26/02/2016
R comme...REFORME
...et comme réchauffée
Voyez la réforme : le compte personnel de formation est un droit universel. Oui, mais il ne s’acquiert que lorsque l’on est salarié et ne peut s’utiliser que si l’on est salarié ou demandeur d’emploi.
Reprenons : le compte personnel de formation est universel, il concerne donc tous les travailleurs. Mais son acquisition demeure liée au travail salarié, exit donc les périodes de travail non salarié, d’emploi public ou de chômage. Et son usage est limité aux demandeurs d’emploi et aux salariés puisqu’il n’y a plus personne pour financer lorsque l’on devient fonctionnaire ou contractuel public ou travailleur non salarié. Soit la bagatelle de 9 millions de personnes. Et une impasse pour ceux qui souhaitent se former après avoir créé leur entreprise (combien de créateurs d’entreprise parmi les concepteurs du CPF ?).
Terrain vague
A lier les droits au contrat de travail et à l’ancienneté, on est encore dans le modèle des trente glorieuses de l’emploi durable et du statut salarié pour tous.
Tant que l’on ne s’affranchira pas du statut pour l’acquisition et l’usage des droits, on pourra toujours se payer de mots « sécurisation », « parcours », « droit universel »,…il n’en restera pas moins que l’on continuera à faire les mêmes vieilles soupes dans les mêmes vieilles marmites.
Addendum : écrite avant le projet de loi de réforme du droit du travail, cette chronique mérite actualisation. Le projet de loi prévoit en effet que les travailleurs indépendants bénéficieront du CPF. Voici donc une revendication satisfaite...ou presque. Car le projet prévoit que le CPF pour les non salariés n'entrera en vigueur que le 1er janvier 2018, soit une première acquisition de 24 heures qu'au mois de mars 2019. C'est dire qu'il n'y a vraiment pas urgence. Quand aux fonctionnaires, le texte leur ouvre accès au CPA mais sans qu'il soit expressément question du CPF, ce qui ne permet pas très bien de dire s'ils seront effectivement concernés et quand. Et comme dit Martine Aubry, pour rester dans l'actualité : "Quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup".
09:07 Publié dans DICTIONNAIRE | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : dictionnaire, réforme, formation, cpf, aubry, travail, emploi, éducation, cpa
Commentaires
le CPF n'a été que le moyen (à peine caché) pour le Medef de faire disparaître un droit à la formation des salariés qu'il avait sans doute imprudemment accordé en 2003 (loi du 4 mai 2004).
Quand on veut noyer son chien on prétend qu'il a la rage, quand on a voulu noyer le DIF on a prétendu qu'il ne marchait pas (alors que chaque année des milliers de demandes étaient refusées par les employeurs et par les OPCA sous prétexte d'absence de financements)
Pour faire bonne mesure on a donc créé un droit (virtuel) de 24 heures de formation qui est quasi inutilisable par un salarié (sauf si l'entreprise le détourne à son profit).
Aujourd'hui dans une branche pro, le CPF paie des formations certifiantes à 50 000 euros qui étaient jadis financés directement par les entreprises. Celles-ci se frottent les mains et pendant ce temps on impose un incroyable parcours du combattant au quidam qui voulait simplement développer ses compétences durant 20 ou 30 heures en anglais ou en informatique.
Pour tuer le droit à la formation on a donc eu recourt à 3 subterfuges
1) prétendre donner plus (24 h contre 20 h pour le DIF) et rendre transférable les heures tout au long de la vie professionnelle (comme si face à un projet professionnel sérieux il fallait avoir accumulé de l'ancienneté pour se former)
2) prétendre qu'avec 0,2 % de la masse salariale (des entreprises de plus de 10 salariés seulement), soit 6 ou 700 millions tout au plus on pourrait tout à la fois
- remettre 2 à 3 millions de salariés non qualifiés
- reconvertir des dizaines de milliers de salariés via un CIF hors temps de travail qui couterait 10 fois moins cher
- maintenir l'employabilité des 15 millions de salariés du privé
- payer 50 % des salaires des stagiaires CPF
3) Prétendre qu'on va simplifier et qu'en 3 clics de souris chacun pourrait commander sa formation (alors que le salarié n'a ni la capacité juridique ni financière d'engager seul une formation auprès d'un organisme de formation).
Le CPF a été à la fois un mensonge et un leurre que les pouvoirs publics ont conclu avec le Medef en 2013 et qui aura fait régresser tous nos dispositifs de formation (le Plan compris) d'au moins 15 années.
Écrit par : cozin | 26/02/2016
Bonjour,
En 2018, Hollande ne sera plus au pouvoir et les socialistes auront disparu de la circulation...Alors, ne nous emballons pas...
Écrit par : bcallens | 26/02/2016
LE problème du CPF n'est pas selon moi uniquement lié au statut de son détenteur mais aussi à cette idée qu'il faudrait attendre d'avoir accumulé assez de droits pour se former (ou être soigné..)
Un peu comme si on disait aux parents d'un enfant : attendez que votre petit dernier ait assez de droits (à raison de X heure par année) pour qu'il puisse ensuite apprendre.
Idem pour la santé : on pourrait imaginer un système où il faudrait être assuré social (et travailler en tant que salarié) durant 1 an pour une opération bénigne, 2 ans pour une opération plus compliquée et 10 années de cotisation pour bénéficier d'un coûteux traitement du cancer. Ce serait inadmissible mais c'est pourtant à cette gymnastique stupide que se livre les pouvoirs publics et les partenaires sociaux avec leur nullissime CPF et bientôt CPA.
Que diraient les salariés d'un système (qui existe aux USA) où durant les 10 première d'années d'emploi salarié on bénéficierait de 2 semaines de congés payés, les 10 suivantes (chez le même employeur évidemment) de 3 semaines et ainsi de suite ?
Écrit par : cozin | 01/03/2016
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