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03/06/2017

Quand Thomas Pesquet perd ses compétences

Impressionnantes les images du retour sur terre de Thomas Pesquet, incapable de marcher sans être soutenu, en recherche de repères dans un environnement que son corps ne reconnaît plus. Six mois. Il est parti six mois et en moins de 200 jours, son corps de près de 40 ans a désappris la gravité, la marche, la tenue debout, la verticalité. En six mois, plusieurs dizaines d'années de pratique ont été gommées et vont devoir être retrouvées. Pas en partant de zéro évidemment, mais au prix d'efforts importants tout de même. Et si l'on s'émerveille quotidiennement des capacités d'apprentissage de l'homme, on reste stupéfait devant cette même faculté à désapprendre. Peut-on mieux illustrer que la compétence, comme l'électricité, ne se stocke pas, ou très mal, et fonctionne davantage comme un flux. 

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Etienne-Leopoldo Trouvelot - Photo de l'électricité vers 1880

S'il en fallait encore la preuve, l'expérience de Thomas Pesquet nous rappelle deux fondamentaux en matière de compétence. Le premier est l'adaptation au contexte. La compétence n'a aucune indépendance du contexte dans lequel elle s'exprime. Savoir marcher ne sert à rien en apesanteur, mais doit être réappris avec le retour de la gravité. On en conclura qu'une acquisition de compétences déconnectée du contexte dans lequel elle doit s'exercer a peu de sens. Et que le travail du formateur doit moins porter sur des acquisitions (mythe du sachant déversant son savoir au profit du non sachant) que sur le développement de la capacité à transposer dans un environnement particulier des acquisitions non contextualisées. Le second des fondamentaux est qu'il n'y a pas, ou très peu, d'acquis définitifs en matière de compétence, et qu'il convient, sans cesse, de remettre l'ouvrage sur le métier, comme le sportif, tous les jours, reprend le chemin de l'entraînement, faute de quoi ses compétences ressembleront bien vite à cette marche du pingouin dont nous a gratifié Thomas Pesquet. 

30/05/2017

Du binaire paradoxal

Difficile d'anticiper ce que pourrait être la réforme du code du travail qui fait l'actualité mais dont on ne connaîtra la véritable teneur qu'au milieu de l'été et la version finale sans doute pas avant septembre. Il est une mesure qui revient toutefois régulièrement, le référendum d'entreprise. Déjà présent dans la loi Travail, il est actuellement soumis à une double limite : il ne sert qu'à valider un accord et n'est donc pas source de droit autonome et il relève de l'initiative des organisations syndicales (ceci dit, il n'est pas très compliqué pour un employeur de se réserver le dernier mot en ne signant pas l'accord le premier). Ces deux limites pourraient être levées en donnant à l'employeur la possibilité de décider seul de l'organisation du référendum et éventuellement de l'utiliser pour produire directement une norme. Et c'est sur ce point là que l'évolution serait contestable et paradoxale. 

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Contestable parce qu'un référendum, par nature, est binaire : oui ou non, pour ou contre. Il ne fait donc pas dans la subtilité. Or, nous avions compris (mais peut être avions nous mal compris) que ce qui justifiait, avec raison nous semble-t-il, la plus grande autonomie donnée aux accords d'entreprises, c'est qu'il est impossible de faire une application globale du principe de faveur et que lorsque des accords construisent un équilibre complexe, la comparaison thème par thème avec les accords de niveau supérieur n'a plus de sens. Autrement dit, il faut laisser à la négociation le soin de construire des équilibres subtils et d'arriver à concilier des intérêts pas toujours alignés. Certes, on ne manquera pas d'invoquer la démocratie directe et le droit de chacun de s'exprimer sur ses conditions de travail, mais on voit mal comment un outil aussi binaire que le référendum pourrait contribuer à rendre plus mature le dialogue social dans les entreprises. Que le référendum puisse avoir un intérêt managérial (consultation des salariés sur un sujet) oui certainement. Qu'il devienne source autonome du droit, c'est paradoxal pour un Gouvernement qui défend l'idée d'une union sinon des contraires du moins d'anciens adversaires et le travail de conviction. Prenons d'ailleurs ici le pari que c'est à la place respective de la négociation et de la décision unilatérale (fût-elle validée par un référendum) que l'on mesurera la véritable nature du projet de réforme du droit du travail. 

29/05/2017

On avait perdu la clé...

...alors on a quitté les locaux de Robert de Sorbon et on est allé s'installer dans le jardin du Luxembourg, dans un kiosque à musique, à proximité d'une dame qui lisait et que notre irruption n'a pas dissuadé de demeurer là, à lire, pianoter sur son portable, nous écouter et parfois filmer la scène improbable, ou peut-être même l'enregistrer. Elle a alors pu entendre la première question à laquelle les étudiants ont du répondre : "Pour qui n'a qu'un marteau, tout problème a une forme de clou. Quelle est la traduction opérationnelle de cette maxime pour un responsable formation ?". 

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Vinrent ensuite les questions sur les moyens de déclencher l'appétit de formation chez qui ne l'a pas, les conditions de base de  réussite de la formation digitale, les moyens de maintenir le développement des compétences avec moins de moyens, l'évaluation de l'impact d'un cursus de formation managerial ou encore la manière dont les étudiants comptaient poursuivre leur développement professionnel dans les mois et années à venir. Et pour terminer, chacun livra la phrase, ou le mot, qui synthétisait sa vision de la formation. Plaisir d'entendre innovation, challenge, valeur ajoutée à démontrer, le lien entre individuel et collectif, un peu trop d'employabilité à mon goût également, comme quoi l'air du temps imprime sa marque, et la palme du Luxembourg à Marwa : "La meilleure façon d'apprendre à apprendre, c'est encore d'apprendre". 

22/05/2017

LOI TRAVAIL, SAISON 2

Et c'est reparti ! Casse du droit du travail contre liberté de négocier, hiérarchie des normes et verticalité contre autonomie et horizontalité, remise en cause des acquis contre adaptation,...cette saison 2 annoncée de la loi Travail risque de manquer de suspens tant le scénario ressemble à s'y méprendre à la saison 1. Il pourrait pourtant en être autrement. Sans trop d'effort et si l'on voulait bien, de part et d'autre, ne pas s'en tenir aux postures. Comment ? en allant tout simplement voir les résultats de la saison 1. Car voilà presque 10 mois que la loi a été votée. Est-il si compliqué d'aller y voir de plus près ? de regarder combien d'entreprises se sont saisies des possibilités de négociation offertes par la loi ? combien d'accords ont été conclus et par qui ? quels sont les paris faits par ces accords ? sur quels équilibres ? autrement dit, il serait temps de partir de la réalité et non d'une vision a priori qui rend, spécialité française, souvent nos débats très virtuels. 

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On s'apercevrait sans doute, et c'est ce que j'observe le plus souvent, qu'un an après ou presque la loi Travail n'a ni bouleversé les accords conclus en matière de temps de travail, ni miraculeusement déclenché un dialogue social responsable, ni brutalement ravagé des accords protecteurs des salariés. Et à l'aune de ce bilan très modeste, on pourrait peut être modifier le scénario de la saison 2 : ne pas mettre d'attentes trop considérables dans la loi pour le développement de l'emploi et du coup tenter de viser juste sur ce qu'il convient de modifier, et ne pas diaboliser à outrance une évolution vers plus de possibilités de négocier localement qui n'est pas une simple rengaine libérale destinée à briser toute solidarité, mais peut être une remise en cause des égalités formelles qui aboutissent le plus souvent à des inégalités réelles. 

17/05/2017

Encore un effort

Conscients des reproches qui leurs sont faits de n'avoir pas de résultats, les partenaires sociaux ont entrepris de donner de la visibilité à leur action. Le FPSPP a ainsi publié son premier rapport d'impact sur son action cette année (on peut le consulter ICI). La Fédération de la Formation Professionnelle avait déjà procédé au même exercice pédagogique pour éclairer la prétendue opacité du système dans un document intitulé : "Comprendre (enfin) la formation professionnelle" (c'est ICI). Les OPCA viennent de se livrer au même exercice, en forme de dénonciation des mauvais procès qui sont faits à la formation, et au passage défendre leur bilan (voir document joint en bas de note). Ces différents argumentaires ont un grand mérite : permettre de constater que les diagnostics hâtifs et imprécations de bazar ne reposent souvent que sur des contre vérités criardes. Cette nécessaire bataille de la communication aurait mérité d'être menée plus tôt. Et sans doute aussi d'aller plus loin. 

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Car à lire le document, et si l'on fait exception de l'insertion des jeunes, on reste tout de même dans le bilan très quantitatif centré davantage sur les moyens mobilisés que sur les résultats obtenus. Ce qui ne tranche pas avec l'approche qui a prévalu pendant des années et que l'on retrouve à l'identique dans les bilans d'entreprises sur la formation ou "boîte aux camenberts" dans lesquels on annonce des pourcentages de formés, d'utilisateurs de dispositifs, de montants engagés, mais sans aucune indication sur ce à quoi tout cela a servi. Et puis dans les propositions finales, plutôt que le sempiternel renforcement du contrôle des organismes de formation (qui se transforme invariablement en bureaucratie supplémentaire) ou l'appel à une meilleure performance des autres et une reconnaissance de soi-même, il aurait été bienvenu d'indiquer en quoi et comment les organismes paritaires eux-mêmes étaient en capacité d'innover et d'améliorer leur performance. Car, comme indiqué dans la chronique de lundi, il ne sera sans doute pas suffisant de défendre l'existant, il faudra également être capable de proposer des évolutions et innovations tournées vers la performance et les résultats. 

Pour en finir avec les idées reçues.pptx

16/05/2017

EN SITUATION

Comme la liberté sartrienne, la compétence ne trouve à s’exercer que dans les situations de fait. Il n’est de compétence qu’en acte et contextualisée. Aussi l’évaluation des compétences est-elle une gageure lorsqu’elle doit s’exercer à l’Université, dans une salle, avec des copies et des questions.

C’est lors du match que l’on voit la compétence du footballeur, pas à l’entraînement, si nécessaire et si insuffisant.

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Fidèle à mes pratiques de l’évaluation, j’ai donc soumis aux étudiants du Master GRH de la Sorbonne quelques questions destinées à appréhender leur capacité d’action, si tant est que l’on puisse faire l’exercice à blanc et non, donc, en situation.

Et toujours selon le principe de la mise en situation, tous les documents, toutes les ressources, internet inclus, sont admis. Pas de traque à la triche ou aux fiches. Car ce n’est pas la connaissance qui est évaluée mais l’aptitude à s’en servir. Avec un brin de capacité réflexive sur ses pratiques et de vision sur leur évolution.

Si l’expérience vous tente, les questions figurent ci-dessous, les étudiants ont eu 2 heures.

EVALUATION GRH.pdf

00:26 Publié dans PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (4)

15/05/2017

ÇA VA TANGUER

Les signes de fébrilité ne manquent pas dans le monde des OPCA depuis quelques mois : départs anticipés, difficultés à recruter sur certains postes du fait des incertitudes pesant sur le paritarisme, équipes angoissées par l’annonce d’une nouvelle réforme de la formation…bref, pas la sérénité la plus totale. Il faut dire que l’un des conseillers du nouveau prince n’y est pas allé de main morte l’été dernier dans les Echos : « la formation professionnelle en France ne vaut rien et les OPCA sont inutiles » voici ce que déclarait Philippe Aghion (on retrouvera ICI tout le bien que je pensai de cette déclaration). Quant à l’expert de Macron pour les questions de formation, Marc Ferracci, il annonce pour la fin de l’année une réforme de la formation confiant à l’URSSAF la collecte des fonds et peut être à la Caisse des dépôts la gestion financière du CPF qui se verrait attribuer l’essentiel de la contribution de 1 %, et au passage fusionnerait avec le CIF (ce qui ne rend pas l’ambiance moins tendue dans les FONGECIF).

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Faut-il en conclure à la disparition annoncée des OPCA ? sans doute pas pour de multiples raisons, dont la première est leur contribution aux politiques de l’emploi et pas seulement en terme de financement car le montage des POE, l’accompagnement des CSP et la promotion de l’alternance vont au-delà de la simple intervention financière. Par ailleurs, l’appui aux politiques de branche, le relais de projets publics (Etat, Régions, FSE…), l’action pour le compte des priorités du FPSPP (Clea notamment) ou la mise en place d’offres de formation et de services pour les TPE/PME pèseront également dans la balance.

Alors sans doute faut-il sortir des schémas anciens dans lesquels l’existence des OPCA était conditionnée par leur niveau de collecte et leur mission principale attachée au financement.

L’Etat pourrait être tenté d’affecter une partie du 1 % aux seuls frais de fonctionnement des OPCA (les frais de gestion représentent environ 10 % de la collecte, soit 0,10 % sur 1 %) en contrepartie de missions de services publics et d’accompagnement des politiques de l’emploi (et non plus en fonction des volumes financiers gérés). A charge pour les branches et les entreprises d’assurer par des versements conventionnels et volontaires le coût des services demandés aux OPCA.  Soit une évolution, et même une révolution, loin d’une improbable et hasardeuse liquidation. Reste aux responsables paritaires à démontrer leur capacité à s’inscrire dans un nouveau modèle, voire à le proposer, car il ne suffira vraisemblablement pas d’avoir comme projet de défendre un existant qui souffre à la fois de n'avoir pas été suffisamment valorisé et suffisamment innovant. 

14/05/2017

Fin de la pause

La France est en campagne électorale permanente dit-on. Au moins celle des présidentielles, celle par laquelle la nation choisit de décapiter, ou pas, son Roi tous les 5 ans, car les législatives restent à venir. Terminé donc le concours Lépine des idées programmatiques, inhérent à toute période de ce genre, et bienvenu dans la prise de décision qui engage. Voici donc venir le temps de la responsabilité et avec lui celui du commentaire qui peut s'appuyer sur des faits et non seulement des intentions. L'occasion également pour ce blog de sortir de la léthargie dans laquelle un hiver doux et un printemps somnolent l'avaient entraîné (et quelques occupations annexes également). Fini la pause donc, au travail. 

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Et c'est à l'aune de ce travail que l'on saura si l'attention, que l'on nous annonce, portée à l'individu est une simple déclinaison d'un libéralisme traditionnel plus ou moins tempéré, d'un souci d'émancipation individuelle que partageaient, par exemple,  les fondateurs de notre système de formation professionnelle, ou une résurgence proudhonnienne d'un anarchisme qui se serait invité au coeur même de l'Etat. Il est vrai que le Libre échange peut aussi bien renvoyer à la dérégulation économique, à l'autonomie des individus reconnus pour eux-mêmes ou à la coopération librement consentie. Et c'est parce que les réponses à ces questions nous paraissent à la fois fondamentales et non écrite, qu'il convient de se réveiller. 

20/03/2017

Tous les morceaux du puzzle

Dans une campagne électorale, le temps consacré à la réflexion sur les projets est souvent le parent pauvre, la stratégie, l'organisation, la communication et l'action politique consommant l'essentiel du temps et de l'énergie. Et pour un sujet considéré comme aussi complexe, confus et difficile à appréhender que la formation professionnelle, on comprend que le temps du diagnostic soit rapide et les propositions finalement peu opérationnelles au-delà de quelques déclarations de principe. Ainsi, tout le monde s'accorde pour renforcer et développer l'alternance, même si les modalités peuvent différer d'un candidat à l'autre. Une exception toutefois, le projet de Macron qui porte une énième réforme de la formation professionnelle, reprenant quasiment en bloc les analyses de Marc Ferracci et de l'Institut Montaigne mâtinées des Colloques sur l'emploi de Bercy. On trouvera ci-dessous la synthèse des débats de l'époque qui reste d'actualité. 

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Mais le risque récurrent c'est d'avoir une fois de plus une réforme qui parte d'une analyse étroite de la formation professionnelle, à partir de son fonctionnement propre. Autrement dit, ce n'est pas en réformant sans cesse le moyen que l'on va améliorer le résultat. On peut toujours reprocher à la formation professionnelle d'être inefficace, tant que les entreprises préfèreront recruter sur le marché externe des candidats déjà formés plutôt que de faire l'investissement interne, elle a peu de chances de s'améliorer, quelle que soit la tuyauterie mise en place. C'est moins aux conditions de production de la formation qu'il convient de s'attacher, qu'à l'usage possible de la formation dans les pratiques de régulation du marché du travail, dans les pratiques de gestion des ressources humaines et dans les articulations entre formation initiale et continue. Bref, il faudrait prendre le temps du systémique et cesser de focaliser sur la formation (qu'il serait d'ailleurs urgent de dérèglementer pour favoriser l'élargissement des modes de production de la compétence) pour se préoccuper de réunir tous les morceaux du puzzle. Pour ceux que l'analyse intéresse, elle se poursuit ICI

Seminaire Bercy Loi 2014.pdf

11/03/2017

MA RECETTE QUALITE

Séminaire de deux jours en cette fin de semaine pour travailler sur les lois Travail, Macron et Rebsamen. Le groupe est parfait : on peut à la fois travailler sur les pratiques, sur le sens, sur le présent, sur l’anticipation, appréhender les sujets en macro, résoudre des tas de questions micros. Et pour couronner le tout, une convivialité qui fait que le second jour, le travail de la matinée s’effectue en même temps que l’on déguste foie gras de l’Aveyron et vin blanc de Millau (plaisir du Peysir, minéral à souhait). Au vu des résultats, je me dis que je proposerai bien sur le Data-Dock, ma recette qualité suivante pour les formations  :

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-       Une bonne tranche d’expertise, comme un généreux tour de moulin à poivre, une miche de pain de campagne sertie de noix et de raisins ou un jus lentement réduit et réchauffé du lendemain ;

-       Une large rasade d’analyse et d’évaluation des pratiques, avec la prise de recul et de distance que réclame la dégustation, par exemple, d’un Margaux ensoleillé ;

-       Un zeste de confrontation aux pratiques extérieures, comme ces épices qui éveillent le palais d’inattendues saveurs ,

-       Une dose de pensée contre soi-même, comme lorsque l’on s’interdit de reproduire une nouvelle fois ce plat si bien maîtrisé et que l’on prend le risque de le revisiter ;

-       Quelques détours pédagogiques, au goût de salé-sucré qui perturbe les habitudes et ouvre à des émotions nouvelles ;

-       Des exercices ludiques, pour retrouver les saveurs de l’enfance et ses suaves madeleines ;

-       Enfin le tout agrémenté d’une convivialité naturelle, non forcée, bienveillante, comme l’on se plaît à dresser la table pour ses amis et à se réjouir de leur venue.

 

Mais je ne sais pas si ça va rentrer dans les cases.

08/03/2017

Gloubi Boulga

L'examen des dernières certifications enregistrées à l'inventaire (en décembre 2016, plus rien depuis, les fêtes de Noël semblent difficile à digérer) laissent rêveur. Alors que le Président de la CNCP nous annonçait que l'inventaire s'inscrivait dans le cadre d'une logique de certification, voilà que l'on enregistre des certifications qui s'intitulent "Formation". On avait déjà la liste des formations éligibles au compte personnel de formation, qui est en fait une liste de certifications, voilà que l'on rajoute à la confusion en consacrant comme certification des formations. Les rares qui arrivent à s'y retrouver dans ce gloubi boulga auront un peu de mal à expliquer les subtilités du système à tous ceux qui tentent en vain d'y comprendre quelque chose. 

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Répétons le une nouvelle fois, ce ne sera jamais trop. Ce n'est pas d'une règlementation sur la qualité des prestations de formation dont nous avons besoin. C'est d'urgence d'une réforme de la certification, de la CNCP et des pratiques de certification. Le véritable enjeu des années à venir ne se trouve pas dans le surcontrôle des stages à l'ancienne à travers une politique qualité qui n'est jamais qu'une autre forme de conformité règlementaire, mais dans l'établissement de pratiques de certifications efficientes qui actent la césure entre le parcours et la certification. Et toute l'énergie mobilisée en vain sur la qualité à la mode vieille sauce dans de vieilles marmites aurait été mieux employé à garantir la qualité des certifications, porteuses des vrais enjeux d'employabilité, de reconnaissance et d'usage des parcours. Au lieu de cela, on préfère la méthode du Gloubi Boulga : s'intéresser à la recette, jamais au résultat. 

07/03/2017

Encore un tour...et puis s'en va ?

Mardi 8 mars s'est ouverte une négociation sur l'assurance-chômage censée aboutir avant la présidentielle. Une négociation classique : un texte patronal maximaliste pour se donner de la marge et des réactions syndicales unanimes pour juger le texte "inacceptable". Et puis tout le monde se met autour de la table. Est-ce que ces jeux de rôle pourront tenir encore longtemps ? Si l'on regarde les programmes présidentiels (mais si, ils existent) pas besoin d'analyse approfondie pour comprendre que l'échec des conférences sociales à la mode Hollande n'a pas usé que le président sortant : la régulation de l'emploi et de la formation par le niveau interprofessionnel, plus grand monde n'y croit. Et à la gestion paritaire non plus. Chez Fillon, l'autorité de l'Etat laisse peu de place aux corps intermédiaires. Chez Macron, l'équilibre entre l'Etat protecteur et la liberté individuelle n'offre pas plus d'espace aux partenaires sociaux. Chez Hamon et Mélenchon, on ne jure que par l'Etat et l'action publique. Au final, si les libéraux et libertaires penchent pour la négociation collective, c'est au niveau de l'entreprise (Fillon, Macron). Pour tous les autres, le slogan c'est l'abrogation de la loi Travail (Hamon, Mélenchon, Le Pen). 

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Manifestement, plus aucun politique ne croit à l'efficacité des négociations interprofessionnelles pour innover en matière d'emploi et sans doute de formation. Or, toute l'histoire de la formation professionnelle en France s'est construite sur la dialectique accord-loi. Jusqu'à l'accord de décembre 2003 qui a donné naissance à la réforme de novembre 2004, à la création du DIF et à la construction d'une logique de compétence destinée à supplanter la logique de formation. Mais depuis, plus rien ou presque du côté des ANI. Il faut dire qu'entre temps, la loi Larcher avait imposé une négociation interprofessionnelle systématique avant toute loi nouvelle. On constate souvent que lorsque l'on ressent le besoin d'inscrire dans la loi ce qui se faisait naturellement, remplaçant la volonté par la contrainte, c'est qu'on est en fin de cycle. On pourrait en avoir la preuve dans les mois qui viennent. 

21/02/2017

Venez ! c'est plein, mais il reste de la place !

Le jeudi 2 mars DEMOS organise un petit-déjeuner consacré au CPF en 2017, après les divers élargissements de la loi Travail et dans un contexte financier qui commence à se tendre. Preuve en est que certains taux de financement, et surtout d'abondement fondent au rythme du réchauffement climatique. A ce titre, 2017 sera une année particulière : avec encore des opportunités mais sans aucun doute avec une transition vers une régulation accrue du dispositif. Et pour les universités d'entreprise, les organismes corporate, il y a encore l'effet du DATA-DOCK au 30 juin prochain et l'obligation de formaliser ses pratiques...ou de trouver un partenaire. Si vous souhaitez participer au débat, rejoignez les 150 inscrits et rendez-vous dans l'amphithéâtre de l'Arche à la Défense...et non, on ne fait pas ça sur la plage !

Ah au fait, pour s'inscrire, c'est gratuit et c'est ici

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16/02/2017

Une règlementation vintage

Si l'on relit l'exposé des motifs de la loi du 5 mai 2014, censés exposer l'intention du législateur, on trouvera une référence explicite au modèle du 70-20-10 et à l'ambition de faire une plus grande place à la formation informelle. Prenant acte de l'évolution des modalités de formation, la loi défiscalise les plans de formation et ouvre le champ des actions finançables par les OPCA. Et l'on ne trouvera pas trace des questions liées à la Qualité. Il faut rappeler que c'est au Sénat, dans une de ces soirées où les débats sont aussi pauvres que les sénateurs peu présents, que Chantal Jouanneau (rendons à César) proposera une habilitation des organismes de formation qui lui semblait indispensable (elle venait de voir Cash Investigation). Après avoir expliqué que fermer le marché de la formation n'était ni pertinent, ni raisonnable, ni juridiquement souhaitable alors que dans le même temps les lois Macron s'efforçaient d'ouvrir les marchés règlementés, le rapporteur (Jean-Patrick Gilles) proposa en contrepartie du retrait de l'amendement, de réglementer la qualité de la formation. La machine infernale était lancée. 

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"- ça te parle toi la qualité  ?

- j'en dors pas  !"

Et voilà comment dans le même texte, on se retrouve à encourager le développement de nouvelles pratiques pédagogiques et à élargir le champ de la formation et à affirmer que l'essentiel ne se trouve pas dans le moyen, mais dans le résultat, à savoir la certification. Mais plutôt que de règlementer la certification, ce qui aurait été cohérent, on se propose de normer à l'ancienne mode le moyen et de se focaliser de nouveau sur l'acte de formation  comme au bon vieux temps de la fiscalité que d'un même mouvement on supprimait. De quoi perdre la tête, où plutôt le sens. Et pendant que l'on consacre moultes moyens et quantité d'énergie à normaliser des moyens qui sont en train d'exploser (vaine tentative, on le constatera sans doute prochainement) on laisse se développer sans moyen (ou presque) une certification galopante à l'ingénierie souvent hasardeuse et aux procédures bien complexes qui garantissent un bel avenir au lobbying. Vous avez dit tout à l'envers ? 

12/02/2017

Ni droit, ni gauche : cerveau !

Fin de réunion, propos de fin de réunion. Une participante cède à une remarque sur l'un des réunis : "Un peu cerveau gauche quand même lui". Je cède également, alors qu'il est tard, que c'est la fin de semaine et que le temps de passer à autre chose est déjà bien entamé : "Vous étiez mal placée, vous n'avez vu qu'une partie de son cerveau ?". Elle me toise : "Vous ne croyez pas aux neuro-sciences ?" ; "Si, mais aux neuro-sciences actualisées". On a mutuellement préféré en rester là. De toute façon, elle ne pouvait pas savoir que je sortais de la lecture de Neuro Learning, que le copain Philippe GIL (IL-DI) s'était fait un plaisir de m'offrir. Et que la veille histoire du cerveau droit et du cerveau gauche fait partie des dix neuromythes que les trois auteurs s'attachent à dynamiter d'entrée (ils font également un sort à "On utilise que 10 % de son cerveau" ou encore à "Il existe trois styles d'apprentissage : auditif, visuel et kinesthésique"). 

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Mais pourfendre les vieilles lunes ne suffit pas, le livre nous entraîne dans la complexité du cerveau, avec pragmatisme, humilité et ambition, la belle trilogie. On y trouve du savoir et du faire (mais pas d'être, ils sont sérieux les auteurs) et des interrogations sans fin sur le travail puisque, de la même manière que le repos est un temps indispensable de l'entraînement du sportif, la pause de l'esprit est fondamentale dans la consolidation des apprentissages. Bref, on s'est régalé. Si vous le croisez sur un rayon, jetez un oeil. 

Et lui, vous le trouvez cerveau droit ou cerveau gauche ?

le premier qui dit cerveau reptilien a perdu,

il est tombé dans un autre neuromythe

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22:51 Publié dans PEDAGOGIES | Lien permanent | Commentaires (2)

08/02/2017

CONFUSION

Comme on pouvait le craindre, la confusion règne. En confiant aux OPCA une mission générale en matière de qualité de la formation, l'Etat s'inscrivait dans le cadre général du développement du champ d'action des OPCA (de la formation à la gestion des compétences, voire des ressources humaines avec les diagnostics RH ; de la gestion du légal à la gestion de fonds conventionnels ou volontaires, etc.). Mais faute d'avoir donné les moyens d'une véritable ambition en ce domaine, et en ayant ramené la qualité à des critères formels établis par décret, on a maintenu les OPCA dans ce qu'ils avaient l'habitude de faire : du contrôle règlementaire. Résultat, les politiques qualité que l'on voit se mettre en place aujourd'hui ont bien du mal à distinguer ce qui relève de la conformité (et du contrôle règlementaire) et ce qui relève de la qualité, autrement dit de l'amélioration des pratiques de formation. C'est un joyeux mélange des deux qui est proposé aux organismes de formation qui en perdent parfois leur latin et peuvent avoir du mal à percevoir où s'arrête la conformité et où débute la qualité. Certaines chartes Qualité sont d'ailleurs essentiellement des reprises des conditions de validité ou d'éligibilité des actions de formation aux financements des OPCA. 

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Le rapport annuel de la Cour des Comptes en date du 8 février, comme le rappelle l'AEF ce jour,  reproduit la même confusion en demandant à ce que la politique qualité soit utilisée pour mieux détecter les fraudes. On ne peut mieux acter la confusion qui s'installe. Dans l'intérêt bien compris de tous, il serait peut être tant de sérier les questions et de considérer que deux chantiers coexistent et que mêler les deux aura pour effet de rendre les objectifs visés plus difficiles à atteindre. D'une part, la question de la lutte contre la fraude qui suppose des moyens particuliers dont certains ne peuvent relever que de la puissance publique. D'autre part les actions conduites pour développer la qualité des formations qui ne passe évidemment pas par des contrôles formels et bureaucratiques mais par la capacité des financeurs à prendre en compte les bonnes pratiques de formation, les investissements nécessaires à la qualité, la mise en place de financements qui ne soient plus rattachés à l'heure de formation mais au coût économique de la formation (avec le développement de capacités d'analyse des modèles économiques en formation), la part de chacun dans la qualité (du client au consommateur en passant par le producteur et le financeur), etc. Mais pour cela il faut des moyens, des compétences, du temps et des relations débarrassées de l'éternelle suspicion pesant sur les organismes de formation (ou sur les OPCA d'ailleurs s'agissant de la Cour des comptes). Et dans les périodes politiques agitées, c'est bien le temps qui manque le plus. 

03/02/2017

RETROPEDALAGE ET PERMIS DE CONDUIRE

La loi Travail, en contrepartie des assouplissements apportés à la négociation collective, avait conforté les droits des salariés et notamment le CPF : le bilan de compétences et les formations à la création ou à la reprise d'entreprise étaient éligibles de droit et pouvaient être suivies pendant le temps de travail. La loi Egalité et Citoyenneté opère un retour arrière : ces formations restent éligibles de plein droit mais elles ne peuvent être réalisées sur le temps de travail qu'avec l'accord de l'employeur. Autrement dit, elles ne sont plus opposables. On appréciera la méthode qui consiste à faire une loi soit disant équilibrée pour en détruire le dit équilibre quelques mois plus tard. La méthode de gribouille aura donc prévalu jusqu'au bout. 

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La loi Egalité et Citoyenneté a tout de même une vertu : le permis de conduire (permis B) devient éligible de droit hors temps de travail, ou sur le temps de travail avec l'accord de l'employeur. Ce qui permettra, notamment, aux jeunes alternants d'utiliser leurs premières heures de CPF pour financer les 1500 ou 2000 euros du permis de conduire. Voilà qui persuadera également les quelques OPCA qui persistent à exiger que le salarié ait besoin du permis pour accepter de le financer sur le plan, de cesser d'imposer des conditions extra-légales (en exigeant notamment que le salarié ait besoin du permis pour son emploi) et de prendre en charge ce qui est tout de même un des éléments clés de l'employabilité. Curieux d'ailleurs cette volonté affiché de promouvoir l'employabilité et les parcours professionnels et de conditionner le financement à un lien avec l'emploi. Mais en ces périodes troublées, on est pas à un paradoxe près. 

 

25/01/2017

De quoi la formation est-elle le nom ?

Depuis plus de 45 ans, le droit a enfermé la formation dans le cadre étroit de l'action de formation et a posé sur elle le verrou de la fiscalité. Ainsi, on a débattu de ce qui était formation et de ce qui ne l'était pas. Pour au final privilégier le moyen (l'action) sur la fin (le développement des compétences). La loi du 5 mai 2014 a ouvert deux brèches salutaires : en défiscalisant les plans de formation et en permettant aux entreprises d'utiliser tous les moyens pour former leurs salariés, et en élargissant le périmètre de l'action de formation notamment celles qui sont réalisées à distance. Une troisième a également été percée, en permettant aux OPCA de financer des actions autres que la formation continue, liberté dont quelques branches, trop peu sans doute, se sont emparées par la voie de la négociation. Dès lors, deux définitions de la formation sont possibles : soit celle du code du travail qui renvoie toujours à l'action de formation, même élargie, soit une définition plus large qui considère comme formation, tout ce qui forme. Pour ceux qui s'intéressent à la question, les éléments du débat sont détaillés dans un article paru au mois de décembre dernier dans la revue Droit Social. Et pour illustrer que la formation c'est bien plus d'une action, le projet pédagogique de la Masia, autrement dit le centre de formation des jeunes footballeurs du FC Barcelone. 

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DROIT SOCIAL FORMATION.pdf

14/01/2017

MAINTENANT, LA COMPETENCE EST SINGULIÈRE

Tout le monde peut disposer des mêmes ressources, personne n’est compétent de la même manière. La compétence c’est la singularité exprimée en acte. Car il n’est de compétence qu’en action. Remballez votre savoir-être de pacotille, sans passage à l’acte il n’y a pas de compétence et l’agir n’est pas un savoir-être mais un savoir-faire. Savoir y faire dans les relations, dans les comportements, dans les attitudes, dans l’appréhension de situations émotionnellement difficiles, c’est du faire et non de l’être. Il serait d’ailleurs plaisant que nos tenants du savoir-être aient une discussion avec Parménide sur le sujet (« l’être est, le non-être n’est pas », bon courage !). Loin d’être la négociation de la culture, la docile servante de la conformité, la compétence est la manière unique dont chacun associe toutes les ressources dont il dispose pour faire. Et c’est pourquoi la photo réalisée par cette petite fille, sera unique, comme celle du passant qui a immortalisé la scène. Comme ce petit livre et ses contradictions, comme les lectures, forcément uniques et singulières, que voudront bien en faire ses lecteurs.

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 Voeux Willems Consultant.pdf

13/01/2017

AVANT, LA FORMATION C’ÉTAIT DE LA CULTURE

La formation, c’est la maïeutique socratique. C’est du savoir au service de la réflexion. De la pensée en marche, comme la pratiquaient Rousseau, Heidegger, Nietzsche et quelques autres. C’est mettre ses pas dans les pas des anciens, tirer profit de leur enseignement et tenter de décrypter le monde nouveau sans se couper de tout ce qui a contribué à le façonner. La formation c’est l’émancipation de l’individu, le coup fatal porté à la nature dans le débat entre nature et culture. C’est prométhéen. Aristophane considérait d’ailleurs qu’éduquer c’était allumer un feu et non remplir un vase. Ce feu dont Bachelard fit une poétique de la connaissance. Nous étions alors bien loin des savoirs normés, des apprentissages sans réflexion et strictement reproductifs que l’on mesure à coup de quizz dans lesquels le raisonnement n’a plus sa place. A l’émancipation a succédé la normalisation, à la culture l’utilitarisme, à la connaissance la compétence de conformité.

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