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16/05/2012

Faire son miel

...de tout. Faire son miel de tout, c'est considérer qu'il y a toujours assez de légumes pour faire une soupe, suffisamment de bouts de ficelles pour tresser une corde, une rue à découvrir à chaque carrefour, une vie entière derrière chaque visage, une phrase importante dans chaque livre ouvert au hasard, un soleil caché derrière chaque nuage, c'est croire à sa chance et être convaincu que tout est à découvrir toujours. Faire son miel de tout, c'est du récup'art, du détournement, un joyeux mélange, pas mal de désordre et des découvertes à profusion. Faire son miel de tout c'est se faire la malle du vieux grenier.

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Vick Muniz - Autoportrait

Vick Muniz est un brésilien qui fait son miel de tout : papiers collés, confiture, chocolat, jouets d'enfants, pigments, tous les matériaux, tous les objets, toutes les feuilles des arbres sont autant de pinceaux pour composer des portraits, des paysages, des scènes urbaines. Cet autoportrait aux jouets d'enfants est un pied de nez à l'adulte, ce que tous les enfants comprendront. On peut voir ses oeuvres en Avignon.

Dominique Rolin faisait son miel de tout. Parfois le miel se dérobait mais elle savait qu'il reviendrait. Il est toujours revenu, jusqu'à hier où c'est elle qui s'en est allé.

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20/04/2011

Ce que l'art nous montre

Deux photographies de l’artiste américain Andres Serrano ont été détruites à Avignon, après avoir provoqué scandale. On se souvient des ligues d’extrême-droit tentant de brûler le film surréaliste de Luis Bunuel et Salvador Dali, L’Age d’or. Nous n’aurions pas avancé ? pas énormément non. Destruction des Bouddhas ici, fatwa sur un écrivain là, représailles pour des caricatures du Prophète plus loin, destruction de photographies d’un crucifix donc. Si l’on voulait une seule preuve que l’art n’est pas inutile, elle est fournie. Sa capacité à susciter la haine démontre largement sa puissance de révélation.

 Que nous révèle l’art ? que le regard que nous portons sur l’œuvre nous en apprend plus sur nous même que sur l’œuvre en question. Certaines œuvres vous choquent, vous exaspèrent, vous irritent, vous indignent, vous révulsent ? vous n’avez que l’embarras du choix : ignorez-les et ne perdez pas votre temps à parler de ce qui n’en vaut guère la peine, combattez-les par une critique bien sentie dont les arguments feront mouche, produisez-vous-même une œuvre qui ridiculisera celle que vous abhorrez, ou bien montrez-les à profusion pour discréditer leur auteur qui n’y résistera pas.

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Mais évitez la destruction, l’autodafé, la censure, le mépris, l’injure et autres joyeusetés. Vous ne ferez que justifier ce qui déclenche votre courroux.

Un crucifix dans de l’urine, c'est sale ? injurieux ? blasphématoire ? Cela peut aussi se lire comme le témoignage qu’en toute circonstance, en tout lieu, au cœur même du sordide, il y a une place pour Dieu et que son éclat ne s’en trouve pas amoindri. Cela supposerait d’avoir un regard ouvert sur l’œuvre et de belles intentions à faire valoir. La destruction violente de la photo nous conforte dans l’idée que l’art est nécessaire et nous enseigne que, loin de leurs discours, le regard porté par les destructeurs sur l’œuvre n’a pas grand-chose de divin. Et que l’insulte faite à Dieu est sans doute plus grande de penser qu’il peut se noyer dans un peu d’urine que d’essayer de démontrer, serait-ce laborieusement, le contraire.

14/04/2009

L'avocat du diable

L'été dernier en Avignon au sein de la chapelle Saint-Charles, Ernest-Pignon Ernest a présenté les portraits de sept grandes mystiques figurées par des dessins de près de trois mètres de haut. L'installation s'intitulait "Extases". La puissance de l'évocation tient bien évidemment au talent du dessinateur mais également au lieu qui accueille ces corps dénudés, physiquement pour partie mais entièrement du point de vue spirituel. Que l'Eglise puisse accueillir de telles représentations pour mieux penser la passion est remarquable : plutôt que d'occulter ce qui dérange, l'accueillir et s'en servir de point d'appui pour sa pensée, serait-ce pour mieux le réfuter, vaut d'être souligné. Sartre enseignait, sans toujours le pratiquer lui-même, qu'il fallait penser contre soi-même pour féconder la pensée.

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Ernest-Pignon Ernest - Extases - 2008

A l'heure où le système de gestion paritaire de la formation professionnelle est mise en cause de toute part, parfois de manière mesurée et positive (voir le rapport de l'IGAS sur les OPCA), d'autres de manière caricaturale voire erronnée (rapport de la Cour des comptes sur la formation professionnelle), il paraît indispensable que les acteurs et responsables du système puissent penser contre eux-même, plutôt que de se crisper sur une défense urbi et orbi du dispositif. Il s'agit moins de faire son auto-critique et encore moins son procès, que de s'inscrire dans une véritable culture de l'évaluation qui permet d'agir en se préoccupant d'abord de la qualité du service rendu aux entreprises et aux salariés. La première étape consisterait à tenir pour établi que ce n'est ni aux entreprises ni aux salariés d'intégrer et de tenir compte des objectifs, politiques, pratiques et moyens de l'OPCA, mais exactement l'inverse.