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12/01/2017

MAINTENANT, ON NE CONFOND PLUS SE FORMER ET ALLER EN FORMATION

On connaît la phrase de Bertrand Schwartz : « On ne forme pas les individus. Eux seuls se forment, s’ils y trouvent intérêt ». Obnubilés par l’action de formation, nous mesurons sans cesse l’accès en formation et nous intéressons peu aux situations de formation. On tient pour vérité l’équation : a été en formation = a été formé. Schwartz en rigole encore. La formation n’est pas une action transitive.

On se forme en faisant ce que l’on a jamais fait, on se forme en portant un regard ouvert, et non un regard d’habitude, sur notre quotidien, on se forme en restant disponible à ce que l’on ne connaît pas, on se forme par le questionnement et la curiosité, on se forme en pensant contre soi-même et en dépassant ses contradictions…et de dix mille autres manières. Cela peut survenir en formation, évidemment, mais aussi partout ailleurs. Pour peu qu’on le veuille bien.

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10/01/2017

MAINTENANT, ON AVANCE DANS LA JUNGLE DU SAVOIR

Terminé le temps des verticalités disciplinaires. Des thèses de spécialité par lesquelles on sait presque tout sur presque rien. Dans la jungle chacun jour plus dense du savoir constitué, de l’information jaillissant en flots toujours plus puissants de sources multiples et parfois improbables, impossible de se repérer par la stricte approche disciplinaire. Les rhizomes de Deleuze forment un enchevêtrement dans lequel il n’est plus possible d’ouvrir des boulevards Hausmanniens à grands coups de pelleteuses. Plus le savoir est riche, et il l’est davantage chaque jour, plus j’ai besoin des autres, du réseau, de la multitude pour l’appréhender. Plus on est nombreux à s’en saisir, et plus j’ai besoin d’associer, de tester, de rapprocher, d’expérimenter, des connaissances diverses et non reliées entre elles, pour ouvrir des voies nouvelles. Les chapelles disciplinaires deviennent des impasses étroites, des voies de garage pour mandarins confits. Pour affronter la complexité, le pagne et le couteau de Tarzan ne suffisent plus. Autrement dit, la bonne volonté et le courage n’y peuvent pas grand chose. J’ai besoin de me relier pour avancer. En rugby, on appelle ça un groupé pénétrant et c’est diablement efficace.

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01/03/2016

S comme....SAVOIR

Le savoir sans le savoir, c’est ce qu’on appelle l’instinct (Louis Hamelin – La Rage)

On ne redira jamais assez la faiblesse, ou plutôt n’ayons pas peur des mots, l’ineptie, de la fameuse trilogie : savoir, savoir-faire savoir-être.  Pourquoi ? Pas simplement pour le jargon mais plus fondamentalement pour un défaut originel rédhibitoire : la compétence c’est de l’action, de l’activité et cela suppose donc toujours du faire.

Oublions le jargon : on parlera plutôt de connaissances, de capacités et de comportements.  Les connaissances renvoient aux ressources (qu’elles proviennent de l’expérience ou de la formation), les capacités à ce que l’on est capable de réaliser et les comportements à la manière dont on le réalise. 

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Evacuons ainsi l’être qui ne relève pas du champ de la formation professionnelle mais, au moins depuis Parménide, d’une philosophie de l’existence qui peine toujours à en tracer les contours.

Et concluons sur un petit exercice : essayez le baiser de cinéma avec le savoir-être. Il risque de manquer de saveur, sauf pour les adeptes du tantrisme. Mieux vaut savoir y faire.

13/01/2016

C comme...CONNAISSANCE

La connaissance est une vieille erreur qui pense à sa jeunesse

(Francis Picabia)

 Michel Serres, à 80 ans passés, est-il retombé en enfance ? Gageons plutôt qu'il n'en soit jamais totalement sorti et que cette survivance de l'enfant en lui le fait aimer les contes et garder le goût de l’enseignement.

En une période où fleurissent les déclinistes de tout poil, ceux qui confondent leur lente disparition annoncée avec celle du monde dans lequel ils vivent, ceux qui n'ont de cesse de peindre à leur image décrépite leur environnement, Michel Serres offre un petit opuscule rédigé sous forme de lettre à Petite Poucette. Pourquoi ce nom ? Pour la dextérité avec laquelle la jeune fille se sert de ses pouces sur son smartphone, mais également parce qu'il appartient à cette jeune génération d'inventer elle-même les moyens de trouver son chemin dans ce monde nouveau que la technologie bouleverse à chaque instant. Pas question de crier "Pouce" pour Petite Poucette qui tracera sa route.

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In Memoriam

A disposition de Petite Poucette, une accessibilité au savoir inégalée dans l’histoire, des bibliothèques, des œuvres d’art, des expériences, des images, mais aussi des villes, des rues des campagnes que l’on peut parcourir à distance, bref le monde à une portée de clic. Petite Poucette tient désormais sa mémoire entre ses mains.

 Mais petite Poucette a également à sa disposition des enseignants, des experts, des praticiens, qui lui apporteront méthodes de travail, usages possibles du savoir, expériences et retours d’expériences. Et aussi tous ceux qui voudront bien échanger, discuter, contredire, questionner ce que petite Poucette acceptera de partager.

Reste la question clé : « pour quoi faire ? ». Car tout le savoir du monde n’a jamais fourni de réponse au mystère de la condition humaine, devant laquelle petite Poucette n’est pas plus avancée que ses devanciers. Et ça donne quoi « mystère de la condition humaine » sur Google ?

19/11/2015

Aux portes de la lecture

Comme un enfant qui a commencé à dérouler le tapis du 21ème siècle, tu as appris l’alphabet sur un Ipad. Tu l’as retrouvé dans les livres, puis dans les chansons, comme dirait Jérôme Leroy qui a déjà pris l’habitude de te dédicacer ses livres. Tu as découvert qu’en espagnol le « v » se prononce « b » et que cela rend les livres plus libres. Tu as découvert le jeu des synonymes, trouver des mots différents pour nommer une même chose. Avec le début de l’écriture, tu as découvert le temps : le temps qu’il faut pour réécrire un mot dont on a le modèle, le temps qu’il faut pour le déchiffrer, le temps qu’il faut pour l’apprendre et tu as compris que viendrait le temps où tu saurais lire. Tu es impatient, pas vraiment comme un enfant, mais plutôt comme un impatient qui sait que son temps viendra. Cela t’a appris à te réjouir de ce qui adviendra.

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Cette chronique anniversaire est la dernière que je te lirai avant que tu ne puisses la lire toi-même et viendra le jour où, peut-être, tu l’écriras avant moi. Mais de cela, je ne suis pas impatient. Pour tes 5 ans, bon anniversaire Ioannes.

29/03/2012

Penser comme un poulet

L'anecdote est rapportée par Gaston Bachelard. Peu inspiré et sans doute bougon, il répond en maugréant à son professeur de philosophie qui l'interpelle : "moi, je ne crois que ce que je vois". Réplique immédiate du professeur : "Vous pensez donc comme un poulet".

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Yves Klein - Anthropométie

Yves Klein, le peintre de l'immatériel c'est à dire des idées, du vide et des traces, aimait beaucoup Bachelard. Ce qui lui a permis de se souvenir qu'en donnant à voir, il fallait aussi qu'il donne à penser. Et c'est ainsi que l'art contemporain est devenu une manière de poser des questions plutôt que l'art d'apporter des réponses comme il le fût pendant des siècles. Et Yves Klein se souvenait également que les faits, s'ils sont indispensables à la connaissance, sont insuffisants. Ce sont la réflexion et l'imagination qui permettent d'échapper à la pensée du poulet.

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11/11/2011

De la connaissance

Dans L'écriture ou la vie, Jorge Semprun rapporte qu'il récita en 1992 sur la place d'appel de Buchenwald, le poème d'Aragon "Chanson pour oublier Dachau". Travaillé par la possibilité de dire et d'exprimer  la déportation, les camps, Jorge Semprun s'est longtemps interrogé sur la manière dont il pouvait être rendu compte de cette expérience humaine. Comment rendre intelligible pour qui n'a pas vécu cela, l'enfer des camps ? l'écriture clinique, scientifique de Primo Levi est sans doute celle qui parvient le mieux à rendre les logiques selon lesquelles chacun agissait. Mais quant à l'émotion, l'intime, l'expérience intérieure ? comment faire ? Et si ceux qui avaient vécu cette expérience ne pouvaient en exprimer l'essence, comment simplement envisager que celui qui est resté extérieur à l'horreur puisse dire l'indicible. Jusqu'à la découverte du poème d'Aragon à propos duquel Semprun déclara : "Il a écrit un des rares poèmes vrais sur les camps...on se demande comment un poète qui n'a jamais connu ça a pu retrouver les sentiments, la vérité".

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L'expérience est l'une des formes de la connaissance. La plus immédiate sans doute. A condition toutefois de s'en distancier. Ceux qui n'ont pu ou su, et on imagine la difficulté, traduire l'expérience des camps en connaissance, et parfois même ceux qui l'ont fait, n'en sont véritablement jamais sorti. Le suicide de Primo Levi, si tant est que l'on puisse assigner un sens à un tel geste, en porte témoignage. Sans travail sur l'expérience, pas de mutation en connaissance. Et il ne faut pas oublier non plus que l'expérience n'est pas la seule voie de connaissance. Qu'il est d'autres voies pour y parvenir. Si vous en doutez, vous pouvez lire ou relire le poème d'Aragon.

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30/08/2010

Clefs et serrures

Dans un livre intitulé "Des clefs et des serrures", Michel Tournier écrit : "La serrure évoque une idée de fermeture, la clef un gest d'ouverture. Chacune constitue un appel, une vocation, mais dans des sens tout opposés. Une serrure sans clef, c'est un secret à percer, une obscurité à élucider, une inscription à déchiffrer. Il y a des hommes-serrures dont le caractère est fait de patience, d'obstination, de sédentarité. Ce sont des adultes qui jurent : "Nous ne partirons pas d'ici avant d'avoir compris !". Mais une clef sans serrure, c'est une invitation au voyage. Qui possède une clef sans serrure ne doit pas rester les deux pieds dans le même sabot. Il doit courir les continents et les mers, sa clef à la main, l'essayant sur tout ce qui a figure de serrure. A quoi cela sert-il ? demande à tout moment l'enfant persuadé que chaque objet est une clé que justifie une serrure".

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Tournier propose également une classification. Serrures : le visage humain, le livre, la femme, chaque pays étranger, chaque oeuvre d'art, les constellations, le ciel. On pourrait ajouter, tous les lieux, les organisations, les situations, etc. Clefs : les armes, l'argent, l'homme, les moyens de transport, les instruments de musique, les outils. Ajoutons : l'éducation, la formation, le jeu, la pédagogie, la compétence, tous les modes et moyens d'action en général.

Pour un lundi, de rentrée pour beaucoup de surcroît,  faisons l'inventaire des clés qui sont en notre possession et des serrures que nous comptons bien ouvrir. Dis moi quelles sont les clés que tu as accrochées à ton trousseau et les serrures qui t'obsèdent, je te dirai qui tu es. Une fois l'inventaire réalisé, nous constatons que le seul moyen de savoir si une clé est adaptée à une serrure est de la faire jouer. Bonne semaine.

04/08/2010

Connaissance plurielle

Dans le palais de Sintra, le premier tableau qui accueille le visiteur est une toile de Joseph Ribera, commencée en 1630 (année de la création de Don Juan par Tirso de Molina) et achevée en 1633 (procès et condamnation de Galilée :"e per, si muove"). Intitulée Le philosophe, elle nous présente un homme plutôt jeune, la sagesse n'est donc pas le produit de l'âge, qui certes maîtrise d'une main le temps qu'il a très certainement dompté en bon philosophe, mais surtout nous présente un document empli de figures géométriques. Que le philosophe s'intéresse à la géométrie et aux mathématiques on le sait depuis l'antiquité mais on a ici la preuve que la pluridisciplinarité pouvait s'afficher. Etre savant  c'est être pluriel : la véritable connaissance n'est ni disciplinaire, ni disciplinée.

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Joseph Ribera - Le philosophe -1630-1633
Les résidents du Palace national de Sintra, en l'occurence les différents rois du Portugal, étaient eux aussi pluriels si l'on s'en tient à la diversité des influences, maures notamment, dans l'architecture et la décoration du palais. Mais ce pluriel s'exprimait également au niveau des plaisirs et notamment ceux de la table puisque le palais était doté d'une luxueuse cuisine dont les deux immenses cheminées surplombent toujours le Palais, telles deux jarres emplies de riches boissons et nourritures.
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Les cheminées des cuisines du Palais
Et pour être bien persuadé que tous les plaisirs étaient à la fête, il suffit de détailler la superbe tapisserie qui orne le bureau du roi. Quelle époque de feu !
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29/12/2009

VOYAGES A VENIR

A près de 80 ans, Michel Serres, que les honneurs multiples n'ont pas alourdi, garde la vivacité, le plaisir, la malice et la pétillance qui l'ont toujours caractérisé. Il conserve également cette plus rare foi dans la jeunesse avec la conviction que chaque génération a ses propres combats à mener et qu'elles ne sont pas concurrentes entre elles. Pas de conflit de générations avec Michel Serres, mais des témoins qui se transmettent sous forme de "voilà ce que je peux vous léguer, et je le fais avec plaisir non pour que vous y soyez fidèle en le statufiant, mais pour l'usage que vous jugerez bon". Mais plutôt que de le faire parler, donnons lui la parole :

"L'intelligence n'est pas de savoir axiomatiquement comment on déduit... Pour Montaigne, ce n'était plus "tête bien pleine", la diffusion de l'imprimerie détrônait cette mémorisation des voyages d'Ulysse, des contes..., qui servaient de supports aux connaissances de l'époque. Déjà Montaigne ne trouvait plus de sens à mémoriser une bibliothèque potentiellement illimitée. Mais sur Internet, faut-il encore une "tête bien faite"? Peut-être "surfera" mieux "pied bien démerdard". Voilà la définition de l'intelligence d'aujourd'hui. Celui qui courra le mieux avec ses deux pieds ne sera pas forcément polytechnicien agrégé de philosophie; ceux-là auront la tête trop lourde pour se débrouiller là-dedans... Par conséquent, il y aura des chances nouvelles pour des gens que l'ancien monde traitait de débiles. C'est un nouveau départ avec des chances également réparties.

L'homme se promènera dans le volume de l'information comme il se promène dans les forêts et les montagnes, pour explorer le monde physique. Jusqu'ici, le savoir était un lieu d'apprentissage de la déduction, de l'induction, de la mémoire. Il devient aujourd'hui un lieu de promenade. Cela n'est jamais arrivé."

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Watteau - L'embarquement pour Cythère

Cette invitation au voyage, dans la joie et le plaisir des sens, est celle que Watteau peignit avec la part de mystère qui habille ses toiles. L'invitation au voyage mérite d'être renouvelée, ce que fit Michel Serres encore, lors d'un récent passage à Toulouse, en ces termes : "Je pense que les mutations sont telles que l'avenir immédiat n'appartient pas aux grandes institutions mais aux initiatives individuelles mêmes minuscules mais toujours proche des individus. Il faut que chacun prenne conscience de cette nécessaire reconfiguration et se l'approprie. C'est à ce niveau-là que la mayonnaise doit prendre. Après seulement, dans un second temps, viendra le temps des institutions. J'aimerais avoir 18 ans et la jeunesse pour avoir devant moi le temps d'entreprendre, pour participer à cette grande mutation et la voir lever. On n'est pas qu'à l'aube de la deuxième décennie du vingt et unième siècle mais à l'aube de quelque chose.".  Entre le coucher de l'année en cours et le lever de l'année nouvelle, l'heure bleue, interstice temporel, permet de mieux apprécier la parole de Michel Serres.

06/03/2009

La culture des arbres

Il y a maintenant plus de quinze ans, Michel Authier, avec l'aide notamment du philosophe Michel Serres, inventait les arbres de connaissance et donnait naissance à une nouvelle cartographie des compétences sous forme d'arbre. Le premier logiciel de gestion de la compétence basé sur ces principes, baptisé Ginkgo du nom de la plus vieille espèce d'arbre connue, permet aux entreprises d'avoir une visualisation graphique de leur capital de compétences sous forme d'arbre.

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Exemple de représentation graphique des compétences


Cet outil peut avoir de multiples applications, notamment lorsqu'il est utilisé en pleine interactivité avec les salariés qui peuvent se positionner par rapport aux compétences utilisées ou utilisables dans l'entreprise. Il peut également intervenir dans la constitution d'équipes, l'identification des compétences clés et critiques, etc.

On peut trouver un intérêt particulier à cette représentation dans la définition de la culture d'entreprise à partir de la logique suivante : les compétences partagées par au moins 80 % des salariés constituent la culture de base de l'entreprise, les compétences partagées par 20 à 60 % des salariés constituent les cultures métiers de l'entreprise et les compétences partagées par moins de 20 % des salariés relèvent de l'expertise. Ce diagnostic ouvre de multiples applications : souhaite-t-on développer la culture commune ? des cultures fortes par domaines, secteurs ou métiers ? des expertises individuelles ? la réponse est, notamment, dans vos plans de formation. L'arbre des compétences, c'est l'arbre de vie de l'entreprise.

 

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Klimt - L'arbre de vie

Les partenaires sociaux viennent de définir, dans l'ANI du 7 janvier 2009, le socle de compétences du salarié : capacité à travailler en groupe, maîtrise des outils informatiques et bureautiques, maîtrise d'une langue étrangère. Ils invitent les branches professionnelles à compléter ce socle en fonction des métiers. L'occasion peut être pour une entreprise de savoir si sa culture commune est fondée sur des méthodes, des techniques ou, soyons fou, des valeurs. Posons donc la question : quelles sont les compétences partagées par les membres de votre organisation ? pour y répondre, tous à vos arbres !