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25/07/2015

Variations d'été

Bon, pour le premier numéro de Liaisons Sociales, ce sera le 31 juillet. Mais d'ici là, on se sera plongé dans d'autres lectures, d'autres découvertes. La biographie de Rothko par Annie Cohen-Solal, pour débuter, car les chemins de l'été nous conduiront vers la chapelle Rothko, sous le soleil du Sud. 

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Et comme lire c'est aussi relire, pour aller dans le pays qui n'a pas d'histoire et où le pragmatisme règne, rien de mieux que de franchir à nouveau le seuil du jardin avec le promeneur éternel, André Hardellet.

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Sur la route de l'été, il y aura aussi la ville des murals, celle des graffeurs, des peintres de la rue, des artistes de la nuit, des clandestins au grand jour. Du coup, Arturo Perez Reverte et ses enquêtes artistiques s'imposait. 

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Et pour finir, est-il nécessaire de justifier un détour par la Grèce et ses conditions de vie réelles, loin des fantasmes et de la propagande financière, dont le dernier exploit est d'avoir réussi à substituer à l'Europe politique le seul projet de zone euro économique. Si l'on doutait que la politique était déliquescente, on pourra vérifier que les démocraties ne sont que le cache-sexe de vieilles monarchies où règne le monarque des temps modernes : l'argent. 

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25/01/2015

Un vent du Sud

S'il se confirme que la Grèce fait confiance à Syriza pour former un Gouvernement, cela constituera une première en Europe qu'une formation issue de la gauche radicale soit en position majoritaire à elle seule. Pas vraiment un hasard si cela se produit au Sud, dans un pays où le modèle anglo-saxon de l'homo economicus n'a jamais tenu lieu d'horizon. Alors pour le coup, un petit clin d'oeil de la part du Grec (au sens d'universel) qui aurait bien aimé chanter pour le pays de ses parents quelque chose de ce genre : 


17/11/2012

Soutenir les cochons

Les manifestations se multiplient, non pas en France où il ne s'agit ce jour que d'un aéroport à la campagne ou du mariage pour tous (il suffirait au lieu de manifester de retenir la proposition de Jérôme Leroy du mariage avec tous, voir ici), mais dans le Sud. Chez ces cochons de sudistes, selon l'humour anglo-saxon qui ne voit que PIGS (Portugal, Italy, Greece, Spain) au sud de la City. En passant, retenir le mot cochon comme une insulte confirme le peu d'aptitude à la gastronomie et à la contemplation de la nature chez certaines populations. Manifestations au Sud donc et particulièrement en Grèce. Les voyages en train étant propices à la lecture, la rencontre d'un déplacement et de l'actualité mit dans mes mains "Premiers regards sur la Grèce" d'Henry Miller, qui ressemble sur la couverture à Giscard d'Estaing matiné de singe chinois.

 

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La lecture de ces courtes notes de voyage (en nos temps stressés, il est toujours utile de rappeler qu'un livre est court si on souhaite le faire partager) rappelle ce que l'on pressentait. A savoir que si la Grèce rentre dans le rang, c’est toute l’Europe qui basculera à l’Ouest Atlantique et le Sud sera à jamais un paradis perdu. L’homme ne sera de passage sur cette  terre que pour revêtir son costume de consommateur addicté et d’agent économique à l'irrationalité contrôlée par les potions délétères (publicité, pharmacopée, discours d’experts, …) qui achèveront de tuer en lui toute imagination.

"Le jour où ils accepteront le harnais, les Grecs cesseront d'être Grecs. Mais seuls les Anglais, totalement insensibles à ce qui est autre, à ce qui est différent, pourraient croire pareille absurdité" écrit Miller.

Car comment vivre sans projeter sur ce qui nous entoure une vision fantasmatique qui permet de faire émerger la poésie du réel aussi sûrement que le vin du Sud apporte le bien-être, la joie et la conversation comme le dit Miller.

En Grèce « tout est légendaire, fabuleux, incroyable, merveilleux et pourtant vrai. Tout commence et s’achève ici ». On dirait un télégramme reçu ce jour des alentours d'Epidaure "l'endroit le plus parfait de tous ceux que j'ai contemplé jusqu'ici". Il s'agit juste d'un rappel rédigé pour nous en Novembre 1939.

08/04/2012

Plein Sud !

Pas une semaine sans que je rencontre, dans le cadre professionnel, des gens qui m'expliquent qu'à côté de leur job, ils ont un travail. A eux. Qu'ils ont développé à partir d'une idée, d'une envie, de quelque chose qui vient de loin, d'un hasard, d'une nécessité ponctuelle, d'une rencontre, d'un besoin. Ce travail, il s'exerce à titre indépendant, avec un support associatif, par le statut d'auto-entrepreneur, par d'autres manières un peu bricolées, mais tout cela n'est que l'habillage. Ce qui compte c'est le projet, le désir de faire, le besoin de décider soi-même, d'être responsable et d'être fier aussi de ce que l'on créé.

Que la nécessité financière soit parfois à l'origine de l'activité n'est pas douteux. En cela, le développement des doubles activités pourrait être une preuve que la France s'oriente au Sud, car en Italie, en Espagne, en Grèce, au Portugal, ces pays que les financiers anglo-saxons n'aiment guère, cela fait longtemps que l'on connaît le double emploi et les petites bricoles pour gagner sa vie. L'idée que le Sud vivrait de farniente et le Nord serait laborieux est un cliché que continuent à véhiculer les statistiques officielles. Si ce n'était que cela, ces activités secondes ne seraient que le signe d'une paupérisation rampante. Mais, au moins dans le récit de mes interlocuteurs, il y a autre chose. Il y a du plaisir et il y a de la joie.

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Matisse - Travail et Joie

La découverte, bien tardive, que le travail peut être source de souffrance, de stress, et parfois conduire au suicide, pourrait mener à un procès global du travail et ne jamais poser la véritable question : celle du sens qu'il peut avoir et des conditions dans lesquelles il s'exerce. Souvent c'est moins le travail lui-même qui pose problème que son environnement  : les salariés de Gandrange souffrent moins devant le laminoir que de la manière dont ils sont "gérés". Et ces activités secondes, ces bricolages personnels pour développer des activités qui parfois nécessitent un temps et un investissement bien supérieurs à la rémunération que l'on en tire, montrent bien que le travail ne se réduit pas au salaire, pas plus que l'activité au salariat. Et voilà peut être une bonne nouvelle : face à la rationnalisation sans limite, au reporting permanent, à la perte de sens, la redécouverte que le travail ce n'est pas nécessairement cela. Et qu'activité ne veut pas dire nécessairement emploi, le salariat n'étant pas l'horizon indépassable du champ professionnel.  Mais pour s'en souvenir, il faut se souvenir du Sud, tant il est vrai qu'à choisir un modèle, si tant est que cela ait du sens, et n'en déplaise à certains, il vaudra toujours mieux préférer le Sud.


04/11/2011

Rêve Grec

Panique, stupéfaction, colère, l’annonce du référendum Grec a consterné l’Elysée, mis en émoi les marchés, énervé Angela et  ahuri les financiers : on peut refuser de l’argent qui est donné et pas prêté ? la réaction n’a pas trainé, menaces de sanctions, bras de fer, autoritarisme, mesures de rétorsion, Papandréou est sommé de revenir à la réalité.

Car les Grecs, inventeurs tout à la fois de la pensée Occidentale, de la démocratie et de la philosophie auraient oublié les réalités. Alanguis sous des oliviers, contemplant l’incomparable bleu du ciel au dessus de la mer Egée, rêvant à Zénon d’Elée, ne sortant de leur torpeur que pour saisir le regard noir d’une belle grecque, bref profitant  de tous les charmes de la vie, les grecs auraient oublié que le monde est consommation et production et que les réalités économiques doivent primer. Eux qui pensaient que l’on pouvait danser sur l’horizon, sont priés de revenir à l’horizon indépassable de l’équilibre budgétaire.

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Janine Antoni - Touch - 2002

Peut être que les Grecs ont aussi en tête une autre réalité : celle  d’une crise qui était avant tout celle des subprimes, que les efforts qu’on leur demande n’ont pas été demandés aux prêteurs, que sous couvert de sauver la Grèce la plupart des pays pensent surtout à se sauver eux-mêmes, que personne ne se soucie de comment l’on peut vivre avec un pouvoir d’achat divisé par deux ou encore que si la Grèce est attaquée c’est parce qu’elle est  un paradis, mais pas fiscal. Aux allemands qui conseillaient aux Grecs de vendre leurs îles, les Grecs répondent qu’ils préfèreraient voir vendues les îles caïmans, les îles vierges, Jersey ou Guernesey. Mais que ces paradis là, il faut les préserver car l’argent lui, y travaille.

Les Grecs se disent peut être aussi que lorsque l’on a la tête sous l’eau, que ce soit de 10m ou d’1m, on est toujours noyé et que quitte à l’être, autant mettre un coup de pied dans la fourmilière et conseil pour conseil inviter Angela, en hommage à son prénom et à son pays, à aller voir Les ailes du désir. Mais le Grec est un rêveur comme chacun sait et  la réalité va venir le réveiller et le sortir de sous son olivier pour le remettre dans son rôle de producteur-consommateur.  Il n’est pas certain que ce soit vraiment une bonne nouvelle. Pour personne.

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