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24/05/2015

Vous prendrez bien un peu de Sud...

Se rendre dans le Sud pour travailler avec des clubs de rugby, c'est l'occasion d'aller au stade et de se réjouir que ce soit l'un des plus beaux matchs de l'année. Et de manière un peu mesquine, en mettre cinquante aux anglais ajoute au plaisir, même s'il y quasiment autant d'anglo-saxons dans chaque équipe. 

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Pour le résumé complet, c'est ici


C'est l'occasion également de partager avec les amis la cuisine locale : cargolade, tapas, morue à l'aïoli, marc de Banyuls, le tout dans une ambiance d'Espagne qui pousse un peu sa corne. 

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La Vigatane - Canet en Roussillon

Et après tout cela, on se laisse aller à contempler Bacchus en pleine libation au milieu de femmes aux regards sudistes, ces regards que l'on ne voit que sous certaines latitudes. 

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Et lors des élections locales, l'Espagne confirme qu'au Sud, après la Grèce, le vote protestataire se porte plutôt sur des partis internationalistes et solidaristes, que sur des partis nationalistes et xénophobes, comme on le voit assez souvent au Nord ces derniers temps. Décidément, ça ne fait pas de mal une bouffée de Sud. 

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29/12/2014

Souvenirs, souvenirs

C'est en forgeant que l'on devient forgeron et en rangeant que l'on devient rongeur, mais non, que l'on devient nostalgique. Parce que c'est l'occasion pour certains oubliés de reparaître au risque de vous faire douter de votre passé. Parmi les surgissants, le premier bouquin publié sur la formation, dont j'avais à la fois rédigé le contenu et composé la couverture. L'éditeur de l'époque, le CARIF Midi-Pyrénées bénéficiait de subsides provenant de l'Europe et plus particulièrement du Programme Intégré Méditerranéen (PIM) qui oeuvrait à l'intégration des pays de l'Europe du Sud dans ce qui était encore la Communauté Economique Européenne. Et il n'avait pas fallu me forcer beaucoup pour rédiger cet ouvrage consacré à la Formation Professionnelle en Espagne, ce qui me permit d'ailleurs quelques virées à Barcelone...pour chercher de la documentation bien évidemment. 

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C'est en hommage à ces échappées Barcelonaises que j'avais choisi une oeuvre de Miro pour illustrer cette Espagne colorée qui n'en avait pas terminé avec la movida. Car nous étions en 1990, en juin précisément lorsque sorti l'ouvrage qui présentait l'Espagne, son organisation, son système éducatif, la formation professionnelle initiale et la formation continue. Et tant qu'à verser dans la nostalgie, 1990 c'est aussi l'année de sortie de ce beau film à la poésie surannée, porté par un Jean Rochefort exceptionnel. Je crois n'avoir jamais manqué d'y penser lorsque je vais chez la coiffeuse. 


09/04/2014

11 régions, c'est beaucoup trop !

On partait tôt le matin, lorsque le soleil entame sa course pendulaire et va d'une mer à l'autre projetant sans relâche sa lumière sur  les Pyrénées, ou bien en fin d'après-midi, pour voir les derniers rayons verdir les pentes des montagnes rougeoyantes. Je voyageai avec un improbable compagnon qui avait été Président de la Corpo à la fac de droit, proche de l'extrême droite, franc-maçon dans une loge pour le moins traditionnelle, catalogué réactionnaire et sulfureux et qui prenait plaisir, partagé, à discuter avec moi pendant les trois heures de trajet. Pourquoi ce plaisir alors que tout aurait du nous éloigner ? des histoires de rêves d'enfants, comme souvent entre ceux qui sont reliés par plus fort que la raison. Et en nous rendant à Jaca, siège de la Communauté de travail des Pyrénées, organisation regroupant les trois régions française et les quatre communautés espagnoles qui partagent les Pyrénées, nous refaisions l'histoire de l'Occitanie, ressuscitions Pierre d'Aragon et faisions revivre ce Sud des troubadours et de la tolérance où l'identité ne se définissait pas par opposition à l'autre. Nous avions la même aversion pour l'endogamie et son confort sclérosant. 

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Torre del Reloj à Jaca

Les discussions entre les 7 entités régionales n'ont jamais véritablement trouvé de traduction opérationnelle : la montagne reste une frontière naturelle, verte au Nord, sèche et rocailleuse au Sud. Mais peu nous importait. En retournant de Jaca à Toulouse, nous passions saluer la Gare de Canfranc, projet fou rigoureusement mis en oeuvre et scandaleusement inutile  qui réunissait donc à ce titre tous les critères de la beauté. 

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La Gare de Canfranc

Et à l'arrivée, en clandestins bienheureux, nous partagions une côte de Boeuf et une bouteille de Bordeaux à la santé des Cathares qui se privaient de ces plaisirs, ce qu'il fallait bien compenser un jour. Je repensai à tout cela en écoutant Manuel Valls exposer ses projets de réduction du nombre de régions. Je me demandai si le Sud-Ouest devait choisir de regrouper les régions gasconnes, soit la zone atlantique qu'enserre le lasso de la Garonne, pousser sa corne vers l'Est et le Languedoc, ou s'étendre plein Sud vers les terres navarraises, aragonaises et catalanes ? L'évidence serait de ne pas choisir et de réunifier, sans la placer sous l'égide d'une autorité centralisatrice, syndrôme français du Nord de la Loire, les provinces occitanes. A l'intérieur de ce périmètre, chacun trouverait sa place sans que l'on ait besoin de la lui assigner et l'on se demanderait assez rapidement comment il a pu en être autrement. Ce serait la fin de la parenthèse. Chiche Manuel  ?

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03/04/2014

L'Espagne toujours

Matinale du FORCO le matin, Assemblée Générale de la Fédération de la Formation Professionnelle l'après-midi, comme chaque jour depuis quasiment le début de l'année, les séances de travail, présentations, formations sur la réforme de la formation s'enchaînent. A chaque fois, des occasions de voir des angles nouveaux, d'ouvrir des portes non identifiées jusque-là, d'imaginer de nouvelles opportunités. Quelques évidences qui le sont toujours plus et la première d'entre elles : la loi est véritablement porteuse de ruptures dans les schémas de pensées, les habitudes, les pratiques, les modèles économiques, les modes de régulation, les possibilités d'action. Du coup, apparaît assez vite une nette différenciation entre ceux qui peinent à s'arracher aux réflexes de ce qui est déjà le monde ancien, reconnaissable à ce qu'ils raisonnent toujours à partir du passé dont fait partie l'existant, et ceux qui sont totalement projetés dans la construction d'un système nouveau. 

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Sylvie Lobato - Minotaure IV

Quelques exemples : les entreprises pour lesquelles le passage d'un chiffrage des dépenses sur une logique d'imputation fiscale au chiffrage des ressources mobilisées, pour identifier l'investissement, demeure une improbable rupture ; les organismes de formation toujours hantés par la question de ce qui est formation ou ne l'est pas et qui ont du mal à appréhender que le marché des entreprises est libre ou que les OPCA ne financent pas du plan de formation sur le conventionnel et le volontaire mais des actions de développement de la FPC ; les OPCA qui réfléchissent sur des modèles qui leurs permettent de capter "du budget" alors que leur problème est avant tout de financer leurs services et non de continuer à gérer des flux ; et l'on pourrait allonger la liste. Sauf qu'il faut garder une place pour le moment privilégié de la journée, le chauffeur de taxi espagnol qui rigolait du catalan (j'ai rectifié Shrek) premier ministre et de l'andalouse maire de Paris, et avec qui je discutai des soirées festives, musicales et parfois bagarreuses, de la casa de Espana à Toulouse, et de Manuel Azana, dernier Président de la République espagnole enterré à Montauban. Lorsqu'il m'a déposé il m'a dit "Attends, j'ai quelque chose pour toi" et il m'a donné une reproduction d'un dessin furieux de corps emmêlés. Il a ajouté "C'est ma fille qui fait ça, tu dois aimer les taureaux, va voir ce qu'elle fait, ça te plaira". J'ai été voir, et j'ai trouvé mieux que les taureaux, des Minotaures qui seuls peuvent rendre tout le tragique de la vie, et pas seulement de la condition humaine. Elle s'appelle Sylvie Lobato et elle exposera à Montreuil au mois de mai. Cette permanence espagnole à Paris annonce un beau printemps. 

http://www.sylvie-lobato.com/fr/oeuvres

20/01/2014

Les irresponsables ne sont pas ceux que l'on croit

C'était il y a bien longtemps. On m'avait rasé la tête, mis un béret rouge, enfermé pour un an et plongé dans un univers crapuleux, au sens premier du terme. Pour en sortir au plus vite, j'avais opté pour le refus frontal, le seul possible en certaines circonstances. Et je m'étais retrouvé un soir dans une froide nuit de décembre à hurler non, alors que deux cent poitrines gueulaient oui, à la question de savoir si j'étais fier d'être là et d'aller sauter depuis les avions. A partir de là, l'affrontement fût effectivement un peu plus frontal. Et je me retrouvai notamment convoqué par un capitaine, qui après les traditionnelles insultes (de chien rouge à intellectuel en passant par lavette et autres joyeusetés), m'expliqua qu'ici il n'était pas question de liberté individuelle, que sous l'uniforme j'appartenais à la Nation et devait abdiquer toute volonté propre de la même manière, je l'entends encore, que le ventre des femmes enceintes ne leur appartenait pas. C'était il y a quasiment 30 ans mais c'est manifestement reparti. 

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Alors que l'Assemblée nationale examine des dispositions qui garantissent et reconnaissent l'avortement comme le droit de celles qui portent le processus de création de la vie, de l'interrompre si les conditions d'une survenance dans de bonnes conditions ne sont pas remplies, voilà que l'on vient nous expliquer que la liberté individuelle n'a nulle place ici et que Dieu, la nature ou l'enfant à naître doivent s'imposer à la liberté de conscience, et donc à la responsabilité, de la femme. Mais la vraie liberté, est une responsabilité, et celle de donner la vie, une des plus grandes, ne peut que résulter d'un choix. Qu'une société veuille enlever ce droit de choisir, comme en Espagne, revient en fait  et en droit à vouloir une société d'irresponsables. 

Et le rapport avec la formation ? dans une société d'irresponsables, la formation n'est plus éducation mais uniquement prescription. Alors que dans une société d'individus libres, elle est un apprentissage de la responsabilité. 

28/05/2013

Auberge allemande

Je ne sais pas si Jean-Emmanuel Ray a été voir l'auberge espagnole, le film de Cédric Kaplish. Mais je sais qu'il interdit aux étudiants du Master en Développement RH, à la Sorbonne, de faire leur voyage d'étude annuel au Sud de la Loire. Il faut quand même rester sérieux : un voyage de travail cela s'organise en Suède, en Autriche, aux Pays-Bas, au Danemark, même pas en Grande-Bretagne (les pubs !) et surtout pas en Italie, en Espagne, en Grève -pardon en Grèce- ou au Portugal, il y a suffisamment d'acquis sociaux (congés payés, RTT) pour aller faire un tour dans ces pays là. Et les statistiques lui donnent raison : l'Allemagne a accueilli en 2012 un million d'immigrés alors que l'Espagne et les autres perdent leur jeunesse. Car là se trouve le phénomène nouveau. Si les immigrants des pays d'Europe centrale demeurent majoritaires, les espagnols, les italiens, les grecs ont rejoint l'Allemagne par dizaines de milliers. Attention le Nord, le Sud arrive !

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Jeune européen se préparant à entrer dans une bodega

Je ne sais pas si le fait de priver les pays du Sud d'une main d'oeuvre qualifiée pour l'utiliser à produire des biens de consommation qui seront revendus à ces mêmes pays au risque d'aggraver leur déficit constitue un cercle économique vertueux. Par contre, cet appel d'air allemand, qui  devrait  s'amplifier ces prochaines années pour des raisons démographiques, aura au moins le mérite de contribuer à développer les bodegas en terres anglo-saxonne, ce qui changera un peu de la fête de la bière (mais non c'est pas pareil). Du coup, on peut continuer à apprendre l'espagnol, on pourra bientôt s'en servir en Allemagne. Olé !

29/01/2013

PERSONNEL ET CONFIDENTIEL

Ceci est un message personnel et confidentiel. Toute personne autre que sa destinataire qui en prendrait connaissance ne pourrait en faire aucun usage, d'aucune sorte et en aucune manière. Toute transgression fera l'objet d'une information immédiate de la CNIL qui, dans son approximative et arbitraire conception du droit, ne manquera pas de déclencher toutes sortes de menaces imprécises et éventuelles, espérant ainsi créer chez le fautif un sentiment de terreur que l'on désignait autrefois sous le nom de culpabilité. Si la crainte de ces sanctions n'était pas suffisante, et si vous persistez malgré tout à vouloir prendre connaissance de ce message PERSONNEL ET CONFIDENTIEL, alors vous vous exposeriez au pire : découvrir qu'il ne vous est pas destiné.

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En souvenir de Cervantes

d'Alfonse XIII et de tous les autres

les nombreux autres

En souvenir de l'avenir

 A la Gitane, à la Flamande

Feliz Cumpleano

Libertad, comida y s--o


podcast

04/01/2013

C'est déjà demain

Puisqu'il faut revenir à l'actualité, et que le Gouvernement a présenté les projets de loi qu'il entend faire voter au premier semestre, allons-y. Pour le projet de loi sur l'emploi, on attendra la semaine prochaine et la reprise des négociations entre les partenaires sociaux. C'est un autre projet que le hasard de nos promenades nous fit croiser.

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En Espagne, le mariage entre personnes du même sexe est possible depuis 2005. Il souleva les mêmes débats qu'en France, il y eût les mêmes manifestations pour et contre où chacun se compta, l'Eglise (ou plutôt les Eglises car sur les sujets de société elles se retrouvent aisément) mena le combat contre la loi, mais finalement le texte fût voté et les personnes du même sexe purent non seulement se marier mais, bien évidemment, exercer les droits associés : adoption, héritage ou droit à pension.

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Aujourd'hui, la situation s'est banalisée. Certains ont bien tenté de rallumer le combat lors du retour du Parti Populaire au pouvoir, mais l'histoire et l'expérience montrent que sur les sujets de société il y a rarement des retours arrières en régime démocratique. Et pour les couples du même sexe, le droit à la différence devient peu à peu un droit à l'indifférence. Ce qui n'exclut pas la couleur. Olé !

03/01/2013

Demain

Le soleil, l'air frais, léger et transparent, des étals de livres, et l'occasion de constater qu'en espagnol, livre se dit Libro, comme libre. Belle langue décidément.

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"- Bon, c'est bien joli tout ça, le soleil, l'air léger, la liberté, mais faudrait peut être se remettre au boulot !

- Attends regarde comme le soleil est doux, profites au lieu de t'énerver....."

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"- Ne fais pas comme si la situation n'était pas difficile, la crise, l'absence de croissance, le chômage, les partenaires sociaux qui n'arrivent pas à se mettre d'accord, c'est pas le moment de s'étendre au soleil...

- D'accord, d'accord, juste un moment...

- Mais jusqu'à quand le moment ?

- Demain, toujours demain...".


29/12/2012

Premières fleurs

Les journées ont commencé à rallonger, le soleil est réapparu, le ciel a mis son uniforme bleu, c'est le week-end et les parcs ont conservé ces parfums du monde d'avant qui se font rares.

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Pour un peu, on se surprendrait à cueillir les premières fleurs. Tiens, il suffit d'y penser et nous voilà au milieu d'étranges jonquilles, est-ce le rêve qui nous a saisi sur le banc ensoleillé ? au cas où, merci de lire à voix basse, je voudrai prolonger un peu. Et bon week-end !

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28/12/2012

Génération

 

Dans les démocraties,

chaque génération est un peuple nouveau


Tocqueville

 

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27/12/2012

Luz !

Lorsque la France connaissait un boom économique (mais si, souvenez vous la fin des années 2000 ou plus récemment la baisse continue du chômage avant la crise financière, puis de la dette, puis économique, puis des trois à la fois), on disait que la natalité allait bien parce que les français avaient le moral et croyaient en l'avenir. Et puis les difficultés venant, et la natalité ne fléchissant pas, on nous expliqua qu'il s'agissait en période de crise d'un repli sur le privé et sur la famille. Ah bon. En Espagne, lorsque les villes éclataient des lumières de fêtes, on disait que c'était le miracle espagnol, sorte de prolongement naturel de la movida.

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Et puis, comme souvent dans le Sud ou l'excès est une seconde nature, la crise frappa plus qu'ailleurs. Mais les lumières persistent. Alors certains avancent que c'est pour oublier les difficultés, s'étourdir de lumière et faire, pendant quelques jours, comme si rien n'avait changé. On peut dire ça, où autre chose. Il est facile d'avoir des explications sur tout, sauf que pour la natalité et les lumières, et quelques autres choses, il vaudrait mieux reconnaître que l'on en sait rien, et se réjouir du spectacle. Lumières !

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26/12/2012

Mejores no hay !

Le 26 décembre 1891, il y a 121 ans, naissait Henry Miller qui comme Picasso savait que le plus difficile est de retrouver l'instantanéité de l'enfant lorsque l'on peint.

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Henry Miller - Sans titre - 1944

En 1953, Miller traverse l'Espagne Franquiste avec un couple d'amis et la photographe Denise Bellon. Un livre récemment paru témoigne de ce voyage. Il porte le titre "Mejores, no hay !", autrement dit : "Y a pas mieux !". L'incroyable avec Miller, c'est qu'il n'y a jamais mieux que ce qu'il est en train de faire. Qu'il soit en Grèce, à Big Sur, à Paris, en Espagne ou dans les rues de New-York, qu'il soit à l'aise ou sans un sou, qu'il soit en train d'écrire, de peindre, de manger ou de lire dans les lieux d'aisance : "Y a pas mieux !". Miller aimait la vie, et la rue : "Les journaux peuvent bien mentir, les magazines affabuler et les politiciens truquer la réalité, la rue, elle, est hurlante de vérité.". Il est toujours temps d'aller vérifier.

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23/11/2012

A las cinco de la tarde

Las cinco de la tarde, c'est l'heure à laquelle Ignacio Sanchez Mejias, torero sévillan, se fit encorner le 11 juillet 1934 dans les arènes de Manzanares. Il mourra deux jours plus tard. Federico Garcia Lorca a écrit pour son ami un chant qui lie à jamais l'infini tristesse et la beauté de la vie, l'une et l'autre ne pouvant que difficilement se regarder dans tout leur éclat. Il se pourrait que dimanche, peu après cinq heures, l'Espagne ressemble à ce torero fatigué dont toutes les victoires ne faisaient qu'annoncer la défaite.

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Dimanche, le Conseil Européen entérinera sans doute, avec son budget 2014-2020, que l'Europe s'est déplacée à l'Est et que le Sud doit se débrouiller avec lui-même. Au même moment, les élections anticipées en Catalogne donneront sans doute une vaste majorité, sans qu'il soit nécessaire de recompter les bulletins, aux partis indépendantistes qui poseront sans délai la question d'un référendum pour l'autodétermination de la Catalogne. Il n'est pas certain que ceux qui prônent la transition vers un fédéralisme faisant plus de place à l'autonomie dans une Espagne préservée soient entendus. Si tel était le cas, le torero usé ressemblerait à Don Quijote, courbé sur Rocinante, sa triste jument. Oui, il risque bien d'être cinco de la tarde pour l'Espagne ce dimanche. Sauf si le chant des gitans peut encore constituer une raison de se rassembler. Peut être, en Espagne, faudrait-il réécouter Vicente Pradal, accompagné ici pour chanter une partie du Llanto, de son fils au piano et de sa fille, la belle Paloma, à la voix. Pour ne pas croire au destin et faire mentir les horloges.


17/11/2012

Soutenir les cochons

Les manifestations se multiplient, non pas en France où il ne s'agit ce jour que d'un aéroport à la campagne ou du mariage pour tous (il suffirait au lieu de manifester de retenir la proposition de Jérôme Leroy du mariage avec tous, voir ici), mais dans le Sud. Chez ces cochons de sudistes, selon l'humour anglo-saxon qui ne voit que PIGS (Portugal, Italy, Greece, Spain) au sud de la City. En passant, retenir le mot cochon comme une insulte confirme le peu d'aptitude à la gastronomie et à la contemplation de la nature chez certaines populations. Manifestations au Sud donc et particulièrement en Grèce. Les voyages en train étant propices à la lecture, la rencontre d'un déplacement et de l'actualité mit dans mes mains "Premiers regards sur la Grèce" d'Henry Miller, qui ressemble sur la couverture à Giscard d'Estaing matiné de singe chinois.

 

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La lecture de ces courtes notes de voyage (en nos temps stressés, il est toujours utile de rappeler qu'un livre est court si on souhaite le faire partager) rappelle ce que l'on pressentait. A savoir que si la Grèce rentre dans le rang, c’est toute l’Europe qui basculera à l’Ouest Atlantique et le Sud sera à jamais un paradis perdu. L’homme ne sera de passage sur cette  terre que pour revêtir son costume de consommateur addicté et d’agent économique à l'irrationalité contrôlée par les potions délétères (publicité, pharmacopée, discours d’experts, …) qui achèveront de tuer en lui toute imagination.

"Le jour où ils accepteront le harnais, les Grecs cesseront d'être Grecs. Mais seuls les Anglais, totalement insensibles à ce qui est autre, à ce qui est différent, pourraient croire pareille absurdité" écrit Miller.

Car comment vivre sans projeter sur ce qui nous entoure une vision fantasmatique qui permet de faire émerger la poésie du réel aussi sûrement que le vin du Sud apporte le bien-être, la joie et la conversation comme le dit Miller.

En Grèce « tout est légendaire, fabuleux, incroyable, merveilleux et pourtant vrai. Tout commence et s’achève ici ». On dirait un télégramme reçu ce jour des alentours d'Epidaure "l'endroit le plus parfait de tous ceux que j'ai contemplé jusqu'ici". Il s'agit juste d'un rappel rédigé pour nous en Novembre 1939.

02/08/2012

Voler, atterrir

Toujours aussi beau les avions d'American Airlines, des cylindres d'argent que le soleil arrose comme dirait Nougaro qui aurait noté que les couleurs de Chicago sont le rouge et le noir.

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Pour cet été partagé entre le Pays Basque et les bord du Lac Michigan, l'ouvrage de Kirmen Uribe paraissait s'imposer. Il accompagna le passage du jour à la nuit. Des ports de la Biscaye aux rues de New-york, le voyage d'un fils qui voudrait se mettre dans les pas de son père. Si le livre contient de belles pages sur les pêcheurs basques qui partent pêcher au large de l'Irlande, jusqu'au Nord de l'Ecosse, le parallèle avec le voyage en avion de l'auteur est pauvre et manque de saveur.

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Kirmen Uribe n'a manifestement pas trouvé la manière de construire le récit de l'histoire familiale et la structuration de la narration autour d'un vol Bilbao-NewYork est trop artificielle pour tenir le choc face aux marins. Cela permit de se souvenir qu'il est un autre espagnol,Antonio Altarriba, qui a trouvé lui l'art de voler et de conter l'histoire de son père et à travers lui à la fois celle de l'Espagne et celle de ces moments où il faut faire des choix qui engagent définitivement et font que la vie prend une orientation et des chemins inattendus et, forcément, sans retour.

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Heureusement, pour repasser du jour à la nuit, avant d'atterrir, il y eût Laia Fabregas, qui prend elle des avions entre la Catalogne et les Pays-Bas. Et c'est dans un avion que débute Atterrir, lorsque s'entremêlent les destins d'une jeune hollandaise qui a fait l'expérience de la rencontre d'un ange et ne parvient à s'en détacher, et d'un vieil andalou qui émigra longtemps auparavant aux Pays-Bas où il fit lui aussi l'expérience de la rencontre de la grâce.

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De ce livre là on ne sort pas vraiment, même après avoir atterri.

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20/07/2012

Que se jodan !

Hier, jeudi, des milliers de personnes sont descendues dans les rues des villes d'Espagne pour protester contre le plan d'austérité présenté cette semaine par le Gouvernement devant le Parlement. Simple répétition estivale avant la grande grève générale prévue le 26 septembre prochain, où l'on peut prévoir que tout le pays sera paralysé. S'il fallait un aiguillon supplémentaire aux manifestants, la députée du parti populaire Andréa Fabra le leur a fourni. En pleine séance parlementaire, alors que les députés du PP applaudissaient vigoureusement l'annonce de la réduction des aides sociales ou du montant de l'indemnisation du chômage, Andréa trouva que ce n'était pas assez et lança : "Que se jodan !", autrement dit, qu'ils aillent se faire f.....Et oui, c'est ainsi au début du 21ème siècle, dans une démocratie apaisée, une élue du peuple crie au sein de l'Assemblée que les chômeurs l'emmerdent. Evidemment, Andréa Fabra et ses amis n'en ont pas fini avec l'affaire.

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Il est paradoxal de traverser des pays comme l'Espagne, ou la France, ou l'Italie, pays qui regorgent de richesses, où la consommation bat son plein, où jamais il n'y a tant eu à la disposition de tous, et d'entendre toujours la même antienne : fini l'Etat providence, fini la société du bien être, à nous les efforts, les sacrifices et l'alignement par le bas. Ainsi doit-il en être, et ceux qui ne sont pas d'accord, que se jodan !

19/07/2012

Lire

A San Sebastian, pardon à Donostia, une affiche sur les murs de la mairie proclame : "La culture rend libre", que l'on peut entendre en espagnol comme la culture rend livre ou ivre,  ce qui n'est jamais exclu.

On ne s'étonnera donc pas de surprendre une lectrice dans un salon d'herbe, près de l'abat-jour au coeur des rues de Bilbao.

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Pour Victor Hugo, lire c'est voyager, voyager c'est lire. On pense à Gérard de Nerval arrivant à Alexandrie, qui s'enferme dans un hôtel et se met à lire sans sortir car le véritable Orient est dans les livres. Vous pouvez choisir vos livres, comme vous choisissez vos amis. A la première page s'ouvre le dialogue entre l'auteur et vous. Vous ne saurez jamais ce qu'il a écrit (le sait-il ?), mais vous pouvez savoir ce que vous êtes en train de lire. Sortez votre chaise, installez vous, c'est parti !

17/07/2012

Le temps d'avant

C'était le temps d'avant. D'avant que l'homo economicus ne réduise l'humain à l'état d'agent économique. D'avant que les commerces soient ouverts tous les jours de l'année, comme vient de le décider la communauté de Madrid. Avant que l'horizon de l'individu ne soit borné par les centres commerciaux et les galeries marchandes. Dans le temps d'avant, la liberté de l'esprit passait par celle du corps et supposait que l'on ait le temps de s'abandonner.

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Dans le temps d'avant, les parents accompagnaient les enfants lors de dimanche après-midi proustiens où le temps passait plus lentement qu'à tout autre moment. Et dans cet intervalle, il suffisait de regarder pour voir et sentir la grâce.

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Et dans ce temps mêlé d'ennui et de plaisirs, pouvaient s'épanouir les premières expériences qui constituent profondément les êtres. Il faut prendre le temps pour être là lorsqu'une petite fille dévoile le dessous de ses jupes.

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Ce temps d'avant, c'était les dimanches où les parents de la petite fille ne faisaient pas commerce et ceux du petit garçon ne couraient pas les boutiques. Ils avaient mieux à faire : regarder la vie se déployer devant eux. Ils ne comprenaient même pas ce qu'est un agent économique. C'est vous dire si c'était vraiment le temps d'avant.

01/07/2012

Viva España !

Après le Conseil Européen ou l'habileté italienne s'est imposée à la puissance allemande, voici l'Espagne championne d'Europe, pour la deuxième fois, après avoir été entre ces deux succès championne du Monde. Et l'avenir ne serait pas au Sud ?

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Cuando la vida no es caliente, no es la vida.

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