16/11/2014
Au Sud
Le Sud, c'est un pays imaginaire. Et les pays imaginaires, il y a ceux qui pensent que, comme c'est imaginaire, cela n'existe pas. Il y a ceux qui en rêvent, qui le portent en eux, mais qui n'iront jamais, par peur, par manque de foi, par défaut d'avoir sauté dans les trains qui passent quelquefois pour aller au Sud. Il y a ceux qui y vont, qui se brûlent et qui en reviennent, se mettre à l'abri. Il y a ceux qui s'y établissent, s'y épanouissent et s'en servent de boussole, de soleil, de gourmandise, de fête et de quotidien paradis. Lucien Clergue lui, le Sud il le photographiait.
Comme le chante Nougaro, à Toulouse l'Espagne pousse un peu sa corne. Mais où est donc passée la deuxième ? Dans ce Sud-Est qui s'habille lui aussi parfois de cette lumière de la vie qui se confronte à elle-même.
Dans le Sud, on pourrait vivre un million d'années, et toujours en été.
Pourvu que l'on sache prendre le taureau par les cornes, et la vie avec pour l'offrir comme l'on offre de partager son expérience lors des stages photos, ou ses coups de coeur, ses amis et les oeuvres que l'on aime dans les Rencontres d'Arles. Lucien Clergue a toujours été jeune, il est donc mort jeune, comme on vit dans le Sud.
15:30 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : clergue, lucien, photo, arles, sud, taureau, mort, jeunesse, art
05/11/2013
Comme d'habitude
Pendant que les anciens annoncent avec gravité que le monde est en train de sombrer, la jeunesse consulte sa messagerie pour vérifier si les copains sont au rendez-vous. Rien de nouveau sous le soleil depuis quelques siècles, il faudrait en informer Finkielkrault. Ah, pas le temps, je crois que j'ai un SMS.
10:41 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : venise, jeunesse, vieux, finkielkrault, décadence, passé, monde
28/05/2012
Petite poucette
Michel Serres, à 80 ans passés, est-il retombé en enfance ? gageons plutôt qu'il n'en soit jamais totalement sorti et que cette survivance de l'enfant en lui l'a préservé de bien des aigreurs, ressentiments, rancoeurs et autres joyeusetés qui habitent celles et ceux qui pensent systématiquement que c'était mieux avant. Les déclinistes de tout poil, les oiseaux de mauvaise augure, ceux qui confondent leur lente disparition annoncée avec celle du monde dans lequel ils vivent, ceux qui n'ont de cesse de peindre à leur image décrépite leur environnement, tout ceux là n'aimeront pas le dernier livre de Michel Serres rédigé sous forme de lettre à Petite Poucette. Pourquoi ce nom ? pour la dextérité avec laquelle la jeune fille se sert de ses pouces sur son smartphone, mais également parce qu'il appartient à cette jeune génération d'inventer elle-même les moyens de trouver son chemin dans ce monde nouveau que la technologie bouleverse à chaque instant. Pas question de crier "Pouce" pour Petite Poucette qui devra faire son chemin.
César - Pouce
Bien sur, il y a le soleil, l'envie du dehors, tant de choses à faire, bien sur. Mais si vous prenez le temps, oh peu de temps car s'adressant à Petite Poucette le livre est synthétique. Non pas de crainte que Poucette ne zappe ou qu'elle soit incapable de lire comme l'annoncent régulièrement ceux qui ont encore besoin d'affirmer qu'eux savent lire en pointant du doigt ceux qui prennent d'autres chemins (messieurs les censeurs, bonsoir !), non juste parce que Petite Poucette est soumise à mille sollicitations, mille tentations, mille envies et bien plus de désirs. Alors oubliez les grincheux, investissez 9,50 euros pour vous procurer l'ouvrage de Michel Serres et volez une heure à votre emploi du temps : il ne vous reste plus qu'à lire en dégustant.
00:58 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : serres, littérature, jeunes, jeunesse, technologies, cesar, sculpture, livre, passé
13/07/2010
Du virtuel
La notion de virtuel est parfois opposée à celle de réel, notamment quand elle vise à stigmatiser des jeunes (mais ne nous étonnons pas qu'une société vieillissante et vivant mal son vieillissement exprime diverses rancoeurs envers la jeunesse) qui seraient coupés du réel pour ne vivre qu'une no life sur second life. Ce qui renverrait la réalité virtuelle ou les mondes virtuels à des espaces n'ayant aucune espèce de réalité. Or, ni au plan sémantique, ni au plan philosophique ni dans l'informatique le terme de virtuel n'est défini comme le contraire de réel. Virtuel est davantage opposé à actuel. Selon Maurice Benayoun, le virtuel est le réel avant qu'il ne passe à l'acte. Antonin Artaud illustrait cela par la réalité virtuelle du théâtre. Le virtuel n'est donc qu'une extension de la réalité, dont il n'est pas déconnecté par les émotions qu'il procure, lesquelles peuvent également avoir une dimension corporelle. Opposer le virtuel au réel reviendrait donc à dénier que le rêve et l'imaginaire soit partie intégrante de la vie.
11:55 Publié dans PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : virtuel, mondes virtuels, serious game, pédagogie, antonin artaud, stasio, rêve, jeunes, jeunesse
26/10/2009
Jeunesse triomphante
Ce blog n'y échappera donc pas et s'astreindra également à livrer son commentaire sur la vraie-fausse élection de Jean Sarkozy à la tête de l'EPAD. Pourquoi ? parce qu'il est question de compétence et que si le scandale de la situation ne fait pas de doute, quelques raisons avancées sont, elles, plus que douteuses. Deux arguments notamment sonnent faux. Le premier est lié à l'âge. Rappelons que l'âge est considéré par le code du travail comme une discrimination et que trop vieux ou trop jeune ne sont juridiquement pas acceptables. Dans le meilleur des cas, entendons par trop jeune : "Pas assez d'expérience". Et avec cet argument justifions la gérontocratie qui veut que jamais les dirigeants ne passent la main, tant au niveau électoral que chez les dirigeants. Le pouvoir doit avoir quelques agréments pour justifier cette peur chronique de la mort sociale de celui qui l'abandonne. Trop jeune, voilà qui aurait fait rire Picasso peignant les Demoiselles d'Avignon, chef d'oeuvre du siècle à 26 ans. La jeunesse triomphante faite peur, l'archétype en étant la lolita qu'il n'est même plus possible aujourd'hui de montrer sans risquer un mauvais procès. Optons donc pour la version masculine.
Le deuxième mauvais argument est celui du diplôme : notre société croule sous les statuts et situations établies, sous les recrutements endogamiques de diplômés se cooptant et les hiérarchies formelles et figées. En les regroupant, ces deux arguments nous proposent la vieille société de l'ancienneté (âge) et du statut (diplôme). Bref, rien sur la compétence.
Le problème dans cette affaire, n'est pas qu'un jeune non diplômé de 23 ans puisse prétendre à de hautes fonctions, c'est uniquement que le seul jeune à pouvoir postuler de la sorte soit le fils du Président de la République. On aimerait qu'une telle situation ne fit pas scandale et qu'elle soit d'une grande banalité. Ce qui signifierait que les modèles anciens ont vécu. Il est désolant de voir comment les diplômés hurlent leur colère en disant : "et moi, et moi...". Signe que l'on est prêt à accepter l'inaceptable, dès lors qu'il nous est favorable. Paradoxalement, leur comportement justifie celui de Monsieur Fils. Non décidément, le scandale n'est ni dans l'âge ni dans l'absence de diplômes, il est dans le fait du Prince, bien évidemment, mais également dans l'anormalité de la situation. Refuser le népotisme et le clanisme ne nous oblige pas à justifier l'ordre ancien au sein duquel ils font leur lit.
23:32 Publié dans ACTUALITE DES RESSOURCES HUMAINES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean sarkozy, epad, ressources humaines, diplôme, compétence, jeunesse, fondation pinault, art contemporain