05/01/2014
Sous le signe du printemps
A quoi peut-on vérifier que l'on est bien revenu à Paris ? une averse de fin d'après-midi ? l'odeur des galettes de rois qui déborde jusque sur les trottoirs ? les rafales de vent qui viennent fraîchir l'air doux de ce début d'année ? peut-être ce dialogue entre une petite fille et sa mère :
"- Maman, c'est quoi le printemps ?"
Belle question et mon oreille se dresse pour savoir comment, en début d'année, définir le printemps qui n'est encore qu'une promesse lointaine. Réponse de la maman :
" - C'est un grand magasin".
Homo economicus quand tu nous tiens, l'horizon ne prend plus la couleur des saisons mais de la consommation. Les temps passent et les dieux avec.
En Sicile, les façades des églises sont magnifiques, ce qui est rarement le cas des intérieurs, d'un baroque fade et sans émotion. Et là bas aussi, les églises sont moins remplies que les grands magasins. Mais pour qu'il en soit autrement, peut être aurait-il fallu sortir du dolorisme et mettre un peu de joie et de vie en lieu et place de la grande lamentation.
Bien que matérialiste et mécréant, on ne peut s'empêcher toutefois d'être ému par cet homme seul, dans une chapelle abandonnée, qui prie. Souhaitons lui de faire surgir, par son recueillement, le printemps. Bonne rentrée et bon début d'année à tout le monde.
22:52 Publié dans FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : printemps, église, dieu, consommation, économie, société, sicile, rentrée, commerce, religion
02/04/2013
Blandine
J'ai toujours aimé trouver dans le regard de l'autre, des absences. Des temps courts ouvrant sur d'infinis paysages intérieurs. Comme cette vierge de Memling, figure centrale et pourtant retirée de la scène qu'elle domine.
Hans Memling - Petit retable de Saint-Jean
J'ai travaillé pendant vingt ans avec Blandine. Et en vingt ans, je n'ai rien vu changer en elle. Ni ses tenues, ni son visage, ni ses manières, d'être et de faire, ni ses mots, ni sa blancheur.
Blandine, elle était établie dans le monde d'avant. Celui qu'elle voyait disparaître peu à peu, sans véritable regret, parce qu'aller de l'avant était un goût et un devoir, mais non sans nostalgie.
Blandine, je l'agaçais et elle m'aimait bien. Blandine, elle m'emmerdait et je l'aimais bien. J'aimais voir son plaisir de l'artisanal, du vite et bien, du parler peu et du passage à l'acte. J'aimais, dans les étendards qui étaient les siens, voir dominer celui de la fidélité, source de toutes les bienveillances.
Que connaît-on de ceux avec qui l'on travaille pendant vingt ans sans ne jamais rien partager d'autre ? ce que transmet la lumière qui anime le regard et vous dévoile. Ce dévoilement, jamais exprimé, toujours tu, disait les efforts pour courir vers ce nouveau monde qui n'était pas le sien.
Raphaël - Madone dans la prairie
Peut-être est-ce pour cela que l'absence se faisait plus présente. Peut être est-ce pour cela que l'épuisement trouva prise dans tant de vie. Peut-être est-ce pour cela que la maladie fit son lit au coeur de la parole même.
Egon Schiele - Calvaire
Parmi les fidélités de Blandine, il y avait Dieu. Est-ce un hasard si elle s'est éteinte un vendredi saint ? était-ce l'échéance qu'elle s'était fixée ? a-t-elle cédé, ce jour là, au soulagement de se laisser emporter ? je crois davantage à une insatiable volonté de vie, de foi en la Pâque et en la résurrection, fidèlement.
"Dic nobis, Maria, quid vidisti in via ?"
La lumière frissonner, humble dans le matin.
"Dic nobis, Maria, quid vidisti in via ?"
Des blancheurs éperdues palpiter comme des mains.
"Dic nobis, Maria, quid vidisti in via ?"
L'augure du printemps tressaillir dans mon sein.
Blaise Cendrars, Les Pâques à New-York
00:14 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : blandine, demos, formation, foi, dieu, pâques, vierge, peinture
13/01/2013
Manif !
Jour de manif aujourd'hui. La CGT et FO contre l'accord sur la sécurisation de l'emploi ? l'ensemble des organisations syndicales pour réaffirmer, en ces périodes de chômage de masse, qu'il ne suffit pas de dire que l'emploi est prioritaire mais qu'il faut en tirer les conséquences ? les acteurs de l'économie réelle qui protestent contre les conséquences de la financiarisation de l'économie ? mais non, juste une manif pour que le mariage ne soit pas possible entre personnes du même sexe. Gageons que l'on ne lira pas sur les pancartes cette proclamation de Picabia : " Dieu a créé le concubinage, Satan le mariage".
Picabia et Cendrars - Tremblay sur Mauldre - 1923
13:21 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manif, mariage, dieu, satan, picabia, cendrars, emploi, chômage, manifestation
09/03/2010
Seul Dieu ne fait pas de contrat
Soeur Marie-Carmen adopte la condition de moniale et effectue pendant 18 mois divers travaux pour la communauté à laquelle elle appartient : cours de solfège, ménage, cuisine, garde d'enfants à domicile, etc. Au terme de la période elle quitte la communauté et demande le paiement de son travail. Stupéfaction ! l'association lui oppose son engagement religieux. Que nenni répond la Cour de cassation. L'association n'a ni le caractère d'une association cultuelle, en clair une église, ni le statut de congrégation religieuse. Dès lors, et par nature, il est jugé que le seul lien avec Dieu ne peut prévaloir sur les conditions d'exercice d'une activité pour une association (Cass. soc., 20 janvier 2010). Et voici la nonne dotée d'un salaire pour son travail au profit de l'association, et non de Dieu.
01:17 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : contrat de travail, religion, dieu, contentieux, clovis trouille
13/04/2009
L'apprentissage de l'autonomie
En 1912, Blaise Cendrars a 25 ans. Il est à New-York. Il est malade, sans le sou. Il marche dans la ville, le jour, la nuit, il marche. Dans sa chambre au terme d'une nuit d'errance il écrit Les Pâques à New-York. Il signe pour la première fois de son nouveau nom : Blaise Cendrars, la braise et la cendre, "Ecrire c'est bruler vif, mais c'est aussi renaître de ses cendres". Au bout du désespoir, Cendrars récuse Dieu et en se nommant s'institue lui-même. L'accès à l'autonomie est douloureux, mais il est un acte de volonté nécessaire : le propre de la condition humaine.
00:05 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cendrars, pâques, new-york, education, autonomie, dieu