02/05/2011
Trois manières d'être français
Les responsables du football français auraient envisagé des quotas discriminatoires. C’est peu dire que l’affaire fait grand bruit, jusque sur ce blog, plutôt adepte du ballon ovale. Bon allez d’accord. Il ne s’agit pas de limiter le nombre de noirs et d’arabes dans les centres de formation et sélections nationales, mais de limiter le nombre des binationaux. Qu’ils soient à 99 % noirs et arabes et que cela constitue très précisément une discrimination indirecte telle que définie par les tribunaux européens et français n’est qu’une pinaillerie de juriste coupé de la réalité du foutebol.
Clameurs, protestations, démentis, les intéressés s’insurgent, s’excusent et s’expliquent : il n’est pas normal que des joueurs formés en France, sélectionnés dans des équipes de France de jeunes puissent ensuite jouer pour une autre sélection nationale à l’âge adulte : « Cela me gêne énormément » dit Laurenc Blanc qui fut un temps présenté comme Monsieur Propre et pas seulement pour son son nom ou son teint.
Nicolaes De Staël - Footballeurs 1952
Osons quelques rappels : d’une part cette possibilité offerte aux binationaux est une règle internationale qu’il conviendrait peut être de respecter plutôt que de la contourner. Et si elle n’est pas adaptée, il faut la changer. D’autre part que le foot est un sport professionnel et que la formation est financée dans ce cadre. Sa proposition, étendue au-delà du ballon rond, reviendrait donc à déclarer que tout étudiant formé dans une Université ou Ecole française ne peut travailler que pour des entreprises françaises ou plus généralement pour la France, puisqu'il se trouve des politiques pour utiliser le fumeux concept "d'entreprise France" qui doit donner des boutons à Colombey. On mesure le degré d’absurdité mais surtout de fermeture d'une telle proposition.
Ce repli étroit sur la nationalité qui, autre rappel, fait partie de la liste des discriminations visées par le Code du travail et les conventions internationales, est décevant de la part d’un entraîneur qui se veut également éducateur. Si ses multiples activités lui laissent un peu de loisir, proposons à Laurent Blanc de méditer sur la manière dont Julia Kristeva définit son identité : « Une citoyenne européenne, de nationalité française, d’origine bulgare et d’adoption américaine ». Et félicitons Francis Smerecki, le seul à avoir dénoncé en pleine réunion le caractère discriminatoire de la mesure envisagée. Mais voyons, Smerecki, ce ne serait pas un peu étranger ça ? mais si, c'est même polonais et ce n'est pas loin de mériter la béatification. Bonne semaine à tous.
00:05 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : de staêl, football, laurent blanc, discriminations, g
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