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09/02/2016

L comme....LIBERTE

N’attends rien, désire tout (Raoul Vaneigem)

 

 Apprendre une recette ou apprendre à faire la cuisine ?

La formation recette est celle qui apprend à sélectionner les ingrédients, livre les secrets de la préparation, fournit les temps de cuisson, donne les variantes possibles et enseigne la reproduction. Elle séduit par l'immédiateté de son résultat. Elle est montrable et valorise celui qui apprend. Toutefois, à la troisième invitation, le convive peut se lasser et le cuisinier aussi. Il faut d'autres recettes. La formation, à terme, crée donc la dépendance et non l'autonomie. Elle fournit les poissons, mais n’apprend pas à pêcher. Vite, encore un poisson !

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La formation qui apprend la cuisine prend son temps. Elle parle des mets : légumes, condiments, viandes, poissons, coquillages, agrumes, arômes, piments, épices, herbes...Elle parle des méthodes : cuissons, macérations, émulsions, saisies, marinades...Elle parle de mélanges : assortiments, goûts, saveurs, correspondances, oppositions, mariages. Elle vous livre les conditions de la production, vous ouvre les voies et chemins, vous outille pour l'aventure mais ne vous tient pas la main et refuse de vous inviter à reproduire. Elle a, comme le cuisinier, l'exigence de la création. Le goût de l'autonomie et de la liberté. Elle ne garantit pas la satisfaction immédiate de l'invité mais organise les conditions de la surprise.

Mais foin d'oppositions : pour libérer tous les possibles, la formation prendra soin d'apprendre la cuisine tout en suggérant quelques recettes. Bon appétit !

12/06/2014

Tortillas y evaluacion !

J'avais pourtant prévenu les étudiants, mais ils n'y ont pas cru : avant l'examen de fin d'année du Master Développement des Ressources Humaines de la Sorbonne, dirigé par Jean-Emmanuel Ray et dans lequel j'interviens sur la politique de formation, il y aurait dégustation de tortilla, l'omelette à l'espagnole. Des oignons légèrement caramélisés, des pommes de terre pas trop cuites, le tout roulé dans des oeufs battus pour bien imprégner chaque morceau, des herbes et de l'assaisonnement, le tout mis au four pendant une vingtaine de minutes. C'est meilleur chaud, un peu baveux, mais pour l'occasion ce fût dégusté froid. 

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Et après la tortilla, vint l'évaluation. L'occasion de mettre en oeuvre quelques principes : le premier est que l'examen final compte moins que tous les travaux réalisés dans l'année, le second est que l'évaluation porte nécessairement sur des questions qui n'ont jamais été travaillées sous cette forme là, le troisième est que c'est moins la connaissance qui est valorisée, ou même la technicité, que la capacité à s'engager personnellement, à s'approprier la matière et à penser par soi-même et contre soi-même, le quatrième est qu'une réponse non contextualisée est nécessairement non pertinente et le cinquième est qu'un étudiant en ressources humaines ne doit jamais aborder une question à partir de la seule discipline dont elle relève mais d'une manière globale. Voilà, vous avez les consignes. Si vous voulez jouez, ils avaient deux heures. 

POLITIQUE DE FORMATION – MASTER DRH 2014.pdf

07/07/2010

Manger

Il est souvent question d'appétence pour la formation ou d'appétit de formation. Autrement dit de désir dont le rapport à la nourriture est souvent une traduction manifeste. Mais la formation elle-même est-elle susceptible de susciter le désir ? de donner de l'appétit ? sur ce champ nourricier, osons une analogie. Il est des formations qui livrent des recettes et d'autres qui apprennent à cuisiner. Les premières sont souvent très appréciées et ont des résultats immédiats mais une péremption rapide. Les secondes sont plus frustrantes sur l'instant mais à effets durables. Détails.

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Nicolas Poussin - La nourriture de Bacchus
La formation recette est celle qui apprend à sélectionner les ingrédients, livre les secrets de la préparation, fournit les temps de cuisson, donne les variantes possibles et enseigne la reproduction. Elle séduit par l'immédiateté de son résultat. Elle est montrable et valorise celui qui apprend. Toutefois, à la troisième invitation, le convive peut se lasser et le cuisinier aussi. Il faut d'autres recettes. La formation, à terme, créé donc la dépendance et non l'autonomie. Vite, que le cuisinier me montre autre chose.
La formation qui apprend la cuisine prend son temps. Elle parle des mets : légumes, condiments, viandes, poissons, coquillages, agrumes, arômes, piments, épices, herbes...Elle parle des méthodes : cuissons, macérations, émulsions, saisies, marinades...Elle parle de mélanges : assortiments, goûts, saveurs, correspondances, oppositions, mariages. Elle vous livre les conditions de la production, vous ouvre les voies et chemins, vous outille pour l'aventure mais ne vous tient pas la main et refuse de vous inviter à reproduire. Elle a, comme le cuisinier, l'exigence de la création. Le goût de l'autonomie et de la liberté. Elle ne garantit pas la satisfaction immédiate de l'invité mais créé les conditions de la surprise.
Mais foin d'oppositions : pour libérer tous les désirs, la formation prendra soin d'apprendre la cuisine tout en suggérant quelques recettes. Bon appétit !