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31/03/2010

Lumières

Le tableau est souvent présenté comme l'un des plus mystérieux qui soit. Que regarde le Gilles de Watteau ? que vous dit l'oeil de l'âne ? pourquoi les quatre personnages ont-ils tous une expression différente ? d'où vient cette profondeur de Gilles dont le visage tout entier a la qualité du sourire de la Joconde ? Si vous passez par le Louvre, oubliez la Joconde, mais visitez la belle ferronière puis dirigez-vous vers le Gilles, vous ne serez pas dérangé. Le tableau exprime tout l'art du 18ème siècle et des Lumières : de la peinture, du théâtre, de la philosophie, du roman, tout ceci est présent dans ce tableau tragique et joueur, profond et léger, lumineux et obscur. Ce tableau qui réunit tous les contraires en un éclat de génie bouleversant.

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Watteau - Gilles - 1712

Pour peindre un tel tableau, il faut être encyclopédiste, résolument, profondément et définitivement. Encyclopédiste cela signifie avoir la volonté de faire des liens entre ce qui habituellement n'est pas relié. Mais l'encyclopédisme se perd. Pierre Lacame, Directeur Général de la Fondation Charles Léopold Mayer dresse ce constat sur l'Université à l'occasion de la parution des thèses primées par le journal Le Monde et ses partenaires : "donnez des moyens à la recherche publique et nous fabriquerons les élites dont la société a besoin pour se comprendre et se développer. Personne n'y croit plus sérieusement. Il faudrait que l'université soit en mesure de produire des élites capables de s'affronter à la complexité des défis des sociétés du XXIe siècle, et c'est largement incompatible avec un enseignement à dominante disciplinaire ; capables d'un aller et retour constant entre pratique et théorie, et l'enseignement n'y pousse guère ; capables de contester la pensée de leurs professeurs et c'est risqué pour un jeune thésard".
Bref, il y a urgence pour un retour à l'encyclopédisme et aux Lumières afin d'éviter que chaque nouvelle thèse ne soit, comme le disait Raymond Aron, un moyen de tout savoir sur quasi  rien à force de n'être qu'un traitement purement disciplinaire de spécialiste d'une question n'intéressant que les spécialistes. Réfléchir sur des questions posées par la société, aborder ces questions de manière pluridisciplinaire, penser contre ses maîtres et contre soi-même, voilà le projet. Vite, Fiat Lux.

En complément, une interview d'Egar Morin sur le même sujet, parue dans Le Monde.

30/03/2010

De l'individu dans son environnement

Le débat entre nature et culture n'est jamais clos, ni entre essentialisme et constructivisme, ni entre responsabilité individuelle et responsabilité collective, ou en d'autres termes, l'individu ou le système. La pensée, et les actes, classés politiquement à droite pointent plutôt l'individu seul responsable et tiennent l'environnement pour une excuse facile. La pensée, et les actes, classés politiquement à gauche mettent plus volontiers en avant un individu innocent dans une société coupable et s'interrogent sur la responsabilité individuelle au sein de déterminismes sociaux. Ces classiques débats ont été repris par les organisations syndicales et patronales sur le harcèlement et la violence au travail. Affaires d'individus ou de pratiques manageriales et de culture d'entreprise ? Quelques êtres pervers ou des organisations malsaines ? seule certitude : des salariés en souffrance un peu partout.

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Jean-Michel Basquiat

Le projet d'accord national interprofessionnel conclu le 26 mars 2010 sur ce thème laisse les deux options ouvertes et invite tout autant à prévenir, et sanctionner, les comportements individuels qu'à s'interroger sur les facteurs de risques liés à l'environnement y compris les modes de management. Complétant l'ANI du 2 juillet 2008 sur le stress au travail et l'ensemble des mesures relatives à la gestion de la santé des salariés, l'ANI du 26 mars 2010 officialise la nécessité de lutter contre la violence et le harcèlement au travail. Il faudra également que les partenaires sociaux, lassés de lutter contre, signent également des accords qui invitent à lutter pour : pour le bien être au travail par exemple ou mieux pour l'amélioration du confort au travail. Cela romprait un peu avec la vision doloriste du travail et militerait pour qu'il ne soit plus perçu comme une provocation d'associer, autant qu'il est possible, plaisir et travail.

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Le lapsus du jour de la responsable de projets :  "Il faut que j'en parle à mon écrispe...". Est-ce mon interlocutrice, son équipe ou les deux qui sont crispées ?

29/03/2010

Luz de España

En 2000, l’Europe décidait à Lisbonne de faire l’Europe de la connaissance et de baser la croissance et la compétitivité sur l’élévation du niveau de compétences. Ces belles intentions ne trouvèrent guère de traduction au cours des dix années suivantes, à savoir les dix dernières. Pour les dix prochaines, les objectifs seront fixés en juillet. L’Espagne, qui assure la présidence de l’Europe depuis le début de l’année, propose par la voix de Zapatero que l’égalité professionnelle hommes-femmes soit un objectif à atteindre dans les dix ans à venir, tant au niveau des salaires que du taux d’activité. Pour lui, la modification de la place des femmes dans la société constitue un objectif essentiel qui conditionne bien d’autres évolutions.

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L’Espagne, symbolisée encore par le taureau dont la corne pousse la culture taurine jusque dans notre Sud, peut-elle vraiment initier ce changement radical ? Comment y croire alors que seuls des hommes défient à pied le taureau dans les arènes ?

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Peut-être en constatant que les comportements ont déjà commencé à changer et que chacun semble y trouver son compte.

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Faisons confiance aux nouvelles générations. Les arènes de demain ne sont pas celles d’hier, il en va de même pour les figurants et les acteurs. De l’Espagne viendra la lumière.

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26/03/2010

Jardins à la française

Le représentant de l'Etat a l'image qui porte : "Notre intention ce n'est pas le jardin à la française dans sa version caricaturale où tout est au carré et identique. Regardez bien les jardins de Versailles, de grandes allées pour voir et comprendre, et des bosquets qui sont tous différents. Il peut y avoir organisation d'ensemble et diversité dans le détail". Ainsi présenté, l'affaire est séduisante : des principes structurants, les allées, et des différences qui s'épanouissent dans les bosquets. Les jardins à la française ne m'ont jamais séduit mais peut être étais-je bloqué sur leur caricature. Allons y voir donc.

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Jardins de Versailles

Hum ! les dessins sont différents mais la taille est sévère, homogène et l'on sent le plan d'ensemble décliné jusque dans les moindres détails. La diversité est présente certes, mais là où on a souhaité qu'elle se trouve et dans le cadre d'une harmonie générale préétablie. Nous restons dans le schéma conception-exécution et la rupture avec l'Etat Jacobin (tout le jardin est organisé par rapport à son centre), rationaliste (chaque forme se déduit de la précédente) et unilatéral (tout est décidé et il n'est pas une arbre qui ne pousse à l'imprévu) ne paraît pas évidente. Passons notre chemin pour d'autres jardins plus attractifs. Et en premier lieu, bien évidemment, le jardin des délices.
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Hyeronymus Bosch - Le jardin des Délices

Olà ! quel foutoir ! le bazar absolu et pas que des choses très catholiques. Etes-vous certains que l'on peut laisser autant de liberté ? plutôt que de répondre à la place des joyeux occupants du jardin, posez leur la question. Et ce Hyeronymus, drôle de nom ça ? et oui, encore un européen. Vous voulez un jardin français ? alors oubliez Versailles et promenez vous chez Fragonard, vous comprendrez pourquoi il vaut mieux prendre le risque du chemin encombré, de l'arbre qui a poussé où bon lui semble, des feuilles qui masquent la vue et ménagent la surprise ou encore du foisonnement mystérieux de la végétation.
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Jean-Honoré Fragonard - La surprise

Entre l'appollonien et le dyonisien, l'ordre a priori et la liberté, la composition ordonnée et l'imprévisible improvisation, le prescrit et le spontané, la sécurité et le risque, la vie me paraît être dans les seconds plutôt que les premiers. Sans doute n'est-on pas obligé d'être aussi tranché, binaire et dans l'opposition de ces notions. Bien sur. Mais il est toujours un moment où il faut choisir. Vous ne me rencontrerez pas dans les jardins de Versailles. Et vous, si vous étiez un jardin ?

25/03/2010

L'oiseau est au nid

Brindilles, brins d'herbe, bouts de ficelles, chiffons, papiers, cartons...l'oiseau fait son miel de toutes choses pour faire son nid. Rapidement, mais sans urgence. A la vitesse de son vol et de sa perception de la vie. A son rythme. Le nid peu à peu prend la forme de l'oeuf qu'il va accueillir. Une oeuvre qui en permettra une autre. Ainsi se construit parfois la jurisprudence : de décisions en décisions, au gré des demandes et des questions, le nid du raisonnement se forme et l'oeuvre se constitue qui permettra demain d'ouvrir d'autres horizons.

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Joan Miro - Femme et Oiseaux

La décision de la Cour de cassation en date du 2 mars 2010 concernant l'obligation de l'employeur de former ses salariés, apporte sa brindille, et même plus, à la construction d'un droit à la formation, qui est le nid d'une plus ample obligation de professionnalisation des salariés tout au long de la vie. En l'occurence, un Hôtel est condamné pour n'avoir pas formé quatre plongeurs illettrés, les privant ainsi de toute possibilité d'évolution. La société avait plaidé l'absence de  demande précise en ce sens des salariés, suivi en cela par le juge d'appel mais pas par la Cour suprême. L'entreprise a l'obligation générale de proposer des formations aux salariés tout au long de leur carrière. Rappelons que l'ANI du 7 janvier 2009 et la loi du 24 novembre 2010 posent en principe que tout salarié a droit à une évolution d'au moins un niveau de qualification au cours de sa carrière professionnelle. Voici une première manière de désigner un débiteur à cette créance. Ainsi se poursuit la construction du nid du droit de la compétence. Mais avec cette décision, depuis début mars, l'oiseau est au nid.

24/03/2010

Pédagogie de la contradiction

Certains s'émeuvent d'entendre siffler la Marseillaise ou insulter le drapeau français. Jamais en retard d'une réaction au fait divers monté en épingle, le Gouvernement fait voter une loi réprimant pénalement l'outrage au drapeau. Signalons à ces pourfendeurs que de l'autre côté de l'Atlantique, si l'on s'enorgueillit du drapeau national que l'on affiche volontiers à sa fenêtre, on s'enorgueillit également de la liberté de chacun de le brûler s'il le souhaite, comme le défend la Cour suprême qui a régulièrement invalidé les lois des Etats visant à interdire de brûler la Star Spangled Banner.

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Keith Haring - Drapeau américain

Autre conception de l'identité, basée sur la liberté et la responsabilité et non sur l'identité de comportements. Il pourrait pourtant en aller autrement dans le pays de Voltaire qui affirmait : "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez le dire". Il faudrait pour cela considérer que mon contradicteur n'est pas forcément mon négateur et que la rhétorique et la dialectique balisent le chemin de la connaissance mais aussi la voie de la négociation individuelle et collective.

23/03/2010

Propositions inversées

En 1869 paraît à compte d'auteur un ouvrage qui va dynamiter, quelques années plus tard et après sa "redécouverte" par André Breton et Philippe Soupault, la littérature. L'ouvrage, composé de 6 chants (les chants, comme dans la Divine Comédie de Dante) s'intitule les Chants de Maldoror, il est signé du Comte de Lautréamont pseudonyme d'Isidore Ducasse. L'ouvrage est effrayant mais faut-il y voir seulement une blague potache à la Alfred Jarry, Maldoror n'étant qu'un avatar noir du Père Ubu ? peut-être s'il n'y avait "Poésies". Ce court ouvrage placé à la fin des Chants de Maldoror et qui semble en inverser toutes les valeurs. "Poésies" que Breton recopie à la bibliothèque nationale, après Rémy de Gourmont, et qui confère à l'ouvrage sa véritable portée. "Poésies" dont la lecture enchaînée à celle des Chants perturbera davantage le lecteur que la simple lecture des horreurs de Maldoror. Confronté à son inverse, le texte prend toute sa mesure.

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Jean Benoit - Le bouledogue de Maldoror

Cet exercice d'inversion, Jean-Paul Jacquier, l'excellent animateur du non moins recommandable site Les clés du social (http://www.clesdusocial.com/) s'y est livré à propos d'un rapport remis en février dernier au Premier Ministre à propos du Bien être au travail. Les rapporteurs, dont on notera qu'ils ont interrogé moultes dirigeants mais peu d'intéressés, formulent dix propositions. Concluant que s'il y avait lieu de proposer c'est que l'action faisait défaut, Jean-Paul Jacquier nous livre les dix propositions inversées, ce qui donne :
Les directions générales et leurs conseils d'administration ne s'impliquent pas dans les questions de santé au travail
Les managers de proximité ne prennent pas en compte la santé des salariés
Il n'existe pas dans les entreprises d'espaces de discussion
Les partenaires syndicaux ne sont pas impliqués dans la construction des conditions de santé au travail
La mesure des conditions de santé au travail n'est pas engagée
Les managers ne sont pas formés et préparés à la conduite d'équipes
Les collectifs de travail sont réduits à l'addition d'individus
Les projets de réorganisation n'intègrent pas l'impact humain
Les entreprises ne se préoccupent pas des impacts extérieurs de leur activité, notamment sur les fournisseurs
Les salariés en difficultés ne sont pas accompagnés mais laissés seuls face à leurs problèmes

Comme pour Maldoror, c'est la proposition inversée qui nous délivre la clé du message. Vous pouvez également lire le rapport ci-dessous.


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Jean Benoit et Mimi Parent  en 1948

Petit hommage à Jean Benoit, auteur du fameux bouledogue de Maldoror, dont l'oeil pétillant et l'esprit libre vivent toujours et menacent les infirmières de leur éternelle vigueur.

22/03/2010

Oeuvre inachevée

Les oeuvres inachevées ont leur beauté. La beauté appollonienne n'est pas la seule forme du beau et la recherche de la perfection ne se limite pas à celle du nombre d'or. L'imperfection, le défaut, certaines incohérences, une impression d'inachevée, tout ceci peut ajouter au charme de l'oeuvre et témoigner de plus de vie que l'oeuvre magistrale qui se présente dans son absolue finitude, tout comme les erreurs ou limites d'un individu nous le rendent, si nous savons l'accueillir, plus proche, plus touchant et plus aimable au sens premier du terme. Qui douterait de la beauté de l'oeuvre laissée en cours d'achèvement peut se rendre au Musée Gustave Moreau.

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Gustave Moreau - Les chimères - 1884

On aurait aimé sublimer l'inachèvement de la loi du 24 novembre 2009 et considérer que ses imperfections et lacunes sont la marque d'une oeuvre en construction dont nous aurons plaisir à goûter les évolutions futures. L'hypothèse ne peut d'ailleurs être exclue. Mais alors il faudra que la volonté commune de faire oeuvre soit présente et que les textes à venir ne soient pas uniquement le résultat de bras de fer pour la défense des positions propres de chacun. Pour vous faire une opinion, ci-dessous l'analyse réalisée avec Jean-Marie Luttringer pour Droit social de la loi du 24 novembre 2009.

19/03/2010

Dialogue désiré

Demos organisait jeudi 18 mars 2010 les quatrièmes Trophées du DIF visant à récompenser les entreprises qui ont su s'approprier le dispositif et conduire des actions volontaristes et innovantes. Cette journée intervenait cette année dans le contexte de la réforme de la formation professionnelle, de la mise en place du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels et de la création de la portabilité.

En 2009, l'accent avait été mis sur le DIF outil de promotion du Désir Individuel de Formation, pour développer l'appétence des salariés et l'intérêt des entreprises pour la formation. Cette année, il est apparu que c'est davantage autour d'un Dialogue Ininterrompu sur la Formation que doit se poursuivre la mise en oeuvre de ce dispositif. S'il est un effet recherché du DIF, c'est moins la satisfaction d'un désir individuel que l'ouverture d'une discussion entre employeur et salarié pour identifier des projets partagés. D'où la nécessité de construire des espaces de dialogue tant au plan individuel que collectif.

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Carlos Franco - La conversation - 1976

Cette invitation au dialogue doit permettre d'envisager le DIF non pas de manière réductrice mais dans ses quatre dimensions : juridique, pédagogique, économique et manageriale. Pour plus de détails, ci-dessous la synthèse des travaux conduits lors de cette journée.

18/03/2010

Singularité

Dans le magnifique film de Philippe Kaufman "L'insoutenable légèreté de l'être", adapté du roman éponyme de Milan Kundera, Daniel Day-Lewis est un chirurgien aux allures de  Casanova, figure plus légère et plus respecteuse que celle de  l'ennuyeux Dom Juan. Amant de Léna Olin, artiste peintre, il se voit posé la question suivante : "Mais que cherches tu à travers toutes ces femmes ?". La réponse échappe à la psychologisation nombrilique : "Leur singularité, car toutes ont quelque chose de singulier". Jalousie immédiate : "Ah oui ? et moi quelle est ma singularité ?" la réponse, pourtant formulée sans goujaterie mais avec la touche d'ironie qui convient,  attira la gifle "Ton chapeau".

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Lena Olin - Daniel Day-Lewis - L'insoutenable légèreté de l'être

Malraux disait qu'un être se définit par ses secrets. Je préfère la définition de Kundera et rechercher en chaque individu qui est également porteur de toute l'humanité, les traces de sa singularité. Pour aller un peu au-delà de la formule sartrienne "Un homme fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n'importe qui" on peut s'attacher à voir se combiner ce semblable et ce singulier qui nous caractérisent. C'est à ce petit exercice que je me suis livré pour la Semaine Sociale Lamy à propos des administrateurs d'OPCA. En quoi, ce mandat paritaire est il spécifique ? l'article figure dans le numéro spécial daté du 22 février intitulé "Sens et valeur ajoutée du paritarisme dans la formation professionnelle". La singularité des administrateurs d'OPCA, c'est  certes un peu moins sexy que le chapeau de Lena Olin, mais cette chronique a le plaisir de vous offrir les deux. Au fait, et votre singularité à vous ?

 

17/03/2010

Portabilité en miettes

L'Etat et les partenaires sociaux viennent de s'accorder sur les priorités que doit financer le nouveau Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels. Dotés pour sa création de plus d'un milliard d'euros, le FPSPP doit financer la qualification des salariés ou demandeurs d'emploi, la professionnalisation, les formations d'accès à l'emploi des demandeurs d'emploi, etc. Près de la moitié des financements devraient être orientés vers les demandeurs d'emploi. Et le DIF ? l'annexe financière prévoit que la portabilité du DIF sera financée à hauteur de 20 millions d'euros. Cette somme représente 2 % des ressources du FPSPP. Sur une base de 915 euros par salariés (100 heures de DIF) il y de quoi financer environ 22 000 salariés. A comparer au million de salariés qui quittent leur entreprise dans un cas ouvrant droit à l'assurance chômage (licenciement, rupture conventionnelle, fin de CDD ou Intérim, démission légitime). Des miettes qui, comme celles du Petit Poucet, ne nourriront que quelques oiseaux et ne permettront pas de trouver le chemin de la garantie de la portabilité du DIF.

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Le Petit Poucet

Mais qui sait, le Petit Poucet est un malin et l'échec des miettes ne l'a pas empêché de trouver son chemin et de triompher de l'ogre. Et puis dans la forêt, on fait parfois de bien belles rencontres.
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Par exemple, il est possible de trouver dans la convention entre l'Etat et le FPSPP que 60 millions d'euros ont été réservés au socle de compétences interprofessionnel. Développer la capacité à apprendre, la capacité à travailler en groupe, la maîtrise d'une langue étrangère et la maîtrise des outils informatiques et bureautiques c'est, paraît-il, développer son employabilité. C'est surtout développer sa liberté.

16/03/2010

Exercice pédagogique

Petit exercice pédagogique à partir d'un article du Code du travail. Il s'agit de l'article L. 6323-12 relatif à la mise en oeuvre du DIF. Cet article précise : "Les actions de formation exercées dans le cadre du DIF se déroulent en dehors du temps de travail. Toutefois, une convention ou un accord collectif de branche ou d'entreprise peut prévoir que le droit individuel à la formation s'exerce en partie pendant le temps de travail". Cet article pose un principe : le DIF se fait hors temps de travail, et une exception, partielle et conditionnée par un accord collectif. En l'absence d'accord collectif, une lecture littérale conduit à conclure qu'il n'est pas possible de faire du DIF sur le temps de travail et qu'en tout état de cause, le DIF intégralement réalisé sur le temps de travail est impossible car non prévu. C'est ici que le droit, matière curieuse, échappe à la littéralité et se construit autour de principes et non de textes lus. Comme les objets de Magritte, qui prennent un autre sens en changeant d'univers, les textes du Code du travail demandent à être lus avec une mise en perspective.

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Magritte

Plusieurs accords collectifs ont, lors de la mise en oeuvre du DIF, prévu une réalisation de la formation intégralement sur le temps de travail. Ces accords de branche ont été présentés pour extension au Ministère du travail, qui les a étendus au motif qu'il était plus favorable pour le salarié de suivre le DIF sur le temps de travail. Mais alors, si la solution est plus favorable, l'accord nécessaire pour prévoir du DIF sur le temps de travail n'est pas un accord dérogatoire. Il n'est donc pas indispensable. Et l'on peut convenir librement avec un salarié que le DIF peut s'exercer intégralement pendant le temps de travail. Soit faire en toute légalité ce que l'article L. 6323-12 n'envisage pas. Mais bien sur, au nom du principe de faveur. On ne le répètera jamais assez : faire du droit ce n'est ni lire ni citer des textes, c'est produire un raisonnement juridique à partir de textes et de principes. Comment savoir si l'on a raison ? en droit, celui qui prend la décision a toujours raison...sous le contrôle du juge.

Et pour terminer le lapsus du jour : la responsable ressources humaines me parle d'un dossier qu'elle doit présenter "aux affaires sont sales...". Je suppose qu'aux affaires sociales, il ne se passe pas que du très joli, joli.

15/03/2010

Motivation

Le Palais des Beaux-Arts à Bruxelles, les Bozarts selon la terminologie officielle, organise une splendide exposition consacrée au Greco qui fut aussi un des inventeurs de l'Europe :  peintre crétois initié en Grèce à la peinture Byzantine et formé à Venise, il installa son atelier à Tolède dans la deuxième moitié du 16ème siècle. Lequel atelier allait produire et reproduire des toiles du maître avec son concours. Le Greco, c'est souvent un collectif au service d'une singularité personnelle. Les chefs d'oeuvre sont nombreux dans l'exposition et plusieurs tableaux marquent. Mais sans conteste, c'est la présentation de la série des douze apôtres et de Jésus, soit treize tableaux conçus pour aller de concert, qui produit l'émotion la plus immédiate. Parmi les apôtres, un seul a le regard qui se plante dans celui du visiteur. Il s'agit de Judas, dont l'attitude n'est ni menaçante, ni hésitante. Judas qui vous regarde et semble vous dire ce qu'il n'a jamais dit.

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El Greco - Judas

On connaît l'histoire : Judas désignant Jésus d'un baiser aux troupes de Ponce Pilate pour trente deniers. Eternel schéma : l'argent emporte toute conviction et décide de chacun de nos actes. Regardons y de plus près : Judas était très proche de Jésus, trente deniers sont peu de choses, Jésus se savait condamné et n'a jamais cherché à fuir, le martyre était inscrit dans l'histoire qui sans cela n'aurait peut être pas été écrite. Cette thèse a déjà été soutenue. Elle fait de Judas le véritable crucifié, par deux fois : la première parce qu'il mourra peu après, suicidé ou tué selon les sources, et la seconde parce qu'il assume d'être pour l'éternité la figure du traître. Dans le portrait du Greco, pas de discours. Judas se tait toujours. Mais il vous regarde, seul apôtre à river ses yeux dans les vôtres. Trente deniers sont vraiment peu de choses et, il faudrait le rappeler parfois à ceux qui ne sauraient concevoir d'autre finalité à l'action que  l'argent, il peut être de plus grandes motivations. Mais des motivations profondes de chacun, nous ne savons rien. Le Greco et Judas contribuent à nous le rappeler.

12/03/2010

Milieu du gué

Le milieu du gué est la position de tous les dangers. Les appuis sont mal assurés, le danger peut guetter issu de l'eau ou de chacune des rives, le milieu est sinon hostile du moins inhabituel et les repères manquent pour prendre des décisions qui se doivent pourtant d'être immédiates et n'admettent pas toujours de seconde chance. D'une manière plus générale, les positions médianes ne sont pas toujours les plus confortables ainsi vaut-il mieux n'utiliser qu'une chaise, plutôt que deux, pour s'asseoir. Une seule chose à faire donc lorsque l'on est au milieu du gué : traverser.

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Olivier Debré - Longue traversée gris bleu de Loire à la tache verte

La peinture d'Olivier Debré nous invite à la fluidité du voyage, à se laisser porter par le courant, à dériver autour des ilôts de verdure qui apparaissent ci et là. Le courant dans lequel on s'immerge ici nous est favorable et il ne tient qu'à nous d'en jouir à loisir. Douceur de Loire, force de l'abstraction, immensité du sentiment dans lequel on s'immerge avec volupté. Cette traversée là est bienheureuse et résoud toutes les crispations.
C'est d'une traversée de ce type dont aurait bien besoin le dispositif du Droit individuel à la formation, soumis pour l'instant à des tensions contradictoires qui le laissent au milieu du gué et dont on espère qu'il ne conduira pas à mener les salariés en bateau. Pour plus d'explications, ci-dessous un extrait d'un article réalisé avec Jean-marie Luttringer pour Droit Social qui paraîtra en Avril prochain et qui nous présente un DIF au milieu du gué.

 

11/03/2010

Concurrence ou émulation

Jam session au 9 Jazz Club. Un batteur, un contrebassiste, un pianiste, un saxo. Et tous les musiciens présents dans salle invités à monter sur scène pour la Jam et jouer avec les pros. Les candidats ne manquent pas, plutôt jeunes au regard du groupe en place et souvent talentueux. Le batteur et le contrebassiste accompagnent. Ils s'amusent, ils s'adaptent à leurs nouveaux partenaires, ils les ramènent parfois dans le tempo, ils les guident et ils leurs ouvrent des espaces de liberté, saisis ou non selon le degré d'assurance ou d'innocence, pour le plaisir d'entendre et de voir se déployer un talent naissant plus ou moins heureusement. Mais voilà qu'un jeune saxo prend le centre de la scène, il ose, il est délié, il corpore le saxo, il se passe quelque chose. Le contrebassiste sourit. Pas le saxo officiel qui prend, sans attendre son tour, un solo et tel un marchand de fruits et légumes fait étalage de sa virtuosité. L'ambiance descend d'un cran. Tête du jeune saxo qui ne comprend pas ou plutôt comprend trop bien.

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Alain Garrigue - John Coltrane Incipit - 2004

Mais sous le bonnet et les quelques années qu'il abrite, le jeu et la détermination sont bien présents. Le petit jeune attend la séquence suivante, reprend la scène et, sans acharnement, en souplesse, avec élégance et comme si de rien était, ne force ni son talent ni son instrument ni la situation mais présente un espace de liberté musical qui prend la salle. C'est terminé. Le grand saxo peut bien revenir faire ses gammes de virtuose, ses sauts périlleux et ses loopings acrobatiques, l'affaire est entendue et l'émotion, pour ce qui le concerne, disparue. A confondre concurrence et émulation, on en oublie le sens pour ne retenir que la compétition.

 

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Alain Garrigue
Petit clin d'oeil à Alain Garrigue, peintre talentueux et amateur éclairé de Jazz. Pour l'émotion procurée par cette photo trouvée par hasard. La chemise est ouverte comme nos tabliers à l'époque où on nous obligeait à en porter en classe et que nous ouvrions dans un geste qui se voulait de rebellion. Pour la tendresse qui se dégage de la photo et des cheveux blancs du chemin parcouru et des cheveux noirs de l'enfance préservée.

10/03/2010

Requiem pour les...

Le requiem n'est pas pour les blondes, même si la chronique fait un clien d'oeil à James Hadley Chase. Le requiem est pour les OPCA ou plutôt pour les OCPA. Quelle est la différence entre les OCPA et les OPCA, pourquoi sont-ils différents des FAF, pourquoi annoncer un requiem pour les OPCA ? les réponses  à ces questions dans la chronique consacrée à la réforme de la formation réalisée avec Jean-Marie Luttringer pour l'AEF.

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Rappelons simplement l'histoire : en 1993, la loi quinquennale supprime les ASFO, associations patronales de formation qui collectent et gèrent les fonds des entreprises destinés à la formation. Les organisations patronales créent, souvent à contrecoeur et a minima, des OCPA (organismes collecteurs paritaires agréés) pour garder la maîtrise des financements. A l'occasion de la réforme de la formation, en 2003, est discutée la notion d'OPCA et de FAF. Quelle différence ? le premier collecte des obligations légales, le seconde collecte des fonds des entreprises destinés à la formation. Ce n'est pas la même chose. Dans les OPCA, le paritarisme est avant tout un paritarisme d'orientation. Dans les FAF, le paritarisme est un paritarisme de gestion. Egalement, le second est a priori plus paritaire puisqu'il ne délègue pas, ou peu, à des organisations patronales. A l'occasion de la réforme, un meurtre failli être commis : celui des FAF par les OPCA. Mais quelques voix soutinrent les FAF qui, originellement, constituent la base du régime d'assurance formation. Le meurtre d'Abel par Cain avait échoué.
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Marc Chagall - Cain et Abel

En 2009, la loi élargit les compétences des OPCA et les rapproche des FAF. Encore un effort : dans le cadre de la restructuration, les FAF seront plus nombreux à demeurer et certains OPCA pourraient se changer en FAF. Ce faisant, l'échec de Cain est patent et la démocratie sociale, représentée par Abel, peut pleinement se développer. Pourquoi ? pour le savoir, reportez vous à la chronique : Requiem pour les OPCA, renaissance pour les FAF.

09/03/2010

Seul Dieu ne fait pas de contrat

Soeur Marie-Carmen adopte la condition de moniale et effectue pendant 18 mois divers travaux pour la communauté à laquelle elle appartient : cours de solfège, ménage, cuisine, garde d'enfants à domicile, etc. Au terme de la période elle quitte la communauté et demande le paiement de son travail. Stupéfaction ! l'association lui oppose son engagement religieux. Que nenni répond la Cour de cassation. L'association n'a ni le caractère d'une association cultuelle, en clair une église, ni le statut de congrégation religieuse. Dès lors, et par nature, il est jugé que le seul lien avec Dieu ne peut prévaloir sur les conditions d'exercice d'une activité pour une association (Cass. soc., 20 janvier 2010). Et voici la nonne dotée d'un salaire pour son travail au profit de l'association, et non de Dieu.

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Clovis Trouille - La religieuse Italienne

Le droit du travail a ceci de particulier qu'il ne peut être écarté par la volonté des parties. Dès lors que les conditions ne sont pas réunies, la règle ne peut être invoquée. Ainsi, pas de service religieux au profit d'une association qui n'est qu'une association de fidèles. De même, pas de bénévolat, même pas le dimanche, au bénéfice d'entreprises commerciales. On se souvient de ces salariés ouvrant bénévolement une librairie un dimanche au mois d'avril 2009 et qui entendaient pouvoir le faire librement. Làs, le tribunal les condamna à 10 000 euros d'amende par jour ouvré "bénévolement". Et voilà comment des bénévoles qui n'en sont pas en viennent à payer leur bénévolat. Limite à la liberté ? Oui, comme toujours dans un Etat de droit : avant de négocier il faut vérifier quel est le champ du négociable. Seul Dieu ne négocie pas, mais son Etat n'est pas celui du droit.
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Wiliam Blake - Dieu

 

 

08/03/2010

Symboles

"Il est dans l'essence des symboles d'être symboliques". La formule est de Jacques Vaché. Elle peut être réutilisée ces temps-ci car de quelques symboles il ne semble demeurer que le symbolique. Il est fait allusion ici à deux emblèmes de notre vie sociale : les 35 heures et la retraite à 60 ans. Il faut, paraît-il, ne toucher ni aux unes ni à l'autre. La durée légale du travail et l'âge légal de la retraite sont des acquis que l'on ne saurait remettre en cause. C'est que les symboles ont la vie dure. Pourtant, la durée réelle du travail des salariés à temps plein s'établit en France à 39,3 heures et l'âge de départ effectif à la retraite à 61,5 ans. Mais les symboles demeurent auxquels, semble-t-il, quelques uns croient encore, ou peut être feignent-ils d'y croire à moins qu'ils ne souhaitent nous y faire croire. Félicien Rops, qui s'y connaisssait en symboles, aurait pu utiliser son fameux Pornokrates pour illustrer les dérives de la gouvernance démocratique en ce début de XXIème siècle.

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Félicien Rops - PornoKrates - 1878

Qui est le maître de l'autre et qui est aveugle ? Ne soyons pas trop grave toutefois en ce lundi matin et puisqu'il a été fait référence à Jacques Vaché, voici l'intégralité de la lettre envoyé à André Breton le 29 avril 1917 depuis le front. On pourra avoir idée de ce qu'est le véritable humour en ces circonstances.

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Jacques Vaché - Photo et autoportrait
Cher Ami,
...Je vous écris d'un ex-village, d'une très étroite étable-à-cochon tendue de couvertures — Je suis avec les soldats anglais — Ils ont avancé sur le parti ennemi beaucoup par ici — C'est très bruyant — Voilà....Et puis vous me demandez une définition de l'umour — comme cela ! —« IL EST DANS L'ESSENCE DES SYMBOLES D'ÊTRE SYMBOLIQUES » m'a longtemps semblé digne d'être cela comme étant capable de contenir une foule de choses vivantes: EXEMPLE: vous savez l'horrible vie du réveillematin — c'est un monstre qui m'a toujours épouvanté à cause que le nombre de choses que ses yeux projettent, et la manière dont cet honnête me fixe lorsque je pénètre dans une chambre — pourquoi donc a-t-il tant d'umour, pourquoi donc? — Mais voilà: c'est ainsi et non autrement — Il y a beaucoup de formidable UBIQUE aussi dans l'umour — comme vous verrez — Mais ceci n'est naturellement — définitif et l'umour dérive trop d'une sensation pour ne pas être très difficilement exprimable — Je crois que c'est une sensation — J'allais presque dire un SENS — aussi — de l'inutilité théâtrale (et sans joie) de tout.Quand on sait.Et c'est pourquoi alors les enthousiasmes (d'abord c'est bruyant), des autres sont haïssables — car — n'est-ce pas — nous avons le génie — puisque nous savons l'UMOUR — Et tout — vous n'en aviez d'ailleurs jamais douté? nous est permis. Tout ça est bien ennuyeux, d'ailleurs.Je joins un bonhomme — et ceci pourrait s'appeler OBSESSION — ou bien — BATAILLE DE LA SOMME ET DU RESTE — oui.Il m'a suivi longtemps, et m'a contemplé d'innommables fois dans des trous innombrables — Je crois qu'il essaie de me mystifier un peu — J'ai beaucoup d'affection pour lui, entre autres choses.

05/03/2010

Fruits et légumes

Le décret et l'arrêté ont été publiés le 3 mars 2010 au journal officiel. Est-ce le printemps qui a ainsi saisi le ministre  ou le lobby des marchands des quatre saisons ? toujours est-il qu'il est dorénavant possible d'utiliser les tickets restaurants chez des détaillants en fruits et légumes afin d'acquérir, nous dit le texte, des fruits et légumes immédiatement consommables permettant une alimentation variée. Vite, à vos tickets, les belles marchandes printanières vous attendent.

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Julio Romero de Torres - La primavera 1925

Mais n'oubliez pas que le ticket-restaurant permet aussi d'aller au restaurant et que la convivialité est un plaisir, à défaut duquel comme Bacchus vous pourriez vous ennuyer et vous perdre dans la contemplation de vos légumes et fruits surabondants.

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Le Caravage - Bacchus

En gérant bien vos coupons, vous pourrez peut être inviter la marchande, ou le marchand, à partager votre repas et multiplier les plaisirs. Vite à vos tickets !
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Julio Romero de Torres - Naranjas y limones 1928

04/03/2010

Du refus de voir

La loi du 24 novembre 2009 instaure une obligation, à la charge des entreprises et non des OPCA, de financer le nouveau Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), à hauteur de 13 % de leur obligation légale de financement de la formation professionnelle. Cette taxe nouvelle doit être versée aux OPCA avant le 28 février, eux-même reversant la somme au FPSPP avant le 30 juin. Double surprise dans la mise en oeuvre de cette obligation nouvelle : il a tellement été annoncé que la loi ne créait pas de charges nouvelles que les entreprises découvrent avec stupéfaction qu'un impôt nouveau a été créé dont il convient de s'acquitter. Deuxième surprise de la part des OPCA, voilà que la révolte gronde chez certaines entreprises qui refusent purement et simplement de s'acquitter de la taxe nouvelle au motif que la loi ne devait pas créer de charge nouvelle (mais les promesses n'engagent paraît-il que ceux qui y croient), que les budgets 2009 sont bouclés et que le décret n'est paru qu'en 2010. Pour ces derniers arguments, c'est oublier que la loi date du 24 novembre et qu'elle peut donc créer une taxe pour l'année en cours et d'autre part que l'exigibilité n'intervenant que le 28 février de l'année suivante tous les textes ont été publiés avant l'échéance. Tout ceci du à un double aveuglement : le refus de voir la réalité d'un impôt nouveau et le refus de voir que la règle doit s'appliquer.

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Magritte

On tirera de ces mésaventures deux leçons : la première est que lorsque la communication remplace l'information on s'expose à des retours de manivelle. La seconde est que la culture de la règle est décidément aléatoire en France, mais positivons et considérons que cette culture latine du rapport déficient à la règle présente d'autres avantages. Et pour ce dernier point, attendons avec curiosité la position de l'administration : est-elle prête à redresser à partir du 30 avril prochain, date de la déclaration des dépenses en matière de formation, les entreprises qui ne se seront pas acquittées de leur obligation ou bien se plongera-t-elle dans un silence peu latin dans la forme mais bien plus sur le fond ?