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07/12/2015

Un exemple, parmi d'autres

Je dirige un organisme de formation qui travaille dans le secteur de la santé. Mon activité a du sens : professionnaliser tous ceux qui contribuent au bien être d'autrui. J'aime mon travail. Je trouve juste qu'il prend une tournure étrange depuis quelques temps. Tout d'abord, il a fallu que mes programmes soient agréés par un organisme qui ne nous connaît guère, l'OGDPC, mais nous évalue, ou plus exactement évalue les dossiers qu'on lui envoie, lorsqu'il ne les perd pas. Et qui envoie des messages automatiques pour dire qu'il n'a pas les moyens de répondre aux mails qui lui parviennent. 

Après avoir franchi l'habilitation sectorielle, ce qui prend quelques mois tout de même, j'ai du ensuite mettre en place des certifications, sinon mes clients ne pouvaient plus bénéficier des financements issus de leurs cotisations. Pas de problème, j'en ai construit plusieurs. Mais la  CNCP refuse de les examiner si je n'ai pas un parrain. Cela commence à sentir l'Italie.  Les ministères sont aux abonnés absents (on ne peut pas choisir, on ne vous connaît pas...et autres réponses dignes d'un service public), les branches dont je dépends ont soit des conflits paritaires, soit des oppositions syndicales aux certifications non diplomantes, soit des organismes de branche concurrents...soit les trois à la fois.

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Pour les Conseils régionaux, il paraît qu'ils ont autre chose à faire. Moi aussi, il faudrait par exemple que je m'occupe de mes clients, mais il faut quand même que je continue à chercher. Après avoir trouvé et fait inscrire mes certifications à l'inventaire, toujours sur décision d'une commission qui ne connaît que nos dossiers,   il  faut que je fasse le tour des branches professionnelles pour qu'elles prennent mes certifications sur leur liste CPF. Et souhaiter que les décisions paritaires soient  rapides, qu'il n'y aura pas de blocage du dialogue social ou pas d'intérêts concurrents. Puis il faut que je fasse le tour des 13 régions pour avoir également une décision d'inscription sur les listes CPF sinon les demandeurs d'emploi et salariés d'autres branches ne pourront se former à des métiers qui les intéressent. Ou alors j'ai la Rolls, la LNI établie par le COPANEF, mais si j'en juge par la dernière décision, plus de 200 certifications examinées, 9 retenues, c'est pas gagné. Alors je me dis que je pourrai développer des certifications dans le cadre du socle de compétences, mais j'apprends qu'il y a eu 176 candidats et 6 retenus, sans motivation ni explication de la décision, le COPANEF ayant décidé tout seul qu'il avait pouvoir d'habiliter des organismes. Mais je persiste et je vais toujours envoyer mon dossier. 

Et là je viens d'avoir un OPCA en ligne qui m'indique que si je ne suis pas référencé ou certifié, en tant qu'organisme, avant le 1er janvier 2017, je ne serai plus financé. Il paraît que les organismes qui vérifieront mon dossier doivent eux mêmes déposer un dossier pour être référencés comme référenceurs. Je pourrai peut être tenter ma chance...je plaisante, c'est nerveux.  Il me reste donc 2016 pour obtenir une certification, après avoir fait certifier mes programmes, mes formations et mon éligibilité CPF. Je n'ai même pas le temps de me dire que la réforme devait, avec la défiscalisation, nous faire échapper à la bureaucratie et retrouver du sens. Parce que si je ne trouve pas le temps de m'occuper de mes clients, j'échapperai peut être à la bureaucratie de la formation mais ce sera pour mieux me confronter à celle de POLE EMPLOI.

Commentaires

Il n'y a personne qui ait des envies de meurtre par moments...?

Écrit par : bcallens | 07/12/2015

Sans compter que dans toute cette histoire, certains prennent beaucoup de libertés avec loi elle-même...Pente dangereuses, très dangereuse...

Écrit par : bcallens | 07/12/2015

Tant pis pour les fautes d'orthographe...Je ne me suis pas relu et comme je ne peux pas corriger...

Écrit par : bcallens | 07/12/2015

Quand notre président passe quelque part il laisse derrière lui un champ de ruines
La formation en France est plantée pour de très nombreuses années, elle allait mal et on l'a achevée à force d 'improvisations et d'incompétences.
Le modèle des gens qui sont au pouvoir c'est l'URSS (sans le rideau de fer il est vrai). L'URSS a implosé comme implosera le socialisme français.

Écrit par : cozin | 08/12/2015

Dans les ténèbres de la Réforme, il y a un point de lumière qu'émet l'agrément aux Titres Professionnels. La démarche, même si elle ne peut répondre toutes les problématiques de certification des prestataires, a pour qualités d'être relativement simple, rapide et peu onéreuse. Ceci n'est pas une idée juste pour positiver une réforme néfaste, mais le résumé d'actions concrètes conduites en 2015 par de petits organismes de formation.

Écrit par : Olivier RICHAUD | 09/12/2015

Au passage, rappelons tout de même que ce ne sont pas les organismes de formation qui sont "certifiés"...

Écrit par : bcallens | 10/12/2015

@olivier : très bonne suggestion, même si les titres du ministère du travail ne couvrent pas tous les domaines.
@bcallens : si, à partir de 2017 ce seront bien les organismes de formation qui seront certifiés.

jpw

Écrit par : jpw | 10/12/2015

@ jpw "si, à partir de 2017 ce seront bien les organismes de formation qui seront certifiés."

J'ai peut-être raté un épisode : quel texte ?

Écrit par : bcallens | 10/12/2015

@bcallens : cf. décret qualité du 30 juin 2015

Écrit par : Olivier RICHAUD | 10/12/2015

@olivierrichaud

Oui, mais ce texte n'utilise pas le terme de "certification"...(sous réserve de l'article R 6316-). Mais bon, cela pourrait s'y apparenter (un gros contentieux en perspective tant les critères sont flous).

Écrit par : bcallens | 10/12/2015

Bonjour à tous,

Le terme de "certification" m'apparaît inadapté si l'on entend le généralisé à l'ensemble des OF.
En effet, le décret n° 2015-790 du 30 juin 2015 relatif à la qualité des actions de la formation professionnelle continue ne conduit certainement pas à rendre obligatoire la certification pour toute entreprise entendant continuer à exercer une activité de formation financée à partir de fonds publics ou paritaires.
La certification (comme la labellisation) est simplement l'une des voies ouvertes aux OF pour bénéficier de la présomption simple qu'ils remplissent les 6 critères posés aux R. 6316-1 *.
Reste que l'immense majorité des OF n'est pas titulaire à ce jour d'un des labels ou certifications susceptibles d'être retenus par le CNEFOP (ISO, OPQF, Certif LR...) et une très large part n'aura ni les moyens, ni le temps d'en obtenir un entre la date de publication de la liste CNEFOP (printemps 2015 ?) et celle de mise en application de ce décret (aujourd'hui fixé au le 1/1/17)
C'est pour cela que, répondant à la commande expresse du COPANEF et du FPSPP, les OPCA, OPACIF et FONGECIF sont en train de réfléchir à un filet de sécurité commun qui vise - dans un souci de coordination et d’homogénéisation - à ne pas exclure de ce marché les OF non certifiés ou labellisés. Ce tronc commun d'indicateurs de qualité chercherait à devenir une première brique partagée de réponse aux attendus du R. 6316-2-1° .
Mais en aucun cas il n'est question de conduire à une quelconque "Certification OPCA", la règlementation n'évoquant qu'un référencement.

Cordialement

* Cette présomption simple est toutefois susceptible d'être questionnée non pas ex ante mais à l'occasion du contrôle a posteriori ou in situ du service rendu par le financeur.

Écrit par : Gerland | 11/12/2015

Bonjour,

Ce qui fait penser à une "certification" (terme que le décret n'utilise pas) est l'inscription du prestataire de formation sur un "catalogue de référence", inscription qui se fait (pour ceux qui précisément ne disposent pas de certifications ou labels particuliers l) par les organismes financeurs à la suite de "procédures internes d'évaluation" (R6316-2).

Il est vrai (et je retire un peu ce que j'ai dit plus haut, ma réaction venant du fait que le décret n'utilise pas le terme "certification") que si on pousse le texte au bout de sa logique, c'est même d'agrément dont il faudrait parler dans la mesure où l'on est en présence de critères qui laissent une assez grande marge d'appréciation. Critères qui par ailleurs, sont davantage des critères de qualité des formations que des critères de qualité des organismes...

Écrit par : bcallens | 11/12/2015

Au passage, signalons que le texte parle de "prestataire" de formation et non d'"organisme" de formation...Un prestataire de formation peut être une personne physique ( les consultants formateurs indépendants ne sauraient être exclus du processus bien que je pense que pour eux, c'est quand même un problème) ou une personne morale (association ou société).

Écrit par : bcallens | 11/12/2015

@Bcallens

Les modalités me semblent pouvoir être modulées pour les personnes physiques à l'instar de ce qui est mis en place en région Languedoc-Roussillon pour la certification "Certif LR":

http://professionnels.atout-metierslr.fr/fr/la-demarche-qualite-certif-lr/charte-qualite-regionale-mode-d-emploi/c-10.html

Écrit par : Gerland | 11/12/2015

@Gerland

Intéressant...Mais initiative très "localisée" quand même.

Écrit par : bcallens | 11/12/2015

On peut jouer sur les mots ; certification, labellisation ou référencement, mais dans tous les cas il s'agira sur la base de la production d'un dossier (voire plus selon les labels) d'une décision par un organisme tiers qui permet d'accéder ou non aux financements. Et je ne vois pas très bien ou sera la différence entre le référencement OPCA et le label de premier niveau que l'AFNOR devrait mettre en place. Et quand on voit les premiers documents produits on peut s'interroger de savoir si l'Etat et les OPCA et le FPSPP ne confondent toujours pas qualité et contrôle.

jpw

Écrit par : Jpw | 11/12/2015

Pour mieux appréhender les travaux en cours, voici une petite présentation faite lors d'une matinée DEFI METIERS:

https://youtu.be/NoQVPcvyEJk

Écrit par : Gerland | 11/12/2015

Usines à gaz administratives qui ne font rien avancer en matière de formation.
Pendant que les organismes remplissent des papiers et des formulaires, ils abandonnent toute réflexion sur la révolution pédagogique en cours.
Ce que ne sauraient comprendre quelques hauts fonctionnaires dans leur bureau qui s'occupent de formation après s'être occupés des cartes grises et avant de s'occuper de la protection du scarabée à 5 pattes de Trifouilli les Oies.
Brestois

Écrit par : Brestois | 14/12/2015

C'est d'ailleurs étonnant qu'un Gouvernement, au sein duquel le Ministre de l'Economie passe son temps à expliquer qu'il faut donner de l'air à l'économie (en faisant sauter les verrous des référencements et des autorisations administratives), continue à pousser de cette manière cette réforme, qui en devient la caricature de ce que la Haute fonction publique française peut faire de pire quand la Politique lui lâche la bride...
Qu'on fixe des règles sur la manière dont les collectivités publiques choisissent leurs prestataires, soit.
Mais qu'on veuille fixer des règles aux agents privés (les entreprises) sur leur façon de choisir les prestataires (eux aussi privés) avec lesquels ils vont travailler, cela m'échappe complètement.
Brestois

Écrit par : Brestois | 14/12/2015

Désolé de l'écrire pour une fois mais ce n'est pas la haute fonction publique qui est responsable du marasme actuel en formation, c'est peut être en partie les partenaires sociaux (pas tous d'ailleurs puisque certains comme la CGT ou la CG-PME n'ont pas signé pour ce texte indigeste) ou le Parlement, mais c'est d'abord le président de la république élu en mai 2012 qui a fait chuter tout notre système éducatif (car l'apprentissage est aussi en chute libre) .

Face à la destruction de l'activité et de l'emploi depuis 2013 (quand on prend des mesures débiles on tue la confiance et donc l'activité) il fallait absolument trouver des "mesures sociales" et positives, ce fut la réforme de la formation : on aura pu prétendre pendant quelques mois qu'on faisait mieux, plus simple, plus intelligent que ce qui avait précédé.

Aucun haut fonctionnaire intelligent ne pouvait douter des résultats délétères de la présente "réforme" (même Sapin a dit qu'on lui prédisait que cette réforme était impossible).
Aujourd'hui ni Macron ni Valls ne peuvent plus rien changer (il serait plus coûteux politiquement d'avouer qu'on s'est trompé depuis 2 ans plutôt que de mentir et de manipuler les chiffres pendant encore une bonne année).

La formation, tout comme l'éducation, c'est la projection dans l'avenir, l'anticipation et la responsabilisation du monde du travail.

Dans un pays qui a construit sa formation sur l'avancement à l'ancienneté et un certain aveuglement face à l'avenir il est difficile de responsabiliser les salariés tout comme leurs employeurs.

Enfin la formation n'est pas détachée du travail, quand le travail va mal (et il fuit de partout en France), quand l'Education nationale ne fait plus son travail la formation professionnelle ne peut tout restaurer.

J'ai publié aujourd'hui la première partie d'un texte sur le deuxième anniversaire de ce funeste ANI du 14/12/2013

http://www.miroirsocial.com/actualite/12712/reforme-de-la-formation-deux-ans-apres-le-pire-est-a-craindre

Écrit par : cozin | 14/12/2015

Bonjour,

Il y a quand même des optimistes ! La preuve :

http://bit.ly/1QAIRHH

Je laisse à d'autres le soin de commenter s'ils le souhaitent. Personnellement, je n'en ai pas le courage.

Cela étant j'ai personnellement le sentiment que même avec la meilleure législation du monde, avec les dispositifs les plus perfectionnés on n'est pas sûr du tout que cela fonctionne.

On se heurtera toujours au problème des mentalités. L'idée d'une formation "tout au long de la vie" ne va pas de soi chez beaucoup de gens...

Écrit par : bcallens | 14/12/2015

Bonjour à tous,
Matinée sur le thème de la Certification cette semaine. Edifiant :au dela de l'inventaire qui depuis son lancement en 2009 n'a rien inventorié jusqu'à cette année, on apprend que les COPAREF sont des structures virtuelles sans aucun moyen, dont les membres (une 40taine de syndicalistes) se réunissent mensuellement pour déterminer quelle formation sera éligible. Je siège dans un CA en temps que partenaire (a)social et quand je vois le degré de compétence technique des gens qui siègent, cela laisse dubitatif (euphémisme pour pantois, désabusé...).
On apprend qu'au 31/10 il y aurait 100 000 CPF accordés dont 75 000 DE pour 25000 salariés. Un rapide calcul tenant compte de la population active concernée par le CPF. Les DE (18%) pour 82 % de salariés = en données corrigées des variations saisonnières comme disait l'autre, 8%pour les salariés pour 92 % de DE.
A qui profite le crime (pardon, la réforme...) ?
Ne soyons pas naïfs, tout ceci était prévu dès le départ, et plutôt que d'incompétence, voyons y cynisme et machiavélisme. A la limite c'est moins insultant pour ceux qui prennent ces décisions car cela démontre un degré de réflexion. Si ce n'est pas ça, alors...
Arrivée massive de fonds privés = + de formations DE = moins de chômeurs pendant les-dites actions de formations = plus de travail pour certains très gros OF (mal en point !) spécialisés dans le actions à destination des DE.
Quoi qu'il en soit, NO PASARAN !
Bonnes fêtes à tous et merci pour vos réflexions et commentaires.
A l'an que ven comme on dit chez moi et gardez le moral.

Écrit par : SYLVAIN | 18/12/2015

Témoignage édifiant des difficultés que la réforme engendre pour les organismes de formation. Quand on voit la liste des formations éligibles sur le site officiel http://www.moncompteformation.gouv.fr/, on est étonné du peu de formations qu'il y a. Difficile d'y trouver ce que l'on cherche

Écrit par : Philippe | 07/01/2016

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