Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/03/2015

Le syndrome du Concorde

Voir le Concorde, pour son premier vol d'essai, sur l'écran de la télévision noir et blanc et simultanément dans le ciel toulousain ne s'oublie pas. Les trente glorieuses n'étaient pas terminées, progrès technique et progrès social volaient de concert, l'horizon paraissait dégagé. Sur le papier, ça baignait. Une crise pétrolière, environnementale, économique et sociale plus tard, un peu moins. Défaut de prévision ? confiance démesurée en l'avenir ? ou juste incapacité à se poser les bonnes questions ?

Sur le papier, le Compte personnel de formation est un bel outil, perfectionné, racé, à géométrie variable, il peut avoir fière allure. Oui mais voilà, il est en cale sèche : pas de départ en formation depuis presque trois mois, des OPCA peu impliqués, un système de gestion auquel personne ne comprend rien, et l'impression persistante qu'il n'y a pas de pilote dans l'avion. 

concorde-twa-01.jpg

Passons les acteurs en revue : 

1) Les OPCA font a minima pour la plupart. Pourquoi ? parce que dans cette période de fort risque sur leur activité au titre du plan de formation, le CPF n'est pas un enjeu. La collecte est garantie tous les ans, la DGEFP a eu la bonne idée de recalculer les frais de gestion sur la collecte et non sur la dépense et de différer à 2017 les éventuels premiers prélèvements sur les fonds non utilisés. Du coup, l'urgence est de se mobiliser sur le plan de formation et les versements volontaires, et pour le CPF on verra plus tard. Du coup les équipes et les process ne sont pas prêts et les entreprises n'ont pas de réponse à leurs questions. 

2) Les partenaires sociaux ont été basculés brutalement du monde de la formation vers celui de la certification. Le temps d'appréhender le changement, de s'approprier le dispositif, de négocier, de trouver les compromis, et surtout d'intégrer les ruptures culturelles (ce qui n'est pas gagné lorsque l'on voit que pour certaines organisations la question centrale sur le CPF est d'être restrictif pour que les entreprises ne puissent surtout pas faire de lien avec le plan de formation car elles risqueraient "d'optimiser" le dispositif...) et l'on peut considérer que l'année 2015 sera passée. 

3) La CNCP est dans l'incapacité totale de réaliser en six mois ce qu'elle n'a pas su faire en 12 ans et de mettre à disposition des acteurs un outil simple, rapide, efficace pour développer les certifications de l'inventaire, indispensables pourtant au fonctionnement du système. 

4) La DGEFP s'épuise à vouloir traiter le dispositif de manière exhaustive au lieu de se demander simplement ce qui est nécessaire dans un premier temps en phase de démarrage. Comme pour le Concorde, on pense que l'excellence est dans la conception de l'outil sans s'intéresser aux conditions de réussite liées à l'environnement et commencer par faire fonctionner une version imparfaite mais qui au moins permettrait d'expérimenter puis d'améliorer. 

Dans ce marasme, que confirme une réunion tenue vendredi 13 (!) mars entre la DGEFP et les OPCA et qui n'a permis aucune avancée concrète, on voit mal comment tout cela pourrait se débloquer à court terme. Et  l'on aimerait évidemment se tromper lourdement et avoir l'occasion de voir fonctionner la machine, comme en ce mois de mars 1969 on s'émerveillait du petit point blanc qui traversait le ciel. 

10/03/2015

Et vive le père Ubu !

Dans un Etat de droit digne de ce nom, le respect de la règle ne se discute pas. Si on la partage, la conviction s'ajoute à l'obligation. Si on la conteste, la respecter est la condition de sa critique. Mais si on se moque de la règle, alors l'arbitraire l'emporte et  souffle le vent qui balaiera toute les légitimités. Bien difficile après de reconstruire. C'est pourquoi il est un peu désespérant de voir comment, après le vote de chaque loi, l'administration s'empare unilatéralement de la règle pour en faire sa chose, au mépris parfois...de la règle elle-même. La nouvelle version du Questions/Réponses de l'administration relatif aux OPCA, qui est tout de même la troisième, ne peut donc que désoler ceux qui estiment qu'en ignorant délibérément la règle, quelles que soient les motivations, on traite, mal, des questions de court terme au détriment du moyen terme, et au final de ce que l'on est censé défendre. Ubu est donc de retour, si tant est qu'il ait un jour disparu. 

Affiche-UBU-mail.jpg

Prenons quelques exemples : 

1) 12 OPCA envoient un argumentaire détaillé pour souligner l'illégalité, en l'état du droit, d'une collecte des contributions volontaires tous azimuts par les OPCA interprofessionnels. La DGEFP ne répond à aucun argument et ne change pas une virgule à son texte antérieur, qui tient de l'argumentaire de cour d'école. Au mépris de la règle s'ajoute celui des acteurs. 

2) Le Code du travail prévoit que les administrateurs peuvent voir leurs frais pris en charge. En version 1 il s'agit du Conseil d'administration. En version 2, les délégations régionales viennent s'ajouter. En version 3, toutes les instances paritaires fonctionnant au sein de l'OPCA sont concernées. La loi n'a pas changé, mais la manière de la lire a fluctué.

3) La loi prévoit que les entreprises peuvent conclure des accords de financement direct du CPF. Le propre d'un accord collectif est de créer des obligations pour les entreprises qui ont du sens dans le cadre de l'intérêt collectif. Le Q/R nous explique pourtant que cet article interdit (ce qu'il ne fait pas) à un accord de branche d'imposer un versement à l'OPCA dès lors que la branche considère que la gestion mutualisée du CPF est plus efficace. Au nom de quel principe cette possibilité dérogatoire aurait un caractère d'ordre public interdisant à un accord collectif de préférer l'intérêt général à l'intérêt particulier ? le Q/R n'en dit rien, se contentant de procéder par affirmation. 

Dans tous les cas, l'arbitraire prévaut, comme pour les réformes précédentes et comme, il est à craindre, pour les réformes à venir tant la partition est rejouée à chaque fois à l'identique. Ubu Rex Imperator !

09/03/2015

Salariés, pas des veaux

La Cour de cassation complète sa jurisprudence sur la rupture conventionnelle en émancipant, définitivement, les salariés. Loin de ceux qui confondent subordination et soumission, les juges reconnaissent à un salarié la capacité de conclure une rupture conventionnelle quel que soit le contexte : maladie, accident du travail, situation conflictuelle, harcèlement, procédure de licenciement en cours...Les juges en arrivent finalement, dans l'esprit de l'accord conclu par les partenaires sociaux qui ont créé la rupture conventionnelle,  à considérer que sauf  vice du consentement (par exemple : donner de fausses informations au salarié sur ses droits à l'assurance chômage), la rupture conventionnelle est une faculté dont le salarié est libre de faire usage. En d'autres termes, chacun est le mieux placé pour juger de son intérêt dès lors que l'hypothèse de la manipulation ou de la pression est écartée. 

IMG_2461.jpg

C'est ce qui nous vaut d'avoir plus de 300 000 ruptures conventionnelles par an, contre 800 000 licenciements et plus d'un million et demi de démission, qui reste le premier mode de rupture du contrat à durée indéterminée. Signalons également qu'en matière de prise d'acte, ce que l'on a appelé "l'auto-licenciement", les juges ont également fait évoluer leur position et considèrent que l'employeur n'est pas coupable a priori, ni même suspect, et qu'il appartient au demandeur d'établir le bien fondé de sa décision. Une manière assez simple finalement de faire de l'humanisme, c'est de reconnaître à chacun une inaliénable liberté de décider pour soi-même. Nous y sommes. 

05/03/2015

Un grand succès...

C'est ainsi que François Rebsamen, mais si vous savez, le ministre de la formation professionnelle (et du chôôôômaaaageeee, pour parodier nos députés potaches), a qualifié les deux premiers mois d'existence du compte personnel de formation. Il se basait sur les 500 000 inscriptions recensées sur le portail du CPF. Dédions lui, avec la collaboration de Corneille, ce quatrain : 

Nous partimes cinq cent mille, mais malgré nos efforts,

Nous ne furent que soixante cinq à parvenir au port,

Tant, à nous voir chercher avec un tel visage,

Finissaient par en perdre la foi et le courage. 

Car les 500 000 ont fait pschiiit comme une bulle qui prend l'air et ce sont bien 65 dossiers financés qui sont recensés à la date anniversaire de la loi réformant la formation. 

Pinocchio1.png

Alors bien sur, un an c'est court, le travail est immense, le chantier ouvert pour plusieurs années, la rupture colossale, preuve que l'on ne fait pas que rafistoler mais que l'on construit un véritable nouveau dispositif. Bien sur, tout cela est vrai. Mais il est permis de penser que si l'administration avait mis son énergie et ses moyens dans l'objectif de construire un système opérationnel dès le départ qui évoluerait par la suite, plutôt que de vouloir d'emblée penser et construire le système dans sa globalité en envisageant tous les cas de figure avant même qu'ils ne se présentent, ce qui conduit à consacrer un temps considérable à des questions secondaires, on en serait pas là. Mais voilà, comme le scorpion qui pique la tortue au milieu du gué, produire des systèmes abscons sans empathie pour le bénéficiaire c'est finalement dans la nature des administrateurs qui administrent des administrés. Enfin, 65 administrés. 

02/03/2015

Faut pas confondre le symptôme et la maladie...

Nous sommes  la semaine anniversaire de la loi du 5 mars 2014, deux mois après le lancement du compte personnel de formation et de l'orientation de tous les financements légaux vers la certification. Nous sommes trois semaines après la publication de la première liste de certifications inscrites à l'inventaire, que nous attendions depuis 12 ans. Nous sommes au moment précis où tous les organismes de formation découvrent (j'exagère, mais à peine) ce qu'est la certification. Nous sommes au moment où la Commission nationale de la certification se retrouve au coeur d'un dispositif censé structurer l'offre de formation. Et lorsque l'on souhaite, soudainement, vérifier si l'inventaire est enfin en ligne avec possibilité pour les organismes certificateurs de saisir leurs demandes, on tombe sur ceci : 

Capture d’écran 2015-03-02 à 13.41.07.png

Alors bien sur, il ne faut pas confondre le symptôme avec la maladie. Et ne pas faire de mauvais esprit car si le site est en travaux, c'est bien la preuve que la CNCP travaille non ? Bon, il n'est pas vraiment dit que c'est en travaux, juste que ce n'est pas disponible, mais que c'est temporaire. Allez, comme le reste, ça ira mieux demain. 

28/02/2015

La Grèce, partout

Il est des lieux qui abolissent toute question. Car il y a le ciel, les nuages, le vent, la mer, les montagnes, la roche noire volcanique, la légèreté de l'air, vous êtes en parfaite compagnie, chaque repas est une épiphanie, les alcools locaux ont la chaleur du Sud, dès lors tout devient très présent, et le reste très lointain. Rien d'étonnant dans ces conditions, à ce qu'une vestale musicienne s'invite sur une plage pour rappeler que la Grèce demeurera, de toute éternité, le pays des origines. 

IMG_0262.jpg

Si tous les ressentiments se cristallisent sur les Grecs ce n'est évidemment pas pour des histoires d'argent, il fut un temps où l'on aurait fait tourner la planche à billets sans se préoccuper plus avant de comptabilité, cette plate réalité des sans imagination. Ce que l'on fait payer aux Grecs, car contrairement aux idées reçues ils paient, et de leur vie même si l'on se réfère au taux de mortalité, et de plus en plus (la dette et les intérêts ont explosé depuis que l'Europe a déployé ses aides), ce que l'on fait payer donc ce n'est pas une dette, une gabegie ou de l'inconséquence, c'est un art de vivre. Celui qui fait surgir les vestales sur les plages, celui qui s'accorde aux éléments, celui qui prend la dimension du temps, celui qui sait vivre avec la nature celui qui connaît le nectar des Dieux. De quoi déclencher la fureur de ceux qui ont perdu tout cela et voudraient faire croire qu'ils détiennent les clés du bonheur. Mais ils n'y peuvent rien, partout où il fait bon vivre ce n'est pas à l'Allemagne que l'on pense, mais inévitablement à la Grèce. 

27/02/2015

Un petit exercice...

Les artistes épurent souvent leur style au fil de leurs expériences. L'écrivain supprime les phrases inutiles ou bien sait pourquoi il les maintient, le peintre s'en tient aux lignes essentielles, le cinéaste réduit les effets de montage et contient ses acteurs, le musicien pose les notes avec des gestes d'arrangeuse de fleurs. Faire simple est un art, que l'on reconnaît parfois à la capacité de vulgariser sans insulter l'intelligence de l'interlocuteur qui n'est jamais qu'en découverte. Presque aveugle, diminué physiquement, usant de longs porte pinceaux, Matisse a réalisé ses plus beaux dessins à la fin de sa vie. 

Nu-dans-les-ondes-1938-linogravure-221-x-35-cm-sur-vélin-G.-Maillol-40-x-605-cm-Duthuit-710.jpg

Proposons aux concepteurs du compte personnel de formation un exercice simple : expliquer à un bénéficiaire qui ignore tout du monde de la formation, soit la grande majorité des bénéficiaires, le fonctionnement du CPF et ce qu'il doit faire pour suivre une formation dans ce cadre. Vous aurez au choix :

1) La réponse institutionnelle qui ignore le sens même du mot pragmatisme qui vous renverra vers le conseil en évolution professionnelle. Il vaut mieux laisser tomber et passer à autre chose. 

2) La réponse formelle qui renvoie sur le site de la caisse des dépôts, puis auprès de l'employeur ou de l'OPCACIF. A la manière dont répondrait un juriste qui a lu les textes et qui informe honnêtement. 

3) Celui qui veut faire précis et se lance dans la présentation exhaustive de tous les cas de figure : hors-temps de travail, sur le temps de travail, avec une formation éligible, dans les plafonds de l'OPCA, etc. Pour la simplicité, on repassera. 

4) Celui qui vous plonge directement dans le gouffre de son cynisme désabusé : pas la peine d'essayer, ça ne marchera jamais, d'ailleurs je l'avais bien dit. 

5) Celui qui se veut optimiste, et qui l'est sans doute en plus de sa bonne foi : ce n'est pas encore au point, mais cela va venir, encore quelques temps (jours ? semaines ? mois ?) et le système fonctionnera. On construit quand même le dispositif pour les quarante années qui viennent, c'est normal que cela patine au début. Pas totalement faux, mais totalement inutile pour un projet aujourd'hui. 

Pour ce qui me concerne, j'en suis presque là. A expliquer que c'est très limité aujourd'hui mais que dans quelques mois les possibilités de choix devraient être suffisamment larges pour que chacun trouve chaussure à son pied. Optimiste par volonté donc tout en étant un peu navré de rappeler que l'un des objectifs de la réforme était que la complexité soit totalement absorbée par les professionnels et que le système soit très simple pour les utilisateurs. Pour égaler Matisse, il y a encore du boulot. 

26/02/2015

Pour les OPCA aussi, l'ennemi c'est la finance...

On connaît la formule : "Mon ennemi, il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti...c'est le monde de la finance". Et bien il se pourrait que pour les OPCA, l'ennemi ce soit la finance. Car pour un organisme paritaire, avoir comme stratégie de développement, projet ou horizon indépassable, le seul niveau de sa collecte, c'est non seulement un peu court, mais surtout cela ne peut que mal se terminer. Lorsque les logiques commerciales auront pris le dessus sur les logiques sociales qui seules justifient l'existence des OPCA alors il suffira de demander à Bercy de remettre de l'ordre dans les dérives du paritarisme de gestion et cela en sera terminé des fonds paritaires de la formation. L'URSSAF et la Caisse des dépôts d'un côté, le marché de l'externalisation de l'autre, en terme de services les entreprises y retrouveront leurs petits. 

IMG_3100.jpg

C'est pourquoi la démarche de 12 OPCA interpellant l'administration pour contester sa position, politique, de permettre aux OPCA interprofessionnels de collecter tous azimuts des contributions volontaires d'entreprises, ne doit pas être vue comme une simple défense de pré carré ou logique protectionniste. Il s'agit d'affirmer la nature d'un OPCA et d'en tirer les conséquences en termes de missions, de capacités d'intervention, de mode de financement des services, de qualité des services rendus, etc. plutôt que de considérer, ici comme ailleurs, que la concurrence doit s'appliquer à tout et à tous. Et la DGEFP devrait se demander, à l'heure où elle négocie les COM, si elle souhaite vraiment que les frais de fonctionnement des OPCA servent à financer des messages publicitaires pour doper la collecte. Il vaudrait mieux d'ailleurs, cesser de raisonner à partir des OPCA et se poser la question de leur champ d'intervention et de leurs compétences en partant des entreprises et des salariés : quelles logiques de regroupement des branches au sein des OPCA ? comment prendre en compte les groupes d'entreprises multibranches ? quelle articulation entre branches et territoires ? quelle place pour les logiques métiers ? comment intégrer la professionnalisation des fonctions supports dans les branches ? si l'on partait de là, on éviterait bien des combats dans lesquels personne n'a rien à gagner. 

Courrier 12 OPCA.pdf

25/02/2015

Au bonheur des rentiers

L'activité de formation est une activité de production : de l'organisation, de la logistique, des actions, de la mesure qualité...comme dans d'autres domaines, on peut parler d'industrie tertiaire. Faire le choix de la certification systématique comme objectif de tous les dispositifs de formation pourrait bien faire voler en éclat ce marché. Avec d'un côté des producteurs à l'activité toujours plus assignée et encadrée, comme l'industrie s'est trouvée assujettie à des normes qualité qui constituent le meilleur moyen de sous-traiter tout en maîtrisant les processus de production, et de l'autre côté des rentiers qui, propriétaires de la certification toucheront des royalties pour rendre cette certification accessible, et par la même occasion le marché, à ceux qui n'y auraient pas accès sans cela. Pour les heureux possesseurs de la certification, voilà une source inépuisable de revenus sans les tracas de la production. De quoi envisager l'avenir sous le signe du farniente.

IMG_0106.jpg

Pour les organismes de formation, le positionnement sur le marché de la certification n'est plus une question, c'est une urgence. Et un choix autour de trois possibles : travailler avec des certifications libres d'accès (ce qui suppose que le certificateur ne réclame pas de rente ou une rente modique), développer sa propre politique de certification, en comprenant bien qu'une certification ce n'est pas simplement un quizz à la fin d'une formation mais l'établissement d'un processus de vérification de compétences (et non de connaissances) qui ont du sens, ce qui constituera pour beaucoup une révolution copernicienne, qu'il faudra ensuite amener à la reconnaissance en passant par les arcanes du RNCP ou de l'inventaire, la troisième alternative étant de trouver des partenaires avec lesquels les intérêts communs seront suffisants pour ne pas se trouver dans la situation du sous-traitant qui rend l'essentiel de la valeur ajoutée produite à son donneur d'ordre. Car cette quatrième possibilité sera la seule subsistante pour ceux qui n'auront pas pris le virage assez tôt et ne seront plus invités au bal des rentiers. 

24/02/2015

L'ombre d'un doute

Les auteurs de la réforme de la formation professionnelle avaient-ils conscience, en orientant l'intégralité des dispositifs légaux vers la certification, de toutes les conséquences qui en résultaient ? on peut en douter tant le raisonnement en terme de "formation" demeure présent dans les esprits alors que le système a déjà basculé vers la certification. On peut en juger au désarroi parfois affiché par des partenaires sociaux lorsqu'ils constatent que, sur le CPF par exemple, toute formation à laquelle est associée une des certifications éligibles doit être financée sans que l'OPCA n'ait à se prononcer sur le parcours. Il faut pourtant louer cette liberté des parcours et lutter contre leur normalisation qui consisterait à réintroduire des durées, des contenus, des programmes standardisés. Osons le dire, il est temps de faire confiance à l'offre et aux personnes et de ne pas  asphyxier le système en le bridant par volonté de vouloir totalement le maîtriser. Mais sur ce point, j'ai comme l'ombre d'un doute. 

2199154440.jpg

L'exemple du socle de compétences n'est pas pour rassurer : nous avions un référentiel, avec lequel il était possible de travailler, voilà que l'on nous annonce des formations types, des organismes labellisés, une certification. Et au passage quelques mois de plus avant d'entrer dans l'opérationnel. Tout encadrer, tout normaliser, tout prévoir, tout organiser, tout contrôler. tout décider, on ne peut pas dire que l'on soit sur le modèle de la confiance. Ni même sur le modèle pédagogique annoncé : celui de permettre aux acteurs de se saisir pleinement de ce qui est mis à leur disposition pour en faire le meilleur usage possible. Car réduire le champ de décision d'autrui n'a jamais été la meilleure manière de le responsabiliser. 

23/02/2015

Ohé l'IGAS, on est en 2015 !

Cela ressemble à la critique d'une pièce de théâtre que l'on ne joue plus. Les acteurs sont partis vers d'autres découvertes, la scène est déserte, les spectateurs n'en parlons pas, disparus depuis longtemps. Ce n'est pas sans intérêt de savoir comment elle fût jouée. Un léger souvenir du temps d'avant. Le charme de ce qui n'a plus de valeur d'usage. La beauté du geste qui n'a plus ni sens, ni intention. Celui qui s'accomplit pour lui-même et conquiert l'éternité dans l'absolu anonymat (et en ce lundi matin où le seul rendez-vous est celui du soleil, on s'autorisera à penser que l'anonymat est la véritable condition de l'éternité : une même manière d'échapper au temps). 

DSCF6576.jpg

L'IGAS vient donc de publier, daté de novembre 2014, un rapport sur le contrôle par les OPCA de l'utilisation de leurs fonds. Avec moultes constats et recommandations. Mais sans jamais se demander si ces constats et recommandations n'appartiennent pas au passé et ne sont pas déjà obsolètes dans le post-réforme. Comment passer sous silence que suite à la défiscalisation des plans, le contrôle des remboursements de l'entreprise sur les versements volontaires, sommes non mutualisées, perd quasiment tout enjeu ? or, les remboursements plans sont ceux qui absorbent la majorité de l'activité des OPCA à ce jour. Et comment ne pas prendre en compte que sur les dispositifs mutualisés (professionnalisation, CPF), l'activité des OPCA est moins de contrôler qu'il s'agit bien de formation, que de garantir l'objectif certifiant assigné de manière générale ? ce qui suppose des contrôles bien différents de ceux induits par la fiscalité. Il s'agit moins de tracer une action que sa finalité ou son résultat. La même question se pose d'ailleurs pour les entreprises. Alors on peut toujours parcourir le rapport de l'IGAS, si l'on est nostalgique du monde d'avant, on y trouvera des repères. Si l'on veut travailler sur celui d'aujourd'hui, il faudra être un peu plus créatif. 

Rapport IGAS Contrôle OPCA.pdf

16/02/2015

Un problème d'aiguillage

Cela pourrait être un devoir de vacances à l'ancienne, lorsque les problèmes prenaient la forme de Leçons de choses. Essayons donc d'établir le pourquoi des choses : 

- soit des OPCA qui sont les interlocuteurs exclusifs des entreprises (pas des salariés) ;

- soit un dispositif, le Compte Personnel de Formation, qui est un droit individuel ;

- soit un financement du CPF confié aux OPCA. 

Question : Comment fait l'individu pour s'adresser à un organisme qui n'a pas pour interlocuteur...les individus mais les entreprises ? 

IMG_6116.jpg

La réponse institutionnelle est prête : soit l'individu passe par son employeur (notamment lorsque la formation se réalise pendant le temps de travail), soit il sollicite un des organismes en charge du Conseil en Evolution Professionnelle : OPACIF, APEC, POLE EMPLOI, CAP EMPLOI, MISSION LOCALE. 

Conclusion : bon courage pour expliquer aux bénéficiaires qu'il ne faut surtout pas s'adresser au financeur et qu'il faut choisir son porte-parole !

Restons positif en ce lundi matin ensoleillé : voilà un boulevard pour les entreprises qui souhaitent être proactives sur le dispositif et pour celles qui souhaitent tout simplement rendre service à leurs salariés. 

11/02/2015

HELP !

S’il faut en juger par la manière dont le terrain réagit, alors il n’y a aucun doute. La réforme de la formation est une vraie de vraie. Tous les repères volent en éclat, plus personne n’y comprend rien,  tout le monde essaie, tant bien que mal, de continuer comme avant mais constate que c’est impossible, les salariés qui avaient pris quelques habitudes avec le DIF sont perdus,  les OPCA tentent de geler l’année 2015 en surjouant le fait que rien ne change sur la collecte à venir, les organismes de formation sont en mode panique et tentent de se rassurer en se disant que de nouvelles opportunités ne vont pas tarder à apparaître, ou que leurs concurrent sont peut être encore plus paumés qu’eux, bref c’est le souk.

IMG_8408.jpg

On pourrait en conclure que pour une fois, il s’agit d’une réforme qui modifie véritablement le système, en profondeur. Et l’on aurait sans doute raison tant on a pas encore mesuré l’impact de la place accordée à la certification, de la fin de la fiscalisation des plans, de la liberté accordée aux entreprises mais aussi aux salariés. Bien sur, il y aura des soubresauts conservateurs qui tenteront d’annihiler les effets de rupture que la réforme introduit, bien évidemment toutes les évolutions ne sont pas nécessairement positives, même si l’on préfère juger sur pièce que faire des procès d’intention, mais ce qui est certain, c’est que ceux qui souhaitaient donner, avec cette réforme, un grand coup de pied dans la fourmilière ont manifestement réussi leur coup.

10/02/2015

C'est parti !

Alleluhia !!!! Après 12 ans d’attente, quatre ou cinq faux départs, pas mal d’espoirs déçus et un léger doute sur le fait qu’il sortirait un jour, et bien voilà, c’est fait, l’inventaire des certifications non diplomantes est né le vendredi 6 février, avec les premières décisions de la CNCP.

Il serait facile, trop facile, de parler d’inventaire à la Prévert. C’est un inventaire à la CNCP, voilà tout. Qui associe des certifications de la marine, des éditeurs informatiques, des langues, de la sécurité, de l’artisanat et quelques autres encore.

IMG_9872.jpg

 Une première liste qui promet de beaux débats dans les instances paritaires en charge des listes de formation éligibles au compte personnel de formation lorsqu’il s’agira de rendre accessibles à tous les salariés les formations obligatoires en matière de sécurité (CACES, Habilitations, etc.). On aura alors l’occasion de constater si les organisations syndicales vont, ou non, au bout de la logique de la liberté de choix du salarié ou s’ils continuent à considérer que le salarié est un incapable majeur qui ne sais pas dire non à son employeur. On s’amusera aussi lorsque les OPCA financeront comme prioritaire le certificat de sensibilisation à la surêté, eux qui ont refusé tant de dossiers qui portaient le mot sensibilisation plutôt que formation. Voilà de belles occasions en tout état de cause, de revisiter nos représentations et modes de fonctionnement.

Et on attendra avec gourmandise de voir la diversité des programmes de formation qui seront proposés avec un TOEIC ou un BULATS associés plus ou moins artificiellement.

On sent bien que cet inventaire ne sera pas sans conséquences. Alors vite, la suite !

avis_favorables_inventaire_cncp_6-02-15_v1.pdf

09/02/2015

Simple, non ?

Apparemment pas tant que ça, ou alors je m'y prends comme un manche pour expliquer la manip. Mais, ayant un faible pour les lézards mexicains, je ne lâche pas l'affaire et profite du lundi matin et de la vitamine D d'un week-end ensoleillé pour remettre l'ouvrage sur le métier. En route donc ! le 28 février prochain, les entreprises solderont leurs contributions au financement de la formation professionnelle pour l'année 2014. Le message qui leur est délivré est souvent que pour cette collecte, rien ne change et que les nouvelles règles ne s'appliqueront qu'au 28 février 2016 sur la collecte au titre de l'année 2015. Ce qui est, bien évidemment faux. Les nouvelles règles sont entrées en vigueur le 1er janvier 2015 et deux mois après on ne peut pas faire comme si elles n'existaient pas. Et si elles n'impactaient pas le versement qu'une entreprise peut faire  à son OPCA au titre du plan de formation. 

IMG_5972.jpg

Car effectivement, sur les contributions obligatoires (CIF, Professionnalisation, éventuellement versement obligatoires conventionnels sur le plan) rien ne change. Par contre, pour les entreprises qui avaient l'habitude de verser, de manière volontaire, tout ou partie de leur plan de formation (dans le cadre du 0,9 %) la question se pose de savoir si ce versement doit encore être effectué, et si oui au titre de quelle année. Car entre le 1er janvier et le 28 février 2015, les dépenses peuvent être effectuées au titre de 2014 ou de 2015. Or, si un versement plan est effectué au titre de 2014, il est mutualisé puis remis à disposition dans les conditions fixées par le Conseil d'administration de l'OPCA. Alors que si le versement volontaire est effectué au titre de 2015 (dès lors que l'entreprise n'en a pas besoin pour justifier de l'atteinte de son 1,6 %), il s'agit d'une somme non mutualisée qui est portée au crédit de l'entreprise et lui reste acquise. Une bonne occasion pour se rapprocher de son OPCA et voir sur quelles bases peut s'établir une relation nouvelle dans un environnement juridique nouveau. 

08/02/2015

Quelle entreprise ?

A l'occasion de rencontres nouvelles, il arrive que l'on me demande mon parcours. Classique. Qui êtes vous, d'où venez vous, que faites-vous. Je fais un effort alors pour ne pas me laisser distraire par la vision de Gauguin aux Marquises...

32539.jpg

Gauguin - D'où venons nous, qui sommes nous, où allons nous

...et je réponds souvent en résumant que j'ai créé le cabinet en sortant de l'Université et que mes activités ont évolué au fil des expériences, du temps qui passe, de l'actualité et de mes centres d'intérêt. J'ai alors droit assez souvent, pour ne pas dire très souvent, à ce commentaire : 

"Ah vous n'avez donc jamais travaillé en entreprise" avec sa variante "Vous n'êtes pas passé par l'entreprise alors ?". 

J'ai beau être habitué, la surprise demeure. Selon la bienveillance que je souhaite accorder à mon interlocuteur, je peux répondre : 

"Vous voulez dire dans une autre entreprise que la mienne ?" ou bien "Vous voulez connaître mes jobs d'étudiant ?" ou encore "Vous pensez aux grandes entreprises ?" et parfois "Je n'ai jamais été salarié non" ce qui n'est pas sans provoquer quelque incompréhension. 

IMG_5889.jpg

Site de production

Le modèle du salariat a tellement formaté notre société et nos modes de pensée que la représentation de l'entreprise s'est totalement confondue avec celle de l'organisation sociale d'une forme d'activité, oubliant toutes les autres. J'y pensai ce matin en discutant avec mon voisin qui est à la fois retraité, jardinier, boucher, charcutier, chauffeur, fermier, éleveur et exerce occasionnellement quelques autres activités, soit plusieurs entreprises à lui tout seul. Mais je ne sais pas s'il est passé par l'entreprise. 

03/02/2015

Règles de vie

Un rendez-vous dans une salle, qui accueille manifestement des formations. Comme toujours, coup d'oeil circulaire pour nourrir la curiosité. Sur un mur, une feuille de paperboard n'a pas été décrochée. En haut il est écrit : "Règles de vie". L'intitulé quasiment philosophique m'intrigue. Je lis : 1) Portable silencieux 2) Je me consacre à la formation 3) Je participe 4) Je laisse aussi parler les autres 5) Je ne porte pas de jugement (négatif) 6) Ce qui se dit dans cette salle...reste dans cette salle 7) Je suis ponctuel pour ne pas gêner le groupe. Voilà une formation à laquelle je n'aurai pas aimé participer. 

regl_ancien.jpg

Les consignes infantilisantes pour une formation dont l'objet est censé donner de l'autonomie, voilà déjà un paradoxe problématique. Passons sur les injonctions au parfait petit formé : tu participeras, mais pas trop, tu te concentreras, tout le temps, tu écouteras, lorsque tu ne parleras pas, etc. Mais on ne peut laisser passer le Tu ne porteras pas de jugement avec le négatif entre parenthèse qui transforme l'injonction en mission impossible et surtout dénie à chacun la capacité de s'engager personnellement et d'affirmer ses convictions. On comprend assez vite que la méthode pédagogique emprunte peu à la dialectique. Et avouons notre perplexité à la sommation "ce qui est dit dans cette salle ne sort pas de cette salle", qui reviendrait à considérer que l'on doit tout oublier des apprentissages avant de se quitter. Ou pire encore, que le formateur nous rejoue le maître d'école qui est maître chez lui lorsqu'il est en classe et ne rend de comptes à rien ni personne. Et au final, on ne peut s'empêcher de constater que les règles de vie ont surtout pour objet de faciliter celle du formateur et de faire fi de la formation elle-même. Comment s'étonner ensuite que nos élus aient tant de mal à distinguer la formation initiale de la formation continue si même les formateurs entretiennent une telle confusion ? et si l'on veut vraiment en revenir là, souvenons nous qu'il n'y a pas de mauvais élèves, il n'y a que de mauvais profs. A tout prendre, même si c'est faux, c'est encore mieux que les règles de vie. 

02/02/2015

Malaise(s) sur la ligne

En 1979 une adolescente de San Diego, Californie, tire sur l'école qui est en face de chez elle, tue deux adultes et blesse plusieurs enfants. Pour expliquer son geste, qu'elle assumait parfaitement, elle déclara juste : "Je n'aime pas les lundis". Les Boomtowns Rats en firent un titre inclus dans leur troisième album (The fine art of surfacing) quelques semaines plus tard. 

115396956.jpg

Divers rendez-vous aux quatre coins de Paris ce jour, et quatre lignes de métro à emprunter. La première tardait, retardée par un malaise voyageur, je pris donc une ligne annexe mais dans la rame que j'avais choisie une femme enceinte s'écroula soudain bloquant toute circulation. Je pris un troisième train, qui ne roulait que sur une partie de la ligne en raison d'un accident voyageur. Cela pour le matin. Et l'après-midi un suicide me conduisit à changer de moyen de transports. Une journée ordinaire ? non, juste un lundi. 

23:39 Publié dans FRAGMENTS | Lien permanent | Commentaires (0)

29/01/2015

Des chiffres et des lettres

Dans "L'Esprit de Philadelphie" (2013), Alain Supiot analyse le passage d'un monde régi par les lettres ("Au commencement était le Verbe") à celui des nombres. Autrement dit, la substitution du calcul à la loi. La différence essentielle est que la loi, qui est littérature, suppose un travail de qualification, d'analyse, d'interprétation et laisse ouverte la question du sens. A l'inverse, le nombre construit un monde calculable, rationnellement établi et figé dans la vérité de l'équation. Avant lui, sous une autre forme, Rimbaud disait déjà la même chose (la poésie est un raccourci vers la vérité) : 

 Oh ! la science ! On a tout repris. Pour le corps et pour l'âme, — le viatique, — on a la médecine et la philosophie, — les remèdes de bonnes femmes et les chansons populaires arrangées. Et les divertissements des princes et les jeux qu'ils interdisaient ! Géographie, cosmographie, mécanique, chimie !...
     La science, la nouvelle noblesse ! Le progrès. Le monde marche ! Pourquoi ne tournerait-il pas ?
     C'est la vision des nombres. Nous allons à l'Esprit. C'est très certain, c'est oracle, ce que je dis. Je comprends, et ne sachant m'expliquer sans paroles païennes, je voudrais me taire.

1978,Rimbaud, collage Paris, Charleville[1].jpg

Ce qui est frappant aujourd'hui c'est que la demande faite au juriste n'est pas une demande du monde des lettres, mais de celui du calcul. On voudrait une règle certaine, débarrassée du doute, qui produise un résultat aussi mécaniquement que toute opération comptable à sa solution. L'usage littéraire de la règle, qui ouvre des espaces de décision, qui propose des analyses sociologiques de la réalité, qui crée de la responsabilité, de la décision et du choix, s'efface devant la rationalité du computer qui doit produire un compte exact. Ne cherchons pas ailleurs la fallacieuse recherche de sécurité juridique qui n'est jamais qu'une tentative à peine masquée d'annihilation du droit. Et pour vérifier que l'économie mathématique, et son outil le chiffre, ont pris le pas sur la loi humaniste, et son outil les lettres, il suffit de constater la prétention des économistes à établir qu'il existe des "lois économiques" (ce qui faisait bien rigoler Bernard Maris) que l'on nous révèle comme autant de lois naturelles. Car la religion du chiffre a de nombreux apôtres. On ne pourra nous empêcher de penser qu'il s'agit là d'un culte mortifère. 

28/01/2015

Le cri, cet argument

Les lenteurs de la mise en place de l'inventaire des certifications non diplômantes pénalisent particulièrement les organismes de formation qui réalisaient une part importante de leur activité avec le DIF, à savoir les organismes de formation en langues, en bureautique et en développement personnel, puisque les demandes de DIF portaient principalement sur ces trois thématiques et assez peu sur les formations métiers. Les centres de formation linguistiques ont été les premiers à réagir : articles dans la presse, interview dans les médias, interpellation du Ministre se sont succédés, pas toujours d'ailleurs avec des arguments techniquement très fondés puisqu'il n'a jamais été question d'exclure les langues de l'inventaire, qu'elles ne pouvaient pas figurer dans la première LNI (ce n'était donc ni un oubli ni une exclusion) et qu'il fallait, comme pour beaucoup d'autres, attendre l'inventaire. Bref, sur le fond pas très concluant. Sauf que les Ministres sont sensibles aux cris qui peuvent avoir de l'écho. 

31507245_1_l.jpg

Frantisek Drtikol - Le cri

Le Ministre s'est donc ému de ce bruit qui parvenait jusqu'à lui, preuve que nous avons toujours un ministre qui s'occupe de formation professionnelle, du moins lorsque la presse en parle. Inquiet d'être pris à défaut, le dit Ministre demanda donc que la question soit réglée, ce qui nous vaut ce mercredi une réunion entre la DGEFP et les organismes de langues, afin de rendre éligibles les certifications en langues dans des délais rapides et sans attendre la sortie de l'inventaire. Du dérogatoire donc. Pourquoi pas ? on aurait toutefois préféré que le ministère identifie le problème avant, anticipe sur les délais, fasse travailler la CNCP et publie l'inventaire dans les temps. Mais il faut donc se résoudre à constater, une fois de plus, qu'avec les politiques c'est rarement celui qui a les meilleurs arguments qui a raison, et plus souvent celui qui crie le plus fort.