03/08/2016
WOMEN I
Une jeune fille regarde le labyrinthe de sa condition. Elle hausse les épaules. Puis revient devant la grande fresque. Ses épaules tressaillent. Elle sait qu'il lui faudra trouver le chemin. Elle n'est pas pressée.
Elle prend le temps de lire. Elle sait que lire c'est vivre. Comme écrire. On lui répète le contraire. Elle n'en croit pas un mot. Elle s'en fout.
Elle aime les photos, la liberté ou plutôt les libertés. Toutes. Celle de faire ce qu'elle veut de son corps aussi. Mais pas ce qu'on lui demande.
On a voulu lui apprendre la patience. Elle a grandi trop vite. Mais en fait elle n'a pas grandi. Personne ne le voit. Elle porte la clandestinité en bandoulière. Personne ne le voit non plus. Elle relit souvent la lettre volée.
Elle perçoit parfois des regards. Le plus souvent elle s'en moque. Elle est rapide. Elle marche vite. Très vite. Elle engendre un flou qui n'est pas le sien. Elle sourit. Elle se souvient que le pouvoir se loge dans les zones d'incertitude. Elle accélère le pas.
Connectée juste ce qu'il faut. Moderne avec modération. Identités multiples garanties.
Elle connaît le théâtre social, la maman et la putain, les jeux de rôle. Le regard est lucide et bienveillant. Le plus difficile.
Elle fait souvent peur aux hommes. Elle est un scandale vivant. Elle marche librement.
00:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : femme, jeune, fille, homme, ville, vacances, voyage, australie, melbourne
16/08/2015
Garder l'intensité
L'intensité est addiction, comme l'amour...
...intensité d'un regard...
...intensité corporelle...
...intensité du hasard, chance en anglais qui ne connaît que des hasards heureux...
...intensité de la vie, NF.F.NS.NC, Non Fui. Fui. Non Sumo. Non Curo...
...intensité duelle...
...intensité de l'humour salvateur...
...intensité du rouge et noir, parce que c'est toujours bien le rouge et noir...
...intensité des gitanes, flamandes si possible...
...intensité des lieux que l'on ne voudrait pas quitter, et que d'ailleurs on ne quitte pas vraiment...
...pour garder l'intensité, ce n'est au fond pas très compliqué. Il faut s'entraîner. Et donc beaucoup pratiquer.
05:50 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ville, new york, poésie, photos, rue, vie, voyage, vacances
11/08/2015
Washington Square
Toutes les villes des Etats-Unis ont leur Washington Square, comme les villes françaises ont leur hôtel Terminus ou Au Lion d'or (l'esprit français, que voulez-vous). Mais celui de New-York a le pouvoir d'arrêter le temps dans la ville qui ne s'arrête jamais et qui connaît mieux l'argent que le temps. On y a même implanté un arc romain, alors que les villes historiques se sont toutes dotées de colonnes grecques pour essayer de donner un peu d'épaisseur temporelle à un pays qui fait tellement l'histoire qu'il ne peut s'empêcher de s'en raconter, des histoires et surtout la sienne. Bref, le Washington Square est une enclave magique, le point G de la grande pomme.
Dimanche soir, il y avait séance d'écriture collective. Chacun pouvait raconter une histoire, son histoire ou une autre histoire, en une page et une affiche. Toutes les histoires font ensuite une histoire qui fait un livre. J'en ai retenu deux. La première est celle des deux filles aux troubles alimentaires qui redécouvrent le paradis et la liberté.
La seconde est celle d'un jeune homme qui s'apprête à partir à Paris, et qui serait prêt à partir n'importe où ailleurs, parce qu'il aime une fille extatique.
La liberté et l'amour nous conduisent assez naturellement au trouple que rien ne trouble (pour ceux qui méconnaissent le trouple, voir ici).
Les Roméo new-yorkais ne miaulent pas sous les balcons de leur Juliette, ils apportent leur petit tabouret pour le shooting de leur star personnelle. A vous décomplexer Blanche-Neige et les 7 nains !
Des guitaristes des années 70, des artistes en herbe, en bois, en fer blanc et en carton pâte, des rêveuses en tous genres, des transgenres et d'étranges gens, des amis de passage, des avis partagés, des ravis allongés, des fumées sans feu, un peu de diable par la queue et je ne vous dis pas tout, vous n'avez pas rêvé, vous êtes au Washington Square.
04:41 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : square, ville, vacances, voyage, new york, rêve, temps, histoires, littérature
10/08/2015
De l'énergie et pas qu'à revendre
Quel que soit l'intérêt et le charme de toutes les villes américaines, pas une ne dégage l'excitation, l'énergie, les vibrations, de New-York. Nougaro l'a chanté à sa manière, mais ici pas de doute, ça pulse.
A tous les étages, et à tous les coins de rue.
Evidemment, la chauve-souris de Gotham City s'y met aussi. La moindre des choses.
Bien sur, le trop plein d'énergie conduit souvent au n'importe quoi.
Mais la ville de l'image, du mouvement, et donc du cinéma, sait aussi se faire littéraire et vous plonger à tout moment dans un roman de James Ellroy. Des grandes envolées aux bas-fonds, le désir de tout trace souvent une ligne droite. Ici, c'est direct, c'est pas du Ronsard, c'est de l'amerloque.
14:56 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : new-york, usa, amérique, rue, ville, littérature, cinéma, photo, image, vacances, voyage
07/08/2015
Au théâtre ce jour
Si les rêves c'est le cinéma gratuit, la rue est un théâtre permanent. Un anglais l'avait déjà constaté, il s'appelait Shakespeare et écrivait : "Le monde entier est un théâtre, dont les hommes et le femmes ne sont que les acteurs". Pas vrai mister ?
Les ouvreuses font la pause, mais l'entracte n'a pas la même durée pour tout le monde.
Evidemment on ne peut s'empêcher de jeter un coup d'oeil à ses voisins, le spectacle est dans la salle.
Et il ne faut pas oublier de lever la tête, pour les hommes araignées.
On peut avoir la tentation, parfois, de vouloir échanger les rôles. C'est d'ailleurs ce qu'ajoutait Shakespeare, que l'on jouait plusieurs rôles. Pas si évident.
La technologie a remplacé le souffleur, en plus efficace.
Sur une aussi grande scène, pas étonnant que tout le monde ne joue pas au diapason. Mais c'est pas grave, demain j'y retourne.
04:13 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rue, ville, théâtre, scène, philadelphie, usa, amérique, vacances, photos
06/08/2015
Des murs si lisses
Philadelphie est la ville des murals, grandes fresques peintes sur les murs aveugles des immeubles qui mettent de la couleur dans la ville et dans la vie.
Chemin faisant, on peut tout de même trouver que les thèmes traités sont bien consensuels, à rebours de toute l'histoire du street art et du graffiti, qui ne vit et se développe que dans l'illégalité.
Après avoir lu "La patience du franc-tireur" d'Arturo Perez-Reverte, difficile de s'émouvoir devant ces grandes compositions formelles qui ont sans doute reçu l'approbation d'une commission municipale avant d'être posées sur les murs qui n'en demandaient pas tant.
Les murs de mosaïques, bouteilles, roues de bicyclettes et autres récupérations de South-Street n'emportent pas plus la conviction. Lorsque l'art est dépourvu de toute autre intention que de faire joli, il perd ses aspérités et son intérêt.
A ce stade, il n'y a d'ailleurs guère de différence entre l'art et la publicité, qui s'en tire évidemment mieux.
Pourtant, au détour d'une rue, on peut se retrouver face à des représentations moins consensuelles, plus intrigantes, plus interrogatives. Si l'art ne s'affranchit pas des règles, que peut-il ? Pour citer Banksy : "Les plus grands crimes ne sont pas commis par des gens qui brisent les règles mais par ceux qui obéissent aux ordres". On peut le vérifier tous les jours.
Et puisque on en est à Banksy, il disait également que dans la plupart des musées, la seule chose qui vaille la peine ce sont les étudiantes en arts plastiques. C'est pourquoi pour aller à la rencontre des véritables oeuvres de rue, on a décidé de suivre cette jeune fille dont la foulée défie l'apesanteur et qui devrait pouvoir nous faire quitter la pesante transparence des murs si lisses.
05:24 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : street, art, murals, philadelphie, usa, vacances, ville, rue, peinture, banksy
21/10/2014
Hollande
Le samedi, les rues sont animées dans l'après-midi. Ensuite les magasins ferment tôt. Faudra que j'en parle à Emmanuel Macron.
Le dimanche, les magasins sont fermés, pour l'essentiel. Au centre, certains ouvrent de 12h à 17h. Ce qui laisse le temps des relations qui ne sont pas comptabilisées dans le PIB.
Dans ce pays où le ciel et la mer s'accordent dans le gris, les couleurs sont partout. Affaire de volonté.
Les jeunes filles sont rêveuses. D'ailleurs leur regard se perd dans les nuages.
Mais non, elles ne sont pas désincarnées. Etre rêveur n'a jamais empêché de pédaler avec joie dans un décor d'automne qui parsème le sol de feuilles roussies qui accompagnent les joues rosies des jeunes filles.
Le batave comme le flamand est industrieux. Et cela n'enlève en rien le goût et la douceur de vivre. Il faut vraiment que j'en parle à Emmanuel Macron.
01/06/2014
L'air joyeux
Comme disait Alphonse Allais, on devrait construire les villes à la campagne, l'air y est plus pur.
Et l'air pur, cela rend les enfants joyeux.
09:44 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anvers, photo, ville, campagne, week-end, férié, voyage
30/05/2014
Ambivalences
Dans une ville portuaire, on s'attend à un monde horizontal, imbriqué dans la mer comme une main dans un gant. On anticipe également des horizons industrieux, laissant place aux machines et refoulant les hommes dans les cabines, les soutes, les docks, les camions, enfermés dans la tôle, le fer et l'acier. Et l'on découvre à Anvers une horizontalité lascive dans une ville qui s'arrête de travailler tôt le soir, heureuse coutume des pays nordiques, et qui ne se demande pas s'il faudrait travailler les jours fériés. Pas besoin d'aller très loin pour vérifier que le mythe du français qui serait toujours en RTT tandis que ses voisins se tuent au travail est une mystification totale.
Et sur le port, la verticalité qui s'impose n'est pas celle des grues, mantes religieuses qui fouillent les entrailles des bateaux sans relâche, mais celle du MAS, qui rappelle les trois omniprésences de la Flandres : la terre rouge des briques, le ciel blanchi de nuages et la mer qui le reflète.
En ces terres ouvertes sur la mer et le voyage, la diversité semble chose naturelle.
Elle ne l'est pourtant pas, tant il est vrai que la flamboyance des jeunes filles n'en finit plus d'effrayer les hommes.
Les frontières de l'enfermement et de la liberté ont parfois des contours imprécis.
C'est ainsi qu'en tout lieu, se côtoient la grisaille et la couleur.
Le piéton des villes est un éternel amoureux des ambivalences.
11:08 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anvers, ville, port, diversité, travail, photo, week-end
13/05/2014
Postcards from NY
Allez, encore un petit peu, comme ça, juste pour le plaisir, avec tous les clichés auxquels vous pensiez avoir échappé, style la skyline en plein jour et le vieux brooklyn bridge à qui on ravale encore le fondement.
Et la presque bientôt terminée One World Trade Center, plantée au dessus des deux trous béants du mémorial du 09/11.
Tout autour des bassins noirs, les noms des pompiers ensevelis dans le brasier de l'effondrement des twins.
La grande tour bleue et ses fantômes par millier ne fait pas d'ombre au Flat Iron.
Dans la Grande Pomme, tout est great, pas toujours de bon goût, mais toujours great.
Alors on ne s'étonne pas de voir l'homme araignée jouer à saute mouton par dessus les blocs colorés de la ville downtown. Il y a quelques années sur ce panneau une publicité disait : "Ce sont des hommes en jeans qui ont bâti ce pays".
Et ce sont les mêmes qui mettent des drapeaux partout, même sur le cheval de fer qui traverse le pont de Manhattan en faisant trembler tous les boulons et toute la ferraille dans un bruit de fin du monde. Mais comme dirait Cendrars, le train retombe toujours sur ses roues, le train retombe toujours sur toutes ses roues.
Central Park c'est une autre planète, la lisière de la ville du Nord, froide, hautaine, un peu absente à elle-même. Vous prenez juste le temps de regarder le ciel et puis vous redescendez : downtown !
Parce que la vie elle est là, près des docks, des friches qui s'effacent peu à peu, des traces du 19ème siècle qui s'accrochent à leurs histoires et qui se foutent bien des tours de carbone et de verre qui vont venir fêter leur défaite.
Car ici le passé n'est pas une nostalgie, c'est juste un moment vers le futur, comme l'averse est une promesse de soleil. Sade, qui n'a jamais quitté la vieille Europe, a pourtant forgé ce qui pourrait être la devise de la ville : "Le passé radieux a fait de brillantes promesses à l'avenir : il les tiendra".
Et s'il ne les tient pas, spiderman viendra lui péter la gueule, à condition qu'il ne se prenne pas le poteau.
02:03 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END, EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : new-york, voyage, ville, photo
07/05/2014
Périphéries
En France, les penseurs des années 60 ont mauvaise presse : Deleuze, Foucault, Barthes, Lacan...sont renvoyés au rayon des intellectuels verbeux déconnectés, presque par définition, de ce que serait la réalité. Les rhizomes de Deleuze et Guattari ont pourtant gagné en actualité. Ils renversent la vision hiérarchique et postulent que l'organisation rhizomique n'a pas de centre, chaque élément ayant son influence propre sur les autres de manière non subordonnée. Une belle manière d'appréhender la ville.
Car aux Etats-Unis, la French Theory fait toujours recette. Et si le dernier livre de Thomas Piketty est en tête des ventes des livres économiques, les frenchys des années soixante ont toujours un lectorat. Peut être dans ce quartier de Bushwick, à l'écart de l'énergisante Manhattan et à l'abri de la gentrification de Brooklyn (message personnel : Alain, dans quelques mois ton ancien atelier sera un Hôtel 5 étoiles).
Dans ces espaces périphériques, les immeubles bas et les larges avenues accueillent la lumière à bras ouverts et sont un appel à la couleur. Et l'on peut constater que c'est dans les périphéries que la normalisation de l'habitat a pris sa source avant de gagner irrémédiablement les centres villes qui bientôt n'en seront plus.
Comme ailleurs, la religion et la consommation sont les deux piliers de la société et leurs temples saturent l'espace.
Dans les périphéries, il arrive que le temps soit plus long. Que l'attente se fasse plus présente. Sans autre but qu'elle même. Aujourd'hui, demain et pour les siècles...vous connaissez la formule.
Devant chaque maison, chaque fenêtre, chaque carrefour, chaque immeuble coincé entre un expressway et un centre commercial, une voie de métro aérien et des friches qui attendent le promoteur, devant chaque lieu où quelqu'un rentre chez lui le soir, se pose la question : comment vit-on ici ? de quoi est faite la vie en ces lieux ? et l'on voudrait vivre à tout endroit à tout instant pour expérimenter sans fin, pour aller encore un peu plus loin.
Chaque panneau de location est une invitation à la disparition.
Dans les périphéries, comme dans les centres, l'entre-soi est de mise. Répartis par nationalité, par classe sociale, par idiome ou par origine, les groupes humains se rassurent par la grégarité. Car le groupe vous offre en sécurité ce qu'il vous demande d'abandonner en liberté.
Alors on peut choisir de faire de sa vie un long tunnel balisé dans lequel il n'est que peu de place au questionnement. Et le pire, si l'on peut dire, c'est qu'il n'est pas exclu que le tunnel soit rose.
16:04 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END, EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : périphérie, centre, ville, voyage, marche, photo, new-york, brooklyn
04/05/2014
Décor des corps
L'énergie repose, elle galvanise et les corps reviennent dans le décor. Des pulsations parcourent la ville, à tous les rythmes et sur tous les tempos. Il ne faut donc pas s'étonner de voir les corps s'animer.
...et quand risque de surgir l'ennui, alors on danse...
...et le corps assoupli est mieux disposé à l'abandon que réclame la lecture...
...dans laquelle on peut être tout entier absorbé...
...car la ville des migrants, de la finance, du commerce, du nouveau départ, des faiseurs de monde, des faiseurs de rêve, de la puissante frénésie, de la confiante agitation, de l'idée perpétuelle et du désir de faire, est aussi, évidemment, une ville littéraire...
...qui peut vous transporter à l'instant dans un film de Woody Allen...
...ou plus avant dans le temps, lorsque dans les docks coulait le sang de la vie de la ville...
...aujourd'hui, l'énergie est toujours là mais elle est plus douce...
...plus libérée également, moins de prohibition et moins d'inhibitions...
...c'est pourquoi les corps sont plus souples, moins agressifs, plus sensuels...
...et si le corps ne répond pas, ou plus, reste la voix, The Voice...
...car New-York c'est encore, et toujours, définitivement, la ville des Sirènes !
15:44 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END, EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : new-york, corps, danse, voice, sirène, ville, rue
03/05/2014
C'est reparti !
Mais qu'est-ce qu'il se passe ? il n'y a plus de chroniques sur ce blog ? il dort maintenant la nuit le consultant ? il faudrait lui rappeler qu'il se passe des choses en ce moment et qu'il faudrait peut être pas abuser des ponts, des week-ends et des congés ?
Ok, Ok, c'est reparti.....mais du côté de chez Hopper.
C'est le printemps, le retour de la couleur...
...de la plongée dans les douceurs des après-midi rougeoyantes, de la vie partout et des mystères de la foule et de la tentation d'y disparaître...
...le temps de la déambulation, des portes ouvertes, des départs et des belles occasions...
....le temps d'être à l'aise avec soi-même, et donc avec les autres...
...le temps de se souvenir qu'à regarder droit devant on en oublie ce que l'on a autour de soi...
....le temps de retrouver le monde ancien, celui des livres et des affinités électives, choisir avec qui on a envie de dialoguer...
...et puis se mettre en route, encore, toujours...
...se repasser sans fin la scène de fin, c'est dans les rues qu'on s'embrasse le mieux...
...les nuits sont chaudes comme les lumières de la ville, et on a toute la nuit. C'est reparti...
15:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END, EN PHOTOS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vacances, new-york, en route, ville, nuit, printemps
11/08/2013
Des villes dans la ville
C'est une des caractéristiques de New-York, que l'on retrouve à Osaka : en changeant de rue, au détour d'un immeuble, on change de quartier et l'on change de ville. Les journalistes sans imagination diraient "sans transition". On préfèrera l'idée d'identités rapprochées multiples (IRM), autrement dit l'art d'avoir plusieurs personnalités sans avoir jamais été diagnostiqué schizophrène (attention toutefois de ne pas tomber sur un toubib plein de certitudes et de zèle).
Cela commence de manière bucolique dans Kita et ses larges avenues désertes du dimanche matin.
Puis surgit Amerikamura, ses boutiques, ses musiques et ses symboles américains.
Dans ce quartier considéré comme original, il y a pourtant des garçons...
...et des filles. Quoi de plus normal ?
Au Sud d'Amerikamura, sur les bords du canal Dotombori, quelques Love Hotels, dont le Rose Lips, qui attend ses clients et son romancier.
Plus ou moins discrets, les clubs s'affichent.
A quelques pas de là, à Den Den town, on peut acheter de l'électronique, de l'informatique, des jeux, vidéo,...c'est le paradis des Geeks. Mais on y trouve également de petites démones et des enfants abandonnés pendant que leurs irresponsables parents courent les rayons des bazars numériques de Den Den Town.
Une rue à traverser et l'on découvre Shinsekai. Un quartier qui en recèle lui-même plusieurs. Tout d'abord celui du Kitch absolu avec couleurs criardes, Tour ringarde, figurines à taille humaine et décor de carton pâte.
Mais ici encore, il suffit de traverser une rue et l'on découvre un univers plus populaire, plus pauvre, où la lumière et l'artifice ne dissimulent guère l'effort que peut constituer parfois une vie.
Il y a des commerçants qui attendent, face à leur magasin...
...des habitués qui se saluent, et saluent le chien aussi...
...et aussi des bars tenus par des femmes où des hommes viennent chanter du karaoké, et chantent aussi lorsqu'ils sont seuls, et encore des salles que seuls les hommes fréquentent.
Derrière un bar, une de ces photos, placardées partout, d'Oscar...pardon de Shinzo ABE, le premier ministre.
Quelle surprise, dans ces rues pauvres d'un autre temps de découvrir tapie au fond d'un garage une Rolls Royce Silver Dawn de 1949 !
Et quand on entend soudain : "...et ils pissent comme je pleure sur les femmes infidèles" on se demande si les 36° à l'ombre n'ont pas fait leur oeuvre, avant de découvrir le chanteur de rue, français, qui enchaîne Brel et Brassens devant des japonais interloqués.
Logés entre les ExpressWays qui parcourent la ville, les quartiers d'Osaka écrivent sans hâte une poétique et troublante vision du monde. Oh, Osaka !
17:38 Publié dans DES IDEES COMME CA, EN PHOTOS, FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : osaka, japon, voyage, vacances, rue, ville, quartier, poésie, photo
10/08/2013
Oh Osaka !
Si vous avez parcouru quelques chroniques japonaises, vous connaissez désormais la nouvelle trinité : un shinkansen, un livre, un bento.
Et lorsque vous arrivez à Osaka, c'est le choc. Plus dingue que Tokyo, plus extravertie, plus naturelle, Osaka vous offre d'emblée un séduisant visage, fait d'excès et d'exhibition.
Après le volcan hier, c'est un puit de lumière qui vous engloutit et ne demande qu'à abolir la nuit.
A Osaka, les garçons mettent un point d'honneur à n'être point trop virils. Pour la plupart, pari réussi.
Mais la maladie du cheveu en forme de touffe ne touche pas que la jeunesse japonaise.
Et il y a aussi les rabateuses, comme cette jolie jeune fille qui tente de convaincre le chaland de venir dans son karaoké ou bar à entraîneuses.
Pendant ce temps, ses copines font la pause avec ces attitudes qui se veulent si "kawaî".
Osaka et ses kilomètres de galeries marchandes, aux lumières aggressives et musiques hurlantes. Le paradis du Dieu de la consommation dont les temples sont les magasins.
Mais c'est en dehors des galeries que l'on trouve les "Pachenkos" ou salles de jeu ouvertes à l'attetio des jeunes .........et de tous les autres tant il paraît ne pas y avoir d'âge pour devenir addict.
De grands enfants les japonais ? pourquoi pas, mais alors comment expliquer que le Japon soit la 3ème puissace mondiale si les hommes se résument à des accros aux figurines, des geeks et des joueurs de console. Oh et puis pourquoi toujours tout expliquer, à l'occidentale ? ok, laissons tomber, contentons nous d'apprécier : Oh Osaka !
25/07/2012
Double regard
Il est toujours possible de voir une ville à la manière dont Yann Arthus-Bertrand voit le monde : de haut, en couleur, avec effet spectacultaire garanti et en guise de commentaire quelques statistiques qui achèvent de faire disparaître l'humain du paysage. Ici par exemple, vous êtes monté en 40 secondes au 94ème étage et vous pouvez apercevoir l'ancienne plus haute tour du monde, avant que la Chine et le Moyen-Orient n'entrent dans la compétition, sachant que vous êtes vous même au sommet de la plus haute tour du monde d'appartements.
Une fois redescendu, le spectacle est un peu différent. Vous pourrez par exemple constater qu'en 2012 il y a toujours des noirs avec des chapeaux coloniaux qui chargent les valises des blancs et ferment pour eux la portière.
Vous pouvez également être frappé par le nombre d'obèses dans les rues, de tous âges y compris très jeunes. Dans ce temple de la consommation qu'est Chicago, et plus globalement les Etats-Unis, l'obésité est un symbole facile mais bien réel de ce trop plein de tout qui finit par vous déposséder de vous même et devient un handicap.
Dans le dernier film de Leos Carax, Holy Motors, Michel Piccoli prononce cette phrase : "On dit que la beauté est dans l'oeil de celui qui regarde" à laquelle Denis Lavant répond : "Mais alors s'il n'y a plus personne pour voir ?".
Rashid Johnson, exposé au Musée d'Art Contemporain de Chicago, y voit. Double. Parce que l'on se voit aussi à travers le regard des autres. Je vous fais face, mais mon côté droit est le gauche pour vous. Lequel est le vrai ? Le plus troublant est que ses doubles portraits sont parfois ceux d'une même personne, parfois pas. Une autre manière d'exprimer le Je est un autre de Rimbaud et de créer un lien entre un jeune français de province du 19ème siècle et un citadin noir américain. Comme quoi la singularité n'est pas fondamentalement incompatible avec la mondialisation. Il s'agit juste de savoir depuis où et sous quel angle on souhaite aller y voir.
15:42 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chicago, etats-unis, obésité, photo, art, ville, cinema, voyage