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05/02/2011

Chronique de week-end : énigme de l'ambivalence

Poursuite des chroniques, et des énigmes, du week-end. Cette semaine, Burton Silverman  avec une double énigme. La première est le peintre lui-même dont l'oeuvre n'est guère transcendante, de mon point de vue, mais qui récèle une merveille, comme un instant de grâce. La deuxième c'est le tableau lui-même.

Le visage est jeune et fatigué. Une lassitude immense, comme si quelques jeunes années avaient accumulé tant de matière, tant de vie, tant d'aventures, ou peut être pas tant mais de celles qui marquent, qui tracent leur sillon dans la chair et n'en démordent plus. La très belle et très émouvante fatigue des jeunes beautés.

Le corps est un peu lourd, la peau laiteuse des gens du Nord, pourtant, le regard et la chevelure viennent d'outre-Pyrénées. L'ambivalence tient-elle à cette gitane du nord, égarée dans un pays où les siens sont venus vivre et donc mourir ?

BurtonSilverman 1928ambivalence.jpg

Burton Silverman - Ambivalence - 2008

Bien sur vous avez remarqué cette femme nue qui court et qui pourrait préfigurer le songe de la gitane ou l'alternative de sa volonté. Etre nue, libre, en mouvement et non hâtivement vêtue, immobile et enfermée dans un passé qui ne passe pas. Mais cette ambivalence là est trop évidente, trop convenue, trop grossière pour Burton Silverman dont le sourire convainct qu'il aime rien tant que vous égarer sur les chemins de l'évidence. L'énigme ne se résoud pas en un face à face, sentencieusement organisé. Regardons plutôt du côté de l'abandon de la posture, de la fermeté des cuisses, de l'intensité du regard, de la flamboyance de la chevelure. La femme nue n'est qu'un faible leurre : la femme assise n'est pas abattue, elle a de la ressource, la vie et le feu sont en elles, l'instant ne lui est pas favorable, mais elle le domine de sa pose provocante. Elle n'envie pas la liberté de pacotille de la peinture à laquelle elle ne jettera pas un coup d'oeil. Elle est la liberté qui ne tardera pas à ressurgir d'un instant d'abandon. Comme Samson, sa chevelure en porte témoignage.

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