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05/05/2010

Il n'y a pas de catastrophe naturelle

Les inondations, les cyclones, le volcan islandais, la neige au mois de mai, les vagues de 6 mètres en méditerranée, les tremblements de terre en Haïti et au Chili, les medias relaient inlassablement ce qu'il est d'usage de nommer, sans plus se poser de question, des catastrophes naturelles. L'appellation est doublement impropre. Tout d'abord parce que tout évènement n'est une catastrophe qu'en ce qu'il touche l'homme. La chute d'une météorite dans l'atlantique ou dans le désert de Gobi et la même sur New-York n'auront pas le même sens. Du point de vue de la nature, le phénomène est pourtant identique. Ensuite parce que l'expression persiste à dissocier la nature de l'homme, renvoyant l'image des humains qui se battent contre la nature, puis la dominent, et finalement l'asservissent, comme s'ils prenaient une éternelle revanche sur le déluge.

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Roberto Matta - La terre est un homme

Que l'on cesse de penser les évènements naturels comme des catastrophes, que l'homme ne se place plus au dessus de la nature mais à l'intérieur de celle-ci à l'instar d'un caillou, d'une plante, du vent ou des nuages, et l'on peut parier que le nombre de "catastrophes" s'en trouvera réduit. Rappellons que Freud, qui subit les peu subtiles foudres d'Onfray ces temps-ci, mais le "vieux" en a vu d'autres, Freud donc identifiait les trois humiliations narcissiques subies par l'homme : il n'est pas le centre du monde (Copernic), il n'est pas le centre de la création (Darwin) et il ne maîtrise pas sa propre conscience (Freud lui-même). Et plutôt que de nous désespérer, cette triple nouvelle nous apporte en réalité une plus grande liberté en nous allégeant considérablement du poids de l'histoire universelle. Mais que la liberté passe par une diminution de l'ego, cela devrait être évident pour tous. Bien sur en voyageant dans quelques organisations, cette évidence ne saute pas aux yeux, et encore moins lorsque l'on écoute Claude Allègre. En fait, il y a des catastrophes humaines.

30/03/2009

Projet collectif, motivations individuelles

Le 17 août 2007, 600 personnes marchent pendant plus de quatre heures pour monter jusqu'au glacier d'Aletsch. Là elles se dévêtent et posent nues pour Spencer Tunick, photographe spécialisé dans les installations mettant en scène des personnes nues en milieu urbain, le plus souvent, ou naturel.

La photo était ici réalisée pour Greenpeace, commanditaire qui souhaitait attirer l'attention sur le réchauffement climatique et la diminution rapide du glacier : l'homme agit sur la nature qui n'auto-produit plus ses cycles de transformation. Etait-ce cette motivation écologique qui habitait les 600 participants, tous volontaires et non rémunérés, chacun recevant pour seule contrepartie de sa participation à ses frais une photo de l'installation. Comment d'ailleurs connaître les motivations de chacun ? credo naturiste, démarche artistique, plaisir exhibitionniste, simple curiosité, amour de la montagne, militantisme écologique, calcul financier sur la valeur de la photographie, besoin d'évasion, recherche de contacts....????

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Spencer Tunick - Campagne pour Greenpeace - Glacier d'Aletsch (Suisse) - Août 2007

Et comment identifier les motivations des 18 000 mexicains qui ont posé nus en 2007 sur la place centrale de Mexico ? Si la démarche de Spencer Tunick a été critiquée, mais quelle démarche artistique ne l'est pas, elle nous délivre au moins un enseignement : pour la réalisation d'un projet, il n'est pas nécessaire que chacun partage les mêmes motivations, bien au contraire, on peut supposer que les motivations de chacun seront particulières. La force du projet sera de permettre à chacun d'investir ce projet d'un sens correspondant à ses motivations personnelles. Indépendamment même des motivations du promoteur de projet. La clé de la réussite est ici le volontariat. Loin des théories manageriales qui visent, vainement le plus souvent, à percer le secret des motivations de chacun pour pouvoir les gérer, la participation volontaire laisse à chacun la responsabilité du sens et des motivations. Participation ? volontariat ? responsabilité ? reste à savoir si ces mots trouvent des traductions pratiques dans les organisations.

Pour celles et ceux qui sont intéressés par le travail de Spencer Tunick : http://www.spencertunick.com/