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11/03/2010

Concurrence ou émulation

Jam session au 9 Jazz Club. Un batteur, un contrebassiste, un pianiste, un saxo. Et tous les musiciens présents dans salle invités à monter sur scène pour la Jam et jouer avec les pros. Les candidats ne manquent pas, plutôt jeunes au regard du groupe en place et souvent talentueux. Le batteur et le contrebassiste accompagnent. Ils s'amusent, ils s'adaptent à leurs nouveaux partenaires, ils les ramènent parfois dans le tempo, ils les guident et ils leurs ouvrent des espaces de liberté, saisis ou non selon le degré d'assurance ou d'innocence, pour le plaisir d'entendre et de voir se déployer un talent naissant plus ou moins heureusement. Mais voilà qu'un jeune saxo prend le centre de la scène, il ose, il est délié, il corpore le saxo, il se passe quelque chose. Le contrebassiste sourit. Pas le saxo officiel qui prend, sans attendre son tour, un solo et tel un marchand de fruits et légumes fait étalage de sa virtuosité. L'ambiance descend d'un cran. Tête du jeune saxo qui ne comprend pas ou plutôt comprend trop bien.

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Alain Garrigue - John Coltrane Incipit - 2004

Mais sous le bonnet et les quelques années qu'il abrite, le jeu et la détermination sont bien présents. Le petit jeune attend la séquence suivante, reprend la scène et, sans acharnement, en souplesse, avec élégance et comme si de rien était, ne force ni son talent ni son instrument ni la situation mais présente un espace de liberté musical qui prend la salle. C'est terminé. Le grand saxo peut bien revenir faire ses gammes de virtuose, ses sauts périlleux et ses loopings acrobatiques, l'affaire est entendue et l'émotion, pour ce qui le concerne, disparue. A confondre concurrence et émulation, on en oublie le sens pour ne retenir que la compétition.

 

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Alain Garrigue
Petit clin d'oeil à Alain Garrigue, peintre talentueux et amateur éclairé de Jazz. Pour l'émotion procurée par cette photo trouvée par hasard. La chemise est ouverte comme nos tabliers à l'époque où on nous obligeait à en porter en classe et que nous ouvrions dans un geste qui se voulait de rebellion. Pour la tendresse qui se dégage de la photo et des cheveux blancs du chemin parcouru et des cheveux noirs de l'enfance préservée.

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