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27/02/2015

Un petit exercice...

Les artistes épurent souvent leur style au fil de leurs expériences. L'écrivain supprime les phrases inutiles ou bien sait pourquoi il les maintient, le peintre s'en tient aux lignes essentielles, le cinéaste réduit les effets de montage et contient ses acteurs, le musicien pose les notes avec des gestes d'arrangeuse de fleurs. Faire simple est un art, que l'on reconnaît parfois à la capacité de vulgariser sans insulter l'intelligence de l'interlocuteur qui n'est jamais qu'en découverte. Presque aveugle, diminué physiquement, usant de longs porte pinceaux, Matisse a réalisé ses plus beaux dessins à la fin de sa vie. 

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Proposons aux concepteurs du compte personnel de formation un exercice simple : expliquer à un bénéficiaire qui ignore tout du monde de la formation, soit la grande majorité des bénéficiaires, le fonctionnement du CPF et ce qu'il doit faire pour suivre une formation dans ce cadre. Vous aurez au choix :

1) La réponse institutionnelle qui ignore le sens même du mot pragmatisme qui vous renverra vers le conseil en évolution professionnelle. Il vaut mieux laisser tomber et passer à autre chose. 

2) La réponse formelle qui renvoie sur le site de la caisse des dépôts, puis auprès de l'employeur ou de l'OPCACIF. A la manière dont répondrait un juriste qui a lu les textes et qui informe honnêtement. 

3) Celui qui veut faire précis et se lance dans la présentation exhaustive de tous les cas de figure : hors-temps de travail, sur le temps de travail, avec une formation éligible, dans les plafonds de l'OPCA, etc. Pour la simplicité, on repassera. 

4) Celui qui vous plonge directement dans le gouffre de son cynisme désabusé : pas la peine d'essayer, ça ne marchera jamais, d'ailleurs je l'avais bien dit. 

5) Celui qui se veut optimiste, et qui l'est sans doute en plus de sa bonne foi : ce n'est pas encore au point, mais cela va venir, encore quelques temps (jours ? semaines ? mois ?) et le système fonctionnera. On construit quand même le dispositif pour les quarante années qui viennent, c'est normal que cela patine au début. Pas totalement faux, mais totalement inutile pour un projet aujourd'hui. 

Pour ce qui me concerne, j'en suis presque là. A expliquer que c'est très limité aujourd'hui mais que dans quelques mois les possibilités de choix devraient être suffisamment larges pour que chacun trouve chaussure à son pied. Optimiste par volonté donc tout en étant un peu navré de rappeler que l'un des objectifs de la réforme était que la complexité soit totalement absorbée par les professionnels et que le système soit très simple pour les utilisateurs. Pour égaler Matisse, il y a encore du boulot. 

Commentaires

Bonjour,

Vos lecteurs habituels ont dû tous se reconnaître...

Écrit par : bcallens | 27/02/2015

Bonjour,
Dans la formation depuis très (trop ?) longtemps, j'ai eu l'occasion de vivre les réformes de 1995 et 2004 notamment.
Ce qui est frappant, pour l'avoir vécu de très près en 2004, (j'étais dans l'alternance à l'époque et tout modestement je suis à l'origine de l'extension à 24 mois du contrat pro !) c'est le manque d'informations pratiques et concrètes des partenaires sociaux et surtout d'une vision précise de la formation en entreprise.
Le souhait d'élever le niveau de qualification des salariés les moins qualifiés, tout louable qu'il soit se heurte à une difficulté majeure : on n'oblige pas un individu à se former !
La formation accessible à tous à travers le CPF est une gageure à l'heure actuelle, qui plus est en exigeant une certification jusques et y compris le socle qui devrait au contraire donner envie de se former, d'assoir les bases permettant de passer éventuellement au stade supérieur.
Un rafraichissement du CIF, CIF CDD (que personne ou presque n'utilise) agrémenté de moyens supplémentaires eut été à mon sens plus simple !
Je souscris pleinement au dernier point de votre chronique, même si je pense (point 4) que je ne verrai pas le CPF décoller de mon vivant (professionnel, il me reste au bas mot 20 ans, ou biologique).
Bon week end.

Écrit par : Sylsylvain | 27/02/2015

6) Prendre sur son épaule et essuyer les larmes des organismes de formation en leur tapotant le dos, qui ne se voient pas d'avenir, et leur expliquer que le CPF ce n'est pas toute la formation, que le plan existe toujours. Que dans le cadre du cpf, il leur faut tisser des liens avec les branches via les CPNE, qui elles mêmes se réorganisent pour que leurs partenaires sociaux puissent absorber la masse de travail qui les attend pour rendre éligible les certifications de leur domaine de compétences. Et attendre un peu, il y aura peut être une révision de l’accès à la formation via le cpf...
http://www.ina.fr/video/CAA87014358

Écrit par : kristine | 27/02/2015

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