07/06/2010
Galvanisé
Le danseur est jambes et torse nu dans un bac à sable. Son corps n'est pas celui d'un athlète même si les jambes sont puissantes. Mais il y a cette présence . Et ces mouvements qui sont issus du flamenco avant même qu'il soit conçu. La forme la plus archaïque dans l'expression la plus moderne. Chemise rouge pantalon noir, Israel Galvan danse un flamenco ancestral et personnel, incarne la liberté la plus libre qui soit et invente avec chaque partie de son corps une danse qui s'incorpore à la musique qu'elle n'illustre pas plus qu'elle ne la produit. Le geste pour le corporel, le rythme pour l'intellectuel, le son et l'image pour le fantasmatique. La pièce s'intitule "El final de este estado de cosas, redux", elle s'appuie sur l'Apocalypse de Saint-Jean et il s'agit d'une pièce sacrée. Lorsque vous regardez danser Israel Galvan vous savez tout de lui : qu'il est humble, presque timide, exigeant, terriblement travailleur, rigoureux, qu'il ne se prend pas au sérieux, que la danse est une lutte qu'il a l'élégance de ne pas faire paraître, qu'il est seul en scène sans se mettre en scène, qu'il n'est pas le héros de lui-même, qu'il est avec vous individuellement à chaque instant comme il est seul avec nous tous sur scène. Israel Galvan est une révélation au sens biblique du terme.
Pourquoi Israel Galvan parvient-il à créer de l'émotion, de la pensée et du désir lorsqu'il danse ? parce que sa technique est toute entière au service de la danse et non du danseur, parce que jamais il n'est question de briller par la performance ou d'éblouir par le spectaculaire, parce que le danseur sait que la technique s'exprime tout autant dans une posture immobile que dans une zapateada furieuse et que le sens de la danse ce n'est pas l'une ou l'autre mais le lien entre les deux. Ne pas agir pour se valoriser, penser que l'inaction doit s'articuler avec l'action, qui sinon risque de n'être qu'agitation, avoir l'exigence constante de la créativité, réinventer la tradition qui ne se maintient qu'en prenant de nouvelles formes, faire des liens qui n'ont jamais été établis...sacré programme, même pour un lundi.
NB : si vous cherchez une lecture pour l'été, l'ouvrage de Georges Didi-Huberman "Le danseur des solitudes", consacré à Israel Galvan présente l'avantage d'un accord parfait avec le soleil et la chaleur (Editions de Minuit).
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01/06/2010
Montrer l'invisible
Les mains sont liées comme celles d'amis proches et plus vraisemblablement d'amoureux. Il ne s'agit pas d'un bonjour, même pas d'une poignée de main amicale, affectueuse ou virile. Il s'agit d'un enlacement. Les doigts se superposent, se touchent, s'étreignent et se parlent. Leur union incarne la tragédie de la dernière fois. Les mains savent que plus jamais elles ne se lieront. La dernière étreinte. Le dernier baiser.
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31/05/2010
MAXXI !
Pour la 501ème chronique depuis l'ouverture de ce blog en février 2008, un petit détour par Rome où le Musée d'Art du XXIème siècle (MAXXI) ouvrait ses portes dimanche 30 mai après plusieurs années de travaux. Le bâtiment, conçu par Zaha Hadid, est magnifique. On circule à l'intérieur de grandes courbes épurées qui nous convient à la découverte d'oeuvres plus surprenantes les unes que les autres.
Mais il n'y a pas que l'architecture qui soit réjouissante. Alors que l'art contemporain est souvent grave, sinistre, lourdement symbolique, dépressif et pompeusement politique, ici les oeuvres font la part à l'humour, à la nature, à l'engagement, au volontarisme et la mise à distance amusée prend souvent la place du trop facile regard cynique sur le monde. Il est particulièrement réjouissant de voir le film "Democrazy" de Vizzoli, dans lequel BHL devient un trop crédible candidat à la présidence des Etats-Unis (cherchez sur Dailymotion ou You tube, Sharon stone est dans le coup aussi pour démontrer, si besoin était, qu'en politique la communication peut tout). L'invité d'honneur pour l'ouverture est Gino De Dominicis dont l'oeuvre protéiforme associe l'humour, le mystère, la dérision et la beauté.
00:57 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxxi, rome, penon, de dominicis, bhl, vezzoli, art, art contemporain
24/05/2010
Toulouse enlève l'Europe
Le 26 août 2009, j'annonçai sur ce blog que le Stade Toulousain avait fait le choix de disputer la saison 2010 avec six capitaines plutôt qu'un seul. Ce capitanat collectif devait permettre à l'équipe de jouer dans des configurations différentes tout au long de l'année, de répartir les responsabilités et de tenir compte qu'un même joueur ne pouvait être au maximum de la performance tout au long de la saison (http://willemsconsultants.hautetfort.com/archive/2009/08/...). La dite saison vient de se terminer par une victoire en finale de la Coupe d'Europe. Pour en arriver là, l'effort collectif a été immense : aucun joueur n'a échappé en cours de saison au trou noir de la baisse de forme, du manque de dynamisme et de la remise en question, mais tous également ont su être, chacun leur tour, au maximum de leur performance. Quel manager envisage avec ses collaborateurs que la performance n'est pas linéaire et que chacun aura des moments faibles qu'il faudra amortir et pendant lesquels le besoin de confiance sera fort et les moments de confiance pendant lesquels le doute sera faible et qu'il faudra canaliser ? le modèle sportif n'est certes pas universel, mais l'existence de cycles et de rythmes l'est.
12:55 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : stade toulousain, europe, rugby, management, coupe d'europe, hcup
11/05/2010
Dématérialiser
La dématérialisation est un objectif pour les organisations, administration comprise. Mais elle se résume, ou se réduit, souvent à un "zéro papier" qui ne fait que modifier les supports sans changer véritablement les processus et surtout le rapport que l'on a avec eux. Si l'on veut faire le test d'une expérience radicale de dématérialisation, il faut se rendre au Musée Guggenheim de New-York.
00:05 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guggenheim, tino seghal, art, new-york, dématérialisation
05/05/2010
Il n'y a pas de catastrophe naturelle
Les inondations, les cyclones, le volcan islandais, la neige au mois de mai, les vagues de 6 mètres en méditerranée, les tremblements de terre en Haïti et au Chili, les medias relaient inlassablement ce qu'il est d'usage de nommer, sans plus se poser de question, des catastrophes naturelles. L'appellation est doublement impropre. Tout d'abord parce que tout évènement n'est une catastrophe qu'en ce qu'il touche l'homme. La chute d'une météorite dans l'atlantique ou dans le désert de Gobi et la même sur New-York n'auront pas le même sens. Du point de vue de la nature, le phénomène est pourtant identique. Ensuite parce que l'expression persiste à dissocier la nature de l'homme, renvoyant l'image des humains qui se battent contre la nature, puis la dominent, et finalement l'asservissent, comme s'ils prenaient une éternelle revanche sur le déluge.
Que l'on cesse de penser les évènements naturels comme des catastrophes, que l'homme ne se place plus au dessus de la nature mais à l'intérieur de celle-ci à l'instar d'un caillou, d'une plante, du vent ou des nuages, et l'on peut parier que le nombre de "catastrophes" s'en trouvera réduit. Rappellons que Freud, qui subit les peu subtiles foudres d'Onfray ces temps-ci, mais le "vieux" en a vu d'autres, Freud donc identifiait les trois humiliations narcissiques subies par l'homme : il n'est pas le centre du monde (Copernic), il n'est pas le centre de la création (Darwin) et il ne maîtrise pas sa propre conscience (Freud lui-même). Et plutôt que de nous désespérer, cette triple nouvelle nous apporte en réalité une plus grande liberté en nous allégeant considérablement du poids de l'histoire universelle. Mais que la liberté passe par une diminution de l'ego, cela devrait être évident pour tous. Bien sur en voyageant dans quelques organisations, cette évidence ne saute pas aux yeux, et encore moins lorsque l'on écoute Claude Allègre. En fait, il y a des catastrophes humaines.
01:24 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : catastrophe, volcan, inondations, rechauffement, freud, onfray, allègre
29/04/2010
Abstinence et luxuriance
Lorsque Moïse monte sur le mont Sinaï, il laisse son frère Aaron et son peuple l'attendre en silence. Mais l'attente dure 40 jours. Pour ce peuple qui vient d'Egypte et qui se définit par le faire, par l'action, par la production, 40 jours de silence c'est trop long. Et l'on décide de faire la fête et de construire le veau d'or. Lorsque Moïse redescend du Sinaï, et découvre la bacchanale, il brise les tables de loi mais ne prononce pas une parole. Pourquoi ce silence ? Marguerite Duras disait : "Parce que lorsque l'on a vu Dieu, soit on se tait soit on hurle, mais on ne peut plus parler". Ce silence aura plus de poids que des imprécations. Il est des occasions dans lesquelles s'abstenir c'est faire.
11:32 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : moïse, loi, sénat, droit, législation, chagall
20/04/2010
Le mort ne risque rien
La mer risque de revenir ? on rase. Les poussières des entrailles de la terre furètent dans l'air ? on ferme. Et si la grippe H1N1 se répandait ? et si elle mutait ? vite, 1 vaccin par personne et obligation pour toutes les entreprises de France et de Navarre de mettre en place un plan de continuation d'activité, juste avant qu'elles ne se mettent en chômage partiel, sauf les laboratoires pharmaceutiques cela va de soi. Le principe de précaution a lui déjà muté en principe de risque zéro absolu. Comme on le sait, le seul moment où l'homme ne court plus aucun risque, c'est lorsqu'il est mort. A défaut, et par nature, il s'expose.
00:05 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tao, xynthia, volcan, espace aérien, risques, principe de précaution, h1n1
19/04/2010
Justice, Vérité, Liberté
Enchâssées dans la façade de l'Abbaye de Westminster, les deux statues ne peuvent échapper au regard. Côte à côte, la Vérité et la Justice. La première a la chevelure flamboyante, le regard droit, le geste souple mais ferme. Elle est LA Vérité. La seconde est plus humble, regard baissé plutôt que justice aveugle, gestes davantage retenus, cheveux tombant plutôt que s'affichant en défi. La justice connaît ses limites. Elle sait qu'il existe une vérité judiciaire mais qu'elle n'est pas la vérité. La vérité judiciaire est contingente, elle voudrait parfois paraître telle sa belle voisine, mais elle doit s'en tenir à rapprocher les faits du droit et à qualifier au regard des lois qu'on lui fournit. Bien sur la tentation est parfois trop forte et l'oeuvre prétorienne trop nécessaire pour qu'il soit possible de lui résister. Mais tout ceci n'est qu'exception et le juge ne peut se départir, au quotidien, de son rôle de serviteur de la loi.
10:17 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : londres, terrorisme, cedh, justice, libertés, droit
06/04/2010
Au dessous du volcan
Dans le chef d’œuvre de Malcolm Lowry, « Au dessous du volcan », la vie grouille en un magma qui n’a rien à envier à celui qui, sous la terre, prépare l’éruption. Le feu, la fureur, la folie aussi se mêlent en un triptyque infernal qui ne laisse à l’homme aucun échappatoire. La tragédie est constamment présente, comme le rappelle la masse du volcan qui écrase les hommes de son inexorable présence. A Pompéi, rien de tout cela. Les courbes vertes du Vésuve témoignent d’une vie qui a supplanté les coulées meurtrières, les douces lumières de la Campanie, que renforce l’éclat bleu du Golfe de Naples, déposent quiétude et sérénité sur la ville pétrifiée.
La vie dans les étroites ruelles bordées de hauts murs de pierre revêtait-elle vraiment cette douceur ? Difficile à dire sauf à céder à la vérité des sensations qui renvoient à une atmosphère paisible, rythmée par l’agitation des commerces et des bars dont les comptoirs accueillent les jarres de condiments et nourritures proposés aux passants.
La légèreté du lieu n’est pas démentie par les fresques qui le disputent en raffinement, élégance ou beauté et dont toutes témoignent du degré auquel avait été porté le goût artistique.
Derrière les colonnes du forum, la silhouette du Vésuve n’est pas menaçante. Elle paraît presque protectrice. Au-dessous du volcan, il peut faire bon vivre. Ce sont les hommes qui font les lieux où ils habitent.
Heureusement que l’éruption a eu lieu en 79 et en Italie. De nos jours et en France, suite à l’éruption on rasait les villages environnants et Naples avec, au nom du principe de précaution. Inconscience avant, inconscience après, irresponsabilité toujours.
10:55 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : naples, vesuve, volcan, pompei
23/02/2010
Mosquée Cathédrale
La grande mosquée Sainte-Sophie d'Istanbul est une ancienne basilique chrétienne de Constantinople du VIème siècle. A Cordoue, l'histoire est exactement inverse. La grande mosquée construite avant l'an mil est devenu après la Reconquista une cathédrale catholique. Dans les deux cas, s'il y eut des déconstructions et reconstructions, pas de volonté acharnée de faire disparaître le passé pour le nier. Au contraire, un art qui s'installe au coeur d'une architecture qui n'est pas la sienne et qu'il va transcender par la volonté de triompher en faisant plus beau et non en détruisant.
00:12 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cordoue, istanbul, mosquée, cathédrale, collage, surréaliste
18/01/2010
Charisme
Le goût de l'époque n'était certes pas celui d'aujourd'hui. Pourtant, maints commentateurs ont pu souligner l'épaisseur du corps et de la cuisse, la disharmonie entre le haut et le bas du corps ou le visage aux traits éloignés de la beauté classique grecque qu'elle incarnait pourtant. Isadora Duncan n'était pas à proprement parler une jolie femme du début du siècle, mais elle fut pour nombre d'artistes l'image même de la beauté. Comment incarner ce que l'on est pas, et comment disposer d'une capacité de fascination portée à un point aussi haut ? pour ce qui concerne Isadora Duncan, la réponse peut être trouvée dans sa liberté, qui attire toujours autant qu'elle effraie, dans la nouveauté de sa danse, dans le panthéisme qui la chargeait de toutes les beautés de la nature au sein de laquelle elle dansait, dans le mouvement peut être et tout simplement, dont on sait qu'il est la vie même.
09:27 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : isadora duncan, recrutement, charisme, ressources humaines, bourdelle
04/01/2010
Rentrée des classes
Pas besoin d'avoir préservé la part d'enfant en soi pour, certains matins, être habité par un lancinant : "Je veux pas y aller".
10:14 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : reprise, rentrée, barcelone, enfant, travail
02/01/2010
Lire, Ecrire, Parler, Jouer
Sur le mur il est écrit : "Es dificil distinguir entre movirse et ser movido". La phrase est de Manuel Vazquez Montalban. Elle figure sur une place qui lui est dédiée, au coeur du vieux Barcelone, dans le quartier del Raval. Lieu de passage, d'intermède temporel, de parole et de silence qui n'est jamais que la ponctuation du discours.
12:07 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : barcelone, cirque du soleil, barceloneta, vazquez montalban
01/01/2010
Bonne année européenne (au moins !)
Depuis ce 1er janvier 2010, l'Espagne préside le Conseil de l'Union Européenne. Ce n'est pas la première fois certes, en fait la quatrième depuis son entrée dans l'Europe en 1986, mais par contre c'est la première fois que la Présidence du Conseil de l'Union est dissociée de la présidence du Conseil Européen, confiée pour deux ans à Herman Van Rompuy, tandis que Catherine Ashton est nommée haute représentante de l'Union. Un couple Hispano-Flamand avec une touche de britannique, voilà qui fait sens au regard de l'histoire européenne. L'Espagne et la Flandres, le feu et la glace, mais un passé commun et le même goût de l'aventure, de la découverte et du voyage, voilà un couple prometteur.
02:34 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : picasso, europe, espagne, zapatero, van rompuy, ashton, estampes, van gogh, érotique
31/12/2009
Et pour finir l'année ? Eve bien sur...
L'année 2009 s'est ouverte sur une chronique illustrée par Max Ernst (voir chronique du 1er janvier 2009). Elle invitait, malgré un contexte récessif et dépressif, à ne pas céder au repli mais au contraire à aller de l'avant : VAMOS était la première des injonctions qui prennent parfois place dans ces chroniques, et qui sont moins des marques d'autorité que des invitations lancées à qui voudra bien les saisir. Mais comment pouvait-on se refuser à l'Eve de Max Ernst, girafe au long cou et à l'oiseau dans les cheveux ?
00:05 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : espagne, eve, max ernst
29/12/2009
VOYAGES A VENIR
A près de 80 ans, Michel Serres, que les honneurs multiples n'ont pas alourdi, garde la vivacité, le plaisir, la malice et la pétillance qui l'ont toujours caractérisé. Il conserve également cette plus rare foi dans la jeunesse avec la conviction que chaque génération a ses propres combats à mener et qu'elles ne sont pas concurrentes entre elles. Pas de conflit de générations avec Michel Serres, mais des témoins qui se transmettent sous forme de "voilà ce que je peux vous léguer, et je le fais avec plaisir non pour que vous y soyez fidèle en le statufiant, mais pour l'usage que vous jugerez bon". Mais plutôt que de le faire parler, donnons lui la parole :
"L'intelligence n'est pas de savoir axiomatiquement comment on déduit... Pour Montaigne, ce n'était plus "tête bien pleine", la diffusion de l'imprimerie détrônait cette mémorisation des voyages d'Ulysse, des contes..., qui servaient de supports aux connaissances de l'époque. Déjà Montaigne ne trouvait plus de sens à mémoriser une bibliothèque potentiellement illimitée. Mais sur Internet, faut-il encore une "tête bien faite"? Peut-être "surfera" mieux "pied bien démerdard". Voilà la définition de l'intelligence d'aujourd'hui. Celui qui courra le mieux avec ses deux pieds ne sera pas forcément polytechnicien agrégé de philosophie; ceux-là auront la tête trop lourde pour se débrouiller là-dedans... Par conséquent, il y aura des chances nouvelles pour des gens que l'ancien monde traitait de débiles. C'est un nouveau départ avec des chances également réparties.
L'homme se promènera dans le volume de l'information comme il se promène dans les forêts et les montagnes, pour explorer le monde physique. Jusqu'ici, le savoir était un lieu d'apprentissage de la déduction, de l'induction, de la mémoire. Il devient aujourd'hui un lieu de promenade. Cela n'est jamais arrivé."
11:49 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michel serres, watteau, voyage, internet, connaissance, savoir
25/12/2009
JOYEUX NOEL !
Noël est un moment de célébration, de fraternité et d'expression de son affection à ceux que l'on aime. Le Pape Benoit XVI lui même l'a éprouvé en cette nuit de Noël, tel Jean-Baptiste Grenouille qui, dans le roman "Le Parfum" de Suskind, est dévoré, au sens propre du terme, par ses admirateurs. On ne peut qu'encourager chacun à se laisser aller aujourd'hui, et peut être demain et les jours suivants, à embrasser ceux qu'il aime en application de l'excellent principe : jamais trop !
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22/12/2009
L'art de voir
En 1859, Ernst Wilhelm Tempel, lithographiste allemand de métier et astronome par passion, découvre la nébuleuse des Pléiades. L'année suivante il découvrira la planète Maximiliana, rebaptisée ensuite Cybèle. Les sociétés d'astronomie contesteront qu'un amateur non diplômé puisse avec une lunette peu perfectionnée découvrir ce qu'eux même ne pouvaient voir avec des instruments bien plus puissants associés à une maîtrise supérieure, et attestée, de l'astronomie. Pourtant, les planètes sont bien là et l'acuité visuelle de Tempel, l'habileté de son observation, la mise au point d'une réflexion corrective mais aussi un certain esprit poétique lui ont permis d'identifier Maximiliana avant que la science officielle ne l'aperçoive. Le musée des Beaux-Arts de Tours rend hommage jusqu'au 18 janvier à E-W Tempel en présentant une exposition de Marx Ernst dans laquelle figurent notamment les eaux-fortes de Maximiliana, ouvrage réalisé en collaboration avec Iliazd.
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16/12/2009
1 million d'assistés en moins
Voilà qui devrait réjouir les contempteurs de nos systèmes sociaux : Pole Emploi annonce qu’en 2010 plus d’1 million de personnes cesseront d’être indemnisées par le régime d’assurance-chômage et que seulement 17 % d’entre elles bénéficieront de l’allocation de solidarité spécifique. A méditer par ceux qui considèrent que la France est un pays dans lequel tout un chacun peut ne pas travailler et vivre grassement d’aides sociales. Ou encore que moins on a d’argent plus on est soigné gratuitement. A ceux là on proposerait volontiers, en se moquant d’être taxé de démagogie, de passer six mois aux minimas sociaux pour gouter aux charmes de l’assistance. Pour ceux qui seraient assez loin des réalités pour imaginer que l’accès à l’emploi ne relève que de la motivation personnelle et que la fin des indemnités augmentera le retour à l’emploi, je livre cette réflexion d’Alain Garrigues qui connut quelques périodes difficiles : « Crois moi, quand t’as pas un rond pour bouffer et que c’est ton unique préoccupation tu es impliqué du matin au soir et de manière exclusive ». Pas le temps donc de chercher du boulot.
Ce million de personnes dont les ressources vont diminuer de manière drastique va-t-il déclencher une explosion sociale ? non nous répond Pareto. Tant que moins de 20 % des actifs sont en situation difficile, le point de vue des 80 % sera toujours prédominant et justifiera que l’on s’en tienne à sortir la boîte à rustines. C'est-à-dire pas avant d’avoir 5 millions de chômeurs.
Parmi les rustines, justement, le nouveau Fonds Paritaire de Sécurisation des Parcours Professionnels. Prenons les paris qu’il sera mobilisé pour financer la formation des demandeurs d’emploi qui basculeront en fin de droit. Et c’est ainsi que la réforme de la formation professionnelle se transforme en roue de secours d’un système social qui a bien du mal à ne pas traiter que l’urgence.
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