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24/06/2011

Faire face

Comme le torero se présente face au taureau, le danseur de flamenco ouvre sa poitrine comme un défi à tous les dangers. Pour les deux, il s'agit moins de ne pas avoir peur que de décider d'aller au-delà de cette peur.

Nous avions exprimé, avec Jean-Marie Luttringer, le souhait que les partenaires sociaux n'aient pas peur de prendre des positions qui n'étaient pas celles de l'administration, notamment telles qu'exprimées dans le "Questions/Réponses" relatif à la réforme des OPCA. Il fallut dépasser le temps de la stupeur pour que vienne celui de la réaction. Par un communiqué daté du 17  juin, le CPNFP conteste les positions prises par la DGEFP et réaffirme l'existence d'un champ de négociation autonome sur la formation. Jeudi 23 juin, les partenaires sociaux envisagent de saisir le Conseil d'Etat sur la légalité de textes qui n'ont pas été présentés au Conseil National de la Formation Professionnelle Tout au Long de la Vie (CNFPTLV). Dans les négociations en cours, des dispositions relatives à Conseils d'administration territoriaux ou sectoriels paritaires, à des ressources purement conventionnelles, à des sections professionnelles ayant autorité (sous le contrôle du Conseil d'administration, bien évidemment) sur les politiques de branche, sont maintenues contre l'avis de l'administration. Un petit air de flamenco sonne aux oreilles.

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Cristina Hoyos et Antonio Gades

Ne pas avoir peur de l'épreuve de force, être capable de faire une entrée en mêlée musclée si cela s'avère nécessaire, est le meilleur moyen de ne pas perdre le match avant de l'avoir joué, surtout lorsque l'adversaire joue également le rôle d'arbitre. Car là est bien le problème de fond. Lorsque l'arbitraire et l'autoritarisme tiennent lieu de méthode de Gouvernement, tout va bien lorsque tout le monde se couche et se soumet. Mais il suffit que quelqu'uns se relèvent et l'on voit alors rapidement combien le Roi est nu. Encore faut-il avoir la volonté de faire face. On ne peut que se féliciter que les partenaires sociaux l'aient eu.

Délibération CPNFP du 17 juin 2011.pdf

07/06/2010

Galvanisé

Le danseur est jambes et torse nu dans un bac à sable. Son corps n'est pas celui d'un athlète même si les jambes sont puissantes. Mais il y a cette présence . Et ces mouvements qui sont issus du flamenco avant même qu'il soit conçu. La forme la plus archaïque dans l'expression la plus moderne. Chemise rouge pantalon noir, Israel Galvan danse un flamenco ancestral et personnel, incarne la liberté la plus libre qui soit et invente avec chaque partie de son corps une danse qui s'incorpore à la musique qu'elle n'illustre  pas plus qu'elle ne la produit. Le geste pour le corporel, le rythme pour l'intellectuel, le son et l'image pour le fantasmatique. La pièce s'intitule "El final de este estado de cosas, redux", elle s'appuie sur l'Apocalypse de Saint-Jean et il s'agit d'une pièce sacrée. Lorsque vous regardez danser Israel Galvan vous savez tout de lui : qu'il est humble, presque timide, exigeant, terriblement travailleur, rigoureux, qu'il ne se prend pas au sérieux, que la danse est une lutte qu'il a l'élégance de ne pas faire paraître, qu'il est seul en scène sans se mettre en scène, qu'il n'est pas le héros de lui-même, qu'il est avec vous individuellement à chaque instant comme il est seul avec nous tous sur scène. Israel Galvan est une révélation au sens biblique du terme.


Pourquoi Israel Galvan parvient-il à créer de l'émotion, de la pensée et du désir lorsqu'il danse ? parce que sa technique est toute entière au service de la danse et non du danseur, parce que jamais il n'est question de briller par la performance ou d'éblouir par le spectaculaire, parce que le danseur sait que la technique s'exprime tout autant dans une posture immobile que dans une zapateada furieuse et que le sens de la danse ce n'est pas l'une ou l'autre mais le lien entre les deux. Ne pas agir pour se valoriser, penser que l'inaction doit s'articuler avec l'action, qui sinon risque de n'être qu'agitation, avoir l'exigence constante de la créativité, réinventer la tradition qui ne se maintient qu'en prenant de nouvelles formes, faire des liens qui n'ont jamais été établis...sacré programme, même pour un lundi.


 

NB : si vous cherchez une lecture pour l'été, l'ouvrage de Georges Didi-Huberman "Le danseur des solitudes", consacré à Israel Galvan présente l'avantage d'un accord parfait avec le soleil et la chaleur (Editions de Minuit).

24/02/2010

Femmes d'Espagne

Le musée est un des plus petits d`Espagne, deux petites salles au premier étage d'une maison pluriséculaire. Il abrite les oeuvres de Julio Romero de Torres, peintre cordouan du début du siècle qui choqua la bourgeoisie locale par ses portraits de femmes, qui elles n'ont guére l'air choquées.

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La chiquita piconera - 1930

Sans doute certains ont-ils pu être perturbés ou troublés par ces regards directs et dénués d'ambigüité. Par la sensualité également de ces femmes libres.
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Musidora

Et l'on se dit que le flamenco n'est pas une musique ou danse de domination d'un sexe sur l'autre mais au contraire d'une séduction réciproque dans laquelle l'union se réalise d'autant mieux que chacun affirme ce qu'il est.

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Chanteuse de Flamenco - Séville

La place affirmée des femmes espagnoles dans les peintures de Romero de Torres et dans le Flamenco ne doivent pas faire oublier que l'Espagne demeure le pays d'Europe dans lequel le plus de femmes meurent sous les coups de leur mari, amant ou compagnon. Malgré les efforts de Zapatero, qui a toujours pensé que si cette question était réglée bien d'autres le seraient également, le problème demeure. Pas sur que la crise contribue à l'atténuer.
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Cordoue - Février 2010

03/12/2008

Nord-Sud

La mondialisation s’est imposée comme une figure du XXIème siècle. Ce n’est pourtant pas une nouveauté. Il faudrait se souvenir de la mondialisation originelle, la migration des premiers hominidés de l’Afrique vers l’Europe, de la mondialisation de la colonisation, des conquêtes d’Alexandre le Grand ou des voyages des grands explorateurs, sans parler des croisades, de la présence des maures en Espagne, du passage des premiers hommes par le détroit de Beiring ou encore des révolutions technologiques (l’avion pour le courrier, le télégraphe avant l’internet, les ondes radiophoniques qui relient les hommes). La mondialisation n’est vraiment pas une découverte ni une nouveauté. Sur le territoire européen, les mouvements ont été permanents : indo-européens venus de l’Est, barbares venus du nord-est, vikings venus du nord, romains venus du Sud, maures venus du Sud, espagnols établis dans les flandres, …le brassage de population a été constant. Quel sens dès lors donner à l’identité culturelle ? pourquoi persister à entretenir la mythologie Barresienne de la terre ?

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La gitane

Plutôt se souvenir que parmi les diverses origines prêtées au Flamenco, il en est une qui voit dans le terme un lien avec les Flandres, les gitans étant des germaniques nommés les « Flamencos ». Alors que fleurissent les formations interculturelles qui ne visent souvent qu’à renforcer les stéréotypes nationaux (comment négocier avec un chinois, comment travailler avec un allemand, comment communiquer avec un japonais, …), peut être pourrait-on plutôt que de rechercher ce qui divise et singularise, avoir un regard historique plus ample et tenter d’identifier ce que les mouvements permanents de population ont établi de commun entre les hommes. Cette chronique est celle d’un Européen de France du Sud d’origine nordique.