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18/08/2011

Le juge perdu dans la nature

La question des rapports entre nature et culture peut encore appeler des développements qui rempliront les bibliothèques. Peut être ne sera-t-elle jamais tranchée. Pour autant, il importe de rester vigilant lorsque des thèses essentialistes sont proférées sur le ton de l'évidence. La Cour d'appel de Chambéry vient de juger qu'il n'est pas discriminatoire d'exiger, pour un poste de chef de service de traduction en français, que le candidat soit de langue maternelle française. L'argument des juges est ainsi tourné : " Or attendu que les termes native french speaker, qui se traduisent par de langue maternelle française, posent comme critère celui du langage parlé et transmis dès la naissance, lequel, réputé être de ce fait la langue la plus parfaitement assimilée par l'individu dans toutes ses composantes et subtilités, constitue une exigence professionnelle déterminante et essentielle en matière de recrutement d'un chef du service de traduction de l'agence en France d'une compagnie d'assurance anglo saxonne". 

On conseillera aux juges de relire Casanova.

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Anton Raphael Mengs - Portrait de Casanova - 1768

 

Et plus particulièrement les mémoires, écrites en français par celui qui était de langue maternelle italienne et qui demeure l'un des plus grands écrivains de langue française. Et si tout cela paraît bien loin au juge, il pourra aussi se plonger dans Becket, Semprun, Kundera ou Dai Sijie. Tous individus qui ont une parfaite maîtrise de la langue dans toutes ses composantes et subtilités. Au passage le juge s'apercevra que la compétence est un acquis et non un attribut.

Pour éviter d'aussi grossières erreurs, le juge peut toujours s'en remettre à Casanova : "L'homme qui veut s'instruire doit lire d'abord, puis voyager pour rectifier ce qu'il a appris" et si le juge lit, il pourra déccouvrir cette autre formule d'un écrivain de langue française d'élection : "Si le plaisir existe, et si on peut en jouir qu'en vie, alors la vie est un bonheur".

Chambery 8 juin 2011.pdf

09/05/2011

Réenchanter

Juliette est certes née à Paris, mais elle est toulousaine. C'est dans les bars de Toulouse qu'elle a travaillé sa voix et son répertoire, c'est dans l'humus toulousain qu'elle a puisé ce goût de la synthèse des contraires, c'est en aspirant le Sud qu'elle a pu respirer librement. Juliette est une bête de scène, elle fait partie des rares qui ont l'essentiel : la présence. Et pour notre bonheur, ell n'a pas que cela, mais du talent. Dans son spectacle présenté aux Folies Bergères, Juliette interprète, sur un canapé, avec une grande économie de gestes et d'effets, Les dessous chics. Hommage à Gainsbourg. Vous connaissez évidemment mais écoutez.


Nous sommes en début de semaine, vous avez peut être l'impression que les jours à venir risquent de ressembler aux jours passés. Que le quotidien se répète à l'infini et que l'éternel retour nietzschéen n'est jamais que l'installation de la banalité. Et puis voilà Juliette qui nous montre ce que l'on peut faire avec quelque chose de déjà vu, déjà entendu, déjà connu. Sans effet, sans artifices, sans prétention, mais avec conviction, engagement et implication personnelle, dans une grande simplicité, Juliette nous livre une version des Dessous chics qui rétablit le mot réenchanter. Chanter de nouveau, repeindre avec des couleurs, réinventer à chaque instant, voilà un beau programme pour la semaine. Et ensuite ? et bien puisque nous avons commencé en Musique, concluons avec celle de Casanova : "Si le plaisir existe, et si l'on ne peut en jouir qu'en vie, alors la vie est un bonheur". Bonne semaine à tous.

19/08/2010

Rentrée catégorielle

Eric Woerth est sans doute un des rares français à souhaiter que les vacances se terminent rapidement et avec elles leur lot de révélations, plus ou moins pertinentes, sur les passe-droits, services réciproques ou autres intérêts bien compris qui ne font jamais que témoigner d'une endogamie toujours plus grande chez nos dirigeants : chez ceux-là, point besoin de Facebook si ce n'est pour montrer au bon peuple que l'on partage ses petites manies, car on a compris depuis longtemps que les réseaux sociaux étaient les meilleurs des parachutes dorés et l'on sait les cultiver. Woerth donc est pressé de retrouver ses habituelles habitudes : réforme des retraites pour sauver le pays et ses habitants, clivage droite-gauche et duels à la langue de bois jusqu'à la première insulte, polémique savamment préparée et entretenue, bref enfin la routine. Pourtant, Eric Woerth devrait se méfier car la rentrée risque d'être chaude : les prêtres et les nonnes sont en colère.

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Clovis Trouille - Le baiser du confesseur - 1947
Plus de 70 religieux ont déposé au début de l'été des recours contre leur caisse de retraite pour que soient prises en compte dans le calcul de leur pension leurs années de formation et d'études. Le noviciat n'entre pas, en effet, dans les périodes cotisées par l'Eglise. Que fait-on pendant le noviciat ? il faudrait demander à Casanova ou Stendhal mais Clovis Trouille fournit déjà une réponse. Ceci dit, les étudiants ne font pas mieux et ils peuvent racheter leurs années d'études. Alors Mr Woerth, vous qui allez bientôt crouler sous les revendications catégorielles, pensez aux prêtres et nonnes que vous ne pouvez soupçonner de vénalité et rétablissez l'équilibre entre tous les citoyens. Une fois ceci fait, comme dirait Jacques Brel, au suivant...