25/02/2014
Fog and smog !
- Holmes, sauf votre respect, vous m'aviez parlé de feu et je note, de manière tout à fait factuelle et dépourvue de la moindre ironie, que nous marchons depuis deux heures dans le brouillard et la bruine et que la fureur du volcan nous échappe quelque peu dans ces conditions...
- Watson, vous êtes désespérant, qu'un sujet de sa Majesté, que Dieu la préserve, puisse se plaindre du smog est aussi inconcevable que l'idée que les français puissent renoncer à la quête de l'homme providentiel à travers l'élection de leur Président ou bien qu'ils prennent conscience du ridicule de leur déception dès lors qu'ils s'aperçoivent qu'un homme ne peut pas tout...
- Mon cher Holmes, je suis désolé d'être dans l'obligation de vous reprendre, non sur l'incompréhension des comportements du peuple d'infra-manche, que je partage, mais sur l'emploi du mot smog. Nous sommes tout de même ici dans la nature et fog serait plus approprié...
- Prenez garde à vos pas Watson, la roche volcanique a les caprices des coulées qui prennent plaisir à désespérer les sculpteurs, ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour votre sécurité, et cessez de me donner des leçons de sémantique. Smog est le mot approprié dès lors que vous vous plaignez. Fog supposerait que vous soyez heureux de marcher ici...Ce à quoi devrait vous incliner cet arc-en-ciel surgit de la brume...
- Magnifique Holmes, magnifique...Holmes, je ne voudrai pas gâcher votre plaisir, ni le mien, mais ne faudrait-il pas se pencher sur le texte de la commission mixte paritaire pour voir de quoi il retourne précisément ?
- Watson, cher ami, voilà que vous proposez tout à la fois de vous pencher et de vous retourner, votre intégrité physique pourrait s'en trouver mise à mal...Chassez vos préoccupations saugrenues et imaginez un instant que le smog, ou le fog s'il vous plaît, est celui de Londres et que Big Ben sonnera lors de notre arrivée au sommet...on se demande d'ailleurs pourquoi les panneaux indicatifs prennent la silencieuse Tour Eiffel comme échelle alors que le son de Big Ben est seul à la mesure du lieu...
- Holmes, décidément vos propos s'égarent et je me demande comment vous parviendrez à commenter cette loi rationnellement et raisonnablement...
- Mon cher Watson, cette loi n'ayant été conçu ni rationnellement ni raisonnablement ce serait une erreur de vouloir l'analyser à cette aune...c'est pourquoi marcher sur le volcan est un chemin bien plus pertinent que ceux que vous proposez. Et maintenant, Watson, concentrons nous sur le paysage et laissons venir le feu !
17:10 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : watson, holmes, réunion, vacances, volcan, loi, formation, fog, smog, londrès
04/01/2014
Le géant qui ne dort pas
C'est l'heure bleue. La ville prend son temps pour terminer la nuit. Lui, impassible, ne dort jamais. Toujours actif. Par en dessous. Pas sournois pour deux sous, c'est juste dans sa nature. Depuis que le géant Encelade vit puni sous la Sicile et ne retient pas toujours son haleine de feu. Mais le feu attise et le feu attire.
Alors il faut aller y voir de plus près. De bien plus près. Sauter par dessus les contreforts, grimper en lacets, découper la neige et enfin marcher sur le dos du géant.
Le cratère central est juste derrière, à l'abri des nuages qui viennent caresser les quelques fumées grises.
Il faudra s'en tenir à cette belle bouche d'ombre dont la chaleur prend soin de ne pas disperser la neige. L'Etna aime bien jouer les Mont-Fuji au coeur de la méditerranée.
Même au pied de la grande montagne, la douceur demeure, le soleil fait sa révolution, mais ce soir encore, le géant ne s'endormira pas.
00:05 Publié dans CHRONIQUE DE WEEK-END | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : etna, volcan, sicile, catane, montagne, vacance, mer, douceur
09/08/2013
Asosan
Il faut prendre le joli train rouge qui part de la ville de Kumamoto, ou plutôt de la ville de l'ours Kumamon, l'omniprésente mascotte qui rend les gens heureux. En même temps, ça marche (le train et la mascotte).
Après avoir serpenté à flanc de montagne, on pénètre dans une des plus grandes caldeira du monde avec ses 120 kilomètres de circonférence. Au centre de ces effondrements éruptifs, de vertes cultures dessinent une douce chevelure à la terre de lave.
Le Mont Aso, c'est un ensemble de cratères, dont la plupart n'ont plus d'activité mais dessinent une géologie fascinante : petite plongée dans les âges de la terre.
Mais celui qui attire tous les regards, c'est le cratère fumant du Naka-Date, actif depuis le début du siècle et qui compte quelques morts à son actif. Pas du fait d'éruptions massives et spectaculaires avec projections de magma, de pierres, de lave et coulées de feu, non de manière plus subtile, plus inattendue, avec des émissions de gaz, de cendres, quelques "bombes", la mort sous-jacente qui ne vous regarde pas en face mais surgit à l'heure du destin.
Au fond du chaudron de sorcière, la cuisine est faite au souffre et bouillonne sans relâche.
A quelques pas de là, comme sur tous les sites volcaniques actifs, des champs de laves anciennes et de cendres offrent des paysages zens. Etrange sensation que de marcher sur la poudre noire en entendant ses pas raisonner sur les cavités creusées par la lave.
Le Mont-Aso est un des rares volcans actifs dont le cratère est aisément accessible. Il est donc très visité par les japonais qui, contrairement aux touristes, savent adapter leur tenue à la nature des lieux : honneur à Asosan !
10/09/2012
Sur le volcan
Comme toujours, il faut partir tôt. Ces matins là, le réveil est inutile car c’est l’inconnu qui vous attend.
Dans les montagnes, mais là plus encore, il faut s’attendre à voir apparaître des trognes qui surgissent pour vous délivrer un improbable message. Celle-ci, pour avoir choisi de s’incruster dans la lave, est peut être une gueule cassée des tranchées de 14 qui a aussi connu le feu et l’enfer. Comme il aimait voyager, pas exclu que ce soit Blaise Cendrars.
Parmi toutes les surprises, celle de l’arc-en-ciel caché dans le cratère n’est pas la moindre.
Mais il faut l’écarter pour aller contempler, pour la première fois de visu, le bouchon qui dissimule le formidable travail souterrain. C’est une des règles de l’art : on ne doit jamais voir le travail lorsque l’œuvre s’accomplit.
Après le retour au point de départ, une dernière photo qui ressemble à une photo de synthèse. Il n’y pourtant rien de plus réel que le volcan. Il est temps d’aller boire un coup à la santé de Malcolm Lowry et du Consul !
00:33 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réunion, volcan, marche, photo, photographies, week-end, blaise cendrars
09/09/2012
Sous le volcan
Une mission me procure l’occasion de découvrir la Réunion que je ne connais pas. Je choisis d’anticiper un peu le déplacement pour aller marcher sur le volcan. Première surprise en arrivant, la mer est noire et grise dans la lumière du matin. Elle se colorera au fil de la journée mais cette première vision m’enchante. Car la couleur est la même que celle des coulées de lave dont l’apparition me saisit. Pas une coulée identique à une autre. De la matière venue du cœur de la terre et de la fusion qui prend des formes de hasard qui inscrivent le mouvement et le rythme de l’éruption dans des plissements, ondulations, failles, magmas et autres sculptures de la nature. Mieux que le test de Rorsach, mesdames et messieurs les recruteurs, présentez à vos candidats le magma originel et ses torsions méphistophéliques et vous verrez qu’il n’est guère possible de ne pas aller au fond de soi-même lorsque l’on est confronté à la matière qui surgit aujourd’hui comme elle a surgi il y a des millions d’années.
Ici, c’est l’hiver. Le soleil a des rayons discrets, le vent envoie les vagues affronter les côtes découpées.
Et comme dans les Antilles, la religion a ses adaptations locales. Ici, la Vierge Parasol, qui apparaît entre lave et forêt, veille sur vous.
Mais finalement la plus grande surprise c’est peut être qu’après 11 heures d’avion, avoir survolé l’Europe puis l’Afrique pour aller découvrir l’Océan Indien, tout le monde s’adresse à moi…en Français !
16:24 Publié dans HISTOIRES DE CONSULTANT | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réunion, voyage, travail, mission, volcan, lave
05/05/2010
Il n'y a pas de catastrophe naturelle
Les inondations, les cyclones, le volcan islandais, la neige au mois de mai, les vagues de 6 mètres en méditerranée, les tremblements de terre en Haïti et au Chili, les medias relaient inlassablement ce qu'il est d'usage de nommer, sans plus se poser de question, des catastrophes naturelles. L'appellation est doublement impropre. Tout d'abord parce que tout évènement n'est une catastrophe qu'en ce qu'il touche l'homme. La chute d'une météorite dans l'atlantique ou dans le désert de Gobi et la même sur New-York n'auront pas le même sens. Du point de vue de la nature, le phénomène est pourtant identique. Ensuite parce que l'expression persiste à dissocier la nature de l'homme, renvoyant l'image des humains qui se battent contre la nature, puis la dominent, et finalement l'asservissent, comme s'ils prenaient une éternelle revanche sur le déluge.
Que l'on cesse de penser les évènements naturels comme des catastrophes, que l'homme ne se place plus au dessus de la nature mais à l'intérieur de celle-ci à l'instar d'un caillou, d'une plante, du vent ou des nuages, et l'on peut parier que le nombre de "catastrophes" s'en trouvera réduit. Rappellons que Freud, qui subit les peu subtiles foudres d'Onfray ces temps-ci, mais le "vieux" en a vu d'autres, Freud donc identifiait les trois humiliations narcissiques subies par l'homme : il n'est pas le centre du monde (Copernic), il n'est pas le centre de la création (Darwin) et il ne maîtrise pas sa propre conscience (Freud lui-même). Et plutôt que de nous désespérer, cette triple nouvelle nous apporte en réalité une plus grande liberté en nous allégeant considérablement du poids de l'histoire universelle. Mais que la liberté passe par une diminution de l'ego, cela devrait être évident pour tous. Bien sur en voyageant dans quelques organisations, cette évidence ne saute pas aux yeux, et encore moins lorsque l'on écoute Claude Allègre. En fait, il y a des catastrophes humaines.
01:24 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : catastrophe, volcan, inondations, rechauffement, freud, onfray, allègre
20/04/2010
Le mort ne risque rien
La mer risque de revenir ? on rase. Les poussières des entrailles de la terre furètent dans l'air ? on ferme. Et si la grippe H1N1 se répandait ? et si elle mutait ? vite, 1 vaccin par personne et obligation pour toutes les entreprises de France et de Navarre de mettre en place un plan de continuation d'activité, juste avant qu'elles ne se mettent en chômage partiel, sauf les laboratoires pharmaceutiques cela va de soi. Le principe de précaution a lui déjà muté en principe de risque zéro absolu. Comme on le sait, le seul moment où l'homme ne court plus aucun risque, c'est lorsqu'il est mort. A défaut, et par nature, il s'expose.
00:05 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tao, xynthia, volcan, espace aérien, risques, principe de précaution, h1n1
06/04/2010
Au dessous du volcan
Dans le chef d’œuvre de Malcolm Lowry, « Au dessous du volcan », la vie grouille en un magma qui n’a rien à envier à celui qui, sous la terre, prépare l’éruption. Le feu, la fureur, la folie aussi se mêlent en un triptyque infernal qui ne laisse à l’homme aucun échappatoire. La tragédie est constamment présente, comme le rappelle la masse du volcan qui écrase les hommes de son inexorable présence. A Pompéi, rien de tout cela. Les courbes vertes du Vésuve témoignent d’une vie qui a supplanté les coulées meurtrières, les douces lumières de la Campanie, que renforce l’éclat bleu du Golfe de Naples, déposent quiétude et sérénité sur la ville pétrifiée.
La vie dans les étroites ruelles bordées de hauts murs de pierre revêtait-elle vraiment cette douceur ? Difficile à dire sauf à céder à la vérité des sensations qui renvoient à une atmosphère paisible, rythmée par l’agitation des commerces et des bars dont les comptoirs accueillent les jarres de condiments et nourritures proposés aux passants.
La légèreté du lieu n’est pas démentie par les fresques qui le disputent en raffinement, élégance ou beauté et dont toutes témoignent du degré auquel avait été porté le goût artistique.
Derrière les colonnes du forum, la silhouette du Vésuve n’est pas menaçante. Elle paraît presque protectrice. Au-dessous du volcan, il peut faire bon vivre. Ce sont les hommes qui font les lieux où ils habitent.
Heureusement que l’éruption a eu lieu en 79 et en Italie. De nos jours et en France, suite à l’éruption on rasait les villages environnants et Naples avec, au nom du principe de précaution. Inconscience avant, inconscience après, irresponsabilité toujours.
10:55 Publié dans DES IDEES COMME CA | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : naples, vesuve, volcan, pompei