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18/12/2012

Des syndicats plus représentatifs que les partis

Dans l'indifférence générale, ou presque, se sont tenues du 28 novembre au 12 décembre les élections professionnelles dans les Très Petites Entreprises (TPE, moins de onze salariés). Plus de 4,6 millions de salariés ont eu la possibilité de voter par internet ou par correspondance pour l'organisation syndicale de leur choix. Ce vote doit permettre de mesurer l'audience des organisations syndicales dans l'ensemble des entreprises et s'ajoutera aux résultats des élections professionnelles qui se tiennent dans les entreprises de 11 salariés et plus pour élire des délégués du personnel ou, à partir de 50 salariés, un comité d'entreprise. Avant que ne soient proclamés les résultats, on sait déjà que la participation devrait au final s'établir à environ 11 %. Soit un chiffre très faible, qui ressemble à un fiasco annoncé.

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Il ne manquera pas de journalistes ou responsables politiques pour faire remarquer, en tentant de prendre l'air de le regretter sans tromper personne, que ce taux de participation ne fait que refléter l'absence de représentativité des syndicats dans notre pays. Ce qui, au moins de la part d'un politique, sera un commentaire déplacé. Que l'on en juge : l'UMP revendique 300 000 adhérents et le PS 200 000. La CGT en compte 500 000 , la CFDT 400 000 et F0 300 000. Il y a bien plus de militants syndicaux que de militants politiques. Et si l'on regarde les élections, le taux de participation aux élections professionnelles est de 65 % en moyenne, soit un score qui n'est devancé que par l'élection présidentielle mais qui est au-dessus de la moyenne de la participation aux législatives, aux municipales, aux européennes ou aux cantonnales. Soit moins d'adhérents pour un parti, et moins de votants, que pour un syndicat. Mais les politiques persistent à dénoncer la non-représentativité des organisations syndicales, fidèlement relayés par des journalistes qui, paraît-il, ne s'intéressent qu'aux faits. A tous, encore un effort pour sortir du déni de réalité.

17/12/2012

Courageux découragement

Il y en a eu un. Mais comme c'était le premier, il pouvait s'agir d'un cas isolé. Et puis il y en eût un second. Et un troisième. Et quelques autres encore. Pas un raz de marée. Pas un mouvement profond. Non, juste une somme de cas individuels qui sont peut être le signe que quelque chose se passe. Quels cas ? des salariés dont le statut, la rémunération et les fonctions sont plutôt enviables. Et qui décident de quitter leur entreprise alors que personne ne les y pousse, encourage ou contraint. Ils n'ont pas d'autre job en vue. Ils sont conscients de la difficulté du marché du travail, et pourtant ils choisissent de partir, non sans appréhension mais avec une pleine détermination. 

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Félix Labisse - Société de découragement - 1969

Pourquoi partir ? parce qu'il n'est plus possible de cautionner ce que propose l'organisation. Parce que les logiques de fonctionnement qui se mettent en place conduisent inévitablement à perdre le sens de l'activité, parce que la gouvernance créé les conditions de la perte d'efficacité au nom de la rationnalité, parce que le contrôle central, les reporting sans fin, les indicateurs dignes du gossplan et l'absence totale de considération de l'individu deviennent insupportables. Parce qu'il ne s'agit pas de se poser en  contestataire d'un système mais de mettre dans la balance ses valeurs personnelles et de dire "plus pour moi". Parce que l'on refuse de faire semblant encore et encore et que l'on ne souhaite pas s'installer dans un placard, fût-il pourvu de quelques dorures.  Parce qu'au final, et paradoxalement, on se sent mieux sans la sécurité, même si tout cela n'est pas toujours évident à vivre, et que l'on prend plaisir à la liberté. Et constater que même en période de difficultsé, avec les risques que cela comporte, il y a encore beaucoup de choix qui sont faits en faveur de la liberté contre la sécurité, c'est une sacrée bonne nouvelle.

16/12/2012

Chronique démagogique

Il est rare que les architectes habitent les lieux qu'ils construisent. On aimerait parfois inclure une telle obligation dans le cahier des charges : vous résiderez pendant au moins un an dans les appartements que vous avez conçus. Peut être la conception s'en trouverait-elle modifiée. Bien sur, l'architecte n'est pas seul en  cause : celui qui impose le cahier des charges, qui valide les choix, qui économise sur les matériaux ou la façon pourrait se voir demandé le même effort. Lorsque son travail n'a d'effets que sur autrui, il faut une grande exigence personnelle pour agir en étant guidé par l'empathie.

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Jordi Colomer - Anarchitekton

Il faudrait peut être imposer aux experts qui formulent conseils et recommandations ayant des effets sur autrui, d'en subir également pendant quelques temps les effets. Peut être leur regard s'en trouverait modifié. On peut le suggérer aux membres du groupe d'experts qui se prononce invariablement pour ne pas revaloriser le SMIC ou pour modifier son calcul afin de limiter sa hausse. Ou aux rédacteurs du rapport de l'Institut Montaigne qui préconisent de réduire de 25 % puis de 50 % les allocations d'assurance chômage en ne garantissant au bout d'un an que 850 euros d'indemnisation. Et qui rêvent au détour d'une page, tout en constatant que bien sur ce n'est pas réalisable, que si on ne versait que 330 euros on économiserait 20 milliards par an. Et d'en conclure que notre système est vraiment généreux. Quant à ceux qui estiment que l'on peut vivre en France exclusivement de l'aide sociale, en général (c'est un euphémisme), ils n'ont jamais eu le bonheur de percevoir des minimas sociaux. Peut être devraient-ils tenter l'expérience. Mais il paraît que vouloir que chacun s'applique ce qu'il préconise, c'est démagogique voire populiste. Ce doit être vrai, ce sont  les experts qui le disent.

Institut Montaigne - Depense publique.pdf

14/12/2012

Froid

Une chose facile à avoir en Décembre, c'est du sang froid.

Alphonse Allais

 

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13/12/2012

Vie privée, vie publique

L'employeur ne peut s'intéresser à la vie privée de ses salariés. Cela constituerait une discrimination puisque la situation de famille fait partie de la liste des 18 discriminations prévues par le Code du travail (art. L. 1132-1). Mais la vie privée du salarié peut être opposée à l'employeur, qui la découvrira donc à cette occasion. Dans une affaire jugée le 12 octobre dernier, la Cour de Cassation a une fois de plus confirmé que la vie privée du salarié constituait un casse-tête pour les entreprises qui auront sans doute du mal à se repérer dans les règles à appliquer, notamment en matière de mobilité.

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Il s'agissait d'une salariée dont le contrat de travail comportait une clause de mobilité. Son entreprise la mute de la Rochelle à Niort en application de cette clause. La salariée refuse, invoquant notamment que son mari est entrepreneur à La Rochelle. La Cour d'appel valide le licenciement par l'entreprise pour non-respect de la clause de mobilité. Pas la Cour de cassation qui censure au motif que la mutation portait atteinte au droit de la salariée à une vie personnelle et familiale. Passons sur l'inégalité fondamentale, discriminatoire, qu'une telle décision porte en germe : la situation de famille d'un salarié permettra de justifier ou non une décision puisqu'ici une salarié célibataire n'aurait pu s'opposer à la clause de mobilité. Et constatons que ce que l'employeur n'a pas le droit de connaître ni de considérer, par principe, il doit le prendre en compte lorsque le salarié l'invoque. A multiplier ainsi les injonctions contradictoires à l'encontre des employeurs, il n'est pas certain que l'on contribue à l'atteinte de l'objectif recherché. Car qui pourra légitimement expliquer à un employeur qu'il ne doit pas tenir compte de la situation de famille d'un salarié et ne poser aucune question à ce sujet, si c'est cette situation qui détermine le champ de sa capacité de décision ? les juges sont-ils naïfs à ce point ? toujours est-il qu'ils viennent de se tirer une balle dans le pied et peut être, contrairement aux apparences, dans celui des salariés qui ont parfois déjà bien du mal à protéger leur vie privée.

Cass. soc., 17 octobre 2012.pdf

12/12/2012

Merci à vous

Il arrive que mes clients me remercient pour mon travail. Pour une note technique, pour une idée nouvelle, pour une information précieuse, pour une analyse pertinente, pour une recherche aboutie, pour une solution pratique à un situation délicate. Il peut également arriver que le client ne remercie pas et s'en tienne à l'échange contractuel : le paiement vaut merci. Il peut se trouver également qu'il n'ait pas envie de remercier. Tout ceci est assez récurrent. Mais cette année aura été marquée par une particularité. Des remerciements, à plusieurs reprises, pour un motif qui en 25 ans n'avait jamais été formulé ainsi. Des remerciements pour avoir apporté de la sérénité.

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Shen Zou - Paysage de Chine

A plusieurs reprises, et à mon étonnement renouvelé, les remerciements n'ont pas porté sur le contenu de mon intervention, sur ce qu'elle a permis, mais sur la sérénité retrouvée qu'elle a pu susciter. Ce peut être exprimé de différentes manières : faire retomber la pression, rassurer, permettre la prise de recul, désangoisser, déstresser, calmer, remettre les choses à leur place, mais au final les mots qui reviennent le plus souvent c'est bien d'avoir apporté de la sérénité. La peur aurait elle gagné du terrain ? l'affolement serait-il si présent ? les situations, et les personnes, si vulnérables qu'elles se sentiraient fragilisées à la moindre difficulté ? je n'ai guère d'explications sur la raison de ces remerciements d'une nature nouvelle. Par contre, je sais que l'on ne donne jamais que ce que l'on a, d'une manière ou d'une autre, reçu. Merci à vous.

10/12/2012

1000 et une familles

De 1996 à 2000, Uwe Ommer a parcouru le monde avec son appareil photo pour photographier des familles. Il en est résulté un livre et une exposition itinérante qui, à son tour, parcours le monde. Ici à Lisbonne en 2010.

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Si Uwe Ommer refaisait son tour du monde, et particulièrement en Europe, peut être trouverait-il des familles encore plus diversifiées. Parfois réduites, parfois nombreuses, avec des parents qui ne sont pas forcément les pères et mères, mais après tout, il y a bien longtemps Serge Lama chantait déjà que le père pour l'enfant c'est celui qui est là. La loi vient d'en prendre acte. A compter du 1er janvier 2013, le congé paternité, renommé congé paternité et d'accueil de l'enfant, sera ouvert au conjoint de la mère, à la personne liée à elle par un Pacs ou vivant maritalement avec elle. Le congé paternité sera donc accessible aux femmes ou aux hommes qui ne sont pas le père. Repères brouillés diront certains, les leurs sans doute, ceux de l'enfant, c'est une autre affaire.

09/12/2012

Transmission versus acquisition

En 1907, Picasso a 26 ans, il a déjà peint un des tableaux les plus importants de l'art moderne et de toute sa production, qui sera encore longue. En 1862, Ingres a 82 ans, il peint  5 ans avant sa mort un chef d'oeuvre qui est une synthèse de tout son art et dont la modernité est époustouflante. Si les deux hommes s'étaient rencontrés, qui aurait été le tuteur de l'autre ? aucun bien évidemment, mais ils auraient échangé ou plus surement encore, ils se seraient montré leurs productions et auraient bu des coups ensemble. Peut être auraient-ils commentés cette phrase de Picasso : "A dix ans, je peignais comme Raphaël, mais cela m'a pris toute ma vie de dessiner comme un enfant".

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Picasso - Les demoiselles d'Avignon - 1907

Les partenaires sociaux ont signé le 19 octobre 2012 un accord sur les contrats de génération. Dans ce texte, est abordée la question de la transmission des compétences. La modernité est ici présente dans le refus de la figure traditionnelle de l'ancien qui initie le plus jeune. Le texte invite à mettre en place des actions organisant la transmission des compétences, qui concerne sans hiérarchie préétablie les deux acteurs principaux du dispositif. Encore mieux, le texte invite à créer des situations de travail qualifiantes, car c'est bien là que se situe la véritable question : plutôt que de transmission linéaire, il s'agit de créer les conditions de nouvelles acquisitions, le plus souvent partagées. Apprendre ensemble plutôt qu'apprendre de l'autre. Faciliter l'acquisition sans transmission, c'est sans doute la condition d'une véritable qualification de tous. Pour en savoir plus, vous pouvez lire ci-dessous la chronique écrite avec Jean-Marie Luttringer pour l'AEF qui commente plus en détail l'ANI du 19 octobre 2012. Mais n'oubliez pas auparavant de passer par le bain turc. Bon lundi à tous.

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Le Bain Turc - Ingres - 1862

LA_TRANSMISSION_DES_SAVOIRS_ET_DES_COMPETENCES.pdf

07/12/2012

L'énigme de la dernière toile

La neige déforme les paysages et le temps. Voici donc avec un peu d'avance la chronique de week-end, en réponse à l'invitation d'Esteban de commenter "Les comédiens", dernière toile de Hopper peinte un an avant sa mort. Pour autant, quelle lecture avoir de cette toile saturée de symboles : le blanc, le théâtre, le rideau de scène, les costumes, les gestes. L’explication traditionnelle, de la dernière toile d’Hopper, le dernier salut ou l’artiste tirant sa révérence, est un peu courte. L’essentiel de la scène est tout de même la présentation de la dame blanche qui s’est toujours effacée derrière l’artiste, alors que lui n’a cessé de la mettre au devant de la scène dans ses peintures.

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Hopper - Deux comédiens - 1966

L’énigme de cette dernière peinture est de trop ressembler à une dernière peinture, dans  cet univers fantomatique qu’est celui d’Hopper. Si, lors de la scène finale est venu le temps du dévoilement, alors peut être que ce sont de véritables fantômes qui nous sont présentés. Ceux qui viennent vous saluer en cette année 2012 ne sont plus là depuis longtemps. Et c’est en pensant à ce futur que n’habiteront pas ceux qui vont se retirer du monde qu’Hopper a peint sa toile. Pas de public en face de cette improbable scène au rideau de verdure. Ce n’est pas un adieu au monde et à la peinture, c’est au contraire l’affirmation de sa permanence, au-delà de l’artiste. Le rire est celui du clown blanc : tragique, parce que la fin est là, et farceur, parce que ce n’est vraiment pas une raison d’en faire tout un plat. Voici la pirouette finale d’un peintre qui ne manquait pas d’humour : « Hé oui, ces personnages rigides qui hantent mes toiles et semblent faire partie du décor étaient bien vivants. Comme vous qui avez parfois la même rigidité qu’eux. Et nous, qui ne sommes plus là, sommes toujours bien vivants, par votre regard, sur la toile. Nous nous présentons grimés mais c’est tout le tableau qui est ainsi grimé. Sous couvert de blanc, de transparence, de déploiements de symboles trop évidents, nous ne dévoilons que nos masques de sourire. Vous pensez que nous vous saluons, mais nos mains se répondent et ne saluent que nous-mêmes. »

Tout cela, au fond, n’est qu’une histoire de couple. L’artiste est heureux de la présence éternelle de la peinture et surtout de sa dame blanche. Alors on se dit que ce tableau, et peut être quelques autres, n’a pas été peint pour nous, mais pour elle.

06/12/2012

Il va falloir s'y habituer

Il n'est pas rare que l'environnement se modifie sans que l'on en prenne véritablement conscience. Si notre propre quotidien n'évolue pas, ou peu, il est tentant de considérer que rien ne change non plus ailleurs. Manifestement les employeurs n'ont pas encore intégré la portée des positions prises par la Cour de cassation en matière de maintien de l'employabilité du salarié. Mais les décisions commencent à s'accumuler et à créer un paysage nouveau auquel il va bien falloir s'habituer, comme devront prochainement s'habituer au mariage gay même ceux qui ne souhaitent pas y recourir (rassurons les, il s'agira d'une liberté et non d'une obligation).

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New-York - 2011

Dans l'affaire jugée le 21 novembre dernier, un magasinier reprochait à son employeur de ne l'avoir formé que 5 jours en trente ans d'activité. La réponse de l'employeur tient en deux arguments : d'une part l'obligation d'adapter le salarié ne m'oblige pas à faire des formations inutiles et la formation de 5 jours était suffisante, et d'autre part le salarié ne fait état d'aucun préjudice résultant de l'absence d'autres formations. Perdu. Lorsqu'un emploi ne nécessite que très peu de formation et qu'il est tenu pendant une longue période, l'entreprise doit permettre au salarié cantonné à des tâches répétitives de préserver une employabilité plus large (C. trav., art. L. 6321-1). Et d'autre part, le fait de ne pas avoir été formé constitue en lui-même un préjudice. On pourra trouver la jurisprudence rigoureuse, elle n'est que la conséquence d'un contenu d'emploi restreint et non évolutif. Et il va falloir que les entreprises s'y habituent car, dans ce domaine comme d'autres, il n'y aura pas de retour en arrière.

Cass. soc. 21 novembre 2012 - Obligation d'adaptation.pdf

05/12/2012

Jésus et les Y

Pour moi, c'est une réunion qui sent la fin d'année. Le genre de réunion dans laquelle on est physiquement présent, mentalement déconnecté et professionnellement attentif autant qu'il le faut. On passe en revue avec quelques responsables RH et managers les projets de formation pour l'année suivante. Du classique que l'on concluera par l'intégration de tous les projets dans une matrice dont l'intelligente conception laissera penser qu'un très gros travail amont a été réalisé et non une simple discussion collective à bâtons rompus. Bref, le quotidien bat son plein ce matin là. Mais quel que soit l'état de somnolence active, certains mots ont des capacités de gratouillements garanties. J'entends soudain un participant proposer une conférence avec un sociologue spécialiste de la Génération Y, à l'attention de tous ces managers qui n'en peuvent plus de gérer ces jeunes zappeurs permanents, oublieux des hiérarchies, statuts et fonctions, travaillant sur le mode relationnel du copain de toujours, investis à fond jusqu'au désinvestissement total dès que "ça les saoule", etc. Bien m'en a pris de tendre l'oreille car elle perçoit que l'on me demande mon avis. Mon état d'esprit se prêtant à la plaisanterie potache, je propose tout de go de contacter Jésus, qui n'est pas un maçon portugais spécialisé dans la gestion des apprentis, mais celui qui le premier, sur la croix, fit le fameux signe Y. Le bref silence qui s'ensuivit me convainquit d'avoir fait chou blanc, et j'enchainai en retournant la question et demandant si l'on était bien certain qu'elle existe cette génération Y.

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Rubens - Crucifixion

S'en suivit un débat plus vif que les échanges précédents, qui me permit de retrouver le calme de l'observation et de constater qu'une participante était en train de téléphoner discrètement, que deux autres consultaient leurs mails, qu'un quatrième envoyait un texto et que deux autres encore pianotaient sur leur tablette numérique. J'en était là de l'observation quand le boomerang de la question initiale me revint sous la forme d'une brusque interpellation : "Et le fait qu'ils soient vissés depuis leur adolescence à des consoles de jeux, ce n'est pas une caractéristique de la génération Y ? nous on jouait aux cartes". La rêverie étant propice à l'imagination, mon esprit n'emprunta pas l'escalier et je pus répondre : "Ils ne sont pas plus vissés à leur console de jeu que vous ne l'êtes avec vos tweets, mails et textos à votre console du Je".  Je vis à quelques hagards regards que certains avaient écouté mais pas entendu, à un sourire qu'il y avait eu une écoute compréhensive et à des mines soudain renfrognées que certains avaient décidé d'oublier aussi tôt ce qu'ils avaient entendu. Du coup, on ne me demanda pas de préciser ma pensée, qui était que les comportements de la présupposée génération Y n'étaient jamais que des comportements contemporains qui touchaient tout le monde, avec la seule différence qu'il s'agit pour les plus jeunes de l'environnement de toujours alors que pour les plus anciens ils se mêlent à d'autres références. Bref, pas de quoi en faire des généralités générationnelles. Mais les catégorisations ayant pour principale vertu de rassurer ceux qui les bâtissent, il fut décidé que Conférence l'on ferait. Mobilisant mon énergie, je notai sur le jour envisagé que je pourrai disposer de ma journée. Vivement la fin de l'année !

04/12/2012

D'un costume, l'autre

Lorsque l'on veut déposséder l'autre de lui même, on lui retire ses vêtements. Soit pour le laisser nu et démuni, soit pour lui faire revêtir un dépersonnalisant uniforme. Hanna Pesut, photographe canadienne, n'est pas animée de ces mauvaises intentions. Elle souhaitait simplement découvrir l'autre côté du couple par l'inversion des vêtements. Le résultat est parfois troublant.

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Pam et Bruce

Mais il peut aussi être drôle.

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Cam et Jill

L'inversion des rôles auxquels vient de se prêter le Gouvernement ne produit pas le même effet humoristique. Il faut croire que le traumatisme suscité par Jospin disant, à juste titre, que l'Etat ne peut pas tout à propos de Vilvoorde, va hanter nos politiques pendant les générations à venir. Car après le volontarisme sarkozyste le plus souvent dénué d'effet, voici un volontarisme présidentialo-gouvernemental des plus confus. Que l'Etat intervienne pour réguler l'économie, trouver des points d'équilibre avec le social, avoir une action incitative ou nationaliser, pourquoi pas, s'il l'estime nécessaire, il est dans son rôle. Mais à devenir l'interlocuteur des employeurs en lieu et place des syndicalistes qui n'en peuvent mais, il prend le risque d'une grande confusion des genres. On ne se trompe pas impunément de costume.

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Mariko et Sam

Va-t-on convoquer toutes les entreprises qui licencient à Matignon ? Menacer de nationaliser à chaque plan social ?  envoyer un Ministre dans chaque site annoncer aux salariés que l'on s'occupe d'eux ? car là est bien le problème. Comme avant le mois de mai, la communication prend le pas sur l'action et surtout sur l'efficacité. Montrer que l'on fait devient plus important que faire, au risque de faire n'importe quoi. Ce n'est pas en enfilant un costume qui n'est pas le sien que l'on agit juste. Et ce n'est même pas sûr que cela amuse la galerie. Et puisque le souvenir de Jospin paraît si présent, osons un rappel : c'est en voulant adapter son action aux sondages et à l'opinion que Jospin a oublié les principes de sa politique initiale et qu'il a ouvert la voie au 21 avril 2002.

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Gina et Claudio

03/12/2012

Tu ne tweeteras point

On sait qu’il est très difficile d’avoir une concentration effective pendant des plages de temps longues. On le sait depuis longtemps, et de manière scientifique. Pour autant, on continue à exiger qu’un élève soit attentif 8 heures par jour, un salarié totalement productif pendant au moins le même laps de temps et parfois beaucoup plus. Peut-on, dès lors, reprocher à un juge de s’endormir pendant un procès  ou d’envoyer des tweets à un de ses collègues pour lui signifier qu’il s’ennuie et qu’il n’écoute plus et surtout pas ce prévenu qui l’agace ? la conversation ayant été suivie par un journaliste, le scandale éclate déclenchant une enquête administrative et la demande du condamné d’être rejugé. Faut-il se féliciter que la faute des juges soient ainsi éventée ?

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Honoré Daumier - Les gens de justice

 Ce n’est pas certain. D’une part parce qu’avant les tweets, les juges se contentaient, si l’on peut dire, de s’échanger plus ou moins discrètement des petits papiers au  contenu identique. La pratique n’est pas nouvelle, seule la technologie a changé. Ensuite parce qu’il est bien hypocrite de penser que les juges ne sont que blocs de concentration pendant tout un procès. Si l’on remet en cause la justice pour un tweet, va-t-on se  mettre à surveiller les assoupissements, abaissements de paupières trahissant le sommeil, les regards rêveurs vers le plafond (réflexion ou absence ?), la consultation des notes (le juge écoute-t-il ou bien lit-il le dossier ? et s’il le découvrait ?) et plus généralement toute activité qui paraîtra parasitaire. Qui le premier exigera que les juges portent un bip signalant le défaut d’attention que des électrodes bien placées sur le cortex pourraient nous signaler ?

Laissons cela. On peut comprendre celui qui fût jugé, on peut regretter l’immaturité numérique des juges, mais pas la peine d’en faire une énième cause d’indignation bouffie de bonne cause et de droit au respect. La justice est rendue par des hommes et des femmes, aux humains comportements et les défauts de la justice sont bien souvent ceux de ses serviteurs. Quelle découverte !

29/11/2012

Le pari de la discussion

Dans la négociation en cours sur la sécurisation de l'emploi, le dernier texte remis par la partie patronale aux organisations syndicales, comporte un volet sur le compte individuel de formation. Vieux serpent de mer qui a déjà traversé bien des eaux troubles mais qui n'a pas, à ce jour, plus de consistance que le monstre du Loch Ness, le compte individuel de formation connaît enfin une esquisse de réalité, même si seuls les principes sont abordés par le projet d'accord et qu'il reste encore bien des questions opérationnelles. Mais le principe qui structure tout le projet n'est pas sans intérêt : calqué sur le DIF, il fait du compte individuel de formation un crédit de temps que le salarié capitalise mais dont il négocie son utilisation en fonction de sa situation. S'il est salarié, avec l'employeur, s'il est demandeur d'emploi avec POLE EMPLOI, s'il entre dans des priorités nationales, avec les pouvoirs publics, vraisemblablement les Conseils régionaux. Sous cette forme, le compte individuel généraliserait la notion de droit négocié, obligeant le titulaire du droit à faire valider son projet par le financeur. Un droit conditionné par la négociation que certains trouveront peu mécanique et donc non garanti, mais dont l'effectivité tiendra à l'intelligence des acteurs et aux formes de discussion qu'ils sauront établir.

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Une discussion à Paris

Certes, les paris sur l'intelligence ne sont pas toujours certains d'être gagnés et ceux sur la négociation comme mode de prise de décision non plus, on peut pour le vérifier se reporter à l'actualité du moment. Toujours est-il que cette invitation à négocier et à rechercher  l'intérêt commun plutôt que de savoir ce que l'on a le droit de consommer, ne constituera un véritable progrès que si ceux qui sont sollicités pour accompagner les projets acceptent d'entrer dans une véritable négociation et ne restent pas figés dans l'exercice unilatéral de leur pouvoir de décision. Et ça, c'est pas gagné.

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28/11/2012

On n'est pas des machines !

Le langage informatique s’est emparé du vocabulaire courant, au point de transformer les individus en computers plus ou moins performants. Lorsque l’on ne comprend pas, on n’imprime pas, lorsque l’on doit se souvenir d’un information importante, il faut la graver sur le disque dur de sa mémoire, lorsqu’on est confronté à un interlocuteur aux références un peu datées, on lui demande d’actualiser son logiciel, ou carrément de le changer lorsque le mode de raisonnement n’est plus adapté à la situation. Quant à celui qui pète un plomb, version Olivier Mazerolles qui tout d’un coup nous lâche qu’il en a ras le bol de commenter des inepties et que Copé n’a qu’à se garder son UMP pourrie, il ne s’agit pas d’un bug, mais d’un phénomène qu’un petit gros barbu a décrit au début du 20ème siècle comme le retour du refoulé, soit un mécanisme psychique et non mécanique. Ces analogies paraissent pourtant naturelles : la mémoire stocke, la pensée traite, la parole restitue, stockage, traitement, impression, la belle machine humaine.

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Ces rapidités et facilités gomment un léger détail : les machines sont inertes, l’individu est vivant. La mémoire vivante de l’homme n’est pas la mémoire vive de l’ordinateur. Aucun souvenir n’est conservé en l’état et n’est donc stocké. Il vit, évolue, se transforme, s’interprète et se revisite. La mémoire n’est pas une boîte à archives dans laquelle les souvenirs jaunissent un peu mais gardent tout de même leur forme initiale. Le souvenir se transforme avec le regard que l’on porte sur lui. L’intelligence, la pensée et plus globalement le fonctionnement de notre cerveau ne peuvent pas plus être ramenés à des opérations logicielles, c'est-à-dire des séquences logiques aux enchaînements programmés. L’interaction avec l’environnement, les émotions, l'ensemble du psychisme consitutent autant de perturbations aléatoires de ce qui pourrait ressembler à de la programmation. Qu'une part de notre individualité relève de la probabilité ou plus certainement encore de l'improbabilité, voilà qui nous distingue de la machine. Il se pourrait même que cette improbabilité et les formes qu'elle revêt soit la source même de ce qui nous différencie de nos semblables. Car contrairement aux machines, si les hommes se ressemblent, il n'en est pas deux semblables. Il va vraiment falloir revoir le logiciel du vocabulaire !

27/11/2012

On n'est pas des bêtes !

Boire sans soif et faire l'amour en tout temps, il n'y a que ça qui nous distingue des autres bêtes.

Beaumarchais

 

Encore une pizza, Pierre-Augustin ?

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Statue de Beaumarchais - Rue Saint-Antoine à Paris

26/11/2012

Le masque du taureau

Il est un mythe dont la longévité paraît éternelle, celui de la durée du travail des cadres. Depuis la loi du 20 août 2008, qui a ouvert le forfait en jours aux non cadres, il n'existe pourtant plus aucune spécificité dans la législation du temps de travail, pour les cadres. Seuls les cadres dirigeants, en qualité de dirigeants, échappent à l'essentiel des règles régissant le temps de travail. Pour le reste, cadres ou non cadres peuvent voir leur durée du travail fixée en heures ou en jours selon leur activité et le droit conventionnel qui leur est applicable. Mais avant 2008, le forfait en jours était réservé aux cadres. Petit malin, du moins le croyait-il, un employeur bombarda cadre un salarié pour lui faire signer dans la foulée une convention de forfait en jours. La Cour de cassation, dans une décision du 21 novembre, censure cet artifice. Etre cadre ne suffit pas : ce qui conditionne le forfait en jours c'est la réalité de l'autonomie. Le masque est insuffisant et celui de taureau ne nous empêche pas de reconnaître Picasso.

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Gjon Mili - Picasso - 1949

 Mais le juge n'a débarassé le salarié de son masque qu'en matière de forfait jours, puisque la condition d'autonomie n'était pas remplie. Pour le reste, le salarié ayant un avenant au contrat qui lui accord la qualité de cadre, l'employeur est tenu de lui verser le salaire et les avantages correspondant. Sous le masque du faux-cadre, le cadre demeure. L'employeur aurait pu s'en douter s'il s'était souvenu que si l'on enlève le masque de Taureau, on voit Picasso et c'est toujours un taureau.

Cass. soc. 21 Novembre 2012 - Cadre au forfait.pdf

25/11/2012

Le sens du vent

Le Figaro publie un sondage démontrant que les salariés sont prêts à faire des concesssions sur les salaires et le temps de travail pour préserver leur emploi. Il faut bien soutenir les demandes du FMI, de l'OCDE, de l'Institut Montaigne, de l'Institut de l'Entreprise, des agences de notation et de quelques autres qui mettent invariablement sur le compte de salariés coûtant trop cher et bénéficiant de trop de congés  le défaut de compétitivité de la France. Et puis, comme ce sont les positions des organisations d'employeurs dans la négociation sur la sécurisation de l'emploi, il faut bien donner un  coup de main aux discussions pour éviter qu'elles ne s'enlisent.

On attend tout de même avec intérêt le jour où le Figaro sondera les actionnaires pour savoir s'ils sont prêts à renoncer à leurs dividendes pour préserver l'emploi ou s'ils sont prêts à investir de manière durable et non à faire du capital-risque sur des portefeuilles d'action. Mais il y a aussi peu de chances que ces questions soient un jour posées, qu'il y en a que ces girouettes fournissent le sens du vent.

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Ce n'est pas le vent qui tourne, c'est la girouette, aimait dire Edgar Faure. Si vous souhaitez que la girouette ne tourne pas, il suffit de lui donner une forme d'avion et de la fixer définitivement au bout d'un mât. Ainsi,vous pouvez avoir l'illusion que le vent souffle toujours dans le même sens. Et même quand ce n'est pas le cas, en ayant ainsi pris vos précautions vous pourrez croire qu'il souffle dans le bon sens, c'est à dire le vôtre. C'est un peu pareil avec le Figaro et ses sondages : le vent souffle toujours dans la même direction et le salarié l'a souvent de face ! Bon lundi à tous.

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23/11/2012

A las cinco de la tarde

Las cinco de la tarde, c'est l'heure à laquelle Ignacio Sanchez Mejias, torero sévillan, se fit encorner le 11 juillet 1934 dans les arènes de Manzanares. Il mourra deux jours plus tard. Federico Garcia Lorca a écrit pour son ami un chant qui lie à jamais l'infini tristesse et la beauté de la vie, l'une et l'autre ne pouvant que difficilement se regarder dans tout leur éclat. Il se pourrait que dimanche, peu après cinq heures, l'Espagne ressemble à ce torero fatigué dont toutes les victoires ne faisaient qu'annoncer la défaite.

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Dimanche, le Conseil Européen entérinera sans doute, avec son budget 2014-2020, que l'Europe s'est déplacée à l'Est et que le Sud doit se débrouiller avec lui-même. Au même moment, les élections anticipées en Catalogne donneront sans doute une vaste majorité, sans qu'il soit nécessaire de recompter les bulletins, aux partis indépendantistes qui poseront sans délai la question d'un référendum pour l'autodétermination de la Catalogne. Il n'est pas certain que ceux qui prônent la transition vers un fédéralisme faisant plus de place à l'autonomie dans une Espagne préservée soient entendus. Si tel était le cas, le torero usé ressemblerait à Don Quijote, courbé sur Rocinante, sa triste jument. Oui, il risque bien d'être cinco de la tarde pour l'Espagne ce dimanche. Sauf si le chant des gitans peut encore constituer une raison de se rassembler. Peut être, en Espagne, faudrait-il réécouter Vicente Pradal, accompagné ici pour chanter une partie du Llanto, de son fils au piano et de sa fille, la belle Paloma, à la voix. Pour ne pas croire au destin et faire mentir les horloges.


22/11/2012

Fixer le prix du temps

On sait chiffrer le temps, que l'homme s'est ingénié à découper en unité toujours plus fines, des siècles aux nano-secondes. Mais sait-on fixer son prix ? le temps est-ce de l'argent ? pas forcément nous répond le Code du travail.  La loi Borloo du 18 janvier 2005, dite de cohésion sociale, a créé un article L. 3121-4 censé résoudre tous les litiges relatifs au temps de trajet, encore faut-il en faire une correcte application comme le rappelle la Cour de cassation dans une décision du 14 novembre 2012. Que nous dit cet article ? en substance que le temps de trajet domicile-travail est du temps personnel et que le temps de trajet entre deux lieux de travail est du travail. Classique. Mais aussi que le temps de trajet entre le domicile et un lieu inhabituel de travail doit, lorsqu'il est supérieur au trajet habituel, donner lieu à compensations en temps ou en argent. A charge pour l'entreprise, à défaut d'accord collectif, de fixer le prix du temps. Le prix, et pas la valeur, car tout ce qui a véritablement de la valeur n'a pas de prix, comme le savait sans doute Hiroshige et peut être encore plus que lui les voyageurs qui empruntaient le col de shiojiri et pouvaient admirer à loisir le Mont Fuji.

Le col shiojiri - Hiroshige - 1856.jpg

Hirosighe - Le col Shiojiri - 36 vues du Mont Fuji - 1856

Dans l'affaire soumise à la Cour de cassation, un formateur demandait le paiement d'heures de trajet pour se rendre sur différents lieux de formation. L'AFPA, employeur, estimait qu'en bénéficiant de jours de congés supplémentaires et de primes de compensation de l'itinérance, le salarié était rempli de ses droits. A tort pour les juges du fond, confortés en cela par la Cour de cassation car les avantages étaient expressément attachés à la compensation de l'itinérance et non au paiement du temps de trajet. Mais la Cour suprême invalide la solution retenue par la Cour d'appel à savoir un paiement du temps de trajet sous forme d'heures supplémentaires. En effet, la loi Borloo précise bien que le temps de trajet n'est pas du temps de travail effectif et il ne peut donc générer des heures supplémentaires. Aux juges donc de trouver la mesure du temps et d'en fixer le prix. Pour favoriser leur réflexion, on leur conseillera un petit tour par les sentiers du col Shiojiri.

Cass. soc. 14 novembre 2012 - Temps de trajet.pdf