28/02/2011
Une bourde réparée
Les bourdes ne sont pas réservées aux ministres. Les parlementaires prennent également leur part. Calme ton excitation lecteur, ce blog n'est pas le Canard enchaîné et ce qui suit ne devrait pas générer une dissolution de l'Assemblée avant la fin de la semaine. Mais de quoi s'agit-il ? lors du vote de la loi du 24 novembre 2009, les députés ont voté l'article L. 6323-17 du Code du travail qui prévoit que le salarié doit bénéficier du droit au DIF en cas de licenciement, sauf en cas de faute lourde. Conclusion, la faute grave ouvre droit au DIF. Mais comme la demande doit être présentée pendant le préavis et qu'en cas de faute grave le salarié est privé de préavis, se posait un problème pratique déjà relevé sur ce blog. La bourde des députés n'avait toutefois rien d'insurmontable, comme le prouve une réponse des services du Ministère du travail à une parlementaire.
Une députée s'étant en effet émue du piètre travail de ses collègues, l'administration la rassura. Dans une réponse publiée le 1er février 2011, le Ministère du travail préconise ce qui semblait de bon sens : en cas de licenciement pour faute grave, l'employeur doit laisser au salarié un temps identique au préavis dont il aurait bénéficié en l'absence de faute grave, pour utiliser son droit au DIF. Cette solution est la plus conforme à la volonté du législateur, si maladroitement exprimée.
Reste un dernier problème pratique que l'administration n'aborde pas : celui du certificat de travail. Il suffira d'indiquer que les droits au DIF sont mentionnés sous réserve d'une demande de DIF pendant le délai imparti.
Et voilà le problème réglé, pas de quoi demander la démission du rédacteur de l'article, ni du conseiller qui a tenu la plume, sauf à vérifier où ils avaient passé leurs vacances de la Toussaint.
00:17 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : dif, formation, question parlementaire, bourde, démission, dissolution, assemblée, ministre
27/02/2011
Chronique de week-end : l'énigme de Gilles
Chronique de week-end consacrée à l'énigme d'un des tableaux que l'histoire de l'art retient comme l'un des plus mystérieux qui soit.
Que regarde le Gilles de Watteau ? que vous dit l'oeil de l'âne ? pourquoi les quatre personnages ont-ils tous une expression différente ? d'où vient cette profondeur de Gilles dont le visage tout entier a la qualité du sourire de la Joconde ? Si vous passez par le Louvre, oubliez la Joconde, mais visitez la Belle Ferronière puis dirigez-vous vers le Gilles, vous ne serez pas dérangé. Le tableau exprime tout l'art du 18ème siècle et des Lumières : de la peinture, du théâtre, de la philosophie, du roman, tout ceci est présent dans ce tableau tragique et joueur, profond et léger, lumineux et obscur. Ce tableau qui réunit tous les contraires en un éclat de génie bouleversant.
Antoine Watteau - Gilles - 1718
Gilles est un crucifié, il en a la lucidité. Gilles est un clandestin. Il s'habille de blanc, paraît au premier plan, capte toute la lumière, s'offre à vous et pourtant vous ne le voyez pas, ne le percevez pas, ne savez rien de lui. Pas de roman social et familial chez Gilles. Une présence absence qui lui offre toute liberté. Que lui diriez-vous si, croisant son chemin, il vous apparaissait dans son costume à la fois trop grand et trop court ? le corps lourd, les mains épaisses laissent un visage hébété. Pourtant, au léger, sourire, vous vous demandez si le Gilles ne se fout pas de vous. Et vous avez bien raison. Vous vous trouvez devant un hybride, c'est-à-dire littéralement un monstre. Et l'on ne cause guère au monstre. Passez votre chemin, voici le Gilles qui exprime toute la folie des hommes et n'en laisse rien paraître. Gilles, mon frère, mon ami, mon double, mon meurtrier.
10:41 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : peinture, énigme, watteau, gilles, week-end, chronique
25/02/2011
Jeunes gens, restez potaches (surtout quand le prof est mauvais)
Visite au Musée des Abattoirs à Toulouse qui présente une des figures de l'art conceptuel, Bernard Venet, et quelques pièces de sa collection. L'art conceptuel, l'art mathématique, l'art minimaliste ne constituent pas mon verre de vin préféré (je n'aime pas le thé), mais les grandes traverses courbes, rondes, allanguies, inclinées, redressées, ne manquent ni d'allure ni d'émotion.
Par contre, les équations mathématiques en panneau de 3x4, les tas de charbon et les cartons passés au goudron ne me retiennent guère. Tel n'était pas le cas d'un groupe d'adolescents, sagement rangés autour de sacs de charbon, entourant du charbon non ensaché sur lequel était posée une traverse. Leur prof, puisqu'enseignant il y avait, leur expliquait doctement dans un charabia d'un pédantisme stupéfiant toute l'importance du tas de charbon.
Dans un élan insensé d'innovation pédagogique, l'enseignant arrêta un instant son indigeste logorrhée pour poser une question : "A quoi vous fait penser le tas de charbon ? allez y, osez, dites ce qui vous vient...". On comprit vite que les mots intéressaient peu l'intervenant qui cherchait uniquement à obtenir le vocable "forme" pour lancer sa formule magique : "Ce tas est une forme, savez-vous d'où vient le terme forme ? de fromage...". A ce stade, impossible de retenir l'éclat de rire moqueur que méritait le pédant qui constituait à lui tout seul une magnifique promotion de la politique gouvernementale de suppression des postes d'enseignants (je me suis repris depuis : on peut vouloir augmenter les postes ET supprimer certains enseignants). Le plus triste dans l'histoire, est sans doute qu'aucun élève ne s'est jeté en bon potache dans le tas de charbon ou n'a, avec l'innocente stupidité qui nous caractérise invariablement à certain âge, craqué une allumette pour la jeter dans le tas de charbon sous les yeux effrayés du professeur héberlué (davantage d'ailleurs par le fait qu'il ne saurait s'il faut crier au génie devant un tel acte de liberté artistique ou s'il doit réprimander l'élève de son inconséquence). Bref, il était temps d'aller voir ailleurs.
Plutôt que les lycéens sans réaction devant leur sinistre enseignant, il était réjouissant de voir le défi qu'une petite fille lançait à une machine de Jean Tinguely, auquel révérence est due pour savoir ainsi captiver la véritable jeunesse. De laquelle il ne faut pas désespérer si l'on en croit le petit bonhomme hilare qui ne s'est laissé abuser ni par Venet ni par le triste professeur. Car il sait bien lui, que c'est fromage qui vient de forme, et non l'inverse.
00:44 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : education, enseignement, suppressions de postes, éducation nationale, musée, abattoirs, toulouse, tinguely, venet, sculpture, peinture
24/02/2011
Les branches de l'intérieur
Question d'un enfant au sculpteur qui achève de modeler un cheval dans ce qui fut un bloc de pierre : "Comment tu savais qu'il y avait un cheval caché dedans ?". Giuseppe Penone connaît les arbres, et il sait qu'il y a des branches à l'intérieur. Alors il ouvre l'arbre, il découpe, il avance, il ponce, son corps à corps avec l'arbre le fait devenir branche lui-même. C'est à cet instant qu'il les fait surgir. Et vous les propose enfin dévoilées.
Giuseppe Penone - Tronc creux
A l'intérieur des OPCA, il y a des branches. Il n'est pas anormal que des tensions surgissent entre les deux. Les tensions c'est de la vie et c'est aussi ce qui fait tenir. A condition toutefois que ces tensions s'exercent avec la force requise et qu'elles ne mettent pas en péril l'équilibre de l'ensemble. Dans les négociations sur la mise en place des nouveaux OPCA, il sera nécessaire de définir des modes de régulation des tensions si l'on veut que l'oeuvre réalisée soit pérenne. La troisième chronique de la Fabrique des OPCA, réalisée avec Jean-Marie Luttringer pour l'AEF, fait le point sur les relations entre les branches et l'OPCA. Les négociateurs ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas qu'il y avait des branches cachées dedans.
00:59 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : opca, formation, réforme, branche, branches professionnelles, négociation, penone, arbre, luttringer
23/02/2011
Quelle table voyez-vous ?
Si vous regardez une table de bois, un premier niveau de vision permet d'identifier la nature de ce bois qui la compose : chêne, merisier, noyer, cerisier, bouleau...la couleur, la texture, la patine fournissent à votre oeil exercé les informations suffisantes. Vous pouvez aussi voir cette table à l'aide des connaissances du XXème siècle et la considérer comme un ensemble d'atomes agrégés qui constituent une forme solide. Avec un regard plus actuel, la table devient un nuage d'éléments subatomiques dont la substantialité commence à devenir douteuse. Comme le dit Peter Sloterdijk, le savoir le plus récent est souvent le plus déconcertant.
Alberto Giacometti - Table surréaliste - 1933
Vous pouvez également, à l'aide de Giacometti, modifier la destination de la table et en faire un support de votre pensée en mouvement, nourrit d'imaginaire. Peut être alors, verrez-vous apparaître une nouvelle table qui ne sera plus objet mais sujet. A ce stade, vous n'êtes plus seul.
Victor Brauner - Loup-Table - 1939-1947
Toutes ces visions ont leur vérité. Lesquelles ne communiquent pas forcément. Le regard immédiat ou d'habitude, le regard de connaissance, le regard d'expertise, le regard symbolique et le regard poétique vous présentent la table dans toutes ses dimensions ou presque. Presque car il n'est pas sur que la liste des regards possibles soit exhaustive. Mais votre manière de regarder vous en apprend plus sur vous même que sur la table regardée. Pour accéder à cette connaissance, il faut mais il suffit, de savoir quelle table vous voyez et de ne pas oublier que d'autres tables sont possibles.
02:40 Publié dans DES IDEES COMME CA, PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : brauner, giacometti, sloterdijk, table, vision, management, ressources humaines, formation
22/02/2011
Le mouvement de la toupie
Réunion dans une grande organisation. Présentation d'un projet aux responsables ressources humaines qui devront participer à sa mise en œuvre. Le DRH est à la baguette, et ce n’est presque pas une image. Silence dans les rangs, sauf un jeune RRH qui manifestement prend sur lui, mais choisit tout de même de ne pas rester silencieux : « Le projet que vous nous demandez de relayer comporte des lacunes importantes. Je peux les lister. Mais dès qu’on argumente contre ce que vous avez décidé on est catalogués comme résistants au changement. Il faudrait tout de même entendre nos arguments ». Le DRH, pris au dépourvu, plonge dans la bouteille de l’expérience pour faire réponse : « Bien entendu nous tiendrons compte et intègrerons, dans toute la mesure du possible, vos remarques. Mais le sens du projet ne peut être remis en cause. Il faut qu’on avance ». Autrement dit, ce que vous dites est nul et non avenu et vous auriez pu faire l’économie de la ramener. Et encore autrement dit, la démonstration que le RRH avait vu juste.
Andrzej Malinowski - Toupie
Toute réforme n’est pas une avancée par principe et il serait parfois meilleur de s'abstenir que de faire. On connaît l’adage : faire que tout bouge pour que rien ne change. Le mouvement perpétuel ne serait donc qu’une variante de l’immobilisme ? et pourquoi pas ? vous avez déjà observé une toupie ? son mouvement déplace surtout du vent.
00:43 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : toupie, consultant, ressources humaines, rrh, drh, réforme, management
21/02/2011
D'une main de maître
Un artiste a nécessairement une technique, si ce n'est de la technique. Il maîtrise des manières de faire qu'il a mises au point par apprentissage, copie, emprunt, recherche, découverte,...Il créé son propre alphabet. Mais cela ne suffit pas à faire un langage. Toute la question est dans l'utilisation de cet alphabet. Pour quoi faire et pas seulement comment faire. Car le comment n'est pas ce qui caractérise le plus l'artiste, dont les techniques sont reproductibles. Quel que soit le talent du maître, l'oeuvre est reproductible dès lors qu'elle est produite. Vous en doutez ? regardez plutôt :
Artiste chinoise et la reproduction du Pape de Bacon
Photo : Michael Wolf
Qui a peur de l'ogre chinois, appréciera les thèmes choisis par ces jeunes filles de Pékin pour exercer leur art de la copie.
Artiste chinoise et copie de Saturne dévorant ses enfants de Goya
Photo : Michael Wolf
Si le travail des jeunes copistes est un travail d'artiste, celui de l'artiste est donc autre chose, au-delà de la technique. Quoi ? ce qui est à la base de toute création dans tout domaine, la condition sine qua non pour que surgisse la vie, je veux parler de la capacité d'imagination. Produire, reproduire, apprendre à faire, tout cela est parfait, mais ce qui fait l'individu ainsi que ce qui fait, au plan collectif, une société, c'est sa capacité d'imagination. Et cela, la main de maître n'y suffit pas.
10:04 Publié dans TABLEAU NOIR, TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : copie, peinture, chine, goya, bacon, michael wolf, imagination, management, ressources humaines, formation, éducation
19/02/2011
Chronique de week-end : l'énigme de Lady Mrs
Pour cette chronique de week-end, détour par l'Amérique et par....Paris. En 1881, Edmund Charles Tarbell vient parfaire sa formation de peintre à Paris. Le procès de Mme Bovary, autrement dit Flaubert, s’est tenu en 1857. Sans doute les effluves du procès demeurent-elles, enserrées dans le corset de la société de la fin du 19ème siècle dont tous les lacets n’ont pas été défaits. Tarbell a donc a sa disposition tous les ingrédients pour peindre des portraits de femmes. D’autant qu’en 1882, et encore l’année suivante, il voyage en Italie, passage obligé pour qui veut peindre la féminité corps et âmes, Ingres en savait quelque chose. Peut être Tarbell a-t-il lu Stendhal lors de son séjour parisien.
L’air du temps, les influences, une histoire personnelle ? difficile de dire ce qui guida Tarbell dans le portrait de Mrs John Lawrence. Le degré de conscience de l’artiste sur son œuvre est toujours incertain. Reste qu’elle est là, qu’elle vous regarde et que vous ne savez pas si vous serez à la hauteur de ce regard.
Edmund Charles Tarbell - Mrs John Lawrence - 1912
Mrs John Lawrence n’a pas de nom, pas de prénom. Tout est emprunté à son époux. Comme l’indique le titre, l’existence sociale de cette femme est déterminée par celle de son mari. Il fallut aller jusqu’à l’arsenic pour que Mme Bovary devienne Emma. Lady Mrs, puisqu’il nous faut expulser un mari dont nous n’avons cure, n’a guère envie d’arsenic. Car sous l’ennui apparent, malgré la rigidité statuaire et statutaire de la pose, dans ses yeux d’écusette de noireuil, la vie furète et n’a pas dit son dernier mot. La main légère pourrait achever, si nécessaire, de vous rassurer. Cette femme-là méprise les conventions sans haine et se joue des apparences. C’est ce qui vous fascine dans ce portrait. Vous percevez la détermination associée à la légèreté, ce couple parfait qui souvent terrifie les hommes, encore plus lorsqu’il a élu domicile chez une femme qui les séduit. Voici donc l’épreuve qui est la vôtre. Accepter de vous laisser séduire par cette femme et son couple fétiche qu’elle porte en diadème et trouver votre bonheur dans la passion et le goût. Lady Mrs n’est redoutable que si l’on en a peur. Edmund Charles Tarbell savait-il tout ceci ? il nous permet en tout cas de l’apprendre.
08:51 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, tarbell, flaubert, littérature, chronique, week-end, bovary, énigme
17/02/2011
Toubon, tout faux
C'est souvent un cheval de bataille des syndicalistes qui y voient un acte de résistance. Il est vrai qu'Astérix a beaucoup façonné la mémoire collective et donc les comportements. Il s'agit de l'emploi du français dans l'entreprise. A l'appui, la loi Toubon de 1994 qui impose l'usage du français pour la rédaction du contrat de travail et tout document nécessaire au salarié pour l'exécution de son travail, notamment ceux qui comprennent une obligation. La Cour d'appel de Versailles a assuré la promotion de la loi Toubon en condamnant le 2 mars 2006 la société GE Medical Systems à 580 000 euros de dommages intérêts pour usage de documents en anglais. Visant à protéger à la fois la langue française et les salariés, la loi Toubon a choisi de prescrire les moyens et non le résultat et ce faisant, il est possible qu'elle ait tout faux en s'inscrivant dans cette tradition française de la prescription/sanction qui est décidément prégnante. Pour avoir une idée de la voie à suivre, on ne peut qu'inviter le législateur a aller faire un tour à la Prima de las lengas, ou Forom des langues, qui se tient tous les ans à Toulouse, et en 2011 le 29 mai prochain.
Pour atteindre l'objectif de protéger les salariés contre un texte qu'ils comprennent peu ou mal, plutôt que d'imposer le français, ce qui ne garantit rien on en conviendra, il aurait été possible de poser la condition que toute entreprise doit s'assurer de la compréhension par les salariés des documents qu'elle leur transmet. Peu importe que les dits documents soient rédigés en français, anglais, chinois, arabe, wolof ou swaïli. Mais l'entreprise doit s'assurer que la langue utilisée est comprise par le salarié. Ce qui laisserait aux entreprises la possibilité d'utiliser toute langue, sous réserve de former les salariés à sa connaissance. Plutôt que des obligations fiscales désuètes qui n'obligent à rien, l'obligation de s'assurer d'une compétence garantit mieux la situation du salarié. A l'heure où l'on s'interroge sur la pratique de l'anglais en maternelle, il est curieux de s'assurer que dans l'entreprise seul le Français est usité. Imposer une langue unique pour la préserver plutôt que d'ouvrir la possibilité d'en apprendre plusieurs, c'est ce qui s'appelle agir à contre courant. Presque 20 ans plus tard, Toubon a toujours tout faux.
00:30 Publié dans DROIT DU TRAVAIL, PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langues, français, toubon, contrat de travail, langue française, forum des langues, toulouse, forom des langues, formation
16/02/2011
De la représentativité
Taraboukine écrit à propos de Malevitch et du Suprématisme : "Et chaque fois que le peintre a voulu se débarrasser réellement de la représentativité, il ne l’a pu qu’au prix de la destruction de la peinture et de son propre suicide en tant que peintre." En voilà un que le carré blanc sur fond blanc avait un peu agacé.
Malevitch - Carré blanc sur fond blanc - 1918
La question de la représentation est indissociable de celle de l'art, mais à Taraboukine on pourra préférer Olivier Debré : "La peinture dite abstraite est la recherche de l’image vraie. La peinture dite figurative est l’image de l’apparence."
Olivier Debré - Daitoku-ji Temple
La représentativité est de la même manière récurrente, une question posée aux organisations patronales et syndicales. Si la loi du 20 août 2008 a réglé la question de la représentatitivité syndicale en nous en fournissant les critères, notamment à travers la mesure d'audience, nul ne s'est penché à ce jour sur les critères de la représentativité patronale. Cette question ne pourra être continuellement différée. Il serait logique qu'elle soit réglée avant 2013, date à laquelle sera établie la représentativité des organisations syndicales au niveau des branches et interprofessionnel. La seconde chronique réalisée avec Jean-Marie Luttringer dans le cadre de la Fabrique des OPCA, aborde la question de la représentativité des partenaires sociaux et de son impact sur les négociations en cours dans le cadre de la réforme des OPCA. Et l'on s'aperçoit qu'en matière de représentativité, il y en a qui sont plus égaux que les autres.
00:00 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : opca, représentativité, syndicats, patronat, olivier debré, peinture, malevitch, suprématisme, négociation, droit, formation
15/02/2011
Etes vous vieux ?
Des chercheurs américains un peu taquins ont proposé à des volontaires d'âge différent de tester un nouveau journal en ligne sur internet. Les testeurs devaient indiquer les articles qu'ils aimaient le plus. Ainsi fut fait. Mais en réalité, il ne s'agissait nullement d'un nouveau media. Simplement d'analyser les rapports entre les classes d'âge. Aussi, des articles positifs et négatifs, sur les jeunes et sur les vieux (appelons un chat un chat) étaient proposés à la lecture. Les jeunes retinrent comme articles dignes d'intérêt...les articles positifs sur les jeunes. S'intéresser à ce qui parle de soi en bien n'est pas si surprenant. Ce qui l'est davantage, quoi que, c'est que les vieux ont principalement retenu les articles négatifs sur la jeunesse. Nous sommes loin du réciproque regard bienveillant que se portent l'enfant et le vieillard de Ghirlandaio.
Ghirlandaio - Le vieil homme et l'enfant - 1490
Les conflits de génération ne sont pas nouveaux, ce n'est pas pour autant qu'ils ont toujours la même nature. La plus grande liberté de la jeunesse (de ton, de moeurs, dans le rapport aux institutions, à l'autorité,...) semble constituer pour les générations précédentes un miroir insupportable. Pourtant, chacun sait ou devrait savoir, que comparer les générations est absurde et que nul ne doit se sentir remis en cause par le fait que, en quelques années, la vérité s'est parée de nouveaux atours. Mais la haine d'autrui ne renvoie-t-elle pas à la haine de soi, comme on le dit souvent au zinc des bistros et dans les journaux féminins, preuve de l'unanimité sur la question ? toujours est-il que vous disposez à présent d'un indicateur pour mieux approcher votre âge réel. Gare à la prochaine lecture du journal.
02:03 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0)
14/02/2011
A défaut d'imagination, reste la sanction
Une rue de Paris. Soleil de fin d’après-midi d’été. Torpeur, silence, banalité du quotidien. Que peut faire le peintre de ce tableau ? il peut introduire le mystère, l’étrangeté, le doute, l’interrogation. Son imagination ne fonctionne que pour mieux solliciter la votre. Voici une carriole lourdement chargée et son paquetage masqué. Voilà de hauts murs que l’on rêve de percer. Ajoutons des arbres témoins de la scène, trop correctement taillés pour être honnêtes. Et remarquez ces nuages qui n'ont d'autre objet que de perturber un ciel bien lisse. Il y a manifestement des zones d’ombre dans ce tableau qui pousse la porte de la banalité pour vous laisser entrer dans le mystère et l’aventure.
Man Ray - Rue Férou - 1952
Nos gouvernants pourraient consacrer un peu de temps aux tableaux de Man Ray, ce ne serait pas temps perdu si cela pouvait remettre en mouvement leur imagination. Car la méthode de traitement des questions d’emploi et de formation est, depuis quelques années, uniforme : contraintes et sanctions s’associent invariablement dans un management d’un autre temps. Quelques exemples ?
Pour régler la complexe question de l’emploi des seniors, adoptez un plan emploi senior sinon pénalité. Pour égaliser les situations des femmes et des hommes, négociez sinon pénalité. Pour l’emploi des travailleurs handicapés, recrutez ou achetez sinon pénalité. Pour gérer la pénibilité, négociez sinon pénalité. Et voici que l’on nous annonce l’idée maîtresse du plan emploi des jeunes : un bonus-malus selon que les entreprises recrutent ou non. Dans un vigoureux effort de créativité, on rajoute la carotte au bâton.
Manifestement nos dirigeants ne voient d’autre source de motivation que l’argent. Pour susciter les comportements voulus, on sanctionne ou on récompense au porte-monnaie. Voilà qui rend inutile toutes les théories de la motivation, hors l’argent point de salut. Constatons toutefois que l’emploi et la formation ne sont pas les seuls concernés puisque la sanction financière est la réponse choisie pour traiter l’absentéisme scolaire et que la sanction pénale est plus globalement la réponse proposée à toutes les questions de société.
Et voilà comment l’injonction « Obéissez ou payez » est devenue pour le citoyen l’invariable sanction du défaut d’imagination de ses dirigeants.
00:00 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : man ray, emploi, emploi des jeunes, bonus, malus, imagination, sanction, peinture, jeunes
12/02/2011
Chronique du week-end : l'énigme du jardin sans tête
Nouvelle chronique de week-end consacrée à un des plus célèbres tableau de Max Ernst. L'oeuvre est charmante, les couleurs douces, le titre inhabituellement illustratif chez Max Ernst et les conclusions sont vite tirées : un collage d'après une Vénus de Cabanel, la femme paysage, la carte du tendre de la Touraine, la fertilité du jardin et de la femme, le nu voilé/dévoilé, le succès du tableau, outre sa facture et les talents de coloriste de Max Ernst, est aussi du à sa lisibilité.
Oui sauf que tout cela est trop évident, trop "en rapport" et rend peu compte du trouble que suscite le tableau. D'aucuns se hâtent d'attribuer à la charge érotique du tableau, la légère perturbation qui vient suggérer que tant de cohérence est suspecte. Certains se hasardent à évoquer, mais à propos de la technique des collages seulement, la Femme 100 têtes parue en 1929. Nous sommes ici en 1962, Max Ernst à 71 ans. Un enfant de son âge a plus d'un tour dans son sac. Exit Cabanel (pour vous en assurer, voyez ici) et par la même occasion la femme enceinte, ceinte par le fleuve et la terre matricielle. Laissons ce lourd fourbi aux exégètes en peine.
Max Ernst - Le jardin de la France - 1962
Prenons comme point de départ, l'ile de la Cité à Paris et sa rue de la femme sans tête (aujourd'hui rue Le Regrattier). L'ile Saint-Louis ou le sexe de Paris, enserré dans les cuisses de la Seine. Lorsqu'il composa la Femme 100 têtes, dans laquelle l'eau est très présente, Max Ernst connaissait cette symbolique de l'Ile, évoquée par Breton dans Nadja (1928). La femme de la Loire, qui vous est présentée sans tête, sous sa robe d'eau avait un corps, nu. La bande de terre et les bandes d'eau figurent l'Observatoire des amoureux de Man Ray. Max Ernst aime peindre en référence à ses amis et au jeune homme qu'il est resté.
Man Ray - L'observatoire des amoureux
La Loire est un fameux observatoire pour les oiseaux qui s'invitent régulièrement dans les toiles de Max Ernst. Et si vous prenez le temps d'observer l'eau, les oiseaux, les nuages, vous ne serez pas surpris, bien au contraire, de l'apparition d'une femme nue, prise dans les courants contradictoires du désir du peintre, de vous, de moi et d'elle. Voici le passage des oiseaux muets comme la femme sans tête.
L'ardeur de l'été fut confiée à des oiseaux muets
Reste le serpent. Max Ernst s'amuse à en faire un bas soulignant la cuisse qui vers vous s'avance. L'érotisme du serpent et la tentation sont des appeaux aux mille éclats derrière lesquels se dissimule Eve. Eve la seule qui nous reste. Eve que Max Ernst fait jaillir de l'eau, de la terre et du ciel, Eve qu'il n'a cessé de peindre et qu'il a déposée au coeur même du jardin, là où jaillit l'origine du monde. Comme la lettre volée d'Edgar Poe, Eve se dévoile et nul ne la voit. Magicien des oiseaux et de l'eau, Max Ernst nous livre la plus belle des clandestinités amoureuses, celle qui s'affiche au grand jour sans qu'on ne la voit.
Max Ernst - Eve, la seule qui nous reste - 1925
11:23 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : max ernst, jardin de la france, énigme, peinture, eve, oiseaux, eau, loire, touraine, man ray, ile de la cité, femme 100 tête
11/02/2011
Société du contrat
Près d'un tiers des familles sont des familles recomposées. Corrélativement, le nombre de mariages et de PACS ne cesse d'augmenter. Et alors ? alors on peut y voir un signe que notre société évolue de la norme de l'institution vers celle du contrat. Tout étudiant en droit apprend que le mariage a une double nature. Celle d'institution, le mariage ayant un régime préétabli auquel on adhère, et celle de contrat, l'adhésion s'effectuant par une double volonté, expresse et commune. Il ne s'agit donc pas d'un contrat dont les termes sont librement définis et dont on pourrait revisiter à loisir le contenu, mais d'une adhésion contractuelle à une institution. Le contrat de mariage ne règle d'ailleurs que les questions financières, il ne définit pas le mode de relations entre époux qui sont déterminées par la loi et non négociables, au moins au plan juridique. Il est dès lors logique que si, entre les conjoints, la dimension contractuelle prend le pas sur l'institution, le nombre de ruptures ne peut qu'augmenter. Et à l'évidence, la dimension institutionnelle du mariage se perd au profit de sa dimension plus contractuelle. Comme Eros et Psyché s'opposèrent à la colère des Dieux pour faire prévaloir leur amour interdit.
François Picot - Eros et Psyché - 1817
Si ce bouleversement a lieu dans la vie privée, il ne peut être absent de la vie publique et de la vie sociale. Et lorsque l'on parle du déclin des institutions (Eglise, Armée, Ecole, Entreprise, Etat,...) il s'agit sans doute moins d'un rejet global que d'une demande d'évolution de la relation, d'une contestation de l'autorité descendante, de l'organisation pyramidale, de la prescription sans explication, de la vérité hiérarchiquement et institutionnellement établie, bref d'un certain ordre social. Et d'une demande, quel que soit son rang, sa place et sa fonction, a être traité sur un plan égalitaire dont la traduction est la relation contractuelle. Or, l'institution est un repère simple à la pratique aisée, puisque tout est prédéterminé, alors que le contrat suppose de renégocier régulièrement, de partager le pouvoir, de voir redéfinie sa légitimité, de n'avoir comme acquis que sa capacité de persuasion, de considérer que tout compromis n'est pas de la compromission, de ne plus aborder les problèmes en terme de tort/raison mais de solution à construire, etc. Bref, le contrat est d'une pratique plus coriace que l'institution. Le paradoxe est que l'institution contestée est aussi recherchée pour la protection qu'elle offre : étant prédéfinie, elle offre des garanties à qui ne peut ou ne sait négocier et sa stabilité peut rassurer. On aura compris que la question n'est pas d'opposer l'institution au contrat, mais de faire évoluer celle-ci pour laisser plus de place à celui-là.
10:40 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : contrat, institution, mariage, familles recomposées, pacs, eros, psyché, peinture, art, ressources humaines, droit, droit du travail
10/02/2011
Se parler ou remplir des cases
Petit-déjeuner organisé par DEMOS sur le thème des entretiens individuels. Pour présenter la question, recensement des pratiques dans le domaine : pas moins de 16 entretiens différents identifiés dans les processus RH, et la liste n'est sans doute pas exhaustive. Et parmi eux, trois entretiens obligatoires : l'entretien professionnel, l'entretien avec les salariés en forfait jours et l'entretien de seconde partie de carrière. En attendant le bilan d'étape professionnel promis pour la fin de l'année. Depuis 2004 donc, date de création de l'entretien professionnel, se multiplient les injonctions légales que l'entreprise parle avec ses salariés. On constatera, ce n'est pas un hasard, que dans le même temps se multiplient les obligations de négociation collective : emploi senior, emploi des travailleurs handicapés, égalité professionnelle, pénibilité à venir, etc.
On peut être juriste et considérer que l'intervention législative est un échec : si la loi oblige c'est que le fait manque. Tant d'incitations à se parler individuellement et collectivement constitue un éloquent diagnostic de l'état des relations sociales.
Magritte - L'art de la conversation
Le pire c'est lorsque l'obligation conduit à adopter un processus formel qui se substitue au dialogue et bâtit peu à peu cette muraille de pierre qui écrase les interlocuteurs. La rigidification du dialogue devient alors exactement l'inverse de l'objectif recherché telle cette entreprise dans laquelle l'entretien annuel fonctionne en workflow ce qui permet au salarié et à son manager de remplir les cases sans plus avoir besoin de se parler. Mais la RH est satisfaite avec un taux de retour proche de 100 % ce qui permettra de d'affirmer que le dialogue fonctionne. Et l'on constatera que partout où la norme avance, le dialogue recule. Si vous voulez vraiment que vos salariés se parlent, ne leur demandez pas de remplir des cases.
09/02/2011
Ah, les belles charges !
Le discours sur "les charges" est récurrent, lancinant et pour tout dire usant et usé. Il est pourtant régulièrement resservi pour expliquer le manque de compétitivité des entreprises Françaises, avec les autres ingrédients habituels : salaires trop élevés pour une durée du travail trop faible et charges écrasantes font peser un couvercle baudelairien répandant son spleen sur des entreprises qui n'en peuvent mais. N'étant pas de nature à penser que tout ce qui est excessif est insignifiant (Talleyrand a dit beaucoup de sottises, que penser par exemple de : "si les gens savaient par quels petits hommes ils sont gouvernés, ils se révolteraient vite" ?), il n'est pas question de balayer cette charge contre les charges d'un revers de la main. Il faut aller y voir de plus près, car de mémoire, il est de belles charges, celle du taureau par exemple.
Catherine Huppey - 2009
Décidément, "charges" est trop générique, il faut descendre au concret. Et que trouvons nous derrière le mot honni ? le financement de l'assurance maladie, de l'assurance chômage, de l'assurance retraite, de la formation professionnelle, du logement, des transports, de la prévoyance, et quelques autres garanties sociales. Certes, les charges sociales n'épuisent pas la question, l'impôt fait aussi son oeuvre même si son usage est moins fléché, ou souvent moins lisible : il finance aussi bien l'hôpital, que l'éducation, que les déplacements ministériels ou le Rafale. Ce n'est d'ailleurs qu'à ce niveau de détail que cela devient intéressant. Que ceux qui trouvent que les charges sont trop élevées ne s'en tiennent pas à cette péremptoire et générique dénonciation mais nous disent précisément quels types de dépenses ils souhaiteraient cesser de financer. Ensuite, on pourra discuter. En attendant, Ah la belle charge ! Olé Toro !
00:08 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : charges, prélèvements, impôts, charges sociales, cotisations, coût du travail, toro, taureau, déplacements ministériels
08/02/2011
Etranges machines
Les OPCA sont d'étranges organismes. Paritaires, créés par accord, soumis au contrôle de l'Etat, gérant plus de 6 milliards d'euros, ils demeurent méconnus mais alimentent moultes suspicions : pratiques opaques, conflits d'intérêts, gestion dispendieuse, productivité hasardeuse...les travaux préparatoires de la loi du 24 novembre 2009 n'ont pas épargné les OPCA, ni leurs gestionnaires. Sans nécessairement que les rapports de l'IGAS, de la Cour des comptes, de la commission Ferracci ou Parlementaire ne nous éclairent davantage sur les pratiques de ces drôles de machine (sauf peut être le rapport de l'IGAS, de loin le meilleur de tous ceux cités).
Jean Tinguley - Grosse Meta Maxi-Maxi Utopia - 1987
Pour mieux comprendre les OPCA, Jean-Marie Luttringer et moi-même produirons 12 chroniques au rythme d'une par semaine sous le titre générique "La Fabrique des OPCA". Ces chroniques seront publiées par l'AEF et seront mises en ligne sur ce blog. Elles porteront sur les thèmes suivants :
I. Les OPCA et la négociation collective
1. Création d'un Opca et liberté de choix de l'entreprise ;
2. Représentativité patronale et syndicale et administration de l'OPCA ;
3. Opposabilité des clauses d'un accord formation au conseil d'administration d'un Opca ;
4. Les pouvoirs de la CPNE et ses relations avec l'Opca ;
5. Les procédures d'extension et d'agrément et leurs effets juridiques.
II. Fonctionnement, financement et gestion des Opca
6. La gouvernance paritaire : assemblée générale, conseil d'administration, section paritaire professionnelle (SPP) ;
7. Délégation de gestion et subdélégation ;
8. Ressources fiscales, ressources conventionnelles ;
9. Prestations de services à l'entreprise aux salariés aux demandeurs d'emploi ;
10. Les relations entre l'Opca et le FPSPP ;
11. Le plan comptable ;
12. Les conventions d'objectifs et de moyens.
Peut être cette vision rapprochée permettra-t-elle de mieux saisir les logiques et modes de fonctionnement de la bête.
Voici donc la première des douze chroniques de la Fabrique des OPCA. Elle porte sur la mise en place d'un OPCA et la liberté de choix de l'entreprise. Pourquoi les OPCA ne sont-ils que partiellement concurrents entre eux et quelles sont les libertés d'une entreprise vis-à-vis d'un OPCA, telles sont les questions traitées dans cette première chronique.
La fabrique des Opca-1-CréationOPCAetLibertéchoixentreprise.pdf
00:00 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION, DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : opca, paritarisme, négociation, machine, fabrique, tinguely, droit de la formation, formation, droit
06/02/2011
Pas touche, les cadeaux !
Toulouse a rarement connu plus grande manifestation, dignement terminée sur la place du capitole avec CRS et fumigènes, qu'en cette année 1981 lors de la venue de Valéry Giscard d'Estaing. Ambiance préélectorale certes, mais la majorité des banderoles ne portaient pas sur les revendications sociales ou politiques. Elles demandaient des comptes pour les diamants de Bokassa. Trente ans plus tard, les diamants de bokassa ressurgissent parfois.
Une journaliste de Slate a posé la question des cadeaux reçus par le Président et les Ministres dans le cadre de leur fonction. La question, manifestement a tout de la patate chaude ou du Mistigri que l'on aimerait bien offrir à son voisin. Pas vraiment un cadeau à vrai dire.
Man Ray - Cadeau - 1921
L'occasion de faire un petit point de droit. Et les salariés ? quid des cadeaux reçus dans le cadre de leurs fonctions ? la réponse est simple. Conserver par devers soi un objet dont la valeur excède 30 euros, somme à partir de laquelle le fisc estime que son contrôle s'impose, sans en informer l'employeur, est une faute justifiant un licenciement. Pour deux raisons. La première est qu'il s'agit d'une fraude à l'URSSAF et au fisc. Dès lors que le cadeau a une valeur vénale, serait-elle faible, elle constitue un avantage en nature qui doit être déclaré. La seconde raison est qu'il s'agit...d'un vol ! Tout ce qui est remis aux salariés dans le cadre de leurs fonctions appartient à l'entreprise, qui seule peut décider de la destination finale de l'objet. Certaines ont réglé la question en interdisant les cadeaux, d'autres en les donnant au Comité d'entreprise pour la tombola annuelle, d'autres en les répartissant entre les salariés ayant contribué à l'activité récompensée, d'autres encore en les laissant à disposition de leur bénéficiaire, pas toujours d'ailleurs dans le cadre d'un avantage en nature officiel. On peut donc être licencié pour un cadeau ? hé oui, demandez à Giscard.
22:27 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : giscard, diamants, bokassa, cadeaux, ministres, politique, elysée, salariés, fraude
05/02/2011
Chronique de week-end : énigme de l'ambivalence
Poursuite des chroniques, et des énigmes, du week-end. Cette semaine, Burton Silverman avec une double énigme. La première est le peintre lui-même dont l'oeuvre n'est guère transcendante, de mon point de vue, mais qui récèle une merveille, comme un instant de grâce. La deuxième c'est le tableau lui-même.
Le visage est jeune et fatigué. Une lassitude immense, comme si quelques jeunes années avaient accumulé tant de matière, tant de vie, tant d'aventures, ou peut être pas tant mais de celles qui marquent, qui tracent leur sillon dans la chair et n'en démordent plus. La très belle et très émouvante fatigue des jeunes beautés.
Le corps est un peu lourd, la peau laiteuse des gens du Nord, pourtant, le regard et la chevelure viennent d'outre-Pyrénées. L'ambivalence tient-elle à cette gitane du nord, égarée dans un pays où les siens sont venus vivre et donc mourir ?
Burton Silverman - Ambivalence - 2008
Bien sur vous avez remarqué cette femme nue qui court et qui pourrait préfigurer le songe de la gitane ou l'alternative de sa volonté. Etre nue, libre, en mouvement et non hâtivement vêtue, immobile et enfermée dans un passé qui ne passe pas. Mais cette ambivalence là est trop évidente, trop convenue, trop grossière pour Burton Silverman dont le sourire convainct qu'il aime rien tant que vous égarer sur les chemins de l'évidence. L'énigme ne se résoud pas en un face à face, sentencieusement organisé. Regardons plutôt du côté de l'abandon de la posture, de la fermeté des cuisses, de l'intensité du regard, de la flamboyance de la chevelure. La femme nue n'est qu'un faible leurre : la femme assise n'est pas abattue, elle a de la ressource, la vie et le feu sont en elles, l'instant ne lui est pas favorable, mais elle le domine de sa pose provocante. Elle n'envie pas la liberté de pacotille de la peinture à laquelle elle ne jettera pas un coup d'oeil. Elle est la liberté qui ne tardera pas à ressurgir d'un instant d'abandon. Comme Samson, sa chevelure en porte témoignage.
14:27 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0)
04/02/2011
Citation du jour
Par l'art seulement nous pouvons sortir de nous même
Marcel Proust
01:25 Publié dans TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, proust, musée, citation