14/11/2015
13 Novembre 2015
Les sculptures d'Emily Young ont, ce soir, le visage du présent.
01:05 Publié dans EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : attentats, paris, sculpture, actualité, art, présent
22/08/2014
VENT, EAU, PIERRE
L’eau perce la pierre,
le vent disperse l’eau,
la pierre arrête le vent.
Eau, vent, pierre.
Le vent sculpte la pierre,
la pierre est coupe de l’eau,
l’eau s’échappe et elle est vent.
Pierre, vent, eau.
Le vent dans ses tours chante,
l’eau en marchant murmure,
la pierre immobile se tait.
Vent, eau, pierre.
On est un autre et personne :
entre leurs noms vides
passent et s’évanouissent
eau, pierre, vent.
(Octavio Paz)
23:47 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vent, eau, pierre, sculpture, canyon, navajos, arizona, voyage
04/11/2013
Encyclopédique
C'est le visage de cire d'André Breton qui vous accueille à l'entrée du Pavillon central de la Biennale de Venise placée cette année sous le thème du Palais Encyclopédique. Les yeux fermés car pour Breton le rêve, l'onirisme, constituent des chemins d'accès à la connaissance que ne fréquente guère la conscience.
Ce qui frappe dans les oeuvres présentées lors de la biennale, c'est l'omniprésence de trois thèmes : l'accumulation, l'enfermement et l'éros. L'accumulation car le savoir, la connaissance est un empilement, une profusion, une curiosité incessante qui avait conduit Cendrars à regretter qu'une vie entière de lecture ne suffirait pas à épuiser la plus grande des bibliothèques.
Mais cette accumulation débridée de savoir peut finir par perdre son sens, à saturer l'espace et à provoquer l'étouffement par l'encombrement, tout comme le cancer conduit à la mort par excès de vie et prolifération des cellules.
C'est pourquoi le souci de classer, d'ordonner, de hiérarchiser, de compiler méthodiquement le savoir a toujours existé. Ce souci d'ordonnancement est d'ailleurs le propre de l'Encyclopédie qui permet de remettre de manière intelligible la connaissance à disposition. Mais en choisissant une manière de structurer le savoir, on l'enferme dans un cadre d'analyse, on le réduit à un projet particulier, on l'oriente idéologiquement et finalement on enferme également l'individu dans ce quadrillage de la connaissance.
C'est ici qu'intervient l'éros, car l'éros c'est la vie comme le proclamait Marcel Duchamp, alias Rrose Sélavy. Il n'aura échappé à personne, depuis Adam et Eve, que la soif de connaissance est une curiosité qui relève de l'érotique et que la pulsion de vie ne saurait se réduire aux pulsions sexuelles. Qui en doute pourra consulter longuement les innombrables cahiers du bien nommé Othake qui associent photos, couleurs, passions, érotisme, politique, science, arts, passé, présent et tout ceci à la manière d'un enfant coloriant les livres comme il peint le monde aux couleurs nouvelles de sa singularité.
Au sortir de ce tourbillon d'images, de créations, de collections, de déferlements anarchiques, on peut se demander comment sortir de ce dilemme : l'appétit sans limite de tout et la folie qui inévitablement en résultera. Une solution possible est de s'en remettre aux muses qui allègeront l'envie, satisferont l'éros et éloigneront les prisons. Comme il se doit, celles qui se présentent pour ce faire sont japonaises.
11:48 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : biennale, venise, vacances, art, peinture, sculpture, exposition, encyclopédie, savoir
18/07/2013
Irréfragable
Vous découvrez la jeune femme allongée, et la voix de Bardot instantanément murmure à votre oreille :"Et mes fesses, tu les aimes mes fesses ?" et comme Piccoli on s'entend répondre oui, et les pieds, les cuisses, les seins, la bouche, le visage, les chevilles, oui tout. Oui, oui, oui. Bien sûr. Et l'on se rapproche de la jeune femme allongée. Mais la jambe ne bouge guère, pas plus que la bouche, ni les mains, ni les yeux. La sculpture vous trouble et trouble la réalité.
Le jeu des apparences est un plaisir sans fin. Les juristes n'ont pas résisté à la tentation. Ils ont appelé ça la présomption irréfragable. Soit le fait que l'apparence devient la réalité qui n'est plus autorisée à paraître. Quelle qu'elle soit. Il en est ainsi pour la lettre de licenciement : le motif allégué dans la lettre constitue une présomption irréfragable. Impossible de revenir à la réalité. L'entreprise qui a licencié un salarié gréviste pour faute grave, alors que seule la faute lourde permet le licenciement, ne peut plus prétendre prouver devant le juge que les faits constituaient bien une faute lourde. En ayant eu le tort d'invoquer la faute grave, elle se condamne à être condamnée (Cass. soc. 26 juin 2013). De quoi vous faire douter de la réalité. Et mes épaules, tu les aimes mes épaules ? oui.
00:18 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : présomption, droit, licenciement, travail, sculpture, art, hypperréalisme, mannequin, bardot, jurisprudence
20/06/2013
Tu l'as vue ma poutre ?
Le Monde de l'économie s'en émeut : la chasse aux faux masters est ouverte ! (édition du jeudi 20 juin) et la loi sur l'enseignement supérieur qui sera votée en juillet ne lésine pas en prévoyant des sanctions pénales pour les dirigeants d'établissements qui utilisent abusivement le terme de master. Il faut dire que l'univers de la certification est une nébuleuse qui découragerait l'astronome le plus acharné, obligé de constater que de cette galaxie mystérieuse il ne parvient pas à voir le bout. Commençons par conseiller à la journaliste du Monde de ne pas céder à la précipitation qui la conduit à faire de l'enregistrement au RNCP une "astuce" pour faire croire que son diplôme est un vrai. Mais si c'est un vrai et non une astuce : et c'est d'ailleurs le seul critère qui vaille indépendamment de l'appellation, est-ce que le diplôme délivré par l'établissement est enrégistré au Répertoire national des certifications professionnelles, auxquels cas il est reconnu et garanti par l'Etat, ou non. Pour le reste, le bal des hypocrites est ouvert, autrement dit les amis de la poutre.
Sacha Sosno - La paille dans l'oeil du voisin
Au bal des hypocrites, la danse est ouverte par la Conférence des grandes écoles. Se plaindre de la confusion entretenue par des intitulés ambigüe alors qu'on a soi même créé des Mastères (pour le non initié, il est évident que la différence entre Master et Mastère est limpide...) qui sont positionnés sur un niveau inexistant dans les nomenclatures françaises et européennes (bac + 6) et dont la majorité ne sont pas enregistrés au RNCP (la commission ayant notamment refusé lorsqu'elle a constaté que le titre permettait d'attirer sur le seul nom de l'école des candidats qui ne remplissaient les conditions pour avoir le diplôme reconnu mais qui pourront prétendre au Mastère), c'est un peu fort de café. Quand à l'Education nationale, elle pourrait nous expliquer pourquoi plus de dix ans après la création du RNCP elle n' a toujours pas été capable d'y faire enregistrer l'intégralité de ses 10 000 masters, ce qui lui permettra au passage de s'exprimer sur la confusion qui peut résulter de la profusion. Mais non, l'urgence c'est de protéger l'appellation de Master et de la refuser y compris aux diplômes qui sont officiellement reconnus par l'Etat à ce niveau. Elle est pas belle ma poutre ?
00:06 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : diplôme, master, éducation, grandes écoles, certification, formation, sculpture, art
23/10/2012
Faire bouger les statuts
Par un arrêté en date du 17 septembre 2012, l'AGEFOS-PME a été agréé en qualité de Fonds d'Assurance Formation de non salariés pour la gestion de la formation des travailleurs indépendants et chefs d'entreprise de la pêche maritime. Par cet arrêté, l'AGEFOS-PME devient le seul des vingt OPCA subsistant à l'issue de la réforme lancée en 2009, à pouvoir gérer à la fois des salariés et des non salariés.
Il serait pertinent qu'au-delà de cette exception, le Ministère du travail aille plus loin et confie aux OPCA le soin de gérer la formation des artisans, commerçants, chefs d'entreprises et autres travailleurs non salariés. Au nom de quoi ? de la sécurisation des parcours et de l'efficacité. Concernant la sécurisation des parcours, il est fréquent qu'un salarié d'une TPE franchisse le pas et devienne lui même entrepreneur, tandis que certains chefs d'entreprise font le choix de redevenir salarié. Ces aller-retours pénalisent leurs auteurs, puisqu'il vaut mieux cumuler des droits dans un même régime que d'en acquérir dans plusieurs. Confier la gestion de la formation à un organisme unique, permettrait au moins de mieux gérer la professionnalisation des actifs ayant une mobilité statutaire. On entend déjà les représentants patronaux objecter qu'un organisme paritaire n'a rien à voir dans la gestion de la formation d'employeurs. On peut considérer que la qualité de chef d'entreprise est un état, transitoire parfois, et non une qualité naturelle. Si l'on veut véritablement donner du sens à la notion de parcours, il va falloir se résoudre à faire bouger les statuts.
Les statues bougent-elles après la fermeture des musées ?
Le second argument est d'efficacité. Aujourd'hui, ni l'AGEFICE ni le FIF-PL ni le FAFCEA ne rendent de véritables services aux travailleurs non salariés et leur équilibre économique est chaque jour plus précaire. Alors qu'il y aurait une véritable dynamique si un même OPCA pouvait former à la fois le chef d'entreprise et ses salariés. Et seuls les OPCA disposent de véritables services de proximité pour ce faire.
Si l'on veut cesser de se payer de mots et faire que le parcours de formation, et sa sécurisation, acquièrent une réalité concrète, il va bien falloir faire bouger les statuts. Quoi de plus tentant, d'ailleurs, que de voir bouger les statues ?
00:32 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : formation, parcours, emploi, tns, statut, statue, sculpture, ressources humaines, chef d'entreprise, agefos
12/06/2012
Le provisoire ne dure pas
Au grand jeu de la Cour de cassation, chacun peut tenter sa chance, même sans garantie sur le résultat. Ayant sans doute en tête que les juges suprêmes n'apprécient guère les avenants au contrat de travail qui permettent, en augmentant provisoirement la durée du travail, de contourner les règles du travail à temps partiel, l'avocat a conseillé à son client de contester la validité d'un avenant au contrat organisant l'exercice provisoire d'une fonction complémentaire à son travail. En l'espèce il s'agissait d'effectuer les missions d'un salarié malade pendant le temps de la maladie, en sus de son propre travail. Un avenant a été conclu prévoyant une indemnisation supplémentaire du salarié pour la charge de travail et une fin de cette situation au retour du malade. Le salarié conteste cette possibilité de retour arrière : il a donné son accord au départ, il doit le donner également à la fin, sinon la situation doit perdurer. Erreur de jugement lui répond la Cour de cassation (Cass. soc., 31 mai 2012), l'avenant temporaire est parfaitement valable en matière de missions supplémentaires. Perdu.
Plutôt que d'envisager le gain potentiel, le salarié et son avocat auraient du penser à ces sculptures de sable dont la période va bientôt revenir. Elles durent au mieux un été puis se fondent dans la plage et ne laissent guère de trace. Car ce qui est conçu pour être provisoire ne saurait devenir permanent. La beauté du provisoire est aussi dans l'instant, qu'il est vain de vouloir prolonger. Pour l'avoir oublié, le salarié se retrouve n'avoir bâti avec son contentieux que des châteaux de sable.
00:05 Publié dans DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : droit, droit du travail, jurisprudence, sculpture, sable, plage, avenant, contrat, travail, ressources humaines
28/05/2012
Petite poucette
Michel Serres, à 80 ans passés, est-il retombé en enfance ? gageons plutôt qu'il n'en soit jamais totalement sorti et que cette survivance de l'enfant en lui l'a préservé de bien des aigreurs, ressentiments, rancoeurs et autres joyeusetés qui habitent celles et ceux qui pensent systématiquement que c'était mieux avant. Les déclinistes de tout poil, les oiseaux de mauvaise augure, ceux qui confondent leur lente disparition annoncée avec celle du monde dans lequel ils vivent, ceux qui n'ont de cesse de peindre à leur image décrépite leur environnement, tout ceux là n'aimeront pas le dernier livre de Michel Serres rédigé sous forme de lettre à Petite Poucette. Pourquoi ce nom ? pour la dextérité avec laquelle la jeune fille se sert de ses pouces sur son smartphone, mais également parce qu'il appartient à cette jeune génération d'inventer elle-même les moyens de trouver son chemin dans ce monde nouveau que la technologie bouleverse à chaque instant. Pas question de crier "Pouce" pour Petite Poucette qui devra faire son chemin.
César - Pouce
Bien sur, il y a le soleil, l'envie du dehors, tant de choses à faire, bien sur. Mais si vous prenez le temps, oh peu de temps car s'adressant à Petite Poucette le livre est synthétique. Non pas de crainte que Poucette ne zappe ou qu'elle soit incapable de lire comme l'annoncent régulièrement ceux qui ont encore besoin d'affirmer qu'eux savent lire en pointant du doigt ceux qui prennent d'autres chemins (messieurs les censeurs, bonsoir !), non juste parce que Petite Poucette est soumise à mille sollicitations, mille tentations, mille envies et bien plus de désirs. Alors oubliez les grincheux, investissez 9,50 euros pour vous procurer l'ouvrage de Michel Serres et volez une heure à votre emploi du temps : il ne vous reste plus qu'à lire en dégustant.
00:58 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : serres, littérature, jeunes, jeunesse, technologies, cesar, sculpture, livre, passé
24/01/2012
Prendre le temps de la performance
Séminaire interne consacré à la performance de l'entreprise, soit les résultats et leurs conditions. Le sens de l'action et ses modalités. Questionnement autour de "Qu'est-ce qu'une entreprise performante ?" comment l'on peut travailler autour de "Qu'est-ce qu'un bon professionnel ?". Et puis dans le fil des travaux vient la question complémentaire "Qu'est-ce qu'une bonne organisation ?". Et la réponse d'une participante fuse aussi rapidement que la question a été posée : "C'est une organisation qui laisse le temps de réfléchir à ce que l'on fait". Diable, voilà une affirmation en forme de provocation. Alors que l'on débat de productivité et de temps de travail, il faudrait laisser du temps. Et pour réfléchir en plus. Mais que penserait le penseur d'une telle demande ?
Munch - Le penseur de Rodin - 1907
Peut-être qu'il estimerait la proposition bienvenue pour tous ceux qui remplissent compulsivement les agendas, s'enorgueillissent des 320 mails reçus chaque jour (et paranoisent lorsqu'il y en a moins de 200), font la chasse au temps mort, ne peuvent supporter l'observation contemplative et sont occupés en permanence à saturer leur temps et leur espace, tout en se demandant pourquoi ils saturent. Prendre le temps de la réfléxion, se déconnecter de la commande ou de l'injonction immédiate, réfléchir au sens de l'action et à ses modalités, bref prendre le temps de l'efficacité. Mais pour cela, il faut commencer par prendre le temps.
00:45 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : performance, économie, organisation, management, formation, éducation, ressources humaines, temps, rodin, sculpture, peinture
25/02/2011
Jeunes gens, restez potaches (surtout quand le prof est mauvais)
Visite au Musée des Abattoirs à Toulouse qui présente une des figures de l'art conceptuel, Bernard Venet, et quelques pièces de sa collection. L'art conceptuel, l'art mathématique, l'art minimaliste ne constituent pas mon verre de vin préféré (je n'aime pas le thé), mais les grandes traverses courbes, rondes, allanguies, inclinées, redressées, ne manquent ni d'allure ni d'émotion.
Par contre, les équations mathématiques en panneau de 3x4, les tas de charbon et les cartons passés au goudron ne me retiennent guère. Tel n'était pas le cas d'un groupe d'adolescents, sagement rangés autour de sacs de charbon, entourant du charbon non ensaché sur lequel était posée une traverse. Leur prof, puisqu'enseignant il y avait, leur expliquait doctement dans un charabia d'un pédantisme stupéfiant toute l'importance du tas de charbon.
Dans un élan insensé d'innovation pédagogique, l'enseignant arrêta un instant son indigeste logorrhée pour poser une question : "A quoi vous fait penser le tas de charbon ? allez y, osez, dites ce qui vous vient...". On comprit vite que les mots intéressaient peu l'intervenant qui cherchait uniquement à obtenir le vocable "forme" pour lancer sa formule magique : "Ce tas est une forme, savez-vous d'où vient le terme forme ? de fromage...". A ce stade, impossible de retenir l'éclat de rire moqueur que méritait le pédant qui constituait à lui tout seul une magnifique promotion de la politique gouvernementale de suppression des postes d'enseignants (je me suis repris depuis : on peut vouloir augmenter les postes ET supprimer certains enseignants). Le plus triste dans l'histoire, est sans doute qu'aucun élève ne s'est jeté en bon potache dans le tas de charbon ou n'a, avec l'innocente stupidité qui nous caractérise invariablement à certain âge, craqué une allumette pour la jeter dans le tas de charbon sous les yeux effrayés du professeur héberlué (davantage d'ailleurs par le fait qu'il ne saurait s'il faut crier au génie devant un tel acte de liberté artistique ou s'il doit réprimander l'élève de son inconséquence). Bref, il était temps d'aller voir ailleurs.
Plutôt que les lycéens sans réaction devant leur sinistre enseignant, il était réjouissant de voir le défi qu'une petite fille lançait à une machine de Jean Tinguely, auquel révérence est due pour savoir ainsi captiver la véritable jeunesse. De laquelle il ne faut pas désespérer si l'on en croit le petit bonhomme hilare qui ne s'est laissé abuser ni par Venet ni par le triste professeur. Car il sait bien lui, que c'est fromage qui vient de forme, et non l'inverse.
00:44 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : education, enseignement, suppressions de postes, éducation nationale, musée, abattoirs, toulouse, tinguely, venet, sculpture, peinture
23/12/2010
Un mal pour un bien
Maillol était peintre. Né à Banyuls, il pouvait difficilement résister à la lumière du Roussillon, à la douceur du soleil sur les vignes des collines qui ont constitué son premier terrain de jeu. Comme Céline ne vint à la littérature que passé 40 ans, Maillol attendit le même âge pour devenir sculpteur. Le fait déclenchant fut une maladie de l'oeil. La lumière n'irradiait plus de la même manière et la peinture devenait une entreprise difficile, même si Monet ou Matisse sont des contre-exemple. Mais à quoi bon les contre-exemples, c'est soi-même qui est en cause dans ces affaires et non les autres. Grâce à la maladie, si l'on peut dire, il est donc possible d'admirer aujourd'hui les trois graces.
Les trois grâces photographiées par une catalane
Peut être l'article 84 de la loi de financement de la sécurité sociale nous vaudra-t-il dans l'avenir quelques chefs d'oeuvre inattendus. Pourquoi ? parce que cet article modifie l'article L. 323-3-1 du Code de la sécurité sociale qui permet désormais, avec l'avis favorable du médecin traitant et du médecin conseil de la CPAM, de suivre des actions de formation, d'évaluation, d'accompagnement, d'information ou de bilan de compétences pendant un arrêt maladie et le tout sans perdre les indemnités journalières. Au passage, pour ceux qui considéraient que le DIF pendant un arrêt maladie n'était pas possible, voici une procédure tout à fait légale qui permet son exercice.
Quoi de plus normal ? la maladie n'est pas nécessairement invalidante et si elle empêche le travail elle n'empêche pas toujours la formation et lorsqu'elle est invalidante, il ne s'agit que d'une raison de plus pour anticiper un reclassement.Et il n'est pas exclu que pour nombre de cas, la possibilité de suivre une formation ait également une vocation thérapeutique.
Si la maladie n'est jamais souhaitable, et rarement souhaitée, voici qu'elle pourrait désormais receler des opportunités pour peu que l'on se saisisse de ce texte. Et qui sait, sur le chemin de la formation peut être verra-t-on surgir de manière improbable un clin d'oeil au malade de Maillol.
00:37 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arrêt maladie, trois graces, dif, formation, lfss, maillol, matisse, sculpture, peinture, monet, banyuls, ressources humaines, droit du travail
08/09/2010
Hommage aux bricoleurs anonymes
Certes Jean Tynguely n'est pas un anonyme. Mais c'est un bricoleur. Qui ne peut s'empêcher d'assembler, de souder, de visser, de lier, de coordonner, d'harmoniser, de concrétiser le rêve inespéré des bouts de ferrailles et rebus de la technique. Jean Tinguely ne peut voir une pièce de bois, de caoutchouc, de métal, sans vibrer en songeant à la place qu'elle pourrait trouver dans une improbable machine.
Mais à quoi donc servent les machines de Jean Tinguely. Les fontaines passent encore, mais ce grand oiseau de métal tout encombré de ses ailes brandies comme des bras impuissants ? Et ces roues qui tournent en tout sens dans une cacophonie baptisée Heureuse Utopia ?
Tinguely, comme Calder ou Miro, ouvre en grand les portes et fenêtres de la vie et des enfants, des oiseaux, des avions, des trains, des millepattes, des cacatoès, des renards roux aux yeux rieurs, des lapins magnétiques et mille autres joyeux drilles s'engouffrent dans ces ouvertures. Tinguely montre que la vérité est dans l'évidence de l'enfance.
Les petits bricolages de Jean Tinguely nous offrent au final des grandes machines qui parviennent à notre grande surprise à fonctionner défiant toute les lois de la probabilité. De la même manière que tous les bricoleurs au quotidien dans les organisations inventent des outils personnels, des excel de secours, des circuits non prévus de circulation de l'information, des réseaux informels de ressources, des démerdes aussi géniales que clandestines, des process non certifiés ni certifiables, des raccourcis procéduriers aux allures de chemins de traverses, des transgressions fulgurantes et mettent en oeuvre des compétences non répertoriées, échappant à tout référentiel, dépassant largement l'imagination des metteurs en fiche de la création et de l'inventivité humaine. Bref, tous ceux sans qui rien ne tiendrait et qui peuvent voir dans les oeuvres de Tinguely un clin d'oeil qui leur est adressé en forme d'hommage.
00:05 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tinguely, entreprise, organisation, bricolage, calder, miro, sculpture, enfance