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30/12/2014

A l'Ouest

Pour clore cette année résolument orientée à l'Ouest, et par empathie pour cette entrée dans l'année 2015 qui doit être celle de tous les changements pour la formation professionnelle, le cabinet Willems Consultant se déplace un peu plus à l'Ouest. L'adresse administrative est, à compter de ce jour, la suivante : 

 

WILLEMS CONSULTANT

31 rue Gauthey

75017 PARIS

Passer de l'écrivain-philosophe Diderot au mathématicien-ingénieur des ponts et chaussées Gauthey pourrait paraître manquer de fantaisie. Ce serait oublier qu'Emiland Gauthey fût le rédacteur d'un Traité de la construction des ponts, sa spécialité, qui fit autorité. Et que pour un consultant, faire des ponts, entre les individus et les organisations, entre les personnes qui souvent s'ignorent, entre des disciplines que personne ne songe à relier entre elles,  conditionne la construction de solutions novatrices. Et après tout, que fait l'expert en génie civil que de traduire en oeuvres très concrètes des théories mathématiques incompréhensibles pour la plupart, comme le juriste bâtit des solutions opérationnelles en sollicitant autant que nécessaire la règle de droit et les théories qui la soutiennent ? voyons donc un signe positif dans ce voisinage nouveau avec celui qui inventa aussi une langue graphique universelle proche de la sténographie. 

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Pour les clients, les rendez-vous concernant les projets gourmands, étudiés, complexes, raffinés, prestigieux, ambitieux, rétros, traditionnels, classiques, pharaoniques ou linéaires, seront donnés au Wepler, déserté par les grisettes qui le fréquentaient du temps d'Henry Miller, encore qu'il faudrait aller y voir de plus près, ce que nous ferons. 

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Pour les clients qui ont des projets créatifs, extravagants, robustes, populaires, fraternels, amicaux, exubérants, téméraires, insolites, joueurs ou perdus d'avance, rendez-vous sera pris au Libre Echange qui invite  à toutes les audaces. 

Et pour tout le monde, rendez-vous l'année prochaine. 

31/01/2013

L'exceptionnel au quotidien

Tous les avocats le savent : l’affaire qu’ils sont en train de traiter avec ce client qui leur raconte sa vie avec force détails est, pour eux, une parmi tant d’autres, mais pour le client c’est la seule. Tous les acteurs de théâtre le constatent : pour ceux qui sont venus voir le spectacle le soir où il a été un peu moins bien maîtrisé, c’est un jugement global qui sera porté (c’est mauvais) et non une appréciation relative (ce soir, ce n’était pas le soir). Les cuisiniers aussi en font l’expérience quotidienne : le service est un ordinaire qui doit se transformer en extraordinaire pour celui qui s’offre une fois l’an un repas d'exception et s’en réjouit des mois à l’avance, ou pire encore pour celui qui, en consommateur blasé de l'exceptionnel, veut toujours plus et mieux et a depuis longtemps oublié la bienveillance. D’un côté des attentes sans limite ou presque, de l’autre côté un quotidien qui menace de basculer à tout moment dans le routinier.

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Restaurant de Jean-François Piège

Comment satisfaire cette perpétuelle envie d’exceptionnel, en sachant que l'on ne peut l’être tous les jours. Assez naturellement si l’on aime ce que l’on fait, si l’on est curieux de ceux à qui l’on rend service et si l’on arrive à préserver une part de jeu dans l’activité. Ces trois ingrédients, et quelques autres dans l'assiette, sont bien présents chez Jean-François Piège. Mais il n'est pas surprenant que dans les organisations où l'un d'eux vient à manquer, il ne reste bien souvent que la souffrance ou la violence face à des exigences sans mesure. L'Enfer c'est les autres disait Sartre, qui n'aurait pas du oublier de préciser que c'est aussi le Paradis.

11/06/2012

Quand c'est pas facile, c'est bon aussi !

Il y a des situations que l'on maîtrise. Elles ne sont pas nécessairement simples, mais on est en confiance. Sûr de sa technique, de ses capacités, de ses émotions. Dans la fluidité et le plaisir de l'action. Dans la beauté du geste. On est tellement bien que l'on se regarde presque faire. Et on apprécie. Plaisirs multiples, impression un peu folle que l'on sait pourquoi on est là, que le monde a sa cohérence, sa logique, son évidence et que l'on en fait partie. Il est des situations dont l'harmonie nous porte et nous conforte. Elles sont belles comme le retour du soleil après l'orage et le  sentiment de calme et de sérénité, au milieu du vent qui houspille les nuages qui traînent, avant que ne se dévoile le grand ciel bleu dans lequel on s'inscrit tout entier.

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Place du capitole - Dimanche 10 juin 2012

Et puis il y a aussi les situations que l'on ne maîtrise pas totalement. Où rien ne se passe exactement comme prévu. Où il faut se battre à chaque seconde, contre tout ce qui résiste bien sûr mais surtout contre soi-même. Car on a perdu la fluidité. On attend en vain que l'autan se lève et balaie le ciel. Aucun souffle ne nous porte. Il faut prendre son envol, mais chaque pied, chaque jambe est comme englué dans la tourbe lourde et pesante. Et pourtant il faut s'y arracher.

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Chaque effort semble être le dernier, mais il y en aura bien d'autres. Ce n'est pas qu'affaire de volonté, c'est très loin du qui veut peut. Pour comprendre cela il faut remonter tout au bout de la condition humaine. C'est le combat originel, la lutte avec l'ange lorsqu'il ne nous reste plus rien, sauf peut être la bienveillance de l'ange.

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A tout instant, on peut avoir le sentiment que l'on y arrivera pas, que cela ne passera pas. Le corps est trop usé, déjà un peu brisé et il faut le solliciter encore. L'envie, la volonté, le désir...on est déjà bien au-delà de tout cela, et les gestes paraissent mécaniques, comme s'ils ne dépendaient plus que de la force d'inertie initiale qu'aucune régénérescence ne viendra relayer. Une fatigue immense se dresse comme un à pic infranchissable. Et puis tout d'un coup c'est fini, et on a réussi quand même.

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On ne sait pas si c'est la joie promise à laquelle on ne pensait même plus, si c'est le soulagement que ce soit fini, si c'est un paradis retrouvé, une lucidité claire comme l'air marin qui est de retour, si c'est parce que tout s'arrête que l'on peut goûter le temps, si l'on retrouve tout d'un coup tout ce que l'on avait perdu et que l'on ne retrouvait plus parce qu'on avait peur de le perdre. On ne sait plus grand chose, on sait juste que quand c'est pas facile, c'est bon aussi.

07/01/2012

Envie d'été

C'est là, maintenant. Lorsque la grande descente dans le tunnel de la nuit s'est achevée et que les jours commencent à rallonger. Quand est retombée l'excitation/agitation des fêtes de fin d'année qui s'entremêlent à d'autres souvenirs. Lorsqu'elles ne sont plus d'actualités. On sait que le froid est encore à venir, on le souhaite même, pour être certain que l'hiver est bien en train de passer. Mais ce dont on a envie c'est l'été.

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Portée par le début d'année, par ce commencement qui impulse le mouvement qui aboutira à ce temps immobile et enfin déployé qu'est l'été, l'envie d'été est comme une germination précoce. Comme le goût du vin que l'on approche de ses lèvres, comme le plaisir de faire le marché avant de cuisiner. L'envie d'été est la cristallisation de toutes les envies. Elle a des couleurs de Garonne, des odeurs de table, des plaisirs alanguis. C'est l'envie d'été qui nous fait encore plus apprécier le froid de l'hiver et ses week-ends pluvieux. L'envie d'été ne se suscite pas, elle ne se quémande ni ne se demande, il suffit de la laisser venir.

26/12/2011

Paresse

En 1928, Paul Morand s'embarque à Marseille pour Dakar et traverse l'Afrique Occidentale Française. Pour cet occidental français, l'Afrique s'offre comme il convient à tombeau ouvert et tous sens aux aguets. Pendant le voyage, il prend des notes, il écoute, il observe, il découvre, il écrit. Notamment ceci dans le récit de son voyage intitulé Paris-Tomboctou : "Il faut à un indigène, me dit-on, quarante cinq jours de travail pour se nourrir pendant un an. Pour qu'ils travaillent davantage, il est nécessaire, hélas, de leur "créer des besoins"". Et oui, moins de besoin, moins de travail, moins d'emprunt, moins de dette et plus de vie. Moins égale plus, l'équation ne peut être comprise que dans le Sud.

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Georges Barbier - La paresse

 

Et de Morand, un peu plus tard, cet éloge de la paresse que ne renierait pas l'autre Paul, le gendre de Marx et auteur du "Droit à la paresse". Extrait de Tendres Stocks : "Après dîner, tout le monde admit que le goût du travail n'existe plus. On s'attendrit sur la vague de paresse, sans penser que grâce à elle il y a des assassins qui ne peuvent se tirer du lit pour aller tuer, des cambrioleurs qui s'attardent aux plages, laissant passer la saison des fractures, et des invertis professionnels qui plutôt que de se rendre où le métier les appelle, préfèrent rester chez eux, le soir, à jouer aux dominos avec leur femme et leurs gosses. Et les espions ?".

Dans cet entre deux fêtes, vous pouvez donc sans culpabiliser vous livrer à la paresse, c'est à dire à une foule d'activités qui ne seront pas des besoins mais du plaisir.  Bonne semaine.

11/01/2011

Entre deux mondes

Les sondages contradictoires se succédant frénétiquement, on ne sait si le travail est un plaisir ou une souffrance, ou si dans une subtile dérive masochiste il parvient à cumuler les deux au plus grand profit des intéressés consentants et pour le plus grand malheur de ceux qui ne sont ni intéressés ni consentants.

Mais ce qui retient l’attention dans l’analyse des risques psycho-sociaux, c’est l’approche exclusivement endogène du problème. Soit avec l’œil du psychologue qui voit des pervers narcissiques derrière chaque manager qui a quelque goût au pouvoir (il y prend plaisir : c’est pas une preuve ça ?), soit avec l’œil du sociologue qui s’alarme des réorganisations perpétuelles (et des organisations matricielles, fonctionnelles, par projets, par objectifs, par business unit, par centre de profit, de coût, de production,…n’en jetez plus vous avez déjà jeté les salariés lessivés avec l'eau de vaisselle), soit encore avec l’œil du technophile qui mesure l’accroissement exponentiel de la vitesse de circulation de l’information et en déduit très froidement et rationnellement que l’homme évoluant moins vite que la technologie, il ne devrait pas tarder à imploser.

Oui bien sur, et au-delà commence la vie privée. Mais dans cette perspective, n’oublie-t-on pas l’individu, entre le monde de lumières de l’entreprise et les zones d’ombres de la vie privée ?

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Ellen Kooi - Velsen-Lampes - 2008

Donner le travail comme cause exclusive du mal être au travail supposerait que chacun vive heureux et épanoui dans sa vie personnelle avant d’être frappé par le marteau du travail sur l’enclume de sa vie professionnelle. Or, le mal être est parfois un produit d’importation que l’on trouve dans la sacoche du salarié et qu’il mastique au travail avec l’entrain du ruminant qui a découvert une usine à sandwiches. Et à propos de nourriture, gageons que le succès des émissions TV culinaires de tout poil, s'il  a un sens, témoigne peut être d’un besoin de convivialité que le salarié ne trouve pas, ou moins, au travail, mais qui génère d’autant plus de frustrations que ce besoin n’est pas satisfait par ailleurs.

On ne demande certes pas, mais vraiment pas, aux entreprises de gérer la vie privée des salariés. Simplement de se souvenir que l’entreprise n’est pas un monde coupé du monde.

25/11/2008

Plaisir au travail

Suicides au travail, mal-être, stress, souffrance…telle semble être l’actualité du travail. Au début du 21ème siècle, le travail-aliénation aurait donc pris le pas sur le travail libérateur et émancipateur. Ne doutons pas que le sinistre « Arbeit macht frei » des camps de concentration n’ait durablement rendue tabou l’idée de faire du travail une source de liberté ou de plaisir et non de contrainte ou de souffrance.

Dans l’entreprise elle-même le travail est peu souvent présenté de manière positive : renvoyé à des objectifs, à des processus, à des résultats, à des livrables, ….le travail n’est guère mis en valeur.

Prenons les entretiens d’évaluation : atteinte d’objectifs, projets de l’entreprise, projets du salarié (satané obligation de se projeter qui contribue à déposséder le salarié du présent) mesure de la compétence,… quantification et objectivation règnent en maîtresses sévères.

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Matisse - Le bonheur de vivre - 1905-1906

Quelle entreprise osera introduire le confort et le plaisir dans la discussion : confort au travail plutôt que sécurité au travail, confort dans les fonctions plutôt que capacité à maîtriser le poste, plaisirs à rechercher plutôt que projets à envisager, plaisir du résultat obtenu plutôt que sur-performance ou sous-performance, plaisir au travail plutôt qu’implication. Propos de doux rêveur ? c’est que l’époque doit s’y prêter !