29/07/2016
De l'autre côté
Comme Alice, la tentation d'aller de l'autre côté est parfois trop forte pour y résister. Mais que trouve-t-on de l'autre côté ? des grands espaces...
...le miroir et son double...
...l'or du temps, ou quelque chose d'approchant...
...et la preuve que Dieu la bière existe ! Bottom's up !
16:46 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vacances, voyage, alice, wonderland, paysage, photo
24/08/2014
La nature imite l'art
Si j'étais peintre, je gratterai la terre en tous lieux pour toucher ces pigments qui colorent le sol.
Si j'étais peintre, j'abuserai de ces fondus enchaînés de cinéma qui voilent en dévoilant.
Si j'étais peintre, je peindrai des dunes de sable vivantes et des dunes de sable pétrifiées et ceux qui savent regarder en concluraient qu'il n'y a pas de nature morte.
Si j'étais peintre, je regarderai pendant des heures les fonds des toiles de Tanguy pour y découvrir le temps de mille paysages.
Si j'étais peintre, j'aurai envie de mettre de la matière sur la toile.
Si j'étais peintre, je saurai qu'une couleur n'est elle-même que par les couleurs adjacentes.
Si j'étais peintre, je passerai des jours et des nuits à peindre des drapés.
Si j'étais peintre, je serai fasciné par l'eau dans la couleur.
Si j'étais peintre, je saurai que comme en photographie, la couleur c'est de la lumière (l'inverse est vrai aussi).
Si j'étais peintre, mon pinceau serait une baguette magique au bout de laquelle se tiendrait la lune.
Mais je ne suis pas peintre, et comme la nature, j'imite l'art.
23:53 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, peinture, nature, paysage, voyage, photo, couleur
11/08/2014
Vertigo
Le temps géologique est un vertige. Si rationnellement on sait compter jusqu'à 4,5 milliards, éprouver la sensation physique de ce temps longs est une autre affaire. Dans un corps que le temps borne étroitement, comment traduire la durée sinon en acceptant que nous soyons un assemblage atomique momentané, qui fait suite à bien d'autres et en précède d'autres encore.
Le Grand Canyon est une cathédrale du temps et à ce titre il renvoie moins aux pionniers de l'Ouest américain qu'à cet européen old fashion qu'est Marcel Proust pour lequel tout ce que nous voyons n'est que mémoire, y compris l'immémorial.
Mais avec les Américains, peuple sans Histoire mais plein d'histoires, l'entertainment a naturellement pris la place de la mémoire. Aussi n'est-on pas surpris, lorsque l'hélicoptère prend de la vitesse pour raser les derniers arbres de la forêt et accentuer la sensation de vertige lorsqu'il surgit dans l'immensité du Canyon, d'entendre dans le casque les tambours, trompettes, violons et cymbales de 2001 Odyssée de l'Espace.
La démesure du film de Kubrick est à la hauteur du grand sillon tracé par le Colorado au coeur des hauts plateaux de l'Arizona. Et comme le film, le Canyon est un spectacle, une méditation philosophique et une vision hallucinée dont on ressort lessivé.
Mais avant de quitter les lieux, on pourra une nouvelle fois vérifier que la nature imite l'art et que si le temps est un peintre de qualité, les Navajos ont fait mieux depuis.
Après une telle expérience, les habituels feux de forêt estivaux semblent bien anecdotiques, un peu comme une vie à l'échelle du temps.
19:26 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vertigo, grand canyon, ouest, amérique, usa, odyssée, 2001, paysage, nature, temps, proust
16/08/2013
Impermanences
Impressions fugaces à effet durable :
Marcher la nuit dans Harajuku ;
Le port de Nagasaki et ses parfums de comptoir colonial ;
Les Gozaimaaaaaassss lancés à toute occasion et chantés par les voix haut perchés des japonaises ;
Les toris vermillons des temples shintoistes et de la colline des toris à Kyoto ;
L’envie de prendre tous les trains et d’attendre dans toutes les gares ;
La facilité avec laquelle, comme partout, on peut se retrouver seuls ;
Les regards vifs, rapides, qui vous détaillent façon puzzle en prenant soin de ne pas vous regarder ;
Le moine qui nous fit sonner cinq fois la cloche du temple pour tout le quartier, un soir à Nagasaki ;
L’attention permanente et souriante portée à l’autre ;
L’art de la synthèse ;
La beauté des enfants dans un pays où la natalité décline dramatiquement ;
La présence de la montagne et la culture terrienne dans cet archipel qui donna si peu de marins ;
La cloche d’Hiroshima le 6 août à 8h15 ;
L’action-pensée et la pensée-action ;
Les wagons du métro réservés aux femmes à Osaka, pour éviter les tripotages compulsifs ;
Le vieux monsieur qui tient restaurant dans sa cuisine à côté du temple Daitoku-ji à Kyoto ;
L’eau qui coule ;
La présence animale, en tout lieu, à toute heure ;
Les rues de Shinsekai, un dimanche de canicule ;
Les mille et un kilomètres de galeries marchandes couvertes (bazar, luxe, restaurants, étalages, viande, poisson, dégustations, magasins à 100 yens, boutiques à touristes, karaokés, fripes, solderies et tout le reste, et tout le reste) ;
Le romanesque des love-hôtels, qui ont souvent des noms français, dont le très bel hôtel La cachette à Tokyo ;
La commodité de régler sa montre sur le passage des trains ;
La curiosité et l’attention des visiteurs de l’exposition Francis Bacon au Musée municipal de Toyota et particulièrement le regard du paraplégique devant les corps tordus ;
La capacité de la végétation à imaginer de nouvelles nuances de vert ;
La lecture magnétique de Pickpocket de Funimori Nakamura ;
Les corps courbés sur les téléphones portables ;
Les trois générations de japonais engrangeant de petites billes argentées dans le vacarme des pachinkos ;
Les invraisemblables enchevêtrements de fils électriques qui, paraît-il, ne peuvent être enterrés à cause des séismes. En réalité, orgueil de montrer que tout ce bordel fonctionne parfaitement ;
Les démarches chaotiques, en forme de vol de papillon, les pieds en dedans des jeunes filles kawais, le peu de sourires sur les visages des salary men ;
La vieille dame qui riait en nous donnant des poignées de bonbons sur la Yamanote Line ;
Les hôtels Rose Lips et Rose Garden ;
La similitude des corps, la diversité des visages ;
Le shinkansen qui raccourcit les distances, mais aussi le temps. Puisse-t-il raccourcir celui du retour au Japon.
00:07 Publié dans EN PHOTOS, FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : japon, voyage, photo, toris, animaux, portables, cloche, paysage, vert, souvenir, littérature
07/05/2013
Ce qu'il a voulu dire, il l'a dit
Passage à Camaret pour saluer Saint-Pol Roux. Les quatre tours, comme des tombeaux verticaux offrant leur cylindre aux vents marins, ou comme un salut à la radicalité du poète, à sa sereine solitude. Me revient en mémoire l'apostrophe d'André Breton à Rémy de Gourmont, qui avait tenté de dresser un dictionnaire des métaphores et images poétiques de Saint-Pol Roux.
« Il s'est trouvé quelqu'un d'assez malhonnête pour dresser un jour, dans une notice d'anthologie, la table de quelques-unes des images que nous présente l'œuvre d'un des plus grands poètes vivants ; on y lisait : Lendemain de chenille en tenue de bal veut dire papillon. Mamelles de cristal veut dire : une carafe, etc. Non, monsieur, ne veut pas dire. Rentrez votre papillon dans votre carafe. Ce que Saint-Pol-Roux a voulu dire, soyez certain qu'il l'a dit. »
Colonnes antiques d'une cité grecque en pays celte
Je me souviens qu'à l'école, j'ai toujours eu la même réaction instinctive de méfiance devant cette question des instituteurs : "Qu'a voulu dire l'auteur ?". Comme André Breton, j'avais envie de répondre : "Couillon, ce qu'il a voulu dire il l'a écrit !". J'aurai bien voulu que l'instit me dise ce qu'il comprenait du texte, comment il le faisait vivre en lui, quelle leçon il en tirait, s'il vivait différemment après l'avoir lu ou bien si sorti de la classe il n'en restait plus rien. Cela oui m'aurait intéressé, mais quant à s'interroger sur "ce qu'a voulu dire l'auteur", c'était supposer que tout acte d'écrire obéit à une stricte volonté qui assujettit l'expression, autrement dit, ne rien comprendre à la poésie. Quant à Saint-Pol Roux, c'est simple, ses poèmes me donnent envie de rire et de vivre, comme lorsque " le soleil monte faire têter la vie" :
A parler cru, je ne m'emmerde jamais seul
Dieu non plus
Nous sommes au moins deux
18:37 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : saint-pol roux, littérature, poésie, bretagne, camaret, ruines, nature, paysage, andré breton, instituteur, école, texte
12/12/2012
Merci à vous
Il arrive que mes clients me remercient pour mon travail. Pour une note technique, pour une idée nouvelle, pour une information précieuse, pour une analyse pertinente, pour une recherche aboutie, pour une solution pratique à un situation délicate. Il peut également arriver que le client ne remercie pas et s'en tienne à l'échange contractuel : le paiement vaut merci. Il peut se trouver également qu'il n'ait pas envie de remercier. Tout ceci est assez récurrent. Mais cette année aura été marquée par une particularité. Des remerciements, à plusieurs reprises, pour un motif qui en 25 ans n'avait jamais été formulé ainsi. Des remerciements pour avoir apporté de la sérénité.
Shen Zou - Paysage de Chine
A plusieurs reprises, et à mon étonnement renouvelé, les remerciements n'ont pas porté sur le contenu de mon intervention, sur ce qu'elle a permis, mais sur la sérénité retrouvée qu'elle a pu susciter. Ce peut être exprimé de différentes manières : faire retomber la pression, rassurer, permettre la prise de recul, désangoisser, déstresser, calmer, remettre les choses à leur place, mais au final les mots qui reviennent le plus souvent c'est bien d'avoir apporté de la sérénité. La peur aurait elle gagné du terrain ? l'affolement serait-il si présent ? les situations, et les personnes, si vulnérables qu'elles se sentiraient fragilisées à la moindre difficulté ? je n'ai guère d'explications sur la raison de ces remerciements d'une nature nouvelle. Par contre, je sais que l'on ne donne jamais que ce que l'on a, d'une manière ou d'une autre, reçu. Merci à vous.
01:09 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : merci, sérénité, consultant, travail, client, peinture, chine, paysage