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02/02/2016

Passage à l'Assemblée

Jean-Patrick Gilles et Gérard Cherpion conduisent la mission d'étude de l'impact de la loi du 5 mars 2014. Dans ce cadre, ils réalisent depuis la semaine dernière des auditions. Cet après-midi, j'ai eu ma demi-heure. Quand on a peu de temps, il faut prendre l'intervalle rapidement. J'ai donc été à l'essentiel avec trois propositions : 

- Adopter enfin une définition de l'action de formation digne de la formation continue et non pas importée de la formation initiale. Des objectifs, un dispositif pédagogique et l'évaluation des résultats, éventuellement par la certification. Mais en finir avec le programme, le contenu, pour concevoir enfin le parcours de formation comme un ensemble de ressources mises à disposition des apprenants, sans nécessairement avoir un contenu préétabli, chacun empruntant le chemin qui lui convient le mieux ;

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- Supprimer les listes du CPF pour rendre l'usage du droit accessible et avoir un vraie dynamique d'accès à la formation. En lieu et place, utiliser les abondements et la modulation des taux de prise en charge pour affirmer des priorités. Mais permettre à chacun d'exercer son droit (quitte à laisser dans certains cas un reste à charge, qui pourrait être assumé par le salarié ou l'entreprise) ;

- Définir le champ des actions possibles avec les financements conventionnels et volontaires. La loi du 5 mars 2014 a créé la possibilité pour les OPCA d'avoir des ressources consacrées au développement de la formation professionnelle continue. Cette affectation générale et imprécise laisse à l'administration tout arbitraire pour décider ce qui ressort ou non des interventions de l'OPCA. Et même si jusqu'à présent la DGEFP a une position plutôt ouverte, il serait bon de sécuriser le périmètre et d'acter que tout ce qui concourt au développement des compétences des salariés peut être financé dans ce cadre, quelle que soit la formation que prennent les actions. 

Soit trois propositions pour accroître le champ des libertés que la loi du 5 mars 2014 a créé. 

Pour les autres constats, tout ou presque est dans la note ci-dessous. Résultat des courses ? lors du vote de la loi portant réforme du code du travail, soit d'ici l'été. 

NOTE SUR L’EVALUATION DE LA LOI DU 5 MARS 2014.pdf

Commentaires

Excellent travail d'évaluation de la loi du 5 mars JP.

Vous ne serez malheureusement pas entendu (écouté tout au plus) car c'est la rencontre de la volonté du Medef d'abandonner la cotisation de 0,9 % et le DIF et de l'idéologie socialiste, étatique et centraliste qui a porté d'un bout à l'autre cette nullissime loi du 5 mars 2014.

La formation est devenue une entourloupe en France (dès l'école qui fait largement semblant d'éduquer et d'instruire). On le voit avec le Plan des 500 000 chômeurs à former. Le Président sort cette mesure de son chapeau d'illusionniste le 31 décembre (il a dû y réfléchir une heure avant), le gouvernement réunit les régions le 2 février, les présidents de région font mine d'approuver (cause toujours) et de septembre à décembre 2016 on formera sans doute 30 000 personnes en plus (sur 500 000 prévues).
On aura dépensé 1 milliard d'euros, fait croire que 1/2 million de personnes seront formées pour retrouver un emploi et tenté dans un dernier sursaut de faire disparaître de la catégorie A, 500 000 chômeurs.

La formation est quasi-ruinée en France, tout reposera dans les prochaines années sur les capacités propres des individus à payer et à organiser leur propre formation. Le CPF servira à amuser la galerie (je t'abonde de 100 ou 200 heures, je te simplifie l'accès, je te multiplie les certifications..)

Les travailleurs non qualifiés, les pauvres et les chômeurs n'auront rien (d'utilisable pour le travail).

Plus que jamais les Français vont devoir intégrer cette petite musique en matière d'emploi, comme de formation "ne comptez plus que sur vous".

Personnellement j'ai pris des cours d'anglais durant 3 ans avec une formatrice brésilienne : pas d'OPCA, pas de fiches de présences, pas de contrôle, juste des cours et un règlement (via Paypal).

Écrit par : cozin | 03/02/2016

Au fond, tout ce qu'on a dit dès le départ...

Mais je doute qu'on vous entende. Pour eux, ce serait se déjuger et d'une certaine façon, perdre la face.

Écrit par : bcallens | 03/02/2016

Vous devriez avoir un module twitter pour que l'on puisse relayer vos billets plus facilement...

Écrit par : bcallens | 03/02/2016

les conclusions du rapport sont donc publiées :
tout va très bien madame la marquise :

....... les textes d’application de la réforme ont été publiés dans des délais resserrés et ont permis une mise en oeuvre satisfaisante de la réforme...

....Au terme de leurs travaux, les rapporteurs effectuent un bilan satisfaisant de la mise en application de la loi du 5 mars 2014. En dépit de l’ampleur des dispositions modifiées, les nouveaux outils ont été déployés et les instances créées ont pris leurs marques dans le paysage institutionnel. Après un début difficile, présagé par l’ensemble des acteurs en raison de la refonte du dispositif de financement, les circuits financiers sont désormais opérants.

Tout irait très bien mais :

- les OPCA ne répondent plus,
- les salariés ne comprennent pas l'intérêt du CPF (s'il en a un) par rapport au DIF et
- les entreprises abandonnent les unes après les autres le développement des compétences de leurs salariés

mais les textes ont été publiés dans les délais et l'Etat performant et compétent (sans doute)

Ces gens là travaillent d'abord pour eux et pour entretenir ce rideau de fumée qui rend le pays dépressif et entretient la démotivation partout.

Écrit par : cozin | 09/03/2016

Comment être à la fois juge et partie sur la réforme de la formation ?
Le rapport d'application de la loi vient d'être publié. On y découvre un rapporteur très content de sa loi, il s'applique à l'expliquer (une nouvelle fois) refusant de voir que ça ne prend pas. On ne connaît même pas la teneur des auditions qui ont été menées, simplement un bilan d'auto-satisfaction.
La démocratie française est vraiment malade.

Écrit par : cozin | 14/03/2016

Attention
Comme les 2 rapporteurs prennent soin de le préciser, il s'agit d'un rapport d'application et non d'évaluation de la loi de 2014.
Cordialement

Écrit par : Gerland | 15/03/2016

Il s'agirait d'une mission "d'étude de l'impact de la loi du 5 mars 2014" et je constate que ce qui intéresse le Parlement n'est pas l'impact de la loi sur la société (les politiques formation et les compétences des salariés) mais avant tout l'impact sur les services de l'Etat. C'était déjà la même problématique avec la pseudo étude d'impact menée avant le vote de la loi.
On a vraiment l'impression que l'Etat travaille plus que pour lui, pour donner du travail à ses fonctionnaires, occuper les députés tout en se contrefichant des conséquences sur le fonctionnement de la société.
c'est un peu comme l'éducation nationale : celle-ci gère des flux (d'élèves) des locaux, des postes (d'enseignants) mais les résultats sur les compétences des français sont un détail.

On vient à ce propos d'apprendre que l'Etat va désormais verser 500 euros aux 900 000 anciens élèves décrocheurs, c'est une "chouette" signal pour les prochains:-)

Écrit par : cozin | 15/03/2016

je fêterai en 2017 trente ans d'activité en formation professionnelle. Durant ces 30 années les réformes successives ont apporté une sécurisation certaine. Le DIF commençait à produire ses effets. Mais aujourd'hui je ne comprends pas comment un salarié qui a envie de développer ses compétences peut s'inscrire dans un cursus de formation CPF de 300 à 800 h au prétexte qu'il y a une certiifcation. Quid du CIF ? J'ai l'impression d'assister à la création d'une Education Nationale BIS qui s'éloigne de plus en plus des besoins professionnels. Effectivement beaucoup d'entre nous ne survivront pas mais ce n'est sans doute pas le pire, les salariés n'auront plus de droit réel à la formation et les demandeurs d'emploi seront intégrés dans des dispositifs qui durera de très longs mois pas toujours justifiés par rapport aux besoins des entreprises.

Écrit par : rabaud suzette | 31/03/2016

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