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28/11/2012

On n'est pas des machines !

Le langage informatique s’est emparé du vocabulaire courant, au point de transformer les individus en computers plus ou moins performants. Lorsque l’on ne comprend pas, on n’imprime pas, lorsque l’on doit se souvenir d’un information importante, il faut la graver sur le disque dur de sa mémoire, lorsqu’on est confronté à un interlocuteur aux références un peu datées, on lui demande d’actualiser son logiciel, ou carrément de le changer lorsque le mode de raisonnement n’est plus adapté à la situation. Quant à celui qui pète un plomb, version Olivier Mazerolles qui tout d’un coup nous lâche qu’il en a ras le bol de commenter des inepties et que Copé n’a qu’à se garder son UMP pourrie, il ne s’agit pas d’un bug, mais d’un phénomène qu’un petit gros barbu a décrit au début du 20ème siècle comme le retour du refoulé, soit un mécanisme psychique et non mécanique. Ces analogies paraissent pourtant naturelles : la mémoire stocke, la pensée traite, la parole restitue, stockage, traitement, impression, la belle machine humaine.

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Ces rapidités et facilités gomment un léger détail : les machines sont inertes, l’individu est vivant. La mémoire vivante de l’homme n’est pas la mémoire vive de l’ordinateur. Aucun souvenir n’est conservé en l’état et n’est donc stocké. Il vit, évolue, se transforme, s’interprète et se revisite. La mémoire n’est pas une boîte à archives dans laquelle les souvenirs jaunissent un peu mais gardent tout de même leur forme initiale. Le souvenir se transforme avec le regard que l’on porte sur lui. L’intelligence, la pensée et plus globalement le fonctionnement de notre cerveau ne peuvent pas plus être ramenés à des opérations logicielles, c'est-à-dire des séquences logiques aux enchaînements programmés. L’interaction avec l’environnement, les émotions, l'ensemble du psychisme consitutent autant de perturbations aléatoires de ce qui pourrait ressembler à de la programmation. Qu'une part de notre individualité relève de la probabilité ou plus certainement encore de l'improbabilité, voilà qui nous distingue de la machine. Il se pourrait même que cette improbabilité et les formes qu'elle revêt soit la source même de ce qui nous différencie de nos semblables. Car contrairement aux machines, si les hommes se ressemblent, il n'en est pas deux semblables. Il va vraiment falloir revoir le logiciel du vocabulaire !

09/07/2012

Au rythme de la technique

A l'heure où l'on range les minitels dans des cartons qui prendront le chemin de l'oubli dans un coin des caves et greniers, à l'heure où trois ministres se mobilisent parce qu'un opérateur téléphonique a brutalement cesser de relier les conversations entre elles, à l'heure où l'on découvre que nous évoluons au rythme de la technique, prenons le temps du retour arrière. Il y a 25 ans, lorsqu'un client me demandait de manière urgente une consultation, j'avais le temps de l'écrire, de l'imprimer, de la poster et d'attendre qu'elle soit reçue pour en reparler. Un bon rythme. Puis, les clients m'ont demandé de leur faxer le document et me rappelaient lorsqu'ils l'avaient lu. Aujourd'hui ils me demandent de leur envoyer le document par mail tandis que nous parlons et le lisent pendant que nous finissons de parler. A chaque évolution technique, l'homme est un peu plus expulsé du temps de circulation de l'information.

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Le fil qui relie les hommes, ancêtre de l'onde

A ceux qui glosent sans fin sur la génération Y et ces jeunes zappeurs incapables de se concentrer plus de trois minutes sur un même sujet, on rappellera juste que toute génération vit avec son temps, qui n'est pas celui de la précédente. Sollicités de toute part, comment pourraient-ils échapper à la prodigieuse accélération technologique qui nous saisit entièrement ? dans son livre intitulé "La lenteur" Kundera écrit que "La vitesse est la forme d'extase dont la technique a fait cadeau à l'homme". Pas facile dans ces conditions de trouver l'extase dans la lenteur. Essayez quand même, c'est l'été.