02/04/2015
Les risques du métier
On a beau savoir que l’actualité est une dictature, on aimerait parfois que nos gouvernants parviennent à s’en abstraire. Hélas, ils paraissent s’y soumettre chaque jour davantage.
Après l’emballement sur le contrôle de la santé mentale des salariés (voir chronique du 1er avril, qui n’était pas un poisson), voici ouverte la chasse aux enseignants soupçonnés de pédophilie et une ministre qui se félicite des signalements spontanés (on appréciera la litote pour ce qui relève de la délation) qui parviennent à ses services. Car en ce domaine, comme bien d’autres, il serait bon de ne pas oublier le droit. Que nous dit-il ? que le juge peut prononcer une interdiction, au vu des faits commis par l’accusé, d’exercer une activité en relation avec les mineurs. Et que de telles condamnations sont inscrites au casier judiciaire et accessibles aux administrations ainsi qu’à certains employeurs privés (les crèches par exemple ou les écoles privées).
Dès lors, les questions sont les suivantes : est-ce qu’une condamnation a été prononcée interdisant une activité avec des mineurs ? Si non, de quel droit licencier le salarié ? celui d’un principe de précaution généralisé qui justifierait n’importe quel arbitraire ? et si une telle peine a été prononcée, il appartient aux administrations et entreprises concernées de demander de manière régulière un extrait de casier judiciaire à leurs salariés. Car la responsabilité des salariés envers des tiers pour les actes commis dans le cadre de leurs fonctions incombe à l’employeur. Le Conseil d'Etat a eu l'occasion de rappeler tous ces principes dans une décision récente (4 février 2015), et notamment qu'il doit être démontré en quoi le comportement sanctionné est incompatible avec les fonctions. A considérer toute situation au prisme de la seule émotion, on est certain que l'on fera du mauvais droit et au final que l'on rendra une piètre justice. La Ministre pourrait, à l'occasion, y réfléchir.
00:05 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES, DROIT DU TRAVAIL | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : éducation, nationale, pédophilie, enseignant, justice, équité, social, politique
19/05/2014
Quelle cachette ?
Discussion avec un enseignant-chercheur :
"Pour nous la disparition de la déclaration 2483 ce n'est pas une bonne nouvelle car nous allons manquer de chiffres pour analyser l'effort de formation des entreprises...
- mais cette déclaration est déconnectée des coûts réels et absolument pas fiable tant chaque entreprise déclare de manière différente...
- peut être mais au moins nous avons des séries sur plusieurs années..."
Discussion avec un autre enseignant-chercheur :
"Je suis en train de mener une étude sur l'impact du dialogue social sur la formation et la GRH...
- Très intéressant ! et est-ce que vous allez aborder l'impact du paritarisme de gestion, et des OPCA, sur la négociation ?
- Ah non, nous travaillons avec les données existantes..."
On connaît l'histoire du type qui cherche ses clés sous le lampadaire parce que c'est le seul endroit éclairé. Et bien avec des recherches de ce type, qui seront bien évidemment présentées comme scientifiques et donc établissant des vérités garanties vraies, on est pas sorti du halo du lampadaire. L'hôtel La cachette ne craint donc rien et il a bien raison de s'afficher.
01:14 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : enseignant, chercheur, recherche, scientifique, étude, travail, emploi, formation, hôtel, cachette
25/05/2010
Peut-on tout dire en formation ?
Les formateurs prennent souvent la précaution d'annoncer en début de session : tout ce qui est dit ici est confidentiel et ne saurait être rapporté à l'extérieur. Liberté de parole donc. Tout échange en formation suppose-t-il, voire impose-t-il, que le secret soit la condition de la confiance et que chacun s'engage au silence ? prononcer le voeu serait ainsi la marque de la déontologie du formateur. Le secret qui nous lie est le garant de notre liberté.
00:35 Publié dans DROIT DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : formation, pédagogie, formateur, enseignant, secret, discrétion, rodin
04/06/2009
Enfantin
Le référentiel a été publié au mois de mai 2009. Il comporte dix domaines de compétences :
Agir de manière éthique et responsable ; Maîtriser la communication orale dans son contexte professionnel ; Maîtriser les connaissances métier et avoir une bonne culture générale ; Concevoir et mettre en œuvre ses activités ; Organiser le travail et son environnement de travail ; Prendre en compte la diversité des interlocuteurs ; Evaluer les résultats de son activité ; Maîtriser les TICE ; Travailler en équipe et coopérer avec les partenaires ; Se former et innover notamment par l’analyse et le partage de ses pratiques.
Si les formulations ont été, légèrement, revues pour généraliser les compétences, il n’en reste pas moins que ces dix domaines de compétences pourraient constituer les domaines de référence pour toute activité. A charge ensuite de donner un contenu contextualisé et une traduction concrète en fonction des métiers. Mais de quel métier s’agit-il ? de celui d’enseignant d’école maternelle. Après avoir brocardé l’Education nationale pour son incapacité à définir un référentiel de compétences pour ses enseignants (voir chronique du 20 avril dernier), il convient de saluer ce référentiel qui pourrait utilement servir de base à tout référentiel de compétences.
Me revient cette anecdote de Roland Penrose à propos de son fils Anthony qui s'écria en voyant le tableau de sa mère, Lee Miller, peint par Picasso : "Maman !". En l'on se dit que lorsque l'on est capable de peindre pour les enfants, on peut le faire pour les adultes. La maxime vaut sans aucun doute pour la formation. La définition d'enfantin ? capacité à produire, véritablement, en jouant, véritablement.
15:49 Publié dans ACTUALITE DE LA FORMATION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : référentiel, compétence, education nationale, ingenierie de formation, enseignant, picasso, lee miller
24/11/2008
L'envol des apprentis
L’observation inopinée faite à l’accueil donnait un premier enseignement : au jeune garçon timide venu demander s’il était possible de s’inscrire dans une formation, il avait été répondu qu’il fallait qu’il aille d’abord chercher un employeur, qu’il trouve une entreprise, ensuite on pourrait s’occuper de son inscription.
Le consultant chargé d’auditer le centre de formation d’apprentis (CFA) qui attend que la responsable pédagogique avec qui il a rendez-vous vienne le chercher se dit que, décidément, les actes les plus simples sont porteurs de sens. Entretien donc avec la responsable pédagogique et question : « les enseignants du CFA considèrent-ils que leur mission première est de permettre aux apprentis l’accès au diplôme ou bien l’accès à l’emploi ? » surprise de la réponse spontanée qui ne figurait pas dans les hypothèses retenues à priori : « pour un enseignant sa mission première est l’enseignement, c’est dans la transmission qu’il trouve le sens de ce qu’il fait ».
Il ne restait plus à vérifier que cette option était véritablement partagée par les enseignants pour conclure que les chartes et systèmes qualité envisagés, les engagements de résultats et contrats de progrès seraient sans doute établis en vain. L’enseignant centré sur son savoir qui ne s’intéresse guère à ce qui se passe au-delà de la salle de cours et de la formation n’est sans doute pas, et le consultant assume le jugement de valeur, le modèle le plus performant pour permettre à des jeunes de prendre leur envol. L’humilité et l’ambition d’accompagner les jeunes vers l’inconnu, comme les oiseaux migrateurs acquièrent lors de leur premier voyage les repères des voyages futurs, est peut être une posture plus adaptée. L’enseignement conçu comme un voyage en commun plutôt que comme le récit de ses propres voyages.
00:05 Publié dans PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pédagogie, cfa, apprentissage, enseignant, consultant, audit