29/05/2017
On avait perdu la clé...
...alors on a quitté les locaux de Robert de Sorbon et on est allé s'installer dans le jardin du Luxembourg, dans un kiosque à musique, à proximité d'une dame qui lisait et que notre irruption n'a pas dissuadé de demeurer là, à lire, pianoter sur son portable, nous écouter et parfois filmer la scène improbable, ou peut-être même l'enregistrer. Elle a alors pu entendre la première question à laquelle les étudiants ont du répondre : "Pour qui n'a qu'un marteau, tout problème a une forme de clou. Quelle est la traduction opérationnelle de cette maxime pour un responsable formation ?".
Vinrent ensuite les questions sur les moyens de déclencher l'appétit de formation chez qui ne l'a pas, les conditions de base de réussite de la formation digitale, les moyens de maintenir le développement des compétences avec moins de moyens, l'évaluation de l'impact d'un cursus de formation managerial ou encore la manière dont les étudiants comptaient poursuivre leur développement professionnel dans les mois et années à venir. Et pour terminer, chacun livra la phrase, ou le mot, qui synthétisait sa vision de la formation. Plaisir d'entendre innovation, challenge, valeur ajoutée à démontrer, le lien entre individuel et collectif, un peu trop d'employabilité à mon goût également, comme quoi l'air du temps imprime sa marque, et la palme du Luxembourg à Marwa : "La meilleure façon d'apprendre à apprendre, c'est encore d'apprendre".
21:59 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT, PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : master, sorbonne, drh, formation, apprentissage, luxembourg, printemps
24/09/2012
Promeneur d'exception
On le regarde passer avec retenue. On irait volontiers lui serrer la main, et le remercier. Mais la discrétion de l'homme impose la réciproque sans que cela ne fasse vraiment débat. Alors on le regarde passer. La silhouette est voutée, le pas un peu traînant. Une poche bleue ballote dans le dos. En haut des marches, l'homme redresse sa stature. En face de lui le Panthéon, il était en première ligne en 1981, à sa gauche le Sénat qui fût son dernier mandat d'élu, devant lui les fleurs de l'été qui rechignent à s'effacer et profitent des dernières douceurs. On a connu des passages à l'automne moins verdoyants aux frondaisons. Le crépuscule attendra, pour l'heure on peut s'abandonner aux charmes de l'instant. Très court instant car sans que la vivacité du regard n'en soit entamée, dans les yeux du passant le passé est très présent.
Il y a de l'émotion à voir Robert Badinter traverser lentement le jardin du Luxembourg. Sourire aux enfants, rester anonyme aux adultes. Qui aime le droit aime, en principe, les principes. Et plus que d'autres, que beaucoup d'autres, Robert Badinter connait la valeur des principes et d'un particulièrement. Celui que la communauté a besoin de droit commun. Et pas de droits d'exception. Que le droit est fait pour rassembler et qu'il faut toujours privilégier la volonté de conserver à la règle son caractère général et ne pas cèder à la tentation du particulier, de la règle d'opportunité, de circonstance ou de reconnaissance des particularismes. La dignité de chacun est d'être traité comme les autres. Ce promeneur du soir là le sait bien qui n'a eu de cesse lorsqu'il était au pouvoir de faire abolir les lois spéciales et supprimer les tribunaux d'exception. On aurait bien besoin, encore, de Robert Badinter. Car un homme attaché à ce point aux principes, de nos jours, c'est vraiment une exception.
00:33 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : badinter, droit, droit commun, gauche, 1981, paris, luxembourg