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29/02/2016

R comme....RYTHMES

Au commencement était le rythme,

et le rythme s’est fait chair (Moravagine – Blaise Cendrars)

 

Les deux bâtiments se côtoient dans le parc des musées d'Amsterdam.  Dans le premier, le Rijksmuseum, se trouve La laitière, que l'on peut contempler  en doutant qu'il s'agisse d'une peinture, sans savoir de quoi il pourrait bien s'agir d'autre. Les couleurs, la patine, le dessin, la précision du trait, tout semble impossible à la réalisation. Et l'impossible peut être observé à loisir et à plaisir.

Vermeer a peint une petite quarantaine de tableaux en vingt ans. 

Dans le second, le musée Van Gogh,  est présenté le plus grand rassemblement existant des oeuvres du peintre. Pourtant, il ne s'agit que d'une petite partie des 840 tableaux, mille dessins et aquaralles sans compter les centaines de lettres envoyées à ses proches, pleines de subtilité, de goût et de vie. Van Gogh n'était pas pressé, ni fou : il était rapide. Bien trop rapide pour son époque.

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Valse à trois...temps, cultures, saisons

Imaginons que l'on ait demandé à Vermeer de peindre au rythme de Van Gogh, ou à ce dernier d'adopter le tempo de Vermeer.  La folie et l'impuissance auraient  à coup sur frappé les deux, pourtant reconnus comme des travailleurs acharnés. Chacun à leur rythme.

Ni la lenteur ni la rapidité ne sont souhaitables pour elles-mêmes. Il suffit de savoir laquelle convient.

Les marcheurs savent qu'en montagne le faux-pas, c'est-à-dire celui qui n'est pas le sien, ne pardonne pas et réduit singulièrement la performance. En ce sens, Vermeer et Van Gogh nous posent deux questions : comment les organisations prennent-elles en compte le rythme propre à leurs collaborateurs, sachant que sur un rythme qui n'est pas le sien il est peu probable que l'on soit performant. La seconde question est plus directe : et vous, quel est votre rythme ?

28/02/2016

R comme...REPRESENTATIONS

Je ne peins pas une femme, je peins un tableau (Matisse)

L’expérience est simple, elle consiste à se placer à distance de l’auditoire, à montrer un œuf et à demander aux spectateurs ce qu’ils voient. Un œuf entend-t-on rapidement. Ce qui ne correspond pas à ce que l’on voit mais à ce que l’on connaît. Si l’on s’en tient à ce que l’on voit, il faut décrire un objet ovoïde, de couleur chair, de faible poids et d’apparence solide. Comme dirait Wittgenstein : « « Quand je vois un objet, je ne peux pas me le représenter. Quand nous nous représentons quelque chose, nous n’observons pas ». De l’autre côté de la planète, un chinois, Tchouang-Tseu, disait à peu près la même chose : « Quand on perçoit, on ne parle pas, quand on parle on ne perçoit pas ».

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Que voyez-vous ? 

C’est la raison pour laquelle il faut absolument éviter les audioguides dans les musées, car alors on n’observe plus, on ne perçoit plus, on ne voit ce qui nous est raconté et l’on devient incapable de toute observation.

Vous souhaitez regarder vraiment ? Oubliez tout, plus de connaissance, plus de préjugés, plus de projection : retrouvez ce moment où « l’œil existe à l’état sauvage » comme l’affirmait André Breton. Il faut juste ne pas avoir peur.

26/02/2016

R comme...REFORME

...et comme réchauffée

 

Voyez la réforme : le compte personnel de formation est un droit universel. Oui, mais il ne s’acquiert que lorsque l’on est salarié et ne peut s’utiliser que si l’on est salarié ou demandeur d’emploi.

Reprenons : le compte personnel de formation est universel, il concerne donc tous les travailleurs. Mais son acquisition demeure liée au travail salarié, exit donc les périodes de travail non salarié, d’emploi public ou de chômage. Et son usage est limité aux demandeurs d’emploi et aux salariés puisqu’il n’y a plus personne pour financer lorsque l’on devient fonctionnaire ou contractuel public ou travailleur non salarié. Soit la bagatelle de 9 millions de personnes. Et une impasse pour ceux qui souhaitent se former après avoir créé leur entreprise (combien de créateurs d’entreprise parmi les concepteurs du CPF ?).

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Terrain vague

A lier les droits au contrat de travail et à l’ancienneté, on est encore dans le modèle des trente glorieuses de l’emploi durable et du statut salarié pour tous.

Tant que l’on ne s’affranchira pas du statut pour l’acquisition et l’usage des droits, on pourra toujours se payer de mots « sécurisation », « parcours », « droit universel »,…il n’en restera pas moins que l’on continuera à faire les mêmes vieilles soupes dans les mêmes vieilles marmites.

Addendum : écrite avant le projet de loi de réforme du droit du travail, cette chronique mérite actualisation. Le projet de loi prévoit en effet que les travailleurs indépendants bénéficieront du CPF. Voici donc une revendication satisfaite...ou presque. Car le projet prévoit que le CPF pour les non salariés n'entrera en vigueur que le 1er janvier 2018, soit une première acquisition de 24 heures qu'au mois de mars 2019. C'est dire qu'il n'y a vraiment pas urgence. Quand aux fonctionnaires, le texte leur ouvre accès au CPA mais sans qu'il soit expressément question du CPF, ce qui ne permet pas très bien de dire s'ils seront effectivement concernés et quand. Et comme dit Martine Aubry, pour rester dans l'actualité : "Quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup".

24/02/2016

Q comme....QUIZZ

C'est Quizz ?

1. OUI

2. NON

3. Quizz c'est ?

 

Conseil aux impétrants pour les jours de bac : Trichez ! Ne lésinez pas sur les moyens, connectez vos portables, utilisez vos oreillettes, allumez vos I-pad, sortez vos micro-fiches, pianotez sur vos calculettes, allez bouquiner dans les toilettes, déroulez vos papyrus, utilisez les technologies, les ruses potaches, la coopération subversive, bref résistez en trichant.

Mais résister à quoi au juste ? à ces examens qui ne sollicitent que votre mémoire, votre capacité de régurgitation, votre conformisme reproductif, votre capacité à réciter par écrit, votre absence de créativité, votre formatage par le corrigé type et l'obéissance aux canons de l'examen. Vos examinateurs sont des sots ? Ne tombez pas dans le panneau, soyez moins stupides qu'eux, trichez. Et obtenez votre examen haut la main et sans scrupule car la capacité d'adaptation, l'inventivité et la résistance à l'inutile méritent récompense.

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Sérieux, c'est qui ?

L'Education nationale aura réussi son rôle d'éducateur le jour où tous les documents seront autorisés aux examens. Où l'accès à l'information sera libre. Et où on demandera aux candidats de démontrer leur capacité à gérer cette information, à l'utiliser pour des productions qui font sens, à faire preuve d'engagement personnel, de capacités de choix, d'argumentation et de mise en relation de compétences pluridisciplinaires. Où les méthodes de travail n'apprendront pas à reproduire mais à travailler, où la compétence ne sera pas considérée comme un avatar de la connaissance mais comme sa sublimation.

Et les Quizz là dedans ? Constituant le degré zéro de l’évaluation, ils appellent la même stratégie : Trichez !

23/02/2016

P comme....PROFESSIONNALISATION

Défie toi du bœuf par devant, de la mule par derrière

et du moine de tous côtés (Miguel de Cervantes)

 Le cuisinier Ting dépeçait un beuf pour le prince Wen-houei.

On entendait des « houa » quand il empoignait de la main l’animal, qu’il retenait sa masse de l’épaule et que, la jambe arqueboutée, du genou l’immobilisait un instant.

On entendait des « houo » quand son couteau frappait en cadence, comme s’il eût exécuté l’antique danse du Bosquet ou le vieux rythme de la Tête de lynx.

-C’est admirable ! s’exclama le prince, je n’aurais jamais imaginé pareille technique !Le cuisinier posa son couteau et répondit :

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Beauté du geste (Catherine Huppey) 

Ce qui intéresse votre serviteur, c’est le fonctionnement des choses, non la simple technique. Quand j’ai commencé à pratiquer mon métier, je voyais tout le boeuf devant moi. Trois ans plus tard, je n’en voyais plus que des parties. Aujourd’hui, je le trouve par l’esprit sans plus le voir de mes yeux. Mes sens n’interviennent plus, mon esprit agit comme il l’entend et suit de lui-même les linéaments du boeuf. Lorsque ma lame tranche et disjoint, elle suit les failles et les fentes qui s’offrent à elle. Elle ne touche ni aux veines, ni aux tendons, ni à l’enveloppe des os, ni bien sûr à l’os même. (…)Quand je rencontre une articulation, je repère le point difficile, je le fixe du regard et, agissant avec une prudence extrême, lentement je découpe. Sous l’action délicate de la lame, les parties se séparent avec un « houo » léger comme celui d’un peu de terre que l’on pose sur le sol. Mon couteau à la main, je me redresse, je regarde autour de moi, amusé et satisfait, et après avoir nettoyé la lame, je le remets dans le fourreau. (…)

Tchouang Tseu (Traduction : Jean-François Billeter)

22/02/2016

P comme....PRESENTIEL

Il y a quelqu’un ?

 

Unité de temps, de lieu, d’action : avec le stage, la formation continue s’est construite sur le modèle de la formation initiale. Au lieu de faire bénéficier la formation initiale des innovations de la formation continue on a donc choisi de corseter la formation des adultes dans le schéma compassé de l’enseignement initial.

Le distanciel allait-il permettre de rompre avec la trilogie théâtrale ? D’avoir un formateur décentré, davantage accompagnateur, tuteur, conseiller, qu’enseignant ? D’avoir des temps asynchrones favorisant l’appropriation ? D’utiliser les ressources pédagogiques ?

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Les acteurs sont partis remplir leur PIF

En décentrant la figure totémique du formateur, avatar du maître et du professeur, davantage accompagnateur qu’enseignant, animateur que sachant, on pensait rompre avec les pédagogiques d’antan.

Oui mais voilà, il faut établir des protocoles individuels de formation (PIF) indiquant les moments de la formation, tracer les connexions, identifier les temps passés devant l’ordinateur, garantir que la souris bouge, bref, recréer à distance l’unité de temps, de lieu et d’action. Sans se rendre compte que pendant que l’on bureaucratise au nom, au choix, de la garantie de bonne utilisation des fonds ou de la qualité, pendant ce temps là donc, la scène se vide de ses acteurs.

21/02/2016

Un pour tous...

Des générations d'étudiants ont pu le constater, si Jean-Emmanuel Ray n'a pas le compliment particulièrement facile ce n'est pas par principe mais par souci de justice : les bravos, il faut les mériter. Alors quand à l'occasion d'une remise de diplôme il salue la "Dream Team", LA promotion qui l'aura marqué entre toutes, celle qui n'a procuré que du bonheur aux intervenants pendant une année et qu'il se déclare admiratif de la manière dont le collectif a fonctionné, c'est qu'il s'est passé quelque chose. Ce que je confirme sans réserve. Oui, mais quoi exactement ? 

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Amphi Descartes à la Sorbonne, vendredi 19 Février

Pendant les dix ans durant lesquels j'ai eu le plaisir de travailler avec le Master RH de l'IGS de Toulouse, il y avait également eu "La promo du Siècle". Et le miracle de cette alchimie qui se produit, ou pas, parce qu'à un moment donné de fortes personnalités insufflent à un groupe un esprit, une attitude, des comportements qui inscrivent tout le monde dans une logique collective qui loin de gommer les individus les pousse au contraire à se sublimer sans que chacun ne le perçoive comme une compétition concurrentielle mais davantage comme une émulation coopérante. La qualité de l'interaction entre chacun et le groupe permet, au final, à tous d'aller un peu au-delà d'eux mêmes. Et bien évidemment le résultat est là : en terme de confiance, d'aptitude, de compétence, c'est tout bénéfice pour chacun. Les emplois et responsabilités obtenus par ces jeunes gens en sortie de leurs études en témoignent d'ailleurs assez largement. Mais au-delà même de ces résultats immédiats, c'est la maturité joyeuse d'un groupe qui fait plaisir à voir. Et s'agissant de plaisir, celui de constater que la bonne humeur est une solide alliée de la performance. Bonne route à tous !

19/02/2016

P comme....PLAN

On ne vous demande pas de penser, il y a des gens payés pour cela (Taylor)

« Plutôt que de dresser un modèle qui serve de norme à son action, le sage chinois est porté à concentrer son attention sur le cours des choses pour en déceler la cohérence et profiter de leur évolution. Bref, au lieu d’imposer son plan au monde, il s’appuie sur le potentiel de la situation »

François Jullien, Traité de l’efficacité

Que voulez-vous apprendre ? à construire des plans qui s’imposeront au monde par leur ingéniosité, leur virtuosité, leur efficience, leur attractivité ? Et qui dispenseront les autres de penser. Ou bien vous immerger dans l’environnement, le saisir, le sentir, le « corporer » pour adopter le geste juste, l’action idoine, le rythme parfait ? Et mettre les individus sous tension en exigeant que chacun fasse de même.

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- Taylor ou Toyota ? 

- Plutôt le jazz....

En deux mots, vous êtes plutôt Taylor, la force du bureau d’études et le choc des procédures, ou Toyota, la religion de l’amélioration continue et de la qualité totale  ?

En ce qui me concerne, je suis plutôt toulousain.

17/02/2016

P comme....PAUSE

C’est du sport !

Quelle est la différence entre un manager et un entraîneur sportif ? Le premier considère que la performance est au minimum linéaire et si possible croissante, le second base tout son travail sur les cycles de performance et l’évidence qu’aucun sportif ne peut être au top de ses résultats toute l’année.

Parmi les premières décisions de Benjamin Millepied lors de sa prise de fonction de la Direction de la danse à l’Opéra de Paris : revoir les rythmes des entraînements, les temps de pause et la récupération. Pour gagner en exigence et performance (petit ajout d'actualité : il a également supprimé les pauses que certaines divas -précision à toutes fins utiles : diva est transgenre- s'octroyaient en lieu et place des entraînements).

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J’ai cherché vainement dans les supports d’entretien annuel un quelconque calendrier qui identifierait les périodes fortes de l’année, les périodes de récupération, les périodes d’acquisition de ressources, etc.  Salarié linéaire, performance linéaire. Loin, assez loin, de la réalité.

Un entraîneur sportif en conclurait que les salariés sont soit épuisés, et donc peu performants, soit dopés, soit en surrégime, ce qui expliquerait quelques pétages de plombs. Mais un entraîneur sportif ça ne connaît pas vraiment le travail.

16/02/2016

P comme....PARCOURS

Faire demi tour, c’est déjà aller quelque part

Si je vous montre le chemin, est-ce que je vous rends service et vous évite de vous perdre, ou bien est-ce que je suis dirigiste et ne vous autorise pas à tracer votre propre route et à voyager en autonomie ?

Les partitions, en musique baroque, sont très peu écrites et laissent une large place à la créativité de l'interprète : faut-il s'en plaindre ?

Dans un autre domaine, le GPS libère-t-il l'esprit qui n'a pas à se soucier de la route et peut donc vagabonder ou bien appauvrit-il la connaissance du conducteur qui s’en tient au fil rouge de l’écran et perd tout repère géographique ?

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Parcours personnalisé un 1er janvier à Barcelone

On constate souvent que lorsque le besoin disparaît, l'organe ne tarde pas à faire de même. Souvenons nous de ces araignées trouvées dans une grotte dont l'entrée était obstruée par l'eau depuis plusieurs centaines d'années : plongées dans l'obscurité totale, dans laquelle elles ont survécu, les araignées étaient totalement dépigmentées et avaient perdu leurs yeux.

Alors si vous ne souhaitez pas mutiler les stagiaires, laissez les parcours ouverts, permettez les réorientations, les demi-tours, les raccourcis, le braconnage et la créativité : les organes des susdits vous en sauront gré.

15/02/2016

Tic...Tac...Tic...Tac...

...oui d'accord, plus que dix mois avant l'entrée en vigueur des dispositions sur la qualité de la formation. Pas la peine de jouer le suspense, on a le temps de voir venir ;

- Mais non pas dix mois, deux jours.

- Deux jours ?

- hé oui, plus que deux jours pour s'inscrire gratuitement et suivre le Live de l'Expert organisé par DEMOS jeudi 18 février à 11 h ;  

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- Mais on s'inscrit pour quoi faire ?

- pour suivre un Webinar dans lequel il sera question de qualité, d'achat de formation, de financements par les OPCA, de champ d'application du décret, des organismes concernés...et de ceux qui ne le sont pas, ou encore des actions concernées et de celles qui ne le sont pas ;

- En résumé, pour tout savoir ;

- Voilà !

- Et sinon, on s'inscrit où ?

- ici, et ensuite Jennifer s'occupe de tout : Live de l'expert

- Et c'est qui Jennifer ? 

- Une jeune  femme de qualité ;

- Bon ok je m'inscris.

12/02/2016

O comme....ORGANISME DE FORMATION

Silence on coule !

 Personne, je dis bien personne, n’a jamais été capable de m’expliquer sérieusement (je ne parle même pas de me convaincre) pourquoi il y aurait trop d’organismes de formation en France et pourquoi ce serait une bonne nouvelle que certains ferment leurs portes.

Les escrocs ? entend-on dire qu’il y a trop de banquiers, d’assureurs, d’entrepreneurs du BTP (liste non exhaustive, évidemment) lorsque l’on apprend qu’il y a quelques véreux dans la profession ?

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Bonjour ? 

La qualité ? doit-on fermer toutes les gargottes au motif qu’elles ne sont pas au guide Michelin, quand bien même elles auraient des clients ? Et en quoi d’ailleurs le nombre de gargottes influerait sur la qualité de la gastronomie dans les trois étoiles ?

Faciliter le choix du consommateur ? J’ai cru comprendre que la concurrence était bénéfique pour le consommateur et que plus un marché était ouvert plus le consommateur en bénéficiait ? J’ai mal compris ?

Alors n’hésitez pas à venir m’expliquer.

11/02/2016

N comme...NORMALISATION

Tout un programme

 Dans le document envoyé aux partenaires sociaux en Juillet 2013 pour leur demander de négocier sur la réforme de la formation professionnelle, Michel Sapin demandait à ce que soit revue la définition de la formation professionnelle pour mieux prendre en compte la formation informelle.

L'ANI du 14 décembre 2013 a traduit cette demande en prévoyant qu'une formation associait des objectifs, une ingénierie pédagogique et une évaluation des résultats. La novation résidait dans la disparition du programme, corset rigide qui impose un parcours commun et préétabli, au profit de la possibilité pour chacun d'avoir un parcours dont les contenus sont aussi variés que les besoins individuels.

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Plus on est creux, plus on résonne

Mais fi de tout ceci dans la loi du 5 mars 2014 et avouons notre échec à persuader les députés qui ont bien voulu nous écouter, mais pas vraiment nous entendre, de l’inanité d’imposer un programme standard à des adultes en formation continue.

Les esprits de nos représentants sont ainsi normés que la formation initiale occupe toute la place et qu’il ne saurait y avoir de formation sans programme. Pire : l’absence de programme serait la démonstration que ce qui est proposé n’est pas de la formation.

A ce stade, ce n’est plus une norme, c’est un dogme…ou la peur du vide.

10/02/2016

M comme ....MODULAIRE

Objectif lune

L’homme n’a pas plus besoin de racines, il n’est pas arbre, qu’il ne se construit avec des briques, il n’est pas maison, ou qu’il ne doit changer de logiciel ou de disque dur, il n’est pas ordinateur. Ces images sans relief  sont des chemins directs pour l’impasse de la pensée.

De même, l’homme n’est pas un capital, il n’est pas une somme de compétences et il n’est pas modulaire.  Comment alors se projeter dans un parcours modulaire et penser ses propres compétences sous forme de blocs ?

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Pêcheuse de Lune

En retournant aux fondamentaux : pour  qui a connu les années soixante, le module c’est le LEM. Non, pas la loi de l’emmerdement maximal, le Lunar Excursion Module. Le véhicule spatial qui débarqua des hommes sur la lune. De l’extérieur, le LEM ressemble à un petit bricolage, à des boîtes à œufs recouvertes d’aluminium pour résister à la chaleur  avec une petite échelle en allumettes. Le LEM, ou scénario de la fusée modulaire, s’est imposé chez les ingénieurs de la NASA, après qu’ait été longtemps privilégiée l’hypothèse d’un vaisseau unique. Mais voilà, le modulaire est plus léger, mieux adapté à chaque étape, plus économe, mieux garanti que le monobloc.

Pour vanter les mérites de la modularisation, avouez que le LEM et la conquête de l’espace cela à toute de même une autre allure que les ‘blocs de compétences », non ?

09/02/2016

L comme....LIBERTE

N’attends rien, désire tout (Raoul Vaneigem)

 

 Apprendre une recette ou apprendre à faire la cuisine ?

La formation recette est celle qui apprend à sélectionner les ingrédients, livre les secrets de la préparation, fournit les temps de cuisson, donne les variantes possibles et enseigne la reproduction. Elle séduit par l'immédiateté de son résultat. Elle est montrable et valorise celui qui apprend. Toutefois, à la troisième invitation, le convive peut se lasser et le cuisinier aussi. Il faut d'autres recettes. La formation, à terme, crée donc la dépendance et non l'autonomie. Elle fournit les poissons, mais n’apprend pas à pêcher. Vite, encore un poisson !

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La formation qui apprend la cuisine prend son temps. Elle parle des mets : légumes, condiments, viandes, poissons, coquillages, agrumes, arômes, piments, épices, herbes...Elle parle des méthodes : cuissons, macérations, émulsions, saisies, marinades...Elle parle de mélanges : assortiments, goûts, saveurs, correspondances, oppositions, mariages. Elle vous livre les conditions de la production, vous ouvre les voies et chemins, vous outille pour l'aventure mais ne vous tient pas la main et refuse de vous inviter à reproduire. Elle a, comme le cuisinier, l'exigence de la création. Le goût de l'autonomie et de la liberté. Elle ne garantit pas la satisfaction immédiate de l'invité mais organise les conditions de la surprise.

Mais foin d'oppositions : pour libérer tous les possibles, la formation prendra soin d'apprendre la cuisine tout en suggérant quelques recettes. Bon appétit !

08/02/2016

L comme....LAPSUS

Monsieur le Ministre, il faut durcir votre sexe…euh votre texte (Robert-André Vivien à l’Assemblée nationale – 1975).

Tous les citoyens sont égals et fraternaux (Fournier à la Chambre des députés – 1914).

 

Sartre ne croyait pas à l’inconscient. Est-ce vraiment l’inconscient qui parle lorsque notre langue fourche, que les idées s’associent et que les mots se jouent de nous ? N’est-ce pas plutôt notre volonté, notre souhait, notre crainte ou notre désir qui s’expriment ? à quoi pensait la belle jeune femme en me disant « Je tombe de soleil ? » et celle, jamais satisfaite qui avoue :  «Je recherche toujours la perversion ». Certains messages sont beaucoup plus clairs, lorsqu’un DRH annonce qu’il va présenter le tableau de mort des effectifs ou un salarié que lundi il va au bourreau.

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Chez Freud, on le sait, le sexe n’est jamais loin. Il est vrai que lorsque l’on annonce une réunion du COPUL, qu’il ne faut pas perdre l’objectif de vue en cours de rut ou que l’entreprise a une copulation assez âgée, le petit père Freud affiche un sourire satisfait.

Le lapsus a souvent l’image d’une soupape qui libèrerait soudainement un trop plein de tension. Comme cet animateur annonçant qu’il va nous exploser la situation ou ce dirigeant qui nous laisse le joint de finaliser le projet.

Laissons à la jeune femme tombée du soleil le soin de définir le lapsus : « un état de confiance modifiée ».

06/02/2016

J comme...JEU

Je(u) est un autre (Arthur Rimbaud)

Apprendre par le jeu est une évidence…pour les enfants. Les adultes peuvent également être convaincus, mais ils l’assument mal. Le temps où les surréalistes se réunissaient dans les cafés pour ouvrir l’esprit, l’éventail des possibles et la manière de vivre par le jeu est bien lointain. 

Car quand les adultes se tournent vers le jeu, il faut qu’il soit sérieux. Ainsi les économistes ont consacré par des prix Nobel plusieurs tenants de la théorie des jeux, qui rationnalise le ludique. 

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Apprentissage de l'amitié

En formation, terrain pourtant propice, le mot jeu est tellement imprononçable qu’on est allé chercher « game » en s’empressant de lui rajouter un « serious » destiné à éliminer toute équivoque.

Et voilà comment au lieu de développer des pédagogies du jeu pour l’apprentissage, on se retrouve à créer des « serious games ». En oubliant que celui qui renonce à sa part d’enfance renonce à lui même.  Franchement, vous trouvez ça sérieux ?

05/02/2016

I comme...IRM

Identités Rapprochées Multiples

L'expérience se renouvelle sans cesse. Lors des présentations en début de formation, il se trouve toujours une ou un participant pour dire :"Oh vous savez moi j'ai un parcours atypique...". Comme tout le monde, est-on tenté de répondre.

Bernard Lahire (La culture des individus – 2004) en a fait le constat méthodique : les trajectoires individuelles se diversifient au moyen de pratiques sociales multiples en dehors des groupes de référence dont on relève. Bien plus que le repli identitaire ou communautaire, c’est la diversité des appariements qui caractérise notre société. Moins visible peut être, mais bien plus présente.

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Philippe Sollers nomme Identités Rapprochées Multiples ces différents états d'un même individu qui le rendent moins facile à catégoriser, moins aisé à appréhender, plus difficile à comprendre aussi.

Il ne faut pas s'étonner que ce phénomène soit peu visible : le simplisme de l'individu ramené à un essentiel préexistant est une référence mieux partagée que la complexité de l'être aux mille facettes. Le premier est réduit à une image grossière alors que le second se refuse sans cesse et ne vous offre un visage que pour mieux dissimuler l'autre.

Reconnaître les identités rapprochées multiples c'est accepter que l'autre dispose d'une liberté inaliénable et qu’il ne puisse jamais être réduit à la représentation que l’on s’en fait. Accepter la liberté d’autrui, tout un programme.

03/02/2016

I comme...INTERACTION

Un peu de sociologie éloigne du droit, beaucoup de sociologie y ramène (Maurice Hauriou)

  Maurice Cohen est docteur en physique et en mathématiques, spécialiste de l'intelligence artificielle. Il est l’auteur de plus de 250 publications scientifiques et a résolu plusieurs problèmes mathématiques considérés comme « impossibles », telle l’équation de Poincaré. Il est également peintre.

Il procède de la même démarche créatrice pour résoudre une équation mathématique et réaliser une toile :

"Si l’on n’est pas philosophe, un peu poète, on ne peut pas aller très loin dans le domaine de l’intelligence artificielle. Le monde est non linéaire et les plus grands problèmes ne peuvent être résolus par un système cartésien. L’art nous force presque à penser hors de cette logique cartésienne. C’est après trois semaines de peinture intensive que j’ai résolu le problème de Poincaré qui date du XIXe siècle."

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Nature ou culture ? 

Le travail de Maurice Cohen nous invite à deux questions. L'une spécifique à son activité : qu'est-ce qu'un chercheur et comment s'effectue un travail de recherche ? Avec de la technique, de la méthode, de la discipline et de la créativité. Si l'on veut décrire les compétences du chercheur, les trois premiers points ne poseront pas, trop, de problème. Le quatrième est moins évident. Il nous fournit pourtant une des clés : la créativité c'est la capacité à faire des liens qui n'ont jamais été faits et à disposer d'un état d'esprit suffisamment libre.

La deuxième question est plus générale : que nous apporte l'art ? Christian de Portzamparc, l'architecte de la cité de la Musique à Paris et de l'immeuble Vuitton à New-York affirme: "Lorsque je lis de la poésie, de la littérature, lorsque je m’intéresse à la psychanalyse, à la peinture, à la sculpture, je ne considère jamais que je m’éloigne de mon métier".

Le détour artistique ? Un moyen de penser un peu au-delà de notre pensée habituelle.

02/02/2016

Passage à l'Assemblée

Jean-Patrick Gilles et Gérard Cherpion conduisent la mission d'étude de l'impact de la loi du 5 mars 2014. Dans ce cadre, ils réalisent depuis la semaine dernière des auditions. Cet après-midi, j'ai eu ma demi-heure. Quand on a peu de temps, il faut prendre l'intervalle rapidement. J'ai donc été à l'essentiel avec trois propositions : 

- Adopter enfin une définition de l'action de formation digne de la formation continue et non pas importée de la formation initiale. Des objectifs, un dispositif pédagogique et l'évaluation des résultats, éventuellement par la certification. Mais en finir avec le programme, le contenu, pour concevoir enfin le parcours de formation comme un ensemble de ressources mises à disposition des apprenants, sans nécessairement avoir un contenu préétabli, chacun empruntant le chemin qui lui convient le mieux ;

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- Supprimer les listes du CPF pour rendre l'usage du droit accessible et avoir un vraie dynamique d'accès à la formation. En lieu et place, utiliser les abondements et la modulation des taux de prise en charge pour affirmer des priorités. Mais permettre à chacun d'exercer son droit (quitte à laisser dans certains cas un reste à charge, qui pourrait être assumé par le salarié ou l'entreprise) ;

- Définir le champ des actions possibles avec les financements conventionnels et volontaires. La loi du 5 mars 2014 a créé la possibilité pour les OPCA d'avoir des ressources consacrées au développement de la formation professionnelle continue. Cette affectation générale et imprécise laisse à l'administration tout arbitraire pour décider ce qui ressort ou non des interventions de l'OPCA. Et même si jusqu'à présent la DGEFP a une position plutôt ouverte, il serait bon de sécuriser le périmètre et d'acter que tout ce qui concourt au développement des compétences des salariés peut être financé dans ce cadre, quelle que soit la formation que prennent les actions. 

Soit trois propositions pour accroître le champ des libertés que la loi du 5 mars 2014 a créé. 

Pour les autres constats, tout ou presque est dans la note ci-dessous. Résultat des courses ? lors du vote de la loi portant réforme du code du travail, soit d'ici l'été. 

NOTE SUR L’EVALUATION DE LA LOI DU 5 MARS 2014.pdf