fêtes de fin d'année a déjà entamé votre moral, osez deux questions. La première à vous même : "Qu'est-ce que je fais ?" et la seconde, qui est la même, à votre entourage. Bon week-end au chaud.

27/11/2009

Tel épris...

…qui croyait prendre. Tout épris de beauté féminine l’auteur de ce blog s’est fait reprendre par une lectrice qui constate que décidément, dans les musées les peintres sont masculins et les nus sont féminins et que ce blog n’échappe pas à la règle. Cette remarque est incluse dans un texte plus général sur le métier de consultant et le rapport à son travail et au travail d’autrui. Il m’en a rappelé un autre, signé Philippe Denimal et intitulé « Travail magique » qui explique comment est né l’intérêt pour le travail, à la fois le sien propre et celui d’autrui. Ces textes expriment de belles implications dans l’activité et sont publiés ci-dessous.

Mais pour satisfaire la pertinente lectrice, quelques illustrations équilibrantes de nus masculin. Le Metropolitan n’en est pas exempt  et l’on fera crédit à l’auteur que l’un d’entre eux au moins ne lui a pas échappé :

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Gustave Moreau - Oedipe et le Sphinx

De même, l’auteur n’a pas tourné son objectif que vers des formes féminines, preuve par la photo.

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Photo : jp willems

Mais l'intérêt n'est pas dans l'isolement des contraires, plutôt dans leur union. On rappellera par cette sculpture du Metropolitan que les corps nus s'accordent mieux à deux et que la beauté d'autrui n'efface pas la sienne mais au contraire la conforte comme l'écho renforce le son. La concurrence est une notion économique qui ne trouve pas sa place en esthétique.
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Sculpture du Metropolitan Museum of Art

Le lecteur fidèle se rappellera à cette occasion qu'il y a un an ce blog était illustré du baiser de Rodin, la lutte continue donc, souhaitons lui bon vent !
Et bonne lecture à vous.



 

05/05/2009

Sortir du cadre ou sortir de soi

L'exercice est un grand classique chez les consultants. Il fait partie de la gamme des exercices qui marchent quasiment à tous les coups. Le point de départ est simple : 9 points formant un carré qu'il faut relier entre eux par quatre traits continus.

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Casse-tête pour les participants : mais où est le truc ? comment y arriver. Solution :
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Sortir du cadre, s'autoriser est en effet la première conclusion que l'on tire de l'exercice. Donnez-vous le droit à la créativité. En réalité, la démonstration prend sa pleine puissance lorsqu'un participant dit : "Mais on ne savait pas que l'on pouvait déborder !'. Qui vous l'a dit ? jamais telle consigne n'a été donnée. Seulement qu'il fallait faire quatre traits continus. Bonne occasion pour s'interroger sur les limites que l'on se fixe à soi-même. Bien souvent, ce ne sont pas les règles qui constituent les contraintes les plus importantes, mais les codes intériorisés.
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Friedrich Schröder-Sonnenstern - Le poisson enchanté - 1954

Le couple qui est dans le poisson enchanté sait-il qu'il est dans le poisson ? connaît-il la liberté de Jonas qui est à l'extérieur ? imagine-t-il seulement que Jonas peut exister ? voilà quelques questions qui vont au-delà de simplement sortir du cadre. Il faut aussi parfois sortir de soi.

15/03/2009

Toulouse-Paris

Toulouse, 1987. Création du Cabinet Willems Consultant. Paris, 2009. Le Cabinet Willems Consultant s'installe à Paris. Les nouvelles coordonnées sont dans la rubrique A propos. Il fait soleil à Paris ce jour.

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Willem de Kooning - Souvenir of Toulouse - 1958

24/11/2008

L'envol des apprentis

L’observation inopinée faite à l’accueil donnait un premier enseignement : au jeune garçon timide venu demander s’il était possible de s’inscrire dans une formation, il avait été répondu qu’il fallait qu’il aille d’abord chercher un employeur, qu’il trouve une entreprise, ensuite on pourrait s’occuper de son inscription.

Le consultant chargé d’auditer le centre de formation d’apprentis (CFA) qui attend que la responsable pédagogique avec qui il a rendez-vous vienne le chercher se dit que, décidément, les actes les plus simples sont porteurs de sens. Entretien donc avec la responsable pédagogique et question : « les enseignants du CFA considèrent-ils que leur mission première est de permettre aux apprentis l’accès au diplôme ou bien l’accès à l’emploi ? » surprise de la réponse spontanée qui ne figurait pas dans les hypothèses retenues à priori : « pour un enseignant sa mission première est l’enseignement, c’est dans la transmission qu’il trouve le sens de ce qu’il fait ».

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L'envol

Il ne restait plus à vérifier que cette option était véritablement partagée par les enseignants pour conclure que les chartes et systèmes qualité envisagés, les engagements de résultats et contrats de progrès seraient sans doute établis en vain. L’enseignant centré sur son savoir qui ne s’intéresse guère à ce qui se passe au-delà de la salle de cours et de la formation n’est sans doute pas, et le consultant assume le jugement de valeur, le modèle le plus performant pour permettre à des jeunes de prendre leur envol. L’humilité et l’ambition d’accompagner les jeunes vers l’inconnu, comme les oiseaux migrateurs acquièrent lors de leur premier voyage les repères des voyages futurs, est peut être une posture plus adaptée. L’enseignement conçu comme un voyage en commun plutôt que comme le récit de ses propres voyages.

18/11/2008

Signaux faibles avant tempête

L’éducation nationale vient de lancer un appel d’offre pour la mise en place d’une veille sociale. A l’instar de nombre de grandes entreprises, il s’agit de détecter de manière anticipée les menaces, certains optimistes invétérés incluent parfois dans la commande les opportunités, pouvant affecter l’organisation : mouvements d’opinions, mouvements sociaux, débats de société, etc. Ce type de veille peut être sociale, mais aussi technologique, environnementale, concurrentielle…

Il est souvent demandé au prestataire de porter son attention principalement sur les signaux faibles. Il s’agit d’informations fragmentaires qui, remises en perspective, permettent de donner du sens à des situations et d’anticiper l’avenir. Redoutable question : comment réduire l’incertitude inhérente à l’avenir, qui n’est donc définitivement pas écrit ? L’action est délicate, car il s’agit à la fois de sélectionner les bons indicateurs, de ne retenir que les informations pertinentes et de les interpréter en demeurant dans un degré de paranoïa raisonnable s’agissant des risques, et d’enthousiasme lucide pour les opportunités. On devine la difficulté de l’exercice.

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Giorgione - La tempête - 1510

Pour mieux la mesurer, on peut s’intéresser au mystérieux tableau de Giorgione, la tempête. Les informations fragmentaires ne manquent pas : une gitane allaitant et vaguement inquiète, un jeune homme attentif voire attentionné, un début de vent dans les arbres, un éclair au loin qui éclaircit le ciel, une ville faite de ruines et de bâtisses nouvelles, un ruisseau entre les personnages mais un pont à l’arrière et peut être un gué devant eux….qui peut donner du sens à ce tableau qui a résisté à tous les exégètes, ou simplement dire si la tempête est une menace ou une opportunité, est certainement en capacité de répondre à l’appel d’offres de l’éducation nationale et de surveiller les signaux faibles !

17/11/2008

Voir les évidences

Lors de la réalisation d’un audit, il est d’usage de mettre en évidence les dysfonctionnements, les ratés, les défaillances, bref, de s’intéresser à ce qui ne fonctionne pas…en vue bien évidemment de proposer des améliorations. Gloire du consultant-mécanicien qui répare les organisations. Cette démarche est par trop limitée. Deux autres voies pourraient être explorées. La première s'intéresse à ce qui va bien : comprendre les raisons du succès n’est pas moins important que d’identifier les causes des échecs. Si Nietzsche proclamait que tout ce qui ne tue pas fortifie, on ne peut renverser la proposition et en conclure que seul ce qui a failli tuer fait avancer : le succès, la réussite et le plaisir sont également sources de connaissances et de progrès.

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Fragonard - La lettre d'amour

La deuxième voie qui peut être explorée nous renvoie à Edgar Allan Poe et à la lettre volée : dans cette nouvelle tirée des « Histoires extraordinaires » le voleur d’une lettre compromettante pour la reine, une lettre de son amant dérobée dans son boudoir, la dissimule aux recherches de la police en la laissant négligemment trainer sur son bureau dans une enveloppe banalisée. Les policiers s’épuiseront à sonder toutes les caches de la maison sans parvenir à trouver ce qu’ils ont sous les yeux.

L’audit, outre ce qui ne marche pas et ce qui marche bien, peut ainsi s’intéresser à ce que nul ne voit plus, pour au moins deux raisons. La première est la perte du regard sous l’influence de la banalité du quotidien. Qui est capable d’avoir un regard neuf sur ce qu’il voit tous les jours ? La seconde est la volonté, inconsciente peut être, de ne pas vouloir voir l’évidence alors qu’elle éclabousse notre réalité, parce qu’elle nous dérange ou nous bouscule. Ainsi, peut-on se mentir à soi-même. Deux bonnes raisons de travailler la fraîcheur et la liberté du regard.