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14/10/2014

Verni (pas) sage

L'actualité étant ce qu'elle est, les temps passés au bureau sont rares, pour ne pas dire inexistants. Et les soirées relativement studieuses. Et le retard dans les productions quasi-permanent. Bref, la vie normale du consultant qui s'obstine à travailler seul. Mais malgré les urgences, les affaires en cours, les engagements à tenir, il était impossible ce soir de résister. Impossible de ne pas accompagner l'ami qui me fit le cadeau de partager l'invitation au vernissage de l'exposition Sade, Attaquer le Soleil, présenté à Orsay. Impossible de ne pas aller voir le stupéfiant travail d'Annie Le Brun, commissaire générale de l'exposition, qui a sélectionné les 350 oeuvres présentées. Impossible de ne pas, dès la première salle, être saisi par les toiles de Franz von Stuck, qui fournit l'affiche de l'exposition. 

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Voilà une Judith inhabituelle. En principe vêtue pour laisser entendre que l'honneur est sauf  et qu'elle va tuer sans avoir cédé à Holopherne qu'elle va décapiter (ce qui importe moins que le fait d'avoir succombé), elle est ici nue et Holopherne semble moins ivre que repu. Trois salles plus loin, une gravure ira encore plus loin, Judith profitant de l'extase d'Holopherne pour l'occire en pleins ébats. C'est qu'ici, les versions officielles le cèdent à la liberté qui surgit avec toute la force dont sont capables Masson, Picasso, Moreau, Molinier, Bellmer, Jean Benoît, Jean-Jacques Lequeue, Fragonard, Ingres, Delacroix, Cézanne, Degas, Bacon et quelques autres dans une présentation qui ne connaît aucune faiblesse. La cruauté, la violence, les passions, le désir, la luxure se mêlent et vous transportent. On sort lessivé, mais plus libre qu'avant. Avec une spéciale dédicace pour Michel Onfray, qui ne goûte guère Sade : sur le livre d'Or, une jeune femme a laissé ce mot "La main droite me brûle, je suis pourtant gauchère, merci". Messieurs, laissez vos femmes ou compagnes aller voir seules l'exposition Sade : elles le méritent. 

05/05/2010

Il n'y a pas de catastrophe naturelle

Les inondations, les cyclones, le volcan islandais, la neige au mois de mai, les vagues de 6 mètres en méditerranée, les tremblements de terre en Haïti et au Chili, les medias relaient inlassablement ce qu'il est d'usage de nommer, sans plus se poser de question, des catastrophes naturelles. L'appellation est doublement impropre. Tout d'abord parce que tout évènement n'est une catastrophe qu'en ce qu'il touche l'homme. La chute d'une météorite dans l'atlantique ou dans le désert de Gobi et la même sur New-York n'auront pas le même sens. Du point de vue de la nature, le phénomène est pourtant identique. Ensuite parce que l'expression persiste à dissocier la nature de l'homme, renvoyant l'image des humains qui se battent contre la nature, puis la dominent, et finalement l'asservissent, comme s'ils prenaient une éternelle revanche sur le déluge.

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Roberto Matta - La terre est un homme

Que l'on cesse de penser les évènements naturels comme des catastrophes, que l'homme ne se place plus au dessus de la nature mais à l'intérieur de celle-ci à l'instar d'un caillou, d'une plante, du vent ou des nuages, et l'on peut parier que le nombre de "catastrophes" s'en trouvera réduit. Rappellons que Freud, qui subit les peu subtiles foudres d'Onfray ces temps-ci, mais le "vieux" en a vu d'autres, Freud donc identifiait les trois humiliations narcissiques subies par l'homme : il n'est pas le centre du monde (Copernic), il n'est pas le centre de la création (Darwin) et il ne maîtrise pas sa propre conscience (Freud lui-même). Et plutôt que de nous désespérer, cette triple nouvelle nous apporte en réalité une plus grande liberté en nous allégeant considérablement du poids de l'histoire universelle. Mais que la liberté passe par une diminution de l'ego, cela devrait être évident pour tous. Bien sur en voyageant dans quelques organisations, cette évidence ne saute pas aux yeux, et encore moins lorsque l'on écoute Claude Allègre. En fait, il y a des catastrophes humaines.