12/06/2017
Ça me rappelle quelque chose...
Les résultats des élections législatives m'ont rappelé un épisode des dix ans passés à diriger le Master de Ressources Humaines à l'IGS Toulouse. Sélectionnant les intervenants, j'avais composé une équipe très mixte : DRH, consultants, managers, universitaires, syndicalistes...la sociologie se voulait diversifiée pour mixer les expériences et confronter les étudiants à des visions très différentes de sujets identiques. Pour le cours de politique de rémunération, j'avais retenu le Président de l'Université de Toulouse, expert reconnu du domaine, auteur de nombreuses publications et directeur de nombre de recherches dans le domaine. Son intervention fût un fiasco. Il partit fâché jurant de ne pas revenir devant des étudiants qui ne respectaient rien et surtout pas lui. Je me rendis donc auprès de la troupe qui avait mis en fuite le mandarin. Les explications furent rapides : "Je l'ai eu en licence, il nous refait le même cours, il a rien actualisé, il se fout de nous", "Il répète la même chose depuis des années, il répond pas aux questions", "Il nous a expliqué que les intervenants professionnels venaient raconter leur guerre, mais qu'il n'y a qu'un enseignant chercheur qui peut véritablement enseigner", etc. Je ne leur ai pas donné tort.
Modèle du statut, si présent en France, contre modèle de la compétence. Le statut est un état, la compétence un mouvement. Le statut confère une légitimité qui ne se discute plus, la compétence est sans cesse remise en question. Dans un monde politique où l'on parlait de prime au sortant, la rétribution statutaire en quelque sorte, voilà que le statut pèse comme un boulet et que les situations paraissant acquises sont défaites en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. La notoriété, le passé glorieux, les triomphes anciens, tout ceci peut au final peser peu de poids dans l'ici et maintenant. Si le statutaire recule, est-ce pour autant le modèle de la compétence qui l'a emporté ? cela, il va falloir attendre un peu pour le savoir, car l'expertise, comme on le sait, ne fait pas la compétence.
09:12 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : élections, politique, compétence, statut, igs, formation, travail, éducation
Commentaires
Tout le système social, syndical, politique et administratif français est ébranlé par l'économie de la connaissance et l'Internet. Tout change et ce petit monde n'a plus sa place s'il n'est pas capable de refaire tout le chemin vers le changement, la réflexion et la remise en question de ses statuts et autres attributs de l'ancien régime (avant Macron).
Ce qu'il faut par contre éviter à tout prix c'est de remplacer des dinosaures par de futurs notables qui créeraient système d'ici quelques mois. La révolution (et le pays) sera en marche quand les seules compétences et capacités de changer auront pris le pouvoir.
Écrit par : cozin | 12/06/2017
C'est assez surprenant quand même.
Les enseignements en Licence et en Master ne sont normalement pas de même nature. Dans le 3ème cycle, on est censé travailler sur des sujets très "pointus". Comment se fait-il, dans ces conditions que le professeur en question puisse faire en Master le même cours qu'en Licence ?
Écrit par : bcallens | 12/06/2017
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