17/08/2015
En toute illégalité
Peindre sur un mur, coller des affiches, dessins, peintures ou collages, réaliser des pochoirs, c'est illicite. L'auteur peut être mis à l'amende. Par contre, défigurer les entrées de ville avec des panneaux publicitaires immondes c'est légal. Un graffiti, un tag, c'est du vandalisme. De la publicité agressive c'est de l'économie. Pas à dire, ça donne envie de faire le mur. Allez, fouette cocher !
A Brooklyn, Basquiat est toujours là. Au musée de Brooklyn, pour ses carnets de notes pas scolaires pour un sou, et sur les murs bien entendu, avec son pote Andy.
Basquiat devait, comme quelques autres, échapper à la police parce qu'il mettait un peu de poésie sur les murs.
Par contre, Monsieur démolition peut poser ses plaques partout et continuer son oeuvre, il a bien mérité de la société.
Pour échapper à Monsieur démolition, il faut un peu d'ingéniosité. Cela permet de constater que le pneu d'un caterpillar est un excellent support.
Grace aux dessinateurs de rue, on peut admirer le nouveau favori des sondages pour la primaire républicaine.
Après un tel effort, on comprend que l'artiste fatigué rejoigne le modèle pour faire le mur. Mais au fait, c'est pas Basquiat qui s'approche du mur là ?
Je vais lui demander. Je reviens (ou pas).
04:09 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : street art, art, basquiat, brooklyn, new york, graffiti, tag, vacances, voyage
28/01/2011
Acteur dirigé
L'exposition Basquiat, initialement présentée à Bale, est visible au Musée d'art moderne de Paris jusqu'au lundi 30 janvier. On peut y apprécier la redoutable créativité d'un jeune homme qui fut un véritable citoyen du monde tant la mixité culturelle lui est naturelle. Aux frelatés de l'identité nationale on conseillera de réserver une paire d'heures ce week-end pour s'ouvrir les chakras.
La visite de chaque toile est un voyage dans les couleurs, le mouvement, les symboles, les associations, comme l'on avancerait dans un livre avec le plaisir d'en parcourir les pages et le désir qu'il ne finisse jamais.
Parmi les surprises qui ne manquent jamais de surgir en de telles occasions, celle-ci. Au détour d'une toile une caméra qui filme un "subject". La surprise vient du fait que la caméra doit plutôt filmer des acteurs, mais voici que le dit acteur est ici réduit au rang de sujet.
Jean-Michel Basquiat - Zydeco - 1984
Cette position de l'acteur devenu marionnette-sujet sous le pinceau de Basquiat interroge alors que depuis 2003-2004, il n'est question dans les textes législatifs ou conventionnels consacrés à la formation que de "salarié acteur". Que fait l'acteur dans un film ? ce que lui demande le metteur en scène, qu'en anglais on nomme le Directeur d'acteurs. Etre acteur c'est évidemment être dirigé et jouer un rôle. Pour ceux qui pensaient qu'être acteur renvoyait à plus d'autonomie traduite par une prise en compte des motivations personnelles et la reconnaissance de chacun, il est vraiment nécessaire de faire un détour par l'exposition Basquiat avant lundi pour apprécier le lapsus sémantique qui se cache derrière la notion de salarié acteur.
00:06 Publié dans TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : basquiat, acteur, salarié acteur, formation, ressources humaines, management, cinéma, exposition, peinture
07/09/2010
Force tranquille
Basquiat encore. Dans le cadre de l'exposition à Bale est présenté un film où l'on voit Basquiat peindre. Surprise : les gestes ne sont pas frénétiques, le bras est sûr, la main n'hésite pas, elle prend son temps. Les mouvements les plus rapides sont exécutés lentement, dans une apparente décontraction, avec la facilité de celui qui n'a pas besoin du plan de ville pour trouver son chemin. Comme Picasso, Basquiat ne cherche pas, il trouve, à son rythme. Tout ceci avait lieu au début des années 80 à New-York. On ne peut s'empêcher de penser qu'au même moment la force tranquille en France était incarnée par Mitterrand dans un paysage de terroir, de clocher, de province, de notable et d'enracinement un peu étriqué. Mais cela avait rassuré, c'était fait pour. Près de trente ans plus tard, avec Sarkozy, rien n'a changé : la seule forme de modernité dans la référence est que le paysage ressemble à un fonds d'écran windows. C'est peu.
Pourtant, la véritable force tranquille, elle n'est pas dans ces paysages datés et passéistes. Elle s'incarne dans un mouvement multiculturel, polyphonique et polyglotte. Elle s'incarne dans New-York. Comme disait Michel Serres, contrairement à ce qu'ils pensent, nos gouvernants ont toujours un temps de retard sur le peuple.
00:05 Publié dans DES IDEES COMME CA, TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : basquiat, new-york, sarkozy, mitterrand, force tranquille, michel serres, peinture, art
06/09/2010
De la créativité
La Fondation Beyeler, à Bale, proposait jusqu'au 5 septembre une rétrospective consacrée à Jean-Michel Basquiat, mort en 1987 à 28 ans, dont le premier article qui lui fut consacré dans une revue d'art s'intitulait : "L'enfant radieux". En quelques années, Basquiat a produit plus d'un millier de toiles et un nombre plus important encore de dessins, collages ou graffitis. Dans chacune de ses oeuvres, la quantité d'énergie est inouïe. C'est ce qui frappe au premier abord. Et puis on peut entrer dans le détail. Des couleurs, des mots qui structurent les toiles, des figures, des supports, des techniques. Et l'on s'aperçoit que Basquiat peint à la fois l'Afrique, les caraïbes, la culture occidentale, l'Asie émergente (on est en 1981), les hispanos, les latinos, les negros et les WASP. Il associe la BD, le graffiti, le cinéma, la peinture, la publicité, la politique, le sport, les intellectuels de la vieille europe, la pensée à l'état sauvage. Prodigieuse synthèse d'un jeune homme au doux sourire qui dessine les mains en regardant sa main.
Basquiat - Skull - 1981
Les historiens le rappellent souvent : pour qu'une époque ou un territoire soit dynamique, il est nécessaire que les foyers d'innovation soient multiples, que les échanges entre eux soient intenses et que ces lieux soient ouverts aux apports extérieurs. Multiplicité, vitesse, curiosité, a priori favorable pour l'étranger, souci de transformation permanente, production continue. Quelques règles de base de l'innovation auxquelles nous continuons, sous prétexte du TGV, de l'Airbus et des centrales nucléaires, et en prenant soin d'oublier le France, le Concorde, le Rafale ou le char Leclerc, de préférer le modèle élitiste cenralisé et descendant. Basquiat, il était plutôt ascendant.
NB: L'exposition Basquiat sera présentée à Paris à partir du 20 octobre.
00:05 Publié dans TABLEAUX PARLANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : basquiat, peinture, exposition, bale, innovation, créativité, graffiti, beyeler