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21/02/2016

Un pour tous...

Des générations d'étudiants ont pu le constater, si Jean-Emmanuel Ray n'a pas le compliment particulièrement facile ce n'est pas par principe mais par souci de justice : les bravos, il faut les mériter. Alors quand à l'occasion d'une remise de diplôme il salue la "Dream Team", LA promotion qui l'aura marqué entre toutes, celle qui n'a procuré que du bonheur aux intervenants pendant une année et qu'il se déclare admiratif de la manière dont le collectif a fonctionné, c'est qu'il s'est passé quelque chose. Ce que je confirme sans réserve. Oui, mais quoi exactement ? 

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Amphi Descartes à la Sorbonne, vendredi 19 Février

Pendant les dix ans durant lesquels j'ai eu le plaisir de travailler avec le Master RH de l'IGS de Toulouse, il y avait également eu "La promo du Siècle". Et le miracle de cette alchimie qui se produit, ou pas, parce qu'à un moment donné de fortes personnalités insufflent à un groupe un esprit, une attitude, des comportements qui inscrivent tout le monde dans une logique collective qui loin de gommer les individus les pousse au contraire à se sublimer sans que chacun ne le perçoive comme une compétition concurrentielle mais davantage comme une émulation coopérante. La qualité de l'interaction entre chacun et le groupe permet, au final, à tous d'aller un peu au-delà d'eux mêmes. Et bien évidemment le résultat est là : en terme de confiance, d'aptitude, de compétence, c'est tout bénéfice pour chacun. Les emplois et responsabilités obtenus par ces jeunes gens en sortie de leurs études en témoignent d'ailleurs assez largement. Mais au-delà même de ces résultats immédiats, c'est la maturité joyeuse d'un groupe qui fait plaisir à voir. Et s'agissant de plaisir, celui de constater que la bonne humeur est une solide alliée de la performance. Bonne route à tous !

31/08/2013

Le respect, non merci, la dignité...

En France, le respect est sur toutes les lèvres. Au Japon, pour ce que j'ai pu en comprendre, jamais. C'est que le respect est une demande : l'autre doit me respecter. Pour ce que je fais, mais aussi pour ce que je suis. Le respect est une demande qui s'adresse à autrui. Au Japon, exiger quelque chose d'autrui est grossier. C'est pourquoi le respect n'existe pas. Par contre, la dignité est omniprésente.

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La dignité, c'est faire le choix de mettre ses comportements en cohérence avec ses idées, ses valeurs, ses principes. C'est ne pas transiger avec soi-même. Cela ne dépend jamais d'autrui, cela n'oblige que soi, ce qui impose une difficile lucidité, sans narcissisme ni cynisme. Car contrairement à ce que l'on entend ici, fondamentalement, il n'y a que moi qui puisse attenter à ma dignité.

04/05/2013

Groupé pénétrant

Au rugby, cela s'appelle aussi une cocotte ou une tortue. Le terme officiel c'est "maul". C'est pourtant un truc pour les durs. De l'extérieur, c'est un joyeux bordel plus ou moins organisé. De l'intérieur, c'est éminemment technique, tant pour l'équipe qui avance que pour celle qui tente de défendre. Très difficile d'ailleurs la défense : interdit de faire écrouler le maul, interdit d'entrer par les côtés, obligation de poussser droit, le seul moyen de récupérer le ballon est soit de bloquer le maul, soit d'empêcher toute libération de balle, par exemple en ceinturant à deux le porteur du ballon. De ce fait, c'est extrêmement efficace, outre que c'est un moment de plaisir pour les spectateurs lorsqu'ils voient cette chenille de presque dix-huit mètres sans chapeau sur la tête avancer inexorablement telle un piston hydraulique.

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En créant des actions de groupe, ou class action, dans le secteur de la consommation, le Gouvernement met à la disposition des consommateurs et des organisations qui les représentent, une forme d'action sur laquelle il est tout aussi difficile de défendre que sur un maul. Mais si elle est nouvelle en matière de consommation, l'action de groupe est déjà ancienne en matière sociale. En effet, il est admis de longue date qu'une organisation syndicale puisse agir devant les prud'hommes au nom de dizaines, voire de centaines de salariés qui lui ont donné mandat. Le collectif ainsi constitué est certes considéré comme un ensemble d'actions individuelles, il n'en reste pas moins que sa puissance est sans égale et que ces actions collectives sont redoutables pour les employeurs. Peut être d'ailleurs la publicité faite à ces mesures nouvelles redonnera-t-elle quelques idées aux syndicats, seuls habilités à agir dans le champ social. Surtout que le fait d'être prévenu n'est pas d'un grand secour aux défenseurs !

28/06/2012

Personnel et collectif

Le raisonnement binaire par opposition est tellement fréquent (blanc ou noir ? thé ou café ? droite au gauche ? émotionnel ou rationnel ? Paris ou Province ? mer ou montagne ? slip ou caleçon ? viande ou poisson ? et l'on en passe...) qu'il est réjouissant de constater que les opposés peuvent également s'exprimer sans se nuire mais tout au contraire en jouant vis à vis de l'autre le rôle d'exhausseur de goût. Hier soir, Cécilia Bartoli, cette quintessence de l'Europe dans ce qu'elle a de plus joyeux dans le plaisir et le goût de vivre, donnait un récital dans le Théâtre Royal du Chateau de Versailles. Il y a 15 jours, au même endroit mais dans la Galerie des glaces, elle chantait Haendel. Beaucoup de cantatrices peuvent vous faire ressentir la grâce, Cécilia Bartoli va au-delà. Elle use de la liberté que lui confère son exceptionnelle technique pour jouer de sa voix, de son corps, de ses yeux, de ses tenues. Vous avez l'impression qu'elle regarde individuellement chacun des spectateurs présents. Le lieu ne l'impressionne pas qui devient sien dès qu'elle y pénètre. Impossible de ne pas être porté et emporté. Le plus admirable est cette manière d'exercer de manière toute personnelle son art : ce que vous voyez, vous êtes persuadé de ne jamais l'avoir vu auparavant.

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Crédit photo : Italians do it better

La manière dont Cécilia Bartoli associe la salle et les musiciens à sa toute personnelle manière de chanter est déjà une éclatante démonstration que l'individuel et le collectif ne s'opposent guère que chez ceux qui le veulent bien. Mais il y a autre chose. A la fin du concert, tandis que les spectateurs quittaient déjà la salle, les musiciens se sont regardés puis se sont embrassés en se remerciant. Comme l'on remercie à la fin d'un travail collectif tous ceux qui y ont participé. Comme un formateur ou un enseignant pourrait remercier à la fin de chacune de ses interventions ceux qui ont partagé ce temps de travail. Comme l'on remercierait tous ceux qui font l'effort de participer à un collectif et d'y exprimer leur personnalité sans que cela n'ait besoin de se faire au détriment d'autrui. Cécilia Bartoli, ou l'exhausseuse d'énergie.

03/11/2011

Du collectif et de l'individuel

Le plus souvent, les expositions d'arts plastiques ressemblent à des assemblages un peu patchworks : les oeuvres que l'on a pu rassembler sont présentées suivant leur chronologie, parfois leurs thématiques. Au final, plusieurs dizaines d'oeuvres font une exposition. Au Palazzo Fortuny, à Venise, se tient une exposition intitulée TRA, comme à travers, et sous-titrée Edge of becoming, soit quelque chose comme "Au bord du commencement" ou "A la lisière du devenir". Dans le décor baroque du palais qu'habita Mariano Fortuny et qui abrite encore certaines de ses oeuvres, sont installées les créations de près de 300 artistes, comme dans un cabinet de curiosités.

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L'exposition s'étend sur quatre niveaux, chaque entrée dans une pièce procurant un sentiment de dépaysement nouveau, dans une grande familiarité qui vous conduit à penser : "C'est ici, et ainsi, qu'il faut vivre". Les portes sont très présentes et  vous ouvrent plutôt qu'elles ne s'ouvrent.

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Mais le plus étonnant, le plus rare, est la manière dont toutes les oeuvres rassemblées se subliment les unes les autres sans que leur singularité ne s'en trouve diminuée. L'exposition est une oeuvre dans son ensemble, dont chaque partie est une oeuvre magnifiée. Ainsi cette robe aux plumes de paon éclaire l'atelier de Fortuny tout en étant mise en valeur par les peintures murales qui l'entourent.

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L'exposition TRA fournit à qui en douterait, la preuve définitive que le collectif et l'individuel ne s'opposent pas, bien au contraire. D'une manière stupéfiante, l'on peut constater que des oeuvres d'une très grande diversité, depuis un torse de bouddha en passant par de l'art minimaliste ou conceptuel, des peintures religieuses du grand siècle ou des expérimentations visuelles et sensorielles contemporaines, peuvent non seulement dialoguer mais produire une oeuvre plus grande encore tout en prenant chacune une nouvelle dimension. Comme quoi l'individuel et le collectif peuvent être chacun au service de l'autre pour le profit de tous et notre plus grand plaisir. Et l'on se dit que l'on enverrait bien quelques dirigeants et managers faire un tour chez Fortuny, qui sait, peut être que l'esprit des lieux...

31/08/2009

Apprendre collectivement

L’Etat consacre plusieurs millions d’euros à la garde individualisée des enfants, mais laisse aux collectivités locales et aux CAF le soin de financer les crèches. En matière éducative, la même logique conduit à affecter des moyens à l’aide individualisée aux élèves plutôt qu’à la réduction des effectifs en classe, qui favoriserait les pédagogies différenciées. Comme en d’autres domaines, l’individualisation demeure le reflexe, le collectif n’ayant vraisemblablement pas bonne presse. Il est vrai que, comme l’illustre le petit neveu de Watteau, le préceptorat peut avoir ses charmes et du charme.

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Watteau de Lille - Petite maîtresse et son précepteur

Il pourrait tout de même être fait quelques liens entre des actualités qui paraissent appartenir à des mondes différents. Les partenaires sociaux ont défini, dans l’ANI du 7 janvier 2009, un socle de compétences. Le projet de loi de réforme de la formation professionnelle retient de ce socle de compétences deux compétences clés : apprendre à apprendre et travailler en collectif. L’apprentissage en groupe ne permettrait-il pas de réunir ces deux objectifs et de développer ces deux types de compétences ? si le vieux Freud avait raison, «tout se joue dans les trois premières années », il y a urgence à ouvrir des crèches éducatives !

12/12/2008

Le grand écart

Le DRH n'est pas une danseuse, et pourtant il lui est plus que jamais demandé de faire le grand écart. La jambe droite doit aller dans le sens de la gestion budgétaire, du business partner, des réductions de coûts, de l'optimisation des moyens, de l'accompagnement de la performance économique, de la maîtrise des dépenses, de la gestion des tableaux de bord, de la mise en place d'outils financiers de pilotage des ressources humaines, du maintien du couvercle sur la marmite pour éviter les explosions sociales, de la gestion juridiques envisagée uniquement sous l'angle de la gestion des risques. Pendant ce temps, la jambe gauche, celle du coeur, doit donner du sens, créer du collectif, développer les individus, créer de la compétence, donner du confort de travail, préserver la santé des salariés, faire du droit un outil de créativité et de structuration des pratiques manageriales, construire un dialogue social constructif  et faire du travail un plaisir. A ce stade d'écartèlement, difficile d'assurer une marche cohérente.

 

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Ivan Messac - Le grand écart (partie du tryptique - portrait de Maiakovski)

Le DRH est-il donc condamné à la schizophrénie ? doit-il nécessairement choisir et regrouper ses jambes sur un seul objectif ? peut-il parvenir à marier les contraires ? Si l'on envisage une sortie par le haut à ces questions, on peut envisager que le DRH prenne son bâton de pélerin pour faire (refaire) un vrai travail de terrain, ne renvoie pas aux managers le soin d'être les premiers RH, imagine des process qui partent du plus petit collectif agissant qui est une échelle à laquelle le collectif ne s'oppose pas à la valorisation des personnes....bref remette l'ouvrage sur le métier et, quarante ans après mai 68, considère qu'il demeure essentiel que l'imagination soit au pouvoir.

25/09/2008

Individualisation, le reflux ?

L’individualisation est une tendance générale dans les sociétés occidentales, à laquelle les ressources humaines n’échappent pas. Besoin de reconnaissance, affirmation de l’individu, reflux des systèmes de contrainte sociale, anomie mettant à mal les repères collectifs, besoin de liberté…les sources du mouvement sont multiples. Dans une étude récente concernant les cadres, Sophie Pochic, chercheuse au CNRS dément le malaise général des cadres qui expriment plutôt de la satisfaction sur leur contenu d’activité et leur autonomie. Par contre, elle note une montée très forte d’un besoin d’équité et d’une gestion plus collective, signes d’un ras-le-bol de l’individualisation poussée très loin. Au même moment, on s’interroge y compris au plus haut sommet de l’Etat sur le rôle des bonus individualisés dans la crise financière actuelle.

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Individualisation des sièges dans la station Étienne Marcel - Photo : Gilles Paté

Toutes les études sérieuses réalisées sur le sujet montrent que l’efficacité d’un collectif n’est pas la résultante d’une gestion purement individuelle des compétences en son sein et que la concurrence interne poussée trop loin peut nuire à la productivité d’un groupe. Si l’on comprend que le collectif fait peur, car moins facile à gérer que l’individu isolé, on peut quand même encourager les organisations à réfléchir sur l’identification des collectifs agissant, c’est-à-dire sur les situations clés de coopération productrices de valeur ajoutée. Le plus petit collectif coopérant peut être un dénominateur commun de la performance de l’organisation.